Multi-Cluster Initial Rapid Assessment MIRA. Moyen Chari, Tandjilé, Mayo Kebbi Est - Tchad



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Multi-Cluster Initial Rapid Assessment MIRA Evaluation Initiale Rapide Multi-Cluster sur les inondations au Moyen Chari, Tandjilé, Mayo Kebbi Est - Tchad Clusters WASH, Santé, Protection, Sécurité Alimentaire et Sous Cluster Protection de l Enfance Septembre 8-15, 2012

Une évaluation conjointe menée par des membres des clusters Securité Alimentaire, WASH, Santé, Protection et Sous cluster Protection de l enfance, coordonnée par OCHA Membres: UNICEF, UNHCR, COOPI, OMS, CRS, CARE International, OCHA, LWF, FAO, WFP Avec l appui de: Belacd/Caritas, CRT et les Comités Régionaux d Action, World Vision, CELIAF, ONDR Photo Couverture: Des sinistrés attendent une distribution des vivres à Misseré, Tandjilé. Credit: OCHA Tchad

iii Sommaire 1.! INTRODUCTION!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!#! 2.! METHODOLOGIE!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!$! 3.! LES CAUSES DE LA CRISE ET DES FACTEURS SOUS-JACENTES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!%! 4.! SARH, MOYEN CHARI!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!&! 4.1 AMPLEUR DE LA CRISE ET LE PROFIL HUMANITAIRE!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!&! 4.2 SITUATION DES POPULATIONS DANS LES REGIONS AFFECTEES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!'(! 4.3 CAPACITES DES ACTEURS NATIONAUX ET REPONSES!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!')! 4.4 CAPACITES DES ACTEURS INTERNATIONAUX ET REPONSES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!'*! 4.5 ACCES HUMANITAIRE!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!'*! 4.6 COUVERTURE DES BESOINS ET GAPS!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!'*! 5.! MARO, MOYEN CHARI!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!'#! 5.1 AMPLEUR DE LA CRISE ET LE PROFIL HUMANITAIRE!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!'#! 5.2 SITUATION DES POPULATIONS DANS LES REGIONS AFFECTEES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!'$! 5.3 CAPACITES DES ACTEURS NATIONAUX ET REPONSES!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!++! 5.4 CAPACITES DES ACTEURS INTERNATIONAUX ET REPONSES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!+)! 5.5 ACCES HUMANITAIRE!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!+)! 5.6 COUVERTURE DES BESOINS ET GAPS!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!+)! 6.! LAI ET SES ENVIRONS, TANDJILE!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!+*! 6.1 AMPLEUR DE LA CRISE ET LE PROFIL HUMANITAIRE!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!+*! 6.2 SITUATION DES POPULATIONS DANS LES R!GIONS AFFECTEES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!+$! 6.3 CAPACITES DES ACTEURS NATIONAUX ET REPONSES!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!)(! 6.4 CAPACITES DES ACTEURS INTERNATIONAUX ET REPONSES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!)+! 6.5 ACCES HUMANITAIRE!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!))! 6.6 COUVERTURE DES BESOINS ET GAPS!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!))! 7.! BONGOR ET GOUNOUGAYA, MAYO KEBI!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!)*! 7.1 AMPLEUR DE LA CRISE ET LE PROFIL HUMANITAIRE!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!)*! 7.2 SITUATION DES POPULATIONS DANS LES REGIONS AFFECTEES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!)#! 7.3 CAPACITES DES ACTEURS NATIONAUX ET REPONSES!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!)&! 7.4 CAPACITES DES ACTEURS INTERNATIONAUX ET REPONSES!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!),! 7.5 ACCES HUMANITAIRE!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!),! 7.6 COUVERTURE DES BESOINS ET GAPS!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!),! 8.! RECOMMANDATIONS ET PRIORITES STRATEGIQUES HUMANITAIRES!""""""""""""""""""""""""""""""!*'! -../0!12!3145/!6/4!1.789:-5/;94!<3/4!"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!**! -../0!112!589!6/!3-!:14418.!""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""!*%!

iv Figure 1 - Champs agricoles inondés dans la Tandjilé - OCHA

5 1. INTRODUCTION En Juillet et Aout 2012, des pluies diluviennes ont causé des inondations dans plusieurs localités du Tchad, notamment dans la région du Kanem, Guera, Sila, Salamat et les Départements du sud du Tchad, dont les plus touchés sont la Tandjilé, Mandoul et Mayo Kebbi Est et Ouest. Vu le manque dʼinformation sur les régions les plus affectées dans la région sud, le Coordonateur Humanitaire et lʼequipe Humanitaire Pays (HCT en anglais), avec lʼappui de la coordination Intercluster (ICC en anglais), ont chargé OCHA dʼorganiser une mission multi-cluster dʼévaluation rapide sur lʼimpacte humanitaire des inondations dans le Mayo Kebbi est, Tandjilé et Moyen Chari. Un groupe de travail technique a été établi avec des représentants des clusters WASH, Santé, Sécurité Alimentaire, Protection et du Sous-cluster protection de lʼenfance pour la planification. Le groupe de travail sʼest réuni deux fois pour la préparation de la mission, la révision des donnés secondaires, définition des scenarios de crises préliminaires et répartitions des tâches et responsabilités. OCHA a assuré une formation pour les membres de la mission sur les outils méthodologiques pour la mise en oeuvre des missions dʼévaluation rapides multi-clusters, selon les directives et guides émanant de lʼiasc Task force on needs assessment comme lʼapproche MIRA (Multi- Cluster Initial Rapid Assesment) et lʼiasc Guidance on Coordinated Assessments. La mission sʼest basée sur lʼexpérience et leçons tirées du groupe de travail sur les évaluations des besoins multi-secteur au Tchad, établi par le Coordonateur Humanitaire entre Novembre 2011 et Février 2012. La mission MIRA sur les inondations au sud du Tchad a eu comme 3 objectifs principales : La mise en œuvre d'une mission multi-cluster pour lʼévaluation de lʼimpact des inondations sur les communautés à Sarh et Maro au Moyen Chari, Laï et ses environs dans la Tandjilé, Gounougaya et Bongor dans le Mayo Kebbi. Identifier les besoins dʼurgence, les gaps de réponse et formuler des recommandations dʼactions aux Autorités nationales, aux organisations membres des clusters humanitaires et les bailleurs de fonds. Renforcement de capacités de la coordination des missions multi-secteurs dʼévaluation des besoins. En utilisant les outils méthodologiques développés par le IASC Needs Assessment Task Force, en conformité avec les recommandations de lʼagenda Transformative du IASC, cette initiative consolidera et renforcera la capacité de la communauté humanitaire au Tchad dʼorganiser des missions multi-clusters plus efficaces. La mission sʼest déroulé entre le 08 et 15 Septembre et a été composée par 13 fonctionnaires de plusières organisations humanitaires membres des clusters. Il sʼagit notamment de CARE International, FLM, CRS, COOPI, UNICEF, UNHCR, WFP, FAO, OMS et UNOCHA. La mission a compté avec lʼappui de la CRT, BELACD/CARITAS, World Vision International et les CRAs. Pour plus de détailles, veuillez se référer aux termes de référence de la mission en annexe.

6 2. METHODOLOGIE La méthodologie de la mission dʼévaluation a été adaptée au contexte des inondations au Sud du Tchad prenant comme base le manuel MIRA développé par lʼiasc Task Force on Needs Assessment. Une révision des données secondaires disponibles a été entamée par lʼéquipe lors de la deuxième réunion de préparation. Ces discussions ont permis de définir un scenario de crise préliminaire. En plus, des interviews avec des informateurs clés spécialistes sectoriels et des groupes des discussions spécifiques pour des hommes et femmes ont été organisés dans des zones identifiées comme prioritaires pour lʼobtention des données désagrégées, avec lʼutilisation de la méthode de échantillonnage ciblé (purposeful sampling). La ville de Sarh a été divisée entre 3 zones, notamment Sahr Rural, Sarh Urbaine près du fleuve et Sarh urbaine élevé. Laï et ses alentours ont été divisés entre Lai Urban, les sites de déplacés à Béré et les communautés au long de la route Lai-Djoumane. Gounougaya a été divisé entre le canton Gounou et le site de déplacés au quartier centre. Maro a été découpé entre deux zones de ciblage, notamment les zones rurale et Sido. Les groupes de travail à Bongor ont été organisés dans le site de déplacés Sile I et dans le nouveau site de déplacés dans la foret Tcharayé. Un groupe de discussion avec les hommes et un autre avec les femmes des villages au tour de la route Bongor-Kelo, au niveau de Ham, a été organisé aussi. Veuillez consulter lʼannexe 1 pour la liste des informateurs clés. Les analyses sur la situation humanitaire et ampleur de la crise sont basées sur lʼinformation récoltée directement de la population, des discussions avec des informateurs clés, des donnés secondaires disponibles et de lʼobservation directe des membres de lʼéquipe. Les gaps de réponse et besoins urgents ont étés définis en référence aux standards humanitaires minimaux SPHERE. Figure 2 Groupe de discussion avec les femmes déplacées à Béré, Tandjilé - OCHA

7 3. LES CAUSES DE LA CRISE ET DES FACTEURS SOUS-JACENTES Depuis la fin de la première semaine du mois de juillet, une grande partie des Régions du Tchad est inondée mettant de ce fait les populations dans une situation précaire. Ce phénomène cyclique est la résultante de deux principaux facteurs, notamment la forte pluviométrie et du débordement des fleuves. Indices pluviométriques enregistrés au 31 Juillet 2012* Région Localités Juillet 2012 en mm Moyen Chari Mayo Kebi Sarh Kyabé Moissala Moussafoyo Léré Gounougaya Bongor Lagon 830,4 376,3 556,6 711,6 639,5 766,8 468,0 513,8 Juillet 2010 en mm 227,7 236,5 N/A N/A 126,8 186,9 386,2 345,2 Juillet 2011 en mm 331,0 199,5 551,8 232,7 276,8 393,4 174,1 160,9 En effet, la plupart des régions inondées sont situées dans une zone de transition entre le climat oubanguien (tropical humide à petite saison sèche marquée par un Tandjilé* Lai NA N/A NA Mandoul Koumra Bédjondo Péni 307,4 318,1 333,5 292 N/A 337,5 *Information pour la Tandjilé non-disponible (Source: Ministère des Affaires Etrangères et DREM République du Tchad) 189,4 100,5 112,2 ralentissement des pluies entre une petite saison humide et une longue saison de pluie) et le climat sahélien (tropical sec à une saison de pluies), les pluies commencent par quelques précipitations en Avril (sensiblement 4 jours et à peu près 44 mm) et durent jusquʼen octobre en passant par des maxima de juillet, août et septembre avec une moyenne de 250mm en 15 jours. La moyenne annuelle établie sur vingt trois ans (1980-2003) est de 1212,5mm répartis sur 76 jours. De plus, le profil topographique du Tchad est une cuvette drainée par plusieurs cours dʼeau et de lacs. La plupart des principaux cours dʼeau prennent source en Centrafrique et au Cameroun. La variation de leur niveau obéit au rythme pluviométrique dʼune part et dʼautre part à tout phénomène pouvant entrainer lʼaugmentation des fleuves tel que la Benoué et la Mbéré au Cameroun, lʼouham, la Yassa, la Bimingui pour ne citer que ceux ci en Centrafrique. Les facteurs déterminant de la vulnérabilité à ces inondations sont entre autres: La propension des certaines populations à habiter aux abords des fleuves et même à construire des maisons dans les anciens lits des fleuves devenus secs. Le Tchad ayant de longues périodes sèches, les lits de certains bras des fleuves ont été complètement asséchés et occupés. La qualité précaire des matériaux ayant servi à la construction des maisons notamment les briques en terre battue et le toit de chaume, très rarement les tôles pour les plus nantis ; Le manque de préparation à la gestion de tels types crises. Bien que récurrentes, les inondations ont toujours pris de cours l ensemble des acteurs au niveau du Tchad faute d un système d alerte fonctionnel d une part et de plan de contingence d autre part tant au niveau national que régional.

8 4. SARH, MOYEN CHARI Des fortes pluies diluviennes abattues plus tôt que prévu et le débordement du fleuve de Bahr- Kôh ont occasionné des inondations sur une grande étendue de la région de Moyen Chari, particulièrement dans le centre-ville Sarh, les villages environnants de Sarh et les villages riverains de deux fleuves (Chari et Bahr-Kôh), occasionnant dʼimportants dégâts aussi bien sur le plan matériel que sur le plan agricole et affectant les conditions de vie et la dignité des populations. La position géographique, le contexte lithologique du sol, le profil topographique de la commune de Sarh et surtout son altitude inférieure aux deux fleuves qui lʼentourent, le Chari et la Barh-Koh ont contribué aujourdʼhui à lʼaggravation du phénomène des inondations généralisées. Le centreville de Sarh reste moins touché du fait de lʼexistence de réseau de canalisation de la ville par rapport aux villages ruraux environnant le fleuve Barh-Koh qui sont sérieusement touchés par le débordement du fleuve de son lit habituel. 4.1 Ampleur de la crise et le profil humanitaire L impacte des inondations sur la Ville de Sarh Arrondissement Personnes Sinistrés Ménages Sinistrés Chambres Ecroulées Latrines Ecroulées Puits Ecroulés 1ere 2.080 335 479 139 22 106 2eme 6.101 824 1.534 436 83 369 Clôtures Ecroulées 3eme 10.010 1.132 1.842 572 152 337 4eme 1.020 261 96 30 15 52 5eme 8.327 786 825 335 233 429 6eme 7.820 960 1.332 298 239 226 TOTAL 35.358 4.398 6.108 1.800 744 1.519 Source : La délégation de l Action Sociale, La Croix Rouge du Tchad au Moyen Chari et la Commune de Sahr 05 Septembre 2012 Il y a 583 personnes (87 ménages) déplacées (incluant 109 enfants de 0 à 5 ans et 43 femmes allaitantes) dans les structures de 2 écoles (lʼecole Tatala et le Lycée Technique Commercial) dans la ville de Sarh. Source: Liste dʼenregistrement de la Croix-Rouge du Moyen Chari LA REGION DU MOYEN CHARI Au niveau régional il y a une incohérence dans les informations relatives à lʼensemble de la population affectée. Les Autorités régionales et la Croix-Rouge du Moyen Chari sont en train de créer des équipes pour collecter des donnés sur lʼimpact des inondations afin dʼétablir les nécessités dʼintervention et les zones prioritaires. Les autorités régionales, par contre, ont focalisé leur priorité sur la collecte des informations concernant la situation agricole et le bétail.

9 Il y a 122.807 personnes sinistrées et 19.809 maisons/cases dans la Région du Moyen Chari selon les informations préliminaires contenues dans le «Rapport Bilan des Inondations de la Région du Moyen Chari» publié le 8 septembre 2012 par la Cellule Régionale de Crise. Les données concernant le Département de Lac Iro historiquement le plus affecté - ne sortent pas dʼune vue dʼensemble de la zone à cause de son accès difficile. Ces chiffres représentent une estimation initiale et générale de la situation. Les zones rurales les plus touchées sont celles: - au bord des fleuves suite à lʼinondation fluviale; - dans les plaines concaves suite à lʼinondation pluviale. Impacte des Inondations au Moyen Chari Département Personnes Sinistrés Maisons écroulés Département du Barh-Koh 48.568* 4.756 Ville de Sarh 35.358 6.108 Département du Lac Iro 824 2.512 Ville de Kyabé 2.613 435 Département de la Grande Silo 34.360 5.795 Ville de Maro 1.084 203 TOTAL 122.807 19.809 *l équivalent de 6.071 ménages basé sur un moyen de 8 personnes par ménage (Source: Cellule Régionale de Crise) Les taux de mortalité et de morbidité sont bas (4 cas de décès dʼadultes et 23 personnes blessées). La mission a travaillé étroitement avec les services de lʼondr en charge du développement agricole de la zone. Il ressort que des collectes dʼinformation ont été faites sur lʼimpact des inondations sur les cultures. Ces données sont provisoires et lʼondr actualise les informations (en cours). Ci-dessous les données recueillies fin Août 2012. Les données inscrites dans le tableau ci-dessous donnent en plus des informations du Moyen Chari celles du Mandoul car lʼondr Région Moyen Chari couvre également la région du Mandoul. Lʼimpact des inondations sur les cultures au Moyen Chari et Mandoul (Août 2012) Zones Sorgho Mil Pénicillaire Maïs Riz Arachide Ménages affectés Mandoul Oriental 1002,5-430,5 608,5 450,5 1916 Mandoul Occidental 1918 736 273 2598 3228 6005 Barh Sara 250,5 202 214,5 353 201 1453 Barh Kôh 3223,5 280,5 285,5 849 3965 6071 Lac Iro 66,5-7,5 52 53 138 Gde Sido 1552,5 643 976,5 111,5 1350 3803 TOTAL 8013,5 1861,5 2187,5 4572 9247,5 19386

10 Sources :Région ONDR Moyen Chari / Sarh Les données ci-dessus montrent que la culture dʼarachide (source de revenus) est la plus touchée ; viennent ensuite les principales céréales. Au total dans lʼensemble des deux grandes zones agricoles couvertes par lʼondr (Moyen Chari et Mandoul) 19 386 ménages sont sérieusement affectés dans des zones localisées. La majeure partie des ménages agricoles affectés vivent aux abords des deux fleuves. Cette proximité avec le fleuve constitue un atout alternatif au retrait des eaux pour la culture de contre saison (maraîchage). 4.2 Situation des populations dans les regions affectées Sécurité alimentaire La situation alimentaire dans sa globalité sʼannonce très préoccupante actuellement dans la région mais nʼest pas alarmante. Les superficies inondées sont évaluées provisoirement à 20.308 hectares sur un total de 174.111 ha des emblavures selon la Cellule Régionale de Crise du Moyen Chari. Cette situation a évoluée de 9% par rapport aux données disponibles en août 2012. Cette situation alimentaire prendra avec certitude une ampleur plus importante au sortie de cette période de soudure. Les cultures habituellement plus précoces (maïs, arachide) pouvant aider les populations à se soulager de la période de soudure du mois dʼaoût pour la plupart sont entièrement recouvertes par les eaux de pluies. Dans certaines localités, les populations ont tenté de sauver quelques champs avant leurs inondations complètes en récoltant précocement certaines cultures (maïs, arachide, manioc) pour subvenir à leurs besoins immédiats. Mais notons que cette tentative reste insuffisante et déclenche déjà des inquiétudes sur la disponibilité et lʼaccès aux semences à long terme pour la prochaine campagne pluviale pour les ménages les plus pauvres. Dans certaines zones, ces inondations annoncent déjà précocement les conflits agriculteurs/éleveurs. Les plaines où pâturent habituellement les bétails sont sous les eaux. Les zones exondées où subsistent encore quelques cultures constituent aussi les refuges des éleveurs et ceci occasionne la destruction massive et rapide des champs créant ainsi des conflits entre les deux communautés. Mais toutefois, le dispositif de gestion de crises agriculteurséleveurs maîtrise jusquʼà ce jour la situation. Au passage de la mission, la disponibilité et lʼaccessibilité des denrées au niveau des marchés est dans lʼensemble appréciable. Les disponibilités céréalières des commerçants sont globalement moyennes. Il a été estimé à plus de 200 tonnes de céréales confondues sur le marché de Sarh sans compter des stocks retenus aux domiciles des desdits commerçants. Hormis les céréales, il y a une présence massive des autres denrées alimentaires : ce sont des produits secs à savoir les légumineuses et les oléagineux et les produits frais de la saison (feuilles, patates, vouazou et produits maraîchers).

11 Evolution des prix moyens mensuels à la consommation en période de soudure/inondation à Sarh (sac de 100 kg/fcfa) Marché Céréales Juillet Aout Sept. 12 Sept. 11 Ecart Sarh Mil 21000 21500 22500 25000 2500 Sorgho 15000 18000 17500 20000 2500 (Source: Groupement des commerçants Mais 22000 22000 23000 26000 3000 Riz 45000 45000 47000 60000 13000 Les stratégies dʼadaptation des populations affectées par la crise incluent la vente de bois de chauffe ; la migration vers les localités clémentes dʻaccueil ; la remontée précoce des transhumants vers les zones exondées et la cueillette des fruits, feuilles et tubercules sauvages de la nature. Santé Dʼaprès les autorités sanitaires, le paludisme, les maladies diarrhéiques et les maladies dermatologiques sont des maladies récurrentes. Le paludisme apparait comme étant une maladie ayant une incidence significative sur les sinistrés. Parmi les sinistrés, ce sont les enfants et les femmes qui souffrent le plus du paludisme à cause de manque de moustiquaires imprégnées et dʼinsecticides. Les cas de maladies diarrhéiques ne sont pas beaucoup signalés dans les centres sanitaires (source : CASE du Moyen Chari), compte tenu de lʼindisponibilité des données sanitaires sur les maladies hydriques et surtout diarrhéique avant et au moment des inondations. Il nʼy a pas des cas dʼépidémie de choléra ni de poliomyélite qui ont été notifiés. A la suite des inondations, il faut sʼattendre à un risque probable des maladies comme le choléra et autre maladies hydriques à caractère endémique. Access à lʼeau et hygiène Les conditions de vie des sinistrés de Sarh en matière dʼaccès à lʼeau et de services dʼassainissement est précaire. Lʼaccès à lʼeau potable et les pratiques familiales essentielles dʼhygiène de base au niveau communautaire restent problématiques surtout dans les villages touchés et le site proposé pour la relocalisation des sinistrés (Bâtiment ROMANO). A cet effet, la Division Régional de Service dʼassainissement de la ville de Sarh à la suite de sa première réponse a relevé le manque notoire des intrants de traitement de lʼeau et désinfection (eau de javel et chlore). Ce manque limite cruellement les activités dʼappui à la promotion dʼhygiène et assainissement. En effet, tous ces facteurs évoqués augmentent notamment le niveau de vulnérabilité de la communauté vis-à-vis des maladies hydriques et surtout diarrhéiques. Dʼaprès le rapport bilan des inondations de la Cellule Régionale de Crise, il a été fait mention de 1008 latrines écroulées et 744 puits envahis par les eaux dʼinondation. Le risque de pollution des sources dʼeau est réel et généralisé. En général selon les constats fait sur le terrain, le gap en terme de couverture des besoins dʼaccès à lʼeau et assainissement est énorme. Il faut se dire que ces inondations exigent également des mesures de prévention des maladies opportunistes telles que le choléra. La sensibilisation de proximité pour le changement de

12 comportement sur les risques sanitaires doit être considéré transversalement dans les activités de réponse. Logement Les 583 déplacés de la ville de Sarh proviennent du 2ème et 5ème Arrondissements qui sont les plus touchés. Certains déplacés ont en effet perdu leurs biens matériels, leur habitat et leurs sources de revenus. Les autorités régionales ont identifié un nouveau site Villa ROMANO - pour accueillir les 583 déplacés de la ville de Sarh qui sont actuellement accueillis dans deux écoles, afin de libérer les deux écoles pour la rentrée scolaire fixée au 1er octobre. Pendant les Discussions de Groupe, les déplacés ont fortement manifesté leur préoccupation et inquiétude par apport à lʼinsécurité du site ROMANO et ont exprimé leur désaccord dʼy être transférés. Dans les zones rurales, la plupart des sinistrés ont trouvé refuge chez leurs proches parents pour faire face à leur situation de vulnérabilité. Dʼautres sont hébergés dans des structures publiques existantes telles que les écoles (25 personnes au collège dʼenseignement Général du village de Kemnderé) et les églises (94 personnes du village Sako-Banda dans le canton Banda). La plupart des déplacés nʼont pas de moustiquaires, couvertures, nattes, produits dʼhygiène. Lʼintimité au sein de la famille nʼest pas préservée à cause de la promiscuité dans les salles. Les besoins dont les déplacés nécessitent sont: Tentes/bâches ; Moustiquaires, couvertures, nattes ; Kit dʼhygiène ; Nourriture dʼurgence Protection Parmi les personnes sinistrées il y a un grand nombre de personnes vulnérables notamment femmes enceintes et allaitantes, enfants de moins de 5 ans, personnes âgées, personnes handicapées. La réponse doit tenir en compte leur spécifique vulnérabilité. Le site ROMANO choisi pour abriter les sinistrés de la ville de Sarh nʼest pas adéquat à cause de manque de sécurité qui détermine un très haut niveau de risque surtout pour les enfants et les femmes qui représentent la majorité des personnes déplacées. Ces raisons sont les suivantes: Bâtiment-non clôturé, fissuré, présence de trou au niveau du planché; Structure abritant pendant des années des bandits ; Risque de viol de femmes et filles ; Risque de vol des biens ; Certains endroits non éclairés et cachés. La relocalisation des déplacés doit tenir en compte leur protection pour garantir leur sécurité physique, minimiser les dangers occasionnés aux enfants dans leur environnement et éviter les risques liés à la violence sexuelle et physique surtout pour les femmes et les filles.

13 Les sinistrés ont exprimé leur angoisse par rapport à leur déplacement et à leur condition de vulnérabilité pour laquelle un soutien psycho-social est nécessaire, selon les professionnels de santé qui souligne une tendance supérieure au cas de traumatisme. Il nʼy a pas eu de cas dʼenfants séparés et non-accompagnés soulignés, parce que cʼest commun que ces enfants soit récupérés dans la famille étendu. Par contre, il faut tenir compte que cette notion est trop difficilement perçue pour avoir la certitude que ces cas nʼexistent pas. En outre, la crise risque dʼamplifier la traite des enfants, déjà existant dans la région, ainsi que lʼexploitation et lʼabus aux enfants et la violence basée sur le genre contre les femmes et les filles qui nécessite des activités de prévention et de suivi au niveau communautaire. 4.3 Capacités des acteurs nationaux et réponses 97 millions de FCFA reçus par le Moyen Chari de la part des autorités nationales au 9 Sept 2012, dont : 66 millions alloués pour le départements du Lac Iro, Barh Ko et Grande Silo 31 millions alloué pour la Ville de Sarh Une Cellule de Crise présidé par le Gouverneur du Moyen Chari a été créée au niveau régional. La Cellule est composée des membres du Comité Régional dʼaction ainsi que des ONG nationales et de la Croix Rouge du Tchad au Moyen Chari. La Cellule de Crise est déjà intervenu sur les points suivants avec lʼappui de BELACD/CARITAS, la donation du Ministre délégué chargé des infrastructures à la Présidence, dʼun Député et de la Commune de Sarh: Lʼassistance aux déplacés en nourriture et savon. Lʼaménagement du site de la villa ROMANO - nettoyage du site, désinsectisation, désinfection, la construction des latrines, et lʼélectrification. Dʼautre part le Gouvernement a envoyé 12 tonnes de médicaments prédisposés pour la prise en charge du choléra à répartir entre les trois districts sanitaires de la région. De plus, le Service de la Division dʼhygiène et Assainissement de la région, avec lʼappui de lʼunicef et la Croix-Rouge, a traité 5.526 puits avec du chlore et 55 latrines dans le cadre de la prévention du choléra. Le Gouvernement à travers une mission conduite par la Ministre de lʼaction Sociale, de la Famille et de la Solidarité Nationale accompagnée par le Ministre de lʼagriculture et le Ministre de lʼélevage a mis à disposition 97.000.000 de francs CFA pour toute la Région du Moyen Chari. Le Comité de Crise a répartie les fonds dans les différentes zones sinistrés 22.000.000 pour chaque département et 31.000.000 pour la ville de Sarh. La Croix-Rouge du Tchad a des volontaires dans tous les départements de la région que mobilisent pour collecter des données et sont aussi disponibles pour dʼéventuelles distribution des vivres avec un soutien logistique. CELIAF, une ONG nationale, a la capacité de faire une mobilisation sociale en matière dʼhygiène et assainissement à travers ses comités dʼeau dans 36 villages de la région.

14 BELACD/CARITAS distribue des vivres aux 1.784 ménages sinistrés et vulnérables (personnes âgées, personnes handicapées) pour une durabilité de deux mois dans les 3 départements du Moyen Chari en réponse à la situation dʼurgence. LʼONDR principal service décentralisé de lʼetat spécialisé dans le développement rural dispose dʼune solide expérience en terme dʼintervention agricole dʼurgence dans la zone. 4.4 Capacités des acteurs internationaux et réponses Il nʼy a pas dʼinterventions prévues par les acteurs humanitaires internationaux en ce moment. COOPI est situé à Sarh et travaille dans le cadre des projets de développement sur la sécurisation alimentaire dans les cantons périphériques au Parc National de Manda. 4.5 Accès Humanitaire La gravité des inondations est telle que la plupart des villages rurales dans le département du Bahr-Koh situés loin des axes principaux restent inaccessibles par voie routière et lʼaccès au département de Lac Iro est difficile. Dʼaprès les autorités, la situation dʼaccessibilité dans les régions affectées pourrait éventuellement sʼaggraver tout au long du mois de septembre à cause de la montée des eaux (crue) de fleuves (Chari et Barh-Koh). La piste dʼatterrissage à Sarh est fonctionnelle et devrait être envisagée pour la logistique des réponses dʼurgence. 4.6 Couverture des besoins et gaps Le gap principal ressorti de lʼévaluation est le manque dʼinformation sur les chiffres désagrégés (personnes affectées, déplacées, vulnérables, sans abris, blessées, maisons/écoles/latrines/points dʼeau complètement ou partiellement détruites) pour identifier les besoins et les zones prioritaires en dehors de la ville de Sarh. Le Gouvernement prévoit de résoudre cette lacune. Globalement la situation nʼest pas alarmante toutefois lʼampleur des risques est toujours inquiétante. En effet, les besoins de base ne sont pas encore totalement couverts, notamment des intrants pour la désinfection des puits et le traitement des eaux. Dans la ville de Sarh, le Gouvernement en collaboration avec des acteurs nationaux ont répondu aux besoins immédiats des personnes déplacées en distribuant de la nourriture et du savon. Ces personnes nécessiteront toujours dʼune assistance de NFIs pour répondre à leurs besoins de base pendant leur déplacement. Le Gouvernement a reconnu la priorité de libérer les écoles, où se trouvent actuellement les déplacés, pour la rentrée scolaire et a pris des mesures pour trouver une solution temporaire pour abrités ces déplacées dans la villa ROMANO. Cette solution néanmoins présente des

15 problèmes liés à la protection. Il est conseillé quʼun site alternatif soit mis à disposition ou bien que le site prévu soit sécurisé. Aux éventualités probables de lʼaggravation de la situation, les besoins principaux pour toutes les zones affectées sont les activités de prévention, non-actuellement en cours, dans le secteur dʼeau et assainissement et santé pour éviter des éventuelles épidémies et un stock de contingence au niveau région. Dans le domaine agricole, bien que des données provisoires faisant état du nombre de producteurs agricoles affectés existent, une évaluation des besoins réels et populations fragilisées par ces inondations reste à combler. Cependant, pour les ménages pauvres ayant perdu une part importante de leurs récoltes, une assistance pour les cultures de contre saison plus particulièrement le maraîchage permettrait aux ménages de retrouver une source de revenus. Le manque de présence et dʼappui des acteurs internationaux dans les départements de Barh- Koh et Lac Iro reste un gap réel. 5. MARO, MOYEN CHARI La crise dans le Département de la Grande Sido au Moyen Chari a été occasionnée par les grosses pluies qui ont inondé la préfecture de Maro. Depuis 2009 le département a connu de manière récurrente les inondations avec une certaine ampleur au niveau des camps des réfugiés a cause de la situation géophysique des camps. Le département de la grande Dido est situé à lʼextrême sud du Tchad juste à 20 km de la frontière tchado-centrafricaine, bordé à lʼouest par le département de Barh Koh, à lʼest par le département de lac Iro et éloigné de la préfecture de Sarh de 105 km. Il couvre une population totale de 122 391 personnes dont population autochtone =105 375 et refugiés des deux camps : 17 016 personnes Sources : Statistique de la sous Préfecture rurale de Maro Population réfugiée des camps : Moula : 5.833 personnes Yaroungou ; 11.183 personnes (Sources : service de data base de HCR Maro) 5.1 Ampleur de la crise et le profil humanitaire Le tableau ci-dessous montre l ampleur de la crise et le profil humanitaire dans le département de la Grande Sido. Sous-préfecture Ménages sinistres Personnes sinistrées Habitations écroulées Champs inondés Maro Commune 195 1084 203 111ha Danamadji 932 4660 1732 378 ha commune Maro rural 2298 1490 843 2656 ha

16 Danamadji rural 1505 7725 2287 3332 ha Djeke Djeke 1479 7395 727 474 ha Sido 658 3290 206 742 ha Total 7067 35444 5998 7324 ha 5.2 Situation des populations dans les regions affectées La situation est visiblement dure et alarmante car plusieurs ménages dans les sous-préfectures du département visité ont vu leurs maisons et cases détruites, leurs champs complètement inondés, les latrines et points dʼeau inondés, ce qui a un impact négatif sur la situation sanitaire avec un risque élevé dʼépidémie au sein de la population aussi bien refugiée que locale. Sécurité alimentaire Le niveau de sécurité alimentaire dans la zone de Maro est passable au passage de la mission. La mercuriale ci-dessous présentée pour la commune de Maro montre lʼaccès et la disponibilité des produits. Comparaison des prix alimentaires Zone Sorg ho sac 100k g Penil. sac 100k g Riz decor t 1kg Mai s grai n 1kg MARO 2012 Moyenn e Rappel 2011 Hari cot 1kg Poi s de t.1k g Arac hides deco rt 1kg Se sa me 1k g Oig non cor o Ail cor o Bovi ns Unit e 15500 19000 750 200 400 550 350 625 1500 2500 15000 0 15500 19000 750 200 400 550 350 625 1500 2500 15000 0 19000 18000 675 225 400 550 600 600 1900 6000 16300 0 Ovi ns Uni te 2525 2 2525 2 2700 0 Cap rins Unit e Vol aill e Uni te 12500 2500 12500 2500 19000 2000 Ecart % -18,42 +5,55 +11,11-11,11 0,00-41,66 +4,1 6 Source : Chef de secteur ONDR - 21,05-58,33-7,97-6,48-34,21 Les dégâts importants causés par les inondations sur les cultures laissent croire que la situation alimentaire va se détériorer si les pluies maintiennent leurs fréquences et leurs quantités importantes. De plus, il faut noter que les ennemis de culture tels que cicadelle sont déjà signalés dans la zone. Culture Situation dans les deux camps de réfugiés Sup. Inondées CAMP DE MOULA 152 ménages agricoles touchés Situation chez la population hôte Sup. Inondées Danamadji 599 Menages agricoles touches. Sup. Inondées Maro et Sido 2308 Menages agricoles touches.

17 SORGH 95 1674 931,5 O ARACHI 99.5 1329 743 DE MAIS 7.5 1636 508 Penicillair 735 244 e NIEBE 11.75 678 144 Coton 852 108,5 Manioc 265 64 Pois de 45 18,5 terre Patates 49 Voandzo 22.5 u Millet 5.25 Soja 44 15 Sésame 18.25 57 11 Riz 0 22 109,5 Total 259.75 CAMP DE YAROUNGOU: 2003 producteurs agricoles touchés SORGH 554.5 O ARACHI 1076.5 DE MAIS 553.25 Millet 389 RIZ 47.5 2573,25 Total N.B : Les données de la situation des autochtones décrites dans ce tableau ci haut ne prend en compte que trois sous préfectures a savoir Maro, Danamadji et Sido. Notons aussi que les réfugiés du Camps de Yaroungou qui avaient vu leurs rations diminuées seront sans doute encore plus fragilisés avec cette situation. Des solutions alternatives de contre saison sont à prendre en compte pour soulager les populations les plus affectées. Sur le plan de lʼélevage, quelques cas de pathologies ont été signalés notamment de la peau : la Dermatophilose. Avec lʼhumidité constante des enclos et lʼinsalubrité de lʼeau dʼabreuvage, il faut sʼattendre à des maladies, surtout de la voie respiratoire. Le risque de la fièvre aphteuse nʼest pas à exclure. La situation jusquʼici nʼest pas maitrisée du fait que dʼautres pluies continuent à tomber. Santé Les problèmes de santé identifiés se présentent de la façon suivante : Fréquence et croissance élevée des pathologies suivantes :

18 Hôpital de Danamadji Mois Cas de paludisme Décès dus au paludisme Cas de diarrhée Mai 2012 311 0 Juin 2012 313 1 Juillet 2012 3966 7 62 Aout 2012 2069 6 461 Septembre 1053 3 128 2012 Décès dus a la diarrhée En dépit de cette situation de cas de croissance élevée du paludisme, le service de pédiatrie de lʼhôpital de District de Danamadji connait une rupture dʼarthemeter 20 mg. Aussi, il faut noter que malgré ces cas élevés de maladie diarrhéique dans ce contexte dʼinondation, aucune formation sur la prise en charge de choléra nʼa été organisée lʼattention du personnel soignant. Zone de responsabilité de Maro La mission sʼest rendue dans le village de Becana et a constate au cours du ʻfocus groupʼ des cas des infections cutanées survenues aussi bien chez les sujets adultes que chez les enfants. Il sʼagit des vésicules a début prurigineux qui sʼéclate laissant des croutes et sʼétendant de façon excentrique sans un endroit précis de prédilection, accompagnée de douleurs et parfois handicapante. Voir les photos. Dans le village de Mobo, il a été aussi évoqué lors des ʻfocus groupʼ des cas dʼinfections cutanées et de manque de prise en charge par les structures sanitaires liées au manque de médicaments. Les références des urgences dans les structures de second échelon demeure une des préoccupations majeures des populations. Les camps de réfugiés de Moula et de Yaroungou. Les pathologies dominantes dans les camps avant et pendant la crise mois paludisme Diarrhee acqueuse Infection respiratoire aigue < 18 ans > 18 ans < 18 ans > 18 ans < 18 ans > 18 ans Avril 2012 270 43 44 64 81 120 Mai 2012 35 56 77 112 146 215

19 Juin 2012 398 673 17 23 57 84 Juillet 2012 513 745 17 23 57 84 Il faut signaler que la toiture des CNA et CNS se sont envolées avec destruction de tous les intrants et lʼécroulement de la maternité dans le camp de Yaroungou (condition aggravée par les inondations). Autres problèmes de santé Les inondations dans les villages visités ont rendu inaccessibles les centres de santé les plus proches, rendant ainsi difficile les prises en charge précoce des cas de maladies et lʼorganisation des stratégies avancées des activités vaccinales. En outre, il a été signalé des cas dʼaccidents avec blessures par suite dʼécroulement des certaines maisons sans décès et des cas dʼaccident des voies publiques suite aux glissades des usagers. Dans cette situation dʼinondation, au cours des ʻfocus groupʼ les participants ont signalé a lʼéquipe de la mission que les femmes et les enfants ont été parmi les groupes les plus affectés. WASH La situation de lʼapprovisionnement en eau, hygiène et assainissement pose un réel problème de santé publique, avec pratiquement plus de 634 puits ouvert complètement dans lʼeau, plus de 103 forages, 421 puits ouverts totalement inondés, il existe une adduction dʼeau qui alimente la ville de Maro mais ne fonctionne plus faute de chlore et carburant. Les latrines inondées, les déchets solides qui sont inondés et flottent de partout présente un risque criant surtout dans le camp de refugiés de Yaroungou. Il faut noter que le camp de Yaroungou complètement inonde ne dispose que dʼun seul point dʼeau pour une population 11.000 pers. En plein processus de relocalisation, il faut noter que lʼong CARE international est en pied dʼœuvre pour installer les points dʼeau et les ouvrages sanitaires. Il existe un comité dʼassainissement dépourvu des matériels et avec des capacités limitées en termes de connaissance pour booster la promotion à lʼhygiène dans le département de Maro Les quelques forages installés par les organisations ne suffisent pas pour couvrir les besoins en eau dans ce département, la défécation à lʼair libre reste la plus pratiquée dans la zone évaluée. Il y a risque de communication entre point dʼeau et les latrines inondées. Jusquʼici, aucune

20 analyse de ces points dʼeau nʼa été faite ni son traitement et la population tant refugiés quʼautochtones continuent à consommer cette eau. Situation dans les camps La visite faite a permis dʼidentifier les dégâts causés par les pluies et enregistrés les abris écroulés et/ou abandonnés. De ce fait il ressort que les dégâts se chiffrent à environ : 2.000 abris écroulés et/ou abandonnés 800 latrines pleines et écroulées Sur 24 pompes (soit 20 pompes à motricité humaine PMH de Marque India et 4 pompes de marque Vergnet), 16 sont fonctionnelles et 8 en panne. Parmi les 16 forages fonctionnels, seuls 1 forage est utilisé par la communauté pour le moment compte tenu de lʼéloignement des autres forages et lʼaccès difficile à cause de lʼeau. Les 5 fosses à ordures ne sont plus accessibles maintenant ainsi que les 6 aires de lavage. En général le camp de Yaroungou est totalement dans lʼeau et toute la population sʼest déplacée pour sʼinstaller elle-même en dehors du camp là où elle peut trouver de lʼespace sans eau. Nous estimons à 2.500 les ménages du camp qui ont abandonné leurs abris écroulés et/ou inondés et qui nécessitent dʼêtre relocalisés dans un autre site. Camp de Moula: La problématique des eaux de pluie nʼest pas perçue de la même façon quʼau camp de Yaroungou car les dégâts causés au camp de Moula sont relativement moindres du fait que le de ménages ayant quitté leur domicile pour se réfugier à lʼécole en provenance des zones A, B, C et F et sont à environ 300 personnes. Les zones D, E et G ne sont peu touchés malgré quelques abris qui sont délabrés. Une vérification physique des infrastructures était effectuée conjointement avec la CNARR et cela ressort que tous les abris des 4 zones précitées (A, B, C, F) sont soit inondés ou mouillés et en état dʼécroulement. Toutes les latrines sont écroulées ou pleines dʼeau. Les usagers se servent des latrines chez les ménages voisins dans des zones exondées ou à lʼair libre avec risques de contamination. A ce jour, le centre de santé et la zone E se retrouve avec une importante quantité dʼeau suite à la pluie tombée au courant de cette semaine. Pour les quatre zones A, B, C et F, un total de 774 ménages sont à réinstaller contrairement à 519 ménages initialement rapportés et qui concernaient que trois zones seulement. Les 19 forages du camp sont tous fonctionnels mais six dʼentre eux ne sont plus accessibles à cause de lʼeau qui a envahi ces points dʼeau ; le reste des forages est pour le moment utilisé par la communauté. Les latrines dans ces zones ci-dessus citées ne sont pas fonctionnelles. Nous estimons le nombre de 600 latrines écroulées et/ou pleines. En somme la situation dans les deux camps des réfugiés de Maro demeure critique car rien nʼest à lʼabri de lʼinondation comparativement à lʼannée dernière où en cette même période la