Lettre économique d Egypte DG Trésor N 46 Mars 2015 L Egypte a signé en février 2015 un contrat historique d achat de 24 Rafales et des équipements associés. Je souhaite souligner à quel point ce contrat est important pour les industriels concernés d abord (Dassault, Thalès et MBDA) mais également pour l ensemble de l industrie française de l armement et l image de ses produits à l étranger. L Egypte a également acheté une FREMM (Frégate multi-mission) et ses équipements, après quatre corvettes, à DCNS. Ce qui confirme clairement sa volonté de garder la France comme fournisseur important de systèmes de défense. Ces deux contrats représentent des milliers d heures de travail en France pour nos sociétés et illustrent l importance des exportations pour notre économie. Nous sommes maintenant entièrement tournés vers la préparation de la conférence de Charm el-cheikh qui fera l objet d un numéro spécial le mois prochain Franc Sécula Conseiller économique Conjoncture économique Le FMI complète sa revue article IV de l économie égyptienne Le Fonds monétaire international a publié les résultats de sa revue article IV. Il y présente les développements économiques récents, les politiques mises en œuvre et les perspectives de l économie égyptienne, tout en y formulant des recommandations. Il y analyse la stratégie des autorités, articulée autour de trois piliers : libération du potentiel économique du secteur privé, investissement dans les infrastructures, notamment énergétiques et protection des populations vulnérables. Le rapport du FMI qualifie les objectifs sur cinq ans des autorités en termes de croissance annuelle (6%), d inflation (7%), de déficit budgétaire (8% du PIB), d endettement (entre 80 et 85% du PIB) et de réserves en devises (3 mois et demi d importations) d «adéquatement ambitieux». Lire le communiqué de presse (anglais) Lire le rapport complet du FMI (anglais) Le FMI souligne que les réformes annoncées sont toujours en cours de concrétisation, mais que celles qui sont engagées constituent un «excellent départ». Si elles sont mises en œuvre avec constance, leurs objectifs pourront être atteints, voire dépassés. Outre la vulnérabilité aux chocs externes et domestiques découlant d une situation économique dégradée, l essoufflement de l élan réformateur des autorités constitue le principal risque pouvant menacer le redressement économique de l Egypte. Le rapport met également l accent sur la nécessité d un retour de la confiance des acteurs économiques, en particulier des investisseurs, et souligne le rôle que pourrait jouer le succès de la conférence économique de Charm-el-Cheikh.
Conjoncture économique Le commerce France-Egypte en 2014 En 2014, le solde commercial franco-égyptien demeure favorable à la France, avec un surplus de 544 M, contre 151 M en 2013, soit le 19 ème excédent commercial de la France. Alors qu ils étaient restés stables au début des années 2000, les échanges entre la France et l Egypte ont augmenté de 60% entre 2007 et 2011, avant de perdre 18% entre 2011 et 2013. D après les douanes françaises, les échanges commerciaux bilatéraux ont augmenté de 2,8% en 2014 (-16,6% en 2013) pour atteindre 2,6 Md. D après la Banque centrale d Egypte, la France est le 9 ème partenaire commercial de l Egypte sur l année fiscale 2013-2014 (3,6% des échanges totaux égyptiens). Les exportations françaises à destination de l Egypte ont augmenté de 17,2% en 2014 à 1,58 Md, stoppant la baisse de nos exportations amorcée en 2012. L Egypte reste le 1 er client de la France au Proche Orient. La relance des livraisons de céréales au deuxième semestre, qui atteignent 289 M (+69%) en 2014, explique la moitié de la hausse de nos exportations. Les produits pharmaceutiques augmentent de 26% (+35 M à 171 M ), et on assiste à minima au doublement des ventes de véhicules automobiles (+48 M à 88 M ), de produits laitiers (+27 M à 55 M ) et d équipements de communications (+30 M à 51 M ). Au T3 2014, la France est passée au 8 ème rang des fournisseurs du pays (11 ème au T3 2013) avec une part de marché de 3,1%, notamment derrière les EAU (10,8%), l Arabie Saoudite (9,6%), la Chine (8,3%), et les Etats-Unis (7%). Source : Douanes (M EUR) Les importations françaises ont enregistré une diminution de 13,5% en 2014. Cette évolution prolonge la baisse amorcée en 2012 (-2%) et en 2013 (-9,9%), contre des hausses de 20% en 2010 et 2011. Nos importations en provenance d Egypte demeurent fortement concentrées sur les hydrocarbures et engrais, qui représentent 64% du total en 2014. Les achats de pétrole brut (52% du montant total importé, 538 M ) ont chuté de 15% en 2014 après une augmentation de 85% en 2013, tandis que ceux d engrais (12% du total, 125 M ) chutent de 31% et ceux de gaz naturel disparaissent complètement (29 M en 2013). La France était au T3 2014 le 7 ème client de l Egypte (6 ème au T3 2013), absorbant 4,7% de ses exportations totales, notamment derrière l Italie (15,6%), les Etats-Unis (9,6%), les EAU (6,7%) et l Inde (6,5%). Conjoncture économique Le chômage en baisse en 2014 Fn décembre 2014, le nombre de chômeurs a atteint 3,6 millions en Egypte, pour un taux de chômage à 12,9%, contre 13,4% fin 2013. Le taux de chômage chez les hommes s établit à 9,2%, contre 24,8% chez les femmes. Les chômeurs ont à 63% entre 15 et 29 ans. Après la stabilisation du taux de chômage autour de 9% entre 2007 et 2010, l année 2011a vu celui-ci bondir à 12% et continuer à augmenter en 2012 (12,7%) et 2013 (13,4%). Aux premier et deuxième trimestres 2014 le taux de chômage s est stabilisé, avant de descendre à 13,1% au troisième trimestre et à 12,9% au dernier trimestre. Le chômage urbain a diminué à 15,5%, contre 17,6% fin 2013. Dans les milieux ruraux, le chômage a augmenté à 10,8%, contre 10,1% un an plus tôt. - 2 -
Conjoncture économique L exposition des banques au risque souverain depuis 2008 L exposition des banques égyptiennes au risque souverain, somme des dépôts bancaires à la BCE, des prêts au gouvernement et des investissements dans les titres publics, desquels on soustrait les dépôts bancaires de la BCE, a presque triplé en 6 ans, pour atteindre 37,6% de l actif bancaire en décembre 2014. La quasi-totalité de l exposition au risque souverain découle de l achat de titres publics (tbills et t-bonds) par les banques. En effet, celui-ci est passé de moins de 14% de l actif bancaire à plus de 42% depuis janvier 2008. Cette imbrication financière entre les banques et le souverain s est faite en deux principaux à-coups : entre juillet 2008 et juillet 2009 la part de l actif dédié à l achat de titres publics a augmenté de 10%. Puis, entre janvier 2011 et janvier 2013, il a de nouveau crû de 10%, palliant les difficultés de financement du déficit public. Source : BCE Politiques publiques Si l exposition nette des banques égyptiennes est restée stable autour de 36% en 2013, elle passe à 38,7% au premier semestre 2014, avant de redescendre à 37,6% fin décembre 2014. Succès français sur la phase 4A de la ligne 3 du métro Ludovic Haren ludovic.haren@dgtresor.gouv.fr Le 25 février, la National Authority for Transports a signé, en présence du Premier Ministre, du Ministre des Transports et de l Ambassadeur de France les contrats avec les sociétés du groupement français (Vinci/Bouygues, Alstom, Thalès, Colas, Eurovia) et leurs partenaires égyptiens Orascom et Arabco pour la réalisation de la phase 4A de la ligne 3 du métro du Caire. Le groupement Vinci/Bouygues, allié à Orascom et Arabco effectuera la construction de la partie génie civil (lot G2). Le lot G1 (signalisation et communication) sera réalisé par Alstom. Colas, Alstom et Thalès, avec Orascom, réaliseront le lot G3 (électromécanique et alimentation électrique). Enfin un contrat pour le lot G4 (rails) a été signé avec Eurovia et Orascom. Cette phase qui s étend de la station Haroun à après la future station de El Nozha 1 sera longue d environ 5 km et entièrement souterraine. Elle comprendra au total 5 stations. Suite à la décision de relier directement l aéroport, le tracé initialement envisagé de la phase 4 a été modifié. Il est désormais prévu de découper cette phase en 3 tronçons : 4A (souterrain) 4B (aérien) et 4C (souterrain, branche reliant directement l aéroport depuis la phase A). La phase 4B a été attribuée aux sociétés égyptiennes Orascom et Arabco. Le groupement d entreprises françaises a participé à la construction du métro du Caire depuis son début dans les années 80. Il a réalisé la ligne 1 (prêts gouvernementaux français), la ligne 2 (financement égyptien) et les phases 1 et 2 de la ligne 3 (prêts gouvernementaux et financement de l AFD). Le métro du Caire a bénéficié au total d un soutien financier français exceptionnel : plus de 2 Md de prêts concessionnels cumulés et 31 M de dons depuis 1980. La phase 3, dont la procédure d appel d offres est en cours, est également financée en partie par l AFD (300 M ). Par ailleurs, un prêt gouvernemental de 344 M a été accordé le 14 décembre dernier pour l acquisition du matériel roulant des phases 3 et 4 de la ligne 3. - 3 -
Politiques publiques Contrat historique à l exportation pour le Rafale français Le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian s est rendu au Caire les 16 et 17 février pour assister à la signature d un contrat d armement qui prévoit la fourniture par le constructeur français Dassault de 24 avions de combat Rafale, par le groupe naval DCNS d une frégate multimissions FREMM, par MBDA de systèmes de missiles ainsi que de la formation et de la maintenance. Le montant du contrat dépasse les 5 Md et il bénéficie d un financement bancaire français ainsi que d une garantie par la Compagnie française d assurance pour le commerce extérieur (COFACE). Il s agit du premier contrat à l exportation pour l avion Rafale alors que les négociations se poursuivent pour des ventes à l Inde et au Qatar, ainsi que dans d autres pays. Russie-Egypte Les relations bilatérales Russie-Egypte Le Président russe Vladimir Poutine était en visite officielle en Egypte les 9 et 10 février, où il a été reçu par le Président Al-Sisi. Cette visite fait suite au déplacement de ce dernier en Russie en août 2014. Les deux présidents ont évoqué les pistes de coopération dans les domaines nucléaire, économique et militaire. Les deux chefs d Etat ont, entre autres, signé un protocole d entente pour la construction par la Russie d une première centrale nucléaire en Egypte, à Al Dabaa, entre Alexandrie et Marsa Matrouh. Ils ont également discuté de l établissement d une zone de libre-échange entre l Egypte et la zone économique eurasiatique, ainsi que de l établissement d une zone franche russe dans la région de l Ataka du nord, près de Suez. Entre 2004 et 2012, les échanges commerciaux entre la Russie et l Egypte ont décuplé, dépassant de 399 M USD à 4,2 Md USD. En 2013, les échanges se sont contractés pour s établir à 2,1 Md USD, sous le coup de la chute des exportations russes de céréales (- 1,1 Md USD) et d hydrocarbures (-0,8 Md USD) vers l Egypte. Ces échanges sont hautement asymétriques, les exportations égyptiennes vers la Russie représentant en moyenne 8% des échanges entre les deux pays. En effet, si la Russie est le 12 ème fournisseur de l Egypte, avec une part de marché de 2,8%, elle n est que son 30 ème acheteur, absorbant 0,9% des exportations égyptiennes. Les importations égyptiennes en provenance de Russie sont concentrées autour de quelques matières premières : céréales, bois, fer et acier, animaux et huiles animales comptent en moyenne pour plus des trois quarts des importations égyptiennes sur les 10 dernières années. Malgré de forts liens commerciaux, la Russie n est pas un investisseur notoire en Egypte. Source: International Trade Center La Russie est la première destination d origine des touristes venant en Egypte. En 2014, les autorités estiment que 3 millions de russes ont visité l Egypte, ce qui représenterait plus de 30% des arrivées totales de touristes. - 4 -
Brèves et indicateurs Brèves et indicateurs Brèves économiques L indice urbain des prix à la consommation a atteint 10,6% en février 2015. L indice PMI s est établi à 46,8 en février 2015, son niveau le plus bas depuis 17 mois, et une deuxième contraction mensuelle consécutive après 6 mois d expansion. Les réserves et devises de la Banque centrale se sont établies à 15,5 Md USD à la fin février 2015, un niveau inchangé de celui de janvier (15,4 Md USD). British Petroleum a annoncé la signature d un accord pour un projet d investissement de 12 Md USD dans le secteur gazier. La Banque centrale a injecté 420 M USD dans le marché interbancaire CI Capital a réaffirmé la notation souveraine de l Egypte à «B -», assortie d une perspective «stable» Le comité pour la politique monétaire de la BCE a maintenu ses taux directeurs à 8,75% (taux de rémunération des dépôts) et 9,75% (taux de refinancement). Indicateurs juillet-sept Indicateurs trimestriels (2012-13) oct-déc jan-mars avril-juin Juillet-sept. Taux de croissance réel du PIB (y/y) 1% 1,4% 2,5% 3,5% 6,8% Solde commercial -7,5-7,6-9,0-9,6-9,7 dont hydrocarbures -0 0,5-0,3-1,0-1.1 Balance des services -0,2-0,2 0,9 0,6 2,1 Revenus du tourisme 0,9 0,9 1,6 1,6 2,1 Revenus du canal de Suez 1,4 1,3 1,3 1,4 1,5 Comptes externes Transferts privés (nets) 4 4,5 4,6 5,3 4,7 en Mds USD Compte courant 0,6-1,5 0,3-1,8-1,4 Compte de capital et financier 4,6-1,3-0,3 2,0 0,8 dont flux nets d IDE 0,7 1,3 1,0 1,0 1,8 dont flux nets d inv. de portefeuille 1,3-0,1 0,0 0,0 0,0 Balance des paiements 3,7-1,7 0,2-0,7 0,4 Indicateurs mensuels 2014 octobre novembre décembre janvier février Inflation (y/y) en % IPC urbain 11,8 9,09 10,13 9,7 10,6 Inflation sous-jacente 8,47 7,81 7,69 7,1 7,2 Taux d'intérêts (corridor BCE) en % Taux de rémunération des dépôts 9,25 9,25 9,25 8,75 8,75 Taux de refinancement 10,25 10,25 10,25 9,75 9,75 Taux de change LE pour 1EUR 8,99 8,89 8,64 8,71 8,53 au dernier jour du mois LE pour 1USD 7,14 7,14 7,14 7,53 7,53 Réserves officielles (en Mds USD) à la fin du mois 16,9 15,9 15,3 15,4 15,5 Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service Économique du Caire (adresser les demandes à franc.secula@dgtresor.gouv.fr). Clause de non-responsabilité Auteur : Service Économique du Caire Adresse : 10 rue Sri Lanka, Zamalek Rédigé par:, Ludovic Haren Le Service Économique s efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l utilisation et de l interprétation de l information contenue dans cette publication. Revu par : Franc Sécula Version du 12 mars 2015-5 -