EXPLORATION EXPLORATION FONCTION- NELLE SOUS VENTILATION ARTIFICIELLE- RESPIRATOIRE

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Transcription:

EXPLORATION EXPLORATION FONCTION- NELLE SOUS VENTILATION ARTIFICIELLE- RESPIRATOIRE GUY ANNAT Lyon Seules seront examinées ici les données d exploration fonctionnelle obtenues à partir des signaux de pression et de débit par le ventilateur lui-même, excluant celles que l on peut déduire de ces mêmes signaux en utilisant un système d acquisition et de traitement indépendant. Dans ce domaine, les possibilités varient notablement d un ventilateur à l autre. La généralisation des écrans qui permettent une analyse fine des signaux de pression et de débit donne accès aujourd hui à des explorations fonctionnelles de la mécanique ventilatoire dans de bonnes conditions. Le détail des procédures de mesure et de calcul est propre à chaque appareil, et ne sera pas envisagé. Cette relative spécificité impose l utilisation d un seul modèle de ventilateur pour des études d exploration fonctionnelle s adressant à un même malade au cours du temps, ou à des groupes de malades différents. Mesure de la pression d occlusion (PO,1) Il s agit de la dépression existant dans les voies aériennes occluses 100 ms après le début de l effort inspiratoire du patient. Mesurée à débit nul, au tout début de l inspiration, elle ne dépend directement ni des caractéristiques mécaniques de l appareil ventilatoire (compliance, résistance), ni du contrôle volontaire de la respiration (71). En ventilation calme, elle est normalement de 0.5 à 1.5 cm H 2 O, avec une variabilité inter et intra individuelle importante. La PO,1 explore globalement la stimulation qu exercent les centres respiratoires sur les muscles inspiratoires. Une telle interprétation repose sur trois hypothèses préalables (71) - l intégrité fonctionnelle des voies nerveuses unissant les centres du tronc cérébral aux muscles respiratoires, et celles des muscles inspiratoires eux-mêmes, - l absence d expiration active : dans ce cas, en effet, la relaxation des muscles expiratoires au début de l inspiration peut, en elle-même, générer une dépression. -enfin, problème le plus délicat pour les comparaisons inter et intra individuelles, la stabilité de la relation Paw temps en début d inspiration. La forme de cette relation peut être modifiée par un changement de CRF (mise en place d une PEP, anesthésie générale, par exemple). En revanche, l existence d une PEPi n invalide pas la mesure et l interprétation de la PO,1 (82). L insuffisance respiratoire aiguë est associée à une valeur élevée de PO,1, particulièrement si on la rapporte à celle de la ventilation-minute. La valeur de la P0,1 est étroitement corrélée à celle du travail res- 125

Textes des Communications piratoire. A ce titre, son monitorage peut être utile pour régler le niveau d assistance en pression au cours de la ventilation en aide inspiratoire. Au cours du sevrage de la ventilation artificielle, la PO,1 a fait l objet de nombreuses études pour en déterminer la valeur prédictive du succès de l extubation. Globalement, lors d une épreuve de ventilation autonome, une valeur élevée de PO,1 est de mauvais pronostic. Mesure de la PEP intrinséque (PEPi) La PEPi est définie comme la pression positive persistant dans les alvéoles et les voies aériennes à la fin de l expiration. Deux phénomènes peuvent être à son origine: la persistance de la contraction des muscles expiratoires, ou l insuffisance de la vidange expiratoire, l expiration étant alors interrompue avant le retour à la CRF. Seul ce dernier phénomène est associé à une hyperinflation dynamique. L existence d une PEPi est favorisée par l augmentation de la fréquence respiratoire et celle de la constante de temps du système respiratoire, produit de la compliance et la résistance (93). Deux méthodes simples permettent de mesurer la valeur de la PEPi chez un malade intubé et ventilé. La première, dite méthode d occlusion, évalue la PEPi statique. Elle est aisément réalisée avec les ventilateurs disposant d un écran de visualisation des signaux de pression et de débit, et d un bouton d occlusion des voies aériennes en fin d expiration. Cette manœuvre d occlusion, maintenue au moins 3 secondes, permet l équilibre entre pression alvéolaire et pression au site d occlusion. L augmentation de pression ainsi générée dans les voies aériennes définit la PEP statique. La méthode requiert la relaxation complète des muscles respiratoires pendant la durée de l occlusion. Elle est donc moins fiable et plus variable chez un malade en ventilation spontanée ou partielle. La deuxième méthode évalue la PEPi dynamique. Elle repose sur le simple examen des signaux de débit et de pression affichés sur l écran de visualisation du ventilateur. Il suffit, au début de l insufflation, de repérer la valeur de la pression nécessaire au passage à zéro du signal de débit. Pour être précise, cette méthode exige un tracé de bonne qualité, avec un temps de réponse très court. Enfin, lorsque l inspiration est déclenchée par le patient (ventilation avec trigger), la pression dans les voies aériennes peut devenir légèrement négative, masquant alors la présence d une PEP intrinsèque. La valeur de la PEPi statique est plus élevée que celle de la PEPi dynamique. En effet, cette dernière reflète la PEPi des territoires alvéolaires dont la constante de temps est la plus courte, donc la vidange expiratoire la plus brève, alors que la PEPi statique reflète la pression de recul élastique moyenne de l ensemble du poumon (93). La différence entre ces deux mesures est d autant plus grande que les constantes de temps des territoires alvéolaires sont distribuées de façon plus hétérogène. C est donc essentiellement la valeur de la PEPi statique qu il faut considérer dans la genèse des effets délétères de l hyperinflation dynamique : baisse du débit cardiaque, risque de barotraumatisme, augmentation du travail respiratoire en ventilation autonome ou partielle. En revanche, c est sur la valeur de la PEPi dynamique qu il conviendrait de régler celle de la PEP externe, lorsqu elle est mise en place dans le but de réduire le travail respiratoire au cours des modes de ventilation partielle. Pour le futur, on peut souhaiter que les ventilateurs disposent d une option d acquisition et de traitement de la pression œsophagienne, permettant la mesure précise de la PEPi chez les malades ventilant spontanément. 126

Mesure de la pression de pause télé-inspiratoire En l absence d activité inspiratoire spontanée, l occlusion des voies aériennes en fin d inspiration pendant 3 à 5 secondes permet de connaître la pression de recul élastique télé-inspiratoire de l ensemble thoraco-pulmonaire. Son maintien à une valeur inférieure à 35 cmh2o, par réglage approprié du ventilateur, est recommandé pour limiter le risque de volotraumatisme (104). De plus, cette pression peut être utilisée pour les calculs de compliance et de résistance du système (cf infra). Mesure de la compliance de l ensemble thoraco-pulmonaire (Crs) La compliance dynamique du système respiratoire (Cdyn,rs) est définie comme le rapport entre le volume courant et la différence de Paw entre la fin de l inspiration et la fin de l expiration, mesurée dans les deux cas au point de débit nul. Il faut remarquer que la pression télé-expiratoire ainsi définie est égale à la PEPi dynamique, lorsque celle ci est présente. La compliance dynamique mesurée et affichée par la plupart des ventilateurs s éloigne de cette définition. La valeur mesurée est le plus souvent : VT / (Pplateau PEPe). La compliance statique du système respiratoire (Cst,rs) est le rapport entre le volume courant et la différence entre la pression de pause télé-inspiratoire, mesurée comme décrit plus haut, et la pression de pause télé-expiratoire. Cette dernière est la somme de la PEP externe réglée sur le ventilateur et de la PEPi statique, lorsque celle-ci est présente. Il est donc indispensable de prendre en compte l éventuelle PEPi intrinsèque dans ce calcul, sa négligence conduisant à sous-estimer la valeur de la Cst,rs. Certains ventilateurs peuvent réaliser cette mesure de compliance statique. La compliance dynamique est plus basse que la compliance statique pour deux raisons : d abord parce que la pression télé-inspiratoire de référence est plus élevée pour Cdyn,rs que pour Cst,rs, ensuite parce que la PEPi dynamique est toujours plus basse que la PEPi statique (93). La relation pression-volume du système respiratoire n est pas linéaire (cf. infra). La compliance ainsi mesurée dépend donc du volume courant et la PEP externe utilisés. C est pourquoi des mesures répétées chez un même patient ne pourront être interprétées valablement que si elle sont réalisées dans les mêmes conditions de volume courant et de PEP. La compliance de l ensemble thoraco-pulmonaire, normalement voisine de 100 ml/cm H2O, est abaissée chaque fois que la distensibilité de chacun de ses deux éléments est réduite : déformation thoracique, fibrose pulmonaire, par exemple. Concernant la composante pulmonaire, il faut souligner que la compliance mesurée est celle des territoires accessibles à la ventilation. Seule la compliance spécifique (compliance/crf) exprime donc réellement la qualité élastique du tissu pulmonaire. Lorsque la chute de la compliance est liée à celle du volume pulmonaire, au cours SDRA par exemple, la compliance spécifique est le plus souvent normale. Quant à l exploration séparée des caractéristiques élastiques de la paroi et du poumon, elle nécessite, option souhaitable pour les ventilateurs de prochaine génération, un système d acquisition et de traitement de la pression œsophagienne. Courbe pression-volume de l ensemble thoraco-pulmonaire La méthode de la seringue est considérée comme référence pour l analyse de la courbe inspiratoire pression-volume de l ensemble thoraco-pulmonaire. Certains modèles récents de ventilateurs permettent d afficher directement cette courbe sur l écran de visualisation, à partir des signaux de Paw et de 127

Textes des Communications volume, et d en analyser les valeurs caractéristiques à l aide d un curseur. Le principe est celui de l insufflation à débit lent continu (3 litres/minute). Celui-ci est obtenu par un réglage particulier du ventilateur : fréquence 5 cycles par minute, rapport I/E 0.8, volume courant 0.5 litre (115). Dans ces conditions, la relation pression-volume est de type quasi - statique. Les renseignements qu elle fournit sont identiques à ceux fournis par la méthode de la super-seringue, réalisée en condition statique-vraie (115): - la partie initiale de la courbe, à partir de la CRF, est normalement rectiligne. Sa pente est diminuée à la phase précoce du SDRA. Avec l augmentation de pression, se produit un recrutement alvéolaire, et la compliance augmente, rendant la relation transitoirement curvilinéaire. - lorsqu il existe, le point de changement de pente est considéré comme le niveau minimum de pression nécessaire au recrutement de l ensemble des territoires alvéolaires. Il s agit en fait d une valeur moyenne qui ne prend pas en compte le caractère très hétérogène de la structure pulmonaire au cours du SDRA. - la partie rectiligne de la courbe, au delà du point de changement de pente, définit la compliance quasi-statique du système respiratoire. - le point supérieur de changement de pente exprime la baisse de compliance à haut volume pulmonaire, c est à dire la zone de surdistension. Pour l avenir, vont probablement se développer des procédures de traitement automatique de la courbe pour mieux définir les niveaux de changement de pente inférieur et supérieur. Surtout, il faut souhaiter la généralisation à un nombre croissant de ventilateurs des possibilités d obtention et de traitement de la courbe pression volume du système respiratoire. Mesure des résistances du système respiratoire Définies par un rapport pression/débit, les résistances du système respiratoire peuvent être mesurées en examinant sur l écran du ventilateur la courbe Paw-temps obtenue dans les conditions suivantes: ventilation passive, débit constant d insufflation, occlusion télé-inspiratoire de 3 à 5 secondes. Trois pressions caractéristiques apparaissent: Pmax, pression de pic mesurée immédiatement avant l occlusion; P1, mesurée immédiatement après l occlusion; Ppause, mesurée à la fin de la période d occlusion. La résistance totale, Rmax, est calculée en divisant la différence Pmax - Ppause par le débit (V). Cette valeur est proche de celle qui est calculée automatiquement et affichée sur la plupart des ventilateurs: Pmax-Pplateau/V. Rmax est la somme de deux résistances: - la résistance d interruption, Rmin, calculée selon la formule: Rmin = (Pmax-P1) / V. - la résistance additionnelle, DR, calculée selon la formule suivante: DR = (P1-Ppause) / V. Si Rmax et Rmin sont calculées à partir d une Paw mesurée dans le ventilateur (branche expiratoire, le plus souvent), elles incluent les résistances liées à la présence du tube endotrachéal et du circuit de ventilation. Plus que leurs valeurs absolues, c est donc leurs variations qu il faut prendre en considération, chez un même patient, pour juger de l évolution de son affection, de l efficacité d un bronchodilatateur ou de celle d un réglage de la ventilation. 128

La valeur de Rmin exprime essentiellement la résistance ohmique des voies aériennes, et, dans une bien moindre mesure, celle de la paroi thoracique. La valeur de DR exprime deux phénomènes: la résistance du tissu pulmonaire (propriétés visco - élastiques du tissu pulmonaire); le transfert d un petit volume de gaz des alvéoles ou règne une pression élevée vers les alvéoles ou règne une pression basse ( pendelluft ).Enfin, la valeur des résistances étant très influencée par celle du débit et du volume insufflé (les résistances augmentent avec le débit, et diminuent avec le volume), il est indispensable de garder les mêmes conditions de mesure pour pouvoir effectuer des comparaisons entre malades, et, chez un même malade, d une détermination à l autre. Spirogramme expiré passif La réalisation d un spirogramme expiré passif est une méthode simple pour quantifier l hyperinflation dynamique: un allongement du temps expiratoire de 10 à 30 secondes donne alors à l ensemble thoracopulmonaire le temps de retrouver son volume de relaxation (Vr). La différence entre Vr et le volume télé-expiratoire des cycles mécaniques est appelée DCRF. La sommed CRF + volume courant inspiré définit le volume inspiré total au-dessus de Vr. Au cours de l asthme aigu grave, son maintien à une valeur inférieure à 20 ml/kg permet de limiter le volotraumatisme, et d améliorer le pronostic vital (126). Références 1 2. Ranieri VM, Giuliani R, Fiore T, Dambrosio M, Milic-Emili J. Volume-pressure curve of the respiratory system predicts effects of PEEP in ARDS: "occlusion" versus "constant flow" technique. American Journal of Respiratory & Critical Care Medicine 1994; 149(1):19-27. 3. Darioli R, Perret C. Mechanical controlled hypoventilation in status asthmaticus. Am Rev Respir Dis 1984 ; 129 :385-387. 4. Tantucci C, Corbeil C, Chassé M, Braidy J, Matar N, Milic-Emili J. Flow resistance in patients with chronic obstructive pulmonary disease in acute respiratory failure. Am Rev Respir Dis 1991 ;144 :384-389. 5. Corne S, Gillespie D, Roberts D, Younes M. Effect of inspiratory flow rate on respiratory rate in intubated ventilated patients. Am J Respir Crit Care Med 1997 ;156 :304-308. 6. Jubran A, Tobin MJ. Use of Flow-volume curves in detecting secretions in ventilator-dependent patients. Am J Respir Crit Care Med 1994 ;150 :766-769. 71. Whitelaw WA, Derenne JP. Airway occlusion pressure. J Appl Physiol 1993;74:1475-1483. 82. Conti G et coll. Estimation of occlusion pressure during assisted ventilation in patients with intrinsic PEEP. Am J Respir Crit Care Med 1996 ;154 :907-912. 93. Rossi A, Polese G, Milic-Emili J. Monitoring respiratory mechanics in ventilator-dependent patients. In principles and pratice of intensive care monitoring. M.J. Tobin, editor, mac Graw Hill. Chapitre 30 ; pages 553-596 ; 1998. 104. Slutsky AS. Consensus conference on mechanical ventilation. Intensive Care Med 1994 ; 20 (part I) :64-79, (part II) : 150-162. 115. Lu Q et coll. A simple automated method for measuring pressure-volume curves during mechanical ventilation. Am J Respir Crit Care Med 1999 ;159 :275-282. 126. William TJ et coll. Risk factors for morbidity in mechanically ventilated patients with acute severe asthma. Am Rev Respir Dis 1992 ; 146 :607-615. 129