LES EPILEPSIES DU SUJET AGE. Docteur ROUVEL HOPITAL DELAFONTAINE 93 - SAINT-DENIS

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Transcription:

LES EPILEPSIES DU SUJET AGE Docteur ROUVEL HOPITAL DELAFONTAINE 93 - SAINT-DENIS

EPIDEMIOLOGIE DES CRISES DU SUJET AGE En FORTE CROISSANCE actuellement INCIDENCE : - > 100 cas / 100 000, après 60 ans - 160 cas / 100 000, entre 80 et 84 ans PREVALENCE : - entre 55 et 64 ans : 7/1000 - entre 85 et 94 ans : 12/1000

CLINIQUE PARTICULARITÉS CLINIQUES : Les épilepsies idiopathiques sont rares chez le sujet âgé Fréquence des CRISES PARTIELLES COMPLEXES et DES ÉTATS CONFUSIONNELS Les PHÉNOMÈNES POST-CRITIQUES sont : plus marqués et plus longs que chez le sujet jeune L existence d un déficit post-critique pose, parfois, un véritable problème diagnostique.

TYPES DE CRISES : 68 % Crises partielles complexes 27 % généralisées 2 % Myocloniques 3 % Inconnues Brodie : Epilepsy in elderly people. The Lancet. Vol 355. Avril 22, 2000.

ETIOLOGIES : 49 % Sans cause 33 % AVC 12 % Alzheimer 4 % Néoplasies 1 % Traumatismes 1 % Infections

TRAITEMENT CONDUITE À TENIR : Eliminer une crise symptomatique aiguë, déclenchée par une agression cérébrale : Maladie neurologique Troubles métaboliques Sevrage Origine : toxique ou médicamenteuse Qui nécessite un traitement du facteur déclenchant et non un traitement antiépileptique.

Indications des médicaments anti-épileptiques : Au moins 2 crises comitiales et aucun facteur déclenchant. En raison de la récurrence fréquente des crises chez le sujet âgé (de 66 à 90 % Paolucci Epilepsia 97 ; 38 : 266-270 ) et des conséquences Traumatiques ou Neurologiques (Epilepsia-Luhdorf 1986 ; 27 : 135-141 ) Tous les anti-épileptiques sont actifs. ( les études comparées ont montré des efficacités similaires).

CLASSIFICATION INTERNATIONALE 1981. Crises partielles complexes :.. début partiel simple suivi de troubles de la conscience et /ou d automatismes.. avec trouble de la conscience dès le début de la crise, accompagnée ou non d automatismes.

I CRISES PARTIELLES SIMPLES : 1 Avec signes moteurs : Les crises somato - motrices avec marche jacksonienne, orientent vers le cortex rolandique moteur. Contracture tonique suivie de secousses cloniques, débute à une portion limitée d un membre ou d une hémiface et s étend de proche en proche pouvant affecter successivement chaque segment de l hémicorps contro - latéral à la décharge.

Crises sans marche jacksonienne : association de manifestations cloniques et /ou toniques d une partie de l hémicorps. La décharge intéresse à la fois le cortex moteur primaire et les régions pré - motrices et oriente vers une origine frontale. Crises versives :. Brusque déviation tonique de la tête et des yeux, suggère une origine pré - motrice dorso - latérale.. Association à une élévation en abduction du membre supérieur homolatéral ; un arrêt du langage ou une vocalisation, ce qui évoque la mise en jeu de l aire motrice supplémentaire.

Crises phonatoires :. Caractérisées par une vocalisation ou une impossibilité de prononcer un seul mot.. Mise en jeu du pied de la 3 ème circonvolution frontale de l hémisphère dominant ( anarthrie ) ou de l aire motrice supplémentaire (aphémie ).

2 Avec signes sensitifs ou sensoriels : Résultent d une décharge au niveau de l aire sensitive primaire. Manifestations sensitives contro - latérales variées : fourmillement, engourdissement, sensation de décharge électrique Intéressent tout ou partie de l hémicorps avec ou sans marche jacksonienne.

Les crises visuelles : manifestations hallucinatoires simples positives ou négatives ( perception sans objet ) ou illusions ( perception déformée ).. La décharge intéresse le cortex occipital pré - calcarinien contro - latéral.. Les hallucinations complexes (scènes, personnages) mettent en jeu la jonction occipito - pariéto - temporale. Les crises auditives : manifestations illusionnelles (déformation des voix, éloignement des sons..) simples ou complexes, renvoient à la portion postérieure du gyrus temporal supérieur.

Les crises olfactives : manifestations hallucinatoires à type de perception d odeurs désagréables, peuvent correspondre :. soit à l uncus temporal, soit à la région frontale inférieure et postérieure. Les crises gustatives : hallucinations gustatives (goût amer, acide ) dont l origine est : l opercule supra - sylvien. Les crises vertigineuses : sensations vertigineuses vraies ( impression de déplacement ou de rotation du monde extérieur ) elles intéressent le cortex pariétal inférieure voire des manifestations pseudo - vertigineuses (impression de flottement, chute en arrière ) dont l origine est le gyrus temporal supérieur.

3 Avec signes végétatifs :. Peuvent résulter de la désorganisation critique de nombreux territoires.. Manifestations subjectives ( viscéro - sensitives ) et objectives (viscéro - motrices ) et peuvent intéresser :. La sphère digestive : sensations abdominales, oesophagiennes, pharyngées ( localisées ou migrantes : crises temporales ) éructations, vomissement, hypersialorrhée (région operculo - insulaire ). Le tractus uro - génital : envie d uriner ou urination. Le système cardio - vasculaire : palpitation, rubéfaction, pâleur, tachycardie ou bradycardie. Le système respiratoire : sensation d étouffement, apnée, polypnée. La thermo - régulation : frisson, pilo érection, bouffée de chaleur. La musculature oculaire intrinsèque : mydriase, myosis.

4 Avec signes psychiques : Perturbation élective des fonctions corticales supérieures, sans altération de la conscience. Etat de rêve : impression d étrangeté, d irréalité ou de vécu sur un mode onirique. Illusions de familiarités (déjà vu, déjà vécu ). Phénomène de pensée forcée ( idée parasite qui s impose au sujet ). Troubles instinctivo - affectifs : sensations désagréables, à type d anxiété, de peur voire de terreur. Sensations de bien - être ou d euphorie. Crises de rire ( crises gélastiques ) et de pleurs (crises dacrystiques ).

II CRISES PARTIELLES COMPLEXES :. Trouble de la conscience : inaugural ou secondaire. S accompagnent d activités automatiques : manifestations motrices involontaires plus ou moins élaborées, qui sont ressenties comme de véritables actes forcés et irrépressibles. La valeur localisatrice des automatismes dépend de leur agencement temporel par rapport aux autres symptômes de la crise.

1 - Automatismes oro - alimentaires : mâchonnement, mastication, pourléchage, déglutition qui impliquent la région temporale interne ( noyau amygdalien ). 2 - Automatismes gestuels simples, uni ou bilatéraux peuvent être dirigés vers le patient (grattage) ou vers l entourage ( agrippement, manipulation..) souvent sans finalité. 3 - Automatismes gestuels complexes : séquences plus élaborées ( boutonner et déboutonner les vêtements, fouiller les poches..). 4 - Automatismes verbaux (onomatopées, exclamations, mots ou fragments de phrase..) sont stéréotypés.