Pourquoi diminuer la prescription de neuroleptiques et benzodiazepines en EHPAD

Documents pareils
Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Maladie d Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateurs

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 27 avril 2011

Pharmacovigilance des Essais cliniques

Gestion des troubles du comportement en EHPAD

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. AVIS 1 er février 2012

Migraine et Abus de Médicaments

Pharmacovigilance des nouveaux anticoagulants oraux

7- Les Antiépileptiques

Prise en charge du patient adulte se plaignant d insomnie en médecine générale

LES ANTIMIGRAINEUX. Médicaments de la crise et médicaments de fond

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

ALTO : des outils d information sur les pathologies thromboemboliques veineuses ou artérielles et leur traitement

Dépression. du sujet âgé. Docteur Patrick Frémont. Professeur Joël Belmin. Psychiatrie

SOMMAIRE I. INTRODUCTION 4 II. SOURCES D INFORMATION 5

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

Migraine : traitement de la crise. Comment utiliser les triptans?

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

Réseau de Santé du Pays des Vals de Saintonge Pôle de santé du Canton d Aulnay de Saintonge MSP Aulnay et Néré PROJET D AULNAY PSP

Agenda. Prevalence estimates in France PAQUID 23/11/14. Workshop Innovation Alzheimer 6 Novembre Atelier BANQUE NATIONALE ALZHEIMER

RAPPORT D ORIENTATION. Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées

Recommandation Pour La Pratique Clinique

Visite test de certification V2014 Retour du CHU de Rennes GCS CAPPS Vendredi 12 juin 2015

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

Référentiel Officine

Marseille 21 > 23. Novembre

Comment améliorer la sécurite du médicament? Propositions du Leem

Efficacité et risques des médicaments : le rôle du pharmacien

Mise à jour dans le traitement des troubles anxieux Jean-Pierre Bernier, Isabelle Simard

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

DOCUMENTATION CLINIQUE D UNE CHUTE D UN PATIENT

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses : propositions de l Assurance maladie pour 2014

DÉMARCHE PARTICIPATIVE DE LA HAS AMÉLIORER LA PRESCRIPTION DES PSYCHOTROPES CHEZ LE SUJET ÂGÉ. Propositions d actions concertées

Avis 25 juin Renouvellement de l inscription sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux

Bon usage. Mise au point

Sécurisation du circuit du médicament dans les Etablissements d hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sans pharmacie à usage intérieur

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

Nouveaux anticoagulants oraux (NOAC)

Risques et dispositifs médicaux. «Responsabilités encourues» Isabelle Lucas-Baloup. 12, 13 et 14 octobre 2010

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 1 er octobre 2008

Un danger vous guette Soyez vigilant

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

PLAN NATIONAL D ACTION POUR UNE POLITIQUE DU MEDICAMENT ADAPTEE AUX BESOINS DES PERSONNES AGEES


La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

«Améliorer les parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d autonomie»

Parcours du patient cardiaque

PIL Décembre Autres composants: acide tartrique, macrogol 4000, macrogol 1000, macrogol 400, butylhydroxyanisol.

LE POINT TOX. N 7 - Juillet Bulletin du réseau de toxicovigilance de La Réunion L ÉVOLUTION TEMPORELLE DU NOMBRE D INTOXICATIONS

CE QU IL FAUT SAVOIR PARTICIPATION À UN ESSAI CLINIQUE SUR UN MÉDICAMENT

Démence et fin de vie chez la personne âgée

Soins infirmiers et gestion des risques

LE RAISONNEMENT ET LA DECISION EN MEDECINE : LES BASES EN ASSURANCE MALADIE

Autisme Questions/Réponses

Marquage CE et dispositifs médicaux

Le guide du bon usage des médicaments

Place et conditions de réalisation de la polysomnographie et de la polygraphie respiratoire dans les troubles du sommeil

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

Calendrier des formations INTER en 2011

La responsabilité des infirmiers et des établissements de santé

Ordonnance collective

La prise en charge de votre insuffisance cardiaque

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

Les différentes maladies du coeur

Formation sur la sécurisation du circuit du médicament

N oubliez pas de sauvegarder après avoir intégré ce fichier dans votre espace extranet!

Fiche Produit Profils Médicalisés PHMEV

Épidémiologie des accidents hémorragiques dus aux anticoagulants oraux

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 23 mai 2012

Point d Information. Le PRAC a recommandé que le RCP soit modifié afin d inclure les informations suivantes:

EVALUATION DES METHODES D AIDE A L ARRET DU TABAGISME

LISTE DES ACTES ET PRESTATIONS - AFFECTION DE LONGUE DURÉE HÉPATITE CHRONIQUE B

La migraine : une maladie qui se traite

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

Diabète de type 1 de l enfant et de l adolescent

Carte de soins et d urgence

MÉDICAMENTS CONTENANT DU VALPROATE ET DÉRIVÉS

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

RELPAX. hydrobromure d élétriptan

PROCEDURE D EVALUATION ET DE PREVENTION DU RISQUE DE CHUTE ET DE MAINTIEN DE LA MOBILITE

TITRE : «Information et consentement du patient en réadaptation cardiovasculaire»

La contention physique au service des urgences : indications et principes de mise en œuvre

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

Surpoids et obésité de l adulte : prise en charge médicale de premier recours

La Télémédecine dans le cadre de la Plateforme Régionale Santé de Martinique

DOSSIER DE SOINS INFIRMIERS

Sport et traumatisme crânien

Les troubles non moteurs de la maladie de Parkinson. Comprendre la maladie de Parkinson

Sophie Blanchet, Frédéric Bolduc, Véronique Beauséjour, Michel Pépin, Isabelle Gélinas, et Michelle McKerral

MEDICAMENTS CONTENANT L ASSOCIATION DEXTROPROPOXYPHENE / PARACETAMOL :

Guide du parcours de soins Titre GUIDE DU PARCOURS DE SOINS. Maladie de Parkinson

REFERENTIEL D AUTO-EVALUATION DES PRATIQUES EN ODONTOLOGIE

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

Transcription:

Pourquoi diminuer la prescription de neuroleptiques et benzodiazepines en EHPAD CRPV d Amiens Michel ANDREJAK, Valérie GRAS Octobre 2012

PLAN Neuroleptiques et Benzodiazépines en EHPAD Les Situations Cliniques Les Bénéfices et Risques Les Messages HAS Les Propositions Etude PEIMA : Déclarer la iatrogénie Notifier dans les dossiers patients Déclarer au CRPV Conclusion Lutter contre la sous notification Diminuer et Réévaluer les prescriptions

LES NEUROLEPTIQUES

Situations cliniques à l origine de la prescription de neuroleptiques clinique Bénéfices/risques Troubles du comportement perturbateurs (cris, agitation, agressivité, déambulation, ) Épisodes aigus de confusion Pas de démonstration apportée à leur bénéfice Risques documentés, ceux des neuroleptiques + risques spécifiques en cas de démence

Risques liés à la consommation des Neuroleptiques AVC (alerte initiale Risperdal et Zyprexa) Risque rythmique (allongement du QT) Troubles métaboliques (glucidique et lipidique, prise de poids) Troubles extrapyramidaux (dyskinésies aiguës et tardives, akathisie, syndrome parkinsonien) Troubles anticholinergiques (confusion, constipation, rétention urinaire )

Etude prospective DART-AM Etude Neuroleptiques contre Placebo en aveugle Soit arrêt d un neuroleptique prescrit pour trouble du comportement Soit poursuite d un neuroleptique prescrit pour trouble du comportement pendant 1an Survie à 1 an Survie à 2 ans placebo : 77 % NL : 70 % placebo : 70 % / NL : 46 % urgence à arrêter les prescriptions sans indication appropriée ou à long terme

Message HAS AMI AMI-Alzheimer = Alerte et Maîtrise de la Iatrogénie des neuroleptiques dans la maladie d Alzheimer Prescription très excessive: 3% des pts âgés, 18% des pts Alzheimer, 27% des pts résidant en EHPAD Identifier les patients sous NL L arrêt des NL est possible sans risque de rebond, de rechute, de manque, sans modalités particulières et sans doses dégressives Savoir recourir aux techniques de soins non médicamenteuses À l arrêt des NL, vérifier l absence de report vers d autres sédatifs ou vers la contention physique

Comment prescrire les NL et Quels NL prescrire? Pas d arguments particuliers pour privilégier tel ou tel NL Préférer Rispéridone, Olanzapine, Tiapride À réserver à des situations particulières d agitation sévère avec troubles productifs (hallucinations, délire) et si danger pour le patient et autrui NL adapté au profil du pt Monothérapie Arrêt du trt dès le contrôle des symptômes gênants durée à limiter aux max 24-48 h jamais plus de 15j Dose réduite par rapport à l adulte jeune Évaluer l effet de la 1 ière dose avant de renouveler la prescription

LES BENZODIAZEPINES

L hyperconsommation des benzodiazépines en France 22 benzodiazépines (dont 2 molécules apparentées) actuellement commercialisés France 2 ème pays européen consommateur de BZD à visée anxiolytique (derrière le Portugal) Données européennes de 2009 France 2 ème pour les BZD à visée hypnotique (derrière la Suède) La consommation de BZD augmente avec l âge Les risques liés au BZD augmentent avec l âge Relation (discutée) entre BZD et démence

Message de la HAS concernant la prescription des hypnotiques chez les personnes âgées (25/09/2012) Consommation excessive (3-5 fois plus que les autres pays européens) Un tiers des plus de 65 ans et 40 % des plus de 85 ans prennent des hypnotiques 10 à 20 % des plaintes de sommeil sont de réelles insomnies justifiant un traitement. Documents précédents sur prise en charge des troubles du sommeil (2006) et modalités d arrêt (2007) Pas d évolution après ces messages

Benzodiazépines : risques reconnus plus particulièrement chez les patients âgés dépendants Sédation excessive Fausses routes alimentaires Chutes

Benzodiazépines et risque de démence À partir de la Cohorte PAQUID Patients sans BZD pendant au moins 3 ans Groupe exposé début d un tt entre 3 ème et 5 ème année Groupe contrôle : pas de BZD Après 15 ans de suivi 32 % de démence contre 29 % (+60 % après ajustement) + étude cascontrôle : 467 patients avec diagnostic de démence à la 8 ème année 180 contrôles risque + 55%

Effets indésirables des BZD chez les patients âgés? Accumulation de métabolites actifs Augmentation des EI SNC (troubles psychomoteurs sédation, somnolence-, desinhibition amnésie antérograde Sensibilité aux effets négatifs sur la mémoire à court terme du risque de chutes et de leurs conséquences, les fractures

POUR LUTTER CONTRE LA IATROGENIE : DECLARER

Etude nationale PEIMA 2010 «Prévalence des Effets Indésirables Médicamenteux chez les patients atteints de la Maladie d Alzheimer ou d un syndrome démentiel apparenté» Prévalence : 5,03 % dont 1,58 % classés graves Médicaments du SNC (59,5 %) Médicaments cardiovasculaires (28 %)

Que déclarer et pourquoi? Obligation de déclaration Bénéfice individuel Mission locale (établissement) et nationale : bénéfice collectif Démarche de déclaration: pour les EI graves, inattendus (voir dia suivante), aide à la prise en charge de l effet indésirable, Promotion du bon usage du médicament question de plus en plus posée dans le cadre des actions en justice pour accidents médicaux possiblement liés à un médicament, +.tout ce qui semble pertinent, la gêne thérapeutique engendrée appréciation de l imputabilité à un ou plusieurs méd, Prévention de la iatrogénèse non déclaration = suspicion de «cacher» Attention plus particulière aux nouvelles molécules, nouvelles modalités d utilisation données complémentaires sur la prise en charge, les mécanismes possibles, les moyens d éviter Évaluation permanente du Bénéfice/Risque

Obligation de signalement : Décret 13/03/95 Tout médecin, chirurgien-dentiste, sage-femme ou pharmacien ayant constaté un effet indésirable grave et/ou inattendu susceptible d être dû à un médicament doit en faire la déclaration immédiate au Centre régional de pharmacovigilance De même, tout membre d une profession de santé ayant fait la même constatation peut également en informer le Centre régional de pharmacovigilance

Effet indésirable grave : létal ou susceptible de mettre la vie en danger ou entraînant une invalidité ou une incapacité importantes ou durables ou provoquant ou prolongeant une hospitalisation ou anomalie ou malformation congénitale Tout effet jugé comme tel par le professionnel de santé Surdosage accidentel ou volontaire Effet indésirable inattendu : Effet non mentionné dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP)

Comment déclarer? Formulaires CERFA formulaire spécifique du CRPV simple papier libre téléphone (puis courrier) Courriers médicaux Télécopie Internet chu-amiens.fr/pharmaco ansm.sante.fr/ La Déclaration doit comporter au moins les informations suivantes : Une source identifiable (notificateur) Un patient identifiable Le nom du produit suspecté La nature de l effet indésirable

CONCLUSION

Lutter contre la sous-notification Sous-notification des indésirables 50 à 95 % de sous notifications selon les rares études Causes retrouvées Incertitude quant à l imputabilité Inadapté à la pratique de ville Manque de temps Il y a le souhaitable et ce qu on pense faire, qu en est-il du réellement fait? Les médecins identifient-ils la iatrogénie dans leurs dossiers médicaux?

Objectifs? Moins de prescriptions de neuroleptiques et de benzodiazépines Plus de notifications de pharmacovigilance Pour rappel nos coordonnées : Service de Pharmacologie Clinique CRPV Amiens CBH CHU SUD Tél : 03 22 08 70 96 Fax : 03 22 08 70 95