Atelier «Vieillissement de la population et habitat»



Documents pareils
SYNTHÈSE. En 2012, la province Sud compte personnes. Le maintien à domicile : solution privilégiée des personnes âgées

Amélioration du contrat Prévoyance

DOSSIER DE PRESSE. Une nouvelle activité vient de voir le jour. «Le BTP Gériatrique»

Les seniors dans l agglomération nantaise et leurs modes d hébergement

«Séniors et adaptation du logement»

Dossier de presse. Adaptation des logements à la perte d autonomie : Des moyens renforcés pour Mars 2013

LES MODES D ADAPTATION ET DE COMPENSATION DU HANDICAP : Les personnes handicapées motrices à domicile (enquête HID 1999)

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

5, avenue des Quarante Journaux CS Bordeaux Cedex Tel : Fax :

Logement et vieillissement

Le projet de loi relatif à l adaptation de la société au vieillissement

LE(s) HANDICAP(s) : MOTS & CONCEPTS

DOSSIER DE PRESSE NOUVELLES GARANTIES PRÉVOYANCE

Assistance à maîtrise d ouvrage renforcée dans le cadre de la perte d autonomie et du maintien à domicile.

Bien vieillir à domicile : accompagner les seniors

À retenir Ce qu en disent les acteurs communautaires

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

GUIDE DES SENIORS BIEN VIVRE CHEZ SOI ET AUX BALCONS DU LOMONT

Le marché des seniors : nouvelle cible a privilégier par les promoteurs de logements collectifs et les constructeurs de maisons individuelles

GUIDE PRATIQUE. Faire face à la perte d autonomie Épargner selon ses objectifs DÉCEMBRE 2014 GUIDE PRATIQUE / FAIRE FACE À LA PERTE D AUTONOMIE

Approche du coût de la dépendance des personnes âgées à domicile

MIEUX COMPRENDRE LE HANDICAP

Compas études. compas. Les enjeux du vieillissement. n 7 - juin 2013

Demande de logement social

Lépine Providence DOSSIER DE PRESSE

Les seniors, une cible délaissée

Etablissements de prise en charge des seniors

Des aides individuelles pour prévenir votre perte d autonomie

A - Nomenclature des préjudices de la victime directe

«La réforme des retraites en France» Présentation de Gérard Rivière Rencontres de l AFERP1, 18 février 2014, GIE AGIRC-ARRCO

L ACCESSIBILITÉ DU CADRE BÂTI

Garantir le minimum vital

Des solutions pour les seniors à revenus insuffisants

«Politique des ARS pour les seniors»

ACCUEIL DE JOUR ET HEBERGEMENT TEMPORAIRE POUR PERSONNES AGEES EN POITOU-CHARENTES

Les durées d emprunts s allongent pour les plus jeunes

Bernard BONNE Président du Conseil général de la Loire

B2V lance le Prix Solidarité Autonomie Seniors

Le financement de la perte d autonomie liée au vieillissement

DOSSIER DE PRESSE. Améliorer l hébergement des plus défavorisés : Un plan triennal pour réduire le recours aux nuitées hôtelières

Séminaire d information pour les particuliers. Renseignements relatifs aux personnes handicapées

Baromètre BVA Santé. Vieillissement & Silver économie - Vague 1 - pour Orange Healthcare et MNH

Une augmentation des prix du foncier et de l immobilier mais un secteur encore attractif

Lutter contre les exclusions

«Lutte contre la précarité énergétique et Adaptation des logements à la perte d autonomie» ( )

Panorama du Crédit à la Consommation de SOFINCO. Les Seniors & le Crédit à la Consommation

L état de la pauvreté en France

Livret. Maison. handicapées. Maison. de prestations. des personnes. départementale

France. Conditions d ouverture des droits. Calcul des prestations. Indicateurs essentiels. France : le système de retraite en 2012

Travaux d isolation et de finitions (peinture, revêtements, plâtrerie, ) Parc

L ACTION SOCIALE À VOS CÔTÉS

Maltraitance Technophobie Technophilie Technopénie Pr Robert Moulias Commission Age Droits Liberté Fédération contre la Maltraitance (ex ALMA

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

II.3 - AIDES TECHNIQUES (Fiche 3)

Financer les travaux d adaptation des logements

L OBSERVATOIRE LCL EN VILLE - RÉALISÉ PAR BVA L ÉCONOMIE DU PARTAGE, ZOOM SUR LES JEUNES URBAINS. Juin 2014

Les conséquences du sous-financement des organismes communautaires montréalais

Brou-sur-Chantereine Elaboration du PLU Compte-rendu de la réunion publique de présentation du diagnostic 20 janvier

L approche du handicap par les limitations fonctionnelles et la restriction globale d activité chez les adultes de 20 à 59 ans

Vivre à domicile ou en institution : effets d âge, de santé, mais aussi d entourage familial

NEGRIER & Fils S.A.R.L SALMIECH Tél : Fax : negrier-electricite@wanadoo.fr

MAMI SENIORS Livret d accueil

Le Gic s engage pour le logement

Détention des crédits : que nous enseignent les évolutions récentes?

NOTRE ACTION SOCIALE PREND SOIN DE VOUS

Seniors en Vacances OFFREZ DU BIEN-ÊTRE À VOS SENIORS. Parce que les vacances, c est essentiel.

Service Hainchamps de mise en autonomie en logement communautaire

LE SYSTÈME DE RETRAITE

IMMOBILIER D ENTREPRISE

HABITAT ET VIEILLISSEMENT : VIVRE CHEZ SOI, MAIS VIVRE PARMI LES AUTRES!

LA NOUVELLE TÉLÉASSISTANCE

Fiche d information à l intention des parents. Volet 2 Les options résidentielles

Présentation du programme de logements intergénérationnels du Quai des Célestins

LE GUIDE PRATIQUE DE L APA

Mots clés : ACTION SOCIALE / AIDES INDIVIDUELLES/AIDE AUX RETRAITES EN SITUATION DE RUPTURE

CONFERENCE NATIONALE DU HANDICAP. Relevé des conclusions

Consultations prébudgétaires

CADASTRE DU LOGEMENT SOCIAL. Avis du Comité permanent des Sociétés de Logement de Service public de l'union des Villes et Communes de Wallonie

LUTTER POUR UNE MEILLEURE SANTÉ : QUE PEUT-ON FAIRE DANS NOTRE QUARTIER?

Mutex Indépendance Services - 10 % si vous adhérez en couple. Gardez le contrôle de votre vie!

PRESENTATION ACTION SOCIALE PREVOYANCE MICHELIN

Baromètre de la diversité > Logement. Chapitre 2. Recommandations

Compte rendu de la journée technique du mardi 23 septembre organisée par ODIT France à la Maison du Tourisme Paris

PROGRAMME D INTERET GENERAL ADAPTATION DES LOGEMENTS AU VIEILLISSEMENT ET AUX HANDICAPS. Bilan DECEMBRE 2010

50 lots LMNP en EHPAD au Creusot (71) Gestion DOMIDEP (9ème gestionnaire d ehpad)

L ANALYSE DU «PARC SOCIAL DE FAIT» PARISIEN EN 2003 : UNE ANALYSE TERRITORIALISÉE DES PROFILS D OCCUPATION DES PARCS ET DES QUARTIERS

Opération Programmée d Amélioration de l Habitat

Action sociale. Nos actions dans le domaine du handicap. L Action sociale vous accompagne dans les moments importants de votre vie

La place des seniors dans le bénévolat

CARCEPT ACTION SOCIALE 05/2011

POUR BIEN VIEILLIR CHEZ MOI, MON DOMICILE EN TOUTE SÉCURITÉ

N O R D - P A S D E C A L A I S

PIG Programme d Intérêt Général Communauté de Communes Les Hauts du Lyonnais. Réunion Publique du 27/06/2013

Droits et aides pour les aidants familiaux «Être aidant être soi» Prendre soin de soi c est prendre soin de l autre.

Des fins de carrière progressives : une réponse au vieillissement en emploi?

Mieux connaître les publics en situation de handicap

TORDEZ LE COU À 6 IDÉES REÇUES

SCHÉMA GÉRONTOLOGIQUE «Bien vivre son âge à Paris»

Transcription:

Atelier «Vieillissement de la population et habitat» Avec l allongement de la durée de vie et la mutation démographique sans précédent auxquels la société française est confrontée, la question du logement des personnes vieillissantes, qu elles soient valides, en perte d autonomie ou dépendantes devient un enjeu majeur de notre société. Ces évolutions posent de nouveaux défis et invitent pouvoirs publics, élus, professionnels, associations à réfléchir à leurs répercussions sur la conception des logements. Différentes pistes sont à explorer pour développer des solutions innovantes ; le chantier est immense pour les professionnels et industriels du cadre de vie. Comment transformer l habitat pour faciliter le maintien à domicile des personnes âgées et améliorer leur prise en charge dans les établissements collectifs? Compte-tenu de l hétérogénéité des situations, quelles réponses fines apporter aux besoins diversifiés pour améliorer la qualité de vie au quotidien? Le vieillissement de la population : un phénomène d ampleur, un enjeu de société La population française va vieillir sensiblement au cours des cinquante prochaines années, pour l essentiel en raison de l entrée des générations nombreuses du baby-boom dans les 3 e et 4 e âge; elle voit aussi son espérance de vie s allonger : chaque année les français gagnent quatre mois de vie pour les femmes et cinq mois pour les hommes. L espérance de vie moyenne a augmenté de 15 ans en 50 ans, l Insee l estime à 77 ans pour les hommes et de 84 ans pour les femmes. Les statistiques de l Insee permettent de mieux appréhender l ampleur du phénomène du vieillissement de la population : à l horizon 2050, le nombre de personnes de plus de 60 ans pourrait doubler par rapport à 2000, celui des personnes de 75 ans va tripler et enfin le nombre de personnes âgées de 85 ans et plus, potentiellement concernées par une perte d autonomie, voire la dépendance, pourrait être multiplié par quatre. Il y a aujourd hui plus de 9000 centenaires en France, nombre qui devrait progresser à 250 000 en 2050! 2000 2050 2050 / 2000 Total population 59 000 000 70 000 000 60 ans ou plus 12 100 000 22 400 000 X 2 75 ans ou plus 4 200 000 11 600 000 X 3 85 ans ou plus 1 300 000 4 800 000 X 4 Source Insee. 1

Fait sans précédent, une personne partant à la retraite à l âge de 60 ans a aujourd hui, en moyenne, vingt-deux ans de vie devant elle! Qui sont les seniors? De nombreuses études ont permis de dresser le portrait de la population âgée mettant en lumière les réalités mouvantes et complexes de la vieillesse, loin de l image stéréotypée du vieillard d antan. Le terme générique senior, usuellement employé, recouvre à la fois des populations hétérogènes et des situations multiples en termes d âge, de capital culturel, de mode de vie, de situation familiale, de comportement résidentiel, d état de santé, de revenu, de patrimoine immobilier ou financier Des baby-boomers, aujourd hui jeunes seniors parfois encore ancrés dans la vie active, aux retraités hédonistes indépendants, en passant par les ainés ressentant les premières déficiences physiques jusqu aux très grands ainés - le quatrième âge -, cette population regroupe quatre générations héritières d histoires différentes. Situation inédite dans l histoire, cette évolution sans précédent se traduit souvent par une coexistence de deux générations de retraités dans une même famille, les personnes de 60-70 ans et leurs parents âgés de 80 à plus de 90 ans. Situation tout aussi remarquable, les retraités d aujourd hui possèdent en moyenne un pouvoir d achat d un niveau voisin à celui des actifs et disposent d une autonomie résidentielle ; en effet, massivement propriétaires de leur résidence principale (pour 76 % d entre eux), la plupart des retraités jouissent d un niveau de revenu élevé et sont des acteurs à part entière du marché. Pourtant, cette moyenne masque la situation précaire de près de 600 000 personnes âgées émargeant au minimum vieillesse. Autre fait marquant, les prochaines générations de retraités seront probablement très hétérogènes : certains auront cumulé de nombreux atouts pendant leur vie active (patrimoine immobilier, stabilité familiale et professionnelle), d autres auront connu des parcours résidentiels et familiaux plus aléatoires (montée du chômage et de la précarité, divorce, recomposition familiale ). Mobilité et fragilité : deux trajectoires dissociées? Un constat statistique peut surprendre : les personnes de plus de 60 ans déménagent moins que le reste de la population (10% contre 32% en moyenne). Les mobilités des ménages âgés suivent deux types de logique : - la première, que l on peut qualifier de «mobilité de confort», concerne les jeunes retraités jusqu à 70 ans, «les séniors mobiles», qui désirent adapter leur logement et leur environnement à leur nouvelle situation ; ils privilégient la maison individuelle dans un contexte de poursuite de la vie en couple et quittent souvent les grandes agglomérations au profit de petites villes ou des communes rurales. - la seconde, qu on peut qualifier de «mobilité d ajustement», est liée à l avancée en âge, à la solitude consécutive au décès du conjoint, à l apparition d un handicap ou encore à la perte progressive d autonomie. Ces personnes plus âgées se dirigent en majorité vers l habitat collectif en location, notamment le locatif social, et profitent de ce changement de logement pour choisir une localisation proche d un centre urbain et pour réduire leur espace. La mobilité et l adaptation du logement sont loin de suivre l évolution de la fragilité : 10% des personnes âgées de 80 à 89 ans ont changé de logement et 13% l ont adapté. Les travaux menés à partir de l enquête Handicap - Incapacité - Dépendance de l INSEE (HID) montrent clairement que les comportements qui anticipent une perte d autonomie ou l apparition d un handicap sont peu fréquents, les déménagements s effectuant sous la contrainte lorsque le besoin se fait sentir. Le problème n est pas tant le vieillissement en soi que le handicap ou la perte d autonomie qui l accompagne. C est en fait le cumul des affections, mesuré par un indicateur de fragilité (GIR, baromètre technique français de la dépendance, voir tableau ci-après), qui limite la capacité d une personne à rester autonome à domicile : 9% des personnes âgées de 60 à 69 ans, 19% de 70 à 79 ans, et 46% des personnes octogénaires sont fragiles. 2

GIR 1 GIR 2 GIR 3 GIR 4 GIR 5 GIR 6 comprend les personnes âgées confinées au lit ou au fauteuil, dont les fonctions mentales sont gravement altérées et qui nécessitent une présence indispensable et continue d'intervenants concerne les personnes âgées confinées au lit ou au fauteuil, dont les fonctions intellectuelles ne sont pas totalement altérées et dont l'état exige une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante. Ce groupe s'adresse aussi aux personnes âgées dont les fonctions mentales sont altérées, mais qui ont conservé leurs capacités de se déplacer réunit les personnes âgées ayant conservé leur autonomie mentale, partiellement leur autonomie locomotrice, mais qui ont besoin quotidiennement et plusieurs fois par jour d'être aidées pour leur autonomie corporelle intègre les personnes âgées n'assumant pas seules leurs transferts mais qui, une fois levées, peuvent se déplacer à l'intérieur de leur logement. Elles doivent parfois être aidées pour la toilette et l'habillage. Ce groupe s'adresse également aux personnes âgées n'ayant pas de problèmes locomoteurs mais devant être aidées pour les activités corporelles et pour les repas comporte des personnes âgées ayant seulement besoin d'une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et le ménage réunit les personnes âgées n'ayant pas perdu leur autonomie pour les actes essentiels de la vie courante Grille AGGIR (Autonomie Gérontologie Groupes Iso Ressources) Le vieillissement de la population : un phénomène qui interroge la conception et l adaptation des logements existants L'augmentation de l'espérance de vie induit une augmentation corollaire du nombre de personnes âgées, très âgées, fragiles ou dépendantes. De plus, compte tenu de l explosion démographique des personnes des 3 ème et 4 ème âge, potentiellement dépendantes, il est vraisemblable que les besoins de travaux d adaptation du logement seront en forte augmentation ainsi que les demandes en structures d hébergement spécialisées. D où la nécessité de transformer l habitat et la prise en charge de ces personnes en facilitant leur maintien à domicile et en améliorant leur prise en charge dans les établissements. Vieillir chez soi : la question du maintien à domicile Contrairement à une idée répandue, le principal lieu de vie des personnes âgées, y compris les personnes lourdement dépendantes ou présentant des troubles du comportement, demeure leur logement et non pas une maison de retraite ou un établissement spécialisé. Neuf personnes sur dix vivent à domicile jusqu à 85 ans. Tranche d âge / Lieu de vie Domicile Etablissement 75-79 ans 95,3% 3,6% 80-84 ans 90,2% 8,1% 85-90 ans 80,4% 16,7% 90 ans et plus 64% 30,7% Source Insee : recensement population 1999 Ce constat, qui pourrait sembler a priori positif, puisqu il répond au souhait de la grande majorité des personnes âgées, masque pourtant des situations difficiles. Aujourd hui 30% des plus de 65 ans habitent dans des logements dépourvus de confort, de sécurité et non adaptés à leur situation de vie. Vieillir cher soi et conserver son indépendance à domicile jusqu à un âge avancé nécessite des réponses à trois niveaux : l adaptation de l espace du logement, les services de soins et d accompagnement, l accessibilité au quartier et à la ville. L adaptation du logement au vieillissement constitue un défi de premier ordre pour les acteurs du parc privé comme du parc social. L enjeu est particulièrement prégnant dans le secteur locatif social où 25% des locataires ont plus de 60 ans et 10% plus de 75 ans, sans compter le vieillissement sur place des plus de 50 ans et l accueil de nouvelles personnes âgées. De là, la nécessité pour les bailleurs sociaux de resituer la problématique du vieillissement dans le champ de leurs stratégies patrimoniales. Comment prendre en compte finement les besoins des personnes au fur et à mesure de leur avancée en âge sans pour autant figer le patrimoine? 3

Comment transformer l habitat pour permettre aux personnes âgées en perte de capacités, physiques ou intellectuelles, de continuer à rester autonome au sein de leur logement le plus longtemps possible? Quelles pourraient être les voies innovantes à explorer pour permettre le maintien à domicile par l adaptation des logements existants (ingénierie financière, réglementation, dispositifs architecturaux : adaptation de la maison par reconversion de l étage en logement indépendant, cohabitations seniors, systèmes coopératifs, maisons intergénérationnelles )? Dans le cas de logements neufs, qu ils soient individuels ou collectifs, comment peut-on concevoir et aménager des logements qui permettent de faire reculer la dépendance tout en limitant les travaux en cas d aggravation de la perte d autonomie? Le défi est d apporter des réponses adaptées aux besoins diversifiés de la population vieillissante, en associant interventions sur le logement et développement élargi des services. Les enjeux économiques sont forts : l adaptation du logement doit pouvoir se faire à coût maîtrisé. Ainsi, une réflexion sur les coûts des travaux, les capacités de financement publiques ou privées, les ingénieries financières et la réglementation est à développer. Etablissements pour le grand âge : qualité et projets de vie L avancée en âge entraîne une diminution des capacités physiques et/ou l apparition de nouvelles pathologies nécessitant des structures particulières de prise en charge. Une forte proportion de personnes de plus en plus âgée sera tôt ou tard confrontée au besoin d un séjour, temporaire ou prolongé, en établissement spécialisé. L âge moyen d entrée dans un établissement pour personnes âgées se situe aux alentours de 85 ans. Les lieux du grand âge, EHPA (établissements d hébergement pour personnes âgées) ou EHPAD (établissements d hébergement pour personnes âgées dépendantes), constituent souvent la dernière demeure pour la personne âgée. Fin 2007, 657 000 personnes vivent dans des établissements d hébergement de ce type, dont les trois quarts dans des établissements d hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). L augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes à l horizon 2040 pourrait atteindre 1,2 millions, soit une hausse de 43%. Le volet construction du Plan Solidarité Grand Âge prévoit une intensification de la création de lits jusqu en 2010. Simultanément, la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l autonomie), dont une des missions est le financement des aides en faveur des personnes âgées dépendantes, a financé une partie des travaux de rénovations d établissements. Elle va également mettre en place une mission d évaluation relative aux budgets affectés à la construction de ces établissements, budgets souvent jugés insuffisants par les architectes travaillant à la réalisation de ces programmes. Construire des établissements d hébergement pour les personnes âgées est une problématique architecturale qui, bien que spécifique, laisse une large place possible à la créativité et à l innovation. En France, la chambre individuelle avec salle d eau adaptée s est imposée, accompagnée par des espaces et des services très développés. Pourtant, l habitat collectif des personnes âgées est trop souvent perçu comme contraint par la fonctionnalité et l étroitesse des surfaces minimales imposées par les limites budgétaires. Comment offrir un hébergement permanent de qualité avec une prise en charge de la personne? Comment répondre à une croissance des exigences qualitatives pour les établissements dont la bonne conception est un enjeu à la fois humain et financier? On peut vivre dans un établissement d hébergement, mais comment faire naître le plaisir de l habiter? Au-delà de la commande technique exprimée par les maîtres d ouvrage, quelles sont les conditions pour qu un établissement d hébergement devienne un espace habitable? Pour cette population spécifique, l architecture joue un rôle essentiel ; elle peut compliquer ou simplifier le quotidien, contraindre ou élargir leur champ d action, limiter ou accentuer leur dépendance. Comment l architecture peut-elle devenir partie prenante du projet thérapeutique? Un des enjeux forts consiste à concevoir des établissements comme de véritables habitations intégrées à la cité qui permettent d aller vers une plus grande convivialité et tendent à briser l isolement des résidents. La relation aux espaces extérieurs, à un jardin mais également à l espace de la cité est primordial. 4

Par ailleurs, les exigences qualitatives continueront probablement d augmenter au cours des décennies à venir ; c est pourquoi un des enjeux majeurs est de créer des bâtiments capables d évoluer pour s adapter aux besoins à venir. Dans cette optique, il importe de penser la qualité autrement qu en terme normatif. Comment imaginer des bâtiments qui permettront cette évolution à moindre coût? C est toute l architecture, de l organisation spatiale du bâtiment aux détails techniques et décoratifs, qui doit être mobilisée. Un autre enjeu est de permettre l intimité dans un cadre de vie communautaire. La chambre, qu elle soit individuelle ou destinée à un couple, prend une importance bien supérieure au seul acte de dormir. Au-delà même des aspects fonctionnels, la pièce est surinvestie sur le plan symbolique. Comment faire de cet espace réduit un véritable lieu de vie et en permettre une forte appropriation (agencement, accueil de mobilier personnel, libre choix de l aménagement, espace d accueil pour recevoir, personnalisation du décor )? Un autre volet crucial dévolu à l architecture : aider les personnels soignants à mieux faire leur travail. Quelle conception pour faire de ces établissements à la fois des lieux de vie et de travail agréables, des soutiens thérapeutiques et des outils efficaces pour les soignants? Accompagner le vieillissement : dispositifs, équipements, produits Le vieillissement biologique amène progressivement - à des rythmes différents selon chaque personne et son mode de vie - à une altération des facultés vitales, à des déficiences cognitives, motrices et sensorielles. Que la personne âgée vive à son domicile ou en établissement d hébergement, l apparition de ces déficiences, parfois devenues handicaps, réduisent fortement son autonomie et altèrent son confort de vie au quotidien. De l adaptation de confort, comme l installation d une barre d appui pour aider à sortir de la baignoire, la suppression d une porte pour faciliter les déplacements, à la transformation nécessaire des espaces du logement pour permettre le passage d un fauteuil roulant ou l installation d un monte-escalier, l éventail des besoins est large et les attentes nombreuses. Les équipements et les produits à destination des personnes vieillissantes sont souvent perçus comme stigmatisants par les personnes vieillissantes encore autonomes; ils doivent aujourd hui dépasser une approche purement fonctionnelle. Laideur ne doit plus rimer avec confort. Toutefois, si des aménagements intérieurs spécifiques et adaptés à un habitat pour les personnes âgées sont nécessaires, ils ne doivent pas pour autant changer radicalement un espace de vie chargé de mémoire et de repères. Comment peut-on aménager et équiper les logements en conciliant des dispositifs spatiaux incluant une forte recherche d ergonomie (valeur d usage répondant aux enjeux de commodité, d accessibilité, de sécurité, notamment pour la prévention des accidents domestiques ) en les conciliant avec une recherche esthétique (valeur d image : formes, matériaux, couleurs )? Comment peut-on concevoir une salle de bain qui se fasse salle de bien et qui prenne soin de ne pas rappeler à chaque geste de toilette le handicap? Quels dispositifs sensibles pourraient permettre de faire de cet espace un lieu thérapeutique (sol anti-dérapant réactivant l activité sensorielle du pied ).? Quels aménagements et dispositifs intégrer à la cuisine, véritable centre de vie pour les personnes âgées, pour faciliter la préparation des repas (plans de travail à différentes hauteurs, placards abaissants, mitigeur à déclenchement opto-électrique, électroménager adapté )? Comment parer les risques potentiels liés à l usage de ces lieux? Au-delà des évolutions fonctionnelles, les champs d investigations sont nombreux. Pour permettre d accompagner les seniors à domicile ou en établissement avec une pénibilité réduite au maximum, les nouvelles technologies de l information et de la communication peuvent aussi constituer une piste de progrès. Au-delà des solutions actuelles de télé-alarme, de l automatisation de tâches manuelles à l aide de commande numériques ou vocales (ouverture/fermeture des volets, le réglage du chauffage, le contrôle de la lumière ), quels nouveaux moyens d assistance permettraient d améliorer le quotidien? Quelles perspectives peuvent offrir la nouvelle génération de solutions innovantes basées sur les technologies domotiques afin d assurer confort d utilisation, sécurité et assistance? 5