N 3380 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Documents pareils
Réforme du Code des assurances :

PIERRE MOSCOVICI, MINISTRE DE L ÉCONOMIE ET DES FINANCES, PRÉSENTE SON PLAN POUR LE RENFORCEMENT DE LA TRÉSORERIE DES ENTREPRISES

La Région des Pays de la Loire se dote d un fonds souverain régional pour le financement des PME

Les chartes de France Investissement

RAPPORT AU PREMIER MINISTRE

amplifier le financement des entreprises et structures de l Économie sociale et solidaire

votre mandat de gestion

DOSSIER DE PRESSE DEPLACEMENT AUX FORGES DE TRIE-CHATEAU DU GROUPE LEBRONZE ALLOYS

Charte des Business Angels (BA) de l Orne, affiliés à Norm Angels

Signature d une charte pour améliorer l accès au crédit des EIRL avec la Fédération Bancaire Française - Bercy > mardi 31 mai 2011.

INSTRUCTION N 002 RELATIVE AUX NORMES PRUDENTIELLES DES COOPERATIVES D EPARGNE ET DE CREDIT AINSI QUE DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE

Qu est-ce que la Bourse?

Partage des coûts vs gratuité

N 1619 ASSEMBLÉE NATIONALE PROJET DE LOI

Etude sur les cadres règlementaires et leur efficacité à encourager les entreprises à améliorer leur efficacité énergétique et sur les mesures

Edition Nomenclatures d activités et de produits françaises NAF rév. 2 - CPF rév. 2.1 Section K Division 64

CHARTE des RELATIONS. entre. les PARTENAIRES. La BANQUE ALIMENTAIRE. BEARN et SOULE

Synthèse n 16, Février Financement de la croissance verte et orientation de la création monétaire

Les partenariats associations & entreprises

N 2118 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Le poids des banques étrangères en Belgique: questions/réponses

Le cadre juridique et fiscal des relations d affaires franco-africaines: un atout pour les entrepreneurs?

Financement de vos innovations. Evénement Big Data 23/10/2014

LE FINANCEMENT DES ENTREPRISES

7. ECONOMIE 7.3. COMMERCE GESTIONNAIRE DE TRES PETITES ENTREPRISES

N 377 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Forum 2014 de Making Finance Work For Africa (MFW4A)

Préavis No au Conseil communal

Master en Gouvernance bancaire, contrôle et audit interne

La LOLF, une loi bien pensée mais en voie de détournement?

Programmes Opérationnels Européens CADRE D INTERVENTION (FONDS FEDER)

MASTERPME Stratégies de Croissance Rentable

Dossier de presse. Semaine nationale de la création reprise d entreprises artisanales. Du 18 au 25 novembre 2011

Monnaie, banques, assurances

Focus sur les politiques publiques de l épargne en France

Présentation Bpifrance Janvier Ariane Voyatzakis, Responsable du secteur agroalimentaire

PRIX DU MEILLEUR MEMOIRE DE FINANCE EDITION 2014

SEMINAIRE REGIONAL AFRICAIN SUR LA GOUVERNANCE LOCALE Octobre 2008 a Saly Portudal - Senegal L initiative d Apprentissage Mutuel entre Pairs

Mesure du surendettement en Europe

LES MATINALES DE. Avec le Soutien de la Délégation de l Union Européenne

LE REFINANCEMENT PAR LE MARCHE HYPOTHECAIRE

Finance de marché Thèmes abordés Panorama des marches de capitaux Fonctionnement des marchés de capitaux Le marché des obligations Le marchés des

Epargne, Retraite, Prévoyance et Santé

Études. Des effets de la réglementation des produits d épargne sur le comportement de placement des ménages

COM (2015) 289 final

Études des solutions de financement online. Dossier de presse

Instruments financiers et comptabilité de couverture : de nouveaux principes français en préparation

OBSERVATOIRE DU REGROUPEMENT DE CREDITS - Sondage PollingVox pour Bourse des Crédits -

Le Crédit Coopératif, partenaire des entreprises et autres organisations dans leur démarche environnementale

La cotation Banque de France

Communauté Finance & Gestion Table ronde

Au cœur du développement de la banque commerciale et des réseaux bancaires

BANK AL-ÂMAL INSTITUTION DEDIEE AU FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS DES MRE

DOSSIER DE PRESSE. Sommaire

CE : comment obtenir vos budgets

Les placements des organismes d assurance à fin 2012

REGLEMENT RELATIF AU SOUTIEN DE PROJETS COLLABORATIFS ISSUS DES APPELS A PROJETS DU FONDS UNIQUE INTERMINISTERIEL F.U.I.

Banque Zag. Troisième pilier de Bâle II et III Exigences de divulgation. 31 décembre 2013

Multisupport 3 Aréas. Dynamisez votre épargne et donnez vie à vos projets

LA CONNAISSANCE DES COMPTES FINANCIERS ET NON FINANCIERS DES ACTEURS FINANCIERS

LES FONDS EUROPÉENS STRUCTURELS ET D INVESTISSEMENT EN FRANCE CONNAÎTRE LES FONDS EUROPÉENS STRUCTURELS

Section 1 La Spécialité. Section 4 L unité. Section 2 L Annualité. Section 5 L Universalité. Section 3 Le caractère limitatif des crédits

Trophées des Banques et Etablissements financiers des PME/PMI

Numéro du rôle : Arrêt n 36/2006 du 1er mars 2006 A R R E T

ACCORD SUR LE DROIT DES INSTANCES REPRESENTATIVES DU PERSONNEL ET DES ORGANISATIONS SYNDICALES DE LA CAISSE D EPARGNE AQUITAINE POITOU-CHARENTES

Dossiers modélisés de demande de financement TPE/PME/ETI

PETIT DEJEUNER D INFORMATION SUR LES NOUVEAUX OUTILS DE FINANCEMENT. Mardi 28 Janvier h30 à 10h00

Manuel des Politiques du Programme de Garanties Partielles du Risque de Crédit (post-séisme)

Exchange Traded Funds (ETF) Mécanismes et principales utilisations. 12 Mai 2011

PROJET DE LOI. NOR : MAEJ L/Bleue ÉTUDE D IMPACT

ACCORD NATIONAL INTERPROFESSIONNEL DU 7 JUIN 2011 SUR L ACCES DES JEUNES AUX FORMATIONS EN ALTERNANCE ET AUX STAGES EN ENTREPRISE

La Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes. Le Ministre des finances et des comptes publics

ACCORD SUR LE TELETRAVAIL

Créer des valeurs, les vivre et les faire vivre. Études des solutions de financement online. Dossier de presse

Réduire l effet de levier des banques, un impact néfaste sur notre économie? (2/2)

Les dispositifs financiers d innovation en faveur des PME. CISIT 6 novembre 2014

Baromètre sur le financement et l accès au crédit des PME

Vade-Mecum. des demandes de crédit. Business Angel+

BANQUE FRANÇAISE MUTUALISTE. La banque des agents du secteur public. BFM, partenaire du groupe Société Générale

CHAPITRE 2. LE SYSTEME BANCAIRE Les institutions financières monétaires françaises et européennes

CECOP. Centre d études et de connaissances sur l opinion publique LES FRANCAIS ET LEUR RETRAITE. Une enquête CECOP/CSA pour Le Cercle des épargnants

Appel à projets Incubation et capital-amorçage des entreprises technologiques de mars 1999 L'appel à projets est clos

PROGRAMME BACHELOR BANQUE / FINANCE / ASSURANCE en 3 ans

Une société de capital-risque, comment ça marche?

La réforme : une opportunité pour la fonction formation

Questionnaire RC Professionnelle des Courtiers d assurance et des Intermédiaires financiers

Financement. Crédit PME Marge de manœuvre pour petites et moyennes entreprises

BNP Paribas Diversipierre. Société de Placement à Prépondérance Immobilière à Capital Variable. Document à caractère publicitaire

CONNAISSANCES DE GESTION DE BASE

L association française des docteurs

Appel à manifestation d intérêt

APPEL A MANIFESTATION D INTERET SELECTION D UN GESTIONNAIRE D UN FONDS PROFESSIONNEL DE CAPITAL INVESTISSEMENT CIBLANT LE DOMAINE DES MATERIAUX

Cela a notamment conduit à l accroissement de la rentabilité du capital au détriment du travail dans toutes les économies occidentales.

À quoi sert une banque?

Du diagnostic au Plan d Actions

[ Adie Contact : un lien avec le créateur sur la durée. [ L informatique se met à la portée des créateurs. [ Une action au coût limité

Économie, connaiss.de base Réponse 1. Économie, connaiss.de base Question 1 Affaires bancaires. Économie, connaiss.

Le spécialiste du crédit à la consommation au service des réseaux bancaires

Transcription:

N 3380 ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 QUATORZIÈME LÉGISLATURE Enregistré à la Présidence de l Assemblée nationale le 23 décembre 2015. PROPOSITION DE RÉSOLUTION visant à mettre en œuvre une concertation nationale pour le contrat de confiance pour la fluidité du financement de l économie et améliorer les relations entre banques et entreprises dans le cadre d une stratégie de financement, présentée par M. Frédéric LEFEBVRE, député.

MESDAMES, MESSIEURS, 2 EXPOSÉ DES MOTIFS Les relations Banques/PME sont au cœur du challenge et l avenir du financement s inscrit dans le contexte du développement souhaitable des financements alternatifs ainsi que des réflexions sur la réglementation du financement non bancaire de l économie. En France, le financement des entreprises, en particulier des TPE/PME est assuré majoritairement (de l ordre de 70 %) par les banques. En Allemagne, le crédit est également très présent. Le financement du tissu entrepreneurial est organisé autour des sparkassen, caisses d épargne implantées en régions (distinctes de notre groupe Caisse d Epargne français). La proportion entre financement de marché et financement bancaire est exactement inverse aux États-Unis. Cette désintermédiation quasi totale de l autre côté de l Atlantique s explique par le fait que la structure de financement des entreprises américaines est radicalement différente avec d une part, une proportion de fonds propres beaucoup plus importante (et par conséquent une part plus réduite de la dette) et d autre part une utilisation plus importante de l instrument obligataire (et assimilées). Il reste que la désintermédiation ne doit pas être forcée en France, les entreprises de petite et moyenne taille étant attachées à la proximité et l expérience du réseau bancaire en général. Elles évaluent également le coût des produits de financement de marché dans un écosystème où l accompagnement pour la prise de décisions et la construction d une stratégie n est pas encore la priorité. En mai 2015, sur les 403 dirigeants d entreprises françaises de 10 à 500 salariés interrogés par l IFOP sur leurs besoins de financement et leur accès au crédit, 84 % d entre eux se disent inquiets face à la situation économique, dont 21 % affirment être «très inquiets». De manière générale, les dirigeants interrogés font part d un sentiment d impact négatif de la situation économique sur leur accès au crédit (39 %) et du constat d au moins une mesure de durcissement de la part de leur banque (75 %).

3 Dans ce contexte, près de la moitié des dirigeants de PME fait part de son intention d examiner les conditions de banques concurrentes (46 %). Mais cela ne peut résoudre la difficulté liée à l accès au crédit. Face à ce constat, j ai créé un groupe de travail dédié spécialement à ces sujets, par le biais de mon cercle de réflexion «Nouveaux Horizons». L objectif est de bâtir des propositions sans modifier le cadre réglementaire. La méthode est de réunir des acteurs importants du monde bancaire et des dirigeants d entreprises (PME) afin de confronter les expériences, réussites ou difficultés sur les sujets qui préoccupent les parties prenantes. Ainsi ont été sollicités des acteurs spécialisés tels que : un groupe bancaire de premier plan, la Banque de France en la personne d un directeur de région ; trois chefs d entreprises ainsi qu un avocat fiscaliste spécialisé en stratégie de financement des PME et mobilisation des capitaux. Ont été auditionnés, dans ce contexte, le représentant à Bruxelles des caisses d épargne en Allemagne ainsi qu un directeur régional de BPI France. Les travaux de plus d un an ont abouti en octobre à la formulation de 5 propositions concrètes jugées indispensables par les acteurs du secteur pour l amélioration des relations entre les banques et les PME dans l octroi des crédits et plus particulièrement l organisation du financement des entreprises à savoir : La révision du modèle d organisation de l utilisation des outils de financement en évitant les clivages et en maîtrisant l évolution du marché ; L organisation d un fonds mutuel régional de garantie pour le financement des PME. Ce fonds permettra via la garantie octroyée de financer des projets dont le «business model» n entre pas dans le champ actuel des interventions de BPI France. L entreprise éligible à cette nouvelle garantie bénéficierait d une analyse de son dossier au moyen de critères classiques pondérés par des éléments différents pour tenir compte de sa spécificité. Seraient introduits : l analyse de la solvabilité des clients de l entreprise, la possibilité de recouvrer facilement les créances avec un service dédié commun mis en place, la surveillance du portefeuille client en quasi-temps réel par une transmission d information adaptée, la mesure des moyens utilisés pour maîtriser le risque client, juridique ou opérationnel, les facteurs humains etc. Un comité dit «de contrôle des abondements et

4 des garanties» sera désigné avec des représentants en regard consultatif des principaux acteurs mais surtout de tiers experts reconnus et validés par les parties prenantes. Ce comité serait en charge de la rédaction d une charte de bonnes pratiques et des règles de fonctionnement puis du contrôle du respect des règles posées en toute indépendance. L instauration d un partenariat indispensable entre banques et entreprises pour restaurer la confiance entre les acteurs du secteur par une maîtrise du risque fondée sur la transparence de l information et la compréhension de l écosystème de l entreprise. L entreprise s engage à la plus totale transparence vis-à-vis de sa banque pour une meilleure évaluation de sa solvabilité et de sa liquidité. La banque quant à elle s engage à motiver sa décision pour permettre l étude de solutions alternatives. Il est ainsi proposé : 1 d aider l entreprise à optimiser les recouvrements de créances et partager une veille de l évolution du portefeuille clients ; 2 d apprendre à l entreprise à évaluer les risques financiers mais aussi juridiques et commerciaux en fonction des contrats passés de les inciter à faire appel à des sociétés spécialisées dans le renseignement commercial, l assurance-crédit du poste client, le recouvrement voire même l affacturage. Dans cette perspective, un comité d arbitrage composé de membres représentant chacun des signataires de l accord interviendra sur les dossiers à la demande de l entreprise ou de la banque. Il pourra calquer son fonctionnement sur celui du fonds de garantie. L affectation des subventions en régions pour partie au financement d un accompagnement dédié de haute qualité pour maximiser l effet de levier ce qui aura un impact considérable sur la capacité de l entreprise à obtenir un crédit et lever des fonds. Il s agit de prévoir la modification des conditions d utilisation des subventions obtenues auprès des collectivités territoriales pour élargir cette utilisation au financement des prestations de conseils dans le cadre de la détermination d une stratégie de financement et de l accompagnement dans sa mise en œuvre. Ces experts qui devront intervenir en toute indépendance seront qualifiés par le comité d arbitrage. L organisation d une concertation nationale pour la rédaction d un contrat «de confiance» pour la fluidité du financement de l économie. Les

5 signataires du contrat tels la Fédération bancaire française (FBF) représentant les banques françaises et étrangères installées en France, les pouvoirs publics au travers de chacune des 13 nouvelles régions administratives, l ensemble des syndicats professionnels, le médiateur national du crédit, le gouverneur de la Banque de France, la BPI France s engageront à fonder une nouvelle organisation des relations entre les banques et les PME, afin que chaque entreprise puisse, dans chaque structure pivot (réseau bancaire/bpi France), disposer d un accueil professionnalisé, à même de pouvoir gérer l ensemble des besoins de financement de l entreprise en particulier lorsque le crédit bancaire classique quel qu en soit la forme n apparaît pas la solution appropriée. C est pourquoi la présente proposition de résolution vise à mettre en œuvre la proposition de synthèse du groupe qui consiste en une concertation nationale pour la mise en œuvre du contrat de confiance pour la fluidité du financement de l économie et améliorer les relations entre banques et entreprises dans le cadre d une stratégie de financement globale sur le fondement de 5 évolutions majeures.

6 PROPOSITION DE RÉSOLUTION Article unique L Assemblée nationale, Vu l article 34-1 de la Constitution, Vu l article 136 du Règlement de l Assemblée nationale, 1 Souhaite que le modèle d organisation de l utilisation des outils de financement soit révisé en évitant les clivages et en maîtrisant l évolution du marché. 2 Propose d organiser un fonds mutuel régional de garantie pour le financement des PME. 3 Souligne l indispensable partenariat entre banques et entreprises pour restaurer la confiance entre les acteurs du secteur par une maîtrise du risque fondée sur la transparence de l information et la compréhension de l écosystème de l entreprise. 4 Rappelle que les subventions en régions doivent être affectées pour partie au financement d un accompagnement dédié de haute qualité pour maximiser l effet de levier. 5 Propose d organiser une concertation nationale pour la rédaction d un contrat «de confiance» pour la fluidité du financement de l économie.