«La crise : banques, entreprises et gestion des risques»



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Transcription:

Isabelle CADORET Doyen de la Faculté des Sciences Economiques Alain PINEAU Directeur Régional dans le cadre du Cycle de Conférences Banque de France - Master Banque Finance, ont le plaisir de vous inviter à participer à la conférence «La crise : banques, entreprises et gestion des risques» animée par Arthur CHARPENTIER Maître de Conférences - Université de Rennes 1 Membre agrégé de l Institut des Actuaires et Benoît CARTERON Crédit Manager Lactalis Group mardi 2 juin 2009 à 17h30

CONFERENCE BANQUE DE FRANCE & UNIVERSITE DE RENNES 1 La crise:banques, entreprises et gestion des risques une courte réflexion sur l ERM Enterprise Risk Management http://blogperso.univ-rennes1.fr/arthur.charpentier/

Plan de la présentation o o o o La gestion des risques et l assurance (Solvabilité II) La gestion des risques et les banques (Bâle II) Un peu de formalisme économique sur les risques ERM, la gestion des risques en entreprises Sarbanes-Oxley et loi de sécurité financière COSO, Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission ou le contrôle interne

Risque, aléa et incertitude RISQUE, subst. masc. I. [Le risque est subi] A. Danger éventuel, plus ou moins prévisible, inhérent à une situation ou à une activité. Risque objectif, subjectif; comporter des risques; explorer le risque; tenir compte des risques; les risques du métier. Un rebord (...) m'offrit une banquette, d'où je pus à mon aise et sans risque jouir d'un spectacle vraiment neuf (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 223). B. Spécialement 1. DR.,,Éventualité d'un événement futur, incertain ou d'un terme indéterminé, ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties et pouvant causer la perte d'un objet ou tout autre dommage`` (Cap. 1936). Assurance tous risques. Toutefois n'entrent pas en compte dans le calcul de la rémunération: l'indemnité de résidence, le supplément familial de traitement, les prestations familiales, les indemnités représentatives de frais qui correspondent à des dépenses réelles, les indemnités pour risques corporels (Encyclop. éduc., 1960, p. 304). Étymol. et Hist. 1578 fém. «danger, inconvénient plus ou moins prévisible» (H. Estienne, Deux dialogues du nouveau lang. fr., éd. P.-M. Smith, p. 145) Syn. aléa, chance, danger, gageure, hasard, inconvénient, menace, péril, responsabilité Frank Knight, Risk, Uncertainty and Profit, 1921: Le risque assurable, ou aléa dont l'occurrence est probabilisable Le risque d entreprise ou incertitude, où l'entreprise doit faire plusieurs choix successifs et où la possibilité d'une erreur est importante.

Assurances et gestion des risques «the contribution of the many to the misfortune of the few» L assurance n est pas une suppression des risques, mais un transfert des risques Règles très strictes concernant la solvabilitédes compagnies évaluer correctement les dettes: pouvoir estimer, à tout moment, le montant de ses engagements vis à vis de ses assurés (article R331), avoir un montant suffisant d actifs sûrs, liquides et rentables en représentation des engagements (articlesr332-r333), posséder plus d actifs réels que de dettes et d engagements : la compagnie doit avoir une marge de solvabilité (article R334-1 )

Assurances et la mutualisation des risques PRIMES ASSURANCE ENTREPRISE Entreprise 1 Entreprise 2 INDEMNITE Entreprise 3 Entreprise 4 Entreprise 1000

Assurances et gestion des risques SOLVABILITE II Pilier I Exigences Quantitatives Capital réglementaire -SCR (solvency Capital Requirement -MCR (Minimum Capital Requirement Provisions techniques -Best estimate + marge de risque Placements en valeur de marché Pilier 2 Exigences Qualitatives Gouvernance, gestion des risques et contrôle interne Contrôle des modèles internes Dispositifs de reporting et d alerte Supervision par les autorités de tutelle Pilier 3 Publication de l Information Exigences de publication d information (transparence, discipline de marché) Exigences de reporting au Superviseur (rapport annuel sur la solvabilité et la situation financière) Principe de cohérence entre information des annexes comptables/exigences pilier III / reporting au superviseur

Assurances et «titrisation» PRIME 1,000 ASSURANCE ENTREPRISE Risque INDEMNITE 50,000

Assurances et «titrisation» PRIME 1,000 ENTREPRISE ASSURANCE MARCHES FINANCIERS Investisseur 1 Investisseur 2 Risque INDEMNITE 50,000 Investisseur 3 Investisseur 4

Assurances et «titrisation» PRIME 1,000 ENTREPRISE Risque ASSURANCE taux sans risque 3,5% NOMINAL 100,000 NOMINAL 100,000 + COUPON 3,500 1,000 MARCHES FINANCIERS Investisseur 1 Investisseur 2 Investisseur 3 Investisseur 4

Assurances et «titrisation» PRIME 1,000 ASSURANCE ENTREPRISE Risque INDEMNITE 50,000 NOMINAL 100,000 NOMINAL 100,000 50,000 MARCHES FINANCIERS Investisseur 1 Investisseur 2 Investisseur 3 Investisseur 4

Assurance, finance et risque, un peu d histoire 1600 1693 1700 1800 1900 1903 2000

Assurance, finance et risque, un peu d histoire 1600 1700 1800 1900 1956 1921 1992 2000 «C est dans les commerces les plus hasardeux que les banqueroutes sont les plus fréquentes» Adam Smith 1,10

Assurance, finance et risque, un peu d histoire Articles paru dans les années 30-60 Les variations de prix (sur les marchés financiers) sont elles aléatoires? Peut être pas «aléatoire» au niveau micro, mais sûrement au niveau macro assurance particules (mouvement brownien)

Finance et gestion des risques Les normes Bâle IIconstituent un dispositif prudentiel destiné à mieux appréhender les risques bancaires et les exigences en fonds propres. Ces directives ont été préparées depuis 1998 sous l'égide de la «banque centrale des banques centrales»(la BRI) Pilier I: l'exigence de fonds propres Pilier II: la procédure de surveillance de la gestion des fonds propres Pilier III: la discipline de marché La directive européenne «fonds propres réglementaires» (Capital Requirements Directive, ou CRD) transpose dans le droit européen ces recommandations (directives 2006/48/CE et 2006/49/CE,juin 2006).

Finance et gestion des risques BÂLE II Pilier I Capital Minimum Requis Capital réglementaire Couvrir les risques - de marché - de crédit - opérationnel Calculer le capital global Pilier 2 Supervision Règlementaire Présenter le processus de gestion des risques Validation de la méthodologie Le régulateur intervient en cas de détérioration Pilier 3 Publication de l Information sur la structure du capital sur la mesure du risque sur la gestion du risque sur le capital affecté

Economie et risque: décision dans l incertain Travaux de Daniel Bernoulli, 1738 Tout le monde ne se comporte pas de la même façon face au risque, notion d aversion pour le risque, ou d appétence pour le risque (notion de «Risk Appetite»). Cf. Leclerc, Comte de Buffon, ou Gabriel Cramer

Economie et risque: un peu de formalisme L incertain est quantifiable, mesurable On cherche à connaître la distribution probable des gains des pertes des bénéfices dispersion variance, volatilité σ

Economie et risque: un peu de formalisme Valeur moyenne dispersion variance, volatilité σ

Economie et risque: un peu de formalisme 2σ probabilité = 31,73% 6σ probabilité = 4,55% probabilité = 0,27%

«6 Sigma est une marque déposée de Motorola désignant une méthodologie structurée de management visant à une amélioration de la qualité et de l'efficacité des processus. Depuis 5 à 6 ans, elle connaît un grand essor en raison de la complexité des organisations et de l'internalisation des processus qui imposent une vision globale des problèmes. Le principe de la méthode consiste à faire en sorte que tous éléments issus du processus étudié, soient compris dans un intervalle s'éloignant au maximum de 6 sigma par rapport à la moyenne générale des éléments issus de ce processus. En réduisant la variabilité des produits du processus, on réduit le risque de voir le produit (ou service) rejeté par son destinataire car en dehors de ses attentes ou spécifications.»

Rendement moyen espéré impossible à atteindre Finance de marché, l approche moyennevariance, Harry Markowitz (1954) impossible à atteindre atteignable atteignable Risque

Gestion des risques pour les entreprises Aux Etats-Unis, scandales financiers loi Sarbanes-Oxley (2002), sur la réforme de la comptabilité des sociétés cotées et la protection des investisseurs Cette loi oblige à mettre en œuvre un contrôle interne s appuyant sur un cadre conceptuel: en pratique le COSO est le référentiel le plus utilisé. La loi de sécurité financière (LSF), votée le 17 juillet 2003, analogue à la loi Sarbanes-Oxley, responsabilité accrue des dirigeants renforcement du contrôle interne réduction des sources de conflits d'intérêt

De plus en plus d ouvrages sur l ERM, Enterprise Risk Management

ou sur un thème connexe : le Sarbanes-Oxley act

Contrôle interne et COSO COSO est un référentiel de contrôle interne défini par le Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission. La gestion des risques de l entreprise est un processus mis en œuvre par le conseil d administration, les dirigeants et le personnel d une organisation, exploité pour l élaboration de la stratégie et transversal à l entreprise, destiné à identifier les événements potentiels pouvant affecter l organisation, maîtriser les risques afin qu ils soient dans les limites de l appétence pour le risque de l organisation, fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation des objectifs de l organisation. «Le «Risk Appetite» doit être pris en compte dans la définition de la stratégie de l organisation afin de s assurer que les résultats de cette stratégie sont cohérents avec le «Risk Appetite» défini pour l organisation.»

Contrôle interne et COSO COSO est un référentiel de contrôle interne défini par le Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission. Les cinq composants Le contrôle interne comporte cinq composants. l'évaluation des risques (importance et fréquence) les activités de contrôle : règles et procédures mises en œuvre pour traiter les risques, l'information et la communication, qu'il s'agit d'optimiser ; la supervision, c'est-à-dire le «contrôle du contrôle» interne.

Contrôle interne et COSO COSO est un référentiel de contrôle interne défini par le Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission. Les trois objectifs Le référentiel COSO définit le contrôle interne comme un processus mis en œuvre par les dirigeants à tous les niveaux de l entreprise et destiné à fournir une assurance raisonnable quant à la réalisation des trois objectifs suivants : la réalisation et l'optimisation des opérations, la fiabilité des informations financières, la conformité aux lois et règlements

Une bonne gestion des risques pour éviter les crises? Gestion (et mesure) des risques: mission impossible? «Le contrôle des risques est une chimère», Frédéric Lordon 1. Très difficile de valider des probabilités 2. Très difficile d imaginer le champ des possibles

Une bonne gestion des risques pour éviter les crises? 3. Très difficile de trouver de bonnes mesures de risques Charles Goodhart, chief economic advisor Banque d Angleterre, 1975 «Once a social or economic indicator or other surrogate measure is made a target for the purpose of conducting social or economic policy, then it will lose the information content that would qualify it to play such a role.» «Dès qu une mesure devient un objectif, elle cesse d être une (bonne) mesure.»