1 Numéro 201, juin 2013 Les crédits à l habitat renouent avec la croissance contrairement aux crédits à la consommation I) Immobilier : un premier trimestre en forte croissance Une partie de la croissance repose cependant sur l effet de base Au premier trimestre 2013, 29,2 milliards d de crédits nouveaux à l immobilier ont été versés aux ménages. Ces crédits affichent une hausse de 10,2% par rapport au premier trimestre 2012. Les crédits immobiliers ont donc renoué avec la croissance après un an de baisse continue. L ampleur de cette croissance doit cependant être relativisée car elle repose sur un effet de base dont il faut tenir compte. En effet, les crédits versés en février et mars 2012 avaient connu une chute vertigineuse en contrecoup de ceux du mois de janvier 2012 qui avaient bénéficié du déplacement des ventes de ceux qui souhaitaient échapper à la modification de l impôt sur les plus-values immobilières entrée en vigueur en février 2012. Les crédits du premier trimestre 2012, en net retrait, expliquent la forte croissance de ceux du premier trimestre 2013. L effet de base qui a joué au premier trimestre, devrait se poursuivre aux trimestres suivants. Tableau 1 - Nouveaux crédits immobiliers aux ménages, en millions d' Cumul de janvier à mars Année 10 Année 11 Année 12 mars-11 mars-12 Var. 12/11 mars-13 Var. 13/12 Ensemble des crédits 157 879 143 881 98 481 43 752 26 500-39% 29 200 10% dont PTZ 6 304 7 694 3 200 1 717 1 407-18% 784-44% dont PC-PAS 7 181 8 416 7 444 2 696 1 844-32% 2 374 29% dont PPEL 1 683 1 342 1 184 297 308 3% 304-1% dont Secteur Libre 142 711 126 429 86 654 39 290 22 942-42% 25 738 12% Source: BDF, estimations BPCE, Pôle Stratégie-DEVP. Le redressement des crédits immobiliers au premier trimestre 2013 permet à ces derniers de repasser la barre des 100 milliards (Banque de France, webstat 1 ) lorsque ceux-ci sont examinés sur une base annuelle. Avec une moyenne mensuelle de 9,7 milliards d au cours du premier trimestre, 2013 s inscrit d ores et déjà dans la dynamique des années qui ont franchi cette barre symbolique. Un tel redressement n allait pourtant pas de soi. L enquête mensuelle de la Banque de France auprès des établissements de crédits a montré qu un nombre non négligeable d entre eux, environ 25%, avaient constaté une baisse de la demande. La hausse observée des crédits versés ne peut provenir que d une demandé plus importante adressée aux autres banques ou alors de montants accordés plus élevés que par le passé. Quant aux conditions d octroi de crédits, une banque sur dix a indiqué les avoir resserrées au cours du premier trimestre 2013. Cette action n a pourtant eu aucun impact puisque les crédits nouveaux ont progressé. 1 http://webstat.banque-france.fr/fr/browseselection.do?periodsortorder=asc&node=5384347#
Des taux d intérêt encore plus bas Au premier trimestre 2013, les taux des prêts immobiliers (période de fixation initiale des taux supérieure à un an), ont encore baissé. Ils se sont situés à 3,3% en mars, soit un recul de 15 points de base au cours des trois derniers mois. L analyse montre que cette baisse s est produite pour moitié en janvier et pour moitié en mars, les taux s étant stabilisés en février. Sur un an, les taux d intérêt ont reculé de 75 points de base. Les taux d intérêt sont aujourd hui au plus bas historique. Face à la baisse du pouvoir d achat des ménages, la baisse des taux est le principal moteur de la demande de crédits. Concernant les taux variables (période de fixation initiale des taux inférieure à un an), ils ont eux aussi poursuivi leur repli. Si celui-ci est plus limité sur un trimestre, cela n a pas été le cas au cours de la dernière année. Entre décembre 2012 et mars 2013, les taux variables ont reculé de 10 points de base, à 2,87%. Mais entre mars 2012 et mars 2013, ils ont baissé de 84 points de base (3,71% en mars 2012). L écart entre les taux fixes et les taux variables a peu évolué. Il s est maintenu entre 40 et 50 points de base. Le plancher actuel des taux variables, 2,87% en mars 2012, est 15 points en dessous du précédent point bas (décembre 2010). Des transactions dans l ancien qui remontent Le nombre de transactions immobilières dans l ancien a atteint 176 500 au cours du premier trimestre 2013. Il est en chute de 20% par rapport au même trimestre de l année dernière. Une telle chute doit cependant être relativisée puisque le premier trimestre 2012 avait été gonflé par un transfert des ventes de propriétaires souhaitant échapper aux conséquences de la réforme des plus-values immobilières. Les statistiques des ventes des deuxième et troisième trimestres 2012 portent d ailleurs les stigmates dudit transfert. Les ventes ont progressé par la suite. Entre le troisième et le quatrième trimestre 2012, elles ont affiché une progression de 11%. Ce fut encore le cas au premier trimestre 2013, même si la hausse est plus modeste qu au trimestre précédent (+2,8%). Dans le neuf, 20 000 logements ont été vendus, soit une baisse de 2,6% par rapport au même trimestre de 2012. La modération de la baisse surprend néanmoins par rapport au sentiment général. Si elle venait à se confirmer, elle traduirait une forte progression de l accession à la propriété au cours du trimestre. En effet, le retard pris dans la fixation des contours définitifs du 2
dispositif Duflot 2 fait porter sur l accession l essentiel du poids de la promotion privée. Sur un objectif affiché de 40 000 ventes dans le locatif privé à travers le nouveau dispositif dès 2013, les promoteurs ont signalé 4 165 ventes au premier trimestre, soit 10,4% de l objectif. Ce qui rend celui-ci hors de portée, à moins d un second semestre exceptionnel. Une baisse des prix dans l ancien qui tarde à s amplifier Les prix des logements anciens sont à nouveau à la baisse depuis un an. Cette baisse, tant attendue par les acquéreurs potentiels, tarde toutefois à s amplifier. Les prix moyens sur un an, mesurés par l indice Insee-Notaires, n ont baissé que de 1,3% au premier trimestre 2013, après un recul de 0,5% au quatrième trimestre 2012. Il y a donc une nette différence entre la tendance baissière actuelle et celle de 2009. A l époque, il n y avait pas eu de round d observation entre la baisse des prix et son amplification. Compte tenu de la panique qui s est emparée des propriétaires vendeurs, la baisse est passée de 2% à 5% en deux trimestres, puis à 7% au trimestre suivant. Dans la promotion immobilière, les prix au m² continuent de ralentir. Pour la première fois, au premier trimestre 2013, la hausse en glissement annuel est inférieure à 1%. La perspective d une baisse des prix du neuf, peut-être même dès cette année, est désormais réelle. Il faut se rappeler qu il y a encore un an, ces prix progressaient de 2,7%. 2 Deux points du dispositif ne sont pas arrêtés. Le premier concerne la liste des communes éligibles au dispositif Duflot. En effet, dans la zone B2, les préfets avaient jusqu à fin juin 2013 pour établir la liste définitive des communes éligibles au dispositif. L autre grande incertitude concerne les loyers. La loi prévoit qu ils soient de 20% inférieurs aux loyers du marché. Or, les observatoires qui doivent permettre de valider les loyers de marché n existent pas partout ou ne sont pas encore opérationnels. L inquiétude des investisseurs repose sur le pouvoir arbitraire laissé aux préfets qui peuvent fixer un loyer remettant en cause la rentabilité du projet. 3
II) Crédits de trésorerie : un premier trimestre difficile Les crédits à la consommation ne redécollent pas Au premier trimestre 2013, les nouveaux crédits de trésorerie 3 ont atteint 11,9 milliards d, en baisse de 4% par rapport au même trimestre de 2012. Une fois de plus, le recul des ventes d automobiles, -14,7% pour les immatriculations au premier trimestre 2013 par rapport au même trimestre de l année précédente, a pesé sur la production de crédits. Ce plongeon est d autant plus important que les immatriculations avaient déjà chuté au premier trimestre 2012 (-21,6% par rapport au même trimestre de 2011), offrant au premier trimestre 2013 d un effet de base favorable. La baisse des crédits à la consommation a davantage concerné les banques que les établissements spécialisés. Au cours du premier trimestre, la production de ces établissements, selon l Association des Sociétés Financières, n a baissé que de 3%. C est donc le recul plus important dans les banques qui porte l ensemble à -4%. La décomposition des crédits permet d ailleurs d identifier les financements qui ont le plus baissé. Ainsi, les financements affectés à l automobile tels qu ils sont recensés par des banques spécialisées, conformément à la baisse des immatriculations de véhicules, ont chuté de 9% (13,9% pour les ventes d automobiles neuves et 2,7% pour les automobiles d occasion). Les nouvelles utilisations de crédit revolving ont baissé de 4%. Il n y a donc guère que les prêts personnels (y compris les rachats de créances) et la location avec option d achat qui ont progressé sur le trimestre, +1,2% et +0,7% respectivement. Avec le nouveau recul des crédits à la consommation, nous nous acheminons vers une sixième année consécutive de baisse depuis le début de la crise. En effet, 2007 est la dernière année où ceux-ci ont augmenté. Les ménages semblent donc appliquer la rationalité économique de base, qui veut qu ils se désendettent en période de crise économique. Faute de pouvoir réduire leur endettement immobilier, compte tenu des niveaux de prix et de la durée des crédits, ils concentrent leurs efforts sur un moindre recours aux crédits à la consommation. 3 Cf. annexe ci-après. Il s agit des versements de crédits de trésorerie hors découvert et hors revolving. Contrairement aux crédits nouveaux, la série des encours est complète et détaille l ensemble des crédits à la consommation : découverts bancaires, revolving, Location avec Option d Achat, ventes à tempérament, prêts personnels et autres crédits. 4
Tableau 2 - Encours et variation d'encours de crédits à la consommation aux particuliers, en millions d' en millions d' 2011 2012 2011T1 2012T1 2013T1 2011 2012 2011T1 2012T1 2013T1 Crédit sur le lieu de vente 15 656 14 520 17 165 15 412 14 798-1 048-1 136 1 893-1 753-614 Crédit revolving 26 884 25 289 27 343 26 018 24 616-433 -1 595-500 -1 325-1 402 Prêts personnels 74 129 74 797 73 068 73 862 74 397 1 308 668 260 794 535 Autres crédits de trésorerie 12 216 12 759 11 006 11 129 10 704 75 543 142 123-425 Location avec option d'achat 5 066 4 828 4 840 5 072 4 791 195-238 378 232-281 Découverts bancaires 7 271 7 250 7 417 7 260 7 336-129 -21 619-157 76 Crédits titrisés 8 002 9 326 9 363 8 697 8 976-2 329 1 324-725 -666 279 Total crédit à la consommation 149 224 148 769 150 202 147 451 145 620-2 361-455 2 172-2 751-1 831 Note: T i = trimestre i Encours Source: BDF-DSM, Estimations BPCE, Pôle Stratégie-DEVP. Variation d'encours sur un an Achevé de rédiger le 25 juin 2013 Auguste MPACKO PRISO 5
Annexe A) Sources des statistiques de crédits Les statistiques de crédits nouveaux (immobiliers et à la consommation) proviennent de l enquête BDF auprès des Institutions Financières Monétaires hors OPCVM monétaires conformément au règlement n 63/2002 de la BCE. L enquête est menée tous les mois auprès d un échantillon de guichets issus de deux strates de la population des déclarants potentiels, les banques généralistes et les autres établissements. Pour la strate des banques généralistes, la Banque de France sélectionne un échantillon de guichets par sondage à probabilités proportionnelles à la taille des guichets. Quant aux établissements spécialisés, la sélection de ceux qui participent à l enquête se fait par sondage à probabilités proportionnelles à la taille des établissements. La liste des établissements de crédits et de guichets sélectionnés est revue une fois par an en fonction du résultat du calcul de précision (l erreur de mesure ne doit pas dépasser 10 points de base dans 90% des cas). Pour ce qui concerne les crédits de trésorerie, il existe un problème de représentativité. Deux types de crédits de trésorerie ne sont explicitement pas concernés par cette enquête, le crédit renouvelable et les découverts bancaires. Or le premier type représentait 17% de l encours de crédits de trésorerie aux particuliers au premier trimestre 2010 alors que le second atteignait 4,5%. Par ailleurs, la méthode d échantillonnage de l enquête (cf. supra), notamment en ce qui concerne les établissements spécialisés (plus l établissement est gros, plus il a de chance de figurer dans l échantillon) n est pas nécessairement favorable aux crédits de trésorerie (le crédit de trésorerie ne pèse pas lourd par rapport à d autres types de crédits). Selon les données de 2008 et 2009, les montants estimés par l enquête des crédits de trésorerie représentent environ 60% de l ensemble des crédits de trésorerie. Les statistiques d encours de crédits proviennent de la Direction des Statistiques Monétaires de la Banque de France. B) Crédits nouveaux et encours de crédits Crédits Immobiliers Nouveaux aux ménages, en millions d' Cumul de janvier à mars Données mensuelles Année 10 Année 11 Année 12 mars-11 mars-12 Var. 12/11 mars-13 Var. 13/12 mars-11 mars-12 mars-13 Ensemble des crédits 157 879 143 881 98 481 43 752 26 500-39% 29 200 10% 14 263 6 800 9 700 dont PTZ 6 304 7 694 3 200 1 717 1 407-18% 784-44% 566 361 261 dont PC-PAS 7 181 8 416 7 444 2 696 1 844-32% 2 374 29% 888 473 789 dont PPEL 1 683 1 342 1 184 297 308 3% 304-1% 98 79 101 dont Secteur Libre 142 711 126 848 86 654 39 290 22 942-42% 25 738 12% 12 948 5 887 8 550 Source: BDF, estimations BPCE, Pôle Stratégie-DEVP. Encours de crédits immobiliers aux ménages Encours en millions d' 2011 2012 2011T1 2012T1 Glis. an. 12T1/11T1 2013T1 Glis. an. 13T1/12T1 PAP 352 219 496 316-36,3% 196-38,0% Prêts à taux zéro 30 165 29 438 25 539 31 008 21,4% 29 490-4,9% PC-PAS 59 306 62 698 55 961 60 261 7,7% 63 401 5,2% PPEL 9 018 8 155 9 890 8 844-10,6% 7 785-12,0% Secteur libre 744 407 769 530 715 854 751 570 5,0% 775 721 3,2% Total logement 843 248 870 040 807 740 851 999 5,5% 876 593 2,9% Note: T i = trimestre i Source: BDF-DSM, Estimations BPCE, Pôle Stratégie-DEVP. 6
Encours de crédits à la consommation aux particuliers Encours en millions d' 2011 2012 2011T1 2012T1 Glis. an. 12T1/11T1 2013T1 Glis. an. 13T1/12T1 Crédit sur le lieu de vente 15 656 14 520 17 165 15 412-10,2% 14 798-4,0% Crédit revolving 26 884 25 289 27 343 26 018-4,8% 24 616-5,4% Prêts personnels 74 129 74 797 73 068 73 862 1,1% 74 397 0,7% Autres crédits de trésorerie 12 216 12 759 11 006 11 129 1,1% 10 704-3,8% Location avec option d'achat 5 066 4 828 4 840 5 072 4,8% 4 791-5,5% Découverts bancaires 7 271 7 250 7 417 7 260-2,1% 7 336 1,0% Crédits titrisés 8 002 9 326 9 363 8 697-7,1% 8 976 3,2% Total crédit à la consommation 149 224 148 769 150 202 147 451-1,8% 145 620-1,2% Note: T i = trimestre i Source: BDF-DSM, Estimations BPCE, Pôle Stratégie-DEVP. 7