Traitements des vascularites cryoglobulinémiques non virales

Documents pareils
INDUCTION DES LYMPHOCYTES T- RÉGULATEURS PAR IL2 A TRÈS FAIBLE DOSE DANS LES PATHOLOGIES AUTO- IMMUNES ET INFLAMMATOIRES APPROCHE TRANSNOSOGRAPHIQUE

LISTE DES ACTES ET PRESTATIONS - AFFECTION DE LONGUE DURÉE HÉPATITE CHRONIQUE B

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

VASCULARITES NÉCROSANTES SYSTÉMIQUES

Guide du parcours de soins Titre ACTES ET PRESTATIONS AFFECTION DE LONGUE DURÉE. Hépatite chronique B

Devenir des soignants non-répondeurs à la vaccination anti-vhb. Dominique Abiteboul - GERES Jean-François Gehanno Michel Branger

La maladie de Still de l adulte

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

S. Kernéis, T. Ancelle, V. Naneix-Laroche, N. Amrane, JP. Leroy, T. Hanslik, O. Launay

Innovations thérapeutiques en transplantation

LE RITUXIMAB DANS LES MALADIES AUTO-IMMUNES : UN NOUVEL ESPOIR?

Traitements de l hépatite B

Diagnostic et suivi virologique des hépatites virales B et C. Marie-Laure Chaix Virologie Necker

Maladie de Behçet Les Nouvelles Thérapeutiques

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 3 septembre 2008

Anémies hémolytiques auto-immunes

CE QU IL FAUT SAVOIR PARTICIPATION À UN ESSAI CLINIQUE SUR UN MÉDICAMENT

La périartérite noueuse Maladie de Küssmaul-Maier

GROSSESSE et lupus/sapl

Unité d enseignement 4 : Perception/système nerveux/revêtement cutané

Traitement des hépatites h chroniques virales B et C

Le Comité Scientifique a traité les questions suivantes : «Association reconnue d utilité publique» - 1 -

ANEMIE ET THROMBOPENIE CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS D UN CANCER

Traitement de l hépatite C: données récentes

TRAITEMENT DE L HÉPATITE B

Cirrhoses et étiologie des cirrhoses (228) Professeur Jean-Pierre ZARSKI Avril 2003 (Mise à jour Mars 2005)

Item 127 : Transplantation d'organes

Y a-t-il une place pour un vaccin thérapeutique contre l hépatite B? H. Fontaine, Unité d Hépatologie Médicale, Hôpital Cochin

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

ACTUALITES THERAPEUTIQUES. Dr Sophie PITTION (CHU Nancy) Metz, le 2 Juin 2012

LES ACCIDENTS D EXPOSITION AU RISQUE VIRAL Prise en charge & Prévention

Hépatite C et autoimmunité A propos de 107 hépatites chroniques C traitées

Aspects réglementaires du don et de la transplantation des organes. Mohamed Arrayhani - Tarik Sqalli Service de Néphrologie CHU Hassan II - Fès

La maladie de Wegener La granulomatose de Wegener

Etat des lieux du prélèvement et de la greffe d organes, de tissus et de cellules MAROC

Infection à CMV et allogreffe de cellules souches hématopoïétiques : Expérience du Centre National de Greffe de Moelle Osseuse, Tunis.

L hépatite C pas compliqué! Véronique Lussier, M.D., F.R.C.P.C. Gastroentérologue Hôpital Honoré-Mercier 16 avril 2015

PLACE DES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS ORAUX CHEZ LE SUJET AGE

PRISE EN CHARGE DE L HEPATITE CHRONIQUE C EN 2009

Coombs direct positif (et tout ce qui se cache derrière) : Gestion et interprétation. Dr J.C. Osselaer, Luxembourg,

LA TUBERCULOSE Docteur ALAIN BERAUD

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

L ANGINE. A Epidémiologie :

LES CO-INFECTIONS VIH-VHC. EPIDEMIOLOGIE, INTERFERENCES. Patrice CACOUB La Pitié Salpêtrière, Paris

PLACE DU RITUXIMAB DANS LE TRAITEMENT DES VASCULARITES AANCA : ETUDE RETROSPECTIVE MULTICENTRIQUE

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Hépatite C, les nouveaux traitements

Marseille 25 octobre 2012 Accompagnement du traitement chez les co-infectés VHC-VIH en pratique

Polyarthrite rhumatoïde et biologie

Suivi ambulatoire de l adulte transplanté rénal au-delà de 3 mois après transplantation

Syndrome de Gougerot-Sjögren

PARTICIPATION À UN ESSAI CLINIQUE SUR UN MÉDICAMENT CE QU IL FAUT SAVOIR

TYNDALL. 13 rue Dubrunfaut PARIS Tél. : >SIREN N APE N Bulletin d Informations. et d échanges N 24 MARS 2009

Item 116 : Maladies autoimmunes

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Conférence de consensus Traitement de l hépatite C

Syndrome de Churg et Strauss

Conférence De néphrologie. Lille Internat DCEM3 E. Faure

M.S - Direction de la réglementation et du contentieux - BASE DE DONNEES. REFERENCE : B O N 5070 du 2 janvier 2003

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Définition de l Infectiologie

HEPATITES VIRALES CHRONIQUES ET AIGUES

Hépatite = inflammation du foie. Pr Bronowicki CHU Nancy Conférence mensuelle - section de Forbach

OUVERTURE ET MISE EN PLACE

Actualités sur le Virus de l'hépatite C

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

GUIDE AFFECTION DE LONGUE DURÉE. Hépatite chronique B

Mécanismes moléculaires à l origine des maladies autoimmunes

La maladie de Berger Néphropathie à IgA

Aspects juridiques de la transplantation hépatique. Pr. Ass. F. Ait boughima Médecin Légiste CHU Ibn Sina, Rabat

Conseils d utilisation des traitements anti-tnf et recommandations nationales de bonne pratique labellisées par la Haute Autorité de santé française,

Ordonnance collective

Diagnostic des Hépatites virales B et C. P. Trimoulet Laboratoire de Virologie, CHU de Bordeaux

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

TYNDALL PARIS Tél. : >SIREN N APE N rue Dubrunfaut d échanges. Bulletin d Informations N 37 JUIN 2012

Anticorps, vaccins, immunothérapies allergéniques tout savoir sur les progrès de l immunothérapie en 20 questions

Quantification de l AgHBs Pouquoi? Quand?

Vaccination et tuberculose en Gériatrie. Unité de Prévention et de Dépistage: Centre de vaccination et centre de lutte anti tuberculeuse CH Montauban

Alemtuzumab (Lemtrada * ) réduit significativement les rechutes dans la sclérose en plaques comparé à l interféron Bêta-1a dans une étude de Phase III

Point d Information. Le PRAC a recommandé que le RCP soit modifié afin d inclure les informations suivantes:

Le RIVAROXABAN (XARELTO ) dans l embolie pulmonaire

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

Communiqué de presse. Direction Communication Externe/Interne Sylvie Nectoux TEL : sylvie.nectoux@boehringeringelheim.

Le dropéridol n est pas un traitement à considérer pour le traitement de la migraine à l urgence

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Nouveaux anticoagulants oraux : aspects pratiques

LA GROSSESSE AU COURS DES MALADIES

F.Benabadji Alger

Otite Moyenne Aiguë. Origine bactérienne dans 70 % des cas. Première infection bactérienne tous âges confondus

Nathalie Colin de Verdière Centre de vaccinations internationales Hôpital Saint-Louis

MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTÉ PROTECTION SOCIALE SÉCURITÉ SOCIALE : ORGANISATION, FINANCEMENT. Direction de la sécurité sociale

Hépatite B. Le virus Structure et caractéristiques 07/02/2013

Droits des patients et indemnisation des accidents médicaux

Droits des patients et indemnisation des accidents médicaux

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

La transplantation rénale (TR) est la stratégie optimale de prise en charge

Les hépatites virales chroniques B et C

Infiltrats pulmonaires chez l immunodéprimé. Stanislas FAGUER DESC Réanimation médicale septembre 2009

Transcription:

Traitements des vascularites cryoglobulinémiques non virales Benjamin Terrier Centre de Référence pour les Maladies Systémiques et Autoimmunes rares Hôpital Cochin Université Paris Descartes

Cryoglobulinémies

Cryoglobulinémies Ig monoclonale IgM monoclonale + IgG polyclonales IgM et IgG polyclonales CRYO MONOCLONALE Lymphoproliférations B CRYOGLOBULINEMIES MIXTES Infections chroniques +++ (VHC, VHB, ) Lymphoproliférations B Maladies auto-immunes Essentielle

Nomenclature de Chapel Hill 2012 Jennette, Arthritis Rheum, 2013

Une vascularite systémique

Rocatello D, Nephrol Dial Transplant, 2004 La place du rituximab

Données de la littérature et du registre AIR Efficacité comparable entre patients naïfs, résistants aux CTC et résistants aux IS Réponse AIR Littérature Tous Peau 17 15 32 RC 14 (82) 10 (67) 26 (81) RP 2 (12) NR 1 (6) 5 (33) 6 (19) Arthralgies 6 5 11 RC 5 (83) 4 (80) 10 (91) RP 1 (17) NR 0 (0) 1 (20) 1 (9) Neuropathie 11 10 21 RC 4 (36) 8 (80) 18 (86) RP 6 (55) NR 1 (9) 2 (20) 3 (14) Glomérulonéphrite 5 12 17 RC 2 (40) 9 (75) 14 (82) RP 3 (60) NR 0 (0) 3 (25) 3 (18) Cryoglobuline 14 21 35 RC 8 (57) 17 (81) 31 (89) RP 6 (43) NR 0 (0) 4 (19) 4 (11)

Tolérance du RTX n (%) Effets indésirables, n (%) 11 (48) Réactions à la perfusion, n (%) 3 (13) Effets indésirables sévères, n (%) 8 (35) Infection sévère, n (%) 6 (26) Septicémie (3), érysipèle (1), colite (1), cryptococcose (1) Taux d infection sévère, /100 pa 14,1/100 Accident thromboembolique, n (%) 2 (9) Maladie sérique, n (%) 1 (4) Décès n (%) 3 (13)

Infections sévères et décès Infection sévère si : - Hospitalisation et/ou - Antibiothérapie IV Attribuable au RTX si : survenant dans les 12 mois suivant la dernière injection * Décès Infections sévères 6 Bactérienne 5 Septicémie* 3 Colite 1 Erysipèle 1 Cryptococcose* 1 Démographie Age, années 73 ± 5 Co-morbidités ATCD infection sévère 2 Atteinte rénale* 3 Cirrhose 1 Indication du RTX Réfractaire 5 1 ère intention 1

Infections sévères et décès Traitements associés Corticoïdes* 6 Dose médiane (mg/l) 50 (15-80) Mycophénolate mofétil 1 Azathioprine 1 Hypoγglobulinémie (< 7 g/l) Avant RTX 4/6 (67%) Au moment de l infection 5/6 (83%) Délai médian RTXinfection sévère: 41,5 jours Profil de patients à risque Age > 70 ans Cryoglobulinémie de type II essentielle réfractaire GFR < 60 ml/min Corticothérapie à forte dose

Enquête CryoVas Enquête nationale française rétrospective trans-disciplinaire Patients avec VasCryo non associée au VHC Diagnostic de VasCryo janvier 1995 et juillet 2010 Critères d inclusion Cryoglobuline détectable dans le sérum Vascularite systémique définie par la présence de manifestations cliniques de vascularite en association au moins à un purpura et/ou une preuve histologique Critères d exclusion Sérologie VHC positive Enquête CryoVas

Enquête CryoVas Terrier, Blood, 2012

Réponse clinique complète Terrier, Blood, 2012

Infections sévères Corticothérapie > 50 mg/j significativement associée aux infections sévères +++ Terrier, Blood, 2012

RTX au cours des VasCryo Suggèrent une supériorité de l association corticoïdes plus rituximab comparativement aux corticoïdes seuls ou à corticoïdes plus cyclophosphamide Effet d épargne cortisonique de l association corticoïdes plus rituximab Risque d infection sévère plus élevé avec l association corticoïdes plus rituximab (corticoïdes à fortes doses > 50 mg/j) Infections sévères chez les patients âgés, multi-traités, insuffisants rénaux

De nombreuses questions persistent Intérêt du RTX en 1 ère ligne ou chez les patients réfractaires ou en rechute? Intérêt du RTX uniquement chez les patients les plus sévères? Bénéfice d un traitement d entretien systématique par RTX comparativement à traitement à la rechute ou corticothérapie au long cours?

Etude multicentrique, randomisée, en double aveugle, comparant l'efficacité et la tolérance du Rituximab en association à la corticothérapie versus la corticothérapie plus placebo, dans le traitement des vascularites cryoglobulinémiques (VasCryo) non virales Essai ESBAM PHRC 2012 Benjamin Terrier, Hôpital Cochin Patrice Cacoub, Hôpital Pitié-Salpétrière

Pourquoi un essai? Aucune étude randomisée dans les VasCryo non virales Pas de comparaison possible avec le VHC Efficacité du rituximab suggérée mais warning sur le risque infectieux Enquête CryoVas : 3-4 fois plus de réponse clinique complète 9 fois plus d infections sévères Corticothérapie seule utilisée pour le traitement des vascularites nécrosantes non sévères, ou parfois sévères (purpura rhumatoïde, essai CESAR)

Essai ESBAM Objectif principal:evaluer l efficacité du traitement par prednisone plus Rituximab comparativement au traitement par prednisone plus placebo chez des patients ayant une VasCryo non virale active (naïve de traitement ou en rechute) Critère de jugement principal:proportion de patients ayant une réponse clinique complète de la vascularite sanscorticoïdes associés à la semaine (S)24

Essai ESBAM: critères d inclusion VasCryo activedéfinie par la positivité de la cryoglobuline et une vascularite active Maladie auto-immune, hémopathie lymphoïde B de bas grade(ayant comme seule indication thérapeutique la cryoglobulinémie), ou une cryoglobulinémie essentielle Patient naïf de traitement ou en rechutede la VasCryo, sans modification (introduction ou majoration) de traitement immunosuppresseur depuis au moins 2 mois

Essai ESBAM: critères d exclusion Autre vascularite VasCryo peu ou pas active Introduction ou majoration d un traitement immunosuppresseur dans le mois précédent l inclusion Corticothérapie > 0,5 mg/kg/j pendant plus de 4 semaines avec l inclusion Traitement par Rituximab dans les 12 mois précédents Grossesse en cours ou souhaitée Sérologie VIH positive ou hépatite B ou C active Hypersensibilité connue à la substance active ou à l'un des excipients, ou aux protéines murines Infections évolutives au moment du screening

Essai ESBAM: Schéma de l étude

Etat d avancement du protocole 8 centres actifs 13 patients inclus

Essai ESBAM Benjamin Terrier: benjamin.terrier@cch.aphp.fr Patrice Cacoub: patrice.cacoub@psl.aphp.fr