Synthèse sur l analyse des pratiques Catherine AFONSO Master 1- IPFA 2011/2012 UE : Analyse des pratiques Sous la direction de Bernard ALIX 1
Introduction Si dans ma vie professionnelle je n ai jamais participé à des séminaires d analyse des pratiques, ce type de dispositif pédagogique ne m était pas complètement inconnu, du moins en théorie. En effet, j ai découvert l année dernière l analyse des pratiques à travers la méthode Balint (groupes Balint) présentée par Dominique Fablet, dans son cours «L éducation tout au long de la vie» qu il anime en L3 Science de l Education. C est donc uniquement cette modalité, axée sur des mises en situation d interaction professionnel-sujet, méthodes actives mais formalisées essentiellement en termes psychanalytiques, qui a fait écho cette année lors du premier cours. J ai appris ainsi cette année qu il existe d autres modalités d analyses des pratiques professionnelles, comme celles centrées sur l activité individuelle, tel l entretien d explication, ou à partir de groupe/collectif tels les échanges de pratiques. I. Mon ressenti sur ce que l on a fait ensemble. La diversité des exercices m a intéressée car si certains d entre nous semblaient en connaitre quelques-uns pour les avoir déjà pratiqués, j avoue que pour moi il s agissait d un domaine complètement inconnu dont il m était d ailleurs parfois difficile d en comprendre d emblée la visée. Toutefois, j ai pris conscience en comprenant mieux la raison d être de ces divers exercices de techniques d apprentissage, que lorsque certaines situations professionnelles deviennent difficiles, il n est pas toujours aisé d en faire seul l analyse pour en trouver la solution et les réponses à nos questions. Qu il s agisse d analyse des pratiques centrées sur le sujet (Fabienne, Didier, Aurore, Lahsen) ou de travaux de groupes centrés sur l activité (construction de pyramides, le jeu du silence, ), le retour sur les effets de ces différentes pratiques couplées entre la perception et l action : vécu des méthodes de travail participatives et collaboratives, l échange sur le ressenti et la perception de chacun dans ce type de situation, m ont permis de prendre conscience de l importance de l interaction entre nous, de l intérêt de la communication et de l échange avec nos pairs sur les pratiques de notre métier. Bref, cette dimension collective donne du sens à la démarche à la fois pour le groupe et l individu, chacun adoptant la posture d animateur et de personne ressource ou groupe ressource. 2
M étant inscrite cette année à un atelier de chant après avoir goûté au cours particulier il y a trois ans, puis à la chorale et enfin aux cours en duo avec une amie, j ai pu rapidement faire le parallèle sur la démarche commune de ces deux pratiques, l une tournée vers la sphère artistique et l autre la sphère professionnelle : il s agit bien dans les deux cas, d échanger entre des personnes qui partagent la même activité, sur les façons de pratiquer et les difficultés que chacun peut rencontrer, le but étant d améliorer ses compétences dans ces contextes précis en débloquant des situations relationnelles, organisationnelles, etc. Enfin, j ai pu apprécier l état d esprit bienveillant et le rôle de l intervenant superviseur dans ce type de démarche. En effet, votre posture, dans la conduite des exercices et des échanges que nous avons pu avoir pour trouver des solutions et faire évoluer les situations problématiques, s est faite par un réel accompagnement du groupe, ou de ses membres. Accompagnement dans l identification du problème de la situation et de ses composants, jusque dans la recherche dynamique de stratégies et de comportements plus appropriés pour des propositions concrètes, en prenant toujours soin de reprendre et synthétiser chaque étape et chaque idée émergeant du dispositif et des participants eux-mêmes. Bien évidemment, cette conduite a été fondamentale dans la réussite des différents exercices d analyse des pratiques qui nous ont été proposés. II. Ce que je retiens de l analyse des pratiques A mon sens, l intérêt de ce type de formation ou d expérience dans un cadre professionnel est fondamental car lorsqu il est bien mené, c est-à-dire sans jugement extérieur (comme ce fut le cas tout au long des séances) il est véritablement constructif et nous place dans une situation apprenante ou professionnalisante. En effet, j ai pu constater que l analyse des pratiques permet à l individu dans un premier temps, d apprendre sur lui-même et sur les autres et dans un deuxième temps de progresser et d améliorer ses pratiques professionnelles grâce à la prise de conscience de certains éléments mis en relief par la mise à distance de la situation qui a été vécue. Qu il s agisse, d entretien d explicitation, d échanges de pratiques, d entretien d autoconfrontation croisée, quel que soit le type d exercice que l on ait pu pratiquer, le travail de réflexivité à partir de la confrontation de savoirs avec ses pairs est riche d enseignements. J ai pu comprendre que la théorisation de ces enseignements et de ces nouveaux savoirs permettent par une logique de reconnaissance de ses pairs, d aborder les nouvelles situations professionnelles avec de nouvelles compétences. 3
Ainsi, il m est apparu clairement que cette démarche permet de construire de nouveaux savoirs et de nouvelles compétences sur la base de nos expériences personnelles et des échanges avec nos pairs. Il s agit en fait d une sorte de cercle vertueux qui peut nous apporter une solution aux situations professionnelles difficiles auxquelles nous pouvons être confrontés ou que nous vivons de façon douloureuse au plan psychique. La verbalisation mais aussi l interaction au sein du groupe vont redonner du sens à ce que l on vit professionnellement. III. Ma représentation de l analyse des pratiques à travers la mise en place d une séquence pédagogique. Dans le cadre de la séance d analyse des pratiques qui nous a été demandée de mettre en œuvre, Aurore et moi-même avions choisi dans un premier temps de travailler sur le thème du silence. En effet, nous avions été inspirées par le jeu du silence au cours duquel nous avions pris conscience combien, dans une situation de travail en groupe (de fait souvent complexe), le silence pouvait vite devenir un élément stressant qui fait que la parole intervient naturellement pour comprendre les différentes conceptions, représentations et perceptions propres à chaque individu du groupe. Nous avons finalement abandonné cette idée après avoir appris qu un autre groupe travaillait déjà sur ce thème. Nous avons donc choisi d animer une séquence toujours sur la communication mais cette fois en lien avec notre rapport au monde et plus précisément notre rapport aux autres dans une situation professionnelle, à savoir la prise de parole en public et les difficultés qui en découlent parfois pour captiver notre auditoire, le convaincre et faire passer nos messages. Aussi, après avoir situé l objet de notre analyse dans un contexte professionnel proche des préoccupations de chacun d entre nous (manageur de formateurs, formateur, consultant indépendant ou collaborateur d un organisme de formation, devant prendre la parole pour animer une réunion, une séquence pédagogique ou présenter une proposition de formation à des commanditaires), nous avons demandé aux participants leur retour sur ce genre d expériences professionnelles, pour ceux qui l avaient déjà vécu. A l issue de ce retour d expériences, nous avons donné quelques informations théoriques sur les outils physiques dont nous disposons tous pour pallier aux difficultés éventuelles de ces situations professionnelles ; puis pour donner du sens à ces solutions abstraites et favoriser le transfert dans leur situation de travail, nous leur avons proposé d expérimenter une mise en 4
situation par groupe de quatre à partir du jeu appelé «la gamme des sentiments» utilisé par Guyette Lyr 1 dans certains de ses atelier de communication. Notre objectif était, à travers cet exercice, d analyser ensemble la difficulté de convaincre un auditoire et de faire prendre conscience aux membres de chaque groupe du moyen d améliorer nos compétences sur ce type de situation en mettant du sentiment dans nos intonations par le placement de la voie et de sa tonalité afin de rendre notre discours plus convaincant et accrocher ainsi l attention de notre auditoire. «Vouloir communiquer c est vouloir convaincre» et «il n y a pas d expression sans sentiment». Ces situations professionnelles auxquelles nous sommes parfois confrontées et qui nous sont parfois difficiles à vivre peuvent être surmontés en utilisant certains outils que nous avons souhaité faire découvrir par la participation à cet exercice. Construit autour d un travail réflexif individuel et collectif, notre posture de facilitateur avait pour but de conduire les participants à faire un travail sur soi (apprendre à faire surgir en soi tel ou tel sentiment et apprendre à graduer son intensité, par un rythme, une projection, une intonation de plus en plus poussée) mais également un travail collectif en s exerçant à écouter l autre (le public) pour s adapter à lui et mieux communiquer (dans une intervention orale, l écoute de l orateur va se traduire notamment par son regard qui va scruter les dispositions de son auditoire et ses réactions pour ajuster l intensité des messages qu il veut exprimer). Ces interactions au sein d un collectif autour des quatre états fondamentaux que sont la colère, la tristesse, la joie et l amour (que nous avons substitué à la peur pour équilibrer les situations positives et les situations négatives ), tous générateurs de fortes émotions, nous ont permis d illustrer de manière marquante, d une part, les possibilités naturelles dont nous disposons pour mettre en relief, de manière plus efficace, nos discours et les idées que l on veut véhiculer dans ce contexte professionnel, et d autre part, la difficulté à les utiliser pleinement dans notre communication avec autrui. Les retours de la part des observateurs de chaque groupe, puis des participants et enfin de nous-mêmes, en tant qu animatrices de cette séance d analyse des pratiques, ont permis d atteindre notre objectif global basé sur l expression et la verbalisation d un problème ou d une situation, l écoute de l autre, et enfin le partage et l échange des ressentis pour une amélioration des pratiques et comportements professionnels. 1 LYR Guyette. 2003. «Oser s exprimer». Paris. Nouvelle édition 2010. Ed. Eyrolles 200P 5
Conclusion Ainsi, j ai beaucoup apprécié la liberté qui nous a été donnée pour exprimer notre représentation de l analyse des pratiques car chacun a pu puiser dans ses propres expériences ou les exercices qui ont été les plus percutants et les plus significatifs pour construire, à notre tour, une séquence pédagogique autour de cette démarche. Les diverses animations qui nous ont été proposées par chacun des groupes ont, chacune à leur manière, développé l intérêt de l analyse des pratiques dans sa dimension à la fois individuelle et collective, constructive, porteuse de sens et de sentiment d efficacité personnelle et enrichissante pour le développement de nos compétences professionnelles. Enfin, je terminerai cette synthèse sur une phrase qui illustre parfaitement à mon sens les fondements de l analyse des pratiques et que P. Carré aime à citer : «Nous apprenons toujours seul mais jamais sans les autres». 6