Conseil d Architecture, d Urbanisme et d Environnement de Tarn-et-Garonne COMPTE-RENDU 30ans d évolution du cadre de vie Regards partagés sur le Tarn-et-Garonne Journée d échanges et circuit de visites organisés par le CAUE 82 les 21 et 22 octobre 2011 au Centre universitaire de
Journée du vendredi 21 octobre 2011 Introduction de la journée d échanges Le Président Raymond MASSIP, remercie les participants et ouvre la journée en évoquant cette durée de 30 ans partagée avec le Directeur Philippe PIEUX. Il présente les différents intervenants et souligne pour plusieurs d entre eux leurs relations privilégiées avec le Tarn-et-Garonne. Il fixe les objectifs de ces échanges, souhaitant qu ils apportent une meilleure perception des évolutions du département sur cette longue période. Le Président rappelle enfin les perspectives de développement annoncées pour ce territoire, perspectives qui justifient pleinement ces "regards partagés". Petite histoire illustrée du CAUE 82 Le Directeur Philippe PIEUX présente l organisation des différentes manifestations autour de cet anniversaire. Il déroule ensuite, année par année, l histoire du CAUE 82, la constitution de l équipe et l élargissement progressif à partir de l architecture aux différents domaines du cadre de vie (paysage, espaces publics, planification urbaine, énergie, tourisme, patrimoine, déplacements, accessibilité, ) ainsi que les changements institutionnels. Il montre les partenariats départementaux et régionaux associés à ce développement et les services de conseil proposés aux divers publics : particuliers, collectivités, établissements scolaires, professionnels Il conclue ce bilan foisonnant par l ouverture sur les années à venir avec les encouragements de la salle. Regard du paysagiste : Bertrand FOLLÉA Celui-ci rappelle ses liens avec le Tarn-et-Garonne et l étude que lui avait confiée la Direction Départementale de l Equipement il y a 10 ans. Il tient à souligner le rôle généreux et indispensable du CAUE comme dispensateur d une ingénierie auprès des communes, même les plus petites, face aux questions d aménagement. Son étude indiquait 8 enjeux majeurs sur les paysages du Tarn-et-Garonne : la préservation des coteaux ; la protection de l agriculture dans les plaines et terrasses soumises à la pression foncière ; la périphérie montalbanaise ; le rôle de l eau dans la structuration de cet espace de confluence ; les grands espaces agricoles ; les routes comme élément structurant ; le patrimoine architectural et les espaces publics, identité des lieux ; enfin le petit patrimoine de pays, "sel et poivre du paysage". Il résume en caractérisant le Tarn-et-Garonne comme un Pays de cocagne, mais très menacé, notamment sur le plan paysager. Il propose des pistes à travers la présentation de quelques-uns de ses projets : le traitement des "lisières urbaines" pour faire dialoguer espace agricole et urbanisation ; le respect des espaces de nature proches par le maintien des continuités (trames vertes et bleues) ; le développement de systèmes agro-urbains avec des services agricoles de proximité (maraîchage, compostage ) ou des écoquartiers de la région parisienne articulés avec l agriculture qui renvoient à l organisation médiévale des bastides du Tarn-et-Garonne. L intervention ouvre à des questions comme celles de la situation des agriculteurs (Raymond MASSIP, Président du CAUE), de faire accepter la réduction des surfaces à construire dans les SCOT et les PLU ou de la notion relative de l urbain et du rural (Thierry DELBREIL, Adjoint au Maire de Lafrançaise). Gérard MASSIP, représentant de la DDT 82, rappelle que l étude du cabinet Folléa Gautier reste une référence pour l aménagement du territoire départemental. Des mots nouveaux sont apparus depuis comme "métropolisation". Il propose de fixer les nouvelles constructions auprès des bourgs existants et de densifier de manière sensible et adaptée.
Regard des urbanistes : Brigitte FRAUCIEL et Gérard FRESQUET Après une présentation de l Agence Sol et Cité, Brigitte FRAUCIEL et Gérard FRESQUET exposent la base de leur travail, autour de trois domaines : l architecture, l urbanisme de planification et l urbanisme opérationnel à travers la conception d espaces publics. Leur intervention a pour but de montrer l évolution législative en matière d urbanisme, depuis 50 ans, et ainsi de se poser la question de la pluridisciplinarité de l intervention des urbanistes sur les territoires. Depuis le Congrès International d Assainissement et de Salubrité de l Habitation de 1904, jusqu à la loi Cadre de 1958, les politiques urbaines ont répondu prioritairement aux problématiques sanitaires de la ville, puis aux besoins de reconstruction d après-guerre. Les années 60 et 70 correspondent aux volontés, d une part, de planification (création de 8 métropoles d équilibre, contrats Plan Etat Région,...) et, d autre part, de développement effréné de la maison individuelle (en 1969, 80 000 maisons clés en mains sont construites sans règlement d urbanisme). 1977, année de la loi sur l Architecture : "l architecture est une expression de la culture", elle apparaît comme d intérêt public et à ce titre sont institués les CAUE pour aider et informer le public. En 1983, mise en place de la décentralisation ; les élus peuvent décider de leur urbanisme. Les villes font face à des mutations profondes : centres anciens requalifiés, faubourgs aménagés, banlieues étirées sans fin. Plus de 15 ans après, en 1999, la loi Voynet d orientation pour l aménagement et le développement durable du territoire pose les questions environnementales, prémices à la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain). L ancien POS est remplacé par le PLU (Plan Local d Urbanisme), document essentiel de planification urbaine communale et intercommunale. Un nouvel outil, le PADD (Projet d Aménagement et de Développement Durable), permet aux élus d exprimer le projet politique de développement de leur territoire à l horizon de 10 à 20 ans. S en suivront les lois Grenelles I et II en 2009 et 2010, permettant de porter une réflexion complémentaire à plus long terme sur l environnement (biodiversité, efficience énergétique,...). La question qui se pose aujourd hui est celle de la gouvernance et de l intégration des projets urbains dans les politiques publiques. La traduction spatiale de ces politiques publiques s exprime dans la mise en œuvre et la qualité des espaces publics. Si les années 1980 ont vu émerger un intérêt économique pour les espaces publics en liaison avec le tourisme, la question aujourd hui est bien celle de l espace public comme élément fédérateur de la qualité de vie au quotidien, tant dans la mixité sociale que dans les formes urbaines, notamment dans le péri-urbain. Regard de l architecte : Bernard DESMOULIN Bernard DESMOULIN, exercant comme architecte libéral, rappelle, tout comme Bertrand FOLLÉA, ses liens avec le Tarn-et-Garonne, en tant qu architecte-conseil de l Etat pendant quelques années. Il débute son exposé par l idée fondamentale que l architecture puise ses racines dans l histoire et illustre son propos en présentant quelques "images idéales" référentes pour les architectes. Ainsi, la Villa Malaparte à Capri, construite en 1937 à flanc de falaise, est l exemple abouti du dialogue poétique entre site et bâtiment, un "Parthénon contemporain dont la force fût d échapper à toutes contraintes règlementaires". L activité de Bernard DESMOULIN se partage entre architecture et muséographie. Pour chacun de ses projets (le musée des Arts Décoratifs à Paris, le Grand Commun du Château de Versailles, les réserves du musée de Rodin...), les vertus recherchées sont le calme, la sobriété, l équilibre, l intemporalité, en affirmant une architecture en rupture avec l existant, ce qu il nomme "la franchise du parti". Ces vertus se retrouvent dans le tableau "Narcisse" du peintre italien LE CARAVAGE. Sa composition géométrique, simple et pure - un cercle et deux images qui n en font plus qu une extrêmement équilibrée - a inspiré nombre de ses projets, comme ici, le bassin du musée de Sarrebourg.
Selon Bernard DESMOULIN, la démarche paysagère du projet est primordiale : "créer un lieu m intéresse plus que restaurer un bâtiment". Ainsi, au centre culturel français à Mexico, l exploitation du vide autour des bâtiments à réhabiliter fut le parti pris de l architecte. Autre exemple d inscription sobre sur une parcelle ingrate, au milieu d un environnement difficile : le projet du conservatoire Léo-Delibes à Clichy-la-Garenne (prix de l Equerre d Argent en 2009). "Comment exister et comment s effacer dans ce monde de pierre et de bruit?". Les réponses sont apportées entre autre par le matériau - acier Corten - et par la triple épaisseur de la façade - filtre lumineux, espace circulé et écran phonique. Bernard DESMOULIN conclut ses propos en questionnant sur l avenir des architectes. "Quelle place accorder à cette profession entre réglementation exponentielle et travail de mercenaires de la construction?". Regard de l élu : Gérard POUJADE Gérard POUJADE, en rebondissant sur les propos de Bernard DESMOULIN et ses références au peintre LE CARAVAGE, s appuie sur un tableau de ce dernier : "Les tricheurs" pour en faire une allégorie. Avec son vécu de maire de la commune du Séquestre dans le Tarn, il replace le jeu à trois de la maîtrise d ouvrage publique et détaille son extraordinaire complexité actuelle. Il parle de la difficulté d accepter l égalité des droits de chacun dans cette épure. Le droit de décision qui est celui des élus, le droit de créer de celui qui est le concepteur et le droit de financer de celui qui a l argent. En jouant de la faconde savoureuse d un "petit élu rural", il remet en perspective le pouvoir et la responsabilité des élus en matière d urbanisme, même à une échelle qui peut paraître, à priori, dérisoire. Dans une recherche de logique du sens, il bouscule quelques idées, résumées ci-dessous : "... les contraintes réglementaires et administratives, au lieu d être une gêne pour réaliser des actions, peuvent parfois s avérer insuffisantes quand un élu veut agir et qu il crée un PLU, écrit un SCOT, fixe des règles d éco conditionnalité, etc Il ne faut pas tomber dans la facilité sociale du "tous propriétaires" en proposant des terrains à la construction à des familles qui peuvent bénéficier de logements sociaux. Faute de moyens, elles y construiront des épaves énergétiques neuves. L investissement dans la pierre est trop souvent non rentable. Dans une société sans reconnaissance du mérite, le propriétaire de biens fonciers devient un interlocuteur difficile face à un élu. Ce dernier doit lui faire comprendre que l intérêt collectif ne peut servir l enrichissement facile." "... on peut répondre à la demande sociale en prenant en compte les aspects environnementaux. Pour cela, il faut s appuyer sur un vrai diagnostic du territoire, de sa population, de ses aspects économiques. En ayant la démarche négawatt à l esprit (diminution de la consommation, efficacité énergétique, apport d énergies renouvelables), on peut ouvrir un éventail de possibles en créant une démocratie participative vraie. Elle se décline en termes de participation, consultation et concertation". Au Séquestre, le PLU et un Agenda 21, avec des labellisations nationales, ont été menés en parallèle. Pour cette commune de 1 200 habitants sur 540 hectares en 2001 (3 000 habitants prévus en 2020 au bout de trois mandats) les équipements publics ont été calibrés pour environ 4 à 5 000 habitants. Les emprunts se sont faits uniquement sur le premier mandat... ceci afin de laisser à la future génération la possibilité de faire ses propres choix. Une vraie réflexion urbaine sur le long terme pour sortir du lotissement pavillonnaire en raquette a été menée avec la population, "moins conservatrice que les élus". Petit à petit, suite à de nombreux comités consultatifs, la forme urbaine est passée de 7/8 logements à 30 logements à l hectare et le projet s est structuré. Les deux points les plus difficiles à faire comprendre et accepter ont été les formes urbaines de type "individuels groupés" et la porosité entre l existant et le futur écoquartier. "En rentrant peu à peu à travers la participation de tous dans une compréhension globale du monde dans lequel nous vivons et avec une volonté politique forte, aidé des urbanistes, des architectes et des financeurs, on peut arriver à un coût global cohérent sans tomber dans la facilité."
Journée du samedi 22 octobre 2011 Circuit de visites Equipements, aménagements urbains : le nouveau visage du Tarn-et-Garonne Le circuit de visites a réuni 25 personnes pour un parcours architectural et urbain sur le territoire tarn-et-garonnais. Les participants, essentiellement architectes et élus, ont pu découvrir diverses réalisations récentes (achevées au cours des 5 dernières années). Au-delà des visites, c est une journée d échanges qui a été proposée aux inscrits. Pour chaque projet, élus et maîtres d œuvre ont témoigné de leurs expériences. Le circuit a conduit les participants à la découverte de 4 communes : Escatalens : mairie-médiathèque et place de la Mairie Nègreplisse : école maternelle publique "Les Écureuils", place et résidence pour personnes âgées Eugène Aujaleu, médiathèque intercommunale avec la découverte du projet du centre d art "La Cuisine" sur le site du Château Villebrumier : bâtiment et place de la Mairie, chaufferie municipale au bois Corbarieu : place Paul Point et groupe scolaire. Mairie-médiathèque à Escatalens G. Marre, architecte Place de la Mairie et kiosque à Escatalens M. Kerlovéou et L. Kieken, architectes Maison de retraite à Nègrepelisse M. Gay et P. Soustelle, architectes Médiathèque à Nègrepelisse M. Chéreau, architecte Groupe scolaire à Corbarieu B. Bourdoncle, architecte Chaufferie au bois à Villebrumier M. Sartre, architecte Construction ou réhabilitation de bâtiment, aménagement d espaces publics, création d un équipement collectif de chauffage autant d opérations diversifiées d où ressortent des objectifs communs : soin porté à la bonne intégration de ces réalisations contemporaines dans un environnement architectural plutôt traditionnel et rural prise en compte de la réglementation en termes d accessibilité pour les lieux recevant du public recherche de performance énergétique (matériaux, isolation, équipements de chauffage) volonté d un coût de réalisation raisonnable. Ecole maternelle à Nègrepelisse M. Albiges et D. Stocco, architectes Cette journée de visites a reflété le dynamisme de ces communes tarn-et-garonnaises soucieuses de faire évoluer leur cadre de vie tout en préservant leurs âmes villageoises.
Campsas Nègrepelisse Valence d Agen Caylus Nègrepelisse Saint-Etienne-de-Tulmont Bioule Lafrançaise Lauzerte Montpezat-de-Quercy Moissac Conseil d Architecture, d Urbanisme et d Environnement de Tarn-et-Garonne Espace Info Energie de Tarn-et-Garonne Hôtel du département - 100, bd Hubert Gouze - 82000 - Tél. 05 63 03 80 88 - Savenès Monteils Castelsarrasin Saint-Porquier Larrazet Montech Grisolles Escatalens Monteils Saint-Nicolas-de-la-Grave Puycornet Saint-Nauphary Castelsarrasin Molières Grisolles Valence d Agen Albiges, Boissières, Bonetto, Bourdoncle, Cambon, Capmas, C & R Cascarigny, Dangas, Dargassiès, Delcros, Delprat, Duffaut, Franceries, Gay, Kerlovéou, Kieken, Laborderie, Laurence, Marre, Martinie, Médale, Meilleurat, Mondine, Pégot- Ogier, Périn, Raspaud, Rella, Rocca d Huyteza, Rougès, Rouillard, Sartre, Salomon, Soustelle, Stocco, Taillibert, Taulier, Vergely, Voinchet et associés. Journée d échanges au Centre Universitaire de MONTAUBAN LE CAUE DE TARN-ET-GARONNE a 30 ans! 1981-2011 Envie d ARCHITECTURE en Tarn-et-Garonne www.caue-mp.fr Présentation de l affiche : "Envie d ARCHITECTURE en Tarn-et-Garonne" Inauguration de l exposition "Regards partagés sur le Tarn-et-Garonne" à l Hôtel du Département Photo : J.M. Maume - CG 82 Photo : J.M. Maume - CG 82 Photo : J.M. Maume - CG 82 Hôtel du Département Bd, Hubert Gouze 82000 T. 05 63 03 80 88 F. 05 63 91 22 12 caue82@cg82.fr www.caue-mp.fr Circuit de visites architecturales