JUNIOR ESSEC CONSEIL NATIONAL DU NUMÉRIQUE. Synthèse de l atelier 7 : Données, traces et algorithmes

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Transcription:

JUNIOR ESSEC CONSEIL NATIONAL DU NUMÉRIQUE CONCERTATION NATIONALE SUR LE NUMÉRIQUE 2ème journée Synthèse de l atelier 7 : Données, traces et algorithmes 2 ème journée collaborative : loyauté dans l environnement numérique Junior ESSEC 09/01/2015 Synthèse de l atelier contributif 7 animé par Daniel KAPLAN, membre du Conseil National du Numérique ainsi que par Geoffrey DELCROIX, de la CNIL et Hugo MEUNIER rapporteur du Secrétariat Général du Conseil National du Numérique.

Introduction et appropriation de l atelier contributif Remarques préalables sur la tenue de l atelier Les débats ont principalement concerné les questions relatives aux Conditions Générales d Utilisation (CGU) et aux algorithmes. Les problématiques abordées ont été fidèles à celles proposées en conférence plénière, s intéressant à l équilibre à trouver entre sécurité des données et liberté des individus. Introduction, rappel des objectifs et présentation des participants Cet atelier contributif est animé par Daniel KAPLAN, membre du Conseil National du Numérique avec le concours de Geoffrey DELCROIX, de la CNIL, et d Hugo MEUNIER, rapporteur du Secrétariat Général du Conseil National du Numérique. Participent également à l atelier : Prénom Nom Profil Benoit TABAKA Senior Policy Manager chez GOOGLE Anton Maria BATTESTI Public Policy Manager chez FACEBOOK Hanaé BISQUERT Juriste chez l Union des annonceurs Emilie SIRVENT-HIEN Chef de Projet chez b-com Charlotte BAYLAC Chargée de mission affaires publiques chez SYNTEC Numérique Caroline SCHEIDT Chargée de projet IT chez Alsace Innovation Lan Anh VU HON Responsable marketing chez 55 Dany COHEN Professeur de droit à l I.E.P. de Paris Damien SENGER Webdesigner chez HIWELO Eric DESCOURS Expert normes et solutions chez TESSI Camille VAZIAGA Déléguée générale chez Renaissance Numérique Rappel des enjeux de l atelier et de la consultation Suite à une consultation nationale effectuée sur Internet, quatre problèmes et cinq solutions ont été dégagés sur le thème du présent atelier. L atelier qui s est tenu le vendredi 9 janvier 2015 au siège du Conseil de l Europe, à Strasbourg, avait pour objet de se focaliser sur les solutions en tentant de rechercher des moyens effectifs de les mettre en place.

Rappel des principaux défis et des solutions soulevés lors de la consultation en ligne Daniel KAPLAN (Membre du Conseil national du Numérique), chargé de l animation de l atelier, introduit les débats en précisant la nécessité de choisir dans un premier temps deux objets de discussion. Deux sources seront utilisées pour choisir ces objets de discussion : les points abordés par la concertation en ligne qui a eu lieu en amont et les idées neuves proposées par les participants. Trois points ont été retenus parmi les contributions en ligne : Clarté des CGU (Conditions Générales d Utilisation) et parcours des données, Instauration d une class action sur les données personnelles, Portabilité des données, c est-à-dire la possibilité de conserver et de transférer des données personnelles d un prestataire à un autre. La question de la portabilité, qui consiste par exemple à pouvoir transférer ses données de Facebook à LinkedIn, est la première à être écartée, dans la mesure où elle demeure peu claire d un point de vue juridique. «Pour qui? Pour quoi?» demande Dany COHEN (Professeur de droit à l I.E.P. de Paris). Le thème d une class action est lui-aussi mis de côté, car elle existe déjà en France et qu elle implique le concept de «consommateur» qui reste juridiquement limité. «Attendons de voir la class action telle qu elle existe» propose Benoit TABAKA (Senior Policy Manager chez GOOGLE). Après une distinction suggérée par Lan Anh VU HONG (Responsable marketing chez 55), entre données renseignées par un individu (données déclaratives) et données générées par un algorithme (données créatives), la clarification des CGU suscite le consensus auprès des participants. La clarté des CGU est retenue comme premier objet de discussion, il s agit désormais d en désigner un deuxième. Il reste à discuter de deux idées : Autodétermination informationnelle, c est-à-dire la possibilité pour les individus d utiliser les données récoltées à leur sujet sur le net, Transparence des algorithmes. Concernant l autodétermination informationnelle, Daniel KAPLAN pose pour question fondamentale : «Y a-t-il matière à étudier le fait que les données personnelles peuvent être au service d un mieux vivre des individus?» Il s agit de pouvoir analyser à son propre compte les données récoltées à notre sujet par les entreprises. L exemple donné est celui des tickets de caisse dont on pourrait se servir «en les comparant avec des bases de données pour déterminer la liste de course idéale». L enjeu est donc de passer d une connaissance de l utilisation des données personnelles par les entreprises à l utilisation par les individus de leurs propres données. Anton Maria BATTESTI (Public Policy Manager chez FACEBOOK) oppose une première objection en soutenant qu il est absurde de proposer à des individus des données brutes qu ils seront incapables d analyser eux-mêmes

et donne un exemple : «si on lui donnait accès à des données brutes météorologiques, l utilisateur serait toujours incapable de déterminer la météo car seuls des experts en la matière seraient en mesure de traiter de telles informations». Daniel KAPLAN écarte donc l autodétermination informationnelle comme objet de discussion. A propos des algorithmes, Benoit TABAKA (Senior Policy Manager chez GOOGLE) interroge Geoffrey DELCROIX sur la façon dont la CNIL contrôle actuellement le traitement automatisé des données. Le pouvoir de contrôle de la CNIL passe par un «déplacement physique et un accès direct aux serveurs». Le débat se porte rapidement sur la transparence de ces algorithmes et Geoffrey DELCROIX rappelle l existence de l article 10 de la loi Informatiques et Libertés qui traite du traitement automatisé des données. L enjeu ici est de trouver un «équilibre entre le respect du secret professionnel relatif aux entreprises qui utilisent les algorithmes et la protection des individus par rapport à d éventuelles discriminations que peuvent générer l usage des algorithmes». La transparence des algorithmes est retenue comme second objet de discussion. Daniel Kaplan invite les participants à prendre 5 minutes pour formuler par écrit des propositions, très concrètes, relatives aux deux objets préalablement déterminés.

1 ère solution débattue Problématique abordée : Comment faire évoluer aujourd hui les C.G.U. (conditions générales d utilisation)? Mise en action de la solution A- 1er moyen d action Le premier moyen identifié est de faciliter la compréhension des CGU par l internaute. L échelle nationale a été préconisée par les intervenants pour mettre en application ce moyen d action. Les outils proposés sont les suivants : - Pédagogie notamment dans les milieux scolaires, - Simplification des CGU. Pour y parvenir, les leviers identifiés sont les suivants : - Campagnes d information pour développer une culture juridico-numérique dès le plus jeune âge, - Limitation de la taille des CGU, - Décomposition du processus d acceptation des CGU en sous-questions, - Standardisation avec modèles types de CGU proposés par la CNIL, - Affichage obligatoire des CGU en langue française, - Mise en place d une plateforme de l Etat vulgarisant certains éléments du langage juridique des CGU, - Identification des clauses qui intéressent l internaute via un outil sémantique. Trois alliés ont été cités par les participants : - La loi, - L État, - La CNIL. B- 2 nd moyen d action Le second moyen identifié est de donner à l internaute un pouvoir d action vis-à-vis des CGU. L échelle nationale a été préconisée par les intervenants pour mettre en application ce moyen d action. Les outils soulevés sont les suivants : - Possibilité pour l internaute d exercer ses droits. - Interaction entre l internaute et l entité éditant les CGU.

Pour y parvenir, les leviers sont les suivants : - Téléchargement ou envoi automatique par mail des CGU que l internaute vient d accepter. - Obligation de traçabilité. Pour y parvenir, les alliés à utiliser sont les suivants : - La loi. Verbatim et idées pertinentes dégagées lors de l étude de la solution «Y a-t-il matière à étudier le fait que les données personnelles peuvent être au service d un mieux vivre des individus?» «Attendons de voir la class action telle qu elle existe déjà.» «Il y a nécessité à rendre plus visibles et intelligibles les CGU.»

2 nde solution débattue Problématique abordée : Comment assurer la transparence du traitement automatisé des données par les algorithmes? Mise en action de la solution Les outils proposés par les participants sont les suivants : Règle imposant le téléchargement ou l envoi par mail automatique des CGU auxquelles l internaute vient de contracter sur son ordinateur, Affichage obligatoire des CGU en français et à l écran avant conclusion du contrat, l internaute étant toujours libre de ne pas les lire, Obligation de traçabilité, c est-à-dire fournir aux «usagers/clients» les usages effectifs de leurs données, Modèle type de CGU fourni par la CNIL pour le e-commerce, Pédagogie dans le milieu scolaire, Campagnes d information sur les usages du web, Mise en place d une plateforme de l Etat vulgarisant certains éléments du langage juridique des CGU pour en améliorer la compréhension, Décomposition du processus d acception des CGU en plusieurs sous-questions, Possibilité pour l internaute de négocier les CGU, Outils sémantiques permettant d identifier automatiquement les clauses qui intéressent l internaute (confidentialité, localisation géographique, etc.), Standardisation, labellisation des CGU avec mise à disposition de clauses types simples à utiliser. Verbatim et idées pertinentes dégagées lors de l étude de la solution «Il faudrait doter la CNIL de véritables pouvoirs de sanction.» «Il faudrait faire des déclarations d exploitation. Dire grâce à quel traitement statistique, on a réussi à prendre telle décision.»