Patient de 78 ans adressé pour bilan d extension d une masse hétèrogène du foie gauche. Quels sont les items sémiologiques à retenir pour orienter de

Documents pareils
Imagerie TDM et IRM des obstacles du bas cholédoque

Apport de l IRM dans la

IRM du Cancer du Rectum

Artéfact en queue de comète à l échographie hépatique: un signe de maladie des voies biliaires intra-hépatiques

Cancer du sein in situ

IRM hépatique: ce que le manipulateur doit savoir

TUMEURS DU BAS APPAREIL URINAIRE

Recommandations régionales Prise en charge des carcinomes cutanés

De la chirurgie du nodule aux ganglions

Sein inflammatoire. Isabelle Leconte Cliniques universitaires St Luc

Les différents types de cancers et leurs stades. Dr Richard V Oncologie MédicaleM RHMS Baudour et Erasme La Hulpe 1/12/07

Cancers de l hypopharynx

Recommandations Prise en charge des patients adultes atteints d un mélanome cutané MO

Les renseignements suivants sont destinés uniquement aux personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer

TUTORAT UE Anatomie Correction Séance n 6 Semaine du 11/03/2013

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

F JABNOUN, H BERMENT, R KHAYAT, M MOHALLEM, Y BARUKH, P CHEREL Institut Curie Hôpital René Huguenin, Saint Cloud JFR 2010

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

Essai Inter-groupe : FFCD UNICANCER FRENCH - GERCOR

Actualités s cancérologiques : pneumologie

Les grands syndromes. Endoscopie trachéo-bronchique. Professeur D. ANTHOINE CHU de NANCY

LA CHOLÉCYSTECTOMIE PAR LAPAROSCOPIE

Métastase unique d un NPC: Une question singulière? Jean Louis Pujol - Xavier Quantin Mohammad Chakra Fabrice Barlési

Images en «franc» hypersignal T2 du pelvis féminin Atlas iconographique

compaction ventriculaire gauche sur la fonction ventriculaire chez l adulte

Apport de l IRM dans le bilan préthérapeutique du cancer du rectum

Histoire d une masse pancréatique

Qu est-ce qu un sarcome?

Coordinateur scientifique: Prof. Univ. Dr. Emil PLEŞEA. Doctorant: Camelia MICU (DEMETRIAN)

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

Cancer de l œsophage. Comprendre le diagnostic

Cancers du larynx : diagnostic, principes de traitement (145a) Professeur Emile REYT Novembre 2003 (Mise à jour Mars 2005)

Prise en charge des dysplasies et carcinomes in situ de la surface oculaire au CHT de Nouvelle-Calédonie

Cancer du sein in situ

.( /.*!0) %1 2"+ %#(3004) 05' 203 .(.*0"+ ) '!2"+ %#(30+ 0!"%) 4!%2) 3 '!%2"+ %#(30! &' 4!!% .+.*0%!!'!(!%2" !

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

INTERFERON Traitement adjuvant du mélanome à haut risque de récidive. Dr Ingrid KUPFER-BESSAGUET Dermatologue CH de quimper

G U I D E P A T I E N T - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge du cancer du foie

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

Quels sont les facteurs qui font augmenter les risques de cancer du rein?

Qu est-ce que le cancer du pancréas?

Le dépistage des cancers

Patho Med Cours 5. Maladie Pulmonaires Obstructives BPCO Asthme

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!

Imagerie des tumeurs endocrines Le point de vue de l imagerie moléculaire

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Compte-rendu d examen anatomo-pathologique - hépatite chronique

Moyens d étude de la peau

Lymphome non hodgkinien

Définitions. MALADIES GRAVES Protection de base Protection de luxe. PROTECTION MULTIPLE pour enfant

schémas du by-pass gastrique pour obésité morbide

Le cancer dans le canton de Fribourg

Volume 1 : Epidémiologie - Etudes des facteurs de risques

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Résultat du traitement de la varicocèle chez l'adolescent par l'association coils-sclérosants.

TVP fémorale. Systématisation. La TVP : écho-doppler JP Laroche Unité de Médecine Vasculaire CHU Montpellier. Thrombus mobile

Les sciences de l ingénieur appliquées à la prise en charge du

Cancer de l'œsophage. Comprendre le diagnostic. Le cancer : une lutte à finir

Qu est-ce que le cancer du sein?

Les traitements du cancer invasif du col de l utérus

Maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin

«J ai mal au ventre» :

DÉFINITION OBJECTIFS. Information délivrée le : Cachet du Médecin : Au bénéfice de : Nom : Prénom :

Informations sur le cancer de l intestin

Pemetrexed, pionnier de la chimiothérapie histoguidée. Dr Olivier CASTELNAU Institut Arnault TZANCK ST Laurent du Var

TRAITEMENT DES TUMEURS HEPATIQUES. Paul Legmann Radiologie A Pôle Imagerie

Pathologies tumorales thoraciques : intérêt de l IRM de perfusion et de diffusion avant biopsie

Dépistage du cancer colorectal :

Définitions. PrioritéVie Enfant MC. Assurance contre le risque de maladie grave

Définitions. PrioritéVie MC. Votre assurance contre le risque de maladie grave

>> version 23 juin 2008 CANCER DES VOIES BILIAIRES

Traitement des plaies par pression négative (TPN) : des utilisations spécifiques et limitées

UE2 CANCEROLOGIE Place de la Médecine Nucléaire

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Les petis signes de T21 : comment ça marche et à quoi ça sert? Christophe Vayssière (Toulouse) DIU d echographie 2011

Peut-on ne pas reprendre des marges «insuffisantes» en cas de Carcinome canalaire infiltrant

Concours d Internat et de Résidanat

Tumeurs cutanées épithéliales et mélaniques

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Le mélanome. Ce que vous devez savoir

CORRELATION RADIO-ANATOMIQUE DANS LE CARCINOME HEPATOCELLULAIRE TRAITE PAR TRANSPLANTATION HEPATIQUE : IMPACT SUR LA RECIDIVE

Les cancers de la prostate

neurogénétique Structures sensibles du crâne 11/02/10 Classification internationale des céphalées:2004

Item 288 : Troubles des phanères : Onyxis

Comprendre. le Cancer du sein. Mise à jour. Guide d information et de dialogue à l usage des personnes malades et de leurs proches

Référentiel régional Prise en charge des cancers du rein Version 1 Mars 2013

1 of 5 02/11/ :03

Les différentes maladies du coeur

ABREGE D HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie «Connaissances» - Octobre 2012 par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson

Pseudotumor cerebri. Anatomie Le cerveau et la moelle épinière baignent dans un liquide clair, appelé le liquide céphalo-rachidien (LCR).

LE SYNDROME DE BUDD CHIARI

d anatomo-pathologiste

L Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit le surpoids comme un IMC égal ou supérieur à 25 l obésité comme un IMC égal ou supérieur à 30

INFORMATION & PRÉVENTION. Le cancer de la vessie

Transcription:

Patient de 78 ans adressé pour bilan d extension d une masse hétèrogène du foie gauche. Quels sont les items sémiologiques à retenir pour orienter de diagnostic

-volumineuse lésion multiloculée développée dans les segment IV a et b, et III. -prise de contraste périphérique et rehaussement centripète progressif lent correspondant à un tissu massivement fibreux collagène -épaississement diffus des parois vésiculaires prédominant dans la région du collet, qui infiltre la région du lit vésiculaire et se poursuit dans la masse fibreuse du segment IV

Temps tardif

multiples lésions en hypersignal T2 tissulaire, les plus volumineuses présentant une portion liquide nécrotique centrale, hypersignal en diffusion

-Lésions en hyposignal T1 spontané avec prise de contraste périphérique se majorant progressivement sur les séquences tardives localisation secondaires, à la jonction des segments II et IV envahissant la branche portale gauche

Ponction biopsie sous échographie Histologie : adénocarcinome moyennement différencié d origine biliopancréatique de type cholangiocarcinome

le cancer de la vésicule biliaire Epidémiologie 6 éme rang des tumeurs digestives malignes (3%) la + fréquente des tumeurs malignes biliaires prévalence 3/100000 aux USA âge moyen de découverte 73 ans prédominance féminine (x4)

Facteurs de risque lithiase vésiculaire : macrocalculs ++ => inflammation chronique => dysplasie muqueuse surpoids tabagisme vésicule porcelaine? infection chronique des VB (Salmonella typhi) associations CSP, MICI, anomalies congénitales des VB : malformations de la jonction canalaire bilio-pancréatique favorisant un reflux pancréatobiliaire ex kystes du cholédoque, et PAF, communément admise

Anatomie pathologique 90% ADK ++ : nombreux sous-type : papillaire, intestinal, fovéolaire gastrique, à cellules claires, mucineux ou à cellules en bagues à chaton, souvent plusieurs types 10% carcinome à cellules squameuses ou adénosquameux (pronostic -) possible carcinome épidermoïde, carcinome indifférencié, carcinome cribriforme ou carcinosarcome ADK papillaire : zone centrale fibrovasculaire, entourée d une couche unique ou pseudostratifiée de cellules tumorales pleiomorphes, avec hyperchromasie et ratio nucléocytoplasmique élevé envahissement du parenchyme hépatique adjacent

modalités de révélation fortuite lors d une cholécystectomie (anapath extemporanée au moindre doute ++++) douleurs HCD, AEG, ictère 40-65% masse dans la lumière vésiculaire avec extension hépatique de contiguïté 15-25% polype vésiculaire (>1cm++) 20-30% épaississement pariétal vésiculaire focal ou diffus

modalités de dissémination Invasion hépatique directe et métastases hépatiques : 30-80% drainage de la surface hépatique de la vésicule par des veines communiquant avec les veines hépatiques adjacentes paroi vésiculaire fine pas de sous-muqueuse et couche musculeuse unique, extension facile à partir de l épithélium de surface où se développe la tumeur Invasion colon 9% et duodenum 12% (fistules)

dissémination lymphatique : 50% atteintes ganglionnaires au diagnostic (gg du canal hép commun, du canal cystique, puis péripancréatiques et para-aortiques) dissémination hématogène : estomac, duodénum, pancréas, mésentère, carcinose péritonéale +/- poumons, os

imagerie échographie souvent en 1ère intention (disponibilité, faible coût, non irradiante) détection précoce difficile polype, épaississement pariétal irrégulier, masse en lieu et place de la vésicule hypoéchogène, peu vascularisée au doppler

imagerie -scanner détection, envahissement local (T), résécabilité, gg, métastases, suivi post chir masse hypo à isodense, zones de nécrose et zones viables rehaussées rehaussement souvent prolongé (fibreuse)

imagerie -IRM évaluation de l invasion des VB notamment en cas d ictère, avant drainage palliatif tumeur en hypot1 hypert2, rehaussement précoce, cholangioirm

imagerie -IRM seul ttt curatif = chirurgie, sauf T4 et M1 dérivation des voies biliaires si envahies RT et CT controversées, études pour et contre ttt adjuvant qd marges négatives, qd positives RT seule en général

pronostic péjoratif, environ 5% de survie à 5 ans (6 mois à partir du diagnostic) exérèse chirurgicale complète possible dans moins de 10% des cas

diagnostic différentiel cholécystite chronique : lithiase et paroi irrégulière, pas d infiltration extra-vésiculaire cholécystite xanthogranulomateuse adénomymatose : souvent fond vésiculaire, diverticules intramuraux = sinus de Rokitansky-Aschoff

diagnostic différentiel adénome vésiculaire : femme > 50 ans, lithiase, lésion polypoïde sessile ou pédiculée, reste de la paroi non épaissi, en pratique polype > 1 cm souvent malin => chir métastase (melanome ++) cholangiocarcinome intra-hépatique étendu à la vésicule toute cause d épaississement pariétal : œdème +++, HTP, IC

au total cholangiocarcinome vésiculaire : tumeur la + fréquente des voies biliaires, ADK ++ mauvais pronostic (dg tardif), femme âgée, macrocalcul vésiculaire (calculo-cancer) écho, scan ++, +/- IRM (dérivation VB) chirurgie petit cancer découvert sur pièce de cholécystectomie : nécessité de curage ganglionnaire secondaire, mauvais pronostic ; ana path extemporanée systématique sur toute vésicule suspecte