LA DOULEUR Pr. D. de BROUCKER

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Transcription:

DEFINITION : LA DOULEUR Pr. D. de BROUCKER Définition de l IASP :International Association for Study of Pain Douleur = expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel ou décrit comme tel. Nociception = terme proposé par le physiologiste anglais Sherrington. Désigne les stimulations capables de menacer l intégrité de l individu. DEUX TYPES DE DOULEURS : Douleur aiguë = finalité biologique d alarme et de sauvegarde de l intégrité de l individu. Douleur chronique = douleur permanente depuis 3 à 6 mois qui constitue une agression de la personnalité de l individu.

Pour traiter il faut d abord EVALUER le type de douleur aiguë / chronique bénigne / sévère / maligne le mécanisme - excès de nociception - neuropathique la sévérité quantitative qualitative et savoir réévaluer

Comparaison des douleurs aiguës et chroniques Finalité biologique Douleur aiguë (symptôme) utile protectrice signal d alarme Douleur chronique (syndrome) inutile destructrice maladie à part entière Mécanisme générateur unifactoriel plurifactoriel Réactions somatovégétatives réactionnelles habituation ou entretien Composante affective anxiété dépression Comportement réactionnel renforcé Modèle de compréhension médical classique pluridimensionnel «somatopsychosocial»

Les grands principes 1) La pharmacologie de la douleur repose sur 3 approches complémentaires : limiter l excitation périphérique des nocicepteurs bloquer la transmission nociceptive au niveau des fibres ou de la corne postérieure renforcer les feed-back physiologiques (contrôle inhibiteur descendant)

Les grands principes 2) Principes fondamentaux faire un diagnostic précis - étiologique - topographique traiter la cause réévaluer l efficacité du traitement et l adapter prévenir la douleur (sans attendre sa réapparition) conserver le patient lucide, autonome et valide

Les grands principes prévenir les effets secondaires assurer un soutien relationnel la hiérarchie des paliers I, II, III de l OMS n est valable que pour les douleurs par excès de nociception, elle n a pas de sens dans les douleurs neurogènes le but est d obtenir, quel que soit le type, une analgésie puissante qui évite les cercles vicieux («douleur-mémoire», «mémoire de la douleur»)

La topographie maître symptôme pour le diagnostic Mais, pièges possibles! si majoration par l anxiété si ancienneté : savoir différencier - le point exquis - les irradiations si influence socio-culturelle si passé douloureux (ex : migraine) (ex : douleur abdominale et/ou pelvienne douleur thoracique)

La topographie maître symptôme pour le diagnostic si douleurs projetées - être attentif aux conditions de survenue qui sollicitent l organe malade et non la zone projetée si hyperalgésie (secondaire à une sollicitation de la corne postérieure)

Comparaison des douleurs chroniques cancéreuses et non cancéreuses Douleur cancéreuse Douleur non cancéreuse Pathologie Évolutive Séquellaire Douleur Finalité biologique Mécanisme générateur Place des morphiniques Symptôme Aiguë persistante Inutile Destructrice Signal d alarme et maladie à part entière Excès de nociception et plurifactoriel Essentielle Syndrome Inutile Destructrice Maladie à part entière Plurifactoriel Exceptionnelle et controversée Composante affective Anxiodépression Anxiodépression Comportement Réactionnel Renforcé Attitude à encourager Accepter le handicap Dépassé le handicap Pluridimentionnel Pluridimentionnel Modèle de compréhension «somatopsychosocial» «somatopsychosocial»

Symptomatologie du syndrome douloureux chronique 1. PLAINTE DOULOUREUSE douleur permanente depuis plus de six mois ; origine physiopathologique actuelle incertaine ; nombreux antécédents de traitements inefficaces ; handicap fonctionnel exagéré ; conduite toxicomaniaque. 2. COMPORTEMENT ANORMAL VIS-A-VIS DE LA MALADIE conviction somatique de la maladie ; désir de chirurgie ; déni des conflits interpersonnels ; déni des perturbations émotionnelles ; dysphorie admise comme réactionnelle.

Symptomatologie du syndrome douloureux chronique 3. SYMPTOMATOLOGIE DEPRESSIVE fatigabilité ; troubles de concentration ; perte des intérêts ; insomnie ; humeur dépressive. 5. FACTEURS DE RENFORCEMENT évitement d activités néfastes ; attention, sollicitude de l entourage ; bénéfices secondaires financiers. 5. CONTEXTE SOCIOFAMILIAL Exemples de douleur chronique dans l entourage ; Antécédents familiaux de dépression ou d alcoolisme.

Échelle Visuelle Analogique 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Pas de douleur Douleur maximum imaginable

Échelle Verbale et Échelle Numérique 1 J ai extrêmement mal J ai très mal J ai mal J ai un peu mal Je n ai pas mal 2 Je souffre atrocement Je souffre beaucoup Je souffre moyennement Je souffre un peu Je ne souffre pas 3 Douleur intolérable Douleur extrêmement forte Douleur très forte Douleur un peu forte Douleur moyenne Douleur supportable Douleur faible Douleur minime Aucune douleur

Échelles Comportementales Envahissement du langage par la plainte 1. Pas de plainte, même à l interrogatoire 2. Plainte uniquement à l interrogatoire 3. Plainte spontanée, mais peu fréquente, et s adressant seulement à certaines personnes de l entourage 4. Envahissement partiel du langage par la plainte : le patient se plaint à tout le monde, mais est cependant capable de parler d autre chose 5. Envahissement complet du langage par la plainte.

Échelles Comportementales Réduction des activités spontanées 1. Activité normale, le sujet se rend au travail 2. Activité extérieure partielle : le sujet abandonne certains travaux et distractions habituels 3. Activité d intérieur seule 4. Activité de chambre 5. Confinement au lit : malade grabataire. Demande d antalgiques Demande nulle Demande < ou = 3fois/24h d antalgique per os Demande > ou = 3fois/24h d antalgique per os Demande < ou = 3fois/24h d antalgique injectable Demande > ou = 3fois/24h d antalgique injectable

Douleur par excès de nociception Règles de l O.M.S. palier 1 = analgésiques périphériques palier 2 = opiacés faibles palier 3 = opiacés puissants En rapport avec l intensité après respect de la gradation des paliers douleur légère douleur modérée douleur intense

Antalgiques périphériques Palier 1 ASPIRINE doses maximales adulte 2gr par prise (6gr par 24h.) durée d action 4 à 6 heures (donc 3 à 4 prises par jour) fortement liée aux protéines plasmatiques effets secondaires indésirables - troubles gastro-intestinaux CI ulcère - troubles de l hémostase : action antiagrégante, potentialisation de l effet des anti-coagulants - troubles neuro-sensoriels - manifestations immuno-allergiques :! Chez asthmatique - majoration du risque hypoglycémique chez le diabétique - syndrome de Reye exceptionnel

Antalgiques périphériques Palier 1 PARACETAMOL doses maximales adulte 1gr par prise (3gr par 24h.) durée d action 4 à 6 heures bonne tolérance globale à dose thérapeutique car faiblement lié aux protéines plasmatiques CI : Insuffisance hépato-cellulaire hypersensibilité au produit effets secondaires le plus souvent à doses suprathérapeutiques - rashes cutanés (prurit, urticaire, érythème) - cytolyse hépatique - bronchospasme - néphropathies (comme pour la phénacétine retirée du commerce).

Opioïdes faibles Palier II Le plus souvent utilisé en association avec le Paracétamol DEXTROPROPOXYPHENE dérivé morphinique de synthèse (dérivé de la méthadone mais peu toxicomanogène) action : 1/10 de la Morphine dose maximale 325 mg/j en 2 ou 3 prises demi-vie = 12 heures effets secondaires : - somnolence et baisse de la vigilance - nausée, constipation - hypoglycémies - dépression cardio-respiratoire (si intoxication aiguë volontaire)

Opioïdes faibles Palier II Le plus souvent utilisé en association avec le Paracétamol CODEINE éther méthylique de la Morphine action : 1/4 de la Morphine dose maximale 120 mg/j en 3 prises demi-vie = 6 heures effets secondaires : - nausées, vomissements (en aigu) - constipation (en chronique) - somnolence - vertiges CI : insuffisance hépatique sévère insuffisance respiratoire sévère

Opioïdes faibles Palier II TRAMADOL (TOPALGIC) chlorhydrate de Tramadol gélules à 50 mg toutes les 4 à 6 heures, d action rapide gélules à 50, 100, 150, 200 mg toutes les 12 heures en forme LP effets secondaires : - nausées, vomissements - somnolence - céphalées, vertiges + + - Peu de constipation voie IV ampoule 2 ml à 100 mg : IV, perfusion, PCA

Opiacés forts Palier III MORPHINE Vient de «Morphée» Dieu grec des songes, fils de la Nuit et du Sommeil. Effet antalgique sous la dépendance des récepteurs opiacés endogènes (corne postérieure tronc cérébral, thalamus médian, système limbique) = récepteur μ un peu moins K L action des opiacés forts est jugée comparativement à la Morphine

On distingue : Opiacés forts les agonistes purs Morphine pethidine (Dolosal) destromoramide (Palfium) fentanyl (anesthésiologie, patchs) pour mémoire, les opiacés faibles Palier III les agonistes-antiagonistes ou agonistes partiels μ K buprénorphine (Temgésic) per os/ss cut pentazocine (Fortal) inj. nalbuphine (Nubain) inj. les antagonistes - antidote sans action antalgique (Nalorphine ou Narcan)

Présentation 1) Présentations orales Morphine en sirop (chlorhydrate) à action rapide et à renouveler toutes les 4 heures. 10 ml = 10 mg (prise standard) en comprimés ou gélules à libération prolongée, à prendre : toutes les 12 heures - MOSCONTIN } - SKENAN } 10, 30, 50, 100 et 200 mg toutes les 24 heures - KAPANOL : 20, 50 et 100 mg en comprimés ou gélules à action rapide et à durée d action de 4 heures : - ACTISKENAN } - SEVREDOL } 5, 10, 20 et 30 mg

Morphine 2) Présentations injectables (toujours chlorhydrate) ampoules dosées à 20, 100 et 400 mg voie sous-cutanée (dose à diviser par 2 par rapport à la voie orale) - Action, délais de 15 à 30 - en discontinu ou en SAP continue voie intraveineuse (dose à diviser par 3 par rapport à la voie orale) - action immédiate - uniquement en SAP et lors d échappement de la voie sous-cutanée

Morphine 3) Présentations trans-dermique fentanyl (DUROGESIC) analgésique majeur morphinique (utilisé en anesthésie) dispositif transdermique sans réservoir patch de 25, 50, 75 et 100 μg/heure (ex : le patch délivrant 25 μg/heure se présente sous forme d un dispositif adhésif de 10 cm 2 contenant 2,5 mg) à renouveler tous les 3 jours à la pose, le plateau thérapeutique est atteint en 12 à 24 heures, noter l heure et le jour à la dépose : diminution progressive (50% après 17H) tolérance : identique à la Morphine et aux autres dispositifs transdermiques contre-indication : - sujet âgé - transpiration - hyperthermie

Morphine 3) Présentations trans-dermique précautions : à la dépose, ne pas jeter le patch usagé mais le placer dans un réservoir et le rendre à la pharmacie Équivalences moyennes Patch Morphine orale 25 μg/heure 30 à 90 50 μg/heure 90 à 150 25 μg/heure Palier de 60 mg En interdoses pour douleur aiguë fentanyl transmuqueux (ACTIQ, ABSTRAL, EFFENTORA) 100 à 800 µg/dose.

Morphine Indications réservé aux échecs des paliers I et II réservé aux douleurs chroniques ] sauf dans la PCA Contre-indications douleur neuropathique douleur hypochondriaque insuffisance respiratoire chronique et asthme sévère insuffisance hépatique insuffisance rénale sévère (choisir plutôt fentanyl que morphine) symptomatologie douloureuse aiguë ex : - trauma abdominal - intoxication alcoolique - spasmes viscéraux

Morphine Effets secondaires nombreux en pratique : prévenir les nausées (par antinauséeux systématiques) prévenir la constipation (par laxatifs) en plus : risque de somnolence détresse respiratoire tolérance, accoutumance dépendance psychique confusion

Rotation des opioïdes facilitée par les nouvelles molécules, toutes dérivées de la Morphine Définition : Changement d un opiacé par un autre Pourquoi : Optimiser la balance entre effets analgésiques et effets indésirables au bénéfice des premiers HYDROMORPHONE (SOPHIDONE) biodisponibilité plus élevée sous forme de chlorhydrate forme orale à libération prolongée de 12 h gélule à 4, 8, 16 ou 24 mg environ 7,5 fois plus efficace que la Morphine

Rotation des opioïdes OXYCODONE (OXYCONTIN LP ET OXYNORM) biodisponibilité plus élevée sous forme de chlorhydrate forme orale soit rapide, soit LP de 12 h comprimés à 10, 20, 40 ou 80 mg bientôt suppositoires disponibles environ 2 fois plus efficace que la Morphine disponible sous forme injectable

Faut-il avoir peur des morphiniques en Soins Palliatifs et en fin de vie? 17 études, il en ressort : 1. Qu il n y a pas de différence de survie selon que les doses sont fortes ou faibles ; 2. Que les augmentations de doses ne diminuent pas la survie mais apportent un confort réel ; 3. Que les doses sont souvent plus fortes la dernière semaine ; 4. Que si les doses prescrites sont plus fortes la nuit que le jour, il n y a pas plus de décès la nuit. 1. Donc : les opioïdes ne hâtent pas la fin de vie

Evaluation des douleurs neuropathiques en pratique quotidienne par le questionnaire DN4 Evoquer une douleur neuropathique si score 4/10 Répondez aux 4 questions ci-dessous en cochant une seule case pour chaque item. INTERROGATOIRE DU PATIENT Question 1 : La douleur présente-t-elle une ou plusieurs des caractéristiques suivantes? OUI NON 1- Brûlure 2- Sensation de froid douloureux 3- Décharges électriques Question 2 : La douleur est-elle associée dans la même région à un ou plusieurs des symptômes suivants? OUI NON 4- Fourmillements 5- Picotements 6- Engourdissements 7- Démangeaisons EXAMEN DU PATIENT Question 3 : La douleur est-elle localisée dans un territoire ou l examen met en évidence? OUI NON 8- Hypoesthésie au tact 9- Hypoesthésie à la piqûre Question 4 : La douleur est-elle provoquée ou augmentée par : OUI NON 10- Le frottement Score du patient : /10 Questionnaire DN4 simplifié par interrogatoire auto-administré. Ne concerne que le groupe de questions 1 et 2. Test significatif à partir de 3 items positifs.

Douleur neuropathique Neuropathie continue superficielle paresthésies, brûlures Priorité aux tricycliques amitriptyline (Laroxyl) - 10 à 50 gouttes en prise vespérale - effets secondaires des atropiniques - hypo TA, somnolence Clomiprazine (Anafranil) - 10 à 50 gouttes en prise vespérale Neuroleptique accessoirement levomepromazine (Nozinan) - 10 à 50 gouttes en prise vespérale

Douleur neuropathique Neuropathie paroxystique, fulgurante et profonde Priorité aux antiépileptiques carbamazépine (Tégrétol) - ½ cp X 2 2 cp X 3 clonazépam (Rivotril) pas d A.M.M. - 5 à 15 gouttes en prise vespérale gabapentine (Neurontin) A.M.M. - 100 à 400 mg 3 X/jour prégabaline (Lyrica) A.M.M. - 75 à 300 mg /jour Maniement : obtenir la dose minimale efficace pour éviter les effets secondaires (somnolence, confusion, agitation) Possibilité d associer tricycliques et antiépileptiques

Comparaison des effets thérapeutiques dans la douleur neuropathique et par excès de nociception d après B. Laurent et E. Ollagnon-Roman Type de douleur THERAPEUTIQUES neuropathique excès de nociception Antalgiques périphériques (aspirine, paracétamol ) 0 + Opiacés 0 ou faible ++ Bloc xylocaïne, neurotomie, cordotomie 0 ou faible (sauf névrome et hyperactivité sympathique) ++ Neurostimulation transcutanée médullaire, voire thalamique Anti-épileptiques (carbamazépine, pentothal IV) Sérotoninergiques (antidépresseurs, prétonine, tryptophane) ++ 0 ou faible + 0 + 0 ou faible

Co-analgésie CORTICOIDES (douleurs inflammatoires) A.I.N.S. (douleurs inflammatoires rhumatismales ou non) anti-inflammatoires antalgiques purs (Nalgésic, Ponstyl) MYORELAXANTS (douleurs neuro-musculaires) ANTISPASMODIQUES (douleurs viscérales) ANXIOLYTIQUES et ANTIDEPRESSEURS ANTIOSTEOCLASTIQUES biphosphonates (métas osseuses) REEDUCATION et KINESITHERAPIE ACUPUNCTURE

Techniques anesthésiques blocage des voies ascendantes blocs sympathiques (ganglions) anesthésie locale thermocoagulation radicellotomie postérieure sélective cordotomie antéro-latérale renforcement de l inhibition neurostimulation - périphérique (transcutanée) - médullaire (péridurale) - thalamique (stéréotaxie) renforcement du contrôle opioïde sous-cutané médullaire péridural intrathécal intra-cérébro ventriculaire

Les dix commandements de la douleur 1) Savoir utiliser les coanalgésiques : AINS, myorelaxants, antidépresseurs, corticoïdes, etc. 2) Ne pas traiter la douleur à la demande mais à intervalles réguliers. 3) Choisir les traitements adaptés aux douleurs neuropathiques (carbamazépine, clonazépam, phénytoïne, antidépresseurs) et aux douleurs de nociception (antalgiques périphériques et opiacés). 4) Connaître les trois niveaux thérapeutiques de l OMS. 5) Prescrire en tenant compte de l intensité de la douleur plus qu en fonction des critères pronostiques. 6) Ne pas associer morphine et agoniste-antagoniste (Temgésic, Nubain, Fortal). 7) Savoir qu aucun antalgique n est anodin. 8) Chercher la cause des échecs thérapeutiques (inobservance, posologie insuffisante, mauvaise répartition). 9) Reconnaître la douleur non organique. 10) Adapter la thérapeutique à l environnement du malade.