LA NOUVELLE LIAISON FERROVIAIRE LYON-TURIN



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Transcription:

LA NOUVELLE LIAISON FERROVIAIRE LYON-TURIN 1 Le cadre international L idée d une nouvelle liaison ferroviaire transalpine à grande vitesse et grande capacité a émergé en France à la fin des années 1980. Après de longues années consacrées à en étudier la faisabilité, la France et l Italie ont concrétisé par le traité de Turin de 2001 leur volonté conjointe de réaliser cette nouvelle infrastructure et se sont entendues sur la définition de ses caractéristiques et de son tracé, appelé à relier LYON à TURIN. L Union Européenne a apporté son soutien à ce projet, dans lequel elle voit le chaînon central d un nouvel axe ferroviaire européen, appelé à relier, à terme, LISBONNE à KIEV, dans le cadre d un schéma européen des grandes infrastructures de transport ( TEN ). La difficulté et le coût exceptionnels de ce maillon, liés au franchissement de la barrière alpine, justifient l implication de l Union Européenne dans le financement du projet 50 % au stade des études, de 20 à 30 % au stade de la réalisation -. Pour son étude et sa réalisation, les deux Etats ont décidé de découper le projet en trois sections : une section proprement française, de l Est lyonnais à Saint-Jean-de-Maurienne, sous maîtrise d ouvrage de Réseau Ferré de France (RFF), une section italienne des environs de Susa à Turin, sous responsabilité de Réseau Ferré d Italie (RFI), une section internationale, de Saint-Jean-de-Maurienne aux environs de Susa, sous la responsabilité d une société binationale Lyon-Turin-Ferroviaire (LTF), créée par parts égales entre RFF et RFI pour conduire la phase d études et de reconnaissances. Le pilotage politique de cette section internationale et la tutelle sur la société LTF qui en découle- est assuré par une Commission Intergouvernementale franco-italienne dont le co-président français est Monsieur Louis BESSON. Un accord entre les deux Etats est intervenu en 2004 (mémorandum d entente de Matignon) pour prévoir la répartition dans le financement de la section internationale : il attribue à l Italie environ les 2/3 du coût estimé à environ 7 milliards d euros pour cette section-, la France prenant à sa charge environ 1/3 de ce coût. 2 Les motivations du projet Conçu, à son origine dans les années 1980, comme une liaison voyageurs à grande vitesse, le projet a rapidement évolué vers une ligne mixte voyageurs-marchandises. La montée en puissance, à partir des années 1990, des préoccupations de développement durable dans l opinion publique et chez les responsables politiques conduit à mettre progressivement l accent sur la fonction fret, de façon à enrayer l augmentation du trafic routier de marchandises, auquel sont imputés ses bilans énergétique et 1

environnemental, et plus spécifiquement les nuisances que tend à concentrer le milieu étroit et sensible des vallées alpines. La nouvelle liaison transalpine constitue donc aujourd hui avant tout un projet de transfert de marchandises de la route sur le rail, l objectif étant à terme de réalisation complète de l ouvrage - de transporter 40 millions de tonnes par an sur la nouvelle ligne. Ce qui est recherché, c est de freiner progressivement la croissance du trafic poids lourds à travers les Alpes, puis de stabiliser ce trafic pour en retirer les bénéfices environnementaux, économiques et sociaux en termes de bilan carbone, d économie d énergies nonrenouvelables et de sécurité routière. En cela, le projet de liaison ferroviaire transalpine traduit les engagements internationaux de la France et de l Italie dans le cadre de la Convention Alpine à ne réaliser aucune infrastructure routière nouvelle à travers les Alpes qui serait de nature à augmenter l offre de trafic poids lourds. Il se situe également dans un vaste mouvement de construction de nouvelles liaisons ferroviaires à travers les Alpes, qui poursuivent les mêmes objectifs : les tunnels suisses du Loetschberg (achevé et mis en service en 2008) et du Saint Gothard (en cours de construction bien avancée) ; le projet du Brenner entre l Italie (Haut-Adige) et l Autriche (Tyrol) est en phase de montage actif. Les projets d autoroutes de la mer en Méditerranée entre Barcelone, Marseille et Gênes, constituent une autre solution de report modal qui vise également à contourner par la mer l obstacle des Alpes. 3 Description succincte du projet Partant de l Est de Lyon (raccordement aux axes Nord-Sud), la nouvelle liaison sera, globalement parlant, une ligne mixte voyageurs et fret, avec, dans sa partie Ouest, une dissociation en deux lignes spécialisées : une, à grande vitesse voyageurs et passant par Chambéry, et une ligne dédiée au fret, filant droit sous la Chartreuse. Les deux lignes se rejoindront dans la Combe de Savoie au Sud de Montmélian pour ne plus constituer qu une seule ligne mixte qui gagnera la Maurienne par un tunnel sous Belledonne, puis après avoir atteint Saint-Jean-de-Maurienne (où sera localisée une gare voyageurs), s enfoncera sous la chaîne frontière (massif d Ambin) par un tunnel de 57 kms de long pour ressortir en Italie dans le Val de Suse, et gagner le nœud ferroviaire de Turin. Les caractéristiques géométriques de l ouvrage sont conçues pour permettre à la fois le trafic de trains voyageurs à grande vitesse et de trains de fret à grande capacité et vitesse commerciale soutenue. Ces objectifs d exploitation conduisent à des contraintes rigoureuses, notamment de pente maximale admissible : c est ce qui impose de construire des tunnels de basse altitude, donc de grande longueur du fait de l épaisseur des massifs traversés à leur base (d où la dénomination «tunnel de base»). La ligne voyageurs, après avoir franchi en tunnel le chaînon de Dullin puis celui de l Epine, passera par Chambéry et fournira l opportunité d y construire une nouvelle gare assurant l interconnexion avec les dessertes des villes du Sillon alpin, et notamment Annecy et Genève. La ligne fret sera exploitée pour partie en autoroute ferroviaire (camions chargés sur les trains) ; un tel service existe déjà en phase de développement- entre Aiton et Turin, en empruntant la ligne historique par le tunnel du Mont-Cenis. La modernisation du tunnel historique du Mont-Cenis, puis la mise en service de la nouvelle ligne permettront de lui donner une toute autre ampleur, en particulier avec la localisation d une nouvelle plate-forme 2

logistique de transfert route-rail, rail-route, dans la grande région lyonnaise, mais qui resterait compatible avec le maintien de la plate-forme actuelle d Aiton, notamment pour capter les trafics en provenance du Sud. Avec près de 300 kms de lignes nouvelles, dont près de 120 kms cumulés en tunnel, la liaison Lyon-Turin constitue évidemment un projet d une ampleur exceptionnelle : pour en donner un ordre d idées, le coût global en est actuellement estimé à environ 17 milliards d euros. 4 L état d avancement du projet a) La section proprement française Plusieurs décisions ministérielles sont venues, au cours des cinq années passées, préciser les tracés retenus, les calendriers de phasage de la réalisation et prescrire les procédures à mettre en œuvre. Dès mars 2002, le tracé de la ligne à grande vitesse voyageurs, passant par Chambéry, a été fixé par le Ministre des Transports qui a approuvé l avant-projet sommaire correspondant en juillet 2003. En mai 2004 a été retenu le principe de tracé de la ligne mixte en Maurienne, par jumelage avec le tracé de l autoroute A 43 ; une expertise sur le coût comparé de ce tracé de référence et d une solution avec un plus long parcours en tunnel a été réalisée et, en février 2006, le Ministre a demandé de poursuivre les études. A la même date a été décidé, à la suite des demandes des élus territoriaux concernés, le jumelage des tracés de la ligne voyageurs et de la ligne fret entre Lyon et la Chartreuse, pour réduire les effets de coupure du territoire en regroupant les deux lignes autant que faire se peut au sein d un même corridor. En février 2007, est intervenue une importante décision ministérielle portant sur le phasage de réalisation de la partie proprement française du Lyon-Turin. Prenant pour référence l horizon de mise en service du tunnel de base franco-italien, elle prévoit de réaliser dans cette même phase et par priorité les éléments du projet situés entre Lyon et le secteur de Montmélian. Il s agit de : la première phase de la ligne fret entre Lyon et le secteur de Montmélian, y compris le tunnel (à un seul tube en première phase) sous la Chartreuse, la ligne voyageurs entre Avressieux et Chambéry par un tunnel à double sens de circulation sous les chaînons de Dullin et de l Epine, ce schéma implique que la ligne fret ainsi construite soit exploitée de façon mixte (voyageurs + fret) entre Lyon et Avressieux pendant la durée de la première phase. La réalisation de ces éléments du projet permettra d obtenir, dès cette première phase, une part très significative des avantages attendus du projet global : en termes de fret, possibilité d acheminer 20 millions de tonnes supplémentaires par an entre la France et l Italie par voie ferrée ; pour les voyageurs, le gain de temps de parcours sera, au départ de Lyon, de 55 minutes vers Turin (avec le tunnel de base), de 22 minutes vers Chambéry, de 29 minutes vers Aix-les-Bains et Annecy. 3

Les autres éléments du projet global, ligne voyageurs à grande vitesse entre Lyon et Avressieux, deuxième tube du tunnel fret de Chartreuse, tunnel de Belledonne et nouvelle ligne mixte jusqu à Saint-Jean-de-Maurienne se trouvent donc, dans l esprit de cette décision, envisagés à un horizon de temps postérieur à la mise en service du tunnel de base. En revanche, le Ministre a demandé que, dès la première phase, soient étudiées des mesures environnementales sur la ligne actuelle en Maurienne pour limiter l impact des augmentations de trafic prévues et, d autre part, que soit étudié le développement du service d autoroute ferroviaire avec une nouvelle plate-forme d échange à l Est de Lyon. En termes de procédure, le tracé de la ligne dans sa partie située dans le département de la Savoie a fait l objet d un arrêté préfectoral du 10 août 2006, dit de «prise en considération», permettant de surseoir à statuer sur toute demande d autorisation de construction ou de travaux à l intérieur du fuseau d étude de la ligne. Le dossier d avant-projet sommaire de la section proprement française a été élaboré par RFF, dans le cadre fixé par les décisions ministérielles précitées, et mis à disposition des autorités de l Etat au début de l année 2009. La consultation des collectivités territoriales menée sous l autorité du Préfet de la région Rhône-Alpes est prévue dans le courant du printemps ; à la suite de cette phase de consultation, le Ministre arrêtera l état du projet appelé à être soumis à enquête publique ; à l issue de celle-ci interviendra la déclaration d utilité publique, envisagée dans le courant de 2010, ouvrant la voie aux acquisitions foncières et aux premiers travaux de réalisation. b) La section internationale C est aujourd hui, côté français, la partie la plus avancée du projet. Sur la base d un avant-projet de référence approuvé, la déclaration d utilité publique est intervenue en décembre 2007, permettant l engagement des acquisitions foncières (qui concernent essentiellement le bassin de Saint-Jean-de Maurienne). Un certain nombre de procédures d acquisition sont actuellement en cours ; elles sont, à titre transitoire, réalisées par l Etat à l aide des crédits de l Agence de Financement des Infrastructures de Transport -, dans l attente de la mise en place du futur promoteur de la section internationale, appelé à succéder à l actuelle société LTF à laquelle ses statuts donnent mission de mener la phase d études et de reconnaissances mais non pas celle de réalisation de l ouvrage. Un nouvel accord binational, venant compléter le traité de Turin de 2001 et le mémorandum de Matignon de 2004, est appelé à être conclu en 2010 : il procèdera à la mise en place du promoteur chargé de la réalisation, à la fixation définitive du tracé et du plan de financement. Mais au-delà de son volet de procédure, la section internationale est d ores et déjà un chantier important sur la partie française de son tracé : trois «descenderies» ont été creusées ou sont en cours d achèvement en Maurienne, à La Praz, Saint-Martin-la-Porte et Villarodin-Bourget/Modane. Ces galeries, reliant la vallée à l axe souterrain du futur tunnel principal remplissent une triple fonction : en phase d études, elles jouent un rôle de reconnaissance géologique et hydrogéologique ; en phase de réalisation du tunnel, elles permettront l attaque sur plusieurs fronts simultanément pour réduire les délais de creusement ; en phase d exploitation, elles permettront la ventilation du tunnel et l accès routier pour la maintenance et la sécurité/secours. 4

La longueur cumulée des trois galeries est d environ 9 kms. Les chantiers ont employé environ 500 personnes au plus fort de l activité. (pour plus de détails sur ces chantiers de descenderies, consulter le site LTF grâce au lien www. ; pour plus d information sur les effets de ces chantiers sur les territoires qui les accueillent, consulter cidessous le No 1 de la lettre d information Grand Chantier ). Le budget global des études préliminaires et travaux de reconnaissance, pour la période 2001/2009 se monte à 535 millions d euros, pris en charge à 50 % par l Union Européenne. Pour la période 2007/2013, l UE a accordé à la France et à l Italie une subvention de 672 millions d euros destinée à couvrir la fin du programme d études et de reconnaissances et les premiers travaux de réalisation. c) La section italienne Côté italien, le projet s est heurté à des oppositions vigoureuses et parfois violentes en Val de Suse, notamment à l automne 2005, qui ont bloqué le démarrage des travaux de reconnaissance. Depuis cette phase, les autorités italiennes ont modifié le cadre juridique d instruction du projet et multiplié les instances techniques et politiques de concertation et d instruction. Elles ont également accepté de soumettre à cette démarche plusieurs options alternatives de projet et de tracé. Le Gouvernement italien a néanmoins pu s engager envers son partenaire français et envers l Union Européenne à mener à bien le programme de travaux prévu sur la période 2007/2013, ce qui a permis l octroi par l Union de la subvention évoquée ci-dessus. L instance de concertation avec les collectivités locales, dénommée Observatoire technique du Val de Suse, a entamé au début 2009 la dernière phase de ses travaux qui doit déboucher sur une proposition de tracé d ici l été et un début des travaux de reconnaissance avant la fin de l année. Les autorités italiennes affirment que ces échéances sont compatibles avec le respect du calendrier binational et le lancement des travaux du tunnel de base prévu en fin 2012/début 2013. 5 - Les perspectives S agissant de la section internationale, si on laisse de côté les aléas liés à la conduite du projet en Italie, les perspectives sont assez claires. La DUP intervenue fin 2007 permet d engager la phase de maîtrise foncière de l emprise des ouvrages. Parallèlement la société LTF poursuit ses études économiques, financières et juridiques : il s agit de proposer aux deux Etats le meilleur montage institutionnel et financier (vraisemblablement un partenariat public-privé) et la désignation d un maître d ouvrage pour la réalisation puis l exploitation de la ligne. Ces décisions devront s inscrire dans un nouvel accord binational dont la conclusion est envisagée pour 2010. 5

Ce dispositif est prévu pour permettre le lancement opérationnel de l opération en 2012/2013 ; un délai de l ordre de 10 à 12 ans de chantier permet d envisager un horizon de mise en service de la ligne nouvelle dans les premières années de la décennie 2020. En ce qui concerne la partie proprement française, le même horizon de temps est fixé pour la mise en service de l ensemble de la configuration retenue en première phase, sachant que certaines de ses composantes pourront être prêtes plus tôt. A plus court terme, RFF a élaboré l avant-projet sommaire (APS), ouvrant la voie à une procédure de DUP en 2010. Très concrètement, est envisagée à une échéance assez proche la mise en chantier d une descenderie à Saint-Thibaud-de-Couz pour préparer la réalisation du tunnel sous la Chartreuse. Sur le plan financier, les grandes collectivités territoriales de Rhône-Alpes se sont engagées, en signant en mars 2007 un nouveau protocole avec l Etat, dans un schéma de cofinancement de la partie française du Lyon-Turin. 6