Alexandrie, métropole égyptienne

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1 Alexandrie, métropole égyptienne (Dossier réalisé par le service éducatif de la MGT) A la fin du XVIIIe siècle, lorsque Napoléon Bonaparte découvre la mythique cité antique fondée par Alexandre le Grand, celle-ci n est plus qu une bourgade de quelque 5000 habitants. A la fin de l Antiquité, les persécutions menées par les chrétiens contre les païens avaient entraîné un déclin considérable du prestige culturel de la cité. Au VIIe siècle, la conquête arabe lui avait porté un coup fatal, avec notamment la fondation du Caire. Au XVIe siècle, la conquête turque termina le travail, d autant que la découverte du cap de Bonne Espérance détourna d elle le courant du commerce. La ville antique, entourée de ses remparts, est alors à l abandon, la ville turque s est développée sur la presqu île qui sépare, sur la carte, le port vieux du port neuf. Plan général des deux ports, de la ville moderne et de la ville des arabes, levé par MM. les Ingénieurs de l Armée d Orient, (Coll. CEAlex.) (source : Pourtant, au cours du XIXe siècle, la ville connaît une spectaculaire résurrection, reprenant dans le bassin méditerranéen une importance commerciale et maritime considérable. Cela par la volonté d un homme : Mohamed Ali ( ), viceroi d Egypte d origine albanaise ( ), considéré comme le père de l Egypte moderne.

2 Une ville neuve Depuis le XVIe siècle, l Egypte est incluse dans l empire ottoman. En 1805, dans un contexte d anarchie dû aux conflits entre Turcs et Mamelouks, un ancien négociant de Macédoine devenu chef-mercenaire, Mohamed Ali, est nommé gouverneur d Egypte par les Ottomans. Son arrivée au pouvoir marque les débuts d une politique visant à restaurer la grandeur de l Egypte et à l ouvrir à l Occident. Dans cet objectif, Alexandrie joue rapidement un rôle majeur. Durant près de 30 ans, le vice-roi cherche à renforcer une position maritime que son ambition rend essentielle. Il redéveloppe donc Alexandrie en l équipant d un port moderne et en lui procurant un accès direct au Nil par la construction du canal Mahmoudieh (1819), qui rend l eau douce à la ville. Il en a fait la pièce maîtresse d un dispositif militaire unique en Méditerranée orientale en la dotant d une double enceinte de murailles, de casernes et d un arsenal (1829). Plan d'alexandrie en 1913, tiré du Baedeker's guide book (source : Sous le règne de Mohamed Ali et celui de ses successeurs, une ville nouvelle est construite sur les vestiges de la cité antique, qu elle fait complètement disparaître. Les premiers aménagements sont réalisés autour de Manshiyya (place des consuls, puis place Mohamed Ali, aujourd hui place al-tahrîr), entraînant la destruction des anciens remparts et de la plupart des vestiges anciens grecs, romains, byzantins, coptes ou arabes musulmans. L Alexandrie turque, avec ses maisons de briques à encorbellement en bois, ses mosquées ornées de céramiques, ses caravansérails, ses hôtels miteux, ses multiples ruelles et impasses, est en revanche préservée en raison de la très forte densité que le tissu urbain y avait atteinte. Cette nouvelle urbanisation se fait à l européenne, avec un réseau de rue en damier.

3 Verso manuscrit : «Place des consuls. Bourse et tribunal mixte» La grande place d Alexandrie est donc désormais la place Mohamed Ali, ancienne place des Consuls, aujourd hui place El-Tahrir. Elle est inaugurée en 1860 en présence du vice-roi et d une foule énorme. Elle est occupée en son centre par une statue équestre de Mohamed Ali (œuvre du sculpteur français Jaquemart). Celle-ci s élève face aux Tribunaux mixtes, créés en 1875 pour mettre un peu d ordre dans la multiplication des statuts personnels, résultant du cosmopolitisme de la (cote MGT : CP Collin 1066) population, et susciter une loi commune. L imposant édifice de la Bourse (au fond de la place, sur la photographie), et les rues élégantes qui le jouxte, disent l enrichissement : on trouve ici les meilleurs magasins et des immeubles bourgeois. La place est bordée sur trois côtés par un très bel ensemble d édifices reconstruits après les bombardements britanniques de Autour de la place, on peut encore voir plusieurs anciens okelles, immeubles caractéristiques de l architecture alexandrine, à usage résidentiel (aux étages) et commercial (au rez-de-chaussée), qui pouvaient atteindre des grandes dimensions. Au XVIIIe siècle, chaque communauté avait son okelle à Alexandrie. Ce type de bâtiment, héritier des caravansérails, était très répandu dans l Alexandrie cosmopolite du XIXe siècle. Le coton, que l Egypte s est mise à cultiver au XIXe siècle, joue un rôle primordial dans le développement d Alexandrie. Dans les années 1860, la guerre de Sécession aux États-Unis permet une croissance formidable du coton égyptien. La ville moderne d Alexandrie devient un centre commercialement stratégique. Elle a retrouvé son antique fonction de «bouche» du pays. L inauguration du canal de Suez en 1869 fait entrer définitivement Alexandrie dans les temps modernes et la transforme en une cité florissante, désormais rivale du Caire. Le port et les quais sont transformés en 1870 (de nouveaux quais, ébauche de la (cote MGT : CP Collin 1062) corniche, seront construits en 1905). C est là qu est installée la première gare. La bourse au coton est construite sur l ancien «quai aux Oignons». Elle devient alors le quatrième port méditerranéen (derrière Istanbul, Marseille et Gênes), et est liée aussi bien à Liverpool qu au delta du Nil.

4 Une société cosmopolite (cote MGT : CP Collin 1064) La population d Alexandrie (de 200 à habitants au début du XXe siècle, dont plus de Européens) se caractérise par son intense cosmopolitisme. Y vivent côte à côte des populations venues de toute la Méditerranée. Grecs, Français, Britanniques, Italiens, Juifs recréent la société multiculturelle de l Antiquité. Alexandrie est à la fois une ville ottomane, un refuge international, un centre économique européen et un pôle culturel méditerranéen. Elle devient le symbole d une Méditerranée ouverte au monde, à la différence de la Méditerranée contemporaine fermée de tous côtés par les nationalismes. Dans la vieille ville turque s installent, du moins dans un premier temps, les migrants venus de Grèce, d Italie ou de Syrie. Les musulmans «indigènes» y restent majoritaires, mais certaines rues sont presque exclusivement grecques ou italiennes. Les vieux caravansérails, transformés en logements locatifs, abritent familles juives de Chios, Italiens, et vieilles familles alexandrines. C est Mohamed Ali qui a favorisé l installation systématique à Alexandrie des réfugiés de confessions minoritaires de l empire ottoman, orthodoxes grecs, notamment, aux pires heures de tensions entre le futur État grec et la Porte. L Egypte, et notamment Alexandrie, sont alors devenues une terre promise pour ceux qui fuyaient les tensions politiques et les difficultés d un monde en transition. La ville est ainsi une véritable mosaïque où les différents groupes conservent leurs coutumes et leurs particularismes. Les «communautés» jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement de la ville : il s agit d institutions d origine confessionnelle, mais gérées par des laïcs riches, installés dans la cité depuis longtemps, et qui encadrent la vie sociale : accueil des migrants, aide aux indigents, conseils (mariage, héritage ), respect de l ordre public (en cas de heurt interethnique, par exemple). Il existe cependant entre tous ces groupes ethniques et confessionnels des liens étroits. Ils vivent ensemble, souvent dans les mêmes rues.

5 Une centaine d hommes tient entre ses mains le destin de la ville, notamment depuis la fondation en 1869 de la Commission du commerce d exportation, ancêtre de la municipalité. Celle-ci est officialisée en 1890 : il s agit d un conseil élu au suffrage censitaire, avec pour rôle essentiel de façonner le paysage urbain. On y trouve les mêmes négociants, entrepreneurs et propriétaires qui président aux destinées des communautés ou qui dirigent la bourse du coton. La communauté des intérêts est assez forte pour souder des hommes appartenant à des groupes divers. Signe de la vitalité formidable de la ville : à la veille de la Première Guerre mondiale, Alexandrie se porte candidate pour l organisation des Jeux Olympiques. Petite synthèse sur l histoire de l Egypte au tournant du XXe siècle Années 1870 : craignant de voir leurs gros investissements en Egypte s évaporer au regard du surendettement catastrophique de l État égyptien, Anglais et Français imposent leur contrôle sur les dépenses et les recettes de l État. Cela conduit, par exemple à l internationalisation du chemin de fer et du port d Alexandrie. Ce contrôle étranger provoque le développement du nationalisme en Egypte. La tentative de soulèvement du colonel Ahmed Arabi, qui revendique l indépendance et un régime doté d une constitution, aboutit au blocus du port d Alexandrie par les Anglais et les Français, au bombardement de la ville et au débarquement militaire des Anglais, via les villes portuaires de Port-Saïd, Suez et Ismaïlia, sur le canal de Suez. Cependant, tout en détenant de fait le véritable pouvoir, les Anglais continuent officiellement de considérer l Egypte comme territoire ottoman : signature de la convention de Constantinople entre grandes puissances européennes et empire ottoman qui proclame la neutralité du canal de Suez, garantissant le droit de passage à tous, en temps de paix comme en temps de guerre, mais reconnaissant aussi le droit des khédives égyptiens de prendre des mesures pour garder le territoire ou assurer la sécurité intérieure : crise de Fachoda entre France et Angleterre. Les Français, qui possèdent désormais le plus vaste empire colonial africain, réclament aux Anglais des concessions sur le Soudan et sur l Egypte. Ils finissent par reculer : convention de Londres par laquelle les Français s engagent à laisser les Anglais libres d intervenir à leur guise en Egypte, en échange d une promesse réciproque des Anglais concernant le Maroc : les Anglais établissent officiellement leur protectorat sur l Egypte.

6 L Egypte : anthropologie exotique (cote MGT : CP Collin (cote MGT : CP Collin (cote MGT : CP Collin 1162) (cote MGT : CP Collin 1156)

7 (cote MGT : CP Collin 1163) (cote MGT : CP Collin 1165) (cote MGT : CP Collin 1161) (cote MGT : CP Collin 1146)

8 (cote MGT : CP Collin 1144) (cote MGT : CP Collin 1145) (cote MGT : CP Collin 1134)

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