Bureau Régional pour l Afrique de l Ouest et du Centre Bulletin d Information Humanitaire Mars 2012 Ce bulletin d information humanitaire, produit par le bureau régional OCHA pour l Afrique de l Ouest et du Centre, couvre la période du 10 février au 7 mars 2012. Le prochain numéro paraîtra vers le 15 avril 2012. Evènements clés: La situation alimentaire s aggrave au Sahel Plus de 172.000 personnes déplacées par le conflit dans le nord du Mali Chute à moins de 70.000 du nombre des réfugiés ivoiriens enregistrés au Libéria 23,5 millions de dollars du CERF pour la crise alimentaire au Sahel CONTEXTE Dans la région de l Afrique de l Ouest et du centre, le Sahel tend à monopoliser l attention avec d une part la crise alimentaire et nutritionnelle, d autre part le conflit au Mali. Ce dernier a provoqué des déplacements massifs de populations, estimés début mars à 70.000 déplacés internes et près de 84.000 réfugiés. Cette crise de réfugiés appelle certes une réponse spécifique avec l organisation de camps et la fourniture des moyens de subsistance qui l accompagne. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a déjà lancé un appel d urgence pour un montant total de près de 35,6 millions de dollars. Le conflit malien risque aussi de renforcer la crise alimentaire dans la mesure où l essentiel des personnes arrivées au Niger, au Burkina Faso ou en Mauritanie dont certaines sont en fait des ressortissants de ces pays installés de longue date au Mali ont franchi la frontière dans des zones particulièrement démunies et menacées par l insécurité alimentaire. Beaucoup de ces réfugiés sont des éleveurs et à leur présence s ajoute celle de leurs troupeaux, qui viennent accroître la pression sur des pâturages dégradés par la sécheresse et sur les maigres ressources en eau. En Mauritanie, des troupeaux mauritaniens passés au Mali comme les autres années à la recherche de meilleurs pâturages ont dû revenir au pays, et s y ajoute un important cheptel apporté par les réfugiés maliens. Indépendamment de la crise malienne, la situation alimentaire et nutritionnelle s aggrave dans la région et gagne même de nouveaux pays en périphérie du Sahel : la Gambie a fait état 1 d une chute de sa production agricole de 62% par rapport à 2010 et de 50% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. 1. Daa Nyeeno Food Security and market information for the Gambia, 21 February 2012 2. lire page 2, rubrique FOCUS Au Sahel même, où le Burkina Faso a officiellement appelé à la solidarité internationale le 1 er mars, FewsNet a présenté début février des prévisions actualisées plus pessimistes que celles de l automne 2011. FewsNet envisage le passage au stade de la crise alimentaire (IPC-3) dans une partie de la Mauritanie dès le premier trimestre 2012 et n exclut plus un passage à la phase d urgence (IPC-4) dans des zones plus ou moins étendues à partir d avril 2. Pour sa part, le Programme alimentaire mondial, suite à de nouvelles évaluations, a considérablement réévalué ses demandes de financement, notamment pour le Niger. La crise malienne présente un autre défi. Lors d une visite conjointe au Niger les 16 et 17 février, la Coordinatrice des secours d urgence et l Administrateur du PNUD - Valerie Amos et Helen Clark ont plaidé pour une réponse à la crise alimentaire aiguë de cette année qui permette de renforcer les moyens de subsistance des populations et de lutter contre l insécurité alimentaire à plus long terme. Il ne faudrait pas que l urgence humanitaire que représente l arrivée des réfugiés dans les régions les plus vulnérables à la crise alimentaire reporte une nouvelle fois les tentatives d établir un lien entre la réponse humanitaire et le développement, seul moyen de rompre le cycle des crises alimentaires récurrentes au Sahel. La mission du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies est de mobiliser et de coordonner une action humanitaire efficace qui repose sur des principes en partenariat avec les acteurs nationaux et internationaux.
FOCUS SAHEL 2012 : SITUATION HUMANITAIRE Crise alimentaire : la situation s aggrave au Sahel La situation alimentaire et nutritionnelle continue de se dégrader au Sahel, et les déplacements de populations dus au conflit malien ne peuvent qu aggraver la tendance. FewsNet a présenté début février des prévisions actualisées portant sur la période allant de janvier à septembre 2012 1. Ces prévisions sont sensiblement plus pessimistes que celles présentées à l automne 2011. Elles prennent notamment en compte la hausse anormale des prix dans la plupart des pays de la région à l automne 2011, qui est normalement une période de baisse des prix. fin janvier repose toutefois sur un certain nombre d hypothèses désormais remises en cause, notamment l absence de mouvements importants de populations ou de perturbation majeure des marchés du fait du conflit au Mali, qui a débuté le 17 janvier. Or, au début mars, on compte déjà près de 150.000 déplacés, dont la moitié sont réfugiés dans les pays voisins. En outre, la transhumance classique des troupeaux de la Mauritanie vers le Mali, qui avait commencé tôt à l automne 2011 du fait de la sécheresse en Mauritanie, a été inversée par le conflit : les troupeaux mauritaniens ont dû revenir au pays et doivent en outre partager les maigres pâtures et réserves d eau disponibles avec les troupeaux amenés par les réfugiés maliens, qui représenteraient plusieurs dizaines de milliers de têtes 3. Estimation sur la sécurité alimentaire, Janvier Mars 2012 (Fewsnet) FewsNet note que les prix des céréales de base étaient en décembre 2011-janvier 2012 entre 20% et 40% plus élevées que la moyenne au Niger, au Tchad et en Mauritanie, et entre 60 et 80% plus élevés que la normale en diverses parties du Mali et du Burkina Faso. FewsNet se montre moins pessimiste sur le pouvoir d achat, faisant état de salaires journaliers entre 20% et 30% plus élevés que l an dernier en Mauritanie, au Mali, au Tchad ou au Niger. Sans se prononcer sur le pouvoir d achat, faute de données sur les salaires, le PAM et la FAO, dans leur plus récente analyse 2, constatent aussi la cherté des denrées de base, avec une poursuite de la hausse des prix du mil en février partout au Mali, entre 4% à 17% selon les marchés, une stabilisation ou la poursuite de la hausse au Niger. En revanche, les prix se stabilisent, voire baissent légèrement, au Burkina Faso, notamment dans la région du Sahel. FewsNet constate que, jusqu à fin mars, c est dans la partie centrale et sud de la Mauritanie que la situation est la plus inquiétante, atteignant déjà le stade de crise IPC-3 dans certaines régions. FewsNet note un risque d extension de cette phase critique à certaines zones de l ouest du Niger au deuxième trimestre 2012, puis au centre du Mali, au nord du Burkina Faso et à la bande sahélienne du Tchad entre juillet et septembre, au pic de la période de soudure. Ce scénario jugé le plus probable par FewsNet et élaboré 1. FewsNet: Sahel and West Africa food security outlook January to September 2012 2. Note FAO - PAM du 07 mars 2012 3.Demande CERF pour la Mauritanie Une autre hypothèse de FewsNet est une amélioration de la sécurité dans le nord du Nigeria d ici Estimations sur la sécurité alimentaire, mars-avril qui faciliterait le Juillet Septembre 2012 (Fewsnet) commerce au profit de l est du Niger et de la région sahélienne du Tchad. Le réseau d alerte tient d ailleurs compte de ces risques dans des scénarios alternatifs qui reposent aussi sur une demande plus forte, ou une offre plus faible, entraînant dans tous les cas des hausses de prix importantes. Celles-ci réduiraient automatiquement l accès des plus pauvres aux ressources disponibles et pourraient renforcer considérablement l insécurité alimentaire des ménages, allant jusqu à une phase d urgence (IPC-4) dans de vastes régions du Sahel. Le Burkina Faso lance un appel à la solidarité internationale Le 1 er mars, le Burkina Faso s est officiellement déclaré en crise et a lancé un appel à la solidarité nationale et internationale. La présidente du Conseil national de secours d urgence et de réhabilitation (CONASUR), a annoncé une production céréalière de 3.666 millions de tonnes, en baisse de 5,09% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, ajoutant que 170 communes sur 359- sont reconnues comme étant à risque d insécurité alimentaire. Sur la base d une enquête sur l économie des ménages menée en janvier-février, le CONASUR précise que 2.500.000 personnes et une partie importante du cheptel seront d ici la période de soudure en situation de précarité alimentaire et nutritionnelle. Elle ajoute que l afflux des réfugiés maliens et de leur cheptel va encore aggraver la situation. Le Burkina Faso a fait savoir que son plan opérationnel de soutien aux populations vulnérables, d un montant total de près de 104 milliards de francs CFA (208 millions de dollars) n est actuellement financé par l Etat qu à hauteur de 18%.. Bulletin d Information Humanitaire / Mars 2012 Page 2
FOCUS SAHEL 2012 : SITUATION HUMANITAIRE Forte hausse des demandes de financement du PAM Financements demandés par le PAM au 16 février 2012 1 Pays Burkina Faso Montants (millions $) 50,7 Cameroun 19,7 Mali 97,4 Mauritanie 44,2 Niger 381,3 Sénégal 52,0 Tchad 163,5 TOTAL 808,8 En attendant, les résultats des évaluations menées fin 2011 et au début 2012 ont amené le PAM à revoir en très forte hausse ses demandes de financements, en particulier pour le Niger. Tel qu annoncé le 16 février, le cadre de réponse régional du PAM demande un total de 808,08 millions de dollars 1. Ce montant est considérablement plus élevé que celui dont faisait état le PAM dans le Plan de réponse chiffré inclus dans la version actualisée de la Stratégie pour le Sahel adopté le 7 février par le IASC régional, qui était de 480,9 millions de dollars pour le volet «Sécurité alimentaire» dans toute la région. L écart s explique notamment par le triplement du montant demandé en matière d assistance alimentaire pour le Niger, par rapport à ce qu il était dans le CAP Niger 2012, dont les chiffres ont servi de référence pour le document de Stratégie inter-agences. Alors que le CAP Niger demande un total de 125,3 millions de dollars au titre de l assistance alimentaire, le PAM demande désormais 381,3 millions de $ pour ce pays. OCHA a continué d apporter sa contribution par le biais du CERF. Quatre nouveaux financement CERF ont été accordés au Cameroun fin février dans le cadre de la crise, pour un montant total de près de 4,8 millions de dollars. Grave déficit des récoltes en Gambie La saison agricole 2011 n a pas été mauvaise seulement dans les pays du Sahel : la Gambie a noté l échec de ses récoltes, avec un déficit d au moins 214.000 tonnes à partir de mars 2012. Selon le bulletin d information sur la sécurité alimentaire en Gambie Daa Nyeeno 2, la production globale est en chute de 62% par rapport à 2010 et de 50% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Comparé à 2010, les récoltes de riz et d arachide sont réduites respectivement de 74% et de 64%. Les stocks actuels de riz, pourtant en hausse, ne représentent que 35.000 tonnes et les ménages agricoles devraient épuiser leurs propres réserves en février-mars, contre maijuin habituellement. La population nécessitant une aide représente plus de 520.000 personnes dans les districts ruraux affectés, auxquels s ajoutent près de 193.000 personnes vivant dans les zones urbaines pauvres. Les prix des denrées sont au plus haut depuis la crise de 2008 et devraient encore augmenter avec l épuisement des stocks familiaux et l a hausse de la demande. Chez les enfants de moins de cinq ans, les retards de croissance dus à la malnutrition sont en hausse de 10% par rapport à 2011 (11% des enfants, contre 10% l an dernier) et au plus haut depuis 2006. Valerie Amos et Helen Clark en visite conjointe au Niger Pour mieux attirer l attention internationale sur l ampleur des besoins du Sahel en matière de sécurité alimentaire et de nutrition et sur la nécessité de combler le fossé entre l assistance humanitaire d urgence et l aide au développement, les deux principales responsables de l action humanitaire et du développement au sein du Système des Nations Unies se sont rendues en visite conjointe au Niger les 16 et 17 février. Helen Clark, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le Développement et Valérie Amos, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires des Nations Unies et Coordonnatrice des Secours d Urgence, ont rencontré les plus haut dirigeants nigériens et sont rendues dans le département de Tillabéri, une des régions les plus vulnérables du pays en termes d insécurité alimentaire, où elles ont plaidé pour une réponse Mme Amos à Molia, Niger à la crise qui renforce les moyens de subsistance des populations à plus long terme. A l occasion de la visite d un projet de maraîchage soutenu par les Nations Unies à Molia, village dont les habitants apprennent à cultiver des légumes de manière soutenable et améliorent leur propre nutrition tout en se procurant un revenu, Valerie Amos a estimé qu il y avait là un exemple de la manière dont «un investissement initial mineur a produit un résultat majeur». Molia inspire d autres communautés villageoises environnantes, qui lancent leur propre projet générateur de revenu. La Coordonnatrice des Secours d Urgence a toutefois insisté sur l ampleur des défis. Les deux responsables des Nations Unies ont aussi salué les efforts du Gouvernement du Niger, qui a pris très tôt la mesure de la crise alimentaire et nutritionnelle à venir et assume un rôle dirigeant dans la réponse humanitaire. Elles ont lancé un appel aux bailleurs de fonds pour qu ils financent la mise en œuvre des stratégies nationales adoptées. Le Niger s est notamment doté pour 2012 d un Appel consolidé (CAP) national d un montant de 229,15 millions de dollars, dont 109 millions pour des projets liés à la sécurité alimentaire et 83,9 millions pour la nutrition. 1. Sahel Crisis update nº 16, 16 Feb. 2012 2. Daa Nyeeno Food Security and market information for the Gambia, 21 February 2012 Bulletin d Information Humanitaire / Mars 2012 Page 3
I. SITUATION HUMANITAIRE Securité alimentaire Ouest de la Côte d Ivoire : malnutrition aigüe en baisse, malnutrition chronique en hausse Selon les résultats publié mi-février d une enquête nutritionnelle de type SMART réalisée en décembre 2011 dans la région du Moyen Cavally par l ONG Save the Children en collaboration avec le Programme National de Nutrition, la malnutrition chronique serait en hausse et sa prévalence est supérieure au «seuil critique» de l OMS (40%) et la prévalence de l insuffisance pondérale est supérieure au seuil de 10% considéré comme «précaire» par l OMS. En revanche, la malnutrition aiguë globale a fortement baissé, par rapport à juillet 2011 et la malnutrition aigüe sévère (filles et garçons) est très faible, avec une prévalence de 0,2% 1. L enquête recommande le maintien des activités actuelles de prise en charge, l approche communautaire pour la prévention de la malnutrition (dépistage, promotion des actions essentielles en nutrition) et le renforcement du système de surveillance nutritionnelle dans les districts sanitaires. Save the Children a fait état d un manque de financement qui a contraint l ONG à limiter ses activités de prise en charge de la malnutrition. Pour sa part, Action contre la Faim (ACF) a averti en février que la rupture imminente de son stock d intrants nutritionnels destiné à 37 centres thérapeutiques des districts sanitaires de Danané, Toulepleu et Zouan Hounien, à l ouest du pays, où le traitement systématique de la malnutrition n a plus cours depuis septembre 2011. Santé Près de 2 000 cas de méningite en Afrique de l Ouest et du Centre Au 19 février 2012, 2.231 cas de méningite dont 234 décès ont été enregistrés en Afrique de l Ouest et du Centre 2. Au total 10 pays ont notifié des cas de méningite et avec 836 cas le Burkina Faso est le pays le plus affecté, suivi du Tchad qui a 485 personnes affectées. Depuis le début de l année le Bénin, la Côte d Ivoire et le Tchad ont enregistré des districts en épidémie. En Côte d Ivoire, l épidémie de méningite s est déclarée dans les districts sanitaires de Tengrela et Kouto dans le nord du pays depuis la mi-janvier. Elle s est ensuite étendue à d autres localités du nord (Boundiali, Korhogo, Ferke, Seguela et Bouna) et de Badama dans région de la vallée. Le pays qui enregistre 146 cas dont 25 décès a le taux de létalité le plus élevé de 17,1%. Le Ministère de la santé avec l appui de l Organisation Mondiale de la Santé a organisé au cours de ce mois de février une campagne de vaccination contre la méningite pour 160 000 personnes de deux ans et plus dans les deux districts les plus affectés. La FICR a alloué 64.402 francs suisses pour apporter une assistance immédiate à 254.050 ménages. 1. OCHA- bulletins humanitaire Côte d Ivoire N 5 et n 6 2. Bulletin méningite Semaine 7, dernier disponible Mouvements de populations Crise malienne : plus de 172.000 personnes déplacées Le conflit au Mali se poursuit et le nombre de personnes déplacées par le conflit atteignait début mars plus de 172.000 personnes, dont plus de 90.000 à l étranger, pour l essentiel en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger, où plusieurs milliers des arrivants sont des Nigériens vivant jusqu alors au Mali et retournés du fait du conflit. La prise en charge des réfugiés se met en place, avec la création de camps chargés de les accueillir à long terme. En Mauritanie, plus de 8.800 des près de 35.000 réfugiés arrivés à Fassala avaient déjà été transférés au 7 mars au camp que le UNHCR installe à Mbéra. Le Burkina Faso a lui aussi défini une série de camps de transit et définitifs. Les agences des Nations-Unies travaillent dans les pays d accueil aux côtés des gouvernements, ainsi que de nombreuses ONG. Des demandes de financements CERF étaient en cours dans les premiers jours de mars. Celle pour la Mauritanie porte sur près de 6,5 millions de dollars. Etat des populations déplacées et réfugiées au 7 mars 2012 Dans le nord du Mali, l accès humanitaire ne semblait pas, début, être particulièrement entravé du fait des combat. Début mars, le CICR ne faisait pas état de difficulté d accès aux populations dues aux combats ou à une obstruction de la part des différents acteurs du conflit. Les ONG présentes sur place avant le début du conflit avaient également repris leurs activités. En revanche, les agences des Nations unies ne travaillaient pas dans le nord du pays. Outre les combats entre l armée et les rebelles touaregs du MNLA, c est la présence d AQMI et de groupes criminels qui réduit l accès des acteurs humanitaires. La crise malienne aggrave la crise alimentaire et nutritionnelle au Sahel. D une part, les personnes déplacées sont par essence vulnérables et souvent très démunies. Les vivres, l accès à l eau et aux soins figurent, avec les abris (tentes) en tête des demandes des réfugiés et déplacés dans toutes les évaluations rapides menées. D autre part, dans les trois principaux pays de destination, les réfugiés arrivent dans des régions qui figuraient déjà parmi les plus exposées à l insécurité alimentaire. Ils viennent donc accroître la pression sur les maigres ressources locales. Beaucoup des réfugiés sont en effet des éleveurs qui ont amené avec eux leurs animaux. ROWCA publie chaque semaine un «Bulletin spécial Mali» avec de plus amples informations. Bulletin d Information Humanitaire / Mars 2012 Page 4 81 960 34 739 28 858 Mali (IDPs) Mauritanie Niger (Réfugiés & retournés) 21 653 Burkina Faso 5 000 Algérie
I. SITUATION HUMANITAIRE Mouvements de populations Les retours se poursuivent en Côte d Ivoire Le nombre des personnes déplacées vivant sur des sites de regroupement en Côte d ivoire continue de diminuer. Au 1 er mars, ils étaient 11.691 sur 25 sites de deux régions : les Lagunes-Abidjan (18 sites) et le Moyen-Cavally, soit environ 2.000 de moins qu en janvier (7 sites). Cette diminution est imputable aux retours volontaires, notamment vers Guilo et Daloa, dans l ouest du pays, et à la fermeture de trois sites. Les acteurs humanitaires, en collaboration avec le Gouvernement, ont organisé quatre convois de retours volontaires durant la première quinzaine de février. Les personnes qui rentrent reçoivent une aide alimentaire du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et des biens non alimentaires fournis par l ONG Première Urgence. Trois autres convois de retours volontaires étaient planifiés entre le 20 et le 28 février, que devait faciliter l Organisation Internationale des Migrations (OIM), en collaboration avec les acteurs humanitaires et les autorités. Les déplacés internes vivants dans des familles d accueil sont estimées par le cluster Protection à 84.878 personnes 1. Le chiffre des réfugiés ivoiriens au Liberia revu en forte baisse Après un exercice d identification biométrique des réfugiés ivoiriens au Liberia, le UNCHR a publié un nouveau décompte, qui indique une baisse de près de 46% par rapport à celui de la mi-décembre 2011. Le nombre total des réfugiés a ainsi officiellement chuté à 69.561 au 16 février 2012, contre 128.067 deux mois plus tôt. Sur ce total, une majorité (50,3%) étaient désormais installés dans des camps, contre à peine plus d un tiers (34,7%) deux mois plus tôt, ce qui correspond aux souhaits du Gouvernement libérien. Evolution et répartition du nombre des réfugiés ivoiriens Répartition réfugiés Au 15 décembre 2011 Au 16 février 2012 Evolution en % Camps 43 868 35 042-20,1% Communautés 84 199 34 519-59,0% TOTAL 128 067 69 561-45,7% Entre le 16 février et le 5 mars, 626 réfugiés ivoiriens sont rentrés au pays dans des convois organisés par le UNHCR. Les rapatriés volontaires reçoivent une aide financière de la part du HCR -qui a été portée à 300 dollars par volontaire, plus 200 dollars par enfant à charge et 25 dollars pour les transports intérieurs en Côte d Ivoire ainsi que de la nourriture pour un mois de la part du PAM. Le HCR anticipe une nouvelle baisse de 25.000 réfugiés d ici au 30 juin, et de 15.000 de plus d ici au 31 décembre, qui ramènerait le nombre des réfugiés ivoiriens au Liberia à moins de 30.000 à la fin de 2012. Le Comité d action humanitaire a demandé une révision d urgence du CAP Liberia lancé le 7 février, qui est basé sur un nombre de 120.000 réfugiés au 1 er janvier 2012. Début du rapatriement des réfugiés libériens en Côte d Ivoire Depuis le 20 février, l Organisation internationale des migrations (IOM) a organisé les premiers convois de retours volontaires des réfugiés libériens vivant en Côte d Ivoire, qui portait sur 146 familles, soit 447 personnes, au 26 février. Le UNHCR a pour sa part mené des campagnes d information auprès des intéressés. La clause de cessation du statut de réfugiés pour les Libériens réfugiés en Côte d Ivoire lors de la guerre au Liberia, entre 1989 et 2003, entrera en application le 30 juin 2012. D ici là, les réfugiés devront choisir entre le rapatriement volontaire et assisté ou une demande d intégration dans leur pays d accueil. Mouvements de populations en RCA Depuis la fin janvier, les combats dans le Centre nord de la Centrafrique entre l Armée Nationale Tchadienne et les forces centrafricaines d une part et le groupe armé du Front Populaire pour le Redressement d autre part, avaient provoqué le déplacement de 16.000 personnes au 14 février. D après Médecins Sans Frontières (MSF) près de 3.000 déplacés ont trouvé refuge dans les zones de Farazala, Ouandago and Nana Outa en plus des 3 000 personnes déjà installés dans la zone de Kabo 2. Une mission d évaluation a révélé que la zone de Kabo est la plus touchée avec des besoins urgents en abris, eau, articles non alimentaires et nourriture. Les organisations humanitaires fournissent actuellement une aide spécialement dans les domaines de la santé et de l accès à l eau. MSF a rouvert un centre de santé dans la zone de Ouandago pour permettre aux populations déplacées d avoir accès aux soins. L ONG a également distribué des articles de première nécessité à 700 familles dans les villages de Ouangado et Nana Outa. Le CICR a commencé à réhabiliter des puits et des forages dans ces zones accueillant les déplacés et des vivres et des articles d urgences ont été distribués. Il est à souligner que l insécurité limite l accès aux populations affectées spécialement celles déplacées dans le village de Farazala 3. Le Directeur de la Divion de la Coordination et de la Réponse de OCHA, John Ging, s est rendu, du 27 au 2 mars, en RCA, où plus de 95.000 déplacés sont enregistrés à travers le pays du fait des conflits et de l insécurité. Au cours de sa visite, M. Ging a pu évaluer la situation humanitaire et discuter des moyens de renforcer la réponse d urgence et d assurer un meilleur accès aux populations affectées. 1. OCHA Côte d ivoire Bulletin humanitaire N 07 du 6 mars 2012 2. MSF report : Fitghting in the north forces thousands to flee their homes 3. CICR, Point sur les activités nº 12/38 Bulletin d Information Humanitaire / Mars 2012 Page 5
I. SITUATION HUMANITAIRE Mouvements de populations Plus de 550 enfants tchadiens venus du Nigeria bloqués à N Gouboua C est une conséquence des violences au Nigeria : Plus de 800 Tchadiens, dont 557 enfants ont dû fuir le pays et se sont retrouvés bloqués en février à N Goubouale, ville tchadienne de 7.000 habitants située à environ 30 km de la frontière, sur l autre rive du lac Tchad. Alertée par les autorités locales, l OIM et le CNAR agence nationale chargé des réfugiés et déplacés - ont mené sur place une évaluation, dans les derniers jours de février. Il apparait que des personnes ont fui des villages attaqués par des membres de la secte Boko Haram, puis par l armée nigériane qui les accusaient de soutenir les islamistes. Ces retournés de force se divisent en deux groupes. Environ 110 personnes, pour l essentiel des chrétiens, sont regroupés près d une église de cette ville de 7.000 habitants. On y trouve des familles entières avec quelques femmes et des enfants, en général originaires du sud du Tchad. Le second groupe, qui comprend 694 personnes, est composé pour l essentiel de garçons musulmans originaires de la région du lac Tchad et confiés à des marabouts qui n ont pas cherché à réunifier les familles et ne les avaient pas averties des événements. L OIM considère donc ces enfants comme des mineurs non accompagnés. L essentiel des 534 enfants âgés de 5 à 17 ans recensés (dont 523 garçons) fait partie de ce groupe. II. FINANCEMENTS CERF - CAP Nouveaux fonds CERF pour la crise au Sahel Fin février, le Fonds Central d Intervention d Urgences des Nations Unies (CERF) a accordé près de 4,8 millions de dollars à quatre agences des Nations Unies pour lutter contre la crise alimentaire dans le nord du Cameroun, qui fait partie de la zone sahélienne. Les fonds permettront au PAM d apporter une aide alimentaire aux ménages affectés par la sécheresse et la malnutrition aiguë dans le Logone-et-Chari (division administrative de la région de l'extrême-nord), où la FAO distribuera par ailleurs des intrants aux familles vulnérables. L UNICEF doit apporter une réponse d urgence à la population affectée de l'extrême Nord et du Nord, qui bénéficiera aussi d une assistance médicale de l OMS. En outre, le 2 mars, la Coordinatrice des Secours d urgence a approuvé le versement par le CERF de 2.642.012 dollars au PAM pour son programme d assistance aux populations affectées par la sécheresse au Mali. Depuis la fin Allocations CERF pour la crise alimentaire au Sahel (Nov. 2011-6 Mars 2012) Mali $2 642 012 Cameroun $4 798 922 Tchad Montant total $6 011 695 23.459.232 $ Mauritanie $4 005 971 Niger $6 001 432 novembre 2011, le CERF a déjà alloué 23.5 millions de dollars au titre de cette crise. Par ailleurs, le CERF a accordé un million de dollars au PAM au titre des vols humanitaires au Mali, en relation tant avec la crise alimentaire qu avec celle des déplacés internes dus au conflit. CAP 2012 pour le Niger, le mieux financé de la région Des jeunes enfants non accompagnés à N'Gouboua (photo IOM) Des habitants sont venus en aide aux déplacés mais les autorités, après avoir fourni un peu de vivres, ont fait savoir qu elles ne pourraient aider davantage. L évaluation a montré des besoins immédiats en abri, nourriture, eau et assainissement, protection et en soins médicaux, encore que l état de santé général des enfants ait été jugé plutôt bon, sans maladie grave ni blessures résultant des violences au Nigeria. Il résulte d entretiens que ni les adultes ni les enfants ne souhaitent repartir au Nigeria. IOM a présenté un budget d environ 81.000 dollars pour répondre à ses recommandations, à savoir la satisfaction immédiate des besoins de base, y compris alimentaires et en eau, en protection des mineurs non accompagnés et en soutien psychologique, ainsi que l organisation du transport vers d autres lieux pour les migrants désireux et capables de voyager. Liberia RCA Côte d'ivoire Niger Tchad Situation des financements CAP 2012 (en millions USD) au 10 Mars 2012 1% 5% 3% 31% 19% Tchad Niger Côte d'ivoire RCA Liberia Requêtes $455,1 $229,1 $173,0 $134,4 $121,5 Financements $88,0 $70,1 $5,0 $7,2 $1,3 Le Niger qui fait face à une crise alimentaire a reçu plus de 70 millions de dollars dans le cadre du CAP 2012. Avec 31% de couverture financière, le CAP pour le Niger est le mieux financé, il est suivi de celui du Tchad qui reçoit 88 millions (19%). Tandis que ceux pour le Liberia et pour la Côte d Ivoire sont encore à peine financés (1% et 3%). Bulletin d Information Humanitaire / Mars 2012 Page 6
N O U V E A U T E S D U S I T E W E B http://ochaonline.un.org/rowca PAGE SPECIALE SUR LA SITUATION ALIMENTAIRE DANS LE SAHEL EN 2012 Deux ans seulement après la grave crise alimentaire et nutritionnelle de 2009/2010, plusieurs pays du Sahel sont de nouveau exposés à une insécurité alimentaire massive qui risque d évoluer vers une nouvelle crise au premier semestre 2012. Sur cette page vous trouverez toutes les informations sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le Sahel. PLAN DE RÉPONSE À LA CRISE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE AU SAHEL Le «Plan de réponse à la crise alimentaire et nutritionnelle au Sahel» est la version actualisée du document stratégique «Préparation pour une crise alimentaire et nutritionnelle au Sahel et les pays limitrophes», lancé le 15 décembre 2011. Alors que les études menées récemment dans les différents pays de la région confirment que plusieurs pays du Sahel sont de nouveau exposés en 2012 à une insécurité alimentaire et nutritionnelle massive, ce document présente une estimation précise des besoins et des estimations par pays des financements nécessaires. Il présente aussi une carte des acteurs humanitaires déjà présents dans les différents pays du Sahel et de leurs activités. Pour plus d informations ou contribuer à nos prochains bulletins, prière de contacter : Remi Dourlot, Chargé de l information publique, OCHA Afrique de l Ouest et du Centre Bureau : +221 33 869 8515 mobile +221 77 569 9653, dourlot@un.org Angelita Mendy Diop, Associée à l Information Publique, OCHA Afrique de l Ouest et du Centre Bureau : +221 33 869 8510, mobile : +221 77 450 6181, mendya@un.org Bulletin d Information Humanitaire / Mars 2012 Page 7