Résultats 2014 - Perspectives 2015 1. 2014 : le marché se contracte à nouveau Les performances du marché du meuble se situent encore en recul en 2014 avec un chiffre d affaires qui diminue encore de 1,5% en euros courants et à surface évolutive pour atteindre 9,12 milliards d euros TTC contre 9,27 milliards d euros TTC en 2013. La chute est toutefois moins marquée que les deux années précédentes (-2,9% en 2013 et -3,0% en 2012) mais cette «amélioration» reste toutefois à relativiser. En effet, le marché a pu compter en 2014 sur le passage de la TVA de 19,6% à 20% et de la TVA réduite de 7% à 10% pour soutenir ses ventes en valeur TTC. Enfin, sur les quatre premiers mois de l année, le marché a pu bénéficier de l effet de l éco-contribution mobilier qui n existait pas sur les quatre premiers mois 2013, créant ainsi artificiellement de la valeur sur le marché TTC. A surface constante, l IPEA estime le recul du marché au moins à 3% sur l exercice écoulé et si on prend en compte les effets TVA et éco-contribution le marché aurait reculé de plus de 4,0% à surface constante. Si de nombreux magasins de meubles indépendants ou milieu-haut de gamme n avaient pu résister, sur les derniers exercices, à la crise qui frappe le marché depuis 2008, l année 2014 aura fait une victime dite «incontournable du marché» avec la mise en liquidation judiciaire et le démantèlement du groupe Mobilier Européen. La concentration du marché devrait encore se renforcer dans les mois à venir sur un secteur qui reste plus que jamais dominé par la grande distribution. La consommation de meubles (en milliards d euros courants TTC) Source : IPEA
2. La literie en forte croissance Evolution en valeur par famille de produits milliards d euros courants TTC 2014 Evolution 2014/2013 Structure du marché 2014 Meuble meublant 3,01-2,9 % 33,0 % Meuble de cuisine 2,29-2,8 % 25,2 % Canapés, fauteuils et banquettes 2,24-0,2 % 24,6 % Literie 1,19 +2,6 % 13,0 % Meuble de salle de bains 0,26-3,5 % 2,8 % Meuble de jardin 0,13-3,0 % 1,4 % Total 9,12-1,5 % 100 % Source : IPEA Comme en 2012 et 2013, seule la literie aura enregistré une croissance de ses ventes sur l exercice 2014. Le meuble rembourré parvient pour sa part à stopper l hémorragie de ces dernières années et à maintenir ses ventes sur l exercice écoulé. Le segment cuisine qui fut le principal moteur du marché durant les années 2000 est à la peine. - Comme sur les deux exercices précédents, seul le segment literie voit ses ventes en valeur progresser au cours de l'année 2014. Les ventes progressent de 2,6%. L'année aura été marquée par le retour aux affaires des spécialistes literie, après une année 2013 en demiteinte, tant en termes de performances que d'ouvertures de points de vente. Les enseignes de la grande distribution enregistrent elles-aussi des hausses de chiffre d'affaires sur ce segment qui occupe une place de plus en plus importante dans leur stratégie. - Le segment des canapés, fauteuils et banquettes voit ses ventes en valeur légèrement reculer sur l'exercice 2014 (-0,2%). La situation est toutefois contrastée, entre spécialistes et grande distribution qui enregistrent des résultats opposés. Si le chiffre d'affaires dans la grande distribution progresse pour la première fois depuis de nombreuses années notamment grâce à une stabilisation des prix de vente des banquettes, les ventes des spécialistes salon sont pour leur part toujours en repli. - La cuisine qui a été l'un des moteurs du marché du meuble au début des années 2000 est maintenant à la peine depuis deux ans. Le segment recule en valeur de 2,8%. A l'inverse du meuble rembourré, le contraste entre les résultats de la grande distribution et des spécialistes se fait cette fois-ci au profit de ces derniers. Si la grande distribution peine à pérenniser son chiffre d'affaires sur un rayon arrivé à maturité après de nombreuses années de croissance à deux chiffres, les spécialistes cuisine parviennent pour leur part à faire progresser leur chiffre d'affaires sur ce segment. Ces derniers ont en effet su tirer parti du sous-équipement des ménages français en cuisine intégrée (60% des ménages seulement équipés) et d'une durée de vie du produit supérieure à la moyenne européenne (23 ans) afin
de pousser l'équipement des ménages déjà installés et d'accélérer le marché de renouvellement. - Le segment meublant recule encore de 2,9% en valeur en 2014. Avec la crise, les volumes ne suivent plus et ne permettent pas de compenser les baisses de prix successives mises en place ces dernières années. Heureusement, quelques produits parviennent à tirer leur épingle du jeu, surtout en ce qui concerne les meubles de rangement avec de beaux succès sur les dressings ou les solutions composables pour le salon/séjour. - Les ventes de jardin ont débuté dès janvier 2014 avec de nombreuses opérations de soldes sur ces produits afin de procéder à des déstockages de l'année précédente. Malgré une saison estivale relativement clémente, ces opérations ont en partie empiété sur les ventes de l'été et si ces dernières ont bien démarré, elles se sont vite tassées entraînant un nouveau recul de l'activité du segment de 3,0%. - Les ventes de meubles de salle de bains continuent de reculer en 2014. Les grandes surfaces de bricolage sont en recul et, comme depuis 2010, les spécialistes cuisine jouent la carte de la cuisine intégrée au détriment de la salle de bains, ce qui se traduit encore par un fort recul de leurs ventes en valeur sur le segment. A l'opposée, certaines enseignes de la grande distribution qui s'étaient désengagées du produit salle de bains commencent à remonter progressivement le produit en rayon, ce retour s'avère toutefois insuffisant pour permettre au segment de progresser en 2014. Le segment recule donc encore de 3,5%. 3. Des performances variées selon les circuits Circuits de distribution Part de marché Chiffre d'affaires en milliards d euros Evolution 2014/2013 Grande distribution ameublement (1) 50,4 % 4,60-0,5 % Spécialistes cuisine 12,1 % 1,11 +0,7 % Ameublement milieu de gamme (2) 10,7 % 0,98-4,9% Grande surface de bricolage 4,2 % 0,38-0,4 % Ameublement haut de gamme 3,9 % 0,36-4,3 % Artisans 3,8 % 0,34-8,0 % Vente à distance 3,5 % 0,32-5,4 % Hypermarchés 1,2 % 0,11-2,8 % Grands magasins 0,5 % 0,04-0,6 % Autres circuits (3) 9,7 % 0,88-1,1 % TOTAL 100% 9.12-1,5 % Source : Ipea (1) Sous ce terme, l IPEA désigne maintenant les enseignes qui constituaient les circuits de l équipement du foyer et du jeune habitat. La distinction entre les deux circuits est maintenant obsolète. Les enseignes de l équipement du foyer, qui historiquement proposaient une offre de meuble plus «classique» et des produits blancs et bruns, et celles du jeune habitat, qui misaient sur des meubles plus modernes avec un grand choix de produits de décoration, voient leurs offres progressivement se rapprocher. Les offres de meubles en matière de design sont de plus en plus similaires et encore plus aux yeux du consommateur qui peine à faire la différence entre les deux circuits. Ensuite, les enseignes de l équipement du foyer développent depuis quelques années leur rayon
décoration alors que les enseignes du jeune habitat commencent à proposer à la vente des produits blancs et bruns. La distinction entre les deux circuits n apparaît donc plus d actualité. (2) Spécialistes ameublement et petits généralistes (3) Magasins spécialisés et non spécialisés meubles dont spécialistes literie, spécialistes salon etc Les spécialistes cuisine constituent un des seuls circuits qui progresse en valeur en 2014. Les spécialistes ont réussi à pousser les consommateurs à jouer la carte du renouvellement afin de contrebalancer un marché d équipement à la baisse suite aux mauvaises performances de l immobilier. Les spécialistes literie enregistrent eux aussi une progression de leurs ventes (+2,4%). Ils profitent pleinement d un marché de renouvellement développé, les ménages sont conscients qu ils doivent changer leur literie régulièrement, ce qui les rend moins dépendants des aléas de la construction. La grande distribution ameublement résiste bien sur l exercice 2014 avec toutefois des performances contrastées entre les enseignes mais aussi entre les produits. Ainsi, si le circuit peut se vanter d obtenir de bons résultats en ce qui concerne le rembourré et la literie, ses résultats sur le segment cuisine reculent fortement. Fréquentation encore en baisse pour les enseignes de l ameublement milieu et haut de gamme. Si certaines enseignes parviennent à tirer leur épingle du jeu, de nombreux magasins indépendants ne peuvent se permettre les investissements qui leur permettraient de se démarquer de la concurrence. Les enseignes historiques de la vente à distance ne parviennent pas à renouer avec la croissance sur le marché du meuble. Si de nombreux pure-players développent leurs ventes en volume sur le produit, les prix pratiqués ne permettent pas encore au chiffre d affaires du circuit de progresser véritablement. Les résultats des grands magasins sont encore en recul à cause d une offre qui n apparaît pas en phase avec les consommateurs, surtout durant cette période de crise. Si les hypermarchés proposent encore une offre conséquente de meubles sur leurs sites de vente en ligne, l offre en magasin est par contre réduite à sa plus simple expression, ce qui pèse sur leurs résultats.
4. Les perspectives 2015 Point négatif pour l année 2015, les intentions d achat sont à la baisse. En revanche, les ménages qui ont l intention d acheter sont les plus impliqués et devraient pour bon nombre d entre eux passer à l acte. Intentions d achats en biens d équipement de la maison En % des ménages 2012 2013 2014 2015 Meubles meublants 25,4% 23,2% 25,2% 20,7% Literie 18,6% 14,8% 18,3% 13,1% Siège de salon 14,3% 13,3% 14,2% 14,8% Meubles de salle de bains 11,6% 9,5% 12,8% 10,9% Cuisine intégrée 6,7% 4,3% 5,1% 5,8% Luminaires 18,5% 23,0% 27,0% 23,3% Cadres et miroirs 11,6% 13,6% 17,9% 17,4% Source : IPEA, Habitatscope 2015 Les intentions d achats déclarées par les ménages sont en baisse pour l année 2015, exception faite de la cuisine intégrée et du rembourré pour lesquels les ménages se déclarent plus nombreux à vouloir effectuer des achats au cours de l année à venir. C est dans la literie que les intentions marquent le recul le plus fort, ce qui apparaît assez logique au vu du rythme soutenu d achat dont a bénéficié le produit ces dernières années. Les intentions d achat en ce qui concerne le meublant sont elles aussi fortement à la baisse et sans doute liées à la baisse des mises en chantier de logements neufs et des transactions immobilières.