Madame la conseillère générale de Bagnolet et vice-présidente du Conseil Général de la Seine Saint Denis,

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1 Marc EVERBECQ Commémoration du 68 ème anniversaire de la Libération de Paris et de sa Banlieue Lundi 3 septembre 2012 Madame la conseillère générale de Bagnolet et vice-présidente du Conseil Général de la Seine Saint Denis, Madame Riou et Monsieur Aragnouet, maires-adjoint honoraires, Monsieur le Président de l UFAC, Mesdames et Messieurs les Présidents et représentants des associations d anciens combattants, Mesdames et Messieurs les membres du conseil municipal, Mesdames, Messieurs, Chers amis, La commémoration de la libération de Bagnolet, de Paris et de sa banlieue fin août et début septembre 1944, a pour nous une valeur mémorielle et éducative sur la fin de cette horrible guerre et l action de la résistance qui permit de libérer nos populations de l occupation allemande et des monstruosités du nazisme.

2 Les humiliations, privations et douleurs, auxquelles se mêlèrent l'abjection antisémite et les déportations meurtrières prirent fin notamment grâce aux femmes et aux hommes qui dès 1940 surent dire non à cette oppression. Face à la tentation du reniement et de la compromission, ils firent le choix de l'engagement. Grâce à eux, à la force qu'ils puisèrent au plus profond de leur être, éclairés par un idéal, la libération de Paris et de sa banlieue pu s'accomplir. Cette Libération fut, aux côtés des armées française et alliées, la victoire de la Résistance et du peuple. Elle constitua une étape essentielle vers la capitulation du régime nazi. Elle mit fin au régime de Vichy, complice actif du nazisme et scella la reconnaissance du général de Gaule et du rôle du Conseil National de la résistance. Le général de Gaulle voulait qu'une armée Française soit la première à rentrer dans Paris, tandis que la Résistance (FFI-FTP), voulait que la ville se libère par elle-même, et que Hitler souhaitait qu'elle soit défendue jusqu'au dernier soldat Allemand, puis rasée avant son évacuation. 13. Le 10 août 1944, les cheminots se mirent en grève puis les gendarmes le Le 15, tandis que Rol-Tanguy installait son PC place Denfert-Rochereau, les policiers se mirent eux aussi en grève. L'insurrection, mûrie depuis de longs mois déjà, débuta véritablement après une ultime réunion du Comité Français de Libération Nationale, présidé

3 par Alexandre Parodi et du Conseil National de la Résistance de Georges Bidault. Le 18 août 1944, les élus Communistes de la Seine lancèrent un appel à l'insurrection libératrice. Les sénateurs et députés Marcel Cachin, Maurice Thorez, Jacques Duclos, Charles Tillion, Ambroise Croizat, Etienne Fajon, Waldeck Rochet, appelèrent les citoyens et les citoyennes de la région parisienne, à s armer aux dépens de l ennemi et à rejoindre les milices patriotiques de leur quartier, de leur localité ou de leur entreprise pour participer au combat libérateur et pour assurer la protection des vies françaises et des biens français, à prendre dans chaque quartier, dans chaque localité la tête de l action des masses pour occuper les bâtiments publics, les gares, les centraux téléphoniques et télégraphiques, les centrales électriques, l Hôtel de Ville de Paris, les mairies, pour destituer les représentants du pouvoir usurpateur de Vichy Ils appelèrent les ouvriers à se mettre en grève, à s armer s ils ne l ont déjà fait, à occuper les usines pour empêcher l ennemi de les détruire Le même jour, la CGT et la CFTC donnèrent l'ordre de grève générale pour la libération du pays. Très largement suivie, cette grève contribua à paralyser les forces de l'occupant. Le lendemain 19 août, des centaines d'affiches proclamant la mobilisation générale et signées du colonel Rol-Tanguy, chef des FFI pour Paris, appellent le peuple Parisien à la révolte avec l'appui du Conseil National de la Résistance et du Comité Parisien de Libération. Le 22 août, il, lance un appel à la défense des Parisiens : "Tous aux barricades!". Près de 600 barricades surgissent un peu partout. Hommes et

4 femmes, jeunes et moins jeunes font la chaîne pour se passer pavés, grilles, baignoires, matelas, sacs de sable. Les barricades ont un impact psychologique très grand : les Parisiens participent à leur propre libération. Paris renoue avec la tradition révolutionnaire de 1830, 1848 et 1870, dont les barricades ont valeur de symbole. "A l'appel de Rol-Tanguy, Paris reprend dans l'allégresse la tradition de la Commune. Ce n'est pas tant une guerre civile, c'est chercher noise aux Allemands", écrit Emmanuel d'astier de la Vigerie dans son livre «De la chute à la libération de Paris». Les comités de libération s'installent dans les ministères, les mairies, et au siège des journaux. Les premiers drapeaux tricolores sont hissés depuis 4 ans d'occupation. Le vendredi 25 août 1944, à 15h 30, le général Philippe Leclerc de Hauteclocque reçoit à Paris, devant la gare Montparnasse, la capitulation des troupes d'occupation de la capitale. Le document est signé par le général Dietrich Von Choltitz, commandant du 84e corps d'armée. Il est aussi contresigné par le colonel Henri Rol-Tanguy, chef régional des FTP-FFI Une heure plus tard, le général Charles de Gaulle arrive à la gare et se voit remettre par Leclerc l'acte de capitulation. Il se rend ensuite à l'hôtel de Ville où il est reçu par Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance. Le soir, de Gaulle s'installe au ministère de la Guerre en qualité de chef du gouvernement provisoire de la République française.

5 Le lendemain, il descend en triomphe les Champs-Élysées dans une joyeuse pagaille, acclamé par deux millions de Parisiens. Il est suivi du Général Leclerc et de ses fidèles de la première heure. La Libération de Paris qui a débuté le 10 août 1944 avec la grève des cheminots laisse un lourd bilan. Entre cette date et l'entrée des troupes du général Leclerc dans la capitale le 25 août, elle aura causé la mort de 76 soldats de la 2e division blindée ainsi que de 901 résistants des FFI et de Allemands. Il y aura également soldats allemands faits prisonniers. Sur le perron, de l Hôtel de Ville de Paris, devant une foule enthousiaste et joyeuse, de Gaulle prononça un discours célèbre en des termes flamboyants sur la Libération de Paris : L Histoire en a retenu ces mots : " Paris! Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! Mais Paris libéré! Libéré par lui-même, libéré par son peuple..." Ce qui est vrai de la capitale le fut aussi de sa proche banlieue ainsi que le rappelle l'historien Jean-Pierre Gast, dans son ouvrage consacré à la ville de Bagnolet, entre 1939 et Plus d'un demi-millier d'hommes et de femmes, d'enfants de Bagnolet ont péri par la folie hitlérienne. Le plus grand nombre étaient des Bagnoletais d'origine juive. 214 de nos concitoyens subirent les rafles pour être envoyés dans les camps de la mort. 202 n en revinrent jamais, dont 66 des 69 enfants. Des 450 femmes et hommes habitant Bagnolet, recensés comme résistants, 132 ont péri, dont 72 dans les camps de concentration, les autres fusillés ou tués dans les combats de la Résistance et de la Libération.

6 Je le rappelle chaque année avec force, pour que jamais leur sacrifice ne soit oublié, et que les jeunes générations se souviennent que la liberté, la démocratie, la solidarité, la fraternité sont des valeurs qui leur a fallu reconquérir au péril de leur vie, sur la barbarie nazie, et la collaboration du régime de Vichy. La résistance à Bagnolet fut marquée par de hauts faits de lutte contre l ennemi. Cela aussi je le redis chaque année tant les symboles sont forts et les actions menées exemplaires. Les différentes organisations de la résistance regroupées au sein du Comité Local de Libération mènent une action à jamais gravée dans la mémoire de bagnolet. Dans la nuit du 13 au 14 juillet, les couleurs nationales sont peintes sur la porte de la mairie. Un drapeau tricolore est planté avenue Gallieni, une grosse cocarde est accrochée au monument aux morts. Toutes ces actions sont menées grâce à l'audace et à la témérité de l'équipe de FTP que dirigeait le Bagnoletais Georges Valbon. Alphonse Delavois, ancien conseiller municipal communiste élu en 1935, est désigné président du CLL (Comité Local de Libération), le 20 Août, il devient président de la délégation municipale provisoire chargée d administrer la commune en attendant le retour de Paul Coudert. Le 4 septembre 1944, il y a tout juste 68 ans, le conseil municipal est formé, il compte en son sein 17 élus de 1935, Paul Coudert y est élu Maire.

7 Grâce au courage de ces hommes et de ces femmes, grâce à leur soif de liberté et de démocratie, grâce à leur capacité à unir les forces de la résistance au-delà des divergences d approche pour regagner la maîtrise de leurs vies, notre pays est aujourd hui un pays libre. 68 ans nous séparent de cette période tragique, 68 ans sans guerre, mais pas sans risques. Le score élevé atteint par l extrême droite aux dernières élections présidentielles, son implantation nationale et son programme basé sur l intolérance, l exclusion, le racisme et le culte du chef, ne sont pas sans rappeler la période montante du fascisme en Allemagne et l arrivée d Hitler au pouvoir par les urnes. Lutter contre ces résurgences du passé est un devoir, un acte de résistance pour éviter qu un jour, la bête immonde ne s installe à nouveau dans notre pays. Mais les dictatures peuvent être aussi économiques et financières. Les menaces ne sont pas de même nature, mais quelles seront nos marges de liberté lorsque un pacte européen imposera, de Bruxelles au parlement français, sa politique économique et sanctionnera notre pays s il s éloigne d une règle d or, dictée ailleurs et contre les choix de notre peuple? Des peuples entiers sont déjà condamnés à se saigner les veines, à l image des peuples grec, espagnol ou italien pour que des actionnaires assouvissent leur soif de rentabilité. Demain ce peut être le tour de la France, si des forces de résistance ne se lèvent pas dans l union pour réclamer que le peuple demeure souverain et maître des choix qui le concernent.

8 Ce que disait Albert Camus au sujet de la résistance et de la libération de Paris reste d actualité lorsqu il précise le sens de cette lutte : " le Paris qui se bat ce soir veut commander demain. Non pour le pouvoir, mais pour la justice ; non pour la politique mais pour la morale ; non pour la domination du pays, mais pour sa grandeur ". Je vous remercie de votre attention.