Quels patients? Quels virus?

Documents pareils
Gestion des épidémies en FAM et MAS. 2 ère réunion annuelle FAM/MAS 20 mars 2015

Patho Med Cours 5. Maladie Pulmonaires Obstructives BPCO Asthme

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

MINISTERE DE LA SANTE, DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES HANDICAPEES

Infiltrats pulmonaires chez l immunodéprimé. Stanislas FAGUER DESC Réanimation médicale septembre 2009

Recommandations des experts de la Société de réanimation de langue française, janvier 2002 Prévention de la transmission croisée en réanimation

«Les antibiotiques c est pas automatique», 12 ans après, quels sont les changements laissés par ce slogan percutant?

La ventilation non invasive aux soins intensifs

Les Infections Associées aux Soins

DOSSIER - AEROSOLTHERAPIE PAR NEBULISATION

Épidémiologie des maladies interstitielles diffuses

Club Santé. «Vaccination : quelle évolution pour une meilleure prévention?» Dimanche 16 octobre 2005

Existe t il des effets pervers à l identification du portage de BMR?

Otite Moyenne Aiguë. Origine bactérienne dans 70 % des cas. Première infection bactérienne tous âges confondus

recommandations pour les médecins de famille

Signalement et gestion des infections respiratoires aiguës (IRA) et des gastroentérites aiguës (GEA) 19 juin 2014

Quelles sont les maladies hautement contagieuses susceptibles d être hospitalisées en réanimation en France?

Détection et prise en charge de la résistance aux antirétroviraux

Le sevrage de la trachéotomie

Nouveautés dans Asthme & MPOC

MICROBIOLOGIE. 1. Strep A et Urine Slide. 2. Coloration de Gram 3. Virologie (HCV, HBV, HIV)

VACCINS ANTIPNEUMOCOCCIQUES

Tout sur la toux! La toux est une des principales causes de. La classification de la toux. Les caractéristiques de la toux selon son étiologie

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins

Infection à CMV et allogreffe de cellules souches hématopoïétiques : Expérience du Centre National de Greffe de Moelle Osseuse, Tunis.

Ventilation mécanique à domicile

Service d ambulance. Normes. de soins aux patients. et de transport

CRITERES DE REMPLACEMENT

Programme d actions en faveur de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) «Connaître, prévenir et mieux prendre en charge la BPCO»

o Non o Non o Oui o Non

PRISE EN CHARGE DE L ENFANT QUI TOUSSE OU QUI A DES DIFFICULTÉS RESPIRATOIRES

Stratégies de dépistage des bactéries multirésistantes. Qui? Pourquoi? Comment? Après? L exemple des MRSA

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

Objectifs et Modalités. Présentation : Dr M. Hours, INRETS

Infections nosocomiales

Vaccinations pour les professionnels : actualités

INSUFFISANCE CARDIAQUE DROITE Dr Dassier HEGP

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Vaccinations - Rédaction Dr BOUTON

Notre système. Immunitaire

La Broncho-Pneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Vaccination et tuberculose en Gériatrie. Unité de Prévention et de Dépistage: Centre de vaccination et centre de lutte anti tuberculeuse CH Montauban

Campagne de vaccination contre la grippe saisonnière. Une priorité de santé publique

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

ANTIBIOTHÉRAPIE PAR VOIE GÉNÉRALE. Infections ORL et respiratoires basses

Gestion de la crise sanitaire grippe A

Mise en place du contrôle du bon usage des carbapénèmes: expérience d une équipe pluridisciplinaire

Evaluation péri-opératoire de la tolérance à l effort chez le patient cancéreux. Anne FREYNET Masseur-kinésithérapeute CHU Bordeaux

Leucémies de l enfant et de l adolescent

La stratégie de maîtrise des BHRe est-elle coût-efficace? Gabriel Birgand

Diagnostic des Hépatites virales B et C. P. Trimoulet Laboratoire de Virologie, CHU de Bordeaux

Arthralgies persistantes après une infection à chikungunya: évolution après plus d un an chez 88 patients adultes

POURQUOI L HYGIENE HYGIENE = PROPRETE HYGIENE = PREVENTION DES INFECTIONS COMMUNAUTAIRES ET DES INFECTIONS ASSOCIEES AUX SOINS

Transfusions sanguines, greffes et transplantations

Définition de l Infectiologie

Traitements de l hépatite B

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Les grands syndromes. Endoscopie trachéo-bronchique. Professeur D. ANTHOINE CHU de NANCY

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

Tuberculose bovine. Situation actuelle

Hépatite C une maladie silencieuse..

LISTE DES PRODUITS ET DES PRESTATIONS REMBOURSABLES (LPPR) POUR LE TRAITEMENT DE L INSUFFISANCE RESPIRATOIRE

Maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin

Vaccination contre la grippe saisonnière

Trajectoire de la clientèle MPOC Trois-Rivières métro. Dr François Corbeil Pneumologue CSSSTR-CHAUR-CHR

Chapitre VI : Gestion des risques épidémiques

Évolution des pratiques vaccinales : 3. vaccination après la grossesse

Charges virales basses sous traitement: définition impact virologique. Laurence Bocket Virologie CHRU de Lille

Docteur, j ai pris froid!

Fonctions non ventilatoires

NAVA pourquoi pas. Stéphane Delisle RRT, PhD, FCCM Mohamed Ait Si M Hamed, inh. BSc.

Qu est-ce que la peste?

BILLON, C. BURNAT, S.DELLION C. FORTAT, M. PALOMINO O. PATEY

Vivre en santé après le traitement pour un cancer pédiatrique

Le donneur en vue d une transplantation pulmonaire

8/28/2013. L inhalothérapie aux soins critiques. Objectifs. Rôles de l inhalothérapeute. Objectifs

GUIDE PRATIQUE N 1 HERPES ASSOCIATION HERPES. Agissons contre l herpès

Prise en charge de l embolie pulmonaire

PLAN. Intérêt des cellules souches exogènes (hématopoïétiques ou mésenchymateuses) dans la réparation/régénération

Fièvre sans foyer chez l enfant de moins de 3 mois

METHODOLOGIE POUR ACCROITRE LE POOL DE DONNEURS PULMONAIRES

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

Apport de la biologie moléculaire au diagnostic des parasitoses

PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

en KINESITHERAPIE RESPIRATOIRE SAMEDI 23 JUIN 2012

Résistance du virus de l hépatite C aux nouveaux traitements anti-viraux

GASTRO-ENTEROLOGIE. Variabilité. A des entrées. B des sites anatomiques. C inter-individuelle. D intra-individuelle

Cancer et dyspnée: comment peut-on soulager? Dr Lise Tremblay 10 mai 2010

Rhume ou grippe? Pas d antibiotiques!

Le don de moelle osseuse :

Greffe de moelle osseuse: Guérir ou se soigner?

Mieux dans ses bronches, mieux dans sa tête. mieux dans sa vie!

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 3 septembre 2008

Indications de la césarienne programmée à terme

À utiliser. dispensé de. dispense de Medicaid. concernant la UTILISATION PRÉVUE. chez. culture de. Le VRS est. moitié des. enfants sont 3, 5, 6

Quantification de l AgHBs Pouquoi? Quand?

Transcription:

Quels patients? Quels virus? Importance pour le diagnostic virologique : Adulte? Enfant? Nature du prélèvement respiratoire? Délai du prélèvement? Techniques de détection virale? VAP = Ventilated-Associated-Pneumonia

Infections Respiratoires Basses (IRB) Différentes entités distinctes parfois intriquées : Bronchite aiguë Bronchiolite Exacerbations d asthme et de BPCO Surinfections DDB et suppurations pleuro-pulmonaires (Broncho-)Pneumopathies Aiguës Communautaires PAC Enfants : 70% virus Adultes : 20 à 30% virus Patients ventilés et VAP : pneumonie nosocomiale acquise sous ventilation Chez 20 à 30% des patients ventilés > 2 jours Mortalité 30 à 70% Responsable de la 1/2 des prescriptions d antibiotiques en USI (bactérie détectée dans 50% des cas)

Les principaux virus respiratoires.. épidémiques : nombreuses cibles, diagnostic clinique non spécifique Virus «anciens» Virus «nouveaux» Virus émergents après 2001 Virus influenza humains MIA H3N2 et H1N1, MIB, MIC Virus respiratoire syncytial A / B Virus parainfluenza 1 4 Rhinovirus (~ 100 types) Coronavirus 229E et OC43 Adénovirus (52 types) Virus de la rougeole Herpes virus : HSV -1, CMV, VZV.. Métapneumovirus hmpv A / B Coronavirus NL63 et HKU1 Bocavirus humain Polyomavirus WU et KI? SARS-CoV Influenza aviaire H5N1 Influenza H1N1- variant 2009

Qui fait quoi?... Les chiffres Techniques moléculaires nouvelles permettant la détection d un large panel de virus respiratoires Implication plus importante des virus échappant aux techniques de détection conventionnelle : «common cold» virus, rhinovirus et coronavirus Toujours prendre en compte la saisonnalité de la circulation des virus respiratoires : difficulté surmontée si recherche d un panel viral Le plus souvent, ces techniques n incluent pas la recherche des herpes virus (HSV-1 et CMV) : y penser dans certains contextes, et toujours en réanimation Techniques puissantes, assez rapides et chères. Actes hors nomenclature Coût bénéfice? Oui (Mahony et al., 2009). A évaluer.

Le prélèvement respiratoire idéal? Prélever les cellules cibles? Biopsies Nez / Oro-pharynx / Rhino-pharynx : écouvillonnage ou aspiration Aspiration trachéale Aspiration bronchique / Expectorations Lavage Broncho-alvéolaire (+ / - cytologie) bronchiques / Biopsies pulmonaires Lieberman D et al., 2009 550 adultes hospitalisés pour IRB (228 PAC, 250 non PAC, 72 exacerbations BPCO) 450 contrôles 3 périodes hivernales Comparaison efficacité de la détection virale selon le type de prélèvement respiratoire haut seul ou combiné Sampling Method Sensitivity (%) OPS 54,2 NPS 73,3 NPW 84,9 OPS + NPS 84,5 OPS + NPW 94 NPS + NPW 95,2 OPS + NPS + NPW 100 251 virus détectés (25%) dont 219 (39,8%) chez patients et 32 (7,1%) chez contrôles

J Garbino et al. Thorax 2009 Respiratory viruses in bronchoalveolar lavage : a hospital-based cohort study in adults N = 522. 91 virus détectés (17,4%) Période de 27 mois Virus % détection Coronavirus 32,3 Rhinovirus 22,6 PIV 19,5 Influenza 9,7 RSV 8,6 hmpv 4,2 Bocavirus 3,1 98 Immunocompétents, 41 HIV-1 +, 60 immunodéprimés, 285 greffes poumons, 38 greffes organes. CMV et HSV en culture (12% et 2%) Peu de données sur le diagnostic virologique sur LBA, réalisé selon recommandations Association entre détection virale, présence de symptômes respiratoires bas, et mauvaise réponse à l antibiothérapie Détection selon saisonnalité. Coronavirus et rhinovirus : virus communautaires les plus fréquents

Daubin C. et al. Intensive Care Med, 2005. Nosocomial viral ventilator-associated pneumonia in the intensive care unit : a prospective cohort study Aspiration trachéo-bronchique Techniques moléculaires classiques IF, et culture cellulaire A l admission : 27% virus (35/128) : dont 16 RV, 8 HSV-1, 7 MIA 39 VAP dont 31 avec recherche virologique : 13 patients virus + 12 HSV + (30%) 1 CMV associé à HSV-1 1 influenza virus associé à 1 HSV-1 et 1 EV déjà présent à l admission 1 patient HSV-1+CMV + : inclusions intranucléaires spécifiques dans lésions trachéobronchiques

Détection de Herpes simplex virus dans les voies respiratoires basses : que faire? Questions? HSV isolé de la salive chez 1 à 5% de sujets «normaux» Rôle Unité HSV de Soins dans l évolution Intensifs (USI) des lésions : détection pulmonaires + HSV chez les patients en USI? Chez les 22% immunocompétents dans prélèvements ventilés respiratoires : hauts Contamination 16% dans prélèvements graduelle à respiratoires partir de l oropharynx bas? excrétion locale trachéo-bronchique après réactivation (gg dorsal thoracique)? HSV bronchopneumopathie vraie? : Ces infection patients du parenchyme ont un pronostic pulmonaire moins bon Détérioration clinique chez ventilés depuis plus de x jours Détection HSV + dans arbre respiratoire bas et présence d inclusions nucléaires spécifiques herpétiques dans LBA ou biopsies bronchiques Bruynseels P et al., 2003; Luyt CE et al., 2007

Luyt CE et al., Am J Respir Crit Care Med, 2007 HSV Lung Infection in Patients undergoing prolonged mechanical ventilation Comparaison HSV + BPn vs HSV Patients en post chirurgie 100 % séropositifs HSV vs 88% pour toute l étude Lésions buccales + fréquentes mais détectées le même jour que les signes respiratoires de détérioration Ventilation mécanique + longue Durée de séjour + longue Nombre de VAP bactérienne : idem Mortalité : idem Charge virale normalisée >

HSV-1 chez les patients immunocompétent ventilés Deback C et al., J Clin Virol, 2010 Origine du HSV-1? Réactivation endogène le plus souvent (IgG au moment du diagnostic) Ré-infections possibles Primo-infection (séronégatifs) Analyse des souches HSV-1 OPS et LBA par recherche de microsatellites (combinaisons de 10 régions du génome HSV-1 utilisés comme marqueurs moléculaires) Toutes les souches obtenues à partir du même patient ont le même haplotype, quelle que soit l origine OPS ou LBA Stabilité de cet haplotype dans le temps (85 jours entre 2 prélèvements) Absence de transmission nosocomiale entre patients Chez les ventilés, l oropharynx constitue un réservoir pour l HSV-1 Réactivation au niveau ORL symptomatique seulement 1 fois sur 2 Autre route possible pour les 4 HSV-1 BPn avec OPS négatif? faux négatif?

Conclusion Prélèvements pour diagnostic virologique d une IRB : le plus tôt possible Aspiration naso-pharyngée + Aspiration trachéo bronchique avant le lavage : cellules cibles des virus respiratoires +++ + LBA : faire la demande de recherche virologique +++ Diagnostic virologique : le mieux possible. Tenir compte de la saisonnalité en cas de recherche restreinte Penser aux herpes virus Détection des HSV-1 dans les LBA prélevés chez les patients ventilés : Existence de «vraies» broncho pneumopathies herpétiques Réactivation endogène à partir de l oropharynx ++ Intérêt du traitement par acyclovir? Manque de données prospectives