COMMUNICATION Dossier hebdomadaire d aide à la communication de proximité Semaine du 17 au 23 mai 2006 édito: présidentielle/un candidature issue du PCF, un atout pour le rassemblement antilibéral articles: ALTERMONDIALISME/ATHÈNES urgence d une initiative antilibérale LA BOURSE S ÉCLATE déflation salariale = euphorie financière EADS/SOGERMA 6 000 emplois menacés, tout pour l actionnaire! DROITE MAJORITAIRE À L ASSEMBLÉE censurée dans le pays
édito Présidentielle/une candidature issue du PCF Un atout pour le rassemblement antilibéral 2007: ce que les communistes proposent, c est un rassemblement populaire qui se donne son objectif, son projet politique et qui décide d une campagne et de candidatures communes à la présidentielle et aux législatives. Chacun de ces points (nature de l objectif, contenu du projet, type de campagne, choix des candidatures) est à construire, publiquement, au grand jour, par les citoyens et par les forces intéressées. C est un énorme travail politique et démocratique à produire à l échelle du pays. Et comme ils prennent ce travail très au sérieux et qu ils veulent faire face à leurs responsabilités, les communistes avancent des propositions précises sur chacune des questions posées à ce rassemblement. L une de ces questions est effectivement la candidature à l élection présidentielle. On sait que cette élection est un piège redoutable. C est la pierre de touche de la monarchisation et de la bipolarisation. Le PCF propose donc une campagne qui rompe avec ce modèle: menée avec l objectif d une VIe République et portée à plusieurs voix, comme au moment du référendum, pour remporter une victoire partagée. Et pour animer une telle campagne, les communistes disent que le meilleur atout est une candidature issue du PCF. Plusieurs raisons militent en ce sens. Il y a d abord le fait que le PCF sera la force politique la plus importante de ce rassemblement par son influence dans le pays, son implantation militante, sa représentation élective, parlementaire. Et il y a surtout l utilité, la garantie que constitue cette force pour la dimension populaire, la dynamique militante et unitaire, le projet de gauche, antilibéral de ce rassemblement. Il y a enfin les actes politiques, nombreux, que le PCF a produits pour une union de toutes les forces antilibérales, de gauche respectueuse de leur diversité. Le débat doit s ouvrir sur toutes les questions politiques posées par ce rassemblement. Elle doit se développer sans préalable et notamment pas celui qui postulerait que la candidature à la présidentielle devrait être trouvée hors des partis. Le PCF est très soucieux d une candidature qui résiste au mirage du présidentialisme, qui offre la garantie absolue que son succès ne sera utilisé qu au service du rassemblement et des engagements pris à égalité. Le PCF présente évidemment totalement cette garantie. Cela étant dit, sans doute, au moment de choisir, ce qui entrera en considération, ce seront aussi les qualités propres de la candidature envisagée, qui devra allier ancrage populaire et capacité d exercer des responsabilités nationales, et surtout la part qu elle aura prise à la construction et à la conception de ce rassemblement. Quel meilleur critère pour faire vivre cette union populaire que l engagement, bataille après bataille, en sa faveur? De ce point de vue, un nom s impose: celui de Marie-George Buffet
ALTERMONDIALISME/ATHÈNES urgence d une alternative antilibérale Le quatrième Forum social européen (FSE) qui vient de se tenir à Athènes a été une réussite, n en déplaise aux grands médias qui ont boudé l événement. Du monde, 35 000 délégués dont 1 500 français, manifestation de plus de 100 000 personnes; forte présence des délégations d Europe de l Est; mobilisation des mouvements féministes pour agir contre les violences faites aux femmes; un contenu politique élevé avec un retour de thématiques sociales et européennes. Le FSE a renoué avec l enthousiasme de la jeunesse tout en acquérant le sérieux de la maturité. Les expériences françaises ont été largement débattues: soulèvement dans les quartiers populaires en novembre dernier, victoire du Non au référendum européen, mouvement social contre le CPE. Si la rédaction d une charte de nos principes communs pour l autre Europe n est pas finalisée, son élaboration se poursuit. Une version plus complète de la charte devrait voir le jour à la fin de l année. Dépassée la ritournelle d un essoufflement de l altermondialisme: l heure est à la coopération renforcée entre mouvement et politique. C est le cas du Forum en général et dans de nombreux réseaux thématiques: migrants, femmes, précarité, éducation, services publics, lesquels ont le vent en poupe. Une autre Europe est possible : ce slogan a pris corps à Athènes. Ce FSE fut le grand carrefour des réseaux, mouvements, syndicats, courants politiques qui réfléchissent à la manière dont les peuples peuvent à leur tour prendre en main leur destin commun. Il est significatif qu il se soit ouvert à la présence turque et d Europe de l Est, à l heure où le populisme, la xénophobie, le racisme reprennent du poil de la bête jusque dans certains gouvernements de l Union européenne; il rend concrète la formule de faire une autre Europe
LA BOURSE S ECLATE déflation salariale = euphorie financière Le CAC 40 atteint des sommets. Plus de 5 300 points. Il faut remonter à 2001 pour retrouver un tel niveau. Outre les dividendes mirobolants de 2005, les groupes cotés à la Bourse de Paris annoncent des bénéfices importants pour le premier semestre 2006. C est le cas des entreprises du BTP. Le groupe Vinci affiche un chiffre d affaires en hausse de 13% à 5 milliards d euros au titre de son premier trimestre 2006. +24 % pour Eiffage; +67% chez Ciments français; hausse majeur pour Bouyghes. Portés par un contexte de déflation salariale généralisée et une fiscalité favorable aux rentiers, les groupes alignent en ce début d année leurs résultats sur de nouveaux records. Dans le secteur de l énergie, Total voit son bénéfice net progresser de 16% au premier trimestre (3,4 milliards, soit +1,1 milliard d euros par mois!), un niveau supérieur à ce qu attendaient les marchés financiers; Soutenue par la flambée de l or noir, l action Total a bondi de 36%; les actionnaires devraient recevoir bientôt un copieux dividende de 6,48 euros par action. Même euphorie chez Suez: chiffre d affaires en hausse de 14%; on se verse un dividende d un euro par action, +25% par rapport à 2004, soit une distribution de 1,3 milliards d euros. Pour appâter les actionnaires en vue du rapprochement avec Gaz de France. Dans un contexte de chômage massif et d atonie de l activité en France, les groupes propulsent le CAC 40 de 11% depuis le début de l année. La vague d euphorie boursière qui traverse actuellement les places financières européennes ne doit pas faire oublier que la vigueur récente des taux d intérêt à long terme et de l euro pourrait être répercutée par les grandes entreprises sur les salaires et l emploi
EADS/ SOGERMA 6 000 emplois menacés tout pour l actionnaire! Faut-il laisser les actionnaires d entreprises bénéficiaires de fonds publics tailler à leur guise dans l emploi industriel en France? La question est posée après le couperet qu a laissé tomber le conseil d administration d EADS. Du haut de leurs fauteuils de cuir, ces messieurs ont décidé d arrêter les activités bénéficiaires sans perspective de rentabilité, ce qui devrait conduire à l arrêt des activités d EADS Sogerma services sur le site de Mérignac. 6000 emplois directs et indirects sont menacés. Chaque semestre, désormais, tombent les records boursiers en tout genre: record du cours du CAC 40, record des profits, record des dividendes versés aux actionnaires. L annonce de ces chiffres-là croise les annonces de suppression de postes, de fermetures d usines pour cause de délocalisatio. Le tout s accompagne des mesures sociales chaque fois plus régressives prises par le gouvernement. Alors, la faute à la mondialisation? Autant dire la faute à pas de chance, verser quelques larmes de fausse compassion et passer à autre chose. Dans une spirale de déclin sans fin. Avec la Sogerma à Mérignac, filiale du géant EADS, nous ne sommes pas dans le cas d une petite PME de main d œuvre confronté à la concurrence libre et non faussée du tiers monde. Ouvriers hautement qualifiés, techniciens et ingénieurs qui ne le sont pas moins composent l effectif de l entreprise. Alors pour quelle raison EADS ferme-t-il Mérignac? Le 8 mars dernier, le PDG du groupe annonçait les résultats 2005. Les meilleurs de son histoire. Deux milliards d euros de profits auxquels s ajoute un trésor de guerre d environ 5,5 milliards d euros. Les actionnaires sont les bénéficiaires directs de l opération: leur rente augmentera d environ 30%. Pour le reste, le groupe envisage de coûteuses acquisitions, en particulier dans le domaine militaire, et taille dans ce qui rapporte moins de 10% de profits annuels supplémentaires. Les salariés de la Sogerma sont censés payer l addition d une réorientation stratégique du groupe vers le plus rentable le plus vite pour les actionnaires. Quant aux résultats déficitaires de l entreprise aquitaine, dans quelle mesure n ont-ils pas été organisés pour le devenir? Une partie étant d ailleurs provisionnée pour financer la liquidation de l emploi! La concentration sur le créneau étroit d aménagement d avions de luxe a plombé l activité. Pourquoi avoir construit un hangar d accueil de pièces de l A380 d un coût de 18 millions d euros pour fermer le site quelques mois plus tard? La délocalisation d une partie de la maintenance militaire au Portugal et en Afrique du Nord a délesté d autant le site de la Sogerma. La mise en concurrence des deux sites français et allemand de la Sogerma et le choix in fine du second, déjà en surcharge, au détriment du premier, signe ce choix de rentabilité strictement financière, fût-ce au prix de questions sur ses conséquences sur la sécurité du transport aérien. Alors que du travail, il peut en exister pour les salariés des deux pays. L État est actionnaire d EADS. Le ministère de la Défense est son client et pourrait choisir de faire entretenir ses avions à Mérignac dont l Airbus militaire, rendant tout à fait rentable le site. 10% à 20% du hangar de l A380 ont été financés avec des fonds publics. EADS et ses actionnaires ont des comptes à rendre. Les pouvoirs publics ont leur mot à dire. Les salariés ont besoin d un large soutien et le gouvernement doit être mis en face de ses responsabilités. L appétit sans fin des actionnaires ne peut continuer de faire loi
DROITE: MAJORITAIRE À L ASSEMBLEE censurée dans le pays Majoritaire à l Assemblée grâce à cette chambre introuvable élue dans la foulée du séisme du 21 avril 2002, la droite et son attelage Villepin-Sarkozy a les moyens législatifs de poursuivre une politique que le peuple a déjà à plusieurs reprises censurée lui-même. C est bien le problème de cette droite. Elle a beau occuper tous les palais nationaux et dominer le paysage médiatique, elle ne dispose pas de majorité dans le pays pour faire accepter les dogmes libéraux. Cette réalité politique s est imposée avec un éclat particulier, il y a presque un an, le 29 mai 2005, lorsque les Français ont rejeté le projet de constitution européenne, cette sorte de règlement intérieur du libéralisme à l échelle de l Union. Plus récemment, et sous une autre forme, la résistance victorieuse de la jeunesse et autour d elle de tout le monde du travail contre le CPE est un nouveau signal, un feu rouge pour tous ceux qui veulent précariser, désolidariser et donc fragiliser les salariés face au patronat et aux actionnaires. Le débat sur la motion de censure présente l intérêt de ramener à de plus justes proportions c est-à-dire à pas grandchose la portée réelle des désaccords de fond au sein de la droite. La guerre ouverte que se livrent Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ne serait finalement qu une intrigue de cour pour capter les dépouilles d un règne finissant, si tout le pays n était pas pris en otage, si les moyens de l État n étaient pas instrumentalisés au service d une lutte de succession. Mais les affidés de Sarkozy sont main dans la main avec les fantassins du chiraquisme, face à la censure, pour soutenir une même politique, celle du gouvernement Villepin. Car derrière la ténébreuse affaire Clearstream, derrière les rodomontades d un Sarkozy se posant en victime et en parangon de la transparence, la vie continue et la politique aussi. Il faut censurer ce pouvoir. Pour cette loi inhumaine que sa majorité entérine, frappée du sceau du ministre de l Intérieur, visant à faire des immigrés un réservoir d exploitation corvéable et jetable. Les manifestants samedi dernier visaient juste en criant: Villepin, Sarkozy, le temps des colonies est fini. Il faut le censurer pour ses agressions répétées contre le monde du travail. Le mouvement social l a contraint à faire marche arrière sur le CPE. L événement a constitué le premier recul conséquent depuis que la droite est revenue aux affaires en 2002. Mais la guerre des chefs, abondamment relayée par les médias, si elle traduit l incandescence de la crise politique que traverse le pays, présente l avantage pour la droite de reléguer au second plan la question sociale. Or, portés par leur victoire sur le CPE à destination des jeunes, les salariés sont plus forts aujourd hui pour s attaquer au CNE et à tous les autres contrats de précarité. Il faut le censurer pour sa responsabilité quand EADS, dans lequel l État est actionnaire, annonce la liquidation de la SOGERMA à Mérignac (6 000 emplois menacés), quand il poursuit les privatisations, quand il liquide sa minorité de blocage dans le cadre de la fusion Suez- GDF. Ce ne sont pas les bonnes raisons de censurer ce pouvoir qui manquent