réfléchir aux questions liées à la formation continue des enseignants et à sa mise en œuvre sur le terrain,



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Transcription:

PRESENTATION Ces rencontres ont réuni du 28 octobre au 2 novembre 2012 à l Institut d Études Scientifiques de Cargèse (Corse) 14 intervenants et 54 formateurs venant d un grand nombre d académies, de disciplines différentes et de statuts très divers (enseignants impliqués dans la formation, conseillers pédagogiques, inspecteurs, universitaires, médiateurs scientifiques, chercheurs ) Ce séminaire avait comme objectif de (d ) réfléchir aux questions liées à la formation continue des enseignants et à sa mise en œuvre sur le terrain, élaborer une expertise collective et établir des principes de formation en accord avec les préconisations d un enseignement des sciences fondé sur l investigation (ESFI) et le socle commun, mettre en commun et enrichir des ressources pour la formation, élargir le réseau de formateurs existant en science et technologie pour des interventions en France ou à l étranger, initier et/ou renforcer des collaborations et des échanges entre formateurs. INTERVENANTS Adeline ANDRE Membre de La Fondation La main à la pâte, elle est coresponsable du secteur «Développement professionnel». Alain CHOMAT Professeur honoraire, consultant pédagogique, expert pour les productions pédagogiques, formateur pour les délégations étrangères, les formations de La Fondation La main à la pâte en France et à l étranger. Christophe GLEITZ Inspecteur de l éducation nationale de la circonscription de Strasbourg VI, il est chargé des sciences pour le département du Bas Rhin. 1

Cécile DE HOSSON Maître de conférences à l université Paris Diderot où elle enseigne la physique et la didactique de la physique. Membre associée de La main à la pâte au titre de la formation de formateurs à l étranger et également membre du conseil scientifique de La Fondation La main à la pâte. David JASMIN Directeur de La Fondation La main à la pâte. Anne LEJEUNE Ingénieur de formation, travaille aux relations internationales du programme La main à la pâte. Elle organise notamment le séminaire international. Clotilde MARIN MICEWICZ Membre de La Fondation La main à la pâte, elle est responsable du secteur «Egalité des chances». Valérie MUNIER Maître de Conférences en didactique de la physique au laboratoire LIRDEF de l université Montpellier 2, formatrice en physique à l IUFM de Montpellier. Alice PEDREGOSA Maître de conférence à l Université de Provence où elle enseigne à l IUFM d Aix Marseille et forme des enseignants du premier et du second degré en science et technologie. Ancien membre de l équipe de la Délégation à l éducation et à la formation à l Académie des sciences pour participer au pilotage d une expérimentation d enseignement intégré de science et technologie au collège. Frédéric PEREZ Membre de La Fondation La main à la pâte, il est coresponsable du secteur «Développement professionnel». Elisabeth PLE Enseignante à l IUFM de Champagne Ardenne en didactique de la physique et de la technologie, elle est responsable du centre pilote La main à la pâte de Troyes. Elle a collaboré dans le cadre de La main à la pâte avec la Chine, l Afghanistan, l Argentine, le Chili. Elle est également membre du conseil scientifique de La Fondation La main à la pâte. Yves QUERE Académicien des sciences et membre du conseil scientifique de La Fondation La main à la pâte. Marie Madeleine SPELLA Maître de Conférences à l Université de Corse. Elle mène des études pétrographique et chimie de bassins versants ; elle étudie les provenances et échanges de matériaux archéologiques en Corse et dans le domaine méditerranéen et elle s intéresse à l impact environnemental de certains minerais dans les sol et dans les eaux. David WILGENBUS Membre de La Fondation La main à la pâte, il est responsable du secteur «Production de ressources». 2

COMPTE RENDU DU SEMINAIRE LUNDI 29 OCTOBRE OUVERTURE DU SEMINAIRE David Jasmin Lors de l'ouverture, David Jasmin (directeur de la Fondation La main à la pâte) a rappelé que la deuxième session des rencontres Georges Charpak s inscrit dans une réflexion de longue date conduite par La main à la pâte et l Académie des sciences sur la formation continue des enseignants en sciences. Cette réflexion s est traduite depuis plusieurs années par des colloques, des rencontres de formateurs, des recommandations de l'académie des sciences, des mises en réseau d acteurs de la formation, des actions de terrain, des ressources pour les formateurs Les rencontres Georges Charpak, synthèse pratique des différentes initiatives, a comme objectif de réunir des formateurs de différents horizons pour réfléchir aux questions liées à la formation continue des enseignants du premier degré et du collège et partager des outils et des techniques pour sa mise en œuvre sur le terrain, elles se caractérisent par la diversité des participants : formateurs du premier et du second degré, issus de l'éducation nationale ou de l'université, intervenant en France ou à l étranger. Ce sont ces regards croisés, ces expériences différentes, ces rencontres parfois difficiles à faire sur le terrain qui contribuent à la richesse et à la dynamique de ces rencontres. Le programme met en avant plusieurs dimensions préconisées par La main à la pâte : la démarche d investigation, l interdisciplinarité, le développement professionnel, le contact avec la science vivante, l ouverture internationale, un esprit de collaboration et d interactivité présent dans l ensemble des activités proposées. ATELIERS DE MISE EN SITUATION D INVESTIGATION Le matin trois ateliers en parallèle ont été proposés ; les participants ont pu ainsi tous vivre une situation d investigation selon des modalités qui reprennent les principes mis en avant par La main à la pâte. Ils ont ensuite analysé la situation vécue au regard des pratiques scientifiques et de leurs transpositions en formation. Vivre une situation d investigation en physique et technologie autour de la fabrication de mobiles Clotilde Marin Micewicz, Alain Chomat A partir de l observation de photos de mobiles et de matériels disponibles, les participants sont invités à concevoir leur propre mobile. Répartis en groupes de 4 ils devaient présenter leur projet sous forme d un dessin et d une liste de matériels avant de passer à la réalisation proprement dite. Les groupes ont ensuite interagi lors de la présentation de leur réalisation. Il leur a été alors demandé «qu est ce qu un mobile réussi?» puis de proposer une règle (ou principe) pour équilibrer un mobile. Des exemples de formulations ont été proposés et discutés. Les participants ont eu ensuite à analyser l activité vécue (difficultés rencontrées, moments, productions, rôle du formateur) par rapport à leur conception des caractéristiques de l enseignement par investigation et leur expérience personnelle (de professeur ou de formateur par exemple). Trois exemples de modélisation (schémas) d un 3

enseignement fondé sur l investigation sont alors distribués et il est demandé à chaque groupe de les comparer et d en choisir un en justifiant ce choix. La discussion sur une utilisation mesurée et bien argumentée des schémas en formation d enseignants ou dans le cadre de la conception de séquences de classe a terminé l atelier. Vivre une situation d investigation autour de la notion d isolant thermique Frédéric Pérez, Anne Lejeune La mise en situation pour adulte repose sur le questionnement suscité par une photo de mouton en hiver avec un zoom sur sa laine. Les 4 groupes de participants élaborent des protocoles pour répondre à l une des questions ayant été formulées (voir diaporama). L analyse de la situation vécue met l accent sur quelques aspects de la mise en œuvre des protocoles : l adaptation des protocoles au matériel disponible, la nécessité de ne faire varier qu un paramètre au cours de l expérimentation, la possibilité de refaire les mesures notamment lorsque les données recueillies ne sont pas celles attendues (exemple d un thermomètre ayant un fonctionnement douteux). La synthèse permet de clarifier quelques notions : le rôle de l air dans les isolants, les différents échanges thermiques par conduction, convection et rayonnement. La deuxième partie de l atelier permet de partager différents points de vue concernant un enseignement des sciences fondé sur l investigation (ESFI). Quelques schémas modélisant l investigation sont notamment examinés. Ces supports donnent au groupe l occasion de débattre du côté non figée de l ESFI lors de sa mise en œuvre dans les classes. Vivre une situation d investigation : «Les mains dans la pâte» Adeline André Les objectifs de cet atelier étaient de vivre une situation d investigation et d en tirer les composantes de la démarche d investigation. Nous avons proposé aux participants de s interroger sur la présence de trous dans la mie de pain à partir d une situation déclenchante (recette de fabrication d un pain, pain avec une mie aérée et pain avec une mie compacte). Cette situation a motivé un questionnement scientifique et la formulation d hypothèses. Les participants ont alors été répartis en quatre groupes. Chaque groupe a élaboré un protocole afin de tester une hypothèse. Les facteurs envisagés ont été la température de l eau de dilution des levures, la nature de la farine (de blé ou de maïs), la présence et la nature de la levure (biologique ou chimique), le temps de repos de la pâte. En attendant les résultats, les groupes ont présenté leurs expériences et échangé sur la démarche d investigation. 45 minutes plus tard, ils ont observé leurs préparations, rendu compte de leurs résultats et validé ou réfuté leurs hypothèses. L interprétation des résultats a fait appel à des notions de biologie, de physique et de chimie. Si la situation d investigation proposée a semblé simple a priori, elle donne lieu à de nombreux questionnements et des rebondissements successifs qui aboutissent à une remise en cause productive de certaines évidences. CONFERENCE DEBAT AUTOUR DE L INTERDISCIPLINARITE EN SCIENCE ET DANS L ESFI L après midi, les participants ont assisté à une conférence débat autour de l interdisciplinarité en sciences et dans l enseignement des sciences animée par Alice Pedregosa. 4

MARDI 30 OCTOBRE ATELIERS «FORMER LES ENSEIGNANTS A L ESFI. QUELLES SITUATIONS DE FORMATION?» Elisabeth Plé, Clotilde Marin Micewicz et Frédéric Pérez Le matin, trois ateliers identiques ont permis d aborder différentes activités de formation, de les comparer pour les caractériser. Après les mises en situation (MES) proposées la veille, les participants ont été invités, dans le cadre de la première partie de cet atelier, à analyser une séance vidéo afin de dégager une partie de son potentiel de formation. La séance «La circulation et la respiration» ou bien celle intitulée «La bougie» (issues du DVD Apprendre la science et la technologie à l école) ont été étudiées en se centrant sur le rôle du professeur (en tant que médiation par exemple sur un moment précis de mise en commun des travaux des élèves) et ses caractéristiques dans le cadre de l ESFI (enseignement des sciences fondé sur l investigation). La seconde partie de l atelier a permis de spécifier et comparer les deux situations de formation différentes que les participants ont vécues : la mise en situation d investigation et l analyse vidéo, en termes de bénéfices attendus pour le développement professionnel et limites perçues pour la formation à l ESFI. Une typologie des MES a été présentée en synthèse ainsi que des repères quant à l utilisation de situations diverses de formation en fonction du public cible et de l objectif de formation poursuivi. ATELIERS ABORDANT LE THEME DE L INTERDISCIPLINARITE L après midi, les participants ont pu choisir de participer à 2 ateliers parmi 3 abordant le thème de l interdisciplinarité à l école et au collège. Sciences et Langage Elisabeth Plé (Université Champagne Ardenne/IUFM) Cet atelier aborde l importance du langage (oral et écrit) dans l enseignement des sciences : l acquisition du vocabulaire, le rôle des interactions langagières, la place des écrits individuels et collectifs, le cahier d expériences en primaire comme outil d apprentissage pour l élève et comme aide pour l enseignant. Sciences et Histoire Cécile de Hosson (Université Paris Diderot) Les sciences et les techniques sont le résultat d une histoire longue peu souvent enseignée, jalonnée de tâtonnements, de débats, de controverses. A partir d exemples concrets, on examine en quoi les activités expérimentales peuvent contribuer à rapprocher les élèves de l histoire de la science, et comment celle ci enrichit en retour les enseignements. 5

Sciences et Mathématiques Valérie Munier (Université Montpellier 2) L atelier a commencé par une présentation rapide de l équipe à l origine de ce travail : elle s investit dans des recherches sur les liens mathématiques sciences depuis longtemps, en particulier sur les questions portant sur «grandeurs et mesure». Les travaux antérieurs portaient sur la construction de grandeurs (angle, masse, ). L atelier porte sur un autre thème de recherche de l équipe, plus récent, qui lie toujours mathématiques et sciences : les notions de mesure et d incertitude de mesure. Dans un premier temps des extraits de programmes sur ces questions ont été présentés et distribués, ils soulignent le rôle fondamental de la mesure et de la notion d incertitude, en particulier ceux du socle commun. La question est de savoir quelle part peuvent prendre l école primaire et le collège dans l élaboration des compétences visées par ce socle. Pour cela une situation dans laquelle l activité de mesurage conduit à une dispersion importante des mesures et à leur exploitation a été présentée et vécue par les participants. Ils ont fabriqué un pied à coulisse en carton, puis chaque participant a mesuré le diamètre d une boîte cylindrique avec son instrument rudimentaire. Les mesures effectuées par chacun ont été notées dans un tableau et communiquées à tous les participants. Après un échange sur l intérêt de cette situation d un point de vue technologique, le travail par groupes a consisté à imaginer les activités possibles permettant de travailler, à partir de la donnée d un ensemble de mesures d une même grandeur, les objectifs visés par les textes officiels. L échange a permis de dégager des pistes de travail : construction et interprétation de tableaux de fréquence et de diagrammes en bâton recherche des différentes causes d incertitude (grandeur, expérimentateur, instrument) réflexion sur la notion d intervalle de confiance prise de conscience de la nécessité de répéter les mesures dans certains cas En conclusion les résultats d une recherche menée au cycle 3 à partir de cette séquence d enseignement ont été présentés, ils montrent qu à la fin des séquences la plupart des élèves sont capables de construire un tableau de fréquence et un diagramme en bâton à partir d une liste de N mesures. Ils sont capables d envisager les trois causes possibles d incertitudes, mais selon les situations ils mettent plus ou moins en cause l instrument, l expérimentateur ou la grandeur. Pour choisir un résultat la plupart des élèves prennent en compte l ensemble des mesures de la classe, en donnant soit le mode soit un intervalle, et certains d entre eux sont capables de raisonner en termes d intervalle de confiance en mobilisant un raisonnement statistique qualitatif correct. Cette séquence permet en outre à certains élèves de prendre conscience de la nécessité de répéter les mesures et du fait que chaque valeur de mesure est porteuse d informations. 6

MERCREDI 31 OCTOBRE ATELIERS SUR L UTILISATION DE MODULES D ENSEIGNEMENT Trois ateliers ayant pour thématique l utilisation de modules d enseignement sont proposés. On entend par module une suite de séquences permettant d aborder une ou plusieurs notions scientifiques avec les élèves. Les scénarios conceptuels Adeline André, Frédéric Pérez L atelier aborde la préparation d un module du point de vue des notions scientifiques qui y sont enseignées. Le thème choisi est la matérialité de l air. Un brainstorming impliquant l ensemble des participants permet de faire ressortir les savoirs sur «l air» possédés par le groupe. On propose ensuite de travailler à partir d un synopsis de module et d extraits de vidéos associés tirés des documents d accompagnement des programmes de 2002 : «L air est il de la matière?». Les participants écrivent alors les phrases que les élèves devraient retenir à la fin du module en employant des formulations convenant à des élèves de cycle 3 (9 à 11 ans). Ils organisent enfin ces phrases en scénario conceptuel : il s agit en fait d organiser les «petites» notions permettant d en acquérir une plus générale (ici la matérialité de l air) puis de les faire correspondre aux activités du module. La mise en commun s organise autour de la comparaison des travaux des différents groupes et d un scénario conceptuel proposé par les intervenants. Une vue plus large incluant l articulation avec des notions abordées au collège est ensuite présentée. La synthèse permet de souligner l intérêt d utiliser les scénarios conceptuels pour préparer de nouveaux modules ou bien encore pour clarifier la progression de notions abordées dans des modules déjà écrits. Projets pédagogiques thématiques : conception, diffusion, impact David Wilgenbus La main à la pâte propose de nombreuses ressources scientifiques ou pédagogiques pour enseignants et formateurs. Depuis quelques années, l accent est mis sur le développement de projets thématiques pluridisciplinaires destinés à être diffusés à grande échelle. Au cours de cet atelier, nous avons tout d abord évoqué l intérêt d une telle approche thématique, en particulier lorsqu elle permet d adresser des questions «vives» (comme la santé, l environnement, etc.). Il s agit d un bon levier pour impliquer de «nouveaux» enseignants dans les sciences, y compris des enseignants réfractaires a priori. Nous avons abordé la genèse d un tel projet, l ingénierie et la façon de concevoir un module pluridisciplinaire fondé sur l investigation : équipe pluridisciplinaire d auteurs, consultants scientifiques et pédagogiques, tests systématiques en classe (avec large échantillonnage des conditions de classe) Un focus particulier a été fait sur les scénarios conceptuels, qui se sont révélés fort utiles pour la conception d une progression fondée sur l investigation. L approche intégrée associant la production d un module, la mise à disposition d outils collaboratifs et d un plan de formation à l adresse des enseignants et des formateurs concourent à une meilleure appropriation de la ressource et à sa diffusion dans les classes. En effet, un projet thématique s articule autour d un module clé en main, mais également d un site Internet dédié (permettant la collaboration au sein du projet), et d un plan de formation de la communauté enseignante. La mise en œuvre de formations basées spécifiquement sur les modules thématiques suscite un grand intérêt de la part des autorités éducatives (plusieurs milliers d enseignants formés sur chaque projet, un effet «boule de neige» constaté lorsque l on forme des formateurs). 7

Enfin, nous avons évoqué l impact de ce type de projet, en se basant sur plusieurs exemples («Vivre avec le Soleil», «Le climat, ma planète et moi!», «Quand la Terre gronde»). Ces projets mobilisent un grand nombre de classes (plusieurs dizaines de milliers) et sont effectivement mis en œuvre (moyenne : 9 séances par classe, 85 % des classes réellement actives dans chaque projet), et rencontrent une forte adhésion de la part des enseignants. Le matériel, partie prenante de la mise en œuvre des séquences de sciences et de technologie Alain Chomat L objet de l atelier repose sur deux idées force : Pour faire pratiquer aux élèves des activités en sciences et technologie il faut du matériel. Une liste de matériel ne prend de valeur que si elle est en relation avec une activité pour les élèves. A partir de ces présupposés, les participants ont été invités à examiner et à envisager comment ils utiliseraient quelques exemples de listes de matériels existantes. Il leur a ensuite été demandé de catégoriser les matériels proposés, l idée étant de différencier le matériel basique, spécifique (pile, ampoule, microscope, ) et le matériel «créatif» (bouteilles, pics à brochette, ). Le point de vue didactique a ensuite été évoqué, avec la présentation d un petit matériel de chimie et le cas des connaissances véhiculées par différents thermomètres. Le temps a manqué pour envisager la gestion du matériel et examiner des moments de classe (vidéo) où le matériel et l enseignant sont acteurs à parts égales. ESPACE OUVERT En fin de matinée, un espace ouvert a permis à 12 participants de présenter différents outils ou des initiatives favorisant le développement professionnel des enseignants de l école primaire et du collège : Loic Poullain : Le carton ondulé pour favoriser l'investigation et la créativité Maryvonne Stallaerts : La formation initiale et continue des enseignants en éducation à la santé. Présentation de l outil PROFEDUS Sandrine Schildknecht : Les Maisons pour la science L exemple de la Maison en Alsace Murielle Suffrin : La liaison école/collège à partir des sciences Clarisse Huguenard Devraux : L accompagnement scientifique et technologique à l école primaire (un exemple) Stéphanie Ainadjoglou : Air et cinéma en maternelle Henri Plande : "Un estuaire, des maisons, des jardins et moi" Bertrand Marsal : Culture scientifique et technique : les élèves mènent les investigations Antoine Salliot : La formation à distance Adeline André : L enseignement de la science et la technologie au collège (EIST) Michel Khairallah : Le développement professionnel des professeurs enseignant les sciences : Interactions avec le monde scientifique dans la recherche et l entreprise Clotilde Marin Micewicz : Les centres pilotes, présentation du dispositif 8

CONFERENCE SCIENTIFIQUE Marie Madeleine Spella L après midi les participants ont assisté à une conférence «Initiation à la géologie de la Corse». Cette séance s est effectuée en deux parties : En amphithéâtre, par une présentation très rapide des quatre principales subdivisions géologiques de la Corse, avec quelques caractéristiques pétrographiques et paysagères. Ceci a permis d informer sur l histoire géologique de l île, depuis le Précambrien (600 millions d années) jusqu à nos jours : en particulier, la mise en place des granitoïdes du Primaire (340 millions d années) dont certains font partie de la région de Cargèse, la rotation du bloc corsosarde au Miocène (21,5 15 millions d années), la crise messinienne (dépôts de sels en Méditerranée) il y a 6 millions d années Puis sur le terrain, malgré un temps gris et pluvieux, bon nombre de participants a pu observer (dans le car) les granitoïdes de Cargèse (et ses méga cristaux). L excursion s est poursuivie dans les calanques de Piana (classées au patrimoine mondial de l humanité par l Unesco) avec la description (sous les parapluies) de ses célèbres granites rose orangé présentant des taffoni (forme d érosion) et des diaclases. Un dernier arrêt s est effectué dans le golfe de Porto et sa tour génoise. JEUDI 01 NOVEMBRE STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL Clotilde Marin Micewicz, Frédéric Pérez et Christophe Gleitz Cet atelier s est décliné en deux parties distinctes : Une séance plénière Cette séance a porté sur : le témoignage de l action menée dans le Bas Rhin de 2009 à 2012 en termes de dispositif de formation continue avec une entrée plus précise concernant l émergence et la prise en compte des besoins des professeurs dans le dispositif ; une présentation de recommandations issues de l expérience nationale et internationale de l équipe de La main à la pâte concernant la mise en œuvre d un plan de développement professionnel. Trois ateliers en parallèle L objectif était de réfléchir et d échanger en petits groupes sur les stratégies et les contenus possibles d un programme de développement professionnel destiné aux professeurs, en sciences. Les participants ont réfléchi sur une des trois questions suivantes pour proposer des idées ou recommandations qui ont ensuite été débattues. Quels contenus de formation continue proposer pour un enseignement des sciences fondé sur l investigation? Quelle(s) organisation/modalités de la formation imaginer? (dans ce cas, choisir l échelle d un territoire : un département, une circonscription ou un RAR (Réseau ambition réussite) ) 9

Comment lever les obstacles structurels qui freinent la participation des professeurs à la formation? La discussion collective a ensuite permis, en particulier, d échanger sur les leviers susceptibles de faire évoluer les pratiques d enseignement des sciences à l école et au collège, au regard des contraintes et obstacles existants. STRATEGIES DE FORMATION A L INTERNATIONAL Présentation générale Anne Lejeune Après une présentation générale et succincte des actions de la Fondation La main à la pâte à l'étranger, le dispositif et les outils développés pour répondre aux demandes des partenaires étrangers ont été détaillés. Ainsi, les participants de ces rencontres pourront avoir l opportunité, en fonction des besoins et demandes, d intervenir eux mêmes sur des formations à l étranger. Témoignages de formateurs étant intervenus à l étranger L après midi, à partir d expériences et de témoignages de formateurs ayant dû intervenir à l étranger, cette session a permis d aborder les questions liées à la formation à l étranger et à la nécessaire adaptation des caractéristiques d un enseignement des sciences fondé sur l investigation aux contextes pédagogiques, culturels et institutionnels des différents pays. Plusieurs formateurs ont présenté leur expérience en Asie et en Amérique du Sud dans 2 ateliers parallèles qui ont permis beaucoup d'échanges et de discussions. Atelier 1 : Gilles Cappe et Nadine Sire : le Pérou Alain Chomat : la Chine Atelier 2 : Franck Blonc : le Mexique Alice Pedregosa: le Brunei CLOTURE DU SEMINAIRE Lors de la clôture du séminaire, David Jasmin s est réjoui de la qualité des échanges et a remercié l ensemble des participants et des intervenants pour leur contribution aux deuxièmes rencontres Georges Charpak. Il a rappelé que le programme de la semaine avait été élaboré dans le but de construire dans un premier temps une culture commune concernant l enseignement des sciences fondé sur l investigation et par la suite d envisager des dispositifs pour le diffuser largement dans les établissements scolaires. Il a aussi précisé que l équipe de la Fondation était disponible pour accompagner dans la durée (3 à 5 ans) les équipes (département, rectorat ) qui manifestaient un intérêt pour le développement de l ESFI. 10

CONFERENCE DE CLOTURE : GEORGES CHARPAK ET LA MUSIQUE Yves Quéré, membre de l Académie des sciences «Georges Charpak aimait la musique, toutes les musiques. C était, pour lui, le langage qui relaye la parole lorsque les mots s interrompent, impuissants à exprimer nos sentiments ou nos impressions les plus intimes, nos joies ou nos tristesses les plus profondes. Pensant au physicien, et à cette matière première de la musique que sont les sons, on évoque Pythagore et cet étrange lien qui existe entre eux, le cerveau et les nombres : ainsi du rapport 3/2 et de la consonance de la quinte. Une flûte de pan construite avec des morceaux de tuyaux d arrosage se prête très bien à la démonstration correspondante, laquelle peut donner lieu à une stimulante leçon Main à la pâte. Pensant à sa naissance dans l Europe centrale, on écoute alors diverses œuvres de musique populaire de cette région (Roumanie, Hongrie). Pensant au Français d origine polonaise, on ne peut pas ne pas se plonger dans le monde poétique de Chopin (Mazurca, Nocturne) et, par proximité stylistique, dans celui de Schumann (Carnaval de Vienne). Pensant, plus généralement, au mélomane, il convient de s interroger sur ces deux éléments constitutifs de la musique que sont le contrepoint, lui qui permet de faire entendre simultanément plusieurs discours éventuellement divergents (Mozart, Les Noces de Figaro), et le rythme (Ravel, Boléro) qui, lui même, illustre le lien profond qui relie la musique et le temps (Bach, Cantate Liebster Gott, wenn werde ich sterben?).» BILAN QUALITATIF Ces rencontres ont donné lieu à de nombreux échanges entre les participants et les intervenants dont voici un bilan à partir des retours des questionnaires d évaluation de ces rencontres. ASPECTS PLEBISCITES Les points suivants ont été ressentis très positivement par les participants : la richesse des échanges avec les différents intervenants et participants, venant de spécialités différentes mais ayant également des statuts différents au sein de la formation. Il est à noter que les temps «informels» sont considérés comme aussi importants que les temps de formation de ce point de vue. Ces échanges ont également permis à de nombreux participants de prendre du recul sur leurs propres pratiques. la richesse des contenus et la diversité des modalités de travail proposées au cours de ces rencontres apparaissent comme des éléments majeurs. la qualité et la diversité des intervenants ainsi que leur disponibilité. la liberté de parole offerte à chacun. la durée du séminaire est considérée comme un luxe indispensable et un gage d «efficacité» (elle permet d aborder une diversité de thèmes mais aussi de proposer une alternance entre travail en groupe et débat ou entre atelier et plénière). Elle permet de nombreuses mutualisations (notamment avec le forum) et prises de contacts et de réseautage. 11

les ateliers sur les mises en situation d investigation et les discussions sur les éléments de la démarche d investigation en début de rencontres offre aux participants une «base commune» jugée comme essentielle pour la suite des rencontres. ont également été particulièrement appréciés, les ateliers sur les stratégies de développement professionnel, l interdisciplinarité (sciences et maths/histoire/langage), les analyses de vidéos et la conception de modules. l information sur les actions de La main à la pâte (EIST, ASTEP, Actions à l international, Maisons pour la science ) ELEMENTS A DEVELOPPER Différentes pistes pourraient être prises en compte pour les éditions futures : rendre la conférence scientifique plus adaptée au public de participants et plus attrayante. prendre plus de temps pour discuter d exemples de stratégies de développement. présenter des programmes de formation et discuter leurs objectifs et particularités. rendre plus concrètes et adaptées les conclusions des ateliers réserver un temps plus grand pour le collège. la place de la technologie pourrait être plus discutée. apporter des éléments sur l efficacité prouvée d un ESFI. prévoir des temps de mutualisation. Beaucoup de participants ont noté que cette formation leur a permis de se sentir moins isolés et de repartir avec des idées et de l entrain. Ils ont jugé ces rencontres complémentaires aux séminaires «institutionnels». Ils envisagent un réinvestissement direct et rapide en formation (formation de formateurs, diffusion auprès des collègues formateurs, IEN, participation aux formations à l international ). Les retours des participants indiquent que les rencontres apportent des contenus mais également des idées pour le pilotage d'actions de formation (liaison école/collège, développer le rayonnement d un centre pilote, ajustement de projets ASTEP ). REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier tout particulièrement le personnel et la directrice, madame Giovanna Chimini, de l Institut d Études Scientifiques de Cargèse qui accueillait ces rencontres pour la seconde fois. Nos remerciements vont aussi à la Collectivité Territoriale de Corse, au ministère de l Éducation nationale, et au ministère de l Enseignement supérieur et de la recherche sans qui cette session n aurait pu se tenir dans d aussi bonnes conditions. 12