CONTRIBUTION A LA CONCEPTION ET AU PILOTAGE D UNE ENTREPRISE RESEAU



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Transcription:

3 e Conférence Francophone de MOdélisation et SIMulation «Conception, Analyse et Gestion des Systèmes Industriels» MOSIM 01 du 25 au 27 avril 2001 Troyes (France) CONTRIBUTION A LA CONCEPTION ET AU PILOTAGE D UNE ENTREPRISE RESEAU Abdelkader HAMMAMI 1, Patrick BURLAT 2, Jean-Pierre CAMPAGNE 3 1,2,3 Ecole des Mines de Saint-Etienne. 158, Cours Fauriel. 42023 Saint-Etienne, France. Mél : 1 hammami@emse.fr, 2 burlat@emse.fr, 3 campagne@emse.fr RESUME: L évolution du contexte économique a remis en question les stratégies manufacturières des entreprises qui se sont trouvées obligées de rationaliser leurs efforts, pour consolider leurs positions sur le marché. Pour ce faire, certaines se sont regroupées en des structures en réseau rendues possibles grâce aux technologies de l information et de la communication. La dynamique de ces architectures industrielles a intéressé des chercheurs de différentes disciplines. On se propose dans cette communication, de faire le point sur des éléments relatifs à l étude des structures en réseau, à savoir la modélisation et les chaînes logistiques, pour s intéresser ensuite de plus près à un modèle coopératif d entreprise réseau, à sa configuration, sa dynamique et ses mécanismes de prise de décision. MOTS - CLES : Conception, Modélisation, Pilotage, Entreprise réseau, Chaîne logistique. 1. INTRODUCTION : Le contexte économique des dernières décennies a été marqué par de multiples mutations qui ne cessent de remettre en question les stratégies manufacturière des entreprises. En effet, on assiste à une ouverture des marchés aux produits étrangers, à une sévère concurrence en terme de prix, délai, qualité, flexibilité et à des exigences de clients en perpétuelle évolution. Face à ces mutations de plus en plus rapides, une entreprise, notamment une petite ou moyenne n est plus en mesure de tout faire en interne. Elle tentera donc de mettre en valeur ses forces et de s orienter vers ses clients en procédant à des efforts de rationalisation. Dans ce but, elle va se concentrer sur ses métiers de base et faire appel à des partenaires efficaces pour ses activités complémentaires et ce dans une recherche de flexibilité, de variabilité et de compétitivité susceptible de consolider sa position sur le marché. Cette dynamique a favorisé l intensification de la coopération entre entreprises, coopération qui ne cesse de prendre des formes multiples et variées (partenariat, joint-venture, alliance,...) qui ont donné naissance à de nouvelles formes d entreprises bien mieux adaptées aux besoins du client. L émergence de ces formes d entreprises a été rendue possible grâce aux technologies de l information et de la communication. Les entreprises se sont orientées vers les structures en réseau vers la fin des années 80. On retrouve alors des regroupement sous forme d entreprise virtuelle (Ettinghoffer 1992), (Brilman 1995), (Goranson & al 1997), (Couture & al 1999), d entreprise réseau (Butera 1991), (Paché & al 1993), (Poulin & al 1994), d entreprise étendue(browne & al 1995), (Cloutier 1999), de réseaux d entreprises(nunes 1994), d entreprise en Grappe (Quinn Mills 1994). Pour ces configurations, l entreprise n a plus les frontières aussi nettes, elle intègre ses clients, ses fournisseurs et ses partenaires dans sa structure, qui s étend ou se rétracte au rythme des alliances qu elle passe ou des projets qu elle lance (Couture & al 1999). Dans cette communication, on s intéresse à l étude d une forme particulière de conglomérat d entreprises : une entreprise réseau où les partenaires ont en commun un système de coopération fonctionnelle où il n y a pas de partenaire leader. Les questions qui se posent dès lors sont les suivantes : en quoi se distinguent-elles des autres entreprises? Comment peut-on assurer une bonne gestion? Quelle est sa dynamique? Pour comprendre et maîtriser ce système complexe, il s avère utile de le modéliser afin de prédire son comportement face aux différents aléas, pour identifier ses forces et faiblesses et apporter les améliorations appropriées. C est ce qui fera l objet de la section 2 où on s intéresse davantage aux principales méthodologies de modélisation d entreprise. On s attaquera ensuite dans la section 3 à l entreprise réseau, à ses particularités, ses configurations pour entamer à la section 4 le concept de chaîne logistique. La section 5 sera consacrée à la configuration et à l étude de la dynamique du modèle

coopératif jugé le plus approprié pour notre entreprise réseau objet de l étude. 2. MODELISATION D ENTREPRISE: Il s agit de décrire l organisation et les processus opérationnels d une entreprise soit dans le but de simuler ces processus pour comparer divers scénarios, soit dans le but de les analyser et de les restructurer pour améliorer les performances de l entreprise. (Vernadat 1999) L originalité de la modélisation consiste en sa capacité à assurer la compréhension et l analyse de la structure et du fonctionnement de l entreprise, à vérifier l homogénéité et la cohérence de l information. Elle permet une prévision fiable du comportement et des performances des processus opérationnels avant leur implantation ainsi qu un meilleur choix des alternatives d implantation et une identification des risques à gérer. Elle favorise la réactivité de l entreprise en intégrant l ensemble des services (commercial, financier, production.) et aide à gérer la mutation du marché et les propres évolutions de l entreprise. (Vernadat 1999) (Foulard 1994). L intérêt du concept de modélisation d entreprise a engendré un développement de plusieurs formalismes dont notamment GIM (GRAI Integrated Methodology) (Roboam 1993), (Doumeingts 1997), CIMOSA (CIM Open System Architecture) (ENV 1990), (AMICE 1993), (Vernadat 1999), PERA(Purdue Enterprise Reference Architecture) (Williams 1994), (IDEIMT 97), GERAM(Generalised Enterprise Reference Architecture and Methodology) (IDEIMT 97). L étude et la confrontation de ces formalismes de modélisation montre l intérêt accordé aux notions de vues fonctions, information, organisation et ressources qui se retrouvent dans les méthodologies CIMOSA et GIM. PERA a surtout mis l accent sur les activités humaines se rapportant à l information et à la fabrication. Par ailleurs, les différentes méthodologies CIMOSA, GIM et PERA introduisent des notions relatives à l évolution du cycle de vie d une industrie. Ces notions sont plus ou moins détaillées selon la méthodologie : on parle de trois niveaux pour CIMOSA à savoir le niveau de modélisation de l expression des besoins, le niveau de modélisation des spécifications de conception et le niveau de modélisation de la description de l implantation alors que PERA par exemple introduit cinq phases au niveau du cycle de vie d une industrie à savoir les phases de conceptualisation, de définition, de conception, d installation et de construction, et la phase opérationnelle et de maintenance. CIMOSA se distingue des autres formalismes de modélisation par l utilisation d un langage de modélisation : le langage Express, qui permet d étudier la dynamique de l entreprise une fois modélisée. Or, l utilisation de ce langage rend la modélisation d une entreprise très laborieuse si on la compare à une modélisation graphique. La question devient dès lors : quel(s) formalisme(s) faut-il utiliser pour modéliser une entreprise? L utilisation de la méthodologie GERAM paraît prometteuse puisqu elle est une généralisation de CIMOSA, GIM, PERA et d autres architectures telles que ARIS. Or la vraie réponse à la question posée n est pas évidente ni unique, car une entreprise cherche à mieux connaître ses processus et à les simuler, et ce en se basant sur des outils faciles à utiliser c est pourquoi, elle recourt dans la plupart des cas, à des outils informatiques présents sur le marché et qui sont susceptibles de répondre à ses besoins sans chercher à savoir sur quel formalisme de modélisation ils sont basés. 3. L ENTREPRISE RESEAU : Selon (Butera 1991), l entreprise réseau est un ensemble d entreprises liées les unes aux autres par un cycle de production. Le lien n est ni juridique, ni structurel ; il revêt souvent la forme de simples accords. Ces entreprises ont en commun un puissant système de coopération fonctionnelle. La réussite de ces coopérations interentreprises exige une confiance mutuelle, un partage d informations, une volonté de faire mieux ensemble et d apprendre mutuellement, une mise en œuvre d actions concertées et une restriction d utilisation du pouvoir. Or, cette bonne volonté qui donne naissance à un partenariat n est pas à l abri d un opportunisme qui a été défini par (Williamson 1985) comme «le fait que l individu agit de façon à satisfaire son intérêt personnel, même si ce comportement nuit à autrui». C est pourquoi, il est indispensable de prévoir des modalités de gestion telles que la mise en place de procédures standardisées permettant la coordination des activités, et la résolution des conflits On distingue, à partir des travaux de (Butera 1991), (Paché & al 1993) différentes configurations d entreprise réseau à savoir les configurations de type contrôle, coordination et coopération. Ces configurations diffèrent en fonction de la nature de la coopération interentreprises, des modalités opérationnelles de gestion et des dispositifs de suivi et de contrôle. Dans le cadre de la configuration de type contrôle, les relations sont de nature quasi hiérarchiques entre les donneurs d ordre et les partenaires. On a affaire à une quasi intégration verticale ; on retrouve cette configuration dans le secteur automobile.

Dans le cadre d une configuration de type coordination, une firme centrale (pivot) coordonne les différentes participations à la valeur d un bien ; (par exemple les entreprises industrielles non manufacturières : Benetton, Nike Shoes ; et les sociétés vides ou creuse : hollow Corporation). Dans le cadre de la configuration de type coopération, des partenaires s associent pour mener un projet commun impliquant les compétences de chacun. Cette configuration se distingue des précédentes par le fait qu il n y a pas d entreprise pivot. La satisfaction des besoins du client reste l objectif primordial pour l entreprise réseau, indépendamment de sa configuration. Cet objectif suppose au préalable une bonne maîtrise des flux informationnels, physiques et financiers au sein de l entreprise réseau. Par ailleurs, et dans un souci d optimisation globale, l entreprise devrait étendre la maîtrise de ses flux au delà de ses frontières pour intégrer ses fournisseurs et ses clients. C est le concept de chaîne logistique qui fera l objet de la section 4. 4. CHAINE LOGISTIQUE : Selon (Lee & al 1993), une chaîne logistique (figure 1) est définie comme étant un réseau d installations qui assure les fonctions d approvisionnement en matières premières, de transformation de ces matières premières en composants puis en produits finis, et de distribution du produit fini vers le client. Figure 1. Exemple d une chaîne logistique L intérêt accordé à la notion de chaîne logistique résulte d une vision globale de l entreprise. Les études montrent que les gains espérés par une entreprise qui s intéresse uniquement à sa gestion interne sont très limités si on les compare aux gains espérés sur toute la chaîne logistique. D où l intérêt de dépasser les frontières de l entreprise et intégrer tous les partenaires : fournisseurs, distributeurs, de manière à ce que la marchandise soit produite et distribuée à la bonne quantité, au bon endroit et au bon moment dans le but de satisfaire au plus juste le besoin du client et profiter de la synergie des partenaires à travers une gestion globale de chaîne logistique. Cette gestion couvre tous les horizons de décision à savoir le long, moyen et court termes. Et les problématiques relatives à cette gestion diffèrent selon l horizon de décision. On distingue les décisions relatives à la configuration de la chaîne et celles relatives à la gestion des flux (Simchi-Lévi & al 2000). La Configuration de la chaîne logistique consiste à déterminer la localisation des différents sites de production, de stockage, de distribution ainsi que les flux de matières et d information associés à ces sites de manière à répondre adéquatement aux besoins du client. Il s agit d une décision à long terme. La Gestion des flux consiste à organiser les flux de matières et d informations au sein de chaque installation et entre les différentes composantes de la chaîne. Elle s inscrit dans le moyen et court termes. Pour la Gestion des flux à moyen terme, il s agit de coordonner les opérations de planification et de contrôle des opérations. Ces problèmes ont été traités par (Thierry 1994). Tandis que la gestion des flux à court terme consiste à coordonner l acheminement des bons produits et des bonnes informations aux bons endroits et aux bonnes personnes en assurant un maximum de flexibilité et d efficacité. Plusieurs outils d aide à la gestion des opérations au sein d une chaîne logistique ont été développés. Ces outils informatiques dits de «Supply Chain Management» ou SCM, couvrent certains aspects de gestion d une chaîne logistique. Ils ont été classés en cinq familles ( figure 2) à savoir : Les ERP (Enterprise Ressource Planning). Ce sont des progiciels intégrés qui gèrent les fonctions transactionnelles à l intérieur de l entreprise Les APS (Advanced Planning System). Ce sont des produits qui offrent des planifications globales souvent basées sur la théorie des contraintes. On distingue deux familles d APS : les APS «mariés» aux ERP, et les APS indépendants. I2Technologies et Manugistics sont actuellement les leaders mondiaux d'aps indépendants. Les SCE (Supply Chain Execution). Ces outils ont pour vocation de rationaliser la totalité du cycle de traitement des commandes (de l entrée à la facturation). Ces outils fédèrent trois grandes fonctions à savoir : la gestion avancée des commandes (AOM : Advanced Order Management), la gestion de l entreposage (WMS : Warehouse Management Systems) et la gestion du transport (TMS : Transport Management System) Les MES (Manufacturing Execution System). Ces outils sont chargés de traiter les informations en temps réel sur l exécution des ordres de fabrication. Les dédiés. C est un conglomérat de solutions qui n ont pas encore leur place à l intérieur des autres composantes du marché (Raschas 1999).

acquérir de la valeur ; et des liens qui déterminent la façon dont les nœuds seront reliés. L entreprise réseau (ER) sera ensuite analysée en fonction de ses activités. Les activités traduisent le savoir-faire technique et de gestion nécessaire à l approvisionnement, à la réalisation et à la diffusion des produits de l ER. Le modèle prend éventuellement en compte des acteurs de la chaîne logistique qui ne font pas partie du réseau, par exemple les organismes de contrôle. Ce type d organisme est généralement générateur de coût mais non pas de valeur. Figure 2. Classification des principaux outils de Supply Chain Management disponibles. Les réponses données par les spécialistes du monde industriel sont divergeantes sur ce qui fait d un progiciel un outil SCM. C est pourquoi, nous adoptons dans notre recherche, la définition donnée par (Bel 1999) qui stipule que les outils SCM constituent une surcouche décisionnelle par rapport aux ERP et offrent des fonctions plus élaborées de pilotage, de simulation et de planification. De ce fait, bien que toutes les familles d outils proposés sur le marché permettent une amélioration de la gestion des flux aussi bien en terme de temps (MES), de planification (ERP, SCE), les APS se distinguent par leur module planification globale. Cette originalité nous incite à considérer un progiciel comme un outil de SCM s il est doté d un APS. Il est clair que la gestion d une chaîne logistique d une entreprise réseau passe d abord par une communication efficace et un partage d informations entre les partenaires, ainsi que des mécanismes d organisation mais a-t-on réellement besoin d un outil de SCM pour assurer ces fonctionnalités? En fait le retour d expérience de plusieurs industriels, prouve que ces outils sont extrêmement lourds, très coûteux et nécessitent au préalable tout un processus de Réorganisation (Business Process Reengineering). Ce qui les rend accessibles pour les grandes firmes uniquement. 5. CONFIGURATION DU MODELE COOPERATIF: Pour l entreprise réseau objet de l étude, la configuration de type coopération semble être la plus appropriée : d une part, la coopération entre les partenaires de l entreprise réseau objet de l étude n est pas basée sur des relations hiérarchiques, d autre part, la coordination n est pas assurée par un partenaire leader (pivot). L entreprise en réseau (ER) sera présentée par des nœuds : point de passage où le produit est supposé Nous proposons d associer à chaque produit une carte technologique. Nous définissons la carte technologique d un produit comme l association de : 1. Une carte des compétences : c est l ensemble des savoir-faire techniques nécessaires à l approvisionnement, la production et la distribution de ce produit. 2. Un graphe de réalisation du produit : C est la succession logique de l utilisation des compétences pour la réalisation du produit. Ce graphe traduit le parallélisme, le choix et les contraintes d antériorité entre activités. Par ailleurs, chaque nœud du réseau possède un ensemble de compétences. Ainsi, lister les compétences de tous les nœuds nous permet de construire la cartographie des compétences de l entreprise réseau. 5.1. Dynamique du système: L Entreprise Réseau tentera de maximiser la valeur du produit. Par valeur on entend «le jugement porté sur le produit par l utilisateur sur la base de ses attentes et de ses motivations.» (NF X 50-150). Pour ce faire, les nœuds de l ER possédant des compétences requises par la carte technologique du produit A, seront sélectionnés ; sachant qu une même compétence peut être proposée par plusieurs nœuds : c est l étape de construction d un sous réseau de nœuds potentiels. Partant de ce sous réseau de nœuds potentiels, on détermine ensuite la configuration de l ER ; en d autres termes, activer parmi les nœuds potentiels la combinaison de nœuds qui vont effectivement participer à la réalisation du produit A. Des critères de sélection seront choisis, non seulement pour l évaluation de la valeur du produit (coût, délai, qualité..), mais aussi pour l évaluation du bon fonctionnement de l entreprise réseau (équité, apprentissage ).

Dans un souci de réalisme et d opérationnalité, plusieurs contraintes du processus doivent être prises en compte. On cite des contraintes de capacité de production, d entreposage ainsi que de distribution, des contraintes relatives à la demande et aux exigences des clients, et autres contraintes juridiques, législatives résultant de la culture propre de l entreprise Réseau. 5.2. Méthodologies de résolution : La littérature scientifique a proposé plusieurs méthodes de résolution dont notamment:! La programmation mathématique(bel 1999), (Lakhal & al 1999), (D Amours & al 1996), (D Amours & al 1999a), (D Amours & al 1999b), (Sabri & al 2000).! La simulation.! Les systèmes multi-agents (D Amours & al 1999c). Dans plusieurs cas, on est amené à combiner plusieurs approches c est pourquoi, une utilisation conjointe de différentes approches de résolution nous paraît prometteuse. D une part, la programmation sous contraintes peut être exploitée pour la détermination des solutions envisageables, puis la simulation sera utilisée en tant qu outil d aide à la validation. D autre part, et dans un souci de présenter un modèle qui traduit au mieux la réalité d une entreprise réseau, il s avère indispensable de prendre en compte des aspects concertation, négociation d où l intérêt des systèmes multi-agents. 6. CONCLUSIONS : Dans une quête de meilleure performance industrielle, les entreprises se sont mises ensemble pour pouvoir consolider leur position sur le marché ce qui a donné naissance à de nouvelles formes d entreprise dont l entreprise réseau. L étude de l entreprise réseau est un exercice assez exigeant caractérisé par une augmentation des flux interentreprises nécessitant souvent le recours aux techniques de modélisation et l exploitation d outils informatiques. Nous avons proposé pour l étude d une entreprise réseau la conception de la cartographie des compétences des partenaires ainsi que les cartes technologiques associées aux produits. Ces concepts permettent la confrontation entre compétences requises et compétences disponibles ainsi qu une vision claire des flux qui devraient être échangés par l entreprise réseau. Par ailleurs, à chaque produit on associe des attributs de valeur qui s ajoutent à sa carte technologique. Tandis qu aux partenaires, on associe des indicateurs de mesure de performance. La prise de ces décisions se base enfin sur un ensemble de critères déterminés de façon cohérente avec les attributs de valeur associés aux produits et des indicateurs de mesure de performance associés à l organisation. Il est ainsi clair que l importance des notions de valeur et de performance exigent des réflexions plus approfondies (Comment mesure-t-on la valeur associée aux produits? Quels indicateurs de mesure de performance doit-on associer à l organisation? ) puisque sur la base de ces notions que les critères de décision seront déterminés. RÉFÉRENCES : AMICE, 1993. CIMOSA : Open Systems Architecture for CIM. Springer-Verlag, Berlin. Bel G, 1999. Gestion des Flux dans les Chaînes Logistiques (Supply Chain Management), Paris. Brilman J, 1995. L entreprise réinventée. Les éditions d organisation, Paris. Browne J, Sackett P et Wortmann J.C, 1995. Future Manufacturin systems Toward the Extended Entreprise. Computer in industry, Vol.25 p 235-254. Butera F, 1991. La métaphore de l organisation : du château au réseau. Les éditions d organisation, Paris. Cloutier L, 1999. Une approche multi-agents par conventions et contrats pour la coordination de l entreprise manufacturière réseau. Thèse de doctorat. Couture A, Loussararian G, 1999. L entreprise se transforme : de l organisation mécanique et figée à l organisation réactive et vivante. Revue Française de Gestion Industrielle, Vol. 18, N 2. D Amours S, Soumis F et Montreuil B, 1996. Price- Based Planning and Scheduling of Multiproduct Orders in Symbiotic Manufacturing Networks. European journal of operational research, vol 96, p. 148-166. D Amours S et Montreuil B, 1999a. Contract-Based Tactical Planning of a Supply Chain, Centor, Québec. D Amours S, Soumis F, Lefrançois P et Montreuil B, 1999b. Networked Manufacturing : the Impact of Information Sharing. International journal of production economics, vol 58, p. 63-79. D Amours S, Frayret J-M et Montreuil B, 1999c. A Strategic Framework for Networked Manufacturing. Centor, Québec.

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