Définition d un espace de concertation



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Transcription:

Définition d un espace de concertation La grande diversité des initiatives rend difficile d arrêter une définition. Entre la définition idéale (ce qu on attend, ce qu on projette d un Espace de concertation) et la multiplicité des réalités, on privilégiera donc de relever quelques caractères saillants. Un espace de concertation est le rassemblement de personnes et de structures à un échelon territorial reconnu pour sa pertinence (pertinence géographique, culturelle, d action). Toutes personnes et structures œuvrent en faveur de l EEDD et/ou pratiquent l EEDD. Elles se reconnaissent donc dans des valeurs et des principes qu elles souhaitent porter de façon collective pour renforcer l efficience de l EEDD sur le territoire. Leur engagement commun se formalise par l élaboration et l adoption d un document de référence (Charte, convention-cadre, etc.), dont les structures sont signataires, et qui créé de fait l espace de concertation, le rendant visible de l extérieur. L objectif de cet espace est de rendre efficaces et cohérentes les actions des membres sur le territoire. Pour ce faire, il privilégie l interconnaissance et les échanges, propres à créer une culture commune et à identifier les éléments d une stratégie partagée pour le territoire. L espace de concertation est davantage un espace «politique» au sens de la construction et de la mise en œuvre d une vision commune et moins un espace opérationnel. Il laisse aux membres la prépondérance d action, se contentant généralement de mener en son nom propre des actions utiles à cette interconnaissance. Nombre et typologie des espaces Environ 22 initiatives de territoires, majoritairement régionales avec un soutien net (mais non exclusif) des réseaux territoriaux d EEDD, membres du Réseau Ecole et Nature. Treize d entre elles ont pu être analysées (entretiens + documentation), parmi lesquelles on relève : 10 Espaces régionaux de concertation (ERC) ou Espaces Départementaux de Concertation (EDC) (dont 5 en préfiguration) 1 Convention cadre 1 Plate-forme 1 Réseau Liste des espaces interviewés : Ardèche, Auvergne, Basse-Normandie, Bretagne, Centre, Franche- Comté, Haute-Normandie, Ile de France, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, Provence Alpes Côte d Azur (Réseau Mer), Rhône-Alpes Liste des espaces documentés : Nord Pas de Calais 1 Dossier réalisé en lien avec le CFEEDD 1

Historique et évolution des espaces Parfois, plus d une dizaine d années d existence, sous une forme moins aboutie et formalisée qu aujourd hui. Des dispositifs de concertation qui ont connu des périodes de veille (suivant peu ou prou les événements EEDD nationaux). Une relance nette depuis 2009 et 2011, dans la perspective et dans la foulée des assises territoriales et nationales de l EEDD. On constate un réinvestissement dans ces espaces qu on peut sans doute relié à trois facteurs principaux : L évolution des acteurs sur le territoire (notamment politiques) L avancement à la fois personnel et global sur le développement durable et l éducation à l environnement et au développement durable (parallèle à faire avec les démarches engagées dans les établissements de formation, la stabilisation des dispositifs d accompagnement de ces derniers + reconnaissance et injonctions nationales, ex. inscription dans la loi sur l école en 2013 ou dispositions Grenelle / Transition) La remobilisation créée par les dernières assises et leur format ascendant Le contexte financier invitant à davantage d articulation et de mutualisation entre acteurs Typologie des membres Associations et réseaux d associations de l éducation à l environnement, collectivités, services déconcentrés et agences de l Etat sont les trois sphères systématiquement représentées. La sphère «entreprises» Elle est très diversement représentée : elles sont ici présentes dans 5 espaces sur les 12 analysés. Les entreprises peuvent être membres à part entière, dans le cas des ERC. Dans les autres configurations, elles sont généralement absentes, soit parce que la structure privilégie d abord le renforcement, l ouverture à d autres membres des sphères déjà représentées. Elles peuvent toutefois dans ce cas ouvrir l espace de concertation aux entreprises au travers des actions mises en place, où le partenariat est plus aisé. La demande des entreprises à entrer dans les espaces existants n a pas été évaluée. La sphère «syndicats» Elle est quasi-absente des espaces territoriaux. Un facteur d explication pourrait être le manque de relais locaux des syndicats par ailleurs davantage tournés vers les problématiques nationales. La sphère «associations» Elle regroupe essentiellement les associations d éducation à l environnement (ce qui est facilement compréhensible du fait qu elles sont moteurs dans la mise en œuvre, la défense et la reconnaissance de l EEDD). Toutefois les acteurs de l ESS, de la solidarité internationale, etc. pourraient être intéressées à rejoindre les dynamiques. L ouverture à ces nouveaux acteurs n est pour autant pas acquises (ils doivent «faire la preuve» de la sincérité de leur engagement en faveur de l EEDD). La sphère «collectivités» Des questions similaires se posent également pour la sphère «collectivités» et notamment son ouverture à des collectivités infra-régionales. Si pour les Conseils généraux, cela semble acquis pour les villes, intercommunalités et métropoles, cela est moins évident. C est bien souvent la collectivité régionale qui «décide» de la place des autres collectivités d échelon «inférieur». Dès lors, le contexte politique est une variable importante (ex. Poitou-Charentes). Cette question de l ouverture à des échelons infra-régionaux a pu être l élément déclencheur de «crises» pour les espaces de concertation (ex. Midi-Pyrénées). 2

La sphère «Etat» Bien souvent à l initiative des espaces de concertation, en lien avec les associations et réseaux associatifs locaux, les services déconcentrés de l Etat sont bien mobilisés, en particulier la DREAL (pour la DRAAF et la DRDJS, l engagement est plus variable). Une des difficultés rencontrées par ces services (à l instar des collectivités) est le changement fréquent des personnes en poste, obligeant à un effort de pédagogie et de mobilisation permanent pour les autres membres, pour assurer la continuité. La présence des Rectorats est réelle mais variable, les relations entre la collectivité régionale et le Rectorat pouvant être sujettes à tension, se répercutant sur la présence effective ou non dans l espace de concertation (politique de la chaise vide). L ADEME et les Agences de l Eau sont des partenaires relativement constants. Il s agit donc de se poser la question du contour de l espace Asseoir les engagements dans un document commun (charte par exemple) Définir les modalités de fonctionnement Définir un pas de temps pour l ouverture (étapes) Finalité, objectifs et activités des espaces La question posée était : les objectifs assignés à ces espaces sont-ils davantage d ordre politique ou opérationnel? Là aussi, une grande diversité de réponses, ou plus exactement un savant dosage entre les deux, que cet équilibre soit conscientisé et formalisé comme tel ou non, notamment dan le mode de fonctionnement de l espace. Selon que l espace de concertation a davantage une dimension politique ou une dimension opérationnelle, sa structuration et son fonctionnement seront différents. On pourra notamment voir la création d un comité de pilotage (à dimension politique) et d un comité technique (à dimension opérationnelle). On relève un postulat commun à ces espaces : ils ne doivent pas remplacer ce qui existe, ne pas faire à la place des membres mais bien dialoguer, concerter, impulser et éventuellement faire si l espace de concertation est l échelle pertinente en assurant la maîtrise d ouvrage. Finalité Même si elle n est pas toujours exprimée comme telle, la finalité des espaces est de rendre efficient l EEDD sur le territoire. Objectifs généraux Les espaces visent à rendre lisibles actions et dispositifs notamment pour le grand public, stopper la perte d efficacité pour une dilution des moyens Objectifs spécifiques Nombre des objectifs spécifiques assignés aux espaces sont communs à ceux qui ont pu être analysés Faciliter l interconnaissance des acteurs, des actions et des modalités d action Donner de la cohérence à ces actions Définir une stratégie régionale d EEDD Favoriser le passage à l action sur des problématiques communes identifiées et non encore (ou insuffisamment) travaillées : impulser et accompagner ces nouvelles actions Valoriser et rendre lisible l EEDD, les acteurs et leurs actions Assurer la représentation A retenir L interconnaissance est un préalable au passage à l action et à la confrontation de «l offre et de la demande». C est un objectif technique qui doit être parallèle à la construction de l espace de concertation. 3

Activités Si les espaces, comme leur nom l indique, sont essentiellement des lieux de concertation, ils peuvent diversement assurer la maîtrise d ouvrage de certaines actions, voire parfois la maîtrise d œuvre. Les actions les plus récurrentes menées par les espaces de concertation, en maîtrise d ouvrage ou d œuvre sont : l état des lieux des pratiques (notamment pour l identification des «angles morts» de l EEDD sur le territoire) la valorisation des actions des membres, la communication sur l EEDD (ex. édition d une publication) l organisation de «temps forts» les formations communes (entre eux et pour les publics cibles de chacun) S y ajoute un rôle non forcément identifié comme tel au départ mais récurrent, celui d incubateur de nouveaux partenariats et de nouvelles d actions chez les membres. Enfin, l interconnaissance permet aux membres de revoir également leurs propres activités, dans un souci de mise en cohérence. Il s agit notamment de l harmonisation des politiques et dispositifs, en faveur de l EEDD, des services déconcentrés de l Etat et des collectivités territoriales (ex. Bretagne). L espace de concertation est avant tout un lieu d échanges et de mise en cohérence, pour la construction d une stratégie territoriale en EEDD. A cet égard, l espace de concertation n est pas un opérateur, même s il peut décider la conduite de certaines actions visant à favoriser ses objectifs d interconnaissance, de valorisation, d ouverture et de démarche intégrée des acteurs pour l EEDD sur le territoire. L espace de concertation est en revanche un espace permettant la construction d une culture commune, la relecture des pratiques de chacun au service de la stratégie concertée, l impulsion de nouveaux projets et partenariats. Chaque espace de concertation connaît plusieurs étapes avant d aboutir à un tel fonctionnement. A cet égard, la mise en œuvre en commun d actions communes peut alors avoir un effet levier important pour légitimer l espace et pouvoir franchir l étape de son positionnement plus politique sur le territoire. Organisation et fonctionnement de l espace de concertation Organisation des espaces Les espaces de concertation sont des initiatives des agents techniques et chargés de mission 2. Toutefois, les personnes et organisations mobilisées sollicitent rapidement un relais politique afin d asseoir la légitimité des espaces et permettre un saut d échelle, via notamment le financement de l espace (de son animation et de ses activités). Lorsque ce relais politique se confirme, il est traduit dans l organisation de l espace avec la constitution d un comité de pilotage (réunissant 1 à 2 fois par an les élus et leurs équivalents pour l orientation générale de l espace de concertation) et d un comité technique (réunissant 3 à 4 fois par an les agents techniques et chargés de mission pour la mise en œuvre de ces orientations au travers d un plan d action). A ces instances s ajoutent les plénières annuelles réunissant l ensemble des membres et rassemblant élus et agents et, éventuellement, la constitution de groupes de travail spécifiques sur des chantiers identifiés par l espace de concertation et portés en tant qu espace de concertation. Pour les espaces analysés, 4 ont atteints ce niveau d organisation avec comité de pilotage politique et comité technique opérationnel (Ile de France, Basse-Normandie, Réseau Mer en PACA et Centre). Typologie des participants aux instances Dans la majorité des cas, ce sont donc les agents techniques et chargés de mission qui sont à l œuvre. Qu ils parlent en leur nom propre ou au nom de leur structure, ils sont confrontés à leur déficit de pouvoir décisionnel, avec ses avantages et ses inconvénients. Parlant en leur nom propre, ces salariés ont une parole plus libre, mais sans mandat de la part de leur structure, ils ne peuvent prendre de décision, au moins dans l immédiat. Ce qui ralentit les travaux. 2 Salariés des différenciés structures, directement actifs sur les volets EEDD de leurs structures. 4

A retenir Si les espaces de concertation sont de l initiative des agents techniques et chargés de mission, ils s affirment grâce à un relais politique. Ce relais politique se traduit dès lors dans l organisation même de l espace (via la constitution d un comité de pilotage notamment) et par l affectation de moyens techniques et financiers et de ressources humaines. Les espaces de concertation demeurent toutefois avant un lieu d échanges pour la co-construction d une stratégie régionale d EEDD. La dissociation entre les temps de l échange et les temps de la décision est un gage de bon fonctionnement et de pérennisation des espaces. La concertation étant le temps de co-construction, non celui de la codécision. Cette dissociation mérite d être clarifiée afin de faciliter la pleine participation des membres et éviter les difficultés liées au «mandat» de décision que les participants ont ou n ont pas. Animation Les espaces analysés sont à des degrés très divers de structuration, expliquant la diversité des formes d animation observées. S il y a toujours un secrétariat pour l organisation des réunions (avec essentiellement du temps fléché), une animation dédiée à l espace de concertation (et financée comme telle) n est pas toujours prévue. Pour les espaces en construction, c est le volontariat qui l emporte. Les structures à l initiative de la création de l espace décidant d affecter du temps de travail salarié pour ce faire. Ce temps de travail fléché est donc un choix politique fort des structures, puisque non financé comme tel. Une fois l espace de concertation constitué, et dans un souci de coopération, la question de l animation se pose toujours. Certains espaces font le choix d une co-animation (un service de l Etat et une association par exemple), d une animation tournante. On a ainsi relevé : 5 Co-animation sur 13 dont 2 co-animation tournantes (ex. Rhône-Alpes, ont abandonné la co-animation tournante) Une animation associative (seule ou à deux) dans la très grande majorité des cas (seul le Réseau Mer est co-animé par une collectivité et un service de l Etat) Cette animation bénéficie ou non d un budget spécifique. On relève : Budgétisation d un temps dédié : 5 sur 13 (avec une grande diversité du nombre de jours financés, de 4 jours seulement par exemple pour l Auvergne à un temps plein en Rhône Alpes) Fléchage par les membres de temps de travail salarié sur cette mission d animation, sans budget spécifique : 7 sur 13 (dont 3 s apparentant à du volontariat / bénévolat eu égard au stade d avancement) NB : 1 encore trop en préfiguration pour être pris en compte (Franche-Comté) A retenir Doit-on financer un poste d animateur de l espace? Si oui, quel est le positionnement de l animateur (que ce soit administrativement parlant et par rapport aux membres)? Le plus souvent, un temps d animation est budgété par les membres et c est l une des associations (ou réseau associatif) qui bénéficie de ce financement pour l affectation de temps salarié sur l animation de l espace. La question du positionnement de la structure choisie, à la fois membre à part entière et animatrice, sera dès lors à préciser, pour lever les ambiguïtés possibles quant à sa neutralité. En effet, même si ces espaces fonctionnent sur le mode de l échange et du consensus, les avis ne sont pas pour autant toujours partagés. Lorsqu une animation dédiée n est pas prévue au départ, elle devient souvent incontournable, et un point central de la relance et de l évolution des dispositifs. L objectif étant de dépasser la seule fonction support pour pallier aux difficultés rencontrées pour assurer une continuité des actions. Cependant, un équilibre est à trouver pour répondre aux attendus suivants et notamment le souci de la coopération se traduisant par : La volonté de ne pas créer une nouvelle structure Le souci de l égalité entre les membres (posant la question de la place des financeurs et du positionnement des associations, souvent membres et animateurs) 5

Plusieurs freins, sensiblement les mêmes, ont été relevés par les personnes interrogées au cours de l enquête. Des freins portant autant sur les modes d organisation que sur la finalité et les objectifs assignés aux espaces. Il démontre l importance de travailler par étapes, de construire tout en faisant et de développer une culture commune. Pour chaque frein, les personnes interrogées ont pu évoquer des leviers permettant de les lever. Nous en tirons ici quelques recommandations à l usage des parties prenantes. Finalité Freins Leviers Recommandations Une vision différente du Faire le pari de Développement Durable l interconnaissance et/ou du territoire Clarifier l objet de l espace (ne pas porter sa vision mais aller vers une vision commune) Dépasser le «quel type de développement durable?» qui pourrait empêcher l émergence et l ouverture de l espace Parier sur l écoute, l apprentissage réciproque, l intelligence collective L ouverture suppose de prendre en compte les cultures et les contraintes de chacun (organisation, agenda, processus de décision interne ) Conditions d émergence et de pérennisation Membres Défaut de portage politique Désaccord sur le niveau d ouverture Déficit de représentation de certaines sphères d acteurs Mettre l accent sur cet objectif de portage politique / impulsion pour fédérer et légitimer l action (les élus ayant la légitimité en tant que garants de l intérêt général) Afficher clairement cette ambition politique (ex. inscription dans le CPER Etat/Région) Proposer un engagement par pallier Proposer un niveau d engagement différencié S accorder sur le positionnement de chaque acteur S accorder sur les objectifs Asseoir les engagements dans un document commun et dans les documents des politiques des membres. Membres observateurs Membres associés Inviter systématiquement aux plénières de nouveaux membres potentiels Finalité objectifs et Manque de clarification sur la finalité, les objectifs et les modes de fonctionnement Faire de l état des lieux des acteurs et des pratiques comme préalable au passage à l action (objectif technique qui doit être parallèle à la construction de l espace de concertation) Parrainer/accompagner l adhésion d un membre Clarifier le fonctionnement et les objectifs Qui est impliqué (structures, personnes)? A quel titre (personnel ou représentant de sa structure)? Mode de fonctionnement (format, calendrier)? Objectifs assignés à l espace de concertation 6

Organisation / fonctionnement Déficit de moyens humains, techniques et financiers Avoir une animation dédiée Etablir un budget pour l espace et les actions Définir les modalités de fonctionnement (ex. maîtrise d ouvrage ; appels d offre ou commande ) Distinguer comités de pilotage et comités techniques L espace de concertation n est pas qu un espace de travail. La confiance et la convivialité seront des ingrédients essentiels à sa constitution et sa pérennisation. Vis-à-vis des pairs Les membres des associations parties prenantes de l émergence d espace de concertation s appuient sur les expériences des autres régions. Le réseau Ecole et Nature dont sont membres la plupart de ces associations joue ici un rôle essentiel. Cette culture du travail en réseau est d ailleurs une particularité des associations qui apportent ce savoir-faire aux autres membres des espaces de concertation. Dès lors, l attente principale exprimée par les personnes interrogées est une continuation et un renforcement de ces échanges de pratiques pour construire et faire vivre l espace de concertation. Un transfert de cette compétence du travail en réseau au bénéfice des autres parties prenantes serait sans doute à encourager. Vis-à-vis de l Espace Nationale de Concertation (ENC) L Espace National de Concertation dispose d une 6 ème sphère d acteurs, celle des territoires. Certains des espaces interrogés en sont membres : Auvergne, Basse-Normandie, Rhône-Alpes 3. Qu ils soient membres ou non, les attentes vis-à-vis de l ENC sont nombreuses : Etre le relais des territoires vis-à-vis des interlocuteurs nationaux (valorisation) Problématiser et répondre aux questionnements territoriaux Développer des méthodes de réappropriation au niveau territorial des enjeux nationaux Accompagner la structuration des espaces de concertation (guide par exemple) Donner de la reconnaissance et de la visibilité et légitimer les espaces sur leurs propres territoires Ces attentes sont considérées comme tout ou partiellement comblées par l ENC. Mais qu elles le soient ou non, les Espaces territoriaux reconnaissent à l ENC ce rôle de maillon vis-à-vis des représentations nationales (notamment dans une fonction plaidoyer), ce rôle d accompagnement, ce rôle de reconnaissance de l échelle territoriale comme une échelle pertinente d action et de valorisation. 3 La Plate-forme régionale de concertation de PACA est également membre mais n a pas été analysée dans ce panorama. 7