NOTE DE CONJONCTURE A FIN AVRIL 2014 ET RELANCE ECONOMIQUE



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NOTE DE CONJONCTURE A FIN ET RELANCE ECONOMIQUE Sommaire Conjoncture économique Internationale Page 1 Prévisions économiques du FMI pour la Tunisie Page 2 Relance économique en Tunisie Page 3 La conjoncture économique internationale Une croissance en hausse Correction des déséquilibres macroéconomiques Page 6 Le récent rapport du FMI (avril 2014) prévoit une croissance mondiale de 3,6% en 2014 et 3,9% en 2015 grâce à l affermissement de la reprise dans les pays avancés et en particulier aux USA (2,9%), en GB (2,7%) et en Allemagne (1,7%) Pour les pays en développement, la croissance reste vigoureuse en Afrique subsaharienne et devrait passer de 4,8% en 2013 à 5,5% en 2014-15 ; mais la région d Afrique du Nord - Moyen Orient fait face à des conditions difficiles L économie mondiale reste fragile face aux risques existants : la lenteur des réformes du secteur financier, l endettement élevé, le chômage élevé ; auxquels se sont ajoutés de nouveaux risques : une inflation faible dans les pays avancés et une détérioration des perspectives des pays émergents et de récentes tensions géopolitiques L accélération de la croissance dans les pays avancés provient d une forte impulsion des USA grâce à la politique monétaire accommodante, au maintien de l appui de l Etat et au redressement du secteur immobilier Les prévisions économiques mondiales du FMI pour 2014 et 2015 : Le récent rapport du FMI (avril 2014) prévoit une croissance mondiale de 3,6% en 2014 et 3,9% en 2015 grâce à l affermissement de la reprise dans les pays avancés Mais l environnement extérieur pose de nouveaux problèmes aux pays émergents et aux pays en développement qui limitent leur croissance Source: Rapport perspectives économiques mondiales - FMI- Avril 2014 Situation économique / Tunisie / Avril 2014 1

La zone Euro retrouve la croissance avec l appui de l Etat grâce à une forte baisse du rythme du durcissement budgétaire et une politique monétaire de taux d intérêt bas de la part de la BCE Cette croissance a d abord touché les pays du cœur de la zone et ensuite les pays de Sud de l Europe où les exportations ont repris Au Japon, la croissance relancée devrait se ralentir modérément par la nouvelle fiscalité destinée à rééquilibrer le budget de l Etat Dans les pays émergents, la croissance se stabilise face à un environnement financier extérieur moins favorable (reflux des IDE, instabilité des taux de change), mais elle reste plus forte que dans les pays avancés (près de 5% en moyenne) : la Chine devrait garder son taux de 7,5% en 2014-15 alors que l Inde et les pays d Amérique Latine connaitraient une légère accélération du rythme d augmentation du PIB Pour les pays en développement, la croissance reste vigoureuse en Afrique subsaharienne et devrait passer de 4,8% en 2013 à 5,5% en 2014-15 ; mais la région d Afrique du Nord -Moyen Orient fait face à des conditions difficiles En Russie et dans les pays de l ex-europe de l Est, les perspectives ont été révisées à la baisse suite à la crise en Ukraine Les USA et les pays émergents et en développement tireront la croissance mondiale vers le haut alors que la Chine et le Japon connaitront un léger fléchissement Les pays de la zone Euro et l Europe en général retrouveront la croissance tirée par l Allemagne (1,7%) et la GB (2,7%) Situation économique / Tunisie / Avril 2014 La croissance mondiale s est améliorée mais des risques subsistent : -L inflation basse surtout dans la zone Euro (1% plus faible que l objectif de 2%) et le risque de déflation avec des conséquences néfastes sur la charge de la dette passée qui s alourdit, puisqu elle est remboursée en termes courants donc en pouvoir d achat plus élevé en cas de baisse des prix De même, la déflation limite la marge de conduite de la politique monétaire avec des taux d intérêt qui doivent rester proche de zéro -Le durcissement des conditions financières sur les pays émergents compte tenu des nouveaux risques géopolitiques et de l attrait des marchés de capitaux dans les pays avancés fait craindre un reflux des capitaux et un ralentissement des investissements et de la croissance dans les pays émergents -L évolution de la situation en Ukraine influera beaucoup sur le commerce international et sur les marchés de capitaux surtout si les sanctions s intensifient Recommandations du FMI: Pour les pays avancés : continuer la politique monétaire accommodante tant que la capacité de production est nettement sous utilisée et que l inflation est basse surtout que l équilibrage des finances publiques se poursuit Pour les pays émergents : laisser le taux de change réagir à l évolution des flux extérieurs et paramètres fondamentaux de l économie Engager des réformes structurelles pour plus de concurrence et renforcer l infrastructure publique Pour les pays en développement: éviter d accumuler la dette extérieure et publique Au Moyen Orient et en Afrique du Nord, la croissance devrait s accélérer modérément en 2014-15 passant de 2,2% en 2013 à 3,2% en 2014 et 4,5% en 2015 La reprise tient principalement aux pays exportateurs de pétrole Bon nombre de pays importateurs de pétrole seront confrontés à une situation sociopolitique et sécuritaire difficile, qui pèse sur la confiance et l activité économique Allusion est faite ici entre autres à la Tunisie Prévisions économiques du FMI pour la Tunisie : Les récents résultats enregistrés dans la zone euro auraient des effets induits non négligeables sur l économie tunisienne pour laquelle le FMI prévoit une amélioration du taux de la croissance du PIB de 2,7% en 2013 à 3,0% en 2014 et à 4,5% en 2015 Les récents résultats enregistrés dans la zone euro, principal partenaire économique de la Tunisie, sont encourageants et plaident pour des effets induits non négligeables sur l économie tunisienne : - croissance retrouvée car le taux moyen est passé de -0,6% à 1,2% en un an - crise financière maitrisée puisque les taux sur titres publics à 10 ans ont baissé de moitié pour l Italie et l Espagne (3,2% actuellement contre 2,1% pour la France et 1,6% l Allemagne), le taux grec se situe actuellement à moins de 6% contre 40% en 2012 - Déficit budgétaire maitrisé à 0% en Allemagne, 2,5% en Italie et en Grèce, 4% en France et 5,8% en Espagne selon les prévisions pour 2014 - Seul le taux de chômage reste anormalement élevé dans les pays du sud de l Europe : 26% en Espagne et Grèce, 13% en Italie et 10,4% en France alors qu il n est que de 6,7% en Allemagne et aux USA (7,2% en GB) Pour cela, entre autres, le FMI prévoit pour la Tunisie une amélioration de la croissance du PIB dont le taux passerait de 2,7% en 2013 à 3,0% en 2014 et à 4,5% en 2015 2

Cette reprise de la croissance s accompagnerait d une légère baisse de l inflation (de 6% à 5,5% et à 5%) suite à la baisse prévue des cours mondiaux qui compenserait la réduction progressive des subventions Elle s accompagnerait aussi d une amélioration du solde extérieur courant (le déficit en % du PIB passerait de 8,4% à 6,7% et 5,7%) Cette reprise proviendrait en partie de la croissance des exportations par suite du rétablissement de la demande européenne, le reste est à attendre des réformes qui seront appliquées cette année par le nouveau gouvernement et qui vont encourager l offre et la production par l attrait d investissements directs étrangers (libéralisation de l investissement, partenariat public-privé etc ) Par contre, l investissement local restera faible suite aux incertitudes politiques et la demande publique sera limitée par les contraintes sur le budget de l Etat pour limiter le déficit public Etant donné la taille réduite de l économie tunisienne et l existence de ressources non utilisées (potentiel humain, localisation), il suffit de lever les obstacles à l investissement direct étranger pour affecter immédiatement la croissance et rétablir rapidement l équilibre extérieur Le message du FMI va dans ce sens avec beaucoup d optimisme puisqu il prévoit de retrouver les taux acceptables d indicateurs macroéconomiques dès 2015 (croissance à 4,5%, déficit extérieur à 5,7%, inflation à 5% et chômage à 15%) si les réformes sont engagées avant les élections et si les tensions sécuritaires diminuent Par ailleurs le FMI recommande d élargir l assiette de l impôt, cibler les subventions de compensation, maintenir des politiques monétaires accommodantes, assouplir la politique de taux de change Cela devrait «atténuer les effets négatifs du rééquilibrage budgétaire sur la croissance tout en renforçant les amortissements extérieurs» La relance économique de la Tunisie : Les réformes économiques préconisées par la BM et par le FMI sont centrées sur la levée des obstacles à l initiative privée et à l investissement étranger et local La faiblesse de l investissement national Le graphique ci-dessus montre que le taux d investissement qui rapporte la FBCF au PIB baisse dangereusement de 25% à 20% Déjà le taux moyen de la décennie précédente est faible (moyenne de 23%) par rapport aux années 90 où la performance économique était meilleure Cette baisse est localisée dans les secteurs industriels et le tourisme ; pratiquement tous les secteurs industriels ont été touchés par la baisse en chiffres absolus depuis 2010 : l énergie (-21%), les mines (-31%), le textile et cuir (-22,7%), la chimie (-16%), le tourisme (-34%) L investissement a continué à croître dans les industries électriques et mécaniques, les matériaux de construction, les industries agricoles et alimentaires mais cela n a pas compensé la baisse des autres secteurs puisque l investissement total dans l industrie a baissé de 12% Cette baisse des investissements a été aggravée par le recul des équipements collectifs de 1300 MD en 2008-2009 à 1000 MD par an depuis 2010 Le ralentissement de l investissement se répercute négativement d abord sur la création d emplois et ensuite sur la production Le graphique suivant montre l évolution du taux d investissement et du taux d épargne en Tunisie au cours des 10 dernières années) La baisse de l épargne nationale: Source: Statistiques Financières de la BCT - Décembre 2013 L épargne nationale a elle aussi baissé par rapport au PIB, et même d une façon plus marquée, en raison de la disparition de l épargne publique devant l augmentation rapide des salaires et des subventions et la baisse de l épargne privée suite à la réduction de la croissance qui limite les revenus Alors que l investissement brut a stagné en termes absolus autour de 17 milliards D depuis 2010, l épargne nationale a baissé de 13 à 10 milliards D, cette baisse est due à la disparition de l épargne publique qui était de 2 milliards D environ et une réduction de l épargne privée de 1 milliard D environ (soit de 10% par rapport à son niveau de 2009) A noter la différence grandissante entre investissement et épargne (de 4 à 7 MdsD) qui rend le financement extérieur de l investissement déterminant (IDE de 2 MdD environ et le reste sous forme d emprunts extérieurs nets croissants) Cette baisse élevée de l épargne rend donc le financement de l investissement dépendant de l extérieur soit par les IDE soit par les emprunts nets Devant la baisse des IDE de plus de 20%, l appui de l UE, des USA et du Japon ainsi que de la BM et du FMI permet de boucler le financement des Situation économique / Tunisie / Avril 2014 3

investissements prévus en 2014, limités à 20% du PIB ; mais cela ne peut continuer indéfiniment La Tunisie qui, historiquement, a bénéficié d un taux d épargne élevé (plus de 20% du PIB) semble avoir perdu ce levier pour longtemps, car l Etat n est plus en mesure d épargner La libératlisation de l initiative étrangère et locale dans les services Les technologies de l information et de la communication Le secteur des technologies de la communication et de l information offre beaucoup d opportunités pour un pays qui a investi beaucoup dans la formation La reprise dans ce secteur est obligatoire car elle détermine l avenir du pays, avec des effets d entraînement sur plusieurs autres secteurs et sur les ménages qui sont de grands utilisateurs de ces technologies Le risque pour 2014 est de voir l épargne publique devenir négative, les emprunts extérieurs nets devront alors financer les dépenses courantes de l Etat sans création de richesses pour pouvoir rembourser C est un nouveau tournant à éviter La relance économique de la Tunisie passe par l investissement La reprise des investissements, nécessaire pour relancer la production et l emploi, ne peut provenir à court terme que des IDE en attendant une nouvelle dynamique du secteur privé tunisien Or les IDE baissent dans le secteur pétrolier suite au recul des disponibilités de ressources, mais une reprise est attendue avec le projet de gaz du sud et les perspectives de reprise de l activité pétrolière liée à la sécurité politique Il faudra aussi planifier l exploitation du champ de l extrême Sud en coopération avec l Algérie (problématique du Schiste) Les IDE baissent aussi dans le secteur «textiles habillement et cuir» d abord suite à la concurrence asiatique et ensuite après la réduction des incitations fiscales L appel aux IDE doit donc se concentrer sur les industries mécaniques et électriques destinées à l exportation pour bénéficier de l accord de libre échange avec l UE, car l avantage comparatif de la Tunisie persiste dans ce secteur (main d oeuvre et proximité) Ensuite, sur les services à la fois pour la demande locale et l exportation Cependant le dernier classement du forum de Davos classe la Tunisie 87è sur 148 pays dans l indice de connectivité aux réseaux (NRI) qui mesure l aptitude d un pays à utiliser les nouvelles technologies au sens large (cadre réglementaire, infrastructure, formation, utilisation) Des efforts doivent être faits pour rattraper rapidement le retard car la Tunisie était 39è sur 133 pays en 2009 -La première action suggérée est d améliorer la compétitivité par la privatisation du secteur des telecommunications via l entrée en bourse, et de lever les contraintes sociales par l ouverture du capital au public large et la cession d une partie des actions aux salariés -La deuxième action est de mieux cerner la concurrence par le renforcement du rôle du régulateur (Instance Nationale des Télécommunications) - La troisième action est de créer de la valeur en développant les services à valeur ajoutée (services d information, commerciaux, de loisir ou financiers) par le biais de la sous-traitance pour le marché local et étranger -La quatrième action est d intégrer la Tunisie dans la mondialisation des activités du secteur des TIC pour devenir exportatrice de logiciels ou de services informatiques divers L Inde a déjà atteint ce stade, alors que la Tunisie s est limitée à la forme légère du télétravail qui a toutefois permis d occuper des milliers de diplômés Ces actions devrait permettre une reprise dans ce secteur qui a vu récemment les investissements baisser de 900 MD à 720 MD par an La logistique et le transport: Le secteur le la logistique, qui assure le déplacement des marchandises du producteur à l intermédiaire et au consommateur au moindre coût, inclut diverses composantes (transport, stockage, manutention, assurances ) compte pour prés de 20% du PIB dans une économie ouverte comme la Tunisie (où la somme des importations et des exportations de biens et de services dépassent le montant du PIB) Ce secteur est à forte utilisation d emplois et pèse beaucoup dans la détermination de la compétitivité d un pays (temps d attente au port ) Les réformes à engager rapidement portent sur : -l adoption du partenariat public-privé car ces secteurs sont à très forte présence publique : le transport aérien, maritime et terrestre (fer, routes) ; la gestion des ports et des aéroports ; le stockage et la manutention -L ouverture à l international car plusieurs groupes étrangers sont intéressés par la gestion des infrastructures de logistique et peuvent accepter un partenariat avec l Etat sous différentes formules (copropriété, concession, contrat de service) -La levée des restrictions à l exercice d activités de services logistiques et de représentations Situation économique / Tunisie / Avril 2014 4

Les services sociaux Plusieurs tâches étaient à la charge de l Etat qui doit les financer et les gérer : - La santé, l enseignement, la formation professionnelle, la culture, le sport - Les services d assainissement, de propreté, de maintenance des infrastructures publiques et d une partie du parc immobilier - Les services d aide aux personnes âgées et d insertion des jeunes dans le marché du travail Mais, de nos jours, la gestion de ces services est devenue de plus en plus privée ou dans certains cas collective (par des ONG) Le financement aussi est de plus en plus privé ou collectif (taxes locales) Dans les deux cas, le rôle de l Etat central baisse en faveur du privé ou d une autorité locale qui émane des usagers L économie sociale et solidaire (ESS) qui regroupe une partie de ces services occupe une population active importante et se développe avec la hausse de l espérance de vie et les problèmes d insertion L ouverture de ces services aux fournisseurs privés locaux ou étrangers pose des problèmes de financement, surtout s il n y a pas suffisamment de concurrence Alors que l Etat fonctionne au coût, le privé charge un prix parfois élevé (problème de la sous-traitance des services municipaux) Reste à savoir si le surcoût lié à la gestion publique est plus élevé ou non que le profit du privé Les services touristiques Il est clair que la mise à niveau du secteur touristique tunisien exige une plus grande ouverture aux chaînes internationales pour attirer une clientèle de plus en plus exigeante A la politique du prix bas et de commercialisation par les touropérateurs, il faut substituer une politique de partenariat avec les grandes marques internationales Cela passe par une réhabilitation du parc et un assainissement des impayés bancaires Cela concerne un tiers du parc d hôtels au moins La relance du secteur touristique est nécessaire pour résoudre les problèmes de chômage et financer le déficit commercial chronique La nouvelle clientèle asiatique devra orienter certains choix (la Chine est devenue récemment le premier pays émetteur de touristes au monde avant les USA) Par ailleurs, certains services peuvent faire l objet d exportations tels que les services de santé (tourisme médical) où la Tunisie a acquis une bonne expérience qu elle peut élargir à d autres marchés Le partenariat public-privé dans les secteurs de services à forte présence publique (transport et logistique, services sociaux, télécom) permettra de relancer l activité et d améliorer la productivité Les services et activités de proximité dans les régions: Les objectifs de réduction de chômage et de développement durable dans les régions ont incité une réflexion sur le développement de microprojets et du financement solidaire (ONG financières) dans les secteurs traditionnels (agriculture, artisanat) et surtout les secteurs de la nouvelle économie exploitant le savoir acquis par les diplômés chômeurs (242 000 recensés à fin 2013 auxquels s ajoutent une partie des 80 000 diplômés par an qui dépassent largement les capacités d absorption de l économie classique) Ce modèle de développement régional basé sur les microprojets nécessite l implication des hommes d affaires existants qui doivent fournir le parrainage et le coaching pour les nouveaux promoteurs L UTICA, les chambres de commerce et les structures publiques régionales d appui doivent collaborer en vue de réaliser les programmes de développement de microprojets conçus, appelés à devenir des PME Le problème du financement reste primordial surtout que le système bancaire tunisien reste assez fermé aux PME qui n ont bénéficié que de 15% des concours bancaires alors qu elles contribuent aux deux tiers de l activité Le second point est l identification des projets à partir des opportunités locales et des besoins en vue de créer des activités nouvelles : - dans le développement durable et l exploitation des ressources naturelles, - la maintenance et l entretien : ateliers, sous-traitance, contrats publics, - la valorisation des produits locaux (artisanat, produits du terroir, produits bio), - l utilisation des TIC dans la formation, la culture, le commerce Situation économique / Tunisie / Avril 2014 5

La correction des déséquilibres macroéconomiques Si le taux d inflation baisse à 5%, les indices de production stagnent et les indices d investissement local et étranger reculent Les déséquilibres financiers s aggravent nécessitant un appui politique étranger qui s est manifesté rapidement, car la Tunisie ne peut pas recourir seule au marché financier international Le Conseil d Administration du FMI du 25 avril a approuvé l accord de 225 M$ portant le déblocage à 50% du crédit de 1,8 milliards $ (4 fois la quote-part), il a reporté à fin juin la vérification de critères de réalisation de fin mars 2014 Il attire l attention sur les mesures budgétaires nécessaires pour réduire le déficit public et propose le ciblage pour remplacer les subventions énergétiques Il recommande une politique monétaire plus rigoureuse (éliminer les plafonds sur les taux débiteurs et assouplir le taux de change) si les tensions sur les prix et sur le taux de change continuent Cela entraînerait une augmentation des taux d intérêt et une dépréciation du dinar si les tensions persistent Enfin le FMI recommande d accélérer la réforme bancaire et la création de la société de gestion d actifs pour les créances douteuses du tourisme Le déséquilibre extérieur: Les récents résultats de la BCT montrent une baisse des réserves de change à l équivalent de 10,5 milliards D (contre 11MdD l année dernière) soit 94 jours d importations et un retour du dinar à 2,2D/ et à 1,6 D/$ soit une baisse de 10% par rapport à l euro et de 6%par rapport au $ d il y a un an Malgré cela, les recettes touristiques exprimées en dinars n ont augmenté que de 2% et les transferts des émigrés de 2,8% soit une baisse en devises Le déficit commercial s aggrave sans compensation suffisante par les services (tourisme) et revenus des émigrés Ce qui aggrave le déficit des paiements courants qui a atteint 2,7% du PIB au premier trimestre 2014 conte 1,8% pour la même période en 2013 qui était déjà élevé (rythme annuel de l ordre de 8%) Le Conseil d Administration de la BCT de fin avril attire l attention sur la gravité de la situation des paiements extérieurs et semble accepter la dépréciation du dinar comme mesure d ajustement : «Eu égard à ces évolutions (aggravation du déficit extérieur courant et dépréciation du dinar) le Conseil a réitéré sa préoccupation quant aux évolutions récentes enregistrées au niveau de la balance commerciale insistant sur l impérative nécessité de mettre en place les mesures urgentes nécessaires pour contenir le dérapage du déficit commercial, lequel constitue désormais une menace pour l équilibre du secteur extérieur» Le financement de ce déficit devient plus difficile, puisque les IDE continuent leur baisse, et oblige le recours à l endettement extérieur accru L attrait des IDE nécessite moins de réglementation et de contraintes et une plus grande souplesse dans la détermination du taux de change, cela peut conduire à une plus grande dépréciation du dinar dans une phase transitoire Il faudrait mieux que cela se passe lorsque les prix mondiaux sont à la baisse, comme c est le cas actuellement, pour limiter l effet inflationniste de la dépréciation de la monnaie Le déséquilibre budgétaire: Le rythme de production ne reprend pas, ce qui limite les recettes publiques, alors que les dépenses continuent au même rythme Le dialogue national sera l occasion d adopter des ajustements de prix de l énergie au moins Le solde du compte courant du trésor à la BCT a baissé (388 MD fin avril contre 832 MD à la même date l année dernière) mais cela est un problème de liquidité qui ne préjuge en rien de la capacité de paiement de l Etat Par contre la dette de l Etat auprès de la BCT a atteint de nouvelles proportions (1700 MD fin 2013 contre 35 MD fin 2011) La marge de manœuvre de l Etat est devenue limitée Par ailleurs les encours en BTA (bons de trésor assimilables) ont augmenté de 7500 à 8500 MD en une année (+12%) La Conférence Economique Nationale devra aboutir à l adoption d un plan de redressement, qui recueillera l approbation de la grande majorité des intervenants, et qui répond aux défis imminents face à l économie tunisienne, qui sont d abord la reprise des investissements en vue de relancer la production et l emploi et ensuite la maîtrise des déficits public et extérieur La Tunisie a toujours montré qu elle est capable de se rétablir rapidement comme le témoignent les plans de redressement adoptés après 1969 et après 1986 Contact us Moncef Boussannouga Zammouri Senior Partner T: +216 71 19 43 44 E: mzammouri@kpmgcom Dhia Bouzayen International Contact Partner T: +216 71 19 43 44 E: dbouzayen@kpmgcom wwwkpmgcom/tn Situation économique / Tunisie / Avril 2014