La Souffrance intérieure d une femme

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1 Goundy La Souffrance intérieure d une femme L intérieur d une femme 2

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3 1 Chaque jour nous passons devant toutes sortes de femmes, souriantes ou pas, et nous passons notre chemin. Mais si vous allez voir plus loin, vous comprendrez qu elles se cachent en réalité derrière un masque. Ce masque derrière lequel elles se cachent a pour but de dissimuler la souffrance intérieure qui les détruit chaque jour. En ce qui me concerne, j ai commencé à comprendre les femmes alors que je n étais qu une petite fille de 10 ans. Tout a commencé pour moi alors que je vivais dans une résidence privée avec mes parents et mes frères. Je me souviens, qu à cette époque-là, j étais la plus grande des enfants de la maison. Parfois je m essayais près de mes parents et, ensemble, nous partagions toutes sortes de choses. J aimais beaucoup ces moments-là ; pour moi la vie était toute simple et belle à vivre. Je passais la plupart de mes week-ends à la maison car je n avais pas d ami avec qui jouer ou courir en plein air. Dans notre fratrie, j étais la seule fille au milieu de quatre 2 3

4 garçons, et cela me plaisait beaucoup. Quand les amis de mon père venaient à la maison avec leurs enfants et leur épouse, c était super car ça changeait l ambiance de la semaine et ça me permettait de partager beaucoup de choses avec mes tantes. À cette époque, même si je disposais d une certaine maturité, je n étais qu une petite fille de 10 ans. Une de ces femmes m a particulièrement marquée Elle était belle, gentille, avait un magnifique visage et une certaine tendresse à l égard des gens qu elle côtoyait. Je me souviens de nos rencontres comme si c était hier. Une femme magnifique, très jeune, calme ; une fleur superbe. Chaque fois qu elle venait à la maison au cours d un week-end, je passais de bons moments avec elle. J ai appris à la connaître peu à peu puis, un jour, elle a commencé à se confier à moi Elle m a raconté comment elle s était retrouvée mariée à cet homme qui ne lui plaisait pas, ses souffrances intérieures comme extérieures, à quel point elle détestait sa vie et comment elle faisait pour ne pas perdre pied et garder le sourire coûte que coûte. Si elle a commencé à me confier ses souffrances, c est parce qu elle n avait personne à qui parler, à qui se livrer pour se soulager de ce poids qui lui pesait chaque jour. C est ainsi que j ai commencé à me poser certaines questions. Je n avais que 12 ans mais je me demandais comment une femme si belle et si intelligente pouvait vivre de cette façon. J ai alors commencé à passer mes week-ends chez elle. Je tentais d apporter un peu de joie dans sa vie, car elle le 42

5 méritait amplement. Lorsque nous étions ensemble, elle me racontait sa jeunesse dans son pays, la Côte d Ivoire, où elle avait grandi avec ses parents et ses frères et sœurs. Elle me racontait aussi ses sorties à la plage car, où elle vivait à cette époque, il y avait une grande plage agréable bordant une eau douce. Je voyais de la tristesse dans son regard lorsqu elle me racontait la personne qu elle était dans sa jeunesse et je voyais ses mains trembler quand elle m expliquait comment sa vie d avant et sa liberté lui manquaient. Je voyais tant de souffrance sur son visage que, parfois, je pleurais pour elle. Dans son pays, cette femme était pleine de vie et avait de nombreux amis avec qui elle sortait s amuser et profitait pleinement de chaque jour. Parfois je la voyais pleurer et j essayais de la réconforter. Ce n était pas évident pour moi car, n étant pas à sa place, je ne pouvais comprendre sa peine, surtout du haut de mes 12 ans. Parfois je m asseyais près d elle et m interrogeais. J appréciais beaucoup ces moments en sa compagnie car elle était ma seule vraie amie, la seule personne à qui je me confiais. Chaque instant que je passais avec elle me remplissait de joie. Quand elle est arrivée en France, elle ne connaissait personne. Elle était comme une petite fille abandonnée dans un monde qu elle ne connaissait pas, dans un endroit perdu, sans repère ni boussole pour la guider, comme égarée dans un immense désert. Cette femme était arrivée en France mariée à un homme qu elle détestait car, d où elle venait, il était de coutume que ce soit la famille qui décide du mariage de leur 2 5

6 fille. Elle souffrait tellement Il lui arrivait même de penser au suicide tant elle détestait sa vie. Parfois je m asseyais près d elle et je regardais son visage triste. Ces marques de souffrance qu elle essayait de dissimuler, je les voyais toutes. Je me demandais comment quelqu un pouvait vivre ainsi, loin de sa vie et de ses proches, avec personne pour lui tenir la main quand ça ne va pas, personne pour se délester de son pesant chagrin. Je n avais que 13 ans et je comprenais tout de cette femme, sa souffrance, sa colère ; je savais quand elle allait mal, quand elle était en train de sombrer. Pourtant, un jour, alors que nous étions chez elle, elle allait très mal et je ne m en suis pas rendu compte. Elle regardait par la fenêtre, l air de rien, puis elle m a demandé de lui apporter une chaise. J ai pensé qu elle voulait simplement s asseoir et respirer l air frais qui s était glissé entre les branches des arbres mais, tout à coup, je me suis retournée et je l ai vue debout sur la chaise, prête à sauter par la fenêtre. Prise de panique, je suis restée debout, choquée, sans réaction. C était comme si mon corps ne pouvait plus bouger, comme un de ces moments où le temps semble s être arrêté. Heureusement, son conjoint est arrivé avant qu elle ne franchisse le pas. Il l a attrapée et l a fait sortir du balcon avant qu elle ne fasse quelque chose de mal. Ce jour-là, j ai compris que c était un appel au secours et je lui ai dit : «Stop! Bats-toi pour ta liberté! Car il n y a que de cette façon que tu peux t en sortir.» Quant à moi, j ai alors décidé de faire de mon mieux pour aider cette femme. Malgré mon jeune âge et mes petits 62