Qu avons-nous appris des dernières crises?

Documents pareils
Définition de l Infectiologie

INAUGURATION DU CESU Centre d Enseignement des Soins d Urgence

La prise en charge. de votre affection de longue durée

Guide d aide à l organisation de l offre de soins en situations sanitaires exceptionnelles

Pandémie grippale et réorganisation des soins primaires. Le travail de la Maison Médicale de Garde d Ambérieu

INTERET ET LIMITES DU TIIH DANS LES TRANSPORTS INTER HOSPITALIERS. Marc FOURNIER SAMU13- APHM

Plans de secours NOMBREUSES VICTIMES

PROFIL DE POSTE DU CONDUCTEUR AMBULANCIER SMUR :

Jean-Christophe Richard Véronique Merle CHU de Rouen

Centre Antipoison et de Toxicovigilance Strasbourg Tél:

Equipe de Direction : -Docteur Christine BOURDEAU Responsable médical. - Annie PAPON Cadre responsable

URGENCES. Conférence sur la nouvelle téléphonie et l informatique au sein du Centre de réception et de régulation des appels.

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

dossier de presse nouvelle activité au CHU de Tours p a r t e n a r i a t T o u r s - P o i t i e r s - O r l é a n s

Coordination de la Gestion des risques. Bilan - Programme

TRAVAUX DU GROUPE GUINEE/CONAKRY ET BISSAO

LA RESPONSABILITÉ DU RADIOLOGUE Point de vue de l avocat

Le niveau 3 - alerte canicule correspond à une vigilance météorologique orange pour le paramètre canicule.

Unité de Recherche Clinique St Louis - Lariboisière Fernand Widal Le 03 Février 2012

La prise en charge de votre affection de longue durée

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

GHUPC Projet de transformation du site Hôtel Dieu. Pr S CHAUSSADE, Dr I. FERRAND

ORGANISATION DES SOINS EN SITUATION DE PANDEMIE GRIPPALE

Référentiel Officine

Présentation des intervenants et modérateurs

FICHES FORMATIONS 2013

BILAN D ACTIVITE DU PÔLE DE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE Année 2010

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

PRADO, le programme de retour à domicile. Insuffisance cardiaque

DISPOSITIF DE VACCINATION CONTRE LA GRIPPE A POUR LES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH

CONGRES HOPITECH AMIENS OCTOBRE 2012

OUVERTURE ET MISE EN PLACE

La régulation des transports sanitaires par les SAMU

Fédération des collèges de médecine d urgence Marseille Novembre /10/2008 ROR-IF Dr F. Dolveck

Réseau National de Laboratoires * * * * * * * * * *

STACCINI Pascal UFR Médecine Nice Université Nice-Sophia Antipolis

«PROJET PRIORITAIRE DE L OUEST GUYANAIS : LA CONSTRUCTION D UN D HÔPITAL A SAINT LAURENT DU MARONI»

Signalement et gestion des infections respiratoires aiguës (IRA) et des gastroentérites aiguës (GEA) 19 juin 2014

Organiser une permanence d accès aux soins de santé PASS

Ouverture d un pavillon médical : Mesures mises en œuvre pour la mise en eau et suivi bactériologique

Perspectives en sciences sociales et santé publique. Bernard Taverne (CRCF/IRD)

LE FINANCEMENT. MSPD Eric Fretillere Conseil Régional de l Ordre des Médecins d Aquitaine CDOM 47Page 1

Etat des lieux de la recherche en soins infirmiers en France

Médecin Responsable volet hospitalier - Koulikouro - MALI

MONITORING / SUIVI DES PATIENTS

DESCRIPTION DU METIER D AUXILIAIRE AMBULANCIER IFPS - BESANCON

Un projet multi-établissements de territoire en Franche-Comté

CONTRAINTES PSYCHOLOGIQUES ET ORGANISATIONNELLES AU TRAVAIL ET SANTE CHEZ LE PERSONNEL SOIGNANT DES CENTRES HOSPITALIERS:

Carte de soins et d urgence

PANORAMA NORD AMÉRICAIN ET EUROPÉEN DES COMPÉTENCES DES INFIRMIERS DES URGENCES

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA FAMILLE, DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA VILLE MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTS ADMINISTRATION

LA FIN DE VIE AUX URGENCES: LES LIMITATIONS ET ARRÊTS DES THÉRAPEUTIQUES ACTIVES. Dr Marion DOUPLAT SAMU- Urgences Timone

DOSSIER DE PRESSE OUVERTURE DU NOUVEL HOPITAL DE CANNES. Service Communication Tel Fax a.helbert@ch-cannes.

"Formation et évaluation de la compétence du pharmacien clinicien expérience suisse"

P.A.R.M. (Permanencier Auxiliaire de Régulation Médicale) Quelle est cette profession de santé Méconnue et non reconnue?

Logiciel «My-Labo Cool!»

La matrice emploi- exposition spéci2ique du milieu de soin : application au risque chimique

PROJET PEDAGOGIQUE Formation conduisant au

SYSTEMES D INFORMATION EN SANTE Journée régionale du 12 janvier Blois

LA SIMULATION: INTERETS EN FORMATIION MEDICALE CONTINUE. C Assouline

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

DIPLOME DE CHIRURGIE ORALE

En partenariat avec.

Le prélèvement d organes anticipé/prémédité. Ethique et Greffe Journée du 9 octobre 2012 Dr Laurent Martin-Lefèvre Réanimation La Roche-sur-Yon

Audit et Inspection Les contraintes extérieures B.Malivoir

Conseil Français de Réanimation Cardio-pulmonaire (CFRC) Recommandations pour l organisation de programmes de défibrillation

Plateforme Lorraine de services mutualisés pour l échange et le partage de données médicales 16/02/2009

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

3F4/2 Modalités de renfort en personnels dans les domaines non sanitaires

Fondation PremUp. Mieux naître pour mieux vivre

MASTER (LMD) INGENIERIE DE LA SANTE

Appel à Projets. Constitution de bases clinicobiologiques multicentriques à visée nationale en cancérologie. Action 3.1 et 23.2

Valorisation des patrimoines. Conseil et accompagnement stratégique

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

Ce document est destiné à vous permettre de découvrir l offre de formation du Centre d enseignement des soins d urgence du Bas-Rhin (CESU 67).

Surveillance épidémiologique en Lorraine

Le point de vue d une administration hospitalière Inka Moritz, Secrétaire générale

Système d Information Hospitalier L expérience du Centre Hospitalier Ibn Sina (CHIS)

Programme Hôpital numérique

ARRÊTÉ du. relatif au cahier des charges de santé de la maison de santé mentionné à l article L du code de la santé publique.

La biologie médicale en France : présent et avenir. Académie Nationale de Pharmacie Mercredi 4 Février 2015

Domaines Mention Spécialité Notation

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

H A C C P. Hazard Analysis, Critical Control Point. Analyse des dangers, maîtrise des points critiques. Programme de formations.

LECTURE CRITIQUE 1 ER PAS

ASSOCIATION MEDICALE MONDIALE DECLARATION D HELSINKI Principes éthiques applicables à la recherche médicale impliquant des êtres humains

APRES LE BAC S

Hôpital performant et soins de qualité. La rencontre des extrêmes estelle

DOSSIER DE PRESSE. Les dates clés de la Coddem

Depuis l'an 2000, le Ministère de la Santé Publique (MSP) a mis en place une procédure d accréditation pour améliorer la qualité des services

LES PROFESSIONNELS DE LA SANTE

BOURSE DE RECHERCHE QUICK : SECURITE ET HYGIENE ALIMENTAIRE

DON DE SANG. Label Don de Soi

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

La version électronique fait foi

ww.sanitairesocial sanitairesocial-lo lorrain Ambulancier

Une protection d assurance de premier choix et de qualité suisse. Notre offre pour les expatriés

MINISTERE DE LA SANTE, DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES HANDICAPEES

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Télésurveillance à domicile de patients chroniques et pratiques collaboratives : arrêt sur image vu d un Industriel

Transcription:

Qu avons-nous appris des dernières crises? Bruno GRANDBASTIEN Faculté de Médecine Henri Warembourg, Université de Lille Service de Gestion du Risque Infectieux, des Vigilances et d Infectiologie (SGRIVI), CHRU de Lille Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ; Commission «Sécurité des patients»

Des réponses au cas par cas Organisation de la prise en charge acteurs de 1 ère ligne plus ou moins ciblés dispositif d alerte : essentiellement via les SAMU- Centre 15 transport : SMUR Hospitalisation organisation territoriale: zones de défense hôpitaux de référence : ESR / ESRH

Ebola : dispositif de prise en charge hospitalière en France Rennes Rouen Lille Nancy St Denis La Réunion Bégin Bichat Necker Strasbourg Bordeaux Lyon Etablissements référents zonaux «Ebola»: 11 ESR + Bégin Marseille Diapositive : T. Debord

Des réponses au cas par cas Organisation de la prise en charge acteurs de 1 ère ligne dispositif d alerte transport Hospitalisation organisation territoriale hôpitaux de référence Biologie CNR laboratoires experts : niveau de sécurité, qualification

Biotox-Piratox biologie Plans de prévention réseau de laboratoires : équipements, tests réguliers Plan pandémie Volet «risque biologique» des dispositifs NRBC et plans blancs Réseau des Etablissements de Santé de Référence (Habilités) ESR(H)

Quelques grandes questions Sommes-nous prêts? quel dispositif en 1 ère ligne? médecins généralistes / urgences / SAMU Centre 15 quelle(s) structure(s) pour les hospitalisations? quels établissements? quels secteurs (médecine, réanimation)? comment organiser le transport? comment sécuriser la prise en charge biologique? Est-ce que l on sur-réagit ou au contraire sous-réagit?

Quelques grandes questions Sommes-nous prêts? quel dispositif en 1 ère ligne? médecins généralistes / urgences / SAMU Centre 15 quelle structure pour les hospitalisations? quels établissements? quels secteurs? comment organiser le transport? comment sécuriser la prise en charge biologique? Est-ce que l on sur-réagit ou au contraire sous-réagit?

Les acteurs de 1 ère ligne Le médecin généraliste POUR au plus proche des patients : confiance couvre +/- le territoire en lien avec le Centre 15 CONTRE disponibilité en cas de crise diffuse? nombre et dispersion géographique : comment les atteindre (les informer, les former )? comment mettre à disposition des équipements (ex : EPI) si nécessaire? valorisation de leur implication

Les acteurs de 1 ère ligne Le médecin généraliste souvent oublié ex : vaccination anti-grippale A(H1N1) de la population générale en 2009 organisation pour la prise en charge de pathologies à haut risque de transmission inter-humaine : enjeux d équipement EPI locaux enjeux de formation

Les acteurs de 1 ère ligne Les urgences hospitalières POUR fonctionnement 24h/24 couvrent tout le territoire en lien avec le Centre 15 en lien direct avec des structures d hospitalisation en aval en lien +/- direct avec le laboratoire de biologie CONTRE saturation possible nécessité parfois d organiser des filières spécifiques quels locaux? moyens humains?

Les acteurs de 1 ère ligne Les urgences hospitalières premiers recours organisation pour la prise en charge de pathologies à haut risque de transmission inter-humaine : enjeux d équipement locaux +++ EPI enjeux de formation d établissements pré-identifiés? de tous les établissements? parfois oubliées (dispositif Ebola dans les 1 ers mois)

SAMU Centre 15 Les acteurs de 1 ère ligne POUR fonctionnement 24h/24 couvre tout le territoire orientation vers les établissements ou structures les plus adaptées gestion des vecteurs pour transporter vers le secteur de prise en charge hospitalière expertise et expérience fortes dans la gestion des risques NRBC (mais quid du B?) CONTRE saturation possible nécessité parfois d organiser des filières spécifiques

Les acteurs de 1 ère ligne Le médecin généraliste Les urgences hospitalières SAMU Centre 15 En pratique : arrivée des cas par des circuits autres que les «portes d entrée» prévues : commissariat, centres d accueil nécessité d informer largement

Sommes-nous prêts? Quel dispositif en 1 ère ligne? Quelle(s) structure(s) pour l hospitalisation? pandémie grippale impliquant un virus hautement pathogène? Ebola? contexte : prise en compte de patients rapatriés? émergence en France? de découverte immédiate de découverte retardée

Les structures d hospitalisation Prise en compte du nombre de cas attendus lits / unités / hôpitaux dédiés pré-identification d établissements : ESR(H) pré-identification de l établissement pour l accueil d un (ou quelques) cas rapatriés Organisation éventuelle de circuits dédiés Impact sur la filière de soins pré-identifiée

Les structures d hospitalisation Choix d un nombre limité d établissements expertise +++ POUR gestion globale (hospitalisation, plateaux techniques, biologie ) formation ciblée mobilisation facilitée CONTRE réponse adaptée à un petit nombre de cas (Ebola : 1 patient par ESRH) couverture du territoire si émergence en France impact ++ sur la filière de soins (ex : lits de réanimation pédiatrique) nécessité de moyens de transport Combien faut-il d établissements pré-identifiées? expérience européenne Comment maintenir une capacité d activation rapide?

Sommes-nous prêts? Quel dispositif en 1 ère ligne? Quelle(s) structure(s) pour l hospitalisation? Comment organiser les transports? rôle du SAMU Centre 15

Sommes-nous prêts? Quel dispositif en 1 ère ligne? Quelle(s) structure(s) pour l hospitalisation? Comment organiser les transports? Comment sécuriser la biologie? rôle des CNR nécessité de délocaliser rapidement les techniques de diagnostic respect des règles de sûreté biologique offre de biologie au plus près des patients

Enjeux de santé publique vs risque individuel Objectif : organisation de la prise en charge optimisation des soins prévention de la transmission

Enjeux de santé publique vs risque individuel Prise en charge d un patient «suspect» évaluation du risque de transmission (soignants, autres patients) selon le pathogène selon la clinique

Enjeux de santé publique vs risque individuel Prise en charge d un patient «suspect» évaluation du risque de transmission (soignants, autres patients) selon le pathogène selon la clinique prise en compte des diagnostics différentiels pas de «perte de chance» délais de réalisation d examens complémentaires / biologie choix de solutions thérapeutiques «en aveugle» délais de mise en place de solutions thérapeutiques

Enjeux de santé publique vs risque individuel Prise en charge d un patient «suspect» Impact sur la prise en charge de patients relevant de la filière de soins mobilisée retard d accès (transport, mobilisation de lits spécialisés, ) transfert vers des structures moins adaptées

Enjeux de santé publique vs risque individuel Prise en charge d un patient «suspect» Impact sur la prise en charge de patients relevant de la filière de soins mobilisée Prise en charge d un cas confirmé quid du pronostic? approche éthique de sa prise en charge gestion des patients guéris risque sanitaire réel perception sociétale

Les enjeux de la communication A destination du grand public importance de la communication inter-crise à la phase aiguë : évolution d une situation épidémiologique et des connaissances «choc» des images A destination des professionnels de santé avant le grand public messages adaptés (ie: pour ceux qui seront directement concernés) Communication centralisée par le ministère?

Les enjeux de la recherche en situation de crise Accès à des financements Incompatibilité avec les délais pour mener une recherche montage du protocole autorisations délais avant de disposer des résultats Projet REACTing (source : Y. Yazdanpanah) (REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases) coordination et optimisation des capacités de recherche multi-cible (surveillance, alerte, outils diag, sciences humaines, outils mathématiques et économiques, )

Les enjeux de l expertise en situation de crise Réactivité rôle du HCSP? nécessité d une organisation pérenne Indépendance Recommandations en situation d incertitude recommandations par analogie? évolutions

http://www.hcsp.fr

Nombre cumulé d espèces de virus IRD Institut de recherche pour le développement établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) placé sous la double tutelle des ministères chargés de la Recherche et de la Coopération 40-560 nouveaux virus Virus VIH (LAV) Lentivirus (1983) Virus Chigunkunya, Togavirus (1956) Virus Monkeypox, Orthopoxvirus (1972) Virus Ebola, Filovirus (1976-7) Virus Hendra, Paramyxovirus (1994) Diapositive empruntée à B. Guery

Au total Il est difficile de prévoir l imprévisible mais il faut s y préparer

Au total Capitaliser le travail réalisé autour des crises passées nécessité de REX à développer en inter-crise

Au total Développer un «plan générique» niveaux d intervention différents selon la pathogénie selon les modes de transmission selon le nombre de cas (observé, modélisé ) mobilisation de tous les acteurs de 1 ère ligne médecins généralistes urgences hospitalières de tous les établissements information a minima, organisation spécifique éventuellement offre hospitalière restreinte ( 3 centres?) pour des cas rares et graves (expertise clinique, biologique, hygiène )

Au total Se préparer est urgent car la prochaine crise est pour demain