CAS-TYPE BIO : des références systèmes pour sécuriser les conversions et optimiser les systèmes en agriculture biologique



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Transcription:

FOCUS Économie Février 2012 N 1204 CAS-TYPE BIO : des références systèmes pour sécuriser les conversions et optimiser les systèmes en agriculture biologique L'enjeu de l'élaboration de référence systèmes en bio est de faciliter la conversion d'un nombre important d'exploitations agricoles pour répondre à un marché en expansion. Il est aussi d'accompagner les agriculteurs bios en activité dans l'optimisation de leur activité tant sur le plan économique que social et environnemental. Ces références systèmes sont nécessairement locales afin de correspondre le plus possible aux projets des agriculteurs. La connaissance du fonctionnement des exploitations, dans le cadre d'une approche systémique et proche du terrain, est primordiale pour un conseil global qui vise l'autonomie et la responsabilité des agriculteurs dans leurs choix, pour fournir des argumentaires sur l'évolution des pratiques agricoles, pour simuler les impacts des changements et des inflexions des politiques agricoles Les données présentées dans ce focus sont issues des travaux des réseaux ROSA- CE/INOSYS en région Centre, menés en partenariat avec l'institut de l'élevage notamment. Le dispositif de suivi des références en agriculture biologique en région Centre En région Centre, ROSACE/INOSYS couvre les productions de grandes cultures, viticulture, bovin lait, bovin viande et caprin. Les réseaux d'élevage sont animés par l'institut de l'élevage qui en assure les fondements méthodologiques. Il a donc été choisi de produire des cas types ou des cas concrets en agriculture biologique sur ces cinq productions représentant près de 80 % des orientations de production des exploitations de la région (mémento de la statistique agricole 2011). Le maraîchage est également une thématique importante en agriculture biologique dès lors qu un nombre important d installations ou de conversions est actuellement réalisé dans cette orientation de production. Le besoin en références Assemblée Permanente des Chambres d'agriculture 9 avenue George V 75008 Paris Tél : 01 53 57 10 10 Fax : 01 53 57 10 05 Email : accueil@apca.chambagri.fr REPUBLIQUE FRANÇAISE Etablissement public Siret 180070047 00014 www.chambresagriculture.fr Avec la participation financière du CasDAR étant important, un cas type en «maraîchage bio» a donc été produit au travers d une méthode différente (bottom up) sur la base de l investissement d un groupe d agriculteurs aux côtés de l AFOCG du Loiret (Cf. focus 1102, produire des références : système agricole en maraîchage bio, Jean-Marie Blanvillain). Contact : Alexandre DUMONTIER CRA CENTRE (dumontia45r@centre.chambagri.fr) Nous ne détaillerons pas dans ce focus la méthode utilisée mais les principaux résultats seront rappelés en parallèle des autres productions. Vingt six fermes en agriculture biologique ont été suivies en 2010 et 2011 pour servir de support à la production des cas-types. Productions Nb de fermes suivies Grandes cultures 8 Viticulture 6 Bovin lait 5 Bovin viande 4 Caprin 3 Elles sont rattachées aux 5 familles de production étudiées(cf tableau ). A partir de 2012, il est prévu de poursuivre l actualisation des références en agriculture biologique et d adopter le même rythme de mise à jour que les références en agriculture conventionnelle. Focus 1204 - Février 2012 1

Synthèse des résultats en Grandes Cultures La région a choisi de représenter trois systèmes en grandes cultures spécialisés. Les deux premiers sont des systèmes en sec établis sur des sols à potentiel moyen (rendement potentiel en blé tendre conventionnel compris entre 65 et 75 quintaux à l hectare). Ces deux systèmes se distinguent en matière de clef typologique par leur taille : 80 à 130 ha pour le premier, 180 à 300 ha pour le second. Le troisième système étudié se caractérise par le recours à l irrigation qui permet de cultiver des légumes et qui sécurise les rendements. En grandes cultures biologiques, le système repose de façon primordiale sur la rotation. Elle est au cœur de la gestion de l azote, de l enherbement et des problématiques sanitaires sur l exploitation. La rotation repose de façon schématique sur les principes suivants : - Une tête de rotation longue (de deux à trois ans). La tête de rotation permet de «nettoyer» le sol et d assurer un apport en azote au sol suffisant pour 1 à 2 céréales. En région Centre, on retrouve souvent la luzerne qui peut être valorisée dans le nord de la région en déshydratation ou de façon complémentaire auprès d ateliers ou d exploitations d élevage : - Une alternance cultures de printemps, cultures d hiver afin de rompre les cycles des mauvaises herbes et sanitaires, - L apport d une légumineuse en milieu de rotation si elle est longue (8 à 10 ans). Au delà de la rotation, les systèmes en grandes cultures biologiques spécialisés se caractérisent également par un parc de matériel spécifique adapté aux techniques de désherbage mécanique. Dans les trois systèmes décrits, le parc de matériel comprend une herse étrille, une à deux bineuses auto guidées ou non. Les largeurs d outils sont variables et adaptés à la taille de l exploitation (de 6 m à 12 m). GC 121 BIO GC127 BIO GC 131BIO Ces exploitations sont également équipées de moyens de labour, outils indispensables aujourd hui pour réguler les adventices (faux semis). Des demandes de plus en plus nombreuses émergent cependant pour l adaptation des techniques culturales simplifiées en bio. Au plan économique, les systèmes étudiés présentent des rentabilités comparables aux systèmes conventionnels dans les conditions de prix et de marchés des années 2006 à 2010 (les prix et les rendements sont lissés sur cinq ans dans les cas-types). Ils demandent une bonne maîtrise agronomique et des cycles de production pour atteindre les résultats modélisés dans les cas-types (systèmes optimisés). Enfin, contrairement aux idées reçues, les systèmes spécialisés grandes cultures en agriculture biologique sont autant dépendants de la PAC que les systèmes conventionnels aujourd hui. GC 121 Bio GC 127 Bio GC 131 Bio SAU (ha) SAU (ha) pour calcul économique Nb UTH Produit ( /ha) Marge brute ( /ha) EBE ( /ha) Paiements PAC/EBE (%) 80 à 130 180 à 300 80 à 130 100 235 100 1 2 1,5 1110 1340 2050 995 1200 1640 630 640 900 58 63 46 Synthèse des résultats en viticulture Deux systèmes ont été étudiés en région Centre dans le cadre du réseau ROSACE/INOSYS Val de Loire. Ces deux systèmes sont différents en lien avec les appellations concernées. Le type d appellation joue d ailleurs davantage sur le niveau de valorisation des vins que l aspect de conduite ou non en agriculture biologique. Les rendements des systèmes viticoles, plus aléatoires en agriculture biologique, peuvent être jusqu à 30 HL inférieurs à ceux des systèmes conventionnels. Le risque potentiel d une perte de récolte tous les dix ans doit aussi être intégré dans la logique de fonctionnement de l entreprise. 2

Les charges opérationnelles «vigne» sont réduites par l absence de recours aux produits phytosanitaires conventionnels. Cependant, les exploitations doivent faire face à une pression du mildiou assez importante en fonction des années. Aussi, la gestion de la protection phytosanitaire est primordiale pour ces systèmes. Les deux systèmes mobilisent une main d œuvre importante (respectivement 4,3 ha/uth pour le G61 AB et 2,3 ha/uth pour le G52 AB). Cette main d œuvre composée majoritairement de salariés permanents permet de répondre à des besoins importants en temps pour la commercialisation (prospection, renouvellement du fichier client, vente, logistique ). Ces deux systèmes se distinguent cependant par leurs circuits de commercialisation : le premier (G61 AB) destine sa production à l hôtellerie, la restauration et les cavistes tandis que le second (G52 AB) approvisionne une clientèle de particuliers et s oriente vers l export. Du fait d une bonne valorisation de la production liée aux appellations d origine, le système du Centre Loire (G52 AB) présente une stratégie d investissements réguliers et de recherche de sécurité au travers des équipements très performants. Les charges opérationnelles et de structure sont dès lors plutôt élevées comparativement aux systèmes rencontrés habituellement en Touraine notamment. Surface en vigne en (ha) Circuits de commercialisation G61 AB G52 AB 15 à 20 10 à 15 Ventes bouteilles et petit vrac 71% des volumes en bouteilles Ventes bouteilles au particuliers 100% des volumes en bouteille Nb UTH 4 5,5 Surface en vigne en (ha) pour calcul économique 17 14 Besoins en salariés 3 3,5 Produit (K ) 305 580 EBE (K ) 75 155 Charges vigne ( /ha) 1400 1800 Charges opérationnelles ( /ha) 6000 11800 Charges de structure ( /ha) 7700 19200 Synthèse des résultats en maraîchage Le système correspond à une exploitation maraîchère de 1 à 2 ha irrigués (l irrigation est obligatoire dans ces systèmes pour assurer une production régulière et de qualité sur l été notamment). Ce système valorise ses productions maraîchères en circuits courts (AMAP, marchés, vente à la ferme, magasins spécialisés. Ce mode de commercialisation est exigeant en main d œuvre et a une forte influence sur le fonctionnement du système : plusieurs rotations dans l année, grand nombre d espèces cultivées, production sur toute l année, ce qui implique une planification de la production. Le système est peu gourmand en capitaux (matériels d occasion etc.) mais nécessite d optimiser l investissement en temps de travail. En fonction de son organisation, un UTH peut ainsi exploiter 1,5 ha avec toutefois la nécessité de recourir à de la main d œuvre saisonnière d avril à octobre avec des choix à effectuer : produire ou non son plant, implanter des surfaces dont on sait qu on aura la capacité d entretenir, lutter contre l enherbement : choix du mode de désherbage. SAU Nb UTH Produit brut/ha ( ) Charges op/ha ( ) Charges de structures/ha ( ) EBE/UTHf ( ) Annuités/EBE 1,5 ha 1 + 0,7 MO Saisonnière 47 500 4 500 25 100 27 000 14% En matière de gestion des surfaces, une jachère est nécessaire. Un quart à un tiers de ces surfaces sont semées en engrais verts en couverture hivernale (semis en septembre) : seigle-lentillon, trèfle, moutarde, sarrasin, phacélie La rotation est complexe en lien avec le retour des espèces plusieurs fois dans l année et une diversité importante de variétés. Les têtes de rotation (poireau, pomme de terre, chou, courge, courgette, tomate, concombre) reçoivent un amendement de fond en fonction des types de sol et des formes possibles d apports (fumier évolué, vinasse, compost). L EBE dégagé par l activité est estimé à 27000. Synthèse des résultats en Bovin viande Le cas concret décrit en région Centre est caractéristique des zones herbagères des régions du sud de l Indre et du Cher. Il développe 80 ha de SAU pour 70 ha d herbe. 10 ha sont consacrés à de la culture de mélanges de céréales et protéagineux. Le système est orienté vers la production de bœufs (34-36 mois) et de génisses finies (36 mois). Toute la production est valorisée en bio. le troupeau compte une trentaine de vaches pour 78 UGB au total. En matière de gestion fourragère, le système a été «intensifié» par la pratique de la fauche précoce (enrubannage et ensilage) et une bonne gestion du pâturage (système de pâturage tournant simplifié qui permet d assurer de bonnes conditions de pâturage dans l été). 3

Neuf ha d ensilage sont mis en place chaque année, 6 ha atteignent trois coupes au total. L ensilage reçoit 12 t de fumier au total. 4 à 5 ha de prairies sont renouvelés chaque année en rotation avec les cultures. La prairie reçoit un apport de 12 t de fumier par hectare avant implantation. Les surfaces destinées au foin (environ 20 ha) reçoivent le solde de fumier sachant que les 10 ha de la sole des cultures reçoivent également 15 t de fumier chaque année. En matière de reproduction, la période de vêlages est calée sur la fin d hiver afin de profiter au maximum du pâturage. L étalement et la planification des ventes sont une contrainte à intégrer au système afin de valoriser l ensemble de la production en agriculture biologique. Production totale de viande vive (kg) 22 000 Prix moyen du kg vif vendu ( /kg) 2,2 Produit bovin/ugb (avec primes couplées) 675 Charges opérationnelles bovines/ugb ( ) 102 Charges opérationnelles SFP/UGB ( ) 32 Marge brute ha/sfp ( ) 935 L alimentation est adaptée afin de valoriser au mieux la saison de pâturage (1500 kg d ensilage par vache allaitante et 170 kg de concentré en alimentation hivernale : 140 j). Les bœufs en deuxième année reçoivent des régimes à base de foin. Ils font une faible croissance sur cette période afin de profiter de la croissance compensatrice au cours de la campagne de pâturage suivante. En matière de résultats économiques, ce système dégage un EBE potentiel de 30 000 à 35 000. Synthèse des résultats en Bovin lait Deux systèmes spécialisés lait sont décrits. Ils se distinguent par leur potentiel de sol (bon et moyen). Cette différence induit des différences en matière de gestion des surfaces et de productivité assez importantes. En matière d alimentation, les deux systèmes visent l autonomie tant sur les fourrages que sur les concentrés. Ils permettent une production respectivement de 4500 L/ha de surface fourragère et près de 4000 L/ha de SAU pour le AB1 et 3700 L/ha de surface fourragère et près de 3300 L/ha de SAU pour AB2. Dans les deux systèmes, une proportion élevée de légumineuses et une bonne gestion des engrais de ferme sont nécessaires pour assurer le niveau de production. La production fourragère repose en grande partie sur l herbe. Le système AB2 développe cependant plus de luzerne et de méteil que le système AB1 qui joue la carte de quelques hectares de maïs et luzerne du fait de son potentiel de sol. Les prairies temporaires sont de longue durée (5 à 7 ans) avec un taux de légumineuses élevé (15 à 20%). La luzerne reste en place pour une durée de trois à quatre ans avant un maïs ou un méteil en fonction du système. Toutes les cultures sont consommées par les animaux dans les deux conduites. 2002-2004 = 100 250 200 150 100 50 janv- 90 Indice des prix des produits alimentaires dans le monde déc-91 nov-93 oct-95 sept- 97 475 - Chambres d'agriculture France -Études économiques LAIT AB 1 août- 99 * Octobre 2011 juil-01 juin-03 mai-05 avr-07 mars- 09 févr-11 216* source : FAO 2002-2004 = 100 250 200 150 100 50 janv- 90 Indice des prix des produits alimentaires dans le monde déc-91 nov-93 oct-95 sept- 97 475 - Chambres d'agriculture France -Études économiques LAIT AB 2 août- 99 * Octobre 2011 216* juil-01 juin-03 mai-05 avr-07 mars- févr-11 09 source : FAO 4

En matière économique, les deux systèmes obtiennent des résultats comparables à des systèmes conventionnels équivalents pour leurs critères typologiques (potentiel de sol et taille) mais avec une productivité plus faible. Cet écart est compensé par le prix du lait en agriculture biologique établi dans ces modèles à partir de la grille de BIOLAIT. Lait AB 1 Lait AB 2 Potentiel de sol Bon Moyen Main d œuvre 2 2 SAU (ha) 80 80 SFP 68 dont 9 ha de maïs 71 dont 5 ha de maïs Cultures 12 ha de méteil 9 ha de méteil Nb Vaches 60 50 Lait produit (L) (2010) 316 000 264 000 Lait produit en moyenne (L) 300 000 250 000 Lait produit par VL (L) 5220 5330 Cons. Concentré/VL (kg) Charges op. animales ( /UGB) Charges op. végétales ( /ha SAU) EBE ( /1000 L) 560 560 250 255 170 150 308 295 Disponible/UMOf ( ) 34 500 27 000 Synthèse des résultats en Caprins Le cas concret décrit des petites exploitations caprines spécialisées et présentes dans différents territoires de la région. Ce système développe un petit troupeau de 70 chèvres pour 35 000 litres de lait transformés à la ferme et vendus en direct. Il exploite 22 ha dont 17 ha d herbe et 5 ha de méteil. Un ménage (1,5 UMO) est nécessaire pour assurer la charge de travail qui nécessite une bonne organisation du travail pour assurer l ensemble des tâches quotidiennes (soins, traite, fabrication, commercialisation ). C est pour alléger l astreinte que les éleveurs font généralement le choix de la mono-traite sur ces systèmes. En matière de gestion des surfaces, le faible chargement permet d assurer «l autonomie du troupeau». Les prairies temporaires sont multi-espèces ; les chèvres pâturent d avril à novembre sur des parcelles de 30 ares environ. 5 ha sont réservés au pâturage. Le système est particulièrement sensible aux aléas climatiques (sécheresse, printemps pluvieux) et au parasitisme au pâturage. En matière de fonctionnement du troupeau, les mises-bas ont lieu en saison et les chèvres sont taries durant deux mois. Le taux de renouvellement est de 29 %. Le système dégage un produit brut de 78 000 composé à 86 % de la vente des fromages et à 10 % des produits PAC. L EBE avoisine les 40 000 pour un disponible de près de 30 000. 5

Méthodologie : Un cas-type est une description d un système d exploitation a priori viable, du point de vue des résultats économiques, vivable au niveau des charges de travail, et qui décrit avec plus ou moins de précision les itinéraires techniques en prenant toujours en compte la globalité des ateliers (analyse des surfaces fourragères nécessaires pour nourrir le troupeau étudié par exemple en élevage), ou la globalité du système de production. (Source : Institut de l Elevage). Un cas-type ROSACE/INOSYS est construit sur la base de suivis de ferme, il est généralement considéré qu au moins trois fermes sont nécessaires pour construire un cas type. L optimum est généralement plutôt fixé à quatre ou cinq fermes. L échantillon socle national des Réseaux d élevage est établi pour disposer de 5 fermes par case typologique. Les fermes sont choisies par correspondance aux critères typologiques du type. Une des forces de ROSACE/ INOSYS est de s adosser à une typologie régionale quantifiée par les données du recensement agricole. La typologie établie à dire d experts est ainsi ajustée par la donnée statistique. Le «dire d experts» permet de prendre en compte la notion de cohérence de fonctionnement global de l exploitation, le système (par exemple cohérence entre la SAU, le parc de matériel et le nombre de travailleurs, le potentiel des sols en grandes cultures). Une ferme doit pouvoir être suivie sur plusieurs années afin de se départir des effets conjoncturels. Il s agit de traduire son fonctionnement en rythme de croisière. Afin de gagner du temps, il est souvent choisi de remonter de deux à trois ans en arrière avec les producteurs sur la première année de suivi. Les fermes suivies sont en rythme de croisière, l objectif n est pas de montrer les trajectoires d exploitation mais bien de produire des références stables en dehors des dynamiques de changement profond des exploitations (installation, conversion à l AB, projet bâtiment important ). Les fermes suivies peuvent être réparties sur le territoire régional et donc être confiées à différents conseillers. Cela enrichit dès lors la construction et la modélisation des cas types. Une fois les premiers suivis acquis (1 an en productions végétales, deux ans en productions animales plus complexes), les groupes de conseillers mettent les informations recueillies en commun. Dans un premier temps, il s agit de caler les éléments stables de l exploitation, sa structure en commençant par le dimensionnement des critères du type. Il ne s agit pas de faire une simple moyenne mais bien de traduire une cohérence de fonctionnement entre ces critères. En grandes cultures par exemple les premiers critères de description du type sont : - la présence ou non de cultures spéciales (qui impliquent une capacité d irrigation) de façon non négligeable - la présence d irrigation - le potentiel du sol - la SAU et donc la main d œuvre liée. De ces quatre éléments découlent généralement une logique de fonctionnement de l exploitation qui est modélisée par les conseillers soit en petit groupe, soit de façon individuelle avec restitution au groupe. En bovin lait, cette étape permet de décrire le fonctionnement du système fourrager (qui est un des premiers critères typologiques), l alimentation du troupeau, sa production etc. des ratios sont régulièrement calculés pour vérifier la cohérence du système aussi bien sur le plan technique, agronomique qu économique et environnemental. Il s agit lors de cette étape de bien identifier les similitudes de fonctionnement des fermes suivies et de «gommer» en quelques sortes des spécificités trop importantes. L objectif est de donner de la référence utilisable par tous montrant notamment aux porteurs de projet ce que peut être le fonctionnement d une exploitation agricole. Là encore, les moyennes même si elles peuvent être utilisées sur différents critères ne sont pas directement valorisées dans les cas types. Enfin, le cas-type construit en année 1 est consolidée en deuxième année de suivi (confirmation des hypothèses) et peut ainsi dès lors être diffusé. Il est ensuite mis à jour annuellement et valorisé au travers d études collectives et individuelles, de formation, dans des documents de communication De plus, à la demande et en fonction du degré de complexité des systèmes, des conseillers «experts» d un domaine peuvent intervenir pour valider et/ou compléter certaines composantes des cas types. En grandes cultures par exemple, les conseillers machinisme dimensionnent le parc de matériel et les conseillers irrigation calent le système irrigué lié à l exploitation. - Le cas-type doit donc être vu comme une bibliothèque dans laquelle sont rangées les références relatives au fonctionnement d une exploitation de façon cohérente. Assemblée Permanente des Chambres d'agriculture 9 avenue George V 75008 Paris Réalisation : Hafida FATAH Focus 1204 - Février 2012 6