Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres

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Transcription:

Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres MARCEL P. SCHÜTZENBERGER Un problème de la théorie des automates Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres, tome 13, n o 1 (1959-1960), exp. n o 3, p. 1-6. <http://www.numdam.org/item?id=sd_1959-1960 13_1_A3_0> Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres (Secrétariat mathématique, Paris), 1959-1960, tous droits réservés. L accès aux archives de la collection «Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres» implique l accord avec les conditions générales d utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/

Séminaire DUBREIL-PISOT UN PROBLÈME DE LA THÉORIE DES AUTOMATES par Marcel P. SCHÜTZENBERGER 3-01 (Algèbre et Théorie des nombres) 13e année, 1959/60, n 3 23 novembre 1959 Un "one wav, one tape" [2J automate A est un algorithme destiné à. classer les mots du monolde libre?~ engendré par X = ~x~, fini, d après le mécanisme suivant : A est donné par 1 Un ensemble fini ~ = ~ s~ avec un élément sa et un sous-ensemble S~, distingués. 2 Une application (S, X~.---a~ S (notée a sx) Cette application se prolonge de façon naturelle en 11l1e représentation de un monolde d applications de S dans lui-même et on dit que f ~ ~ est accepté ou non selon que sa f appartient ou non à ~. L ensemble F des mots qui peuvent être acceptés par un automate fini a été caractérisé par S. C. moyen d opérations logiques. Dans cet exposée nous montrons que la somme formelle ù F r~ peut, dans un certain sens, être comme une fonction "rationnelle" des x ~ X. Nous généralisons ensuite cette propriété en montrant que si S au lieu d être fini est le produit direct d un ensemble fini par Z au (le groupe additif des entiers) et si l application (a 9 et le sont définis de façon convenable, y alors la correspondante fonction "algébrique ". est dans un certain sens une Cette terminologie se justifie par le fait que si les variables x étaient des variables commutatives ordinaires, les sommes correspondantes seraient effectivement rationnelles ou algébriques. Indépendamment de toute notion d automate, les s;us~-ensembles ~~i c F,, considérés peuvent être définis comme des unions finies des sus-ensebles tels que F t = où g est un élément d un certain monoïde quotient de FX. Quand S est fini, F l est aussi; la généralisation que nous proposons contient comme cas particulier celui où est l extension de Z par un groupe fini. un anneau unital ; 03A9 l anneau des n x n matrices sur n ~ (~. ~i j 9 la.~~ -algèbre associative libre engendrée par X = ~x~~ fini y par

. TTp le projecteur de A~(~l) des de longueur ~p. sur le sous-module dont une base est l ensemble On complète en une algèbre de série (infinies) en posant ab= l élément unique c tel que, pour tout p, 03C0p c==tt(1tf a Si a 6 est tel que TT a = 0, on définit (1 - a)"" comme l élément unique c tel que, pour tout p, TT c= 03A3 (03C0p c)p ). On vérifie que (1 -a)(l -a)" 1 = (1 -a)" 1 (1 -a) =1 et que (1 - a) b =1 ou b(l - a) = 1 entraînent b = (1 - a)". On note la plus Délite sous-algèbre de qui contienne et qui soit telle que entraîne (l + TT r - r)* 6 R.r(~-). On a la propriété suivante. PROPRIÉTÉ 1. - Une condition nécessaire et suffisante pour que r ~ RX(03A9) est qu il existe un homomorphisme ~ 1" de Ry dans il (no)) tel que où (V y r désigne l élément à l intersection de la première ligne et de la n-ième colonne de la matrice (V f). La condition est nécessaire. Ceci est évident quand r & AX(03A9). Supposons que le résultat soit vrai pour r et que 03C00 r = 0 ; si s (1 - r)-1, = on obtient ~ s comme l homomorphisme prolongeant les applications V x (x 6 X) où (v x) est la n x n matrice, somme de (V x) et d une matrice dont toutes les colonnes sont nulles sauf la première qui est égale à la n-ième colonne de (Y x). De la même manière, si V : F ~03A9n ; 03B3 FX ~ 03A9n, 03C00 r = 03C00 r = 0 s == r03c9 + r 03C9 ; (03C9, 03C9 ~ 03A9 ) ; t = rr, on obtient Xs : s et V. : ~~+~~1 en prolongeant les applications. FX ~ 03A9n+n +2 ~ s ~. n n ~ (où les notations ( )~ et ( )~ (ou ( )~ ) désignent respectivement la première ligne, la n-ième (ou la unième) colonne de la matrice correspondante

- La condition est suffisante. Soit U une n n matrice (u..) dont les éléments sont n2 indéterminé s ; U la matrice obtenue en supprimant la ligne et la n-ieme colonne de U ; Tous les calculs étant effectués dans R/ (~) ~ Il en résulta immédiatement aue si - i?j > U ~ R. 03A9n03A3, U appartient à R,. Par > 1 - -. i (B r f)1, étant égal à n ((1-03A3x~X x(03b3r x)-1)1,n appartient RX(03A9). les seules - chacune des entrées (U).,, de Soit Rpos X le sous-ensemble de AX(Z) défini a partir de X par quand Rpos X-1, de multiplication et de l opération r = 0. En utilisant l identité :ù (1 - a + b)" = (1 - a - b(l - a)" b) (l - b(l - a)" ) on vérifie que tout s ~ Ry(z) peut être écrit sous la forme s = r - r* avec r, r ~ Rpos X. Par construction) si r 6. Rpos X, toutes les matrices Y f (f - ont leurs en- F-) trées non négatives ; il o:. istc donc un monoïde Quotient fini 03C6r -----~~ (03B3r f)1,n si et seulement si 03C6 r f appartient FX tel que à un certain sous-ensemble Dans ces conditions, si.6 1 est une application de U dans AX(03A9) telle que T( 03B8 u = 0, 03B8 n l application 7T o 03B8 et 9 et 03B8 les homomorphismes AY(03A9)~ AX(03A9) qui les prolongent, on a, rour tout n et n n, r.) 03C0n+1(03B8n == i rj). Les Réquations u. = r. et les séries formelles

" " u, en les x peuvent donc être "résolues" en calculant par des opérations J rationnelles les coefficients successifs " p j et l on dira que chacune de ces séries est un algébrique" de o On désignera par la plus petite sous-algèbre de AX(03A9) qui contienne tous les éléments algébriques et qui soit telle que s " X (03A9) entraîne (1 + 0 s - s) - " SX(03A9). / i i> -+ G un homomorphisme de F dans un monoïde fini et X t ( G, li ).-+ lù Une application quelconque. oit fl F " On prolonge /ài en un "coset mapping" 03B2: li(g j,, ) == 0 et inductivement - t (G, Fx) -d 1 en posant Les définitions précédentes déterminent sur Z) une s.tructure de monoïde avec (f, a) (i" s éz ) (i f, + ;@( Ç= j = ) = a + a ) ; (f ; a) f j a ) et s euleme nt si 03C8 f 1(" f = et a = a. soit h+ = > x) ; h- = inf x) (g é- G, x «x), et pour tout g, g é. G 1 0, a, b les éléments SUivants -e Àx(4) our tous les facteurs à gauche propres pour tous les facteurs ~a gauche propres où cette sommation est étendue c tous les triples a ~~ Z p y" ~ G tels a~ue -,~ ~ ~~ ~ ~ ~~ ~ - b % 4 9 g~~ x-=g. Finalement si (~+~ et (h+) désignent des matrices carrées dont 1 ensemble

d indice est en correspondance biunivoque avec G et qui sont telles que Éliminant les A~,(a ~ b) (ab / 0) au moyen de (l)~ il résulte de (2), (2) et (3) que les A~ (0, b), les A~,(a, 0), les B~, et finalement les + g,g g,g >g b) appartiennent S-,(Z). Ceci naturellement vaudrait aussi bien pour les éléments A- (a ~ b) (h" ~ a, b ~0) ou B définis de, fagon symétrique. Soit enfin K = g,g un ensemble en correspondance biunivoque avec les paires (g, c) ~ g~g ; h" $-c ~h~. On considère les Kx K matrices (X) et (A) avec Finalement si (B) (I - (A)(X)) = tous les éléments de (B) appartiennent à Sy(Z). REMARQUE. - ~e résultat ne se généralise pas au cas où ~ mapping" de G, fini, dans un groupe abélien de dimension ~.2 et où l on chercherait la somme serait un "coset Considérons en effet le cas où 03C6 = est trivial (03C6f oh, X étant égal à x3}, on a :" eg pour tout f ) et Dans ce cas, si 03B1 désigne l homomorphisme de A-, dans l algèbre formelles en les variables commutatives t2 et t3 Q on a : des séries

3-06 Quand t 1 = t~ ~ ~ non algébrique puisque = t ~r ^ - 1/3 t, cette fonction a, pour t -w~ 1 9 une singularité Donc, a fortiori, s SX(Z). BIBLIOGRAPHIE. [1] KLEENE (S. C.). - Representation of events in nerve nets and finite automata, Automata studies, p. 3-41. - Princeton, Princeton University Press, 1956 (Annals of mathematical Studies, 34). [2] RABIN (M. O.) and SCOTT (D.). - Finite automata and their decision problems, IBM Research J., t. 3, 1959, p. 114-117.