Thèmes et sous-thèmes. Fiche Sofia Elena

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1 Fiche Sofia Elena GD5 Sofia Elena ; 22 ans ; Fille ; 2 e 1 ère année de pharmacie (après 2 1 ère années de médecine) ; Alternative (foyer catholique avec uniquement des filles). 3 sœurs (une au foyer en droit, une autre concours de gendarmerie et la petite en primaire ; elle réfléchit un moment pour me donner le nombre) et 1 frère (au collège) ; elle est l aînée. Père : ancien militaire, travaille maintenant au ministère de la défense dans les bureaux parisiens ; Mère : retraitée du ministère de l intérieur (après 3 enfants et 15 ans de service, elle a pu prendre sa retraite. Célibataire («non, non, je suis mariée avec mes classeurs!») 400 de loyer par mois. Elle commence par me détailler sa chambre (elle n a pas voulu, au motif du règlement, que je la visite). «Elle doit faire 10 m² je pense. Elle est meublée ; il y a un lit, un bureau, un petit meuble pour faire des rangements, un lavabo, une armoire. Ensuite, j ai amené un peu de décoration» «Des posters? Des photos?» «Oui, j ai mis Comment dire? Un paréo au-dessus du lit pour un peu égayer. Sinon, il y a quelques photos : des amis» «tu as apporté d autres meubles?» «Non, je me suis contentée de ce qu il y avait et, en fait, une copine m a prêté un meuble pour mettre mes classeurs dedans. C est tout. C est le seul meuble qui a été rajouté sinon» «au niveau de l espace, il n y avait pas moyen d en rajouter?» «Oui, voilà.» "Avezvous le droit d installer des étagères?» «Si, si. Enfin, pas faire des gros trous dans le mur, par contre.» En ce qui concerne les parties communes : «ça, c est dans le couloir. Il y a quatre douches pour un côté du palier ; avec, à côté les toilettes Il y en a 4 aussi. Ça va.» [Je lui demande des précisions sur ce qu elle entend par le côté du palier] : «Il y a quatre douches et WC de chaque côté. Et je dirai pour dix chambres même s il y a des filles qui vont de l autre côté ; il y a moins de personnes pour mon côté.» «[Au rezde-chaussée], le coin salon, le réfectoire ; ici, le coin où on peut recevoir des amis, des membres de la famille.» [Dans un coin, il y a une machine] : «Oui, c est un distributeur de bonbons, de gâteaux, etc.» [sinon, il y a des jeux de société, une petite barrique de vin vide] «on a vérifié! Elle est vide!» [Un vélo d appartement] : «Oui, il est sur le côté. Et puis même, je ne sais pas s il marche. J ai déjà vu une copine pédaler à l envers pour le faire marcher!» Concernant l extérieur du bâtiment : «oui, c est le jardin du foyer ; il fait tout ce côté là et il y a quelques bancs. C est vrai que c est sympathique d aller s asseoir là et de papoter avec des copines. Il y a des fleurs.» Propositions sur le logement : avoir des machines à laver. Mais c est assez problématique dans le foyer pour des questions de gestion et de capacité (obligation d avoir des grosses machines). Thèmes et sous-thèmes 1) Appropriation espaces a) intérieurs Domicile Appropriation de la cuisine et de ses objets pour se faire à manger le midi.

2 La présence dans le foyer symbolisé par un aimant. [Sur le tableau à l entrée du foyer] : «En fait, c est au cas où il y aurait des incendies ; il faut marquer si on est présente ou absente. Donc, on décale le plot quand on s en va. C est par numéro de chambre ; et je ne sais pas si les sœurs sont censées noter, si jamais il y a le feu, celles qui ne sont pas là. C est pour des raisons de sécurité.» «Au premier, il y a une salle télé aussi. Et il y a une salle Internet au deuxième. Et au troisième, il y a une salle d étude. Dans la salle télé, il y avait un combiné télé-magnétoscope. Dans la salle Internet, il doit y avoir 6 ordinateurs mais beaucoup de filles amènent leurs portables parce qu il y a des prises en plus [pas de connexion Wi-fi]. A partir de 22h, la connexion Internet est coupée. La salle d étude est une ancienne chambre avec deux bureaux et les filles, quand elles veulent travailler au calme, elles vont là-haut.» La cellule monacale privée. «Les chambres, quand les filles travaillent, on ne peut pas s y retrouver pour rigoler. On ne va pas aller chez les unes et les autres ; donc on descend.» b) espaces de la ville Ville L extérieur du foyer, un monde étrange et bruyant. [Sort-elle sur la ville, le quartier? Y a-t-elle des activités?] «Non, franchement. Sortir : un petit tour du foyer, près du canal ou quoi. [Sur la MJC à côté] Oui, j ai dû voir ça une fois en passant mais je ne connais pas du tout. [L auberge de jeunesse?] Ah non! Ça ne me dit pas trop. C est pas pour être méchante mais Ils sont Enfin, cela va être un peu horrible ce que je vais dire Mais ils ont l air un peu spéciaux et après Non, moi, on m a toujours dit : fais attention en passant. Le soir, quand je rentre de Paviot [où elle fait ses cours du soir], c est une ruelle assez sombre. Enfin, on se dit : vite, il faut que j arrive vite au foyer. Plutôt que de regarder de l autre côté Oui, ils sont un peu» [y a-t-il des conflits de voisinage? Des problèmes?] «Non. Quand une personne saoule, sous les fenêtres, est en train de hurler à côté, des fois. Je sais qu à une époque, il y avait le BAFA qui venait à l auberge de jeunesse et les jeunes se retrouvaient, le soir, à hurler, bon Des fois, sœur Annick : Oui, allô! La police? C est rigolo mais, à part ça, il n y a rien de spécial.» Une faible appropriation du quartier. «Alors, si je me trompe pas Début de l année, cela doit être septembre ou octobre, il y a la braderie canal Saint-Martin ; c est assez sympathique. Sinon, après, je sais que dans pas longtemps, le mois prochain, il doit y avoir la fête de la Saint-Jean avec un feu sur le canal et un petit concert ; donc assez sympa. Donc, après, il doit y avoir la fête de la musique mais je ne l ai jamais faite ici.» [Va-t-elle à la braderie?] «J ai fait un petit tour comme ça pour voir ; oui, c est sympa mais après, comme j ai dit, quand les cours recommencent ou quoi [sur sa promenade sur le canal, jusqu où va-t-elle? Jusqu au Bon Accueil? Plus loin?] «En fait, c est arrivé très rarement. Et quand je dis sur le canal, bon, c est jusqu au canal, deux petits tours Et même il y a une petite boucle qui se fait Je ne sais pas si vous voyez la maison de retraite un peu plus loin? Après, coupé dans leur parking et il y a un petit pont et ça fait un tour. Il y a des appartements et ça fait une petite boucle. [Elle ne connaît pas le bon accueil qui est à 500m]. On sort du foyer, on longe et on coupe avant la maison de retraite, juste avant, dans les parkings et là, ça passe tout près dans les immeubles à côté et ça revient là.» c) Mobilités Monde

3 Une enfance et une adolescence rythmées par les affectations de son père. «C est compliqué. En fait, papa était militaire donc on a beaucoup bougé. J ai dû faire mon primaire dans deux endroits différents en Lorraine. Enfin, primaire-collège. La fin de collège, je l ai faite en Nouvelle-Calédonie. Et puis, après retour à Compiègne, le lycée.» «Il y a eu Paris et Foix aussi.» «Je suis née à Foix ; puis ensuite Paris ; la Lorraine ; la Nouvelle- Calédonie ; Compiègne et, enfin, Rennes.» «On ne se rend pas compte quand on est plus jeune. Je sais que, moi, c est amusant : une nouvelle maison, rencontrer de nouveaux amis, se faire de nouveaux amis ; c est sympa. Mais bon, après, j aurai un peu plus de mal à partir d ici maintenant.» Parents Des retours sporadiques dans sa famille. «Je rentre à Compiègne à chaque fois que le foyer est fermé. Il y a peut-être eu 4 week-ends plus les vacances de Noël, je pense. Et après, par rapport aux études, je suis pas rentrée pendant les vacances de février ; je suis restée ici travailler. Et la dernière fois que je suis rentrée, c était en avril ; le week-end de mon anniversaire. C est tombé pile dessus et ça fermait, donc» Ville Choisir Rennes pour retrouver une partie de ses racines. «En fait, on s était dit avec la famille On regardait les villes étudiantes Enfin, les villes où il y avait pas mal de choix en fac et tout ça. Et comme on est breton, on s est dit Donc, oui, on s est dit : Rennes, pourquoi pas? Et cela m a plu comme ville. Je trouve cela vraiment joli.» «Non, sinon la ville universitaire c est Amiens sur l Oise. Alors cela aurait pu être ça mais c est tout gris. Ce n était pas super. Alors, il y a Paris aussi mais, moi, je sais que Paris j aime pas trop. C est très joli ; les monuments, tout ça mais le côté très speed de tout le monde» [Sur la connaissance antérieure de la Bretagne] «alors pas Rennes, c est plus le Finistère. Après, on est venu visiter. Je n étais pas obligé de vernir ici. Mais quand on est venu visiter, c était vraiment sympa.» 2) Aspects techniques Le portable, cordon ombilical avec la famille (la mère). «Je pense qu il y a des personnes qui sont pires ; mais pour recevoir des coups de fil, pour appeler des personnes ; les proches par exemple.» «[Sur ces communications téléphones avec ses parents] Tous les jours! Souvent moi ou alors, je les bipe et ils m appellent parce qu il y a une cabine téléphonique. Mais tous les jours. Ce n est pas forcément une heure, cela peut être 5 minutes. Surtout en ce moment : allô! Maman [prend une voix désespérée]. Si j étais pas en concours, je pense que cela serait moins mais la pression fait que, oui, tous les jours, cela fait du bien de les avoir un peu.» Le nombre créé plus de sources d inconvénients. «Alors, il y a des petits inconvénients. C est quand, par exemple, dans la cuisine, des filles laissent les plaques sales ou alors débarrassent pas, laissent leur vaisselle comme ça dans l évier. Ou alors les douches sales, les toilettes sales, ça arrive aussi. Ce n est pas catastrophique mais, au bout d un moment, on se dit : crotte, elles ne savent pas faire la vaisselle. C est pas possible!» 3) Construction de soi

4 a) Visibilité Le foyer, un espace pour être vu et lieu de réception. «Avec les études, j y ai beaucoup travaillé. J aime bien la vue ; j aime beaucoup. Avec les copines du foyer, on se retrouve ici pour papoter.» b) Altérité En compétition avec le monde extérieur au foyer. «Oui, j en ai [des amis] mais Alors, les concours, c est un état d esprit différent. C est la compétition même si on s entend bien avec des gens, c est quand même la compétition. Donc, mes amies sont plus ici qu à l extérieur. Même si je connais du monde dehors.» Le foyer, unique source de liens d amitié? «Oui, j en ai A l extérieur, j en ai mais ce sont des personnes qui rentrent chez elles après les examens. Je sais que, depuis le concours, on s est dit au revoir et aux résultats. Parce que, voilà, je ne les reverrai pas avant. Mais c est vrai que mes amies sont au foyer. Il y en a aussi qui ne sont plus au foyer et que je revois de temps en temps mais bon L été, juin juillet août, il y en a beaucoup qui travaille ; on se revoit plus.» L échec des études devient une source de complexe vis-à-vis de ses amis. «A Compiègne, oui, j en ai gardé. Bon, certaines plus facilement que d autres mais Depuis quatre ans, on se dit : zut! On en connaît qui sont déjà en quatrième année de ceci ou en quatrième année de cela et on se dit : oh! Nous on est toujours en première année, bon Pour certaines, j ai coupé un peu les ponts. Bon, là, c est pas le bon moment. Je ne suis pas dans une super forme et puis Bon, après c est ridicule. On me dit : mais non, il n y a rien du tout. On s en fiche. Mais, moi, à côté de cela, ça me mine un peu même si je suis très contente pour les autres ; ce n est pas de la jalousie mais» c) Altérité voisins Une sociabilité accrue en fin d année. «Avril, il y a moins de monde parce que les filles rentrent chez elles pour réviser. Il y en a qui terminent carrément. Et donc, il y a moins de monde au foyer et ça permet de mieux se rencontrer. Il y avait des personnes, vers septembre, je ne leur parlais jamais et je les ai connues plus en avril où, là, on est vraiment un petit nombre, on est restreint et c est super.» Relations distantes avec les autres filles du foyer mis à part un groupe d anciennes. «Je les connais de vue mais parler Il y en a à qui je n ai pratiquement jamais parlé. Bonjour, au revoir, ça va mais pas plus que ça.» [Elle connaît une vingtaine de filles plus personnellement] «oui, c est le groupe des anciennes.» Les sœurs et les corésidentes, soutiens dans les moments difficiles. «Et puis qu il y ait des sœurs. Et puis le fait que je ne sois pas de la ville ; quand on arrive comme ça et que l on ne connaît personne, il s est dit : c est pas mal Des fois que j ai un coup de blues, elles sont là pour m épauler.». «Moi, je sais que je ne connaissais personne ici. Le fait d être 80, on apprend à connaître des gens qui deviennent des amis. Et vraiment, elles ne deviennent pas que des copines, elles sont des amies. Parce que d être ici, tout le temps, toute l année ensemble, on finit par se connaître ; il y a des moments comme ça, des moments privilégiés où chacune traverse différentes épreuves et cela renforce les liens. C est vachement bien.» «Elles me connaissent super bien et le Pour soutenir comme là, je sais que je vais pas très bien et les sœurs sont là, toutes adorables ; mes supers copines aussi.

5 Faire du mieux qu ils peuvent pour me remonter le moral! Voilà. Surtout que je suis pas d un naturel à être là : oh là! Là, ça ne va pas! D habitude je suis la première, youpi! Tout va bien! Mais en ce moment, ça fait du bien qu il y a toujours des personnes pour nous soutenir.» Vivre en foyer permet d éviter le face à face avec l autre et de préserver son image. [Au sujet de la colocation] : «ça ne me dit pas, je ne sais pas. Même avec quelqu un que je connais ; même si c est avec une copine d ici, cela ne me dit pas trop.» [Sur la différence entre vivre dans un foyer et la colocation] : «alors, ici [elle réfléchit longuement] Ici, si on en a marre de voir quelque chose, des personnes. Parce qu on n est même pas obligé Si quelqu un laisse sa vaisselle, au début, on l a fait mais, après, on est pas obligé. Et je me dis : colocation, c est vraiment je sais pas du face à face. Oui, ici, tout n est pas dit. Quand on voit une fille qui ne fait pas sa vaisselle, on ne va pas directement la voir et dire : oui, voilà, tu n as pas fait Enfin, je sais pas ; je trouve cela plus pénible. On n a pas besoin d être derrière les gens et, en colocation, voilà, directement, on va aller voir. Et on peut très bien s entendre super bien avec quelqu un et, justement, en vivant en colocation, s engueuler pour des bêtises pareilles. Après, cela peut changer la vision de l autre et les liens.» Des relations sous le regard des autres filles. «Alors, oui, il y a un règlement. Alors, les chambres, c est pas d homme dans les étages. Alors, il y a quand même des personnes qui arrivent à en faire monter ou quoi mais C est vrai que c est Alors c est une règle, c est comme ça mais, à part ça, amener quelqu un ; tout de suite, tout le monde regarde. Tout le monde est là : tiens, c est qui? C est son copain? C est les vieux potins de filles et c est vrai qu il y a des personnes qui ne ramènent plus personne ici! Il y a des filles à la fenêtre : tiens, c est qui? C est marrant mais ça fait peur aux gens aussi.» d) Appartenance Des temps pour marquer son identité catholique. «Alors, moi, je suis catholique mais cela ne me dérange pas du tout. Même si c est un foyer catholique, on est pas obligé d aller à la messe, de faire des prières. Mis à part le fait de voir des sœurs passer de temps à autre, on ne se rend pas compte non plus. C est un foyer catholique mais on est pas obligé d aller prier. Il y a pas mal de filles qui ne le sont pas. Il y a un prêtre qui vient et, juste à côté, il y a une chapelle et c est là que cela se passe.» 4) Engagement compétences a) Habitat Un logement au goût des parents. «C est maman qui a trouvé [le logement]. Alors je ne sais plus si c est par Internet ou parce qu elle s est renseignée Enfin, je ne sais plus comment elle a trouvé. Donc maman a trouvé le foyer et on est venu visiter avec papa. Il a beaucoup aimé aussi et il trouvait l endroit très joli : le cadre, la verdure dehors.» b) Etudes Acharnement à vouloir faire des études dans les métiers de la santé. «Je suis en première année de pharmacie, mon dieu!» «Pourquoi mon Dieu?» «Parce que j ai passé mes exams la semaine dernière et cela ne s est pas super bien passé. Donc, je n ai pas trop le moral mais je répondrais aux questions quand même. En fait, j ai fait deux

6 premières années de médecine avant. Donc, que du concours. Et là, deux premières années de pharma. Et voilà, donc, ce n est pas la joie. On verra bien ; il faut attendre les résultats.» «Ça me plait le côté médical, santé. [La médecine] ça n a pas marché. La pharmacie c est en 6 ans mais, après, il peut y avoir des spécialités. [Entre les programmes de médecine et de pharmacie] non, c est complètement différent. Et dans le programme, il y a des choses que l on retrouve en pharmacie mais pas beaucoup. Il y a beaucoup plus de chimie en pharmacie qu en médecine et Non, les programmes sont différents.» «J aimerai bien trouver ma voie quand même Là, j ai un petit peu peur et je ne sais pas trop C est pour ça que je suis un peu Donc le chocolat et les supers DVD [elle me montre les objets qu elle a avec elle]! Non, ce n est pas la super joie là.» [Sur son avenir] : «je ne l imagine pas pour l instant. Ça m embête parce que je ne suis pas comme ça d habitude. Mais là, c est un peu difficile ; c est un peu flou. Je ne sais pas Je suis perdue. En même temps, on attend les résultats mais je ne suis pas joyeuse de ce que j ai fiat et c est 110 places. On est 327 pour 110 places. Il y a des personnes vraiment excellentes qui connaissent tout sur le bout des doigts. Et je me dis que c est un peu cuit. Et puis même, si je ne l avais pas, cela serait peut-être fac de bio mais après, je ne vois pas pourquoi Là, tout est vraiment flou.» L altruisme comme motivation pour les métiers de la santé «Oui, se rendre utile. Là, on est au contact des gens. C est pas comme médecine où on les soigne. Leur apporter des conseils, l écoute aussi. Prévenir, guérir, tout ça. Ça va, je tiens le coup!» Mais une erreur de choix? «C est pas vraiment un choix que j ai fait au lycée. Je sais pas. Je trouve qu au lycée, j ai été mal aiguillé. Je suis parti sur médecine mais, finalement, je me suis dit, là il y a quelque temps, que ce n est pas vraiment pour moi. Pas le fait que j aie raté. Mais je sais que j ai du mal avec la souffrance des gens. Imaginons une scène de torture, je ne peux pas regarder. Entendre quelqu un hurler à la mort, je ne peux pas. Et c est vrai que, quand on soigne les gens, on ne les voit pas toujours souriants. Remettre une jambe en place Alors à partir de là, j ai pu faire quelques jours de pharmacie en officine et j ai trouvé cela vraiment génial. Je me suis dit que j aurai dû faire ça en sortant du lycée.» être constamment focalisé sur les concours. [Fait-elle des petits boulots, notamment l été?] : «non, je n ai jamais travaillé. Mais ça me dirait bien. Bon, peut-être pas cette année, cet été mais après, pourquoi pas? Parce que, voilà, le problème aussi c est toujours concours. Donc, forcément l été, on se dit : on va revoir un petit peu quelques trucs quand même. Il y a toujours du boulot et cela fait quatre ans.» c) Générations ; famille et interdépendance solidarités nationales Un besoin d avoir un cadre familial (?) «La colocation, cela ne me dit pas du tout. Ça, par contre. Non, c est vrai, je me suis dit à une époque : un appartement, l indépendance, tout ça ; mais finalement, je suis contente d être ici» Les parents assurent la logistique financière. «C est eux qui payent ; loyer et compagnies. Je fais rien du tout. Je me contente de travailler. Enfin, oui, ils payent le loyer. Ils mettent sur le compte des sous pour faire les courses pendant le mois et compagnie. Moi, j ai rien, j ai de la chance, je n ai rien du tout à payer.»

7 [Sur le montant des dépenses] «alors, je sais plus du tout. Je sais qu il y a pas longtemps, on a pris l APL, l aide pour le logement. Les trois premières années, on ne l avait pas prise mais cette année si parce que les loyers ont un peu augmenté. Et je crois que c était, sans les APL, 400 par personne. Je dois avoir 160 d APL et pareil pour ma sœur. Tout est compris.» «Le portable, c est aux aussi. En plus les factures arrivent à la maison.» «Quand maman voit que le compte vire au rouge, elle le réapprovisionne.» «Ce sont les parents qui ont fait les papiers pour l APL. En plus, papa qui met une petite gommette : oui, il faut signer là. Il y a la gommette et, en plus, la petite croix au crayon à papier. C est adorable! Non, on n a rien fait. Les concours, c est prenant et tout mais ils ont tout fait pour qu on ait rien à faire. Voilà tout ce qui est loyer, téléphone et compagnie, c est eux qui Moi, je n ai rien à faire du tout.» 5) Renoncement-consommation a) Confort Des cités U à améliorer. «Par rapport à ici, je ne saurais pas quoi dire ; il y a des inconvénients mais il y a pas mal d avantages. Je trouve qu on est quand même bien, malgré tout. Oui, les cités U, on m avait parlé du bruit et des étudiants qui faisaient vraiment n importe quoi. J ai une copine de première année de pharmacie qui me disait que les jeudis soirs c était la fiesta à fonds. Il y a des étudiants qui font n importe quoi. On fait exprès de déconcentrer les autres. C est ce que l on m a dit.» b) Sacrifice conso Les études avant les loisirs. «Quatre années de concours, c est pas vraiment de sorties. Là, je suis pas sortis depuis un bon bout de temps. Je suis sortis vendredi pour décompresser mais, à part ça, pas trop trop.» Un emploi du temps consacré presque uniquement aux études. «On a cours le lundi matin et le mardi matin ; donc, ça, c est de 7h45 jusqu à 12h15. et le mercredi matin, pareil, et une partie de l après-midi. Alors, 13h30 jusque 17h. Et, bon, à part ça, il y a rien. Sauf que, moi, j avais en plus une prépa privée. Donc, c est le soir C était deux soirs, voire trois soirs par semaine et c était de 17h30 jusque 20h30. Voilà, plus le boulot personnel ; on a pas le temps de sortir. C est pas possible.» Interdiction de fumer dans les bâtiments. «Il ne faut pas fumer dans les chambres. Donc, ça, il y a trois ans, c était possible mais depuis qu il y a eu les personnes pour les incendies, ils sont passés et ont installé des extincteurs sur tous les étages. Et il y a des consignes sur le panneau dans l entrée. [Ont-elles le droit de fumer dans les parties communes?] Non, dehors. Je crois me souvenir qu il y a un peu plus longtemps, huit ans peut-être, que c était possible de fumer mais plus maintenant. Non, c est dehors.» Une alimentation et un sommeil régulier pour réussir ses études. «Par rapport, j ai essayé de toujours respecter les trois repas par jour. Parce que quand on est en concours, on nous dit : oui, faites attention. Faut pas commencer à se priver. Donc, depuis que je suis arrivé ici, c est vrai que j ai pris du poids. Mais, en même temps, je n ai pas bougé beaucoup pour Enfin, je n ai pas le temps non plus de faire du sport. C est arrivé de temps en temps, quand on discute avec les copines, de se coucher un peu plus tard que d habitude mais sinon, non, pas tellement. Après il faut être raisonnable et se dire : demain, j ai encore tout ça à faire.»

8 Des années sacrifiées pour un avenir incertain. «Oui, parce que ce n est pas que la pharmacie. J ai fait médecine avant. Donc, c est 4 ans de concours. Voilà, il n y a que les cours et rien d autre. Pas de sortie. Et le cercle des amies, ici, j ai vraiment J ai eu des potes à la fac mais, après, les cercles d amis que l on retrouve à l extérieur, j ai pas eu. Comme je disais, les relations sont différentes ; c est la compétition. On est pas supers potes ; on est 327, il y a 110 places et voilà C est concurrence.» c) Projet Des débouchés incertains. «Alors après, je sais qu il y a divers Il y a des possibilités de travailler en officine ou dans des branches de l industrie pharmaceutique. C est vrai que moi, à la base, officine ça me plaisait. Où après? Ça je ne sais pas. A Rennes normalement mais c est vrai que j ai la possibilité de la Nouvelle-Calédonie ; j ai toujours de la famille là-bas. Cela aurait pu être bien aussi. Mais là, je ne sais pas. Même les officines à Rennes ; les officines coûtent super cher, donc, je ne sais pas Beaucoup de gens se mettent en associé.» d) Récréation Des espaces interdisant les loisirs. «quand on rigole, on ne fait pas vraiment attention et donc, il vaut mieux descendre [que rester dans les chambres]» Les soirées entre filles (autour de la télé ou autre), seuls moments de détente. «Quand on se retrouvait, en avril, dans le coin télé, on rigolait ensemble ; toujours en discutant. Chacune apporte son petit paquet de gâteaux, son jus de fruit et, hop! On rigole.» Pas le temps pour les loisirs. «Là, j ai rien à côté du tout. C étaient les cours, donc, vraiment Je faisais du tennis en club à Compiègne mais là, depuis que je suis ici, non.» «Alors, normalement, à la maison, je n ai pas le droit de sortir. Donc, ici, j en profite mais c est très léger. Ici, je suis sortie un petit peu mais, faire la fête, c est être avec mes copines et bien rigoler, bien s amuser. Comme vendredi dernier, on était une petite dizaine de filles du foyer et on est sortis en boite et c était super sympa. Pas d alcool. Non, no, pour moi, ce n est pas synonyme de grosse cuite. C est juste passer un bon moment avec ses amies.» Le couvre-feu sonore de 22h. «Oui, le bruit ; essayer, à partir de 22h, de faire trop de bruit. D éviter de claquer les portes. De pas mettre de talons. Bon, il y en a quand même qui en mettent ; on entend, passé 10h du soir, des taps taps taps! Bon, quand on est sur ses cours, c est pénible. Surtout qu il y a pas mal de filles ici qui sont soit en médecine, soit en pharma. Il doit y avoir, cette année, trois lycéennes. Sinon, ce sont des étudiantes en prépa kiné ou orthophoniste. Donc, c est quand même assez studieux ; donc, le bruit Il faut éviter.» Le couvre-feu des sorties. «Il y a les sorties aussi. Toute la semaine, le foyer ferme à minuit. Le samedi, on a la possibilité d avoir une clé pour sortir plus longtemps et rentrer comme on veut. Et le dimanche, cela ferme à 23h. Il y a plusieurs clés donc, normalement, comme il y a beaucoup de monde en concours ou autre, il y a beaucoup de monde qui ne sort pas. Donc, il n y a pas de souci pour les clés même si, de temps en temps, ça arrive qu on tombe en panne d une clé mais si une fille en a pris une et qu elle ne compte pas sortir, il ya moyen de s arranger. Et quand le foyer ferme, il faut qu on se trouve à loger.»

9 Les études d abord! Pas le temps de jouer à la Barbie. «Surtout par rapport aux études, on travaille bien ici. C est calme. A la maison, j ai encore une petite sœur. Quand elle vient me voir : oui, alors? On fait ça ou ça. On joue à la Barbie mais, moi, je peux pas parce que je suis sur mes cours. Et elle, elle ne comprend pas très bien non plus.» [Est-ce qu elle sort avec ses anciennes amies quand elle rentre à Compiègne?] : «ben, là, pas pour le moment. Surtout que les week-ends, cela passe très vite. Il y a toujours du travail que l on a amené même si c est moins bien qu ici pour bosser. Après, moi, je sais que pour aller jusque Compiègne, il y a 5 heures de transports. Il y a deux heures de TGV ; ensuite, il y a l arrêt à Paris Montparnasse. Ensuite, il faut aller à Paris Gare du Nord. Et puis, aller à Compiègne. Donc, cela fait cinq heures et, dans un week-end, ça fait Donc, profiter de la famille au maximum.» «Logement étudiant» Observation Pour les trois filles rencontrées (dans l ordre Sofia-Elena, Clémentine et Mathilde) dans ce foyer, les rendez-vous ont été fixés lorsque je m y suis rendu. J y ai rencontré la sœur que j avais eue téléphone et qui me fera la visite après le premier entretien. L accord est de faire les entretiens une fois que les filles auront terminé leurs examens (elles sont toutes en période de révision à ce moment là). Le foyer est tenu par huit sœurs dominicaines ; l entrée est dans une petite allée juste après l auberge de jeunesse (quartier canal Saint-Martin) ; la cour est fermée par un portail en bois (il n est fermé que la nuit en fait) ; à droite, il y a un petit préau pour les vélos (on peut y mettre une trentaine de vélos environ) ; lorsque l on rentre dans le bâtiment, on est dans un petit hall avec un panneau d affichage et l espace accueil (comme dans les administrations ou les gares) ; ensuite, on pénètre le couloir où se trouve le panneau de sécurité et qui mène au réfectoire. L'accueil: Le seuil : elle m attend dans la salle (dans l espace télé qui donne sur l entrée) ; elle vient m ouvrir la porte par le système d ouverture lorsque je sonne à l accueil (la porte est fermée par un énorme aimant ; il y a un bouton pour sonner à l accueil et un système de badge permet de déverrouiller la porte) ; il n y a pas de nom sur la porte. déroulement de l'entretien : l entretien a lieu dans le foyer qui se trouve au fond du bâtiment (juste avant la chapelle) ; cet endroit est choisi car il est un peu à l écart et parce qu on y sera au calme. La visite du logement: plaisir à montrer son logement ou réticence : il n est pas possible de visiter le logement ; le motif indiqué est l interdiction aux hommes de se rendre aux étages (dans les faits, seuls les pères peuvent s y rendre) ; seules les parties communes traversées sont présentées (le réfectoire, l espace TV-DVD et le foyer ; après l entretien, elle me montrera la chapelle et la cage d escalier du fond (il y en a deux ; l autre est dans l entrée principale

10 du bâtiment) ; la visite du reste du bâtiment sera fait après l entretien avec la sœur qui me sert de relais (cf. les vidéos) ; Pour la description de la chambre : cf. l entretien ;