Interprétation du diamagnétisme électronique dans la théorie de Dirac

Documents pareils
La voix en images : comment l évaluation objectivée par logiciel permet d optimiser la prise en charge vocale

statique J. Bertrand To cite this version: HAL Id: jpa

Système de diffusion d information pour encourager les PME-PMI à améliorer leurs performances environnementales

Sur le grossissement des divers appareils pour la mesure des angles par la réflexion d un faisceau lumineux sur un miroir mobile

AGROBASE : un système de gestion de données expérimentales

L indice de SEN, outil de mesure de l équité des systèmes éducatifs. Une comparaison à l échelle européenne

Compte-rendu de Hamma B., La préposition en français

Dessin assisté par ordinateur en lycée professionnel

Les Champs Magnétiques

Sur la transformation de l électricité statique en électricité dynamique

Jean-Luc Archimbaud. Sensibilisation à la sécurité informatique.

Les liaisons intermoléculaires de l eau étudiées dans

Famille continue de courbes terminales du spiral réglant pouvant être construites par points et par tangentes

Budget Constrained Resource Allocation for Non-Deterministic Workflows on a IaaS Cloud

Notes de lecture : Dan SPERBER & Deirdre WILSON, La pertinence

Jessica Dubois. To cite this version: HAL Id: jpa

Un SIG collaboratif pour la recherche historique Partie. Partie 1 : Naissance et conception d un système d information géo-historique collaboratif.

Etude des convertisseurs statiques continu-continu à résonance, modélisation dynamique

Les intermédiaires privés dans les finances royales espagnoles sous Philippe V et Ferdinand VI

Program Analysis and Transformation: From the Polytope Model to Formal Languages

Étude des formes de pratiques de la gymnastique sportive enseignées en EPS à l école primaire

Comptabilité à base d activités (ABC) et activités informatiques : une contribution à l amélioration des processus informatiques d une banque

e-science : perspectives et opportunités pour de nouvelles pratiques de la recherche en informatique et mathématiques appliquées

Peut-on perdre sa dignité?

Limites finies en un point

Comment réaliser physiquement un ordinateur quantique. Yves LEROYER

Perspectives du développement de l énergie solaire en U.R.S.S. : conversion thermodynamique en électricité

Les déterminants du volume d aide professionnelle pour. reste-à-charge

Filtrage stochastique non linéaire par la théorie de représentation des martingales

Jean Sykes Nereus, la collaboration européenne, et le libre accès

Les simulations dans l enseignement des sondages Avec le logiciel GENESIS sous SAS et la bibliothèque Sondages sous R

Analyse fonctionnelle Théorie des représentations du groupe quantique compact libre O(n) Teodor Banica Résumé - On trouve, pour chaque n 2, la classe

Photons, expériences de pensée et chat de Schrödinger: une promenade quantique

Oscillations libres des systèmes à deux degrés de liberté

Chapitre 7. Circuits Magnétiques et Inductance. 7.1 Introduction Production d un champ magnétique

La physique médicale au service du patient: le rôle de l agence internationale de l énergie atomique

Contexte. Pour cela, elles doivent être très compliquées, c est-à-dire elles doivent être très différentes des fonctions simples,

Résonance Magnétique Nucléaire : RMN

Probabilités sur un univers fini

La Mesure du Temps. et Temps Solaire Moyen H m.

La complémentaire santé : une généralisation qui

Règlement relatif à l examen fait conformément à la Déclaration canadienne des droits. Canadian Bill of Rights Examination Regulations CODIFICATION

THÈSE. présentée à TÉLÉCOM PARISTECH. pour obtenir le grade de. DOCTEUR de TÉLÉCOM PARISTECH. Mention Informatique et Réseaux. par.

Modèles bi-dimensionnels de coques linéairement élastiques: Estimations de l écart entre leurs solutions.

RAPID Prenez le contrôle sur vos données

Équivalence masse-énergie

Chapitre 6. Fonction réelle d une variable réelle

Dualité dans les espaces de Lebesgue et mesures de Radon finies

Théorème du point fixe - Théorème de l inversion locale

Réalisation d un dispositif de mesure de la conductibilité thermique des solides à basses températures

Corps des nombres complexes, J Paul Tsasa

Exo7. Matrice d une application linéaire. Corrections d Arnaud Bodin.

DOCM Solutions officielles = n 2 10.

TEPZZ A_T EP A1 (19) (11) EP A1 (12) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN. (51) Int Cl.: G07F 7/08 ( ) G06K 19/077 (2006.

UNIVERSITE LYON 3 (JEAN MOULIN) Référence GALAXIE : 4140

Résolution d équations non linéaires

Le libre parcours moyen des électrons de conductibilité. des électrons photoélectriques mesuré au moyen de la méthode des couches minces. J. Phys.

Cheque Holding Policy Disclosure (Banks) Regulations. Règlement sur la communication de la politique de retenue de chèques (banques) CONSOLIDATION

PROGRAMMATION MOTRICE ET STRATÉGIES COGNITIVES DANS UNE TÂCHE DE SYNCHRONISATION

Mathématique et Automatique : de la boucle ouverte à la boucle fermée. Maïtine bergounioux Laboratoire MAPMO - UMR 6628 Université d'orléans

Un exemple spécifique de collaboration : Le produit-partage

Sur certaines séries entières particulières

FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES (Outils Mathématiques 4)

Sylvain Meille. Étude du comportement mécanique du plâtre pris en relation avec sa microstructure.

Probabilités sur un univers fini

Physique quantique et physique statistique

Calcul matriciel. Définition 1 Une matrice de format (m,n) est un tableau rectangulaire de mn éléments, rangés en m lignes et n colonnes.

La persistance des nombres

L ESPACE À TRAVERS LE REGARD DES FEMMES. European Economic and Social Committee Comité économique et social européen

Réseaux sociaux virtuels et création de valeur

Exemple PLS avec SAS

RETHINKING JACQUES ELLUL AND THE TECHNOLOGICAL SOCIETY IN THE 21ST CENTURY REPENSER JACQUES ELLUL ET LA SOCIETE TECHNICIENNE AU 21EME SIECLE

Calculer les coûts ou bénéfices de pratiques sylvicoles favorables à la biodiversité : comment procéder?

Sur la possibilité d une structure complexe des particules de spin différent de 1/2

Section «Maturité fédérale» EXAMENS D'ADMISSION Session de février 2014 RÉCAPITULATIFS DES MATIÈRES EXAMINÉES. Formation visée

ANALYSE SPECTRALE. monochromateur

Continuité en un point

Material Banking Group Percentage Regulations. Règlement fixant le pourcentage (groupe bancaire important) CONSOLIDATION CODIFICATION

Principe de symétrisation pour la construction d un test adaptatif

10 leçon 2. Leçon n 2 : Contact entre deux solides. Frottement de glissement. Exemples. (PC ou 1 er CU)

Chapitre 1 Régime transitoire dans les systèmes physiques

Texte Agrégation limitée par diffusion interne

Transformations nucléaires

Chapitre 3. Les distributions à deux variables

INTELLIGIBILITÉ DE LA PAROLE EN CHAMBRE SOURDE - INFLUENCE DU DIFFUSEUR

LE FORMAT DES RAPPORTS DU PERSONNEL DES COMMISSIONS DE DISTRICT D AMENAGEMENT FORMAT OF DISTRICT PLANNING COMMISSION STAFF REPORTS

Fonctions homographiques

Fonctions de plusieurs variables

Order Binding Certain Agents of Her Majesty for the Purposes of Part 1 of the Personal Information Protection and Electronic Documents Act

I. Polynômes de Tchebychev

Quick Start Guide This guide is intended to get you started with Rational ClearCase or Rational ClearCase MultiSite.

PeTEX Plateforme pour e-learning et expérimentation télémétrique

Introduction aux SGBDR

I. Programmation I. 1 Ecrire un programme en Scilab traduisant l organigramme montré ci-après (on pourra utiliser les annexes):

Introduction à l absorption X

Interaction milieux dilués rayonnement Travaux dirigés n 2. Résonance magnétique : approche classique

Equations cartésiennes d une droite

La physique quantique couvre plus de 60 ordres de grandeur!

AICp. Vincent Vandewalle. To cite this version: HAL Id: inria

Transcription:

Interprétation du diamagnétisme électronique dans la théorie de Dirac S. Feneuille To cite this version: S. Feneuille. Interprétation du diamagnétisme électronique dans la théorie de Dirac. Journal de Physique, 1973, 34 (1), pp.14. <10.1051/jphys:019730034010100>. <jpa00207352> HAL Id: jpa00207352 https://hal.archivesouvertes.fr/jpa00207352 Submitted on 1 Jan 1973 HAL is a multidisciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Dans Il It Pour Tome 34 N 1 JANVIER 1973 LE JOURNAL DE PHYSIQUE Classification Physics abstracts : 02.20 13.20 INTERPRÉTATION DU DIAMAGNÉTI SME ÉLECTRONIQUE DANS LA THÉORIE DE DIRAC S. FENEUILLE Laboratoire AiméCotton, CNRS II, Orsay, Essonne (Reçu le 7 juin 1972) 2014 Résumé. est montré que, dans la théorie de Dirac, le diamagnétisme électronique s interprète comme la contribution des seuls états d énergie négative à la perturbation Zeeman du second ordre. 2014 Abstract. is shown that, in the Dirac theory, the electron diamagnetism can be interpreted as the contribution of the negativeenergy states produced by the Zeeman perturbation taken to second order. 1. Introduction. l approximation de Pauli, l hamiltonien d un système d électrons en interaction avec un champ électromagnétique contient le terme quadratique suivant : A(rk) étant le potentiel vecteur au point rk où se trouve le kième électron. C est d ailleurs la présence de ce terme qui permet d interpréter, en particulier, le diamagnétisme de l hélium dans son état fondamental [1]. Or, dans la théorie de Dirac, l hamiltonien est linéaire en A et, au premier ordre de la théorie des perturbations, n apparaît donc aucun terme diamagnétique. Il faut donc rechercher l origine du diamagnétisme dans des effets de second ordre. Cependant une difficulté surgit immédiatement. En effet, il semblerait que, dans la limite non relativiste (c està terme non dire lorsqu on ne conserve que le premier nul dans le développement en puissance de la constante de structure fine), on doive retrouver la contribution au second ordre de l hamiltonien Zeeman : être recherchée dans le fait que la sommation sur les états intermédiaires doit être étendue, dans la théorie de Dirac, aux états d énergie quelconque (positive et négative) tandis que, dans l approximation de Pauli, elle doit être limitée aux seuls états d énergie positive. 2. Rappels et généralités. la simplicité de l exposé et sans perte de généralité, nous considérons le problème d un seul électron dans un champ central U(r). Les états propres correspondants sont de la forme [1] : (1= 2 j 1) ; les fonctions F et G vérifient le système suivant l équations différentielles : (p, est l impulsion du kième électron). Cette contribution possède bien une partie scalaire variant quadratiquement avec le champ magnétique, mais elle peut être facilement distinguée d un terme diamagnétique. En particulier, si Z est la charge du noyau situé à l origine des coordonnées, l effet Zeeman du second ordre varie comme Z2 alors que la contribution diamagnétique se comporte comme Z2. Nous avons montré que l origine de ce paradoxe doit et sont normalisées de façon telle que : Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019730034010100

2 Le potentiel vecteur relatif à un champ magnétique uniforme Je et vérifiant la condition div A = 0 s écrit : et en conséquence, l hamiltonien perturbateur prend la forme suivante : ou encore, en écriture tensorielle [2] : (ce est le vecteur de Dirac de l électron). La perturbation du premier ordre correspondante est égale à [3] : et, dans la limite non relativiste, on retrouve bien l expression classique de l effet Zeeman. La correction du second ordre s écrit quant à elle : la sommation doit être effectuée aussi bien sur le continuum des états d énergie négative, que états d énergie positive, discrets et continus. sur les 3. Contribution des états d énergie positive. La contribution des états discrets beid est la suivante : Il résulte de la forme de Hm que les intégrations sur les variables angulaires peuvent être facilement réalisées au moyen des méthodes tensorielles de Racah [2], et l on obtient finalement : A(l, l, j, j ) est un coefficient sans dimension qui s exprime simplement en termes de symboles n j et Li représente la condition triangulaire. Etant donné le problème considéré, nous ne nous intéresserons, dans l expression précédente, qu à la partie qui ne dépend pas de m. En tous cas, puisque les états discrets sont d énergie positive, on peut, dans lalimite non relativiste, utiliser les développements suivants (voir Appendice) : On peut montrer alors, de façon tout à fait générale (voir Appendice), que le coefficient de oc dans le développement de l intégrale : raisons d orthogonalité. Or, dans la limite non relativiste, le terme correspondant à nl = n l doit être traité dans l approximation du premier ordre et il faut donc l écarter des contributions du second ordre. Pour un potentiel hydrogénoïde, le coefficient de la troisième puissance de a dans le développement de l intégrale considérée est donné par [4] : ao étant le rayon de Bohr et Z la charge nucléaire. Si, de plus, nous tenons compte du fait que Gnlj Enl j varie comme a2 Z2, nous obtenons pour la partie scalaire (indépendante de m) de be2d : est proportionnel à : Si 1 est différent de l, les conditions triangulaires A(l, l, 2) A(},}, 1) entraînent que (K + K 1) est nul ; si 1 est égal à l, l intégrale précédente n est différente de zéro que dans le cas où n est égal à n, pour des Ao étant un nombre sans dimension indépendant de Z. Tout ce qui vient d être écrit au sujet des états discrets reste évidemment valable pour les états non liés d énergie positive ; la seule différence est que la sommation discrète doit être remplacée par une intégration. Finalement donc, la contribution scalaire des états d énergie positive peut être écrite :

(FG). Je 3 4. Contribution des états d énergie négative. Les états d énergie négative ont un comportement très différent de celui des états d énergie positive puisque dans la limite non relativiste : (pour simplifier la notation, nous marquons d une barre les états d énergie négative). Le premier terme dans le développement de l intégrale : est donc : En conclusion, nous avons montré sur l exemple particulier du problème d un électron dans un champ central soumis à un champ magnétique uniforme extérieur que la contribution, au second ordre de la théorie des perturbations, des états d énergie négative peut être non négligeable dans la théorie de Dirac. Dans le cas considéré, en effet, cette contribution est seule responsable d un phénomène physique observable : le diamagnétisme. Tout traitement par perturbation s appuyant sur les états propres d un hamiltonien de Dirac ne doit donc pas écarter a priori les états d énergie négative. L importance de la contribution des états d énergie négative a été depuis longtemps reconnue dans le problème de la diffusion photonélectron (effet Compton) [5]. Dans ce cas, il apparaît cependant préférable d éviter l introduction des états d énergie négative en tenant compte des états intermédiaires supplémentaires que permet l existence de positrons. Il pourrait en être de même dans le problème que nous avons considéré, mais, pour des états liés, il semble plus simple d introduire les états d énergie négative que d utiliser la théorie des positrons. Remerciements. remercie le Pr. C. Cohen Tannoudji pour la discussion fructueuse que nous avons eue à ce sujet. En fait, ce dernier n est important que dans le cas où l énergie de l état intermédiaire est voisine de Mc. En effet, dès que 8 s écarte de 1, le comportement de Fo est pratiquement sinusoïdal même au voisinage de l origine de la période spatiale correspondante est très petite en regard de la o largeur» des o bosses» de la fonction Gonl, du moins tant que (n 1) n est pas trop élevé. Pour un état intermédiaire d énergie négative, on peut donc remplacer par 2 Mc2 la différence d énergie qui apparaît au dénominateur dans l expression de la perturbation du second ordre. Le théorème de fermeture permet alors d effectuer la sommation sur les états sans difhculté. En effet, la projection d énergie positive ne contient aucune puissance de a inférieure à deux, comme cela a été vu dans le paragraphe précédent ; on obtient donc dans la limite non relativiste : Limite non relativiste. puissance de a APPENDICE Développement suivant les Le système couplé d équations différentielles du premier ordre qui donne F et G peut être réécrit : et il apparaît que ce système est invariant dans le changement suivant : ex devient ce, (FG) devient Seules, sont donc présentes, dans le développement de e, les puissances paires de oc. En outre, les parités des puissances de x dans les développements respectifs de F et de G sont bien définies et opposées. Dans la limite non relativiste (oc 0), = pour des états d énergie positive, e tend vers un et F tend vers zéro, alors que pour des états d énergie négative, e tend vers moins un et c est G qui tend vers zéro. Il en découle que, pour des états d énergie positive, on peut écrire : ce résultat est d ailleurs indépendant de la forme de A. On retrouve bien ainsi le terme quadratique qui apparaît dans la théorie de Pauli et qui permet d interpréter le diamagnétisme. alors que, pour des états d énergie négative, on obtient : Go est solution de l équation différentielle du second ordre suivante :

Je 4 quant à la fonction Fl, elle s obtient à partir de Go par la relation suivante : une intégration par partie élémentaire conduit finalement à : 1.. 1 de l in Le coefficient de a dans le développement tégrale : s écrit pour des états d énergie positive : Remerciement. remercie le Pr. L. Armstrong d avoir attiré mon attention sur un article assez ancien de M. M. Sternheim (Phys. Rev., 128 (1962) 676), qui discute très brièvement un problème analogue à celui présenté ici, sans toutefois préciser les propriétés des solutions de l équation de Dirac qui conduisent à la solution proposée. Bibliographie [1] Pour toute référence à ce sujet, voir : BETHE H. A. et SALPETER E. E., Quantum Mechanics of One and Two Electron Atoms, SpringerVerlag (Berlin, 1957). [2] Pour un exposé d ensemble des méthodes de Racah, voir par exemple : JUDD B. R., Operator Techniques in Atomic Spectroscopy, Mc GrawHill Co. Inc. (New York, 1963). [3] MARGENAU H., Phys. Rev. 57 (1940) 383. [4] PERL W. et HUGHES V., Phys. Rev. 91 (1953) 842. [5] Voir par exemple : HEITLER W., The Quantum Theory of Radiation, The Clarendon Press (Oxford, 1954).