Le développement des pratiques de soins et de services de première ligne Document synthèse Centre de santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale, Centre affilié universitaire Novembre 2010
Ce document synthèse est disponible uniquement en format PDF sur le site du CSSS de la Vieille-Capitale dans la section Publications : www.csssvc.qc.ca Dépôt légal : 2010 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada ISBN : 978-2-89680-015-5 (PDF)
Cadre de référence sur le développement des pratiques de soins et de services de première ligne - Document synthèse Comment favoriser la production et l utilisation des connaissances pour des pratiques optimales auprès des usagers en première ligne? Voilà le défi que s est donné le CSSS de la Vieille-Capitale, désigné Centre affilié universitaire (Université Laval). Pour y arriver, l établissement s appuie sur cette désignation universitaire comme levier mobilisateur afin de soutenir le développement des connaissances et de l expertise en première ligne. Pour ce faire, l organisation a élaboré un cadre de référence qui précise sa vision du développement des compétences et des pratiques et propose un modèle intégrateur. Aussi, quelques perspectives sont identifiées pour amener l établissement à être davantage performant dans le soutien au développement de l expertise. La désignation universitaire : un apport important au développement des connaissances et de l expertise en matière de soins et de services de première ligne Les fondements de la dernière réforme du système de santé et de services sociaux placent les services dits de «première ligne» au centre de la réorganisation du réseau. Les pratiques de première ligne, des centres de santé et de services sociaux, réfèrent à des soins et à des services offerts à la population d un territoire déterminé et qui ont une incidence sur la santé et le bien-être des personnes, de leur famille et de leur collectivité. Les soins et les services de première ligne se caractérisent par le fait qu ils sont offerts dans ou le plus près possible du milieu de vie des personnes (proximité), diversifiés, ajustés à l intensité des problèmes, accessibles sur une base continue et socialement acceptables, c est-à-dire offerts selon une approche adaptée aux caractéristiques sociales des groupes qu ils visent (ex. : travailleurs de rue auprès des itinérants). Pour certains problèmes sociaux et de santé complexes vécus par des personnes, leur famille ou leurs proches, il y aura nécessité d intervention par une pluralité d acteurs qui doivent se concerter et collaborer de façon optimale pour le mieux-être des usagers. Cela implique donc de développer des modèles de collaboration et de partenariat. Cela inclut aussi des interventions de type communautaire qui mobilisent les collectivités autour d enjeux de développement local ou encore à agir sur des déterminants de la santé et du bien-être (ex. : la pauvreté). La mise en place de concepts tels que les réseaux locaux et les projets cliniques visent une meilleure performance des organisations par l amélioration de l accessibilité, de la continuité et de la qualité des services. Pour un établissement de première ligne détenant une désignation universitaire, l intégration optimale de cette dernière aux activités de l organisation vient soutenir l amélioration de sa performance dans ces domaines. Il s agit ici de favoriser un meilleur arrimage entre les milieux de la recherche et de l enseignement et les milieux de pratique afin d aider à mieux cerner les problèmes sociaux et de santé, développer les interventions et l expertise, et former une relève compétente apte à intervenir en première ligne. La reconnaissance et la mise en action des savoirs scientifiques (chercheurs, évaluateurs) et des savoirs des milieux de pratique (intervenants et gestionnaires) sont essentielles à l atteinte de cet objectif et s actualisent par la réalisation soutenue d activités de recherche, d évaluation, de transfert des connaissances, d enseignement, de formation pratique et de rayonnement. Évidemment, cette Page 2
convergence n est possible qu avec la collaboration étroite des milieux universitaires. Dans le cas du CSSS de la Vieille-Capitale, cette collaboration va au-delà du contrat d affiliation convenu avec l Université Laval. Elle se traduit par une participation active au Réseau universitaire intégré de santé de l Université Laval (RUIS-UL), par la mise en place du Réseau de collaboration sur les pratiques interprofessionnelles (RCPI) et par la constitution du Consortium sur l évaluation des technologies et des modes d intervention en santé et services sociaux, soutenues par l ensemble des partenaires du RUIS-UL Une vision intégrée du développement des compétences et des pratiques Au fil des ans, l établissement s est donné une vision intégrée du développement des compétences et des pratiques de première ligne. Ainsi, un cadre de référence sur le développement des pratiques de soins et de services de première ligne a été adopté en juin 2010. On y trouve les principes suivants : Les besoins des usagers sont au centre des préoccupations des acteurs; Le développement continu des compétences constitue une responsabilité commune au personnel et à l établissement; La philosophie de gestion et d intervention repose sur l amélioration continue de la qualité et sur l innovation; La désignation de centre affilié universitaire représente un levier pour mieux soutenir le développement de l expertise en matière de soins et de services de première ligne. Les objectifs de ce cadre de référence sont : Favoriser le maintien et le développement des compétences du personnel; Soutenir l application et le développement des pratiques de qualité de façon cohérente et concertée; Assurer des conditions qui encouragent l innovation et le développement des connaissances sur les pratiques en première ligne; Appuyer le déploiement d activités de valorisation, de transfert et de rayonnement des connaissances et des expertises. Le cadre de référence proposé met l accent sur le caractère dynamique du développement des pratiques professionnelles et sur l évaluation continue selon les standards de qualité, les normes et les nouvelles connaissances. Ces pratiques s appuient sur l appropriation de différentes compétences attendues du personnel : professionnelles, organisationnelles, relationnelles, en collaboration interprofessionnelle, en autoévaluation, pédagogiques et celles liées à la sécurité des usagers. Cette conception du développement des compétences et des pratiques de première ligne se retrouve dans un modèle intégrateur. La figure 1 illustre les trois types de normes retenus au CSSS de la Vieille-Capitale : les normes professionnelles qui réfèrent aux pratiques telles qu enseignées par les institutions d enseignement et promues par les ordres et les associations professionnels : Que devons-nous faire au quotidien?; les normes d Agrément Canada qui renvoient à la notion des meilleures pratiques : Que pouvons-nous faire de plus?; enfin, les normes liées à la désignation universitaire, auxquelles tout établissement ayant une telle désignation doit adhérer, orientées vers le développement des pratiques exemplaires et de pointe : Comment nous démarquons-nous? : Comment innovons-nous? Page 3
Le CSSS actualise diverses mesures de soutien afin que son personnel exerce des pratiques axées sur l amélioration continue de la qualité (partie supérieure du cercle). Il s agit des bonnes pratiques et des meilleures pratiques. Elles s appuient sur des normes professionnelles et d agrément. La consultation professionnelle et la supervision clinique par du personnel reconnu pour son expertise en sont des exemples. Le CSSS soutient aussi le développement des connaissances pour des pratiques axées sur l innovation (partie inférieure du cercle). On parle alors de pratiques exemplaires et de pratiques de pointe qui, avec le temps, peuvent être intégrées aux programmes des maisons d enseignement. Elles deviennent alors des pratiques qui correspondent dorénavant aux nouvelles normes professionnelles. Le développement des connaissances et de l expertise des intervenants s actualise à travers les activités d enseignement, de recherche, d évaluation et de transfert de connaissances. Enfin, la succession des phases de ce cycle dans le temps fait en sorte que les différentes pratiques évoluent constamment et s inscrivent dans une démarche d amélioration continue. D autres perspectives de soutien au développement de l expertise Dans un souci de mieux structurer le soutien au développement des compétences, des pratiques et de l expertise en première ligne, l établissement met l accent sur le développement et l utilisation des connaissances. À cet égard, l établissement a développé une programmation de recherche intitulée «Proximité et recherche sur les interventions, les services et leurs modalités (PRISM)». Cette programmation de recherche s intéresse particulièrement à la situation des individus et des groupes visés par les services de première ligne, à l analyse des conditions dans lesquelles les services sont offerts, à l évaluation des pratiques et des services, aux modes de participation ainsi qu au développement et au soutien de l intervention de proximité. Que le besoin de développer ou d améliorer des connaissances (innovation) provienne des intervenants, des gestionnaires ou des chercheurs, ce travail est toujours réalisé en partenariat où les divers savoirs sont reconnus et mis à contribution. Les directions de services et programmes participent au processus dès le départ. Les groupes qui se constituent autour d intérêts communs peuvent bénéficier du soutien d une agente de liaison et d accompagnement afin de déterminer, avant même le début des travaux, un plan de transfert de connaissances. Ce plan, élaboré pour chaque projet de recherche ou d évaluation, aide à préciser les stratégies de transfert à mettre en œuvre tout au long de la production des connaissances jusqu à la réception des résultats. Par la suite, une décision est prise quant à la diffusion, l adoption, l appropriation ou l utilisation des connaissances. À cette étape, diverses mesures de soutien sont déterminées selon les objectifs, comme prévu dans le cadre de référence sur le développement des pratiques de soins et de services de première ligne. Par exemple : la formation, la supervision, le soutien des conseillers cliniciens aux nouveaux employés, aux plus expérimentés ainsi qu aux stagiaires. De plus, une politique organisationnelle de recherche et d évaluation est actuellement en élaboration. Celle-ci précisera les conditions favorisant le développement et l utilisation des connaissances en première ligne. Page 4
Ces différentes initiatives mettent en évidence l engagement du CSSS de la Vieille-Capitale dans une démarche structurée afin de tendre vers une pratique d excellence pour mieux soutenir le développement des connaissances et de l expertise en première ligne. Figure 1 - Le modèle intégrateur du développement des compétences et des pratiques de soins et de services de première ligne Page 5
Références bibliographiques CSSS de la Vieille-Capitale, centre affilié universitaire. «Cadre de référence sur le développement des pratiques de soins et services de première ligne». Juin 2010. INSPQ. «Animer un processus de transfert des connaissances, bilan des connaissances et outil d animation». Octobre 2009. MSSS Direction de la recherche et de l innovation. «Cadre pour un transfert de connaissances au sein du MSSS». Novembre 2008. Presses de l Université du Québec. «Proximités, lien, accompagnement et soin». 2009. St-Cyr Tribble, D.; Lane, J ; Boyer, G; Aubé, D.; Blackburn, F.; Brassard, C.; Gendron, S.; Labadie, J.-F.; Belleau, H.; Le Gall, J. «Le cadre de référence «trans-action» en transfert de connaissances», Rapport de recherche : Le transfert des connaissances entre praticiens, gestionnaires et chercheurs comme source d innovation en CLSC. juin 2008. Trocmé N. et al., traduit de l anglais par Grégoire Dodier et Pierre Drolet. «La mobilisation des connaissances en protection de l enfance». Criminologie vol. 42., No 1 (2009).