Rupture prématurée des membranes avant 37 SA. N Winer C Gras Leguen-C Flamant-J Caillon CHU Nantes

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Transcription:

Rupture prématurée des membranes avant 37 SA N Winer C Gras Leguen-C Flamant-J Caillon CHU Nantes

Une question clinique fréquente < 31 SA 0,7% des naissances 33-36 SA 5,1 % des naissances 6 000 / an 40 000 / an Dia G Kayem

Complications de la rupture des membranes La prématurité L infection maternofoetale La procidence du cordon et les anomalies du rythme cardiaque foetal L hématome rétroplacentaire

Contexte Les recommandations relatives au Streptocoque B (SB) datent de 2002 pour la France L incidence de l infection néonatale à SB est en France de l ordre de 0.2 soit, dans les Pays de la Loire, de 10 à 15 nouveau-nés pour 45 000 naissances, avec 0.75 pour les prématurés et 0.25 pour les nouveau-nés à terme (qui représentent cependant les ¾ des infectés).

Contexte Parmi les enfants infectés: 20 % sont nés de mères dépistées avec PV + à SB 60 % de mères dépistées avec un PV - et 20 % de mères non dépistées Le taux de léthalité est estimé à 2 à 10 % pour les enfants à terme, et de 10 à 30 % pour les prématurés Van Dyke MK, Phares CR, Lynfield R, et al. Evaluation of universal antenatal screening for group B streptococcus. N Engl J Med 2009;360(25):2626-2636.

Quelles sont nos pratiques? 118 maternités 59 type IIB 59 type III Enquête : Aout 2011-février 2012

Antibiothérapie Réalisée dans 100 % des Type III et 86% des Types II Amoxicilline : 82% Bi ou tri thérapie : 10% Penicilline ou C3G + macrolide, imidazolé ou aminoside C3G 4% Péni G : 2,5% amoxicilline bi ou tri thérapie C3G péni G autre

Principe de l ATB Eviter l infection néonatale grave Eviter l exposition prolongée aux ATB Eviter des ATB inefficaces Traiter préventivement sans germe identifié car prolonge la grossesse et diminue la prématurité mais expose aux sélections de germes Traiter de façon probabiliste et court

Apparition de résistances C3G

L antibiothérapie doit être dirigée contre les bactéries les plus fréquemment impliquées dans le sepsis néonatal, a savoir l ampicilline pour le Streptocoque B et aussi les autres bactéries (E coli et autre bacilles gram négatifs) en tenant compte de l écologie bactérienne locale et des résistances habituelles.

11

Conséquences néonatales des antibiothérapies maternelles En cas d utilisation d amox - ac. clav : augmentation des entérocolites ulcéro-nécrosantes Kenyon, 2003, Cochrane Database Essai ORACLE Augmentation des infections à BGN résistantes précoces, proportionnelle à la durée de l antibiothérapie maternelle Kuhn, 2010, Paediatr Perinat Epidemiol. Laugel 2003 Biol Neonate Terrone 1999Am J Obstet Gynecol Towers 1998 Am J Obstet Gynecol 12

Grands Principes avant 34 SA(1) Eviter les TV si possible et si asymptomatique Bilan infectieux initial: NFS, CRP, ECBU, PV Corticothérapie (single course, 2ème?) Tocolyse possible courte 48H, (pas systématique) ATB probabiliste SGB, E Coli, courte, spectre large a dose efficace ne provoquant pas de résistance On a longtemps proposé Amox mais résistance a E Coli C3G car efficace sur les germes attendus Apparition de résistances aux C3G des E Coli Les bêtalactamases à spectre élargi (BLSE) engendrent une résistance à la majorité des bêtalactamines.

Facteurs de risque des bactériémies dues à des entérobactéries BLSE Usage récent d antibiotiques OR = 3,1 IC95% (1,8-5,4) Amoxicilline OR = 1,1 IC95% (0.4-1.7) Céphalosporines OR = 13,4 IC95% (2,9-61) Rodriguez-Bano CID 2010;50:40 14

Bactéries BLSE En pratique Limiter le risque de sélection +++ Diminuer les prescriptions de C3G +++ Préférer ATB spectre étroit Interrompre les traitements ATB probabilistes au plus vite Carbapémène en cas d infection grave Méropénem ou Imipenem Bithérapie avec Aminoside Piège de l antibiogramme mal interprété

Nb Total Cultures positives (%) Bactéries isolées E.coli Streptocoque B 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 1423 1434 1570 1452 1524 1689 1811 1766 1794 1857 1953 1937 1906 213 15% 89 (40%) 81 (36%) 180 12.6% 67 (35%) 75 (39%) 186 11.8% 74 (39%) 77 (40%) 219 15.1% 82 (37%) 96 (44%) 173 11.3% 89 (51%) 64 (37%) 227 13.4% 116 (51%) 74 (32%) 248 13,7% 122 (49%) 70 (28%) 221 12,5% 109 (49%) 63 (28,5%) 192 10,7% 86 (44,7%) 61 (31,7%) 240 12,9% 127 (52,9%) 71 (29,5%) 273 13,9% 156 (57,1%) 74 (27,1%) 268 13,8% 159 (59,3%) 72 (26,8%) Listeria 2 0 1 0 0 1 2 1 0 1 0 0 0 S.aureus 3 7 6 3 5 5 8 3 6 3 3 5 3 P.aeruginosa 0 12 3 0 1 1 0 2 0 0 0 0 0 Streptocoque A C G 3 1 2 0 0 0 0 0 2 0 0 1 0 Enterocoques 6 4 4 3 0 3 4 6 1 4 4 4 2 Autres Streptocoques 8 7 11 10 3 6 9 7 8 10 12 7 14 Pneumocoque 3 2 0 2 0 0 2 0 1 2 0 0 2 Gardnerella 4 4 4 5 1 0 2 6 9 4 2 8 10 Proteus/Morganella 5 3 1 0 3 0 4 1 0 0 3 0 0 Klebsiella 5 3 2 2 1 1 5 5 3 3 2 4 2 Citrobacter 2 0 2 1 0 3 1 0 0 0 1 1 1 Enterobacter 4 3 0 1 1 2 2 1 0 3 1 1 1 Salmonelle 0 0 0 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 Acinetobacter 0 3 0 1 0 0 0 0 0 1 1 0 0 Anaérobies 5 3 2 2 3 2 2 3 3 1 Capnocytophaga 0 0 0 1 0 0 1 1 0 0 0 Eikenella /Haemophilus 1+3 0+2 2 1 2 6 Levures 2 2 1 0 1 Bactéries isolées des liquides gastriques. CHU NANTES, J CAILLON 234 12,2% 137 (58,5%) 64 27,3%)

Principes avant 34 SA (2) Les aminosides sont une famille homogène d antibiotiques. Ils ont un intérêt certain. dans les infections sévères en conservant une activité bactericide vis-a-vis des bactéries à Gram négatif et à Gram positif

Principes avant 34 SA (3) Ce document a ete discute au Groupe de Travail des Medicaments Anti-Infectieux du 17 mai 2010 et du 6 septembre 2010 présidé par Robert Cohen. Dans la quasi-totalité des situations, les aminosides sont utilises dans le cadre d une association dans le but de : 1) rechercher une synergie bactéricide (essentiellement démontrée in vitro) ; 2) prévenir l émergence de résistances ; 3) élargir le spectre d activité du traitement. Adulte (Les objectifs restent les memes quelle que soit la situation (sujets ages, insuffisants rénaux, obésité morbide, grossesse et allaitement ). Les posologies des aminosides sont variables en fonction de la gravite du tableau clinique, du terrain, de la bacterie identifiee ou suspectée, et de la durée du traitement : gentamicine, tobramycine : 3 a 8 mg/kg/jour ; Les posologies (mg/kg) chez le nourrisson et l enfant sont les mêmes que chez l adulte et la dose unique journalière reste la règle. Les risques de survenue de toxicité rénale et auditive augmentent pour les durées de traitement supérieures a 5-7 jours

Principes avant 34 SA (4) Association Amox 2g X 3 par jour + Genta une injection par jour 5 à 8 mg/kg pendant 48H et stop Si asymptomatique, CRP <10 et PV et ECBU - arrêt du ttt Attention : Ne pas traiter une biologie ou une colonisation isolée Et Plus de prélèvements sanguins ou biologiques, sauf ECBU et sauf patiente symptomatique (contractions, fièvre, douleurs, pertes louches, métrorragies ) le traitement devient alors thérapeutique,a fortiori si germe retrouvé 7 jours avec ATB adapté au germe

CAT Expectative jusqu'à.35 SA 36 Déclenchement si signes infectieux (fièvre, tachycardie fœtale, contractions ou symptomatologique)

Nouveau? Plus de C3G sauf cas particulier Plus d amox seule Plus de prélèvements systématiques sauf a l admission Bithérapie amox et Aminoside bonnes doses 48H Adaptation secondaire