P Â Q U E S. N 21 5 avril I Tout part d un échec apparent.

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1 N 21 5 avril 2015 P Â Q U E S Voilà dans la lumière du printemps la fête essentielle de la foi, de la vie et de la liturgie chrétienne. La supprimer c est réduire à néant ce qui fait un chrétien : «Si tu professes de ta bouche que Jésus est le Seigneur et si tu crois dans ton cœur que Dieu l a ressuscité des morts, tu seras sauvé» ( Romains 10, 9) A l inverse, ce même Paul a connu un bel échec spirituel quand il a parlé à l Aréopage d Athènes. Paul avait remarqué parmi les monuments sacrés un autel «au Dieu inconnu». «Je viens, moi, vous l annoncer». Mais quand il évoque un homme (Jésus) «que Dieu a désigné et accrédité auprès des hommes en le ressuscitant des morts», «les uns se mirent à se moquer, les autres dirent : «Nous t écouterons là-dessus une autre fois». (Actes 17, 16 à 34) Notre trésor méconnu et souvent menacé : la foi en la Résurrection de Jésus. I Tout part d un échec apparent. Quel bilan le soir du Vendredi Saint! Il n y a plus d espérance L espérance est morte. Les disciples d Emmaüs disent à Jésus, à l imparfait : «Nous espérions» (Luc 28, 21). Les Apôtres? les 12 de la bande à Jésus étaient prêts à tout pour lui : Thomas : «Allons, nous aussi, pour mourir avec lui.» (Jean 11, 16) Pierre : «Quand bien même tous succomberaient, moi pas!» (Marc 14, 25) Il n a même pas eu la force de «veiller avec Jésus, à l heure des ténèbres», l heure de l agonie. (Marc 14, 37. Le voilà renégat : «Je ne connais pas cet homme dont vous parlez». (Marc ) «Il éclata en sanglots». (Marc 14, 72) Depuis cette heure et ce reniement, Pierre n est que regrets et larmes. 1

2 Ce soir- là, le Vendredi Saint, il ne peut plus rien pour son Maître bien-aimé. L infâme Judas, le traître, s est enfoncé dans ses ténèbres. (Jean 13, 30) Après son geste d amitié pour désigner Jésus dans l obscurité, il se suicide, dans la défiance d un pardon que Jésus lui aurait donné. Les autres. il suffit d une phrase de Marc ou de Matthieu pour comprendre : «L ayant abandonné, ils s enfuirent». (Marc 14, 50) (Matthieu 26, 56). Sinistre bilan de trahison, Reniement, Fuite Quelques traces de courage dans les Saintes femmes, en Saint Jean, dans le Centurion romain (Matthieu 15, 39), dans la démarche de Joseph d Arimathie auprès de Pilate pour demander le corps de Jésus. Rien de cela ne rend la vie à Jésus. Il faut laisser couler dans la tristesse, dans le dépit d avoir été si piteux en ces heures de noirceur et de mort devant un rêve écroulé! II - Et pourtant Est-ce bien fini à tout jamais? Dans ces têtes lourdes de regret (?) des souvenirs, des paroles trottent. Jésus a souvent parlé de sa mort en y ajoutant un mot étrange, incompris : «ressusciter 3 jours après». (cf Marc 8, 31 ; 9, 21 ; 10, 34). «Ils ne comprenaient pas ce langage et ils craignaient de l interroger» (Marc 9, 22) Jésus avait bien rappelé à la vie - la petite fille de Jaïre (Marc 5, 41) - le fils de la veuve de Naïm (Luc 7, 11 14) - son ami Lazare (Jean 11, 1 45) Aurait-il ce Jésus un tel pouvoir sur sa propre mort? son Père n avait pas répondu à son cri désespéré sur la croix : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m as-tu abandonné?» (Ps 50 ; Marc 15, 34 35) La finale du psaume 21 n est-elle pas rayonnante d espérance? Jean surtout s embrouille dans des souvenirs déconcertants. Il n avait pas compris la mot de Jésus, après l expulsion des vendeurs du Temple : «Détruisez ce temple et moi je le relèverai en 3 jours» (Jean 21, 13-22). Le cœur est trop plein de larmes pour essayer de mettre quelque clarté dans des mots mystérieux. Et pourquoi donc Jésus est-il mort d une mort si infâme, celle de «maudits de Dieu» (Galates 3, 13 «le scandale de la croix» (Galates 5, 11b) qui fera plus tard la gloire de Saint Paul (Galates 6, 14).? 2

3 III Une histoire de femmes. Leur souci à elles : compléter les rites funèbres abrégés par la venue du Sabbat. Elles seront les 1ères missionnaires du mystère de Pâques. Mais ni elles, ni les Apôtres n ont vu Jésus ressusciter (en train de ressusciter) ou ressuscitant. Seuls les évangiles apocryphes et l art (la peinture des icônes, du Greco, de Mathias Grünenwald et de tant d autres) se risqueront à évoquer la Résurrection elle-même, en train de se faire, ce mystérieux passage de mort à vie. Mais Jésus se montrera, il sera VU RESSUSCITE.. Saint Paul donne (1 ère Corinthiens 15, 8 et suivants) une liste de ceux qui ont VU le Seigneur vivant par-delà sa mort. Paul exclut de sa liste les Saintes femmes : pour les Juifs leur témoignage était peu crédible. Sur leur route, les disciples d Emmaüs partageront la même position en Luc 28, «Paul se mettra en fin de liste lui qui n a connu que Jésus ressuscité. «En dernier lieu il est apparu à moi aussi, comme à l avorton». Avorton comme pour montrer le caractère anormal de sa naissance à la foi chrétienne et son indignité comme persécuteur de l Eglise». Tob page 517. IV «C est bien moi!» Il y a des signes que quelque chose s est passé : la grande pierre roulée, le tombeau vide, les linges funèbres abandonnés comme des lambeaux de mort. «Mais lui, ils ne l ont pas VU». Luc 24, 21. Ils vont le voir dans une expérience unique. Les dernières pages des évangiles sont consacrées à cette certitude de foi en la Résurrection de Jésus. Ils ont vu, ils sont les témoins de Jésus ressuscité. (Actes 2, 32-36) 3, 14 ; 4, 2) Et le message se transmet : ils sont 3000, le soir de Pentecôte, 4000, quelques jours plus tard (Actes 4, 4). Cette communauté de croyants devient rayonnante d une vie 3

4 nouvelle et comme une preuve vivante de Jésus Ressuscité. «Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas dire ce que nous avons vu et entendu» (Actes 4, 30 ; 31) En 2015 les voici, ces «catéchumènes de Pâques». Les chrétiens sont là plus d un milliard autour de François, pape intrépide, qui veut transporter et éveillerl Eglise à la périphérie. Encore faut-il que les chrétiens ne laissent pas s engourdir un tel message de Vie, de force et d éternité. «C est bien moi» disait Jésus Ressuscité. Les chrétiens chantent dans la finale de la Bible. L Apocalypse : «Marana Tha», «Viens Seigneur Jésus» (Apocalypse 22, 11 19) V «Dieu ne serait pas un honnête homme» C est un mot de Victor Hugo : il évoque l autre vie : «S il n y avait pas une autre vie, Dieu ne serait pas un honnête homme». P.S. «Je vais vers le Père. Dis-leur à mes frères que je monte vers mon Père et votre Père vers mon Dieu et votre Dieu» dit Jésus à Marie-Madeleine. (Jean 20, 18) Jésus nous entraîne dans sa Résurrection. Le baptême est ensemencement de Résurrection. (Romains 6, 3b à 11). L Eucharistie est semence de Résurrection (Jean 54 58) Saint Paul ranime la foi des Corinthiens qui admettaient la Résurrection de Jésus mais non celle des morts. «S il n y a pas de résurrection des morts Le Christ non plus n est pas ressuscité alors notre prédication est vide, vide aussi notre foi».(1 ère Corinthiens 15 19) Le Christ est le 1 er né d entre les morts. Sur lui la mort n pas le dernier mot. En Jésus, elle a les reins cassés, elle a perdu son venin. «Je crois en Jésus, Ressuscité d entre les morts à la résurrection de la chair, à la vie éternelle» 4

5 René dans la résurrection de Jésus. L existence humaine serait absurde si la mort était ce qu elle paraît être : une fin sans plus, un départ sans arrivée, la rupture de toutes les relations. Par ce qui la précède, elle est redoutable, mais en elle-même telle qu en la pâque du Christ elle est changée, elle est l envers des apparences. En ce principe d un monde nouveau, le visage de la mort s est mis à sourire. La dernière ennemie s est transformée en amie, ultime recours de l homme en ses plus profonds désirs. page 57 Apparemment la mort est une fin de vie, en Jésus, elle est LA NAISSANCE, le mystère filial en son déploiement ( ) De même que Jésus parvient, de la mort à sa pleine naissance, de même le fidèle. page 58 Contrairement aux évidentes apparences, l homme est IMMORTEL, puisque la mort dont il meurt est une naissance. page 62. Dieu crée les hommes pour qu ils vivent et il les crée mortels pour les amener par la mort à leur plénitude de vie. page 100 Le Christ, l homme et la mort. François Xavier Durwell 5

6 Epître de la Veillée pascale Ressuscité d entre les morts, le Christ ne meurt plus» (Rm 6, 3b-) Frères, nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. Nous le savons : l homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c est au péché qu il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c est pour Dieu qu il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. Gabriel Bodin et Marcel Joly. Haffreingue. Boulogne sur mer 6