Leningrad la Rouge. Visite chez un dignitaire soviétique (musée Kirov) Le pays des pionniers. Souvenirs de la grande guerre patriotique

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1 Leningrad la Rouge 1924 : Lénine, le père de la Révolution s'éteint ; Petrograd est rebaptisée Leningrad en son honneur, un nom qu'elle gardera jusqu'en 1991, date de la disparition de l'urss. Entre-temps, elle a traversé bien des tourmentes. Les nouveaux maîtres du pays, désormais basés à Moscou, méfiants envers cette cité qu'ils estiment hautaine et frondeuse, ont décidé de la mettre au pas. Mais une épreuve plus terrible encore attend les habitants de la ville. Pour eux la Seconde Guerre mondiale se résume à un siège de près de trois ans, un traumatisme qui a laissé des traces aujourd'hui encore palpables. De l'ère joyeuse des pionniers à l'époque des martyrs, petit voyage dans le temps à travers une ville «rouge». Visite chez un dignitaire soviétique (musée Kirov) Le pays des pionniers Souvenirs de la grande guerre patriotique

2 Visite chez un dignitaire soviétique C'est au n 26/28 de la perspective Kamennoostrovski que Sergueï Kirov ( ) habita de 1926, date de sa nomination au poste de responsable du parti pour la région de Leningrad, à sa mort. Transformé en musée, son appartement, demeuré avec son mobilier et sa décoration d'origine, est l'occasion de pénétrer sur la pointe des pieds chez un membre important du régime soviétique. A des années lumières des foyers ouvriers et des logements collectifs, lot de tant de ses concitoyens, il logeait dans un appartement vaste et confortable, bénéficiant d'équipements modernes comme un frigidaire. Une exposition retrace sa vie et son oeuvre, et fait découvrir un homme jouissant d'une incroyable popularité. Assassiné en 1934 dans ses bureaux à Smolny, Kirov a été immédiatement «canonisé» à la soviétique : obsèques nationales, villes, rues, stades, théâtres (dont le Mariinski) rebaptisés en son honneur ; répression impitoyable contre les organisateurs du complot De fait, l'année 1934 marque le début des grandes purges orchestrées par Staline pour débarrasser le pays des ennemis du peuple et venger son ami. Son ami? Il semble aujourd'hui que le dictateur ait lui même organisé le meurtre de Kirov Inlassablement, Kirov a parcouru le pays et encouragé les bâtisseurs du socialisme Hommage de fervents admirateurs : cet étonnant portrait de Kirov, réalisé avec des plumes Le bureau de Kirov, avec ses accessoires indispensables : un portrait du camarade Staline et une ligne téléphonique reliée au Kremlin. Les souvenirs d'une existence au service de la Révolution.

3 Qui pense encore à Kirov aujourd'hui? Les visiteurs ne se bousculent pas dans le musée, ce qui laisse aux gardiennes tout loisir de laisser leur esprit vagabonder A la poursuite de leur propre passé?

4 Le pays des pionniers Au deuxième étage du musée Kirov, on est toujours plongé dans l'ambiance des années L'exposition consacrée à l'enfance durant cette période invite à remonter le temps. Bienvenue dans le monde idéal des pionniers, un monde sur lequel veille Lénine, le père de la Révolution, omniprésent dans les esprits et jusque dans les incroyables prénoms, acronymes formés avec son nom. Plus aucune fillette ne s'appelle Vilora (V.I.Lénine organisateur de la Révolution), Lioudjia (Lénine est mort mais ses idées sont vivantes) ; il n'y a plus de jeune Varlen (Grande armée de Lénine), Lenlioud (Lénine aime les enfants) ou Vinoun (Vladimir Ilitch ne mourra jamais) Ils ont pourtant bien existé! Sous le regard protecteur de Lénine, un jardin d'enfants dans les années L'uniforme des pionniers : il a fait rêver des générations de jeunes soviétiques. Leurs parents ont été sans aucun doute des petits pionniers eux, ils occupent leurs loisirs d'une autre manière. Le musée d'histoire de Saint-Pétersbourg, dont dépend l'exposition sur l'enfance dans les années 1930, installée dans une annexe du musée Kirov, a mis au point un CDrom éducatif qui permet de retrouver l'atmosphère de la période et d'apprendre de nombreuses informations sur la vie quotidienne. Après avoir indiqué son sexe, choisi un prénom, donné son âge, le joueur peut commencer à tester ses connaissances et ses capacités d'observation. Les différents jeux sont répartis en cinq catégories : les devoirs, la rue, la maison, l'école et les pionniers. Il faut, par exemple, choisir dans une liste de dates commémoratives, celles qui étaient célébrées au temps de l'urss, placer correctement sur une carte les noms des différentes républiques ou encore décorer avec les accessoires qui conviennent la chambre d'un pionnier modèle. Illustrées par des dessins «rétro» et des musiques d'époque, les différentes séquences sont aussi instructives que divertissantes. Le jeu n'existe malheureusement qu'en version russe pour le moment.

5 Souvenirs de la grande guerre patriotique La grande guerre patriotique, telle que les Soviétiques ont appelé la Seconde Guerre mondiale, est un traumatisme dont on a du mal à mesurer l'ampleur. En 1945, l'urss déplore la mort d'au moins 21 millions de personnes, la destruction de 1700 villes, villages, 6 millions de maisons A Leningrad, la situation est encore plus particulière : encerclée par l'armée allemande dès septembre 1941, la ville va subir un siège de près de 900 jours, l'épreuve la plus terrible de son histoire. Elle y perd un million d'habitants, pour la plupart morts de faim, soit un tiers de sa population ; elle y gagne, maigre consolation, le titre de «ville héroïque» et un esprit de résistance à toute épreuve. Le monument de la Victoire Tombés pour la patrie La guerre avec des yeux d enfant

6 Le monument de la Victoire Inauguré en 1975, le monument des défenseurs de Leningrad, ou monument de la Victoire, est un lieu solennel. L'ambiance est au recueillement et au souvenir. Plongé dans une semi-pénombre, la salle intérieure n'est éclairée que par 900 veilleuses, une pour chaque jour du blocus. Dans un silence quasi religieux, les écoliers viennent y découvrir un peu de l'histoire de leurs grands-parents. Une carte animée du front autour de Leningrad. Un «devoir de mémoire» pour les petits Pétersbourgeois d'aujourd'hui. Gravés dans le marbre, les noms de militaires, «héros de l'union soviétique».

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8 Tombés pour la patrie Un endroit oublié de tous, ou presque : le petit cimetière situé derrière l'église de Tchesmé. Il abrite une poignée de tombes de soldats, connus ou inconnus, morts pendant la Seconde Guerre mondiale. La sépulture des trois frères Silentiev et d'un certain Mixhaïl Pasternak. Frappée de l'étoile rouge, la tombe d'un combattant de l'armée rouge demeuré anonyme à jamais.

9 La guerre avec des yeux d'enfants De mémoire de Pétersbourgeois, l'hiver a été l'un des plus terribles. Records de froid, manque de vivres pour le seul mois de décembre 1941, on dénombre morts. Pourtant, tant bien que mal, la vie continue. Dans les écoles, les enseignants occupent comme ils peuvent des enfants affaiblis et traumatisés. En les faisant dessiner, par exemple : une manière de dire leur douleur et un peu de l'exorciser

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