Item 93 : Infections urinaires de l'enfant et de l'adulte, leucocyturie.



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Item 93 : Infections urinaires de l'enfant et de l'adulte, leucocyturie. Date de création du document 2008-2009

Table des matières * Introduction... 1 1 Diagnostiquer une infection urinaire de l'adulte...1 1. 1 A tous âges...1 1. 2 Particularités chez le nourrisson et l'enfant...1 1. 3 Particularités chez l'adulte... 1 2 Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient... 2 2. 1 Devant une cystite aiguë de l'adulte...1 2. 2 Devant une pyelonéphrite aiguë de l'adulte... 1 2. 3 Devant une prostatite (infectieuse)...1 2. 4 Devant un terrain particulier... 1 ENC : OBJECTIFS Diagnostiquer une infection urinaire chez le nourrisson, l'enfant et l'adulte. Argumenter l attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.

INTRODUCTION - Infection du contenu (urine) et fréquemment du contenant (appareil urinaire). - Tableaux cliniques de symptomatologie et de gravité très variables, de la simple colonisation («bactériurie asymptomatique») au choc septique. - Importance dans tous les cas de distinguer : o les Infection urinaire «simples» = «non compliquées» ; o les IU «compliquées» = existence d une complication établie ou au moins un facteur de complication parmi : anomalie organique ou fonctionnelle de l arbre urinaire ; terrain particulier : physiologique (enfant, homme, femme enceinte, sujet âgé) ou pathologique (diabète, immunodépression, insuffisance rénale). ETIOLOGIE - IU communautaires o E. coli (cf. glossaire) au premier rang : 60-80 % toutes formes cliniques confondues. o Antibiorésistance croissante et préoccupante (chez E. coli : amoxicilline : 40-50 %, amox-clav : 15-30 %, cotrimoxazole : 15-40%, quinolones de 1re génération : 5-10 %), épargnant les céphalosporines de 3e génération (Céphalosporines de 3e génération : R < 1 % chez E. coli), les fluoroquinolones (Fluoroquinolone : R 3-5 % chez E. coli), et les aminoglycosides (Aminoglycoside : R < 1 % chez E. coli). - IU nosocomiales o Espèces et antibiorésistance très différentes d un hôpital à l autre. o Premier réservoir de «Bactéries multirésistantes» (bactéries multirésistantes) dans les hôpitaux. EPIDEMIOLOGIE - 2e site d infection bactérienne communautaire, avec prédominance féminine. - 1er site de colonisation/infection nosocomiale. PHYSIOPATHOLOGIE - Arbre physiologiquement stérile, en dehors de l urètre distal colonisé par la flore

périnéale. - IU communautaires : o avant tout, infection «ascendante» ; o très rares pyélonéphrites hématogènes (via bactériémies à staphylocoque, à Candida ) ; o exceptionnelles prostatites vénériennes. - IU nosocomiales (Infections urinaires nosocomiales) : essentiellement par sondage vésical (60 à 80 % des IUN) : o bouleversements des mécanismes de défense physiologiques ; o voie endoluminale ou extraluminale ; o pérennisation par la production d un biofilm.

I DIAGNOSTIQUER UNE INFECTION URINAIRE DE L'ADULTE. I.1 A TOUS ÂGES 1-1-1. Diagnostic clinique et topographique 1-1-1-1. Signes urinaires témoignant de l atteinte vésicale : Pollakiurie, brûlures mictionnelles, urines troubles ou hématuriques. 1-1-1-2. Syndrome infectieux témoignant d une atteinte parenchymateuse : - Fièvre. - Frissons inconstants et évocateurs d une bactériémie. 1-1-1-3. Symptômes en faveur d une pyélonéphrite (cf. glossaire) aiguë : - Douleurs de la fosse lombaire et de l angle costolombaire, irradiant vers le pubis et les organes génitaux externes, spontanées ou provoquées par la palpation et la percussion. - Troubles digestifs (vomissements, diarrhée, douleurs) trompeurs. 1-1-2. Diagnostic bactériologique. 1-1-2-1. Bandelette urinaire (Bandelette urinaire ) - Importance de la méthodologie : urines fraîches, temps de lecture respecté. - Valeur d orientation : détection de leucocytes et de nitrites. 1-1-2-2. Examen Cyto-Bactériologique des Urines (Examen Cyto-Bactériologique des Urines) - Importance capitale de la méthodologie du recueil et de l acheminement au laboratoire. - Examen direct, culture et antibiogramme - Leucocyturie (cf. glossaire) > 10 éléments/mm3 = 104 éléments/ml - Bactériurie : o 103 ufc/ml pour les cystites aiguës à coliforme ;

o 105 ufc/ml pour les cystites aiguës à autre germe ; o 104 ufc/ml pour les pyélonéphrites et prostatites ; o 103 ufc/ml pour les IUN. 1-1-2-3. Hémocultures : Indispensables en cas de sepsis grave. I.2 PARTICULARITÉS CHEZ LE NOURRISSON ET L'ENFANT. 1-2-2-1. Tableaux cliniques fréquemment trompeurs Fièvre nue, troubles digestifs... 1-2-2-2. Epidémiologie récemment modifiée Les uropathies sont actuellement dépistées par l échographie anténatale avec antibioprophylaxie dès la naissance, d où une nette diminution de l incidence des infections symptomatiques. 1-2-2-3. Bilan indispensable dès le 1er épisode - ECBU (recueil par poche stérile autocollante chez le petit). - Hémocultures. - C-Réactive protéine. - Echographie de l arbre urinaire. - Voire cystographie rétrograde à distance sur urines stériles (avis spécialisé). - Cystites d allure banale non récidivantes de la fillette > 12 ans : pas d exploration de l arbre urinaire. I.3 PARTICULARITÉS CHEZ L'ADULTE. 1-3-3-1. Chez la femme enceinte 1-3-3-1-1. La plus fréquente des infections bactériennes au cours de la grossesse 1-3-3-1-2. Différents facteurs favorisants Modifications physico-chimiques de l urine, action myorelaxante sur les sphincters de la progestérone, compression par l utérus gravide.

1-3-3-1-3. Bactériurie asymptomatique - A dépister (par BU mensuelle) et à traiter systématiquement sur ce terrain. - En l absence de traitement : persistance tout au long de la grossesse, risque de pyélonéphrite (20 à 40 % des cas), et de complications (accouchement prématuré, infection néonatale). 1-3-3-1-4. Cystite (cf. glossaire) et pyélonéphrite - Par définition «compliquées». - Pas de particularité clinique. - A l issue du traitement, ECBU mensuel jusqu à l accouchement. 1-3-3-2 CHEZ L HOMME 1-3-3-2-1. Cystite : Un tableau d IU d allure banale doit faire rechercher systématiquement une infection parenchymateuse, en particulier prostatique. 1-3-3-2-2. Pyélonéphrite : Pas de particularité diagnostique. 1-3-3-2-3. Prostatite (cf. glossaire) : - Seul l homme pubère développe cette pathologie : inflammation de la prostate le plus souvent ( 90 %) non infectieuse ("syndrome algique pelvien"). - Symptômes en faveur d une prostatite aiguë (cf. glossaire) infectieuse : o Typiquement signes fonctionnels urinaires, douleurs intenses, indépendantes de la miction (pelviennes, sus-pubiennes, périnéales, urétrales), syndrome infectieux, glande globalement augmentée de volume, tendue et très douloureuse au Toucher rectal ; o Formes moins évocatrices : syndrome infectieux isolé, forme atténuée à type de «cystite» peu ou pas fébrile, forme à TR normale, forme associée à une pyélonéphrite. - Symptômes en faveur d une prostatite chronique (cf. glossaire) infectieuse : o Symptomatologie souvent peu bruyante : pesanteur pelvienne, brûlures mictionnelles, dysurie, nycturie, douleur éjaculatoire, irritation urétrale, accès fébriles

brefs ; o Prostate inconstamment augmentée de volume, irrégulière ou douloureuse ; o A évoquer de ce fait systématiquement devant toute IU récidivante de l homme. 1-3-3-3 Chez le sujet âgé 1-3-3-3-1. Bactériurie asymptomatique - Fréquente. - Facteurs favorisants : diabète, alitement, incontinence, sondage, chez la femme carence hormonale, chez l homme hypertrophie prostatique. 1-3-3-3-2. Infection urinaire Fréquence des tableaux bâtards, surtout chez le grand vieillard : syndrome de «glissement» fébrile, incontinence récente 1-3-3-4. infections urinaires nosocomiales - Environ 75 % de formes asymptomatiques (= simple colonisation). - Complications individuelles rares mais graves : o suppurations locales (prostatite, épididymite) ; o manifestations générales (sepsis, décès) ; o remaniements secondaires aux sondages très prolongés (lithiase, cystite chronique, insuffisance rénale, voire cancer de la vessie). - Retentissement collectif important (réservoir de BMR +++).

II ARGUMENTER L'ATTITUDE THÉRAPEUTIQUE ET PLANIFIER LE SUIVI DU PATIENT. II.1 DEVANT UNE CYSTITE AIGUË DE L'ADULTE. 2-1-1-1. Cystite aiguë non compliquée - Pronostic excellent avec inconfort variable : éradication spontanée fréquente après simple cure de diurèse, et risque de Pyélonéphrite aiguë ascendante minime. - S assurer cliniquement de l absence de facteurs de complication ou de PNA bâtarde (fébricule, lombalgie sourde). - Une simple BU et pas d ECBU, sauf BU douteuse, échec clinique, ou rechute précoce. - Pas d imagerie. - Antibiothérapie courte : - fosfomycine-trométamol (dose unique : Dose unique ) ; - FQ soit à DU (ciprofloxacine, ofloxacine, péfloxacine), soit en cure de 3 jours (loméfloxacine, norfloxacine) ; - la place du cotrimoxazole (DU ou 3 jours) est limitée par les résistances. o bénéfice établi avec meilleure observance, moindres iatrogénie et pression de sélection. - Pas de réévaluation systématique, mais conseil de reconsulter en cas d échec. 2-1-1-2. Cystite aiguë compliquée : - Cystite survenant sur anomalie fonctionnelle ou organique de l arbre urinaire. - Fréquence de la dysurie, témoin d une anomalie urologique sous-jacente, s associant aux signes de cystite stricto sensu (cf. glossaire). - ECBU systématique en raison du risque particulier d antibiorésistance, notamment en cas d antibiothérapies répétées ou d acquisition nosocomiale. - Antibiothérapie longue : 5 jours : o durée à moduler selon germe et facteur de complication ; o furanes, quinolones (acide pipémidique), FQ (ofloxacine, ciprofloxacine,

norfloxacine, énoxacine), cotrimoxazole, β-lactamines orales (amoxicilline, coamoxiclav, C3G). - Evolution marquée par une fréquence élevée de rechutes, à moins de pouvoir corriger le(s) facteur(s) de complication sous-jacent(s). 2-1-1-3. Cystite récidivante (CF. T42-1, CHAP. 42, E. PILLY, 2008) : - Définition arbitraire : 4 épisodes/an ou dernier épisode < 3 mois. - Infections itératives par des bactéries différentes souvent liées à un ou plusieurs facteurs favorisants (relations sexuelles, boissons insuffisantes, mictions rares, constipation). o Sans anomalie urologique ou gynécologique sous-jacente : en faire la preuve +++. - Toujours des mesures d hygiène : miction post-coïtale, diurèse abondante, mictions non retenues, régularisation du transit intestinal. o Si possible : antibiothérapie curative au cas par cas. o Si échec : antibioprophylaxie au long cours (Cf. T42-1, Chap. 42, E. PILLY, 2006). II.2 DEVANT UNE PYELONÉPHRITE AIGUË DE L'ADULTE. - Infection potentiellement grave : o de bon pronostic si le traitement est bien conduit ; o risque de suppuration locale (abcès périrénal) et de généralisation de l infection (sepsis grave), d autant plus élevé qu il s agit d une forme compliquée ; o risque particulier des PNA en amont d un obstacle qu il convient de drainer en urgence. - Bilan clinique devant rechercher un facteur de complication, une complication avérée, un sepsis grave. - ECBU systématique. - Autres examens complémentaires et antibiothérapie (par molécules bactéricides ayant de fortes concentrations urinaires, rénales et systémiques) à moduler selon la forme clinique. 2-1. PNA non compliquées : - Traitement d'emblée à domicile (PNA mineure/modérée) ou initialement à l hôpital

(formes sévères/avec sepsis grave). - Imagerie (échographie et, sauf état de grossesse, Abdomen sans préparation ) dans le seul but d exclure une forme compliquée méconnue par la clinique : lithiase, abcès rénal, phlegmon périrénal ) ; par contre une échographie normale n exclut pas le diagnostic de PNA, les signes positifs («pyélite», lésion corticale) étant inconstants. - Si 2e épisode, envisager Urographie intraveineuse ou Tomodensitométrie à distance. - Antibiothérapie probabiliste par monothérapie par C3G parentérale ou FQ per os ou parentérale (Cf. T42-2, Chap. 42, E. PILLY 2006). - Antibiothérapie ultérieure adaptée à l antibiogramme (cf. glossaire). Durée : 10-21 jours (souvent 14 j). - Antalgiques. - Surveillance clinique et par ECBU (en cas d'échec et systématiquement 4-6 semaines après l arrêt du traitement,). 2-2. PNA compliquées : - Hospitalisation - Imagerie à hiérarchiser : o échographie et, sauf état de grossesse, ASP en urgence, à la recherche d un obstacle ou d un abcès. o examen tomodensitométrique rénal avec injection («uroscanner») : - examen de choix pour explorer le parenchyme rénal, - indiqué à la phase aiguë en cas de doute diagnostique ou d évolution préoccupante, à la recherche d'une obstruction ou d'une abcédation, o indiqué à distance de l'épisode aigu à la recherche de facteurs favorisants o explorations de la vessie à envisager parfois et seulement après guérison de l infection:. - Antibiothérapie probabiliste par bithérapie AG + C3G parentérale ou FQ per os ou parentérale : (Cf. T42-2, Chap. 42, E. PILLY 2008). - Antibiothérapie de relais selon l antibiogramme et l évolution clinique au moins 21 jours ou prolongée selon contexte (IU sur lithiase inextirpable, pyélonéphrite d un greffon ).

- Traitement de la cause ou de la complication chaque fois que possible, en insistant sur l urgence à reconnaître et à lever une PNA sur obstacle. - Traitement symptomatique. - Surveillance clinique et biologique (ECBU per-traitement [J2-J3], post traitement précoce [1semaine] et post traitement tardif [4-6 semaines]). II.3 DEVANT UNE PROSTATITE (INFECTIEUSE). - Infection potentiellement grave : o de bon pronostic si le diagnostic est reconnu précocement et le traitement bien conduit, o mais à risque de complications à type de sepsis grave, d abcès prostatique, ou de passage à la chronicité, notamment chez le diabétique et l immunodéprimé. - Antibiothérapie rendue difficile par la médiocre diffusion prostatique de nombreuses molécules (β-lactamines, AG ). 3-1. Prostatites aiguës : - Diagnostic microbiologique : o ECBU standard (mais quelques faux négatifs) ; o Massage prostatique déconseillé (douleur +++, risque de dissémination +++) ; o hémocultures ; o majorité d entérobactéries (Escherichia coli 70 %) ; part faible du gonocoque, de Chlamydiae trachomatis et de Mycoplasma ; possibilité de bactéries multirésistantes (Pseudomonas, Staphylococcus aureus résistant à la méticilline ) pour les prostatites iatrogènes. - Autres explorations : o A la phase initiale : Prostate Specific Antigen, en français Antigène prostatique spécifique non recommandés systématiquement (élévation transitoire inconstante) ; échographie transrectale à réserver au diagnostic hésitant ou à une forme d évolution défavorable (recherche d abcès) ; o A distance : bilan à la recherche d'un facteur favorisant : en sus du TR, échographie prostate + arbre urinaire + recherche de résidu post-mictionnel, débimétrie urinaire, UIV. - Antibiothérapie probabiliste :

o formes graves : C3G parentérale ou FQ per os ou parentérale + AG ; o formes mois sévères : FQ en monothérapie, d emblée par voie orale. - Antibiothérapie de relais privilégiant les 2 classes à bonne diffusion : FQ ou cotrimoxazole, pour une durée totale d au moins 3 semaines. - Traitements associés : o antalgiques ; o alpha-bloquants et Anti-inflammatoires non stéroïdiens : place discutée. - Traitement urologique : o à la phase aiguë : éviter les manoeuvres instrumentales transuréthrales ; drainage sus-pubien et non pas sondage en cas de rétention aiguë d urines ; ponction échoguidée voire drainage chirurgical en cas d abcès ; o après la guérison : traitement d éventuelles lésions sous-jacentes. - Prophylaxie : o recommandée pour les biopsies prostatiques transrectales (fluoroquinolone en dose unique + lavement rectal) et certains gestes endoscopiques par voie rétrograde. 3-2. Prostatites chroniques : - Diagnostic microbiologique : o ECBU standard fréquemment négatif ; o intérêt de la manoeuvre de Stamey (ECBU post massage prostatique). - Autres explorations : o rechercher un facteur favorisant (sténose urétrale notamment) et exclure un diagnostic différentiel : échographie de prostate (calcifications et parenchyme hétérogène n'étant pas spécifiques), PSA à distance de la poussée aiguë, cytologie urinaire, UIV, voire endoscopie en concertation avec l'urologue. - Antibiothérapie : o nécessité d un traitement prolongé, les remaniements sclérofibreux de la prostate rendant l éradication bactérienne particulièrement difficile ; o en privilégiant FQ ou cotrimoxazole (pour les souches sensibles) ; o pour une durée mal codifiée, à adapter à chaque cas, de 4 à 12 semaines. - Traitement des formes réfractaires : o antibiothérapie au très long cours ;

o résection endoscopique de prostate (mais foyers souvent en périphérie) ; o prostatectomie totale en dernier recours. II.4 DEVANT UN TERRAIN PARTICULIER. 4-1. Chez le nourrisson et l'enfant : - Antibiothérapie curative à adapter à l'ecbu, avec ici contre-indication des quinolones. - Cystite de la petite fille 3 ans : cotrimoxazole ou céfixime pour 3-5 j. - PNA : C3G parentérale ± aminoside en attaque (2-4 j) puis cotrimoxazole ou céfixime en relais pour 10-14 j en tout. - En cas de malformation : absence de consensus sur l'intérêt et la durée d'une antibioprophylaxie. - Correction de l anomalie urologique, selon le contexte et l évolution. (Recommandation : Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires du nourrisson et de l'enfant [en ligne]. 23 février 2007. ) 4-2. Chez la femme enceinte : - Bactériurie asymptomatique : o traitement conventionnel (7-10 jours), voire court (3 jours) par β-lactamines ou furanes. - Cystite et pyélonéphrite : o contre indication aux FQ et au traitement court ; o ECBU mensuel jusqu à l accouchement ; o si rechute : soit traitement «au coup par coup», soit antibioprophylaxie au long cours (β-lactamines ou nitrofuranes en une prise le soir). 4-3. Chez le sujet âgé : - Bactériurie asymptomatique : o Bénéfice établi de l absence de traitement : efficacité seulement transitoire sur la bactériurie ; pas d efficacité sur la morbidité/mortalité ; risque de sélection de BMR dans le réservoir digestif. - Infection urinaire : o Pas de place aux antibiothérapies courtes ;

o Adaptation posologique à la clairance de créatinine (formule de Cockroft-Gault (cf. glossaire) ). 4-4. Infections urinaires nosocomiales : - Colonisation = abstention sauf rares exceptions comme : o geste à venir sur les voies urinaires ; o immunodépression - Infection = différer chaque fois que possible l'antibiothérapie pour un schéma d'emblée adapté à l'ecbu : o -du fait de la fréquence des BMR rendant le choix probabiliste hasardeux ; o ceci en l'absence de gravité et de terrain particulier ; o sinon, traitement probabiliste guidé par l'examen direct des urines et l'écologie locale. (Recommandation : Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires de l'adulte [en ligne]. 23 juin 2008)

III ANNEXES GLOSSAIRE antibiogramme : Un antibiogramme est une technique de laboratoire visant à tester la sensibilité d'une souche bactérienne vis-à-vis d'un ou plusieurs antibiotiques supposés ou connus.le principe consiste à placer la culture de bactéries en présence du ou des antibiotiques et à observer les conséquences sur le développement et la survie de celle-ci. On peut par exemple placer plusieurs pastilles imbibées d'antibiotiques sur une souche bactérienne déposée dans une boîte de Petri. Il existe trois types d'interprétation selon le diamètre du cercle qui entoure le disque d'antibiotique : souche ou bactérie sensible, intermédiaire ou résistante. Cystite : Une cystite est une inflammation de la vessie. La cystite est le plus souvent d'origine bactérienne (colibacilles, naturellement présents dans l'intestin); mais peut aussi être due à un agent toxique : traitement anti-cancéreux ou radiothérapie. C'est une affection fréquente chez la femme, car elle possède un urètre court, ce qui augmente le risque d'infection urinaire E. coli : Escherichia coli, également appelé colibacille ou E. coli, est une bactérie intestinale des mammifères très commune chez l'être humain. Découverte en 1885 par Théodore Escherich, dans des selles de nourrissons, c'est un coliforme fécal généralement commensal. Cependant, certaines souches d'e. coli peuvent être pathogènes entraînant alors des gastro-entérites, infections urinaires, méningites, ou septicémies. formule de Cockroft-Gault : La Formule de Cockroft & Gault, en médecine, permet, chez l'adulte, l'estimation de la fonction rénale : la clairance (biologie) de la Créatinine. Cette formule a été proposée par Cockroft et Gault en 1976.FormuleClairance créatinine (ml / min) = [(140 - âge (années)) x Poids (kg) x A]/ créatininémie (µmol/l)a = 1,23 chez l'homme et 1,04 chez la femme.clairance créatinine (ml / min) = [(140 - âge (années)) x Poids (kg) x F] / [7,2 x créatininémie (mg/l)]f = 1,00 chez l'homme et 0,85 chez la femme. Leucocyturie : Un examen cytobactériologique des urines normal ne doit pas comporter plus de quelques hématies ou leucocytes et doit être stérile.s'il existe de nombreuses hématies, on parle d'hématurie (microscopique si l'urine est de couleur normale, macroscopique si l'urine est teintée en rouge). S'il existe de nombreux leucocytes, on parle de leucocyturie. Ces résultats sont également retrouvés lorsqu'on effectue une numération d'addis. La présence d'un germe (au direct ou à

la culture) sans leucocyturie, est témoin d'un prélèvement imparfait (contamination par l'extérieur) et n'est donc pas pathologique.la présence d'un germe avec une leucocyturie est la preuve d'une infection urinaire. Le germe est alors identifié par différentes techniques. Un antibiogramme est fourni secondairement, permettant d'évaluer la sensibilité de ce germe aux différents antibiotiques. S'il existe plusieurs germes, il s'agit en règle générale d'un prélèvement imparfait. S'il n'existe pas de leucocyturie, on en reste là. Dans le cas contraire l'examen cytobactériologique des urines doit être refait. S'il existe une leucocyturie importante sans germe retrouvé, il peut s'agir d'une infection urinaire en cours de traitement antibiotique (on dit alors qu'elle est «décapitée»). Il peut s'agir également de germes de cultures délicates. Il faut penser systématiquement dans ce cas à une tuberculose. Prostatite : Une prostatite est une inflammation de la prostate, affection fréquente chez l'homme âgé (hypertrophie ou hyperplasie bénigne de la prostate). Si la prostate se développe trop, elle peut resserrer l'urètre et ainsi perturber l'écoulement de l'urine, ce qui rend la miction difficile et douloureuse, voire complètement impossible dans des cas extrêmes. prostatite aiguë : La prostatite aiguë peut s'accompagner de fièvre, frissons et rétention urinaire. Le responsable en est bien souvent Escherichia coli que l'ecbu (examen cytobactériologique des urines) identifiera et dénombrera aisément. prostatite chronique : La prostatite chronique est souvent due elle aussi à la prolifération d'escherichia coli, plus rarement de Mycobacterium tuberculosis en cas de tuberculose urogénitale, les symptômes sont une douleur dans le bas ventre et des brûlures urinaires. Il faut savoir que les infections ORL et dentaires entretiennent les foyers de prostatites, il faut donc éradiquer ces infections pour bien traiter la prostate. La prostate étant un organe sexuel, toute affection prostatique a forcément un retentissement sur la vie intime des hommes atteints. Sans doute estce pour cela que pendant très longtemps, ces maladies sont restées taboues alors qu'elles touchent à la sexualité et à la santé de près de 80 % des hommes de plus de 50 ans. Leur prévention commence donc bien avant cet âge! pyélonéphrite : Une pyélonéphrite est une infection bactérienne des voies urinaires hautes, touchant donc le bassinet (pyélite) et le parenchyme rénal (néphrite), compliquant ou s'associant à une infection et/ou inflammation des voies urinaires basses. La contamination des voies urinaires se fait par voie ascendante à partir des flores digestive, génitale et cutanée. Les germes les plus fréquemment rencontrés sont des BGN types entérobactéries, Escherichia coli en tête. La pyélonéphrite est plus fréquente chez les femmes de 15 à 65 ans mais peut également se rencontrer à tout âge, ainsi que chez les hommes.

stricto sensu : Stricto sensu (ou sensu stricto) est une locution latine qui signifie au sens strict. Par opposition, lato sensu veut dire au sens large. Ces locutions sont régulièrement utilisées en biologie pour signifier qu'un taxon doit ou non être interprété au sens strict ; elles sont abrégées en s. lat et s. str.[1]. BIBLIOGRAPHIE Collège des Universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales : PILLY E. 21e édition 2008. Paris : Vivactis Plus. DL 2007. Chapitres 42, 43, 124, 131. RECOMMANDATION Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires de l'adulte [en ligne]. 23 juin 2008 : http://www.afssaps.fr/infos-de-securite/recommandationsde-bonne-pratique/diagnostic-et-antibiotherapie-des-infections-urinairesbacteriennes-communautaires-de-l-adulte Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires du nourrisson et de l'enfant [en ligne]. 23 février 2007. : http://www.afssaps.fr/infos-de-securite/ Recommandations-de-bonne-pratique/Diagnostic-et-antibiotherapie-des-infectionsurinaires-bacteriennes-communautaires-du-nourisson-et-de-l-enfant ABRÉVIATIONS AG : Aminoglycoside AINS : Anti-inflammatoires non stéroïdiens ASP : Abdomen sans préparation BMR : Bactéries multirésistantes BU : Bandelette urinaire C3G : Céphalosporines de 3e génération CRP : C-Réactive protéine DU : Dose unique ECBU : Examen Cyto-Bactériologique des Urines

FQ : Fluoroquinolone IU : Infection urinaire IUN : Infections urinaires nosocomiales PNA : Pyélonéphrite aiguë PSA : Prostate Specific Antigen, en français Antigène prostatique spécifique SAMR : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline TDM : Tomodensitométrie TR : Toucher rectal UIV : Urographie intraveineuse