Pascal Génot. Résumé. Abstract

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1 ISSN : Pascal Génot «Mary de Cork» Première transposition fictionnelle d un reportage dans l œuvre de Joseph Kessel Résumé Joseph Kessel, grand reporter célèbre des années 1920 aux années 1950, s est très souvent servi de ses articles de reportages pour composer ses textes de fiction, qu il s agisse de pièces de théâtre, de contes, de nouvelles ou de romans. La nouvelle «Mary de Cork» est représentative de ce processus de reformulation romanesque d instants vécus par Kessel et déjà présentés, de manière plus objective (quoique) au sein des plus grands journaux parisiens. Les lieux présentés dans la nouvelle, les détails liés à la guerre civile irlandaise (traces de balles sur les murs), les personnages eux-mêmes ont été en grande majorité directement inspirés au nouvelliste par le reportage de Cork tenait une place importance dans le premier grand reportage de Kessel, ce qui explique peut-être que l auteur ait choisi de faire évoluer ses personnages dans cette ville lorsqu il décida de raconter aux lecteurs sa vision de la guerre civile irlandaise. Il s agit de la première transposition du réel (de l article) au fictionnel (à la nouvelle) dans l œuvre de Kessel ; la première d une longue série, ce qui en fait un exemple passionnant à étudier puisqu elle représente la genèse de la technique de création littéraire adoptée par Kessel tout au long de sa vie. Abstract Joseph Kessel, a famous reporter from the 1920s to the 1950s, very often used his articles to compose his fiction texts, whether they be plays, stories, news, or novels. The novella Mary de Cork is representative for this process of fictional reformulation of instances lived by Kessel, that were already presented in a more (or less) objective way in the great Parisian newspapers. The settings featured in the novella, details related to the Irish civil war (traces of bullets on the walls) and the characters themselves were for a large part directly inspired by the novelist s reportages of Cork was an important place in Kessel s first great news report. This could explain that the author chose to develop his characters in this city, because he decided to share with his readers his vision of the Irish civil war. It is the first transposition of reality (of the article) to the fictional (in the novella in the work of Kessel; the first of a long series, which makes it an exciting example to study since it represents the genesis of the literary technique adopted by Kessel throughout his life. Pour citer cet article : Pascal Génot, «Mary de Cork. Première transposition fictionnelle d un reportage l œuvre de Joseph Kessel», dans Interférences littéraires/literaire interferenties, n 7, «Croisées de la fiction. Journalisme et littérature», s. dir. Myriam Boucharenc, David Martens & Laurence van Nuijs, novembre 2011, pp

2 Comité de direction Directiecomité David Martens (KULeuven & UCL) Rédacteur en chef - Hoofdredacteur Matthieu Sergier (FNRS UCL & Factultés Universitaires Saint-Louis) Secrétaire de rédaction Laurence van Nuijs (FWO KULeuven) Redactiesecretaris Elke D hoker (KULeuven) Lieven D hulst (KULeuven Kortrijk) Hubert Roland (FNRS UCL) Myriam Watthee-Delmotte (FNRS UCL) Conseil de rédaction Redactieraad Geneviève Fabry (UCL) Anke Gilleir (KULeuven) Gian Paolo Giudiccetti (UCL) Agnès Guiderdoni (FNRS UCL) Ortwin de Graef (KULeuven) Jan Herman (KULeuven) Marie Holdsworth (UCL) Guido Latré (UCL) Nadia Lie (KULeuven) Michel Lisse (FNRS UCL) Anneleen Masschelein (FWO KULeuven) Christophe Meurée (FNRS UCL) Reine Meylaerts (KULeuven) Olivier Odaert (UCL) Stéphanie Vanasten (FNRS UCL) Bart Van den Bosche (KULeuven) Marc van Vaeck (KULeuven) Pieter Verstraeten (KULeuven) Comité scientifique Wetenschappelijk comité Olivier Ammour-Mayeur (Monash University Merbourne) Ingo Berensmeyer (Universität Giessen) Lars Bernaerts (Universiteit Gent & Vrije Universiteit Brussel) Faith Binckes (Worcester College Oxford) Philiep Bossier (Rijksuniversiteit Groningen) Franca Bruera (Università di Torino) Àlvaro Ceballos Viro (Université de Liège) Christian Chelebourg (Université de Lorraine Nancy II) Edoardo Costadura (Friedrich Schiller Universität Jena) Nicola Creighton (Queen s University Belfast) William M. Decker (Oklahoma State University) Dirk Delabastita (Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix Namur) Michel Delville (Université de Liège) César Dominguez (Universidad de Santiago de Compostella & King s College) Gillis Dorleijn (Rijksuniversiteit Groningen) Ute Heidmann (Université de Lausanne) Klaus H. Kiefer (Ludwig Maxilimians Universität München) Michael Kolhauer (Université de Savoie) Isabelle Krzywkowski (Université Stendhal-Grenoble III) Sofiane Laghouati (Musée Royal de Mariemont) François Lecercle (Université de Paris IV - Sorbonne) Ilse Logie (Universiteit Gent) Marc Maufort (Université Libre de Bruxelles) Isabelle Meuret (Université Libre de Bruxelles) Christina Morin (Queen s University Belfast) Miguel Norbartubarri (Universiteit Antwerpen) Andréa Oberhuber (Université de Montréal) Jan Oosterholt (Carl von Ossietzky Universität Oldenburg) Maïté Snauwaert (University of Alberta Edmonton) Interférences littéraires / Literaire interferenties KULeuven Faculteit Letteren Blijde-Inkomststraat 21 Bus 3331 B 3000 Leuven (Belgium) Contact : matthieu.sergier@uclouvain.be & laurence.vannuijs@arts.kuleuven.be

3 Interférences littéraires/literaire interferenties, n 7, novembre 2011 «Mary de Cork» Première transposition fictionnelle d un reportage dans l œuvre de Joseph Kessel «Témoin parmi les hommes», Kessel a été de tous les combats, impliqué directement dans la bataille (les deux guerres mondiales, l insurrection irlandaise) ou rapporteur des événements qu il fut chargé de couvrir (au Kenya ou en Espagne par exemple). Il a couvert les plus grands procès d après-guerre (Nuremberg, Pétain, Eichmann), s est rendu dans des pays difficilement accessibles à son époque (Afrique, Asie, Afghanistan parmi tant d autres) et a partagé avec de nombreux lecteurs sa soif d aventures et de découvertes. Et ces émotions réelles, ces paysages magiques, ces situations parfois dramatiques, ces individus qui attiraient tant Kessel, avide de partage et d amitié, tous ces éléments qui nourrirent les articles qui passionnèrent les lecteurs de France-Soir, du Matin, de la Liberté, de Gringoire pour n en citer que quelques-uns devinrent, à de très nombreuses reprises, les décors, les intrigues et les personnages de textes romanesques (principalement des nouvelles ou des romans) qu ils inspirèrent directement. À de très nombreuses reprises au cours de sa longue carrière, en tant que reporter et comme écrivain, Joseph Kessel s est directement inspiré de ses propres expériences, souvenirs, voyages, ou en tous cas de faits réellement établis, dont il a été le témoin direct ou dont il a entendu parler, pour alimenter ses nouvelles, contes ou romans. Grand spécialiste de l œuvre kesselienne, Alain Tassel a consacré un ouvrage à ce grand auteur, dans lequel un chapitre porte sur cette relation étroite entre reportage et écriture fictionnelle. Il indique par exemple que «l invention romanesque chez Kessel est nourrie par des événements dont il a été le protagoniste ou le témoin» 1, ou encore que pour Kessel «le roman d aventures se construit sur les assises que lui fournit le reportage» 2. Beaucoup d indices, disséminés au gré de ses textes de fiction, nous permettent de confirmer cette impression de «déjà vu» qui interpelle parfois le lecteur attentif qui s intéresse aux différentes formes d écriture réalistes, voir documentaires, auxquelles Kessel s est essayé, rarement sous la forme du journal intime (un recueil de textes inédits rédigés à l automne 1914), beaucoup plus régulièrement grâce aux articles parus dans les plus grands journaux de son temps. Cette exploitation du reportage (et plus généralement du vécu) comme inspiration directe de la création romanesque kesselienne est évidente dans le cas de quelques-uns des romans les plus connus de Kessel : Fortune carrée, Le Lion et Les 1. Alain Tassel, L Écriture romanesque dans l œuvre de Joseph Kessel, Paris, L Harmattan, 1997, p Ibid., p

4 «Mary de Cork» - transposition fictionnelle d un reportage chez Kessel Cavaliers, respectivement inspirés par les reportages effectués sur les bords de la Mer Rouge pour le Matin en 1930, en Afrique et en Afghanistan au cours des années 50 pour France-Soir. Itinéraires, dialectes, informations scientifiques, se retrouvent souvent à l identique dans les deux aspects du souvenir de Kessel le «réaliste» et le «romanesque». Il est à noter que contrairement à la plupart des grands reporters actuels, Kessel n était pas soumis à l obligation de produire, puis d envoyer à la rédaction du journal qui l avait envoyé en reportage ses articles au jour le jour tout du moins lorsqu il ne couvrait pas une situation d actualité. C est lui qui proposa au Matin le sujet de son enquête sur le trafic d esclaves en Mer Rouge, et à France-Soir de se rendre en Afrique afin d y couvrir l insurrection des Mau-Mau kenyans. La plupart de ses grands reportages ont ainsi été composés plusieurs jours, voir plusieurs semaines après son retour de voyage, à l aide des notes griffonnées, comme à son habitude, sur les papiers à en-tête des hôtels dans lesquels il séjournait. Kessel avait ainsi le temps de composer son récit, de le reprendre ce qu il ne manquait pas de faire à l aide de nombreuses ratures, comme en témoignent les manuscrits retrouvés. Comprendre et préciser le travail de transposition du reportage en fiction opéré par Kessel dès son premier grand reportage nécessite de s intéresser précisément à la première enquête journalistique de l auteur, menée en 1920 en Irlande, ainsi bien évidemment qu à son «double», la nouvelle souvent méconnue (à tort) «Mary de Cork». L apport littéraire et thématique du reportage sera ainsi clairement dévoilé, grâce à une analyse comparée précise des deux «versions» du texte irlandais. 1. Le premier grand reportage de Joseph Kessel Septembre 1920 : Joseph Kessel a 22 ans, et déjà quelques textes à son actif ; son premier article de journal date de 1915 : il s agit d un papier sur la Russie, publié dans le Journal des débats dirigé par Étienne de Nalèche, grâce à la recommandation de Hubert Morand, collaborateur du journal et ancien professeur de français de Kessel à Nice. Grâce à ses origines russes et à sa parfaite maîtrise de la langue, le jeune reporter, qui a alors dix-sept ans, est affecté au service de politique étrangère, dirigé par Auguste Gauvain. Il y fait également paraître son premier récit romanesque, un conte d inspiration russe intitulé «Le Coq rouge», en 1916, sous le pseudonyme de «d Hourec», qu il conservera jusqu en 1920, puisqu il apparaîtra au bas des articles publiés par le Matin. Le 8 décembre 1916, un second conte, «Dans les taillis de Bieloveja», est publié dans le Journal des débats. Puis Kessel s engage dans l armée et va, pour la première fois, faire le tour du monde, après avoir trouvé le sujet de son premier grand roman à l escadrille S.39 du capitaine Thélis Vachon, à la fin de l année La guerre terminée, il reprend ses activités littéraires : il signe son premier «grand reportage», un article sur le défilé de la victoire, qui paraît le 14 juillet 1919 à la Une (sa première Une ) du Journal des Débats. Le 1 er septembre 1919, le Mercure de France, dirigé par Alfred Valette, publie l un de ses souvenirs de guerre, «À Vladivostok en 3. L Équipage paraîtra en

5 Pascal Génot mars 1919». À la même époque, Kessel collabore à un journal russe, Les Dernières nouvelles, dirigé par Milioukoff. En 1920, Kessel a donc déjà une certaine expérience de journaliste, mais il n a pas encore été envoyé à l étranger afin d y effectuer un véritable grand reportage. Les contes publiés dans les journaux parisiens ont été inspirés par ses voyages : il se souvenait, à sa manière, des vacances qu il avait passées à Riga, en Russie, chez ses grands-parents maternels, des caravanes nomades, de la steppe immense, des histoires et légendes entendues alors Mais le texte le plus important du futur grand reporter, avant 1920, fut, de son propre aveu, l article qui parut le 14 juillet 1919 dans le Journal des Débats : «C est le 14 juillet, sous l Arc de Triomphe, que je suis devenu reporter» 4. C est à cet instant qu il sentit en lui, pour la première fois, «les mouvements intérieurs» 5 qu il allait retrouver par la suite à l occasion de chacun de ses grands reportages. Malgré tout, ce n est pas avec ce seul article qu il peut poser les bases du ton si particulier qui caractérisera par la suite ses articles, et que les lecteurs reconnaîtront et apprécieront pendant plusieurs décennies. Le vendredi 27 août 1920, le frère cadet de Joseph Kessel, Lazarre (surnommé «Lola») se suicide. Né le 20 mai 1899, soit un peu plus d un an après son aîné (Kessel est né dans la nuit du 30 au 31 janvier 1898), Lazarre était un acteur à la carrière prometteuse. Cette disparition plonge Kessel dans un état de désarroi total : il ne s intéresse plus au manuscrit de son premier roman, intitulé Pierre Lure aveugle, et ne semble pas porter plus d intérêt à ses activités de journaliste. Mazereau, qui était chef des informations au Journal des Débats et était devenu l ami de Kessel, occupait à présent le poste de chef de la publicité à la Liberté, «l un des trois grands journaux du soir avec l Intransigeant et La Presse» 6. Le quotidien venait d être racheté par Camille Aymard, auquel Mazereau recommanda vivement Kessel lorsqu il fallut envoyer un reporter enquêter sur la situation précaire en Irlande. Le lendemain, Kessel embarqua à Calais à destination de Folkestone. Il commença son enquête par une visite à la prison de Brixton, où Terrence Mac Swiney, le lord-maire de la ville de Cork, en Irlande, arrêté par les Anglais pour possession de documents séditieux, se laissait mourir de faim depuis plus d un mois. C est devant la prison qu il obtient, de la bouche d un Irlandais venu apporter son soutien à Mac Swiney, le nom du délégué irlandais à Londres : Art O Brien. Grâce à lui, il rencontre la sœur et la femme de Mac Swiney, et surtout obtient un sauf-conduit pour rencontrer les chefs du gouvernement irlandais proscrit. C est à Dublin qu il croise la route d Henri Béraud, reporter envoyé sur place par L Œuvre. Au quatrième jour de son séjour irlandais, Desmond Fitzgerald, ministre de la Propagande du Sinn- Fein (nom du gouvernement clandestin), se présenta à sa chambre d hôtel, et s empressa de lui faire rencontrer toutes les personnes importantes qui apparurent dans les articles publiés par la Liberté : Erskine Childers, Arthur Griffith, Shawn (l un des lieutenants de l I.R.A.) C est également Fitzgerald qui téléphona au reporter pour lui recommander de se rendre au village de Balbriggan, mis à sac par une troupe de soldats britanniques. 4. Joseph Kessel, «Un journaliste a la chance de voir», dans Paris-Match, 6 février Ibidem. 6. Yves Courrière, Joseph Kessel ou Sur la piste du lion, Paris, Plon, Pocket, 1997, p

6 «Mary de Cork» - transposition fictionnelle d un reportage chez Kessel Ce premier reportage fut salué par la critique, et valut à Kessel ses premiers galons de reporter. Il fut accompagné par Henri Béraud pendant la majorité de son enquête, précision utile puisque Kessel n évoque pas cette compagnie dans ses articles, laissant ainsi entendre aux lecteurs qu il se trouvait seul pour affronter les quelques situations dangereuses occasionnées par le sujet de son reportage. Cependant, la nouvelle que lui a inspirée son périple irlandais, «Mary de Cork», est dédiée à «mon cher Henri Béraud, en souvenir de Dublin et Cork» 7. Kessel et Béraud, grâce notamment à Art O Brien (représentant du Sinn Féin, le gouvernement irlandais clandestin et proscrit), ont pu approcher les principaux acteurs de la révolution irlandaise, rencontres qui leur ont fourni la matière de papiers forts intéressants et très bien renseignés, mais qui ont également du moins dans le cas précis de Kessel influencé leurs articles : «En Irlande, je m étais senti presque irlandais, à cause du courage des nationalistes qui se révoltaient et qui, pour finir, furent écrasés» 8. Ainsi, dès son premier grand reportage, le journaliste a pris parti pour une minorité, sans toutefois que cela n apparaisse de façon trop explicite ; mais le choix des sujets, la description des personnes interviewées, la façon de dire les choses ne peuvent tromper le lecteur : Kessel s est bien rallié à la cause des nationalistes irlandais, idée que confirmera quelques années plus tard la nouvelle «Mary de Cork», dont le sujet est prétexte à une glorification des sacrifices consentis par les révolutionnaires à leur patrie. Par la suite, Kessel épousera une Irlandaise, Michèle O Brien, qui léguera les droits d auteurs de son époux à la Croix-Rouge irlandaise dans son testament 9. Quatre ans après son reportage, Kessel s est donc inspiré de son périple irlandais pour rédiger une nouvelle présentant la révolte légitime (selon l auteur) des Irlandais pour obtenir leur liberté : «Mary de Cork» paraît à la fin de l année 1924 dans le tome XXIII de la Revue des deux mondes, et en volume en août 1925 chez Gallimard. Kessel s est souvenu de plusieurs détails de son reportage, qu il a entremêlés avec la situation irlandaise au lendemain du Traité signé par certains nationalistes avec les Anglais le 6 décembre 1921, et avec une histoire d amour fictive et tragique. L action se déroule à Cork, ville dont Terrence Mac Swiney était le lord-maire en 1920, avant d être emprisonné et d entamer une grève de la faim. Beaucoup d éléments de la nouvelle ont été empruntés au reportage ; par exemple, l importance de l enseignement, et l excellent moyen de propagande qu il constitue pour les Anglais 10. Mais Kessel a également mêlé à ses souvenirs des informations qu il avait glanées à la suite de son premier grand reportage. En effet, le reporter s est tenu informé de l évolution de la situation irlandaise, et a donc eu connaissance de la scission qui a divisé les nationalistes en deux clans ennemis à l occasion de la signature du Traité du 4 décembre Il s est ainsi attaché, dans «Mary de Cork», à évoquer une situation contemporaine (le clan des Républicains s entredéchirant) tout en prêtant aux deux personnages principaux, Mary et Art, ses propres souvenirs de reportage : l université de Cork et les conséquences de l affrontement irlando-britannique au sein même des écoles (évoquées dans l article publié le Joseph Kessel, Les Cœurs purs, Paris, Gallimard, 1987, p «L Express va plus loin avec Joseph Kessel», entretien mené par Jean-Louis Ferrier, Michèle Cotta, André Bercoff & Irène Allier, dans L Express, n 933, 26 mai-1er juin Entrevue avec Paul Chardon, notaire de Joseph et Michèle Kessel, mars Joseph Kessel, «Le combat intellectuel de l Irlande», dans La Liberté, 26 septembre

7 Pascal Génot septembre 1920), la grève de la faim des onze prisonniers de Cork soutenus par les prières quotidiennes des villageois (article publié le 25 septembre 1920), les petits crieurs de journaux égayant les rues sinistres (article du 27 septembre 1920), l agonie de Terrence Mac Swiney (article du 9 septembre 1920) Le 4 décembre 1921, un «traité» a été signé entre une délégation représentant les nationalistes et les Anglais, mais ce document n a pas été accepté par tous. Une scission s est donc opérée au sein du mouvement indépendantiste irlandais, et des amis de longue date ont ainsi dû s affronter. Les deux groupes nationalistes étaient d importance assez semblable, puisque lorsque le Dail Eireann proposa la ratification du «traité», le 7 janvier 1922, celle-ci ne fut acceptée que par soixante-quatre voix contre cinquante-sept. C est Griffith qui devint dès lors le Président de l Assemblée. Un gouvernement provisoire fut en outre constitué par Michaël Collins le 14 janvier Griffith et Collins furent dès lors opposés à Eamon de Valera, qui refusa le nouvel État irlandais (le «Irish Free State»). L I.R.A. était désormais séparée en deux et en mars 1922, ceux qui s opposaient au «traité» s organisèrent en une force séparée, les «Irréguliers», s opposant ainsi aux «Nationaux» (ou «troupes de l État libre») dirigés par Collins. De Valera créa un nouveau parti républicain et se lança dans une vigoureuse campagne qui prônait la résistance armée au nouveau régime. Les Irréguliers reprirent la tactique de la guérilla mais se trouvèrent face à une opinion très majoritairement hostile ; la lutte fut donc féroce, mais les «Gouvernementaux» emportèrent les uns après les autres les points forts des «Républicains», de juillet à août À la fin du mois d avril 1923, de Valera annonça que les «Républicains» étaient prêts à arrêter la lutte ; le cessez-le-feu ne fut pourtant proclamé que le 24 mai 1923, alors que les «Gouvernementaux» avaient perdu 800 hommes et les «Républicains» beaucoup plus. Parmi les dirigeants du Sinn Féin rencontrés par le jeune Kessel au cours de son reportage, plusieurs disparurent au cours de cet affrontement ; ainsi, Robert Erskine Childers, qui avait choisi le camp de De Valera, fut arrêté par la «Free State Army» le 10 novembre 1922 et, après avoir été jugé en cour martiale, il fut fusillé le 24 novembre. Arthur Griffith, après avoir ordonné le bombardement du quartier général des Républicains en juin 1922, meurt d une hémorragie cérébrale le 12 août Michaël Collins est pris au piège dans une embuscade tendue par les Républicains, et succombe sous leurs balles le 22 août Seuls Eamon de Valera (qui sera par la suite Président de la République irlandaise de 1959 à 1973) et Desmond Fitzgerald (qui sera Ministre des Affaires Extérieures de 1922 à 1927, puis Ministre de la Défense de 1927 à 1932) s en sont plutôt bien tirés. Dès 1922, Kessel fut contacté par un «jeune» éditeur à la recherche de nouveaux talents : Gaston Gallimard. Ayant apprécié les premières productions littéraires de Kessel, et particulièrement la nouvelle «Le Caveau N 7», publiée par le Mercure de France le 1 er juin 1922, il adressa une lettre au jeune auteur, lui proposant de devenir son éditeur. Immédiatement, Kessel lui fit porter six nouvelles d inspiration russe. Le contrat fut signé en juillet 1922, et très vite un premier recueil de textes, La Steppe rouge, fut publié dans la «collection blanche» des éditions Gallimard, en novembre Les ventes furent satisfaisantes pour un premier ouvrage, signé par un auteur encore inconnu du grand public. Le 27 octobre 1923, c est la publication de L Équipage, dans la collection «Soleil» de Gallimard, et le succès immédiat. Fort 87

8 «Mary de Cork» - transposition fictionnelle d un reportage chez Kessel de cette réussite, Kessel plongera dans ses souvenirs irlandais et décida d en tirer une nouvelle. Il avait suivi de près le déchirement des nationalistes irlandais. Plus que toute autre chose, il se souvenait précisément de la femme et de la sœur de Terrence Mac Swiney, qu il avait rencontrées au début de son reportage dans le bureau d Art O Brien (délégué du Sinn Féin à Londres), dont les paroles avaient été si marquantes : elles comprenaient le sacrifice du lord-maire, car elles croyaient plus que tout à la cause qu ils défendaient ensemble, la lutte pour l indépendance de l Irlande. Dans la nouvelle, le thème du sacrifice est omniprésent : Mary, ayant choisi de suivre De Valera, mène délibérément son mari Art à une mort certaine. La morale de l histoire est claire : la cause défendue est plus importante que l amour, qui doit lui être sacrifié. Un peu plus tard, la nouvelle fut reprise dans le recueil Les Cœurs purs au côté des nouvelles «Makhno et sa juive» et «Le Thé du capitaine Sogoub». Dans l avant-propos, Kessel indique lui-même le lien entre le reportage irlandais et «Mary de Cork» : «Ici, autant que cela m a été possible, j ai semé de près des données réelles». Nous verrons qu il y est remarquablement parvenu, concrétisant ce qui demeurera durant toute sa carrière sa conception du personnage romanesque : «Créer des êtres immatériels mais dont les matériaux sont des êtres réels» Transformations du texte du reportage Lorsqu il s est «servi» de son reportage comme base de son travail de création, Kessel a parfois choisi de développer certains aspects de ses articles, pour apporter un surcroît d informations ou, plus généralement, pour obtenir un texte au style plus «littéraire». Dans le reportage qui nous intéresse, par exemple, le reporter décrit les petits vendeurs de journaux, et cette description a été reprise, d une façon plus développée, dans la nouvelle : Haillonneux 12 Les haillons qui les couvraient à peine laissaient voir dans la pénombre des plaques mates de peau. 13 Le texte de la nouvelle est beaucoup plus précis que celui de l article, et présente les petits crieurs de journaux d une manière bien plus symbolique et surtout moins négative ; le lecteur de la nouvelle a d autant plus de pitié pour ces malheureux qu il sait qu ils sont «à peine» vêtus par leurs vêtements en loques, et ce peuple des rues est ainsi présenté de façon plus favorable (en terme de réception) au lecteur de la nouvelle. Une autre caractéristique de ces enfants est présentée de la même manière : Pieds nus 14. Leurs pieds nus insensibles martelaient le pavé raboteux Maurice Druon, entrevue du 21 novembre Id., «Impressions de Cork», dans La Liberté, 27 septembre Id., Mary de Cork, op. cit., pp Id., «Impressions de Cork», art. cit Id., Mary de Cork, op. cit., p

9 Pascal Génot Là encore, un surcroît d information vient approfondir l image de ces enfants à la condition atroce, et contribue à émouvoir le lecteur ; car ce procédé n est évidemment pas utilisé de façon innocente : si le reporter n avait pas d intérêt à présenter ces vendeurs d une manière si pitoyable, le nouvelliste a toutes les raisons d insister sur leur cas, puisqu ils possèdent une dimension symbolique très forte ils rappellent à Art et à Mary, qui les croisent, leur propre enfant. Kessel a pu se souvenir d images plus précises de ces enfants images qu il avait choisi de ne pas exploiter au cours de son reportage ou, et c est certainement l explication la plus pertinente, inventer certains éléments pour les besoins de son récit, n étant plus soumis au code déontologique des journalistes lui interdisant de travestir la réalité. Il s agit là des seuls exemples d augmentation d éléments tirés du reportage original afin d être insérés dans le texte de le nouvelle. Lorsque Kessel a prélevé des éléments dans les articles rédigés au cours (ou à la suite) de ses reportages, afin de les insérer dans ses romans, il a presque toujours opéré de légères modifications ; si les termes employés sont sensiblement les mêmes bien qu il puisse y avoir quelques changements de vocabulaire, et si la taille des éléments est presque identique dans les deux textes (celui du reportage et celui du roman), l ordre des mots, la construction des phrases est différente. Il s agit donc de modifications syntaxiques des textes originaux, qu il est important d étudier, puisqu elles dévoilent deux choses essentielles : l influence du reportage sur la création romanesque de Kessel, et le travail opéré par le romancier sur les textes qu il avait préalablement rédigés en tant que grand reporter. Ces modifications sont «logiques» dans le cas du reportage irlandais, puisque le jeune reporter n avait pas beaucoup de recul par rapport aux événements, et devait régulièrement envoyer ses articles à Paris ; il ne disposait pas, comme ce fut le cas pour les trois autres reportages étudiés, du temps nécessaire pour approfondir sa réflexion, réécrire ses articles. Lorsqu il a rédigé «Mary de Cork», il a donc pu corriger le style de certains éléments de ses articles avant de les intégrer au sein de son texte romanesque. Dans le reportage, le reporter évoquait l importance du réseau de renseignements du Sin Fein ; cet élément a ensuite été repris dans la nouvelle : [ ] il faut noter que l armée du Sinn Fein a un service d espionnage et de contre-espionnage remarquablement organisé. 16 Art savait combien avaient été secrets, subtils et largement déployés les rets du service de renseignements, au temps de la guerre avec les Anglais. 17 Rappelons que l histoire contée dans la nouvelle se déroule environ deux ans après l époque du reportage de Kessel en Irlande, et que le personnage d Art Beckett appartenait, «au temps de la guerre avec les Anglais», à l armée des Républicains. Le nouvelliste a repris un élément important de son reportage, mais ne l a pas présenté de la même manière dans les deux textes ; en ce qui concerne l article original, le reporter présentait au lecteur les informations qu il avait «réussi» à recueillir concernant l I.R.A. (même si certaines de ces données étaient plus que douteuses) tandis que dans la nouvelle cet élément est directement lié à la fonction de l un des deux personnages principaux ; cette modification du point de vue 16. Id., «L armée révolutionnaire d Irlande», dans La Liberté, 20 septembre Id., Mary de Cork, op. cit., p

10 «Mary de Cork» - transposition fictionnelle d un reportage chez Kessel s accompagne d un changement syntaxique, puisque des éléments ont été supprimés (l allusion au Sinn Féin), d autres ajoutés («au temps de la guerre») et enfin d autres transformés («service d espionnage et de contre-espionnage» / «service de renseignements»). Pour servir son récit, Kessel n a donc pas hésité à changer la phrase de l article original. Poursuivant sa visite de la ville dont est originaire le lord-maire Terrence Mac Swiney, le reporter aperçoit quelques signes qui symbolisent les violences de la guérilla ; ces éléments seront repris dans la nouvelle, d une façon quelque peu différente. Il s agit tout d abord de fenêtres cassées : Presque tous les rez-de-chaussée ont eu leurs vitres brisées par les coups de crosses. Si bien que nombreuses sont à présent les maisons qui protègent leurs fenêtres avec des planches. 18 Les maisons vieilles et pauvres portaient les blessures de la guerre civile : des planches mal jointes rapiéçaient les devantures fracassées à coups de crosses 19 Il faut toutefois préciser que dans le reportage les fenêtres ont été cassées par des soldats anglais, tandis que dans la nouvelle, dont l action se situe en 1922, c est la «guerre civile» qui est à l origine de ces dégâts, c est-à-dire les partisans d Eamon De Valera qui ont refusé de reconnaître le Traité signé par les Anglais et quelques représentants du Sinn Féin. Mais les deux phrases sont si proches qu il est possible d affirmer que le reporter a servi le nouvelliste ; l expression «coups de crosses» a été préservée d un état du texte à l autre, de même que les «planches» qui ont remplacé les vitres brisées ; et l expression «presque tous les rez-de-chaussée» a été remplacée par une expression plus forte, puisqu elle inclut «les maisons» dans un ensemble plus vaste il peut s agir de toutes les maisons de Cork. Si Kessel a choisi de reprendre cet élément de l article, alors que son récit se déroule deux ans après les événements dont il avait été le témoin, c est peut-être pour avancer l idée que la situation irlandaise, si elle a évolué durant ces deux années, ne s est guère améliorée, et que les Irlandais subissent, avec la guerre civile, les mêmes désagréments que lors de l occupation anglaise. Le reporter puis l écrivain évoque ensuite les traces laissées par les armes sur les maisons : Ici, les murs portent des traces récentes de balles 20 [ ] les balles avaient laissé leurs traces sur les murs écaillés. 21 Le terme «murs» a également été déplacé, et il faut remarquer que si cet élément (les traces de balles sur les murs de Cork) apparaissait dans l article en début de phrase, dans la nouvelle il est situé à la fin d une proposition. La syntaxe de la phrase a ainsi été considérablement remaniée. L impression qui se dégage à la lecture de ce passage, dans la nouvelle, est alors bien plus mélancolique que 18. Id., «À Cork, la ville qui attend et qui prie», dans La Liberté, 25 septembre Id., Mary de Cork, op. cit., p Id., «À Cork, la ville qui attend et qui prie», art. cit Id., Mary de Cork, op. cit., p

11 Pascal Génot dans le reportage, dans lequel le reporter rapportait de manière plus objective les observations effectuées sur le terrain. Les personnages de la nouvelle habitent à Cork depuis longtemps, et les murs lacérés de balles symbolisent les blessures que la guerre civile leur a infligées ainsi que la raison de leur séparation. Kessel décrit les mendiants qui hantent les rues de la ville dans le reportage puis, d une manière très ressemblante, dans le reportage. Plusieurs années après le passage du reporter sur place, cette meute doit encore, selon le nouvelliste, assaillir les passants dans les rues de Cork, ce qui sous-entend que la tentative de paix n a rien a amélioré : [ ] les petits mendiants, dont le nombre effraye, pétrissent la boue noirâtre de leurs pieds nus. 22 Partout des mendiants pétrissent la boue de leurs pieds nus. 23 L expression «dont le nombre effraye» a été remplacée dans la nouvelle par le simple mot «partout», qui suggère de manière encore plus forte la présence des mendiants ; mais les malheureux décrits dans la nouvelle semblent toutefois moins pathétiques que ceux qui étaient présentés dans l article, puisque ces derniers étaient «petits» (c est-à-dire «jeunes»), et qu ils foulaient une boue «noirâtre», précisions qui ont été supprimées du deuxième état du texte. Le comportement agité de ces jeunes vendeurs de journaux est décrit dans le reportage et dans la nouvelle : Et lorsqu ils ont reçu leurs paquets de feuilles, ils se dispersent comme des fous à travers les rues. 24 Ils courraient comme poursuivis par un péril mortel. 25 Si le sens est identique, la formulation est différente : dans l article, ils se hâtent «comme des fous» d aller assaillir les passants ; dans la nouvelle cette «folie» est suggérée et non plus explicite, car le fait de courir sans but déterminé, comportement qui est sous-entendu dans la phrase «remaniée», indique à coup sûr une différence marquée par rapport au comportement «normal» des passants. D autre part, le choix des termes employés est éloquent : ce «péril mortel» qui pourrait les atteindre, dans la nouvelle, est bien entendu lié à la tension résultant de la signature du traité de décembre 1921 qui, loin d instaurer une paix générale, a plutôt encouragé davantage les clivages sociaux que la guerre civile sous-jacente qui opposait les Irlandais aux Anglais, et que Kessel avait pu observer en Même si l action de la nouvelle ne se situe pas à la même époque que le reportage effectué par Kessel en Irlande, certains éléments qui étaient présents dans les colonnes de la Liberté ont donc été repris, après avoir été légèrement transformés, dans le texte romanesque. 22. Id., «À Cork, la ville qui attend et qui prie», art. cit Id., Mary de Cork, op. cit., p Id., «À Cork, la ville qui attend et qui prie», art. cit Id., Mary de Cork, op. cit., p

12 «Mary de Cork» - transposition fictionnelle d un reportage chez Kessel 3. Itinéraires concordants Art et Mary O Brien, les protagonistes de la nouvelle, habitent à Cork depuis plusieurs années, et toute l action dramatique se situe dans cette ville. Le narrateur a passé quelques jours dans la ville irlandaise, et s est rendu dans plusieurs lieux par lesquels les personnages de la nouvelle passent également. Il est logique que les lieux ne soient évoqués qu une seule fois dans la nouvelle, alors qu ils apparaissent à plusieurs reprises dans le reportage : Kessel est resté plusieurs jours à Cork, et s est rendu plusieurs fois à la prison et à l hôtel de ville ; dans le texte romanesque, l action ne se déroule que pendant une seule soirée, ce qui ne permet pas aux personnages d effectuer un parcours si complexe. Cependant, nous pouvons remarquer que tous les lieux de la cité que le reporter a «visités» représentent les étapes du couple déchiré par la guerre civile ; il est donc évident que le reportage, tout du moins en ce qui concerne les articles rédigés à Cork, a directement déterminé l itinéraire des personnages de la nouvelle. La carte suivante montre les trajets du reporter et des personnages, ce qui permet d apprécier la ressemblance entre les deux itinéraires. Précisons toutefois que l itinéraire «recomposé» de Kessel a été effectué en plusieurs jours, même si le reporter est retourné plusieurs fois aux mêmes endroits (hôtel de ville, prison). Enfin, la prison, qui a été transformée en studio de radio à la fin des années 1920 et qui est un lieu devant lequel le reporter et les personnages passent, apparaît sur cette carte symbolisée par le N 1 («Cork City Gaol»). 92

13 Pascal Génot Précisons qu il s agit des itinéraires «supposés» de Kessel et des personnages de la nouvelle, car s il est possible de savoir quels lieux ils ont aperçu au cours de leur trajet à travers la ville, aucune indication ne nous permet de savoir quelles rues ils ont empruntés pour s y rendre ; de même, le reporter s est rendu plusieurs fois à son hôtel au cours de son séjour à Cork, trajets qui ne sont pas matérialisés sur la carte ; enfin, Art et Mary se rendent dans leur maison avant d aller se promener du côté du parc de l Université, ce qui n apparaît pas non plus sur la carte : nous ne connaissons pas précisément l emplacement de leur demeure. Par contre, nous avons pu localiser le pub dans lequel les époux se sont retrouvés (ce qui constitue le point de départ de l itinéraire) : il s agit d un bar situé «sur le quai du City Hall» 26. Malgré ces quelques incertitudes, nous sommes cependant assurés que les personnages ont suivi un chemin sensiblement identique à celui que le reporter avait emprunté au cours de son enquête à Cork, et nous pouvons ainsi affirmer que les articles rédigés à Cork ont directement influencé l itinéraire des personnages de la nouvelle. 4. Personnes et personnages Le romancier a parfois conservé quelques aspects des descriptions de personnes que le reporter avait effectuées, en a abandonné certains, et a souvent ajouté à ces portraits de personnes réelles tout ce qui, selon lui, était indispensable à leur intégration au sein d un texte romanesque ; les pensées, par exemple, de ces personnages ont été entièrement inventées par le romancier, qui ne pouvait évidemment pas se référer aux articles qu il avait rédigés en se contentant de les recopier à l identique. Les transformations ne sont pas toutes d importances égales ; parfois, la description physique de la personne «réelle» a été entièrement conservée, et seule sa fonction sociale a, par exemple, été modifiée. Mais certains personnages romanesques sont plus «complexes», dans le sens où ils reprennent des éléments de plusieurs personnes «réelles» des reportages à la fois, et ne sont donc pas susceptibles d être rapprochés d un seul de ces «modèles». Quelques personnages n ont de commun avec les personnes réelles que le nom, voire qu une partie de ce nom, et le lien entre le reportage et le texte romanesque est dans ce cas plutôt anecdotique. Mais il s agit là d exemples assez rares, car le plus grand nombre des personnages qui sont étudiés dans cette partie ont, à l évidence, été inspirés par les individus rencontrés par le reporter au cours de ses voyages et décrits, à ces occasions, dans ses articles. Kessel s est servi des individus qu il avait rencontrés (ou dont il avait entendu parler) au cours de ses reportages, mais également de sa propre personnalité pour façonner les caractères et les aspects physiques de la plupart de ses personnages, agissant ainsi selon la méthode habituellement employée par les romanciers : Les personnages [que les romanciers] inventent ne sont nullement créés, si la création consiste à faire quelque chose de rien. Nos prétendues créatures sont formées d éléments pris au réel, nous combinons, avec plus ou moins d adresse, ce que nous fournissent l observation des autres hommes et la connaissance que nous avons de nous-mêmes. Les héros de romans naissent du mariage que le romancier contracte avec la réalité Ibid., p Francois Mauriac, Le Romancier et ses personnages (1933), Paris, Buchet/Chastel, 1994, pp

14 «Mary de Cork» - transposition fictionnelle d un reportage chez Kessel 4.1. Art Beckett Il n est pas fait mention, dans le reportage original, d un quelconque «Beckett». Mais il est possible de penser au représentant du Sinn Féin à Londres, que Kessel a rencontré au début de son reportage et qui lui a remis un sauf-conduit pour se rendre en Irlande : Art O Brien 28. Dans la nouvelle, Art se battait avec les sinn-feiners avant le Traité de paix signé en décembre 1921 par quelques représentants irlandais et les autorités britanniques ; il est donc possible que Kessel se soit souvenu d O Brien lorsqu il cherchait le prénom de son personnage Mary Beckett Deux personnes réelles ont inspiré à Kessel le personnage de Mary, de son propre aveu : la sœur et l épouse du lord-maire Terrence Mac Swiney, rencontrées dans le bureau d Art O Brien au début du reportage (article daté du 6 septembre 1920) ; cette précision permet d ailleurs de nous conforter dans l idée que Art Beckett, personnage fictif, a été inspiré par Art O Brien, personne réelle, puisque c est au même endroit dans le bureau de cet avocat irlandais, à Londres que Kessel a rencontré les femmes qui lui ont inspiré le personnage de l épouse de Beckett : «Un jour [ ] je vis paraître une femme, petite et humble. La figure était effacée, la voix timide. Un imperméable sans couleur la couvrait entièrement. C était la sœur du lord-maire. [ ] La femme de Mac Swiney, qui était entrée pendant que nous parlions, entendit cette phrase. [ ] Ces deux femmes, je n ai pu les oublier [ ]» 29. Si ces deux personnes ont semble-t-il inspiré à Kessel le personnage de Mary, c est de la sœur de Mac Swiney que l héroïne (l un des rares personnages féminins possédant une grande importance dans l œuvre de Kessel) est le plus proche ; c est grâce à un détail vestimentaire que nous sommes en mesure d affirmer cette proximité : la sœur du lord-maire de Cork porte en effet un manteau qui ressemble grandement à celui de Mary dans la nouvelle : «L imperméable couleur de terre qui couvrait jusqu aux pieds son corps maigre et le chapeau [ ] Ils servaient à Mary depuis des années, sans qu elle eût jamais pensé à en acheter d autres» 30. Si l on admet que le qualificatif «sans couleur», caractérisant le manteau de la sœur de Mac Swiney, peut signifier «passé, délavé, terne», nous pouvons ainsi rapprocher étroitement cette personne du personnage de Mary. Dans le texte de l article de 1920 remanié présenté dans l ouvrage Le Temps de l espérance, Kessel décrit d une manière différente le vêtement de la sœur de Mac Swiney : «[ ] un imperméable gris et terne» 31. L analogie avec Mary est encore renforcée par cette dernière indication Gerald Il n y a pas de petit garçon présent dans le reportage de 1920 ; le seul «garçon» évoqué est celui qui s occupe de la chambre de Kessel (le «Jimmy» mentionné 28. Id., «Au seuil de la prison de Brixton», dans La Liberté, 10 septembre Id., préface du recueil Les Cœurs purs, op. cit., pp Id., Mary de Cork, op. cit., p Id., Le Temps de l espérance, Paris, Del Duca,

15 Pascal Génot ci-dessous), et Terrence Mac Swiney et son épouse n ont semble-t-il pas d enfant. La seule correspondance qu il pourrait y avoir entre ce personnage et le reportage concerne son prénom, qui évoque clairement le nom de Fitzgerald, ministre de la Propagande du gouvernement irlandais clandestin qui a été à l origine de toutes les rencontres importantes de Kessel avec les membres du Sinn Féin. Si le nom de Fitzgerald n apparaît pas dans les articles de la Liberté (l article du 22 septembre 1920, Kessel le présente ainsi : «mon sinn-feiner»), il est en revanche très souvent cité dans le texte «remanié» du reportage présenté dans Le temps de l espérance. L importance que cette personne a eue pour Kessel expliquerait le «clin d œil» que le nouvelliste a voulu lui faire, même s il n existe aucun autre lien entre le ministre réel et le personnage Jimmy Uniquement présenté par son prénom, Jimmy est, dans la nouvelle, le serveur du pub où Art et Mary vont se retrouver en cachette. Dans le reportage, il n est nulle part fait mention d une personne portant ce prénom ; cependant, la version retravaillée du reportage mentionne le garçon de chambre qui s occupe de Kessel lors se son séjour en Irlande : «[ ] Jimmy, votre garçon d étage, est de bonne garde dans le couloir» 32. Le prénom du garçon d étage réellement rencontré par Kessel est donc le même que celui du serveur de «Mary de Cork» ; mais l analogie entre ces deux «Jimmy» ne s arrête pas là ; tout d abord, ils servent tous les deux les intérêts des révolutionnaires irlandais, même si la situation sociale a changé entre l époque du reportage et celui de la rédaction de la nouvelle. Dans le reportage, Jimmy arrange les rendez-vous de Kessel avec Fitzgerald, ministre de la Propagande du Dail Eireann, comme tous les employés de l hôtel où loge Kessel : «Ils appartiennent au Sinn Fein? Tous, depuis le portier jusqu au directeur» 33. Dans la nouvelle, Jimmy a choisit de continuer à combattre aux côtés d Eamon de Valera, refusant d accepter les compromis du Traité de décembre 1921 : «Jimmy savait. La question était donc résolue : il appartenait aux rebelles» 34. Ensuite, ils exercent le même métier, puisque dans le reportage Jimmy est «serveur» 35, profession qui est également celle du personnage du même nom : «- Au bar de la Lee, sur le quai du City Hall! Vous remettrez ceci à Jimmy, le garçon» 36. L influence du reportage sur la nouvelle est donc indéniable O Rihally Ce nom est brièvement évoqué dans la nouvelle, et ne possède en apparence pas de véritable importance dans le récit : il s agit de celui de l un des camarades d école de Gerald, le fils de Mary et d Art, et de son père - qui se bat aux côtés de Mary et des Républicains : «- Vous êtes alors [ ] avec le père de mon ami Patrick 32. Ibid., p Ibidem. 34. Id., Mary de Cork, op. cit., p Id., Le Temps de l espérance, op. cit., p Id., Mary de Cork, op. cit., p

16 «Mary de Cork» - transposition fictionnelle d un reportage chez Kessel O Rihally. Patrick me raconte tant d histoires magnifiques sur les républicains» 37. C est à cet instant qu Art se rend compte que son fils, qu il avait cherché à préserver de la triste réalité jusqu alors, est au courant de la guerre civile qui déchire son pays, et que c est à l école qu il l a apprise : «Son fils savait donc? [ ] Et comment pouvait-il en être autrement, puisque le combat maudit commençait dès l école» 38. Cet épisode du récit fait directement référence à l article publié le 26 septembre 1920 dans la Liberté : Kessel y rapportait les paroles d un professeur de l Université de Cork qui s insurgeait contre le comportement pro anglais de certains maîtres d écoles, et qui assurait que si l intégrité de l enseignement était relativement assurée au niveau des études supérieures, il n en était malheureusement rien pour «l enseignement primaire et secondaire» ; or, ce professeur se nommait «O Rahilly». La légère différence d orthographe entre le nom de la personne rencontrée par Kessel au cours de son reportage et celui du personnage de la nouvelle ne justifie pas que l on doute véritablement du lien qui unit, encore une fois, article et texte romanesque. Conclusion Les différents éléments présentés ici prouvent que, dès son premier grand reportage, Joseph Kessel a intégré des éléments issus de ses articles au sein d un texte de fiction directement inspiré par son périple irlandais. Il s agit là non pas d un cas isolé, mais au contraire de la première expérience par l écrivain de la transposition littéraire, de la reformulation d un texte à visée informative au service d une création littéraire à part entière. C est surtout en cela que l étude comparée du reportage de 1920 et de la nouvelle qu il a inspiré est intéressante : elle permet de réfléchir, près d un siècle plus tard, à la mise en œuvre de cette technique de composition qui n est certes pas propre à Kessel, mais qui concerne une très grande partie de ses ouvrages et dont il s est servi pour composer ses textes les plus appréciés. Il convient de préciser que, par la suite et à plus forte raison à partir du reportage de 1930 sur la piste des esclaves, Kessel a ajouté d autres étapes de reformulation du texte «de base» (son article tel qu il est paru dans le journal) avant son intégration au sein d un récit fictif, en le remodelant en vue d une publication de son enquête en librairie par exemple. De même, certains documents inédits (notes, photographies, ou tel que le manuscrit intitulé «Les lions», retrouvé dans le manuscrit du roman Le Lion) permettent de penser que même dans le cas de ses articles, le reporter a parfois dissimulé, ou même transformé la réalité ; de ce fait, la frontière entre le reportage et le roman (ou la nouvelle) s en trouve encore plus floue. Kessel n est pas le seul à s être «servi» de ses articles pour rédiger des textes romanesques, loin de là. En effet, un grand nombre de reporters se sont inspirés de leurs périples pour composer des récits fictifs contenant la plupart des éléments qu ils évoquaient dans les colonnes des quotidiens qui publiaient leurs articles. Une période de recul est souvent nécessaire, à la suite du reportage, avant de commencer à mettre en forme le récit romanesque qu il a inspiré ; Kessel a ainsi publié «Mary de Cork» cinq ans après le reportage irlandais. 37. Ibidem. 38. Ibidem. 96

17 Pascal Génot Pour Juliette Vion-Dory, «l écriture du reportage peut modeler pour partie l écriture littéraire» 39. L écrivain journaliste, pour composer un récit réaliste, ne se prive pas de puiser directement dans ses articles afin d en intégrer des éléments à sa narration ; plusieurs possibilités s offrent à lui : il peut choisir d intégrer ces éléments sans les changer, ou bien de les transformer quelque peu. Un même écrivain peut, bien sûr, utiliser ces deux méthodes. Henri Béraud, lui-même grand reporter et romancier, a défendu l idée que la pratique du reportage était salutaire, voir même nécessaire pour un futur écrivain : «On m a reproché d avoir fait du journalisme la véritable école de l écrivain : je prétends que seul l exercice quotidien du journalisme peut former des écrivains de métier. La vérité est que le reportage a, lui aussi, ses chefs d œuvre» 40. Le «cas» de Kessel n est pas unique, car la plupart des grands reporters qui se sont essayés à l écriture romanesque (ou des écrivains qui ont effectués des reportages) se sont servis de ce qu ils avaient vu au cours de leurs voyages comme base lors de la rédaction d une (ou de plusieurs) œuvre(s) de fiction narrative : «Pour la plupart des écrivains, le reportage va devenir un laboratoire de la création, et troquer son statut de témoignage de première main contre celui d avant-texte ou d intertexte à venir» 41. Le reportage n est plus perçu dans ce cas par les écrivains que comme un ensemble d éléments dont certains seraient susceptibles d apporter à la fiction qu ils sont en train de rédiger un note d authenticité bienvenue ; mais parfois l inspiration est encore plus évidente : Kessel a écrit Le Lion parce que Taberer, l administrateur du parc d Amboselli, lui avait raconté l étrange histoire d amitié entre sa fille et une lionne ; même si l écrivain a transformé la réalité, il a donc composé un récit dont la trame est entièrement redevable à une partie du reportage qu il avait effectué en Afrique. Les articles, dans ce cas, sont bien «la matière première du roman» 42. Et même s ils ne se rendent pas compte tout de suite de l interaction qui existe entre leurs articles et leurs romans, les écrivains reporters ne peuvent ignorer l influence des premiers sur la composition des seconds : «Simenon [ ] découvre sur le tard que ses écrits de journalisme [ ] [contenaient] en germe tous les romans [qu il a] conçus par la suite» 43. Il est donc clairement établi que l écrivain reporter va être souvent tenté de reprendre certains de ses articles lorsqu il va rédiger un texte romanesque dont le sujet sera proche de celui de son reportage, ou dont l action se déroulera dans le pays où il s est rendu pour les besoins d un quotidien. Mais il faut préciser que, la plupart du temps, l écrivain a pleinement conscience du rôle important que joue le reportage dans le processus de création romanesque ; il facilite d autant plus l écriture de textes littéraires qu il est lui-même déjà le point de vue d un personnage narrateur sur une situation, sur un pays, sur un peuple, et que cette sensibilité du 39. Juliette Vion-Dory, «Hemingway et le reportage personnel», dans Littérature et reportage, s. dir. Myriam Boucharenc & Joëlle Deluche, Limoges, Presses Universitaires de Limoges, 2001, p Jean Butin, Henri Béraud, Lyon, LUGD, «Hommes et régions», 1996, p Myriam Boucharenc, «Choses vues, choses lues : le reportage à l épreuve de l intertexte», dans Cahiers de narratologie, n 13, «Nouvelles approches de l intertextualité», s. dir. Alain Tassel, 2006, p [En ligne], URL : Ibid., p Ibidem. 97

18 «Mary de Cork» - transposition fictionnelle d un reportage chez Kessel reporter est proche de celle de l écrivain puisqu ils ne sont qu une seule et même personne ; l écrivain peut préférer la narration homodiégétique (c est le cas du Lion de Kessel) et ainsi prêter au narrateur les impressions qu il a lui-même éprouvées au cours de son reportage ; mais il peut également choisir la narration hétérodiégétique (comme dans «Mary de Cork») et attribuer aux différents personnages principaux une part de ses propres sentiments. Le recours aux articles du reportage apporte au texte romanesque des éléments d une authenticité inégalable : «Pour le romancier, le reportage fait office de vivier. Il nourrit l invention romanesque. Il fournit des sujets, des données chiffrées, des personnages et des modèles narratifs» 44. Lorsqu un écrivain insère dans son récit des éléments empruntés à l un de ses reportages antérieurs, il ne se contente pas de «faire vrai», il dit tout simplement ce qu il a observé de ses propres yeux. La réalité vient dès lors se mêler à la fiction pour former un texte romanesque caractérisé par sa profonde promiscuité avec le journal de voyage, puisqu il propose aux lecteurs des éléments d information certifiés authentiques. Mais le lecteur ne sait pas toujours que le roman qu il est en train de lire a été inspiré par une expérience vécue, que l écrivain s est servi d anciens articles pour donner une vision particulière la sienne d un pays, d un peuple et que c est lui qui détermine le degré de «littérarité» d un texte c est-à-dire sa nature, par exemple plutôt informative ou narrative, l une n empêchant pas nécessairement l autre. Bien entendu, la réputation de Kessel, au cours de sa carrière, sera largement bâtie sur cette double profession de grand reporter et de romancier, mais ce n était pas encore le cas en ce qui concerne «Mary de Cork». Ce constat peut s appliquer à la majeure partie de la production romanesque de Joseph Kessel, et explique certainement l adhésion du public à son œuvre, même si celle-ci est de nos jours bien moins évidente ce à quoi nous nous efforçons de remédier en partie ici. Pascal Génot Université de Bordeaux III 44. Alain Tassel, «Du reportage au roman ou la greffe au cœur d une poétique narrative», dans Narratologie, n 4, «Nouvelles approches de l intertextualité», s. dir. Alain Tassel, 2001, p Interférences littéraires/literaire interferenties 2011

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