Assujetties au bénéfice réel agricole, les grandes exploitations s informatisent

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EXPLOITATIONS Assujetties au bénéfice réel agricole, les grandes exploitations s informatisent Solange RATTIN SCEES - Bureau de l information statistique Le nombre d exploitations assujetties au bénéfice réel agricole normal ne cesse de progresser : 11 900 en 1995, contre 110 800 en 1990. Ce sont de grandes unités, souvent en société, qui rassemblent près de la moitié du potentiel économique agricole total. La possession d un microordinateur caractérise les plus grandes d entre elles. 1. Groupement Agricole d Exploitation en Commun. En 1995, 11 900 exploitations une sur six sont assujetties au bénéfice réel agricole normal (encadré ci-contre). Leur nombre progresse en même temps que celui des grandes exploitations, et particulièrement des sociétés : une société sur deux est assujettie, contre 1 % des exploitations individuelles. Une exploitation assujettie sur quatre possède un micro-ordinateur. Le nombre des exploitations informatisées s accroît très vite, beaucoup plus vite que celui des exploitations imposées au bénéfice réel agricole normal (tableau 1) [6]. Le micro-ordinateur équipe très souvent les exploitations en société, particulièrement les sociétés commerciales (58 % en possèdent) et les sociétés civiles (45 % en possèdent). En revanche, les GAEC 1 père-fils, dont le fonctionnement s apparente à celui des exploitations individuelles, ne sont pas mieux équipés que celles-ci. Une majorité de grandes exploitations Les exploitations assujetties ont un potentiel économique important : la moitié d entre elles sont d une taille supérieure à 60 UDE, soit environ 90 hectares équivalent-blé, contre 13 % de l ensemble des exploitations (encadré p. 4). Celles qui possèdent un micro-ordinateur sont encore plus grandes : 70 % dépassent les 60 UDE (graphique 1). Les exploitations assujetties Les exploitations étudiées sont assujetties au bénéfice réel agricole normal, obligatoire à partir d un certain seuil de recettes (1 800 000 F en 1995). Les exploitants assujettis doivent tenir une comptabilité complète, qui comporte un enregistrement systématique de tous les mouvements en espèces, un bilan et un compte d exploitation détaillé. Cette comptabilité peut être assurée par un organisme extérieur (centre de gestion, etc.). Les exploitations assujetties au bénéfice réel agricole normal seront dites simplement «assujetties», pour faciliter la lecture. Il existe d autres régimes d imposition en matière de bénéfices agricoles, selon le montant moyen des recettes (TVA comprises) au cours des deux années précédentes. Le forfait concerne les exploitants dont les recettes sont inférieures à 500 000 F. Le réel simplifié est appliqué pour des recettes comprises entre 500 000 et 1 800 000 F. À partir de 750 000 F de recettes, l agriculteur peut opter pour le régime réel normal. AGRESTE - LES CAHIERS N 7 - MARS 1998 41

Non seulement les exploitations assujetties concentrent 45 % du potentiel économique total, mais la concentration se manifeste aussi à l intérieur du groupe lui-même. Ainsi, 4 % des unités assujetties, de taille supérieure à 00 UDE, rassemblent 0 % du potentiel total des exploitations assujetties. Parmi les unités assujetties équipées en micro-informatique, 1 % atteignent 00 UDE : ces 3 500 «grandes» unités concentrent 40 % du potentiel des exploitations assujetties informatisées (graphique ). Ce sont, dans leur quasi-totalité, des sociétés. Un agrandissement plus fréquent Les exploitations imposées au bénéfice réel agricole normal en 1995 ont été affectées, Classification des exploitations La classification européenne des exploitations agricoles est fondée sur la pondération des surfaces de cultures et des effectifs de cheptel par des coefficients normatifs régionalisés : les marges brutes standard (MBS). La MBS de l exploitation résulte de la valorisation, à partir de coefficients standard, des différentes productions de l exploitation. Elle peut être exprimée en hectares d équivalent-blé, c est-à-dire en nombre d hectares dégageant la même marge brute, ou en unités de dimension économique (UDE). Les exploitations sont réparties en classes d UDE : UDE «1986» valent 400 écus, soit approximativement 3 hectares équivalent-blé. L orientation technico-économique de l exploitation (OTEX) est déterminée par le poids relatif, dans la MBS, des principaux pôles de regroupement (céréales et grandes cultures, maraîchage et horticulture, vignes et vergers, herbivores, granivores). Tableau 1 Le micro-ordinateur en expansion 1. Bénéfice réel agricole. Sources : AGRESTE - Enquêtes structure 1990 et 1995 1990 1995 Taux annuel moyen de variation En milliers En milliers 1990-1995 (%) Nombre d exploitations : * avec comptabilité de gestion 68,6 9 75,9 38 + 0,5 * possédant un micro-ordinateur,8 49,9 7 +,9 * assujetties au BRA 1 normal 110,8 1 11,9 17 + 1,9 dont possédant un micro-ordinateur 13,8 1,4 4 + 15,6 Total exploitations 93,6 734,8 4,5 dont sociétés 7,5 8 97,1 13 + 6,0 Graphique 1 Un micro-ordinateur pour les plus grandes exploitations Dimension économique (UDE) des exploitations Exploitations assujetties au bénéfice réel agricole normal Possédant un micro-ordinateur Ne possédant pas de micro-ordinateur et plus 5 3 4 17 60 à moins de 8 40 à moins de 60 10 4 7 à moins de 40 6 1 11 4 8 à moins de 13 1 Moins de 8 38 Lecture : 3 % des exploitations assujetties au BRA normal en 1995 ont une dimension économique d au moins UDE : 4 % de celles qui possèdent un micro-ordinateur et seulement 17 % de celles qui n en ont pas. 4 AGRESTE - LES CAHIERS N 7 - MARS 1998

depuis 1990, par deux types de mouvements qui se combinent : l augmentation de leur potentiel économique et l entrée dans le groupe des assujetties. Près des deux tiers des exploitations assujetties de 1995 ont augmenté leur potentiel économique depuis 1990, contre la moitié seulement des autres exploitations, dont la taille initiale était déjà moins grande. En effet, plus l exploitation est importante, plus l agrandissement est fréquent [1]. Les exploitations de plus de 40 UDE, qu elles soient ou non assujetties en 1995, se sont agrandies dans la proportion d environ sept sur dix. Celles de plus de 00 UDE, toujours assujetties, ont accru leur potentiel trois fois sur quatre. Parmi les unités qui ont fait leur entrée dans le groupe des assujetties entre 1990 et 1995, 70 % se sont agrandies : leur croissance les a sans doute fait atteindre le seuil d imposition au bénéfice réel obligatoire normal. Celles qui sont devenues imposées à ce régime sans s agrandir se rapprochaient sans doute du seuil et ont opté volontairement pour ce type d imposition (tableau ). L augmentation du potentiel économique et l assujettissement vont de pair. Parmi les exploitations assujetties en 1995 qui se sont agrandies en cinq ans, près de la moitié n étaient pas encore imposées à ce régime en 1990. Près de 15 % des exploitations assujetties en 1995 se sont équipées d un micro-ordinateur depuis 1990. Ces unités se sont agrandies plus souvent que celles qui étaient déjà équipées en 1990, mais leur dimension finale reste très inférieure (graphique 3). Enfin, très peu d exploitations ont abandonné le micro-ordinateur entre 1990 et 1995 : elles se sont agrandies plus rarement, mais leur dimension initiale était importante et le reste. Un élevage de granivores sur deux est assujetti L assujettissement au bénéfice réel normal est plus fréquent dans les orientations de production où les grandes exploitations sont nombreuses. Les élevages de granivores arrivent au premier rang, avec un élevage assujetti sur deux. Les exploitations de grandes Tableau Six unités assujetties sur dix se sont agrandies en 5 ans Exploitations assujetties1 en 1995 selon leur situation en 1990 Nombre Part et l évolution de leur taille (milliers) (%) entre 1990 et 1995 11,9 avec agrandissement 76,8 63 sans agrandissement 45,1 37 Assujetties1 en 1990 76,8 63 avec agrandissement 45,1 37 sans agrandissement 31,7 6 Non assujetties1 en 1990 45,1 37 avec agrandissement 31,7 6 sans agrandissement 13,4 11 1. Assujetties au bénéfice réel agricole normal.. Taille économique exprimée en UDE. Sources : AGRESTE - Enquêtes structure 1990 et 1995 Graphique Un potentiel plus important pour les possesseurs de micro-ordinateur Dimension économique de l'exploitation (UDE) Exploitations assujetties au bénéfice réel agricole normal Nombre d'exploitations Potentiel économique Nombre d'exploitations Dont exploitations possédant un micro-ordinateur Potentiel économique 00 et plus à moins de 00 60 à moins de 40 à moins de 60 Moins de 40 4 18 4 6 0 30 7 15 8 1 9 15 39 33 18 7 3 Lecture : 4 % des exploitations assujetties au BRA normal en 1995 ont une taille économique d au moins 00 UDE et concentrent 0 % du potentiel total des unités assujetties. AGRESTE - LES CAHIERS N 7 - MARS 1998 43

cultures viennent ensuite, mais dans la proportion d une sur quatre. Lorsque la taille de l exploitation dépasse UDE, soit 150 hectares équivalent-blé, les écarts se réduisent notablement entre les différentes orientations : les trois quarts au moins des unités sont assujetties, exception faite des exploitations horticoles et maraîchères qui restent en deçà des autres. Toutefois, les horticulteurs assujettis sont, Graphique 3 Près de 15 % des unités assujetties ont acquis un micro depuis moins de 5 ans Equipement en micro-ordinateur Exploitations assujetties au BRA 1 en 1995 En milliers Dont exploitations ayant accru leur taille économique entre 1990 et 1995 du nombre d'exploitations Sans micro, ni en 1990 ni en 1995 90, 74 76 Acquisition d'un micro entre 1990 et 1995 Avec micro en 1990 et en 1995 Abandon du micro entre 1990 et 1995 17,1 11,0 3,6 14 9 3 69 59 55 Taille moyenne (UDE) 1990 1995 44 76 131 80 60 109 180 107 11,9 63 64 89 Lecture : 90 00 exploitations assujetties au BRA normal en 1995, soit 74 %, n ont pas de micro et n en avait pas non plus en 1990. Parmi ces exploitations, 76 % ont accru leur taille économique, passant en moyenne de 44 à 60 UDE. Sources : AGRESTE - Enquêtes structure 1990 et 1995 Graphique 4 Les élevages de granivores au premier rang des assujettis Exploitations assujetties au bénéfice réel agricole normal Orientation technico-économique (OTEX) Part dans l'ensemble des exploitations Taux d'équipement en micro-ordinateur Granivores 50 Grandes cultures 7 Grandes cultures et herbivores 4 Bovins lait et viande 3 Horticulture 3 Vin de qualité Bovins lait 0 Maraîchage 14 Culture - élevage 13 Fruits 1 Polyculture 10 Autres 5 4 15 41 34 1 35 9 49 33 5 17 3 Lecture : 50 % des élevages de granivores sont assujettis au BRA normal en 1995. Parmi ces élevages assujettis, % possèdent un micro. 44 AGRESTE - LES CAHIERS N 7 - MARS 1998

derrière les arboriculteurs, les seconds possesseurs de micro-ordinateurs : plus de 40 %. Les maraîchers, les viticulteurs de qualité et les exploitants pratiquant la polyculture viennent ensuite : un tiers d entre eux sont équipés de matériel informatique (graphique 4). Certaines de ces exploitations ont en effet une activité supplémentaire de commercialisation, qui nécessite l usage d un tel outil, pour le suivi d un fichier de clients par exemple (encadré). Les exploitations assujetties sont donc nombreuses à posséder un micro-ordinateur dans certaines régions où les spéculations précédentes sont bien représentées : 38 % en Provence-Alpes-Côte d Azur, 34 % en Aquitaine. En revanche, la répartition géographique de l ensemble des exploitations assujetties reflète plutôt celle des formes sociétaires, avec une bonne représentation du centre-nord de la France (cartes 1). Les exploitations assujetties concentrent la plupart des productions La superficie agricole utilisée apparaît moins concentrée dans les exploitations assujetties que le potentiel économique : les élevages hors-sol et les exploitations de cultures spécialisées ne requièrent pas des surfaces très importantes. Les unités assujetties rassemblent en effet 37 % de la SAU totale, mais 45 % du potentiel économique total des exploitations. Toutefois, elles atteignent 85 hectares de surface moyenne en 1995, contre 39 pour l ensemble des exploitations. Quand elles possèdent un micro-ordinateur, leur superficie moyenne s approche de hectares. Les producteurs de betterave industrielle sont en majorité assujettis au bénéfice réel agricole Les exploitations assujetties aux bénéfices industriels et commerciaux En 1995, 3 700 exploitations, soit 3 % de l ensemble, sont assujetties aux bénéfices industriels et commerciaux (BIC). Ce type d imposition, obligatoire pour les sociétés commerciales, est un peu plus répandu parmi les unités dont la spéculation principale peut amener à une commercialisation directe des produits : horticulture ( % des exploitations), fruits ou maraîchage (6 %), élevages d ovins-caprins ou de granivores (5 %). Les unités imposées aux bénéfices industriels et commerciaux sont en moyenne plus grandes que l ensemble des exploitations. On y trouve cependant aussi bien de petites unités dont les revenus commerciaux compensent la faiblesse des revenus agricoles, que des grandes, qui font appel à des salariés pour mener conjointement les deux activités (tableau). Un quart de ces exploitations sont également assujetties au bénéfice réel agricole normal, la moitié tient une comptabilité de gestion. Enfin, 17 % possèdent un microordinateur, taux d équipement deux fois et demi plus élevé que dans l ensemble des exploitations. Plus de 40 % des exploitations imposées aux BIC ont moins de 8 UDE Assujetties des Caractéristiques Assujetties au BRA exploitations des exploitations en 1995 aux BIC 1 normal agricoles Nombre d exploitations (milliers) 3,7 11,9 734,8 Proportion d exploitations (%) : * de moins de 8 UDE 44 38 * de plus de 40 UDE 6 74 4 * avec salariés permanents 5 3 9 * avec salariés saisonniers 3 41 5 * assujetties au BRA 6 17 * avec comptabilité de gestion 53 38 * possédant un micro-ordinateur 17 3 7 Moyennes par exploitation Superficie agricole utilisée (ha) 35 85 39 Dimension économique (UDE) 44 80 9 Quantité de travail (UTA),0,7 1,4 1. Bénéfices industriels et commerciaux.. Bénéfice réel agricole. AGRESTE - LES CAHIERS N 7 - MARS 1998 45

. Parc des exploitations, en propriété ou copropriété. 3. Une UTA équivaut au travail effectué par une personne occupée à plein temps pendant une année. 4. Les actifs familiaux comprennent les chefs d exploitation, les coexploitants de société et les aides familiaux (conjoints et autres personnes). normal et, dans ce cas, cultivent les trois quarts de la superficie totale en betterave. Les éleveurs de porcs appartiennent beaucoup moins souvent au groupe étudié (18 %), mais ceux qui en font partie possèdent les trois quarts du cheptel porcin français (tableau 3). De même, les aviculteurs assujettis élèvent en moyenne cinq fois plus d animaux que les autres et détiennent, au total, les deux tiers des volailles. Il existe en effet dans les élevages de granivores, une scission très nette entre la production familiale, fréquente mais peu importante, et les grands élevages spécialisés qui atteignent des dimensions très importantes [3]. Les exploitations assujetties concentrent également une grande part du matériel le plus performant. Elles détiennent 60 % du parc des tracteurs de plus de 110 chevaux ou des récolteuses de betteraves, 40 % de celui des moissonneuses-batteuses, des récolteuses de pommes de terre et des machines à vendanger. Près de trois personnes à plein temps Le travail agricole fourni aux exploitations assujetties au bénéfice réel agricole normal représente un tiers du total fourni à l ensemble des exploitations en 1995. Ces grandes exploitations requièrent en effet un travail important :,7 unités-travail-année (UTA) en moyenne pour chacune, contre 1,4 pour l ensemble des exploitations 3. Quand elles sont informatisées, elles emploient en moyenne l équivalent de 4,4 personnes à plein temps, et 7 % d entre elles fournissent au moins l équivalent de dix emplois à plein temps (graphique 5). La quasi-totalité de ces unités sont des sociétés. La main-d œuvre salariée a donc un poids beaucoup plus important dans les exploitations assujetties : elle effectue 40 % du travail total, contre 0 % dans les autres exploitations. Quand l exploitation est informatisée, les salariés assurent 60 % du travail total. Pourtant, un tiers seulement des exploitations assujetties ont au moins un salarié permanent, mais elles emploient 70 % de l effectif total des salariés agricoles permanents. Enfin, 40 % des exploitations assujetties emploient des salariés saisonniers et les trois quarts font appel aux services de la main-d œuvre fournie par les entreprises de travaux agricoles. Sur les unités assujetties, le travail salarié renforce donc le travail familial, qui est lui-même Cartes 1 Des exploitations assujetties nombreuses dans le Centre-Nord, et bien dotées en micro en Provence et en Aquitaine Exploitations assujetties au bénéfice réel agricole normal France : 17 % du nombre total d'exploitations Moins de 10 10 à moins de 0 0 à moins de 35 35 et plus Taux d'équipement en micro-ordinateur des exploitations assujetties France : 3 % du nombre d'exploitations assujetties Moins de 15 15 à moins de 5 5 à moins de 35 35 et plus plus important :, actifs familiaux 4 en moyenne par exploitation assujettie, contre 1,9 pour l ensemble des exploitations. Les trois quarts des conjointes d exploitants individuels assujettis sont actives agricoles, contre la moitié des conjointes de non assujettis. En revanche, dans les sociétés, les conjointes non coexploitantes travaillent peu sur les exploitations. Elles exercent plutôt une autre profession, et le travail requis est assuré par une main-d œuvre salariée [4, 5]. 46 AGRESTE - LES CAHIERS N 7 - MARS 1998

Plus des trois quarts des chefs d exploitation assujettie travaillent à plein temps et n ont aucune autre activité, contre la moitié de l ensemble des chefs d exploitation. Lorsqu il existe une deuxième activité, elle s exerce plutôt à titre secondaire, et consiste souvent en une fonction d élu (maire, représentant syndical, etc.), surtout si les exploitations sont équipées en matériel informatique []. Les exploitants assujettis ont aussi, plus souvent que les autres, reçu une formation agricole, adaptée à leur profession, et ont atteint un niveau d étude plus élevé. La quasi-totalité des moins de 40 ans ont suivi un enseignement agricole et 1 % ont fait des études supérieures, deux fois plus que dans l ensemble des exploitants de même âge. Enfin, % des exploitants assujettis équipés en micro-informatique bénéficient d un niveau de formation supérieur. Tableau 3 Les élevages porcins assujettis élèvent les trois quarts du cheptel Nature des productions Part des unités assujetties1 (%) Production moyenne (ha ou nombre de têtes) Exploitations Unités Production productrices assujetties des exploitations Productions végétales Betteraves industrielles 59 78 19 14 Légumes secs et protéagineux 51 66 14 11 Oléagineux 35 46 1 dont colza 48 59 17 14 Céréales 47 41 19 Vignes 13 35 15 5 dont AOC 0 4 15 7 Vergers six espèces 1 46 18 5 Productions animales Bovins 18 33 111 60 Porcins 18 73 65 157 Volailles 1 66 4 384 804 Ovins 8 1 89 1. Assujetties au bénéfice réel agricole normal. Lecture : 59 % des exploitations cultivant des betteraves industrielles sont assujetties au BRA normal en 1995 ; elles détiennent 78 % de la surface totale en betteraves, soit en moyenne 19 ha par exploitation, contre 14 ha pour l ensemble des unités productrices. Graphique 5 Un travail plus important dans les exploitations équipées d un micro Quantité de travail sur l'exploitation (UTA) Exploitations assujetties au bénéfice réel agricole normal Nombre 10 et plus 7 à moins de 10 4 à moins de 7 8 3 à moins de 4 1 Moins de 3 76 6 15 14 49 Dont exploitations possédant un micro-ordinateur Nombre d'exploitations UTA d'exploitations UTA 7 4 17 56 37 8 18 14 3 Lecture : % des exploitations imposées au BRA normal emploient l équivalent de 10 personnes à temps plein sur l année ; elles utilisent % de la quantité totale de travail fournie aux unités assujetties. Parmi celles qui sont dotées d un micro, 7 % utilisent plus de 10 UTA et cumulent 37 % des UTA totales des unités informatisées. AGRESTE - LES CAHIERS N 7 - MARS 1998 47

Éléments bibliographiques [1] DEMOTES-MAINARD M., RATTIN S. (1997), «L agrandissement des exploitations permet le maintien de leur revenu réel». AGRESTE - Les Cahiers n 1, septembre. [] FRÉMONT J.-M., NABUCET F. (1997), «De l ouvrier-paysan à l agriculteur-entrepreneur, la double activité des chefs d exploitation évolue». AGRESTE - Les Cahiers n, juin. [3] MAGDELAINE P., GUIBERT F. (1997), «L aviculture en 1994». AGRESTE - Les Cahiers n 17-18, août. [4] RATTIN S. (1997), «Le développement des formes sociétaires revalorise le métier d agricultrice». AGRESTE - Les Cahiers n 1, septembre. [5] RATTIN S. (1996), «700 000 exploitations, 1 500 000 actifs agricoles en 1995». AGRESTE - Les Cahiers n 7-8, octobre. [6] RATTIN S. (199), «L agriculture s informatise». AGRESTE - Les Cahiers n 11, septembre. 48 AGRESTE - LES CAHIERS N 7 - MARS 1998