Sécurité alimentaire et vieillissement : l apport essentiel des popotes roulantes montréalaises

Sécurité alimentaire et vieillissement : l apport essentiel des popotes roulantes montréalaises Centre d action bénévole de Montréal, Bureau central des Services alimentaires bénévoles Association des popotes roulantes du Montréal Métropolitain Centre d action bénévole Ouest-de-l île et CSSS de la Montagne

Juin 2009 Table des matières Table des matières... 2 Introduction... 3 1. Éléments de problématique... 3 1.1 Sécurité alimentaire et vieillissement... 3 1.2 Soutien à domicile et financement des popotes roulantes... 4 1.3 Un service nécessaire cinq jours semaine... 5 1.4 Liste d attente et places vacantes... 5 1.5 Absence de relève bénévole... 6 2. Le portrait sur les différents territoires de CSSS... 7 2.1 CSSS Dorval Lachine LaSalle... 7 2.2 CSSS de l Ouest-de-l Île...7 2.3 CSSS Cavendish... 8 2.4 CSSS d Ahuntsic et Montréal-Nord... 8 2.5 CSSS de Bordeaux-Cartierville-St-Laurent... 9 2.6 CSSS de la Montagne... 9 2.7 CSSS Pointe de l île... 9 2.8 CSSS Cœur-de-l île... 10 2.9 CSSS Sud-Ouest-Verdun... 10 2.10 CSSS Jeanne-Mance... 10 2.11 CSSS Lucille Teasdale... 11 3. Piste de solutions...12 4. Les réseaux coordonnant des popotes roulantes... 13 2

Introduction Les popotes roulantes ont fêté en 2006 leur quarantième anniversaire au Québec. Grâce au dévouement de plus de 3000 bénévoles, dont la moyenne d âge atteint aujourd hui 70 ans, et de travailleurs communautaires, des milliers d aînés et autres personnes en perte d autonomie sont assurés de recevoir un repas chaud au moins deux fois par semaine. Il existe présentement près de 100 popotes à Montréal, réparties en quatre réseaux. Cependant, le service des popotes roulantes à Montréal est insuffisant et parfois inadéquat, voir même, à son niveau actuel, en péril. 1. Éléments de problématique 1.1 Sécurité alimentaire et vieillissement L Ordre professionnel des diététistes du Québec rappelle que selon les données de Statistiques Canada publiées en 2001, 93% des aînés de 65 ans et plus vivent à domicile. Au Québec, plus de 30% des aînés à domicile ont des incapacités fonctionnelles modérées ou graves ce qui entrave les activités de la vie quotidienne et domestique dont l approvisionnement alimentaire, la préparation des repas et l alimentation. Certaines études ont montré que le degré de dépendance dans les activités de la vie quotidienne était fortement corrélé avec la qualité de l'alimentation 1 et l'apport nutritionnel 2. En effet, un pauvre état nutritionnel peut contribuer à exacerber des limitations fonctionnelles, diminuer la masse musculaire, mener à des troubles métaboliques et diminuer les défenses immunitaires 3. Une enquête effectuée à Montréal auprès d un échantillon d aînés recevant les services de livraison de repas à domicile (popotes roulantes) révélait que près de la moitié d entre eux (44%) présentent un risque élevé de malnutrition. Le fait de manger seul la plupart du temps (75,8%) et les difficultés à préparer les repas et à s approvisionner (50,8%) figurent parmi les facteurs de risque les plus importants 4. L état nutritionnel des ainés dépend de 4 aspects : leur habileté à se procurer de la nourriture, leur habileté à préparer les repas, leur capacité à se nourrir de manière indépendante et la disponibilité d un aidant lorsque cela est requis 5. Les popotes roulantes répondent, à des degrés divers, à ces quatre aspects. Elles sont par le fait même un acteur essentiel de la sécurité alimentaire des aînés. Une autre étude menée à Sherbrooke auprès de plus de 400 aînés vivant à domicile et recevant différents services complémentaires a démontré que plus de 70% des sujets montraient des apports énergétiques faibles et plus de 45% ne consommaient pas suffisamment de protéines. Environ le tiers des sujets avaient un IMC inférieur à 24 kg/m2, un seuil en-dessous duquel l incidence de morbidité et de mortalité augmente chez les aînés 6. CONSULTATION SUR LES AÎNÉS 1 Sem et al., (1988), cité dans RRSSS de Montréal Centre, (2001). Protocole interdisciplinaire de dépistage et d intervention sur les troubles nutritionnels, Projet SIPA, p. 3. 2 Bianchetti et al., (1990) cité dans RRSSS de Montréal Centre, (2001). Protocole interdisciplinaire de dépistage et d intervention sur les troubles nutritionnels, Projet SIPA, p. 3. 3 Ordre professionnel des diététistes du Québec (2007). «Mémoire de l Ordre professionnel des diététistes du Québec. Consultation publique sur les conditions de vie des personnes aînées : un défi à réussir ensemble», p.13. 4 Étape de mise en œuvre du programme Sortir à son goût (1997). www.santepub-mtl.qc.ca, visité le 8 juillet 2008. 5 Ordre professionnel des diététistes du Québec (2007). «Mémoire de l Ordre professionnel des diététistes du Québec. Consultation publique sur les conditions de vie des personnes aînées : un défi à réussir ensemble», p.13. 3

1.2 Soutien à domicile et financement des popotes roulantes Le déclin fonctionnel et la fragilité des aînés représentent une charge importante sur les dépenses du système de santé. Les données québécoises ont démontré en 1997 que les aînés étaient à l origine de 41% des dépenses en soins de santé alors qu ils représentaient environ 11% de la population. Le soutien à domicile est la plupart du temps le premiers choix des personnes âgées qui désirent demeurer chez eux le plus longtemps possible, comme en témoigne la récente consultation publique sur les conditions de vie des personnes aînés 7. Il est aussi une priorité d action du Ministère de la santé et des services sociaux qui reconnait que «la pression qu exerce toujours l hébergement ne permet pas de dégager les ressources suffisantes pour desservir adéquatement la clientèle à domicile aux prises avec des incapacités modérées ou graves 8». Les services de popotes roulantes font partie des services d aide à domicile de la Politique de soutien à domicile et dont le Plan d action 2005-2010 et les actions gouvernementales annoncées suite à la consultation publique visent à bonifier. Mentionnons enfin qu il est reconnu que le soutien à domicile d une personne restera moins coûteux que son hébergement. Certains chiffres évoquent une économie de l ordre de 60%. Les services de popotes roulantes sont une réponse aux problèmes de sécurité alimentaire, une priorité d action de la Direction de la Santé publique de Montréal, de même que de la Conférence régionale des élus de Montréal. L appui aux services des popotes roulantes se retrouve au sein de priorités ministérielles et de l Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Dans son document : Vision stratégique et plan de mise en œuvre 2005-2010 des services aux personnes âgées, l Agence de la santé et des services de sociaux de Montréal identifie la problématique suivante : Environ 4,5 M$ sont versés par l Agence à près de 70 organismes communautaires venant en aide aux aînés (popotes roulantes, visite d amitié, ). Ces organismes éprouvent des difficultés de plus en plus grande à recruter des bénévoles particulièrement pour les accompagnements et pour les popotes roulantes. On compte près de 100 popotes roulantes à Montréal, soutenues par des travailleurs communautaires et par 3000 bénévoles. Alors que la moyenne d âge des bénévoles y est d environ 70 ans, les popotes roulantes font face à une clientèle plus complexe, en constante croissance, et n offrent le service que 2 à 3 jours par semaine, alors qu il faudrait le dispenser au minimum 5 jours par semaine. Déjà, les divers regroupements de popotes roulantes (le Centre d action bénévole de Montréal, l Association des popotes roulantes du Montréal métropolitain, le Regroupement des popotes roulantes et autres services alimentaires bénévoles (PRASAB, COMACO etc.) ont fait des représentations auprès du Ministère de la santé et des services sociaux ainsi qu auprès de diverses agences régionales de la santé et des services sociaux afin que des sommes récurrentes soient réservées aux popotes roulantes. Actuellement, certaines reçoivent un financement à travers le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC). 6 Ordre professionnel des diététistes du Québec (2007). «Mémoire de l Ordre professionnel des diététistes du Québec. Consultation publique sur les conditions de vie des personnes aînées : un défi à réussir ensemble», p.13. 7 Secrétariat aux aînés du Ministère de la famille et des aînés (2008). «Préparons l avenir avec nos aînés. Rapport de la consultation publique sur les conditions de vie des aînés», 161p. 8 Ministère de la Santé et des services sociaux (2005). «2005-2010 : Un défi de solidarité. Les services aux aînés en perte d autonomie», p. 23. 4

En plus de ce programme, il semble que les popotes roulantes puissent demander trois types de financement. D abord, le financement de base ainsi que les fonds de développement. Ces deux types de financement sont toutefois accordés sur une base égalitaire entre les organismes, avec peu d égard aux services donnés. Ils ne suffisent donc pas pour les popotes produisant un volume plus important de repas. Enfin, l Agence peut augmenter le financement d une popote suite à l augmentation des services de cette dernière. Toutefois, faute d un financement adéquat et/ou d un nombre de bénévoles suffisant, cette option leur est difficilement accessible. Lorsque c est cependant le cas, il semble que ce financement supplémentaire ne soit pas ou rarement accordé par l agence. De plus, les CSSS n ont pas, la plupart du temps, les fonds suffisants pour conclure des ententes de services avec les groupes communautaires responsables. 1.3 Un service nécessaire cinq jours semaine Le vieillissement de la population de même que les éléments de la Politique gouvernementale de maintien dans la communauté, ont favorisé un alourdissement de la clientèle demeurant à domicile et par le fait même, un alourdissement de la clientèle des popotes roulantes. Par exemple, le critère d admissibilité pour l hébergement en CHSLD du nombre d heures soins quotidiens est dorénavant 3 heures. Plus d aînés ayant davantage d incapacités sont donc plus longtemps à domicile. Il y a maintenant un besoin pressant d une livraison plus fréquente de repas, de services pour accommoder les diètes spéciales médicales de plus en plus nombreuses, et de livraison de repas congelés. Le nombre de clients référés aux popotes roulantes est en croissance constante. Par exemple, il a doublé entre 1995 et 2007 au sein des popotes roulantes regroupées au sein du Centre d action bénévole de Montréal. Dans un document publié en 1996, l Association canadienne de soins et services communautaires faisait le constat suivant : «il y a un besoin pour une livraison de repas plus que trois à cinq jours semaine». En 2000, la Coalition pour le maintien dans la communauté (COMACO) abondait en ce sens en faisant la recommandation suivante : «rendre accessible les services de repas au minimum cinq jours semaine, voire sept jours, pour les aînés en grande perte d autonomie». Déjà, la plupart des centres urbains majeurs au Canada livrent les popotes au moins cinq jours par semaine. À Calgary par exemple, une cafétéria centrale assure la production de repas pour près de 2000 clients à domicile annuellement, en plus de plus de 200 boîtes à lunch pour les itinérants et de 800 repas pour des enfants à chaque jour, pour un total de 425 000 repas préparés annuellement. Au Québec, le Centre d action bénévole Émilie Gamelin de Joliette ou l organisme SercoVie de Sherbrooke offrent des repas de popotes roulantes, cinq midis par semaine. Ce n est pas le cas à Montréal, où la moyenne des jours de service est d environ deux à trois 9. Beaucoup des groupes offrant la popote sont entièrement bénévoles, et n ont ni le temps ni les ressources pour augmenter le nombre de jours de livraison, et répondre adéquatement aux différentes restrictions alimentaires ou diètes spéciales de la clientèle. 1.4 Liste d attente et places vacantes Au cours de cette étude, nous avons découvert que si quelques popotes font face à des listes d attente, plusieurs n en ont aucune ou bénéficient même de places vacantes. Plusieurs 9 Quelques rares popotes comme le Santropol roulant fournissent des repas cinq jours semaines. Cet organisme bénéficie toutefois de sources de financement diversifiées, au-dessus de la moyenne des popotes roulantes en général, de même que d un bassin de bénévoles sans équivalent ailleurs. 5

hypothèses expliquent cette situation incongrue. D abord, la quasi absence de diètes spéciales faute de support organisationnel adéquat. Alors que la clientèle s alourdit, la préparation de repas respectant certaines diètes s avère essentielle. Certaines popotes font un effort pour cuisiner avec un apport réduit en sel et en sucre. Certains clients se plaignent alors du manque de saveur. Il s agit d un motif fréquent d arrêt de service. Le service n étant disponible que deux jours par semaine, plusieurs personnes préfèrent se tourner vers une autre alternative plus constante (traiteur, repas cuisinés en épicerie, restaurant, etc.). Mentionnons de plus, que le roulement de bénévoles et de personnel au sein des popotes, de même qu au sein des CSSS, limite souvent la planification, la coordination et la communication adéquate. Enfin, l alourdissement de la clientèle fait en sorte que plusieurs ont besoin d assistance pour manger, ce que ne peut généralement pas offrir un bénévole d une popote roulante, notamment faute de temps. Les places vacantes privent ces popotes de revenus supplémentaires. De plus, les blocs de repas préparés par des auxiliaires occasionnent des dépenses beaucoup plus lourdes aux CSSS et au réseau de la santé en plus de limiter le nombre de clients ayant accès aux services de maintien à domicile. 1.5 Absence de relève bénévole Au début, toutes les popotes roulantes à Montréal étaient gérées entièrement par des bénévoles. Ce n est plus le cas. Avec la multiplication des OSBL, il devient de plus en plus difficile de recruter des bénévoles qui par ailleurs sont vieillissants avec une moyenne d âge, rappelons-le, de 70 ans. La gestion d une popote roulante livrant des repas deux ou trois jours par semaine est un travail énorme, qui demande de 15 à 25 heures de travail par semaine. Il est de plus en plus difficile de recruter des bénévoles prêts à assumer cette lourde tâche. Beaucoup de ces petites popotes ferment leurs portes. Dans certains cas, des organismes communautaires offrant des services aux aînés ont pu assumer les clients de ces popotes. La plupart sont toutefois au point de saturation et commence à avoir des listes d attente, ce qui conduit à devoir faire des choix déchirants entre divers aînés dans le besoin. Par exemple, la popote de St-Andrews a fermé ses portes en 2005 sur le territoire de Côte-des- Neiges. L intervention du CLSC Côte-des-Neiges (CSSS de la Montagne), celle du Centre d action bénévole de Montréal et d un organisme communautaire prêt à tenter l aventure, Multicaf, aura été nécessaire pour reprendre cette activité. Le CSSS a fourni les services d une organisatrice communautaire et de deux auxiliaires familiales. Multicaf a trouvé une subvention de démarrage auprès d une Fondation. En effet, les tarifs chargés aux clients (3,75$) ne couvrent pas les frais de coordination. Il s agit toutefois là de bricolage financier temporaire. L organisme n a toujours pas de financement stable pour ce service, le positionnant dans une situation précaire. 6

2. Le portrait sur les différents territoires de CSSS 2.1 CSSS Dorval Lachine LaSalle Plusieurs popotes roulotes desservent le territoire du CSSS. On en compte cinq sur le territoire de Dorval-Lachine, appuyées par le Centre d action bénévole de l ouest de l île (CABO) et trois sur le territoire de LaSalle, appuyées par le Centre d action bénévole de Montréal (CABM). Les cinq popotes appuyées par le CABO sont toutes gérées par des bénévoles dont la moyenne d âge est de 70 ans. Chaque popote compte sur une liste potentielle de 40 à 80 bénévoles pour un total d environ 300. Trois popotes desservent 25 clients, les deux autres desservent 30 et 40 clients. Les listes d attente sont faibles ou inexistantes. Ces popotes servent deux repas par semaine, les mardi et jeudi. Elles sont toutes fermées entre le 24 décembre et le 6 janvier. Deux, ferment pour la période estivale. Le CHSLD Lachine préparent alors les repas. Le quartier St-Pierre et l île Dorval ne sont desservis par aucune popote. Il est à noter que les coordonnatrices s épuisent et demandent à être remplacées. Les locaux, pour la plupart dans les églises, sont inadéquats et le recrutement des bénévoles et particulièrement difficile l hiver. Deux des trois popotes de LaSalle préparent des repas pour 35 clients, deux jours par semaine. La troisième dessert près de 75 clients. L une des popotes éprouve des difficulté de recrutement de bénévole-chauffeur et sa cuisine de dimension domestique est inadéquate pour augmenter le nombre de repas préparés. 2.2 CSSS de l Ouest-de-l Île Neuf popotes roulantes sont présentes sur le territoire du CSSS. Elles sont toutes appuyées par le Centre d action bénévole de l Ouest-de-l Île (CABO), six du côté sud de l autoroute 40 et trois du côté nord. Les popotes sont en opération le mardi et le jeudi dans les sous-sols des églises sauf pour la popote de Sainte-Anne-de-Bellevue dont les journées sont le mardi, le jeudi et le samedi. Au total, les popotes comptent environ cinq cent bénévoles et desservent, en moyenne, trente clients chacune. Il n y a pas de liste d attente. Selon l Institut de la statistique du Québec, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus deviendra plus importante pour l Ouest-de-l île que pour Montréal aux environs de 2012. Il est envisagé que la demande pour les services de popotes roulante augmentera dans les années à venir. L ajout de journées de livraison n est pas vraiment possible car les églises sont bien utilisées pour des activités paroissiales (âge d or, etc.). Les bénévoles ont exprimé ne pas être en mesure de préparer des menus spéciaux car ils/elles soulignent ne pas avoir les équipements et les connaissances nécessaires pour faire ces achats et leur préparation. Ces popotes roulantes sont toutes encadrées par des coordonatrices-bénévoles et le CABO éprouve des difficultés à recruter des personnes qui veulent être responsables des achats, des horaires, etc. Les coordonnatrices-bénévoles se font de plus en plus rares et en hiver, les bénévoles des diverses équipes manquent à l appel pour des raisons évidentes. La moyenne d âge des bénévoles dans les popotes est de 70 ans. Le territoire de l ouest est très vaste (sept villes et deux arrondissements) et les livreurs bénévoles couvrent un grand territoire. Par exemple le secteur de Pierrefonds-Roxboro compte 7

26 km de long. Selon le Recensement 2006 de Statistique Canada, les aînés sont en majorité propriétaires de leur résidence dans l Ouest-de-l Île, alors que le pourcentage de locataires est moins élevé. Nous savons qu une forte proportion de ces propriétaires habitent des modèles de maisons de style unifamilial dispersées sur le territoire. Cette situation fait augmenter la distance de livraison ainsi que les coûts qui lui sont associés. Les bénévoles ne peuvent pas, par exemple, livrer par moyen de transport actif. Les jeunes adultes ne sont pas un bassin de bénévoles à envisager. 2.3 CSSS Cavendish Huit popotes livrent des repas sur le territoire du CSSS Cavendish, dont deux, le Santropol Roulant et le Centre Cummings desservent aussi d autres territoires. Ces deux popotes gèrent elles-mêmes leur liste de clients. Le Centre d action bénévole de Montréal (CABM) gère les références des six autres popotes. Ces deux popotes se distinguent également par les cinq journées de livraison qu elles offrent, contrairement aux deux journées des autres popotes (trois journées pour l une d entre-elle). Le Centre Cummings accommode 175 clients, le New Hope Centre, 65 clients et le Santropol Roulant, 50 clients. Les cinq autre popotes ont une capacité de 15 à 25 clients. Outre pour le Santropol Roulant et le Centre Cummings, il n y a pas de liste d attente et certaines popotes ont quelques places vacantes. La plupart des popotes essaient de réduire l apport en sel et en sucre. Il est difficile pour certaines de satisfaire les diètes spéciales. Mis à part le Santropol Roulant et le Centre Cummings, le financement des six popotes roulantes s appuie sur les dons, les levées de fonds et l appui du CABM. La plupart de ces popotes rencontrent des problèmes de recrutement et de rétention de bénévoles, surtout l hiver et particulièrement pour les bénévoles avec voiture. Une popote aurait besoin de davantage de références de clientèle. Certaines ont mentionné avoir des besoins financiers afin de mieux assurer les services. Au cours des dernières années, deux popotes ont dû fermer leur porte sur le territoire du CSSS, l une en raison d un manque d espace suffisant et l autre, en raison d un manque de bénévoles. Le territoire de Côte-St-Luc n est desservi que par le Centre Cummings qui n offrent que des repas cachères. 2.4 CSSS d Ahuntsic et Montréal-Nord Cinq popotes sont présentes sur le territoire du CSSS, trois du côté d Ahuntsic et deux du côté de Montréal-Nord. Ces deux dernières sont portées par un organisme communautaire et peuvent compter, en plus d une équipe de bénévoles, sur deux ou trois travailleurs salariés. Elles préparent des repas cinq jours par semaine, l une pour 15 personnes par jour, et l autre pour 30 personnes les mardi et jeudi et 60 personnes les lundi, mercredi et vendredi ( bien qu il y ait 40 clients actuellement). Le financement est assuré à l intérieur de la mission globale de l organisme. Ces deux popotes font face à une problématique de relève bénévole. Les repas de deux des trois popotes d Ahuntsic sont préparés par un hôpital et par un centre d hébergement, cinq jours par semaine et bénéficient d un financement du PSOC. Les clients inscrits reçoivent toutefois des repas généralement deux fois par semaine. L une prépare 40 repas par jour et l autre 13 (elle pourrait augmenter à 26). Toutefois, le recrutement des bénévoles est une problématique présente. L autre popote d Ahuntsic, entièrement bénévole, prépare 22 repas par jour, deux jours par semaine. La popote compte sur une quarantaine de bénévoles dont la moyenne d âge est de 70 ans. 8

2.5 CSSS de Bordeaux-Cartierville-St-Laurent Cinq popotes desservent le territoire du CSSS. Deux d entre elles s adressent à des clientèles spécifiques, soit la clientèle juive avec de la nourriture Kasher et l autre à la clientèle du Moyen- Orient. L une des popotes a dû arrêter la préparation de repas chauds et livre maintenant des repas congelés une fois par semaine. Les autres livrent des repas chauds et/ou congelés de deux à quatre jours par semaine. Les cinq popotes ferment un mois à l été et durant la période des Fêtes. Certains clients se plaignent de la livraison trop tôt (10h30-11h), du manque de saveurs et du nombre limité de jours de livraison de repas chauds (généralement 2 jours). 2.6 CSSS de la Montagne Les capacités d accueil des popotes roulantes du territoire du CSSS de la Montagne sont, somme toute, restreintes. Ainsi, sur le territoire du CLSC Parc-Extension, une quinzaine de clients sont desservis par les organismes Filia et PEYO. Ces deux organismes se partagent la liste des clients ainsi que les jours de production et de livraison, faisant en sorte qu un même client pourra bénéficier de deux à cinq jours de popote roulante. Pour l instant, deux seuls clients reçoivent cinq repas par semaine. L organisme CRAIC quant à lui dessert une vingtaine de clients du CLSC mais les vendredis uniquement. Une quinzaine de clients du CLSC Métro sont desservis, deux jours semaine, par deux popotes roulantes du territoire, l une dans Westmount et l autre au centre-ville. À Côte-des-Neiges, l organisme Cummings de la communauté juive cuisine une vingtaine de repas cachères. Une autre popote dessert quant à elle sept clients. À Outremont, deux popotes fournissent chacune environ une vingtaine de clients, deux jours par semaine. L une d entre elle, la popote St-Viateur affiliée à l APRMM, propose également des plats congelés. L organisme Multicaf a lancé des services de popotes roulantes dans l urgence afin de palier à la fermeture de la popote St- Andrew. Il dessert aujourd hui 22 clients sur le territoire de Côte-des-Neiges. Le Santropol roulant quant à lui offre les services auprès d une quarantaine de clients sur chacun des territoires de Côte-des-Neiges et de Métro pour 1 à 7 repas par semaine (incluant, auquel cas, deux repas livrés d avance). Si quelques places sont disponibles au centre-ville, le secteur de Côte-des-Neiges est souvent rempli à pleine capacité. L organisme ne gérant pas de listes d attente, les clients doivent appeler régulièrement pour s enquérir d une place disponible. Faute d un service de popotes roulantes solidement implanté et en raison de l alourdissement de la clientèle, les auxiliaires familiales du CSSS sont fortement sollicitées pour la préparation des repas. Sur le seul territoire du CLSC Côte-des-Neiges, elles ont préparé en moyenne 725 blocs de repas par semaine pour un client à la fois. Dans un contexte de vieillissement de la population et d alourdissement de la clientèle, cette façon de faire est coûteuse et limite le nombre de clients desservis, comparativement à l organisation collective d une popote roulante. Un meilleur accès aux services de popotes roulantes permettrait de décharger une partie des AFS de cette fonction permettant d offrir davantage de services à davantage de clients. 2.7 CSSS Pointe de l île Six popotes roulantes sont présentes sur le territoire du CSSS. Deux sont appuyées par le CSSS et bénéficient d une cuisinière salariée (d un centre de jour et d une centre d hébergement). Une autre popote relève d un organisme communautaire en alimentation. Les trois autres sont des popotes bénévoles, dont l une est rattachée à une paroisse. Trois popotes préparent des repas deux fois par semaine, l une trois jours et l autre quatre jours. La plupart 9

préparent une vingtaine de repas par jour de livraison et la plus importante en prépare entre 30 et 40. La plupart font face à des problèmes importants de relève bénévole. 2.8 CSSS Cœur-de-l île Le territoire du CSSS compte sur les services de trois popotes roulantes. Deux sont entièrement bénévoles et l autre est gérée par un organisme communautaire et bénéficie d un employé salarié. Le reste de l équipe est bénévole. Les deux popotes bénévoles desservent une trentaine de clients, deux jours par semaine. L autre popote préparent une soixantaine de repas, deux jours par semaine. Une des popotes dispose de locaux inadéquats l empêchant de préparer davantage de repas. La question des diètes spéciales et des allergies et aussi une difficulté importante. 2.9 CSSS Sud-Ouest-Verdun Trois popotes desservent le territoire du CSSS, en plus d une autre qui ne livre pas de repas chauds mais des repas emballés sous vide. La popote du territoire de Verdun, affiliée au Centre d action bénévole de Montréal (CABM), bénéficie de deux employés salariés du Réseau bénévole de Verdun. Elle dessert 54 clients (elle pourrait en desservir 65), trois jours par semaine. Elle fait face à des problèmes de recrutement de bénévoles avec voiture. La popote St-Paul a dû fermer ses portes il y a cinq ans, faute de bénévole. Son territoire desservi a été repris par l Association des popotes roulantes du Montréal métropolitain. À partir de la cuisine centrale de l Association des popotes roulantes du Montréal métropolitain les territoires de la Petite Bourgogne, St-Henri, Émard/St-Paul sont desservis. Les diètes spéciales ou allergies sont respectées, (faible teneur en sel, en gras, intolérance au gluten, au lactose, desserts diabétiques, etc.) un service complémentaire de repas surgelés est aussi offert à toute la clientèle de ces territoires. Tous les repas servis par l APRMM ont été vérifiés par une nutritionniste et chaque plat possède sa fiche nutritionnelle. Aucune interruption de service. Durant la période estivale, la cuisine prend la relève de ses popotes locales affiliées qui font relâche, tels que pour les secteurs : Anjou, Ahuntsic, St-Léonard, Rosemont, Petite Patrie, Plateau Mont-Royal, Outremont. La cuisine est opérée par du personnel salarié jumelé à des bénévoles et des personnes en insertion sociale. Les problèmes de recrutement de bénévoles, le sous financement de l organisme, les locaux exigus, la location de voitures, etc. sont tous des facteurs déterminants qui mettent en péril de façon permanente l existence de l organisme. 2.10 CSSS Jeanne-Mance Le territoire du CSSS Jeanne-Mance compte sur les services de neuf popotes roulantes, dont quatre de type paroissial, sous la coordination de l APRMM. Elles desservent entre 10 et 20 clients, deux jours par semaine. Quatre autres popotes, affiliées à l APRMM ou au CABM, sont gérées pas des organismes communautaires. Certaines ont des ententes de services avec un établissement du réseau de la santé (ex. l Hôtel-Dieu pour la préparation des repas). Ces quatre popotes compte sur la présence de 1 à 4 employés, en plus des bénévoles. Elles peuvent ainsi offrir la livraison des repas 5 jours par semaine, sauf le Carrefour Saint-Eusèbe qui le fait 3 fois. Projet Changement, fort de son entente de service avec le CSSS, l Hôtel-Dieu et le Centre d hébergement Jean-de- Lalande, offre même des repas midi (55, répartis sur 7 jours) et soir (20, répartis sur 5 soirs). Ces popotes livrent entre 10 et 30 repas par jour. Elles ont toutes quelques places supplémentaires. Le financement est assuré en partie par la contribution des usagers de même qu à partir du financement de base de l organisme, de financement spécial non récurent ou d entente de services. 10

Enfin, le Santropol Roulant livre ses repas dans les quartiers du CSSS Jeanne-Mance, mais couvre un territoire plus large. Il fait la livraison des repas 5 jours par semaine et rejoint 80 personnes par jour sur l ensemble de son propre territoire. Toutes ces popotes déplorent les difficultés de recrutement, d encadrement et de formation des bénévoles, la précarité du financement de même que la difficulté à assurer le transport dans un cas. Un organisme de la communauté chinoise a dû interrompre son service de popote roulante depuis deux ans, suite au départ de la coordonnatrice. 2.11 CSSS Lucille Teasdale Huit popotes sont régulièrement actives sur le territoire du CSSS Lucille-Teasdale. Dans le quartier de Mercier ouest, Le Centre d Entraide le Rameau d Olivier sert la clientèle trois jours semaine et la Popote Cosmique qui prend la relève deux jours semaine. Le territoire de Hochelaga Maisonneuve est servi principalement par un organisme, Résolidaire, qui regroupe l ensemble des services de popotes destinées aux personnes âgées et ce, 5 jours semaine. Dans Rosemont, 5 popotes roulantes assurent un service continu; Popote St-François-Solano, Popote St-Jean-Vianney, L Entraide Ukrainienne de Rosemont, la Paroisse St-Émile et la Paroisse St-Esprit. Une grande partie de ce territoire n est pas desservi compte tenu que les 3 popotes paroissiales sont actives une seule journée semaine. Quelques autres organismes peuvent occasionnellement offrir des services de repas livrés mais ceci n est pas leur champ d activités premier. Les popotes du secteur Mercier-Ouest (CLSC Olivier Guimond) sont préparées par les cuisines de deux centres d hébergement. Les repas sont achetés et revendus à faibles profits afin de couvrir les dépenses des bénévoles. Les autres popotes produisent les repas avec des équipes de bénévoles. Environ 160 personnes par semaine bénéficient des services de popotes sur le territoire du CSSS Lucille Teasdale. Bien que les popotes aient des limites en terme de servitude, il y a peu de liste d attente et la clientèle tend à baisser légèrement. La majorité de cette clientèle est référée ou connues par un des 3 CLSC présents. Les difficultés le plus souvent rencontrées touchent les locaux, le recrutement et l organisation des équipes de bénévoles. Certaines popotes sont menacées de cesser leurs activités faute de locaux, Une autre devra se relocaliser si elle veut continuer à répondre à la demande croissante. Le financement provient de dons, de campagne de financement et de subventions de divers programmes publics et gouvernementaux. 11

3. Piste de solutions Les popotes roulantes sont un important et précieux partenaire du réseau de la santé et des services sociaux. Leur contribution est nécessaire pour relever l important défi du vieillissement de la population, de son maintien dans la communauté et plus spécifiquement de la sécurité alimentaire des aînés. Tout comme le réseau de la santé et des services sociaux, les popotes roulantes doivent adapter leurs services aux nouveaux besoins de la population qui, plus nombreux, s alourdissent également. Les popotes roulantes entièrement bénévoles, à la charge des paroisses, sont destinées à disparaître faute de relève du personnel clérical, de paroissiens et de bénévoles. Les bénévoles continueront à seconder et à animer les services de popotes roulantes. Toutefois, il est illusoire de penser que ces services pourront continuer à dépendre entièrement et uniquement de bénévoles. Il faut entrevoir de compter de plus en plus sur du personnel communautaire d encadrement, comme c est déjà le cas dans plusieurs popotes roulantes. Les tâches de coordination des services sont nombreuses et exigeantes. Pour d autres popotes, produisant un volume important de repas, un cuisinier rémunéré, appuyé par des bénévoles, est également à envisager. Dans un contexte de limite budgétaire, l optimisation des ressources est indispensable. En ce sens, la piste de solution la plus plausible du point de vue de son efficience et de ses coûts d exploitation nous semble être la bonification des organismes existants en leur accordant un financement adéquat pour prendre en charge des nouveaux clients, créer des menus spéciaux et augmenter le nombre de jours de livraison. Il serait souhaitable qu un fonds récurent soit dédié à l usage des popotes roulantes étant donné leur situation précaire, les besoins croissants auxquels elles doivent répondre et leur rôle de partenaire privilégié du réseau de la santé et des services sociaux. En effet, les popotes roulantes répondent presque exclusivement aux clients référés par les intervenants de CSSS ainsi que par ceux de quelques centres hospitaliers. Il importe de leur donner les moyens nécessaires pour remplir leur mission adéquatement. 12

4. Les réseaux coordonnant des popotes roulantes La plupart des popotes roulantes sont affiliées à un réseau assurant certains éléments de coordination et offrant un support organisationnel. Le Centre d action bénévole de Montréal (CABM) coordonne un réseau de 85 groupes et organismes. L Association des popotes roulantes du Montréal métropolitain coordonne un réseau de 23 groupes et organismes offrant des popotes roulantes ainsi qu un centre de production. Le Centre d action bénévole Ouest-de-l île coordonne un réseau de 15 groupes. Le Centre Cummings coordonne 5 groupes offrant des repas cacher. 13