Crise au Japon Aperçu Le vendredi 11 mars, le Japon a été secoué par un énorme séisme de magnitude 9,0 sur l'échelle de Richter. Le premier ministre a indiqué que le pays faisait maintenant face à sa pire crise depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le séisme a dévasté le nord est du Japon, à 250 km au nord de Tokyo. Il s'agit du plus important tremblement de terre à survenir au pays depuis le début des enregistrements dans les années 1800, et le sixième plus puissant recensé à l'échelle mondiale. Le tsunami qui a suivi et les dommages subis par deux grandes centrales nucléaires sont venus aggraver les dégâts causés par le séisme. On indique que le bilan du tremblement de terre s'élève maintenant à 20 000 victimes et on estime que le nombre de réfugiés se situe actuellement entre 140 000 et 150 000. Expérience antérieure En janvier 1995, la région de Kobe, au Japon, a été secouée par un séisme de 7,2 sur l'échelle de Richter. Le tremblement de terre a touché un grand secteur urbain et industrialisé, et a fauché 6 500 vies. De nombreuses estimations initiales laissaient entrevoir qu'il faudrait jusqu'à 10 ans pour reconstruire la région de Kobe. Cependant, 15 mois plus tard, la capacité de production de la région était revenue à 98 % du niveau atteint avant le séisme. Tous les magasins de détail avaient rouvert leurs portes dans les 18 mois qui ont suivi le tremblement de terre. On estime le montant des dommages à 2,5 % du PIB du pays. Cependant, la demande alimentée par les efforts de reconstruction et l'accroissement des dépenses publiques ont entraîné une hausse de 2,3 % du PIB réel en 1995, supérieure à celle de l'année précédant le séisme (1,5 %). En 1996, le Japon affichait la croissance la plus rapide des pays membres du G7. Il est étonnant que la reprise ait été si rapide. Voici en fait ce qui s'est passé la dernière fois. Corrélation entre la production industrielle du Japon et le tremblement de terre de Kobe Séisme de Kobe, 17 janv. 1995 1 Source : CIBC
Différences entre les deux cas Le séisme actuel est d'une magnitude largement supérieure à celle de Kobe. Toutefois, il a davantage frappé la région agricole du Japon que son secteur industriel. La région de Kobe contribuait à hauteur de 70 billions de yens au PIB en 1995, contre un apport de 32 billions de yens pour la région dévastée aujourd'hui. Dans les régions les plus durement touchées, on cultive principalement le riz, dont le Japon ne représente que 2 % de la production mondiale. Le Japon ne constitue pas un important producteur d'aliments. Dans les régions avoisinantes, des entreprises œuvrant dans les secteurs de l'automobile, des technologies et de la machinerie de construction ont subi des dommages à leurs usines, mais les effets du séisme n'ont pas atteint, comme la dernière fois, le cœur de régions spécialisées dans la fabrication lourde comme Kobe et Osaka. Par ailleurs, dans les grandes villes comme Tokyo, les immeubles à bureaux sont pratiquement indemnes en raison de normes de construction strictes. On ne peut pas en dire autant des bâtiments résidentiels, qui se sont écroulés comme des châteaux de cartes. Le gouvernement assume le coût des pertes résidentielles, tandis que les assureurs nationaux et internationaux prennent en charge les pertes commerciales et industrielles. Le principal risque réside cette fois ci dans la fermeture de la centrale nucléaire et dans la propagation de hauts niveaux de radiations. On prévoit qu'au moins deux réacteurs nucléaires de la centrale Fukushima Daiichi ne seront pas remis en marche. La capacité nucléaire du Japon s'en trouve réduite d'environ 23 % et sa capacité de production d'électricité, de 4 %. On croit que le gaz naturel liquide et le pétrole devront combler cette lacune énergétique. Le Japon dispose de grandes réserves stratégiques de pétrole (les raffineurs détiennent l'équivalent de 84 jours de consommation et le gouvernement, 113 jours) ; donc, l'approvisionnement ne constitue pas un problème à court terme. Si le gaz naturel liquide compensait en totalité la pénurie causée par la fermeture de ces deux réacteurs, la demande mondiale augmenterait de 5 %. 2
Gagnants et perdants Gagnants Gagnants Énergie de remplacement : Le Japon et probablement le reste du monde se montreront désormais davantage réticents à ouvrir des centrales nucléaires. Les usines alimentées au gaz sont susceptibles de prendre de l'expansion grâce à leurs faibles émissions de gaz carbonique et de polluants. Construction et matières : Il faudra entreprendre de gigantesques travaux de reconstruction. Les entreprises spécialisées dans la construction et les matières sortiront gagnantes de cette crise. Assurance : Au début d'une crise, les compagnies d'assurance sont durement touchées par la hausse des demandes d'indemnisation. Toutefois, les primes du secteur augmentent en raison du flux accru de demandes de règlement. Puisque les compagnies d'assurance étrangères ne détiennent que 3 % des parts de marché au Japon, ce seront surtout les assureurs nippons qui encaisseront le coup. Les compagnies d'assurance dont la baisse du cours tient compte de la situation actuelle et non pas des retombées positives des hausses de taux à venir tireront bien leur épingle du jeu. Positions du portefeuille Gazprom : L'un des principaux producteurs mondiaux de gaz, il dispose d'énormes réserves en Russie. Inpex : Premier producteur nippon de pétrole et de gaz : 90 % de sa production est réalisée à l'extérieur du Japon. Sumitomo Metal : le plus important producteur d'acier au Japon. Il affiche une excellente feuille de route. Catlin : L'assureur établi au Royaume Uni subira des contrecoups, mais pas suffisamment pour nuire à son capital. Par ailleurs, il bénéficiera de la hausse des primes à venir. Perdants Perdants Assureurs japonais : Les compagnies d'assurance nippones seront les plus durement touchées. Tourisme et voyages : On évitera le Japon pendant un moment. Dépenses discrétionnaires : Les secteurs de la mode, des automobiles, des produits de luxe, bref tout ce qui n'est pas essentiel, afficheront de faibles résultats à court terme. Puisque le monde privilégie désormais l'approvisionnement juste à temps, il n'y a pas beaucoup d'accumulation de stocks. Ainsi, lorsque la demande reprendra, les usines tourneront tout de suite. Positions du portefeuille Aucune Aucune Toyota : Les activités de production et les ventes s'effectuent désormais pour la plupart hors du Japon. Yamaha : En raison de la croissance affichée en Chine, l'entreprise sera peut être tentée d'accélérer le transfert de sa production. 3
Craintes et rachats d'investisseurs En général, les craintes à l'égard de la situation et les ventes de titres japonais par les investisseurs entraîneront la chute, à court terme, de la plupart des actions nippones. Cependant, lorsque les choses rentreront dans l'ordre, on constatera qu'il y aura eu d'excellentes occasions d'acheter des sociétés qui ne sont pas touchées, mais qui profitent plutôt des efforts de reconstruction. Monnaie Cette situation est plus imprévisible que les autres. D'un côté, le Japon devra vendre des placements étrangers pour rapatrier les capitaux servant à l'achat des yens nécessaires pour rebâtir le pays. Ces ventes exerceront des pressions à la hausse sur la monnaie. Après le séisme de Kobe en 1995, le yen s'est apprécié, passant de 100 yens pour un dollar US à 80 yens pour un dollar US. Envolée du yen par suite des pressions créées par le rapatriement des capitaux après le séisme de Kobe (par dollar US) Source : CIBC Par contre, le gouvernement devra alourdir sa dette pour financer la reconstruction du pays. En 1995, la dette du Japon équivalait à 65 % de son PIB. Elle s'élève aujourd'hui à 200 % de son PIB. La monnaie pourrait se déprécier si les investisseurs se mettaient à se préoccuper de l'impression de billets de banque ou de l'émission d'énormes quantités de titres de créance par le gouvernement japonais. La situation est encore nébuleuse à l'heure actuelle. Quoi qu'il en soit, le raffermissement de la monnaie nuirait aux exportations du pays. Pertes subies Les pertes directes associées au tremblement de terre de Kobe se sont élevées à 140 milliards de dollars, soit 2,5 % du PIB japonais. Credit Suisse estime le coût du séisme actuel à 175 milliards de dollars, soit près de 3,0 % du PIB. Vu l'envergure de cet événement, il sera plus facile pour les politiciens de s'entendre sur la mise en place d'un programme d'incitatifs. 4
Sommaire Les événements au Japon sont consternants et m'ont rappelé la fragilité de la vie. Cela dit, l'histoire montre la capacité d'adaptation de l'humain et, dans ce cas ci, la capacité d'adaptation du peuple japonais, comme l'illustre leur rebond après le tremblement de terre de Kobe. Toutefois, le marché boursier japonais a traîné de la patte par rapport au marché EAEO et aux autres marchés développés en 1995 et en 1996, malgré la reprise de l'économie du pays. La différence réside dans le fait que l'évaluation du marché boursier japonais était grandement supérieure à cette époque, alors que les actions se négociaient à 53 fois les bénéfices contre 14 fois aujourd'hui. En outre, le Japon avait largement surpassé tous les autres marchés en 1994. De plus, 1995 a été l'année où un courtier malhonnête a causé la faillite de la banque Barings. Puisque ce négociant avait alors pris d énormes positions acheteur sur l indice, le dénouement de ces dernières a exercé de fortes pressions de vente sur le marché japonais. Néanmoins, nous avions déjà sous pondéré notre position japonaise par rapport à l'indice avant le séisme, car nous avons acquis de nouveaux placements en Europe. À partir de maintenant, il est possible que nous continuions à réduire le poids, dans notre portefeuille, des sociétés qui pourraient subir les contrecoups du tremblement de terre et à accroître celui des sociétés qui pourraient en bénéficier, car tous les cours chuteront probablement à court terme, mais certains afficheront une reprise plus vigoureuse que d'autres. Sky Investment Counsel est le sous conseiller pour le Fonds d actions outre mer PH&N, le Fonds d'actions outre mer avec couverture de change PH&N et le Fonds d'actions mondiales Valeurs communautaires PH&N. Les renseignements prospectifs sur les placements ou l économie ont été obtenus par Sky Investment Counsel Inc. (Sky) auprès de plusieurs sources. Les renseignements obtenus de tiers sont jugés fiables, mais ni Sky, ni ses sociétés affiliées, ni aucune autre personne n en garantit explicitement ou implicitement l exactitude, l intégralité ou la pertinence. Sky et ses sociétés affiliées n'assument aucune responsabilité à l'égard des erreurs ou des omissions. Ce document peut contenir des énoncés prospectifs à propos de facteurs économiques généraux qui ne garantissent nullement le rendement futur. Ces déclarations comportant des incertitudes et des risques inhérents, il se peut que les prédictions, les prévisions, les projections et les autres déclarations prospectives ne se réalisent pas. Nous vous recommandons de ne pas vous fier indûment à ces déclarations, puisqu'un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent considérablement de ceux qui sont mentionnés, explicitement ou implicitement, dans les déclarations prospectives. Toutes les opinions exprimées dans les déclarations prospectives peuvent être modifiées sans préavis ; elles sont présentées de bonne foi, mais n'impliquent aucune responsabilité légale. Le présent rapport a été préparé par Sky Investment Counsel Inc. Pour toute question concernant cette étude, veuillez communiquer avec l'une des personnes suivantes : Jenny Witterick, présidente et associée, jwitterick@skyic.com, ou Moya Murray, associée, mmurray@skyic.com. 5