La contribution du courant des cycles réels à la théorie du cycle économique

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Transcription:

La contribution du courant des cycles réels à la théorie du cycle économique Guy ERTZ* 1 INTRODUCTION Les cycles économiques ont perturbé les économies de marchés depuis le début de l ère industrielle. Autant la définition même du concept de cycle économique que la théorie avancée pour en expliquer la nature et la dynamique ont généré beaucoup de polémiques. Longtemps, la plupart des économistes ont considéré le cycle comme consistant en phases qui évoluent inévitablement de l une vers l autre comme par exemple prospérité, crise, dépression et reprise. Il apparaît aujourd hui que la théorie économique a progressivement évolué dans une direction différente. Dans les années 80, l analyse du cycle a connu un renouveau. Ces travaux appréhendent le cycle économique comme «un phénomène agrégé se traduisant par des variations récurrentes et persistantes de l activité économique dans son ensemble». Il ne s agit pas de prétendre qu il existe une périodicité et une amplitude données des phases d expansion et de récession, mais simplement certaines régularités dans les variations de l activité économique. Le caractère essentiel du cycle, qui lui confère une dimension différente d une simple variation autour d une évolution moyenne, réside dans le phénomène de co-variations entre les principales séries macroéconomiques. Le courant des cycles réels s inscrit dans la ligne directe de cette nouvelle définition du cycle. Il s agit de construire une représentation simple et simulable d un système économique afin de rendre systématique la validation d un modèle théorique d un point de vue quantitatif, c est-à-dire de permettre l évaluation de sa capacité à reproduire les caractéristiques cycliques jugées pertinentes. L apport du courant des cycles réels est avant tout méthodologique au sens où il a développé un nouveau mode de dérivation des implications d une hypothèse et de leur confrontation aux données. De plus, la tentative d explication des fluctuations économiques dans un cadre «idéal» sans introduire d imperfections a priori permet * Guy ERTZ travaille au département d Asset management de la Banque Générale du Luxembourg (Fortis Group) ; il est chargé de cours invité à l Université catholique de Louvain. Reflets et Perspectives, XL, 2001/1-2 215

GUY ERTZ de fournir un cadre de référence auquel des modèles plus riches pourront être comparés. 2 VARIATIONS CYCLIQUES ET FAITS STYLISÉS En 1913, Wesley Mitchell publie un ouvrage influant qui offre une évaluation critique de la recherche dans ce domaine. L approche utilisée est avant tout descriptive et consiste en une décomposition d un nombre important de séries économiques en séquences de cycles et de la subdivision de ces cycles en quatre phases. Ce travail a été poursuivit dans Burns and Mitchell (1946) et la discussion fait apparaître leur vision du cycle comme consistant en quatre phases qui évoluent inévitablement de l une vers l autre : prospérité, crise, dépression et reprise. Une vision similaire et probablement plus connue est le cycle Kondratief tel que détaillé dans Schumpeter (1939). Il apparaît aujourd hui que la théorie économique a progressivement évolué dans une direction différente. Les théories avec «règles d évolution» déterministes avaient un grand potentiel de répliquer les cycles économiques mais elles ont connu un échec. Elles ont échoué parce que des règles d évolutions ne ressortent pas de comportement d équilibre dans des économies avec des préférences et technologies raisonnables, c est-à-dire pour des économies avec des comportements raisonnables, en terme de substitution. Une manière différente d appréhender le concept de cycle économique a été développée par Slutzky (1937). L auteur montre que des cycles ressemblant aux fluctuations économiques peuvent être générés par des impulsions stochastiques, c est-à-dire par une équation en différence première avec une racine réelle positive comme: y t+1 =0.95y t +e t+1 Si par exemple e t prend la valeur 0.5 ou 0.5 d après le résultat de jet de pièce de monnaie, Slutzky montre comment générer une trajectoire aléatoire pour y t. Graphique 1 : Trajectoire aléatoire pour y t 216

LA CONTRIBUTION DU COURANT DES CYCLES RÉELS À LA THÉORIE DU CYCLE ÉCONOMIQUE Comme le suggère le graphique, cette série temporelle exhibe un profil que Mitchell (1946) aurait caractérisé comme celui de cycles économiques. La série temporelle génère des cycles dont le moteur semble être une suite d expansions économiques qui contiennent déjà les éléments d une récession inévitable. Or par construction, ici aucune baisse ne contient d élément de nécessaire reprise et vice versa. Ce raisonnement est inspiré de celui de Frish (1933) et est basé sur l idée d impulsion-propagation. Le renouveau de l analyse du cycle s est accompli par le développement, d une part, des modèles vectoriels autoregressifs (VAR) introduit par Sims (1980) et, d autre part, des modèles d équilibre général intertemporels simulables préconisés par Lucas (1977) 1 et développés ensuite par le courant des cycles réels (cf. infra). Ces travaux ont une définition commune du phénomène cyclique. Le cycle économique est appréhendé comme un phénomène agrégé se traduisant par des variations récurrentes et persistantes de l activité économique dans son ensemble. Il s agit d une définition du cycle économique qui ne renvoie pas au sens mathématique du terme qui résulterait, par exemple, d un modèle oscillateur dont les racines de l équation caractéristique seraient des nombres complexes. Il ne s agit pas de prétendre qu il existe une périodicité et une amplitude données des phases d expansion et de récession mais simplement certaines régularités dans les variations de l activité économique. C est ainsi que l hypothèse selon laquelle la probabilité de retournement de la conjoncture dépend du temps écoulé depuis le dernier point de retournement, qui constitue une dimension essentielle du cycle économique au sens strict du terme, est généralement rejetée. La notion de cycle implique, en effet, l existence de régularités: le caractère essentiel du cycle, qui lui confère une dimension différente d une simple variation autour d une évolution moyenne, réside dans le phénomène de co-variations entre les principales séries macroéconomiques. Il s agit donc d un phénomène macroéconomique et caractérisant l évolution globale du système économique. De façon cohérente avec cette définition, les fluctuations économiques sont analysées dans le cadre impulsion-propagation. C est dans cet esprit que Lucas définit le cycle comme les déviations du PNB par rapport à sa tendance. La contribution de Lucas est cependant incomplète car il ne définit pas la nature de la tendance. La décomposition trend-cycle est généralement obtenue par application du filtre Hodrick-Prescott (1980). Le mérite essentiel de ce filtre est d avoir permis une grille de lecture commune en normalisant la procédure de stationnarisation. Le filtre de Hodrick-Prescott permet d éliminer des séries les mouvements de basses fréquences (y compris ceux inclus dans la composante stationnaire). Le programme effectivement résolu pour extraire la composante tendancielle d une série x est alors : min { xt HP } T t= 1 T t = 1 ( ) T 1 t B t HP t HP + t HP t HP t HP 2 2 2 + λ 1 1 t = 2 ( x x ) ( x x ) x x 1 Robert Lucas a été lauréat du prix Nobel en économie en 1996. Pour plus de détails, voir Chari (1998). 217

GUY ERTZ La série brute est dénotée x t B, la composante tendancielle x t HP et la composante cyclique x t c est donnée par la différence : x t c = x t B x t HP Si λ tend vers l infini, cela implique un trend linéaire. Une valeur zéro implique que le trend correspond à la série brute. Le programme de minimisation ci-dessus revient à calculer l espérance conditionnelle de x HP t connaissant x B t, lorsque λ est égal au rapport des variances de x HP t et de x c t. Si l on accepte des variations cycliques jusqu à 5% de la valeur de la série brute par trimestre et des changements dans le taux de croissance jusqu à 1/8% par trimestre, on obtient λ égal à 1600. Kydland and Prescott (1990) utilisent cette technique pour étudier les propriétés statistiques de la composante cyclique au sens où elle est définie par Hodrick and Prescott (1980). Notons que le débat sur l enjeu de la procédure de filtrage a été relancé récemment et d autres techniques ont été avancées comme le «Band Pass Filter» de Baxter and King (1995). Les propriétés étudiées concernent (i) l amplitude de fluctuations (écart-type), (ii) le degré de co-mouvement avec le PNB réel qui sert de mesure de pro- ou contre cyclicité (signe et ampleur de corrélation) et (iii) le décalage de phase par rapport au cycle économique (PNB). Le tableau 1 donne un aperçu des résultats pour les principales variables (composantes cycliques) pour les États-Unis. Tableau 1 : Propriétés cycliques des variables économiques américaines Corrélations croisées avec le produit Écart-type X t-3 X t-2 X t-1 X t X t+1 X t+2 X t+3 PNB 1.71 0.38 0.63 0.85 1.0 0.85 0.63 0.38 Consommation 1.25 0.56 0.71 0.81 0.82 0.66 0.45 0.21 Investissement 5.38 0.44 0.64 0.83 0.90 0.81 0.60 0.35 Dépenses publiques 2.07-0.03-0.01-0.01 0.05 0.09 0.12 0.17 Prix 1.41-0.68-0.69-0.64-0.55-0.43-0.31-0.17 Inflation 0.51-0.19-0.06 0.14 0.37 0.47 0.47 0.54 Base monétaire 0.88 0.0 0.22 0.40 0.59 0.50 0.37 0.22 M1 1.68 0.23 0.33 0.35 0.31 0.22 0.15 0.09 Sources : Citibase et Kydland and Prescott (1990) Cet exercice a été répliqué à de très nombreuses reprises pour différents pays et pour différentes périodes (Cooley (1995)). Le fait stylisé le plus marquant et surtout le plus commun à tous les pays industrialisés est la hiérarchie des volatilités de l investissement, du produit (PNB) et de la consommation. On note également qu à l exception des prix toutes les variables sont pro-cycliques et que les agrégats monétaires ont un léger décalage de phase au sens où ils sont plus fortement corrélés avec le PNB de périodes futures. Le fait que le niveau de prix 218

LA CONTRIBUTION DU COURANT DES CYCLES RÉELS À LA THÉORIE DU CYCLE ÉCONOMIQUE soit corrélé négativement avec le produit a suscité de nombreux débats et a été interprété comme indication de la dominance de chocs d ofre pour la période considérée 2. Notons que ces faits stylisés et surtout les questions qu ils suggèrent ont alimenté la recherche dans ce domaine au cours des dernières années (cf. infra). 3 LA THÉORIE DES CYCLES RÉELS Entre Keynes et le milieu des années 70, beaucoup d économistes ont utilisé la «synthèse néoclassique» comme cadre d analyse. Malgré que ce cadre permettait de répliquer la plupart des faits stylisés, le mécanisme sous-jacent était en contradiction avec la théorie néoclassique. Outre le manque de fondements micro-économiques, ces modèles ne permettaient pas la prise en compte de l aspect intertemporel de la contrainte budgétaire et n offraient pas d explication claire quant à l effet de la politique monétaire sur les décisions de production. «La crise des années 70 n était pas due à une contradiction avec les faits observés, mais à l argument que l explication des faits était en opposition avec la théorie. C est dans ce sens que l effort de reconstruction a été avant tout théorique». (Blanchard (1990)). L effort de reconstruction s est orienté dans deux directions principales : (i) la réconciliation des faits stylisés avec un modèle de type néoclassique (concurrence parfaite sur tous les marchés) et (ii) le développement de fondements micro-économiques sous-jacents au mécanisme salaires-prix (approche concurrence imparfaite). Cette nouvelle stratégie permet à ces deux approches, qui diffèrent de par leur philosophie, de partager une perception méthodologique commune, c est-à-dire l hypothèse d attentes rationnelles. Durant les années quatre-vingts, la macroéconomie a été marquée par le développement de la théorie du cycle réel (Real Business Cycles ou RBC). Ce courant a renouvelé la théorie du cycle en réalisant le projet esquissé par Lucas (1977). Il s agit de construire une représentation simple et simulable d un système économique afin de rendre systématique la validation d un modèle théorique d un point de vue quantitatif, c est-à-dire de permettre l évaluation de sa capacité à reproduire les caractéristiques cycliques jugées pertinentes. La performance d un modèle sera dès lors évaluée par rapport à sa capacité à reproduire un maximum de faits. Le projet essentiel est d expliquer le pourquoi et le comment de l occurrence de ces caractéristiques. Il s agit de construire des représentations «complètement explicitées» afin d évaluer les effets d une variante de politique économique. Ces modèles doivent alors servir de laboratoires où l on expérimente différentes mesures et non incorporer des règles de décision déterminées sur une information passée : seuls les paramètres relatifs aux préférences et à la technologie 3 peuvent être qualifiés de structurels. L objectif est de faire reposer l analyse positive et normative des fluctuations économiques sur des fondements microéconomiques. Les 2 Pour plus de détails, voir Cooley (1995) chap 7. 3 La fonction d utilité, et en particulier ces paramètr es, sont le reflet de ces préférences tandis que la technologie est définie par la fonction de production tels qu explicité ci-dessous. 4 Pour plus de détails, voir Chari (1998). 219

GUY ERTZ modèles keynésiens sont jugés impropres parce que ne répondant pas à ces critères. Cette critique émise par Lucas (1976) a discrédité l utilité des modèles macroéconométriques utilisés depuis les années 1960 pour évaluer les effets de politiques économiques 4. Les modèles pionniers du courant des cycles réels sont ceux de Kydland and Prescott (1982) et Long and Plosser (1983). On définira ce courant comme l ensemble des modèles cherchant à établir que les réponses optimales des agents économiques à des chocs de nature réelle peuvent produire des caractéristiques cycliques proches de celles observées, la prise en compte de chocs monétaires n étant pas jugée nécessaire. Plus précisément, le cycle économique résulterait des réponses optimales des agents économiques à des chocs qui modifient l efficacité de la combinaison productive, interprétés essentiellement comme technologiques. Certains modèles peuvent rendre compte de près de 70% des fluctuations cycliques de la production américaine d après guerre. Beaucoup d économistes ont vu dans ces travaux exclusivement l aspect provocateur quant à l inefficacité de la politique économique. En efet, l interprétation extrême de ce courant est que celui-ci n accorde aucune importance aux politiques de stabilisation existantes. Elle va même jusqu à impliquer l idée que certaines mesures mises en œuvre pour atténuer la sévérité de ces cycles sont susceptibles de s avérer plus coûteuses que bénéfiques. La contribution fondamentale du courant des cycles réels est d avoir ancré l analyse des fluctuations économiques dans le cadre de modèles d équilibre général intertemporels, non seulement répondant ainsi aux exigences formulées par Lucas mais aussi en développant «un nouveau mode de dérivation des implications d une hypothèse et de leur confrontation aux données». Au-delà de l analyse qui est faite du phénomène de cycle, s instaure une approche différente de la macroéconomie qui peut s avérer fructueuse une fois qu elle s émancipe du cadre walrasien de concurrence parfaite. Ainsi, cette approche peut croiser le projet de la «nouvelle macroéconomie keynésienne» qui s assigne comme objectif la construction de modèles avec des fondements micoéconomiques, mais présentant une série de caractéristiques keynésiennes, comme l existence de pouvoir de marché, de défauts de coordination et l importance des chocs nominaux et des rigidités. L objectif de cet article n est pas d ofrir une revue de littérature dans ce domaine mais notons que de nombreux auteurs ont progressivement construit des modèles basés sur la méthodologie RBC tout en incorporant des caractéristiques nouvelles pour étudier, entre autre le mécanisme de transmission de la monnaie et ont même utilisé ces structures pour évaluer l optimalité d un régime de politique monétaire par rapport à un autre 5. Pour une revue de cette littérature, voir en particulier Cooley (1995) et plus récemment Prescott (1998). Le projet des modèles de cycles réels est de rendre compte de la dynamique d un système économique à l intérieur du modèle de croissance néoclassique. Cet objectif passe par la mise en œuvre de méthodes de résolution et de validation 5 Par exemple, Collard, Dellas and Ertz (2000). 220

LA CONTRIBUTION DU COURANT DES CYCLES RÉELS À LA THÉORIE DU CYCLE ÉCONOMIQUE particulières. Dans la première partie de cette section, nous analyserons le lien entre le modèle néoclassique sous sa forme la plus simple et le modèle canonique de cycle réel. Ensuite, nous présenterons la méthode d évaluation invoquée par le courant RBC. Exposé du modèle Le modèle de croissance néoclassique a été développé dans les travaux de Solow (1956) et Swan (1956). Les hypothèses sous-jacentes sont: i. chaque travailleur offre une unité de travail ii. la population est constante iii. le progrès technique incorporé au facteur travail est le moteur de la croissance et augmente l efficacité de ce facteur iv. la fraction du produit (PNB) investi en toute période est constante (dénoté s) Dans sa version la plus simple, le modèle peut se résumer à quelques équations : Fonction de production néoclassique : Y t = K α (X H t Ht t )(1-α) K t+1 = (1 - δ) K t + I t Equation du modèle de croissance néoclassique K t+1 = (1-δ) K t + sy t (hypothèse iv) K t+1 = (1-δ) K t + sa t K α t (X Ht H t )(1-α) Y dénote le produit (PNB), K le stock de capital, H les heures travaillées et I l investissement. X H,t dénote le progrès augmentant le travail et est le moteur de croissance dans le cadre de modèle simple. À population constante, c est l eficacité du travail qui croit et engendre la croissance du produit. Le taux de dépréciation du capital est représenté par δ. Le modèle de croissance néoclassique a été développé dans une optique d analyse de croissance de moyen terme. Le modèle RBC peut être considéré comme une extension en trois étapes du modèle de croissance néoclassique pour l analyse des fluctuations conjoncturelles. Chaque extension est directement liée à une faiblesse empirique (faits observés contradictoires par rapport à une hypothèse du modèle de croissance néoclassique dans une optique d analyse de fluctuations de court terme). (i) l hypothèse de taux d épargne constants Alors que sur des séries temporelles longues, il s avère que le taux d épargne varie peu, sur un horizon d analyse de variations cycliques, ceci n est plus du tout vrai. La première extension a donc été l introduction d un mécanisme de substitution inter-temporelle comme proposé initialement par Cass (1965) ou Koopmans (1965). En pratique, on modélise dès lors le comportement d optimisation intertemporelle d un ménage représentatif qui a le seul choix entre consommation présente et consommation future (investissement). 221

GUY ERTZ (ii) L hypothèse d offre de travail constant À nouveau cette hypothèse simplificatrice peut être défendue dans un contexte d analyse de long terme mais à court terme les résultats empiriques suggèrent que ceci n est pas le cas. En efet, ces études suggèrent que près de 2/3 des fluctuations dans le produit (PNB) sont attribuables aux variations dans le facteur travail. (iii) L absence de facteurs de changements à l horizon de court terme Dans une optique de fonction de production néoclassique (cf. infra), si 2/3 des fluctuations de la production agrégée sont attribuables à des variations du facteur travail, le 1/3 restant est attribuable à des variations du stock de capital ou à des variations de la productivité globale des facteurs. Étant donné que le stock de capital ne varie pas substantiellement à court terme, il est nécessaire d introduire un mécanisme additionnel. L hypothèse retenue dans le cadre des modèles RBC est celle de chocs de la productivité totale à court terme 6. L introduction de chocs de productivité stochastiques remonte à Brock et Mirman (1972) mais leur optique est différente. Le modèle canonique de cycles réels a été développé dans les travaux de Kydland and Prescott (1982) et Long and Plosser (1983). Le programme du ménage est : max E u C, l c, 1 1t O t = 0 t β ( t t) sous la contrainte budgétaire : C t + K t+t r t K t + W t H t + (1 - δ) K t Les préférences du ménage représentatif sont décrites par la fonction d utilité u(c,l) 7. A chaque période, le ménage est confronté à deux types de contraintes: la première concerne l allocation du temps total dont il dispose (normalisé à 1), entre loisir (l) et travail (H) et la seconde traduit le partage entre l investissement et la consommation. l t + H t 1 C t + I t Y t β représente le taux d escompte psychologique, E 0 l espérance mathématique conditionnelle à l information disponible à la période 0. Par souci de clarté, on fait l hypothèse que le ménage accumule le facteur capital et le loue à la firme à un taux r t. Le ménage offre son travail (H) contre une rémunération W. t t 6 D autres mécanismes alternatifs ou additionnels sont envisageables et ont même été développés et testés dans le cadre du modèle RBC comme par exemple le mécanisme de variations de stocks. 7 Nous ne discutons pas ici l enjeu de la forme fonctionnelle r etenue (voir Cooley (1995) pour plus de détails). 222

LA CONTRIBUTION DU COURANT DES CYCLES RÉELS À LA THÉORIE DU CYCLE ÉCONOMIQUE Le programme de la firme représentative est : max Y rk WH K, H t t t t t t t sous la contrainte K t+1 = (1 - δ) K t + I t Avec α ( 1 α) Yt = AtKt Ht et I t représente l investissement. Le choc aléatoire de productivité globale des facteurs, A t (exprimé en logarithme), est supposé suivre un processus autorégressif d ordre un stationnaire : log(a t ) = ρ A log (A t-1 ) + (1 - ρ A ) log (A) + ε A,t où log(a) est la moyenne du processus ρ A < 1, et ε A,t son innovation de varianceσ 2 A. La dimension stochastique du modèle étant stationnaire, le comportement de long terme est donné par sa composante déterministe. La résolution du système d équation composé des conditions d optimalité, des contraintes d optimisation ainsi que des conditions d équilibre agrégé permet de déterminer les trajectoires suivies par les variables endogènes du modèle pour les processus déterministes et stochastiques exogènes (X H, A). Une telle résolution n est pas possible, sauf si l on retient le cas irréaliste d une dépréciation totale du capital 8. Plusieurs méthodes de résolution approchées sont envisagées dans la littérature avec l objectif de déterminer le comportement cyclique du modèle, c està-dire son évolution autour de l équilibre de long terme, lorsqu il est soumis à des chocs aléatoires. L équilibre de long terme est l état stationnaire, c est-à-dire l état pour lequel toutes les variables croissent au même taux 9. Méthode de validation Une première méthode de validation dite «quantitative» repose sur une comparaison des principaux moments (variances, corrélations croisées, autocorrélations) des composantes cycliques des variables macroéconomiques observées avec ceux obtenus par simulations du modèle. La deuxième méthode d évaluation est «qualitative» et repose quant à elle sur une comparaison de la dynamique des variables suite à un choc exogène de productivité (déviation par rapport à l état stationnaire). Cette dynamique est analysée sur la base d une fonction de réponse générée par le modèle et comparée ensuite avec celle obtenue par la méthodologie vectorielle autorégressive (VAR) sur la base des données observées. Cette méthode ne sera pas discutée de manière explicite dans le cadre de ce travail mais elle sera particulièrement discriminante lors de l analyse des efets d un choc monétaire 10. 8 Long and Plosser (1983). 9 Pour plus de détails sur la problématique d existence d équilibr e stationnaire ainsi que la méthode de résolution, voir Hairault (1995). 10 Voir, par exemple, Collard and Ertz (2000). 223

GUY ERTZ L obtention des propriétés cycliques du modèle suppose un étalonnage préalable. Dans les règles de décisions optimales qui ressortent de la résolution du modèle, interviennent des paramètres auxquels il faut donner une valeur numérique. Les propriétés cycliques du modèle, quel que soit leur mode d obtention, leur sont donc conditionnelles. Il s agit donc de fixer de la façon la moins arbitraire possible ces valeurs : l étalonnage doit s effectuer sur la base d informations indépendantes des caractéristiques cycliques à reproduire, des valeurs soit estimées, soit calculées, à partir de grandeurs observées. En d autre terme, il s agit de paramètres de comportement estimés sur des données individuelles et des ratios liés à la croissance régulière. Par exemple, le coefficient α découle du calcul de la part des salaires dans la valeur ajoutée 11. Tableau 2 : étalonnage relatif à l économie américaine (1960-1990) H α γ ρ A σ A 0.2 0.42 1.004 0.95 0.9 La spécification du processus des chocs affectant le système économique doit reposer sur une estimation préalable et non être déterminée en fonction d un fait stylisé à reproduire. Il est clair cependant dans le cas des chocs technologiques qu il est difficile d estimer le processus d un choc inobservable. La mesure du choc technologique devient alors le problème crucial de l étalonnage du modèle. Dans le cas des modèles de cycles réels, donc dans un cadre de concurrence pure et parfaite et avec des rendements d échelle constants, il est naturel de mesurer le choc technologique sur la base des propriétés statistiques du résidu de Solow. En effet, Solow (1957) propose de mesurer le taux de croissance imputable au progrès technique exogène (qualifié de résidu de Solow) comme le taux de croissance du produit qui n est pas imputable au taux de croissance des facteurs de production (capital et travail) 12. Simulation stochastique On peut simuler le modèle en tirant de façon aléatoire les innovations affectant le système (choc technologique dans ce modèle simple) afin de déterminer des vecteurs de séries macroéconomiques brutes, séries qui seront ensuite traitées avec le filtre Hodrick-Prescott pour calculer les caractéristiques empiriques du cycle ainsi obtenues (moments théoriques). Les caractéristiques du cycle théorique filtré (variances, covariances, autocorrélations) sont données comme moyennes empiriques sur l ensemble des n simulations. Il est alors possible de calculer les écartstypes empiriques de ces moments diférents. 11 La référence en cette matière est Cooley (1995), chapitre 2. 12 Pour plus de détails, voir aussi Hairault (1995). 224

LA CONTRIBUTION DU COURANT DES CYCLES RÉELS À LA THÉORIE DU CYCLE ÉCONOMIQUE Tableau 3 : Propriétés cycliques de l économie américaine. Y C I H Ecart-type 1.71 1.25 5.38 1.47 Ecart-type relatif 1 1.72 4.81 0.8 Corrélation avec y 1 0.82 0.90 0.86 autocorrélation 0.85 0.72 0.81 0.84 Le modèle permet de reproduire la variabilité relative de la consommation, du produit et de l investissement. En efet, les variances de ces variables sont correctement ordonnées. Un mécanisme de substitution intertemporelle serait donc à la base du lissage de la consommation. Le fait que la variance de ces trois variables soit correctement ordonnée est un point commun des modèles de cycles réels. De plus, le signe des corrélations croisées avec le produit est conforme aux observations. Le modèle permet ainsi de générer des co-variations positives entre les principales séries macroéconomiques réelles. Ces co-variations résulteraient donc de la réponse commune à un choc de productivité globale des facteurs. Tableau 4 : Propriétés cycliques du modèle. Y C I H Ecart-type 1.42 0.28 3.71 0.43 Ecart-type relatif 1 0.33 2.60 0.3 Corrélation avec y 1 0.95 0.99 0.98 autocorrélation 0.68 0.72 0.67 0.67 Il est clair que les différentes extensions de ce modèle canonique des cycles réels ont progressivement fait référence à des faits stylisés plus larges (par exemple monétaires ou du marché du travail) et aussi des pays autres que les États- Unis 13. En outre, les auteurs se sont également intéressés à des problématiques plus larges comme la comparaison de la volatilité du produit sous différents régimes de politique monétaire. 4 CONCLUSION L objectif de cet article était de présenter le courant des cycles réels en le replaçant dans une perspective historique en terme de définition du cycle et en terme de théorie du cycle. Le renouveau de l analyse du cycle s est accompli par le développement, d une part, des modèles vectoriels autoregressifs (VAR) introduit par Sims (1980) et, d autre part, des modèles d équilibre général intertemporels simulables préconisés par Lucas (1977) et développés ensuite par le courant des 13 Récemment des modèles à deux pays, basés sur le courant des cycles réels, analysant les faits stylisés internationaux y compris la corrélation croisée entre produits (voir Cooley 1995). 225

GUY ERTZ cycles réels. Ces travaux ont une définition commune du phénomène cyclique. Le cycle économique est appréhendé comme un phénomène agrégé se traduisant par des variations récurrentes et persistantes de l activité économique dans son ensemble. Il ne s agit pas de prétendre qu il existe une périodicité et une amplitude données des phases d expansion et de récession, mais simplement certaines régularités dans les variations de l activité économique. De façon cohérente avec cette définition, les fluctuations économiques sont analysées dans le cadre impulsion-propagation. Le cycle économique résulterait donc de la propagation dans le système économique de chocs exogènes, la source d impulsion. Le projet essentiel est d expliquer le pourquoi et le comment de l occurrence de ces caractéristiques. Il s agit de construire des représentations «complètement explicitées» afin d évaluer les effets d une variante de politique économique. Ces modèles doivent alors servir de laboratoires où l on expérimente différentes mesures et non incorporer des règles de décision déterminées sur une information passée : seuls les paramètres relatifs aux préférences et à la technologie peuvent être qualifiés de structurels. Il est apparu important de distinguer, d une part, l apport méthodologique qui participe au renouveau de l analyse cyclique et, d autre part, le message caricatural qu il donne des fluctuations économiques. Les limites inhérentes au cadre théorique considéré sont apparues de manière évidente au regard des caractéristiques des fluctuations observées. L apport du courant des cycles réels est avant tout méthodologique au sens où il a développé un nouveau mode de dérivation des implications d une hypothèse et de leur confrontation aux données. De plus, la tentative d explication des fluctuations économiques dans un cadre «idéal» sans introduire d imperfections a priori a permis de fournir un cadre de référence auquel des modèles plus riches pourront être comparés. BIBLIOGRAPHIE BAXTER and KING (1995), «Measuring Business Cycles Approximate Band-Pass Filters for Economic Time Series», Working Paper 5022, National Bureau of Economic Research. BROCK, W. and L. MIRMAN (1972), «Optimal Economic Growth and Uncertainty: the Disconted Case», Journal of Economic Theory, 4(3) : 479-513. BURNS, A. and MITCHELL, W. (1946), Measuring Business Cycless, New York, National Bureau of Economic Research. BLANCHARD, O. (1990), «Why does Money affect Output : A Survey?» Handbook of Monetary Economics, North-Holland, chapitre 15. CASS, D. (1965), «Optimum Growth in a Aggregative Model of Capital Accumulation», Review of Economic Studies, 32(3) : 233-40. CHARI, V. V. (1998), «Nobel Laureate Robert E. Lucas, Jr. : Architec of Modern Macroeconomics», Journal of Economic Perspectives. COLLARD F. and G. ERTZ (2000), «Stochastic Nominal Wage Contracts in a Cash-in- Advance Model», Recherche Economique de Louvain, n 0 3, vol. 66. 226

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