Ostéoporose : hommes ou femmes, une même maladie? Introduction p 3. Epidémiologie de l ostéoporose masculine p 4



Documents pareils
Evaluer le risque fracturaire: l outil FRAX (Fracture Risk Assessment Tool)

DENSITOMÉTRIE OSSEUSE : CE QUE LE RADIOLOGUE DOIT SAVOIR

Traitement de l ostéoporose post-ménopausique Janv ier 2006 TRAITEMENT MEDICAMENTEUX DE L OSTEOPOROSE POST-MENOPAUSIQUE RECOMMANDATIONS

La polyarthrite rhumatoïde est-elle une maladie courante parmi la patientèle d'un rhumatologue?

Ordonnance du DFI sur les prestations dans l assurance obligatoire des soins en cas de maladie

TRAITEMENT MEDICAMENTEUX DE L OSTÉOPOROSE CORTISONIQUE

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Apport de la TDM dans les cellulites cervico-faciales

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

OSTÉOPOROSE PRÉVENIR ET AGIR À TOUT AGE

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

Trucs du métier. L arthrite psoriasique en l absence du psoriasis. clinicien@sta.ca. Avez-vous un truc? Son épidémiologie et son expression

La maladie de Still de l adulte

Le dépistage des cancers

INSUFFISANCE CARDIAQUE «AU FIL DES ANNEES»

RÉFÉRENCES ET RECOMMANDATIONS MEDICALES

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

ALTO : des outils d information sur les pathologies thromboemboliques veineuses ou artérielles et leur traitement

L arthrose, ses maux si on en parlait!

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

INDUCTION DES LYMPHOCYTES T- RÉGULATEURS PAR IL2 A TRÈS FAIBLE DOSE DANS LES PATHOLOGIES AUTO- IMMUNES ET INFLAMMATOIRES APPROCHE TRANSNOSOGRAPHIQUE

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

RAPPORT DU CONTROLE DE MARCHE DES DISPOSITIFS MEDICAUX DE DIAGNOSTIC IN VITRO DE DOSAGE DE THYROGLOBULINE

Cinq stratégies essentielles pour prendre soin de ses os après 50 ans.

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

Nous avons tous un don qui peut sauver une vie. D e v e n i r. donneur de moelle. osseuse

LA LOMBALGIE CHRONIQUE : Facteurs de risque, diagnostic, prise en charge thérapeutique

Leucémies de l enfant et de l adolescent

METHODOLOGIE GENERALE DE LA RECHERCHE EPIDEMIOLOGIQUE : LES ENQUETES EPIDEMIOLOGIQUES

Le don de moelle osseuse :

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

dossier de presse nouvelle activité au CHU de Tours p a r t e n a r i a t T o u r s - P o i t i e r s - O r l é a n s

«Les lombalgies chroniques communes à la consultation de rhumatologie du CHU de Fès»

La prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde

SOIXANTE-SEPTIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ A67/18 Point 13.5 de l ordre du jour provisoire 21 mars Psoriasis. Rapport du Secrétariat

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

PRECISION ÉLIMINATION DE L INFLAMMATION. mensuel PRECISION

Chapitre 6 Test de comparaison de pourcentages χ². José LABARERE

N o de contrat : Je demande par la présente une révision de la surprime concernant le numéro de contrat susmentionné. Signé à ce jour de 20

Lombalgie inflammatoire. François Couture Rhumatologue Hôpital Maisonneuve Rosemont Avril 2010

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

LE PSORIASIS ET SES CO-MORBIDITES PARTICULIEREMENT LE DIABETE

Précarité sociale et recours aux soins dans les établissements de soins du Tarn-et-Garonne

Don de moelle osseuse. pour. la vie. Agence relevant du ministère de la santé. Agence relevant du ministère de la santé

Logiciels d éducation à la Nutrition et à l activité physique

Les fractures de l extrémité inférieure du radius (238) Professeur Dominique SARAGAGLIA Mars 2003

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Le don de moelle osseuse

Démarche d évaluation médicale et histoire professionnelle

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

Douleurs des mains. Douleurs des mains les plus fréquentes: pertinence, causes, traitements. C.Zenklusen septembre 2013


Tests de détection de l interféron γ et dépistage des infections tuberculeuses chez les personnels de santé

Migraine et Abus de Médicaments

Que représentent les Spondyloarthrites Axiales Non Radiographiques? Pascal Claudepierre CHU Mondor - Créteil

Innovations thérapeutiques en transplantation

SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS PROFESSIONNELLES. Spondylarthrites. Décembre 2008

I Identification du bénéficiaire (nom, prénom, N d affiliation à l O.A.) : II Eléments à attester par un médecin spécialiste en rhumatologie :

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Le guide du bon usage des médicaments

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

LA RECHERCHE INFIRMIERE: une exigence professionnelle / cas concret. La recherche infirmière. Cas concret : où se déroule-t-il?

Date de l événement d origine Date de récidive, rechute ou aggravation. Date d expiration. Date de la visite. Membre supérieur Membre inférieur

7- Les Antiépileptiques

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

Les Jeudis de l'europe

Ostéoporose chez l homme

Anatomie. Le bassin inflammatoire. 3 grands cadres. 4 tableaux. Spondylarthrite ankylosante. Spondylarthrite ankylosante 26/10/13

{ Introduction. Proposition GIHP 05/12/2014

Collection Soins infirmiers

Accidents des anticoagulants

EVALUATION DES TECHNOLOGIES DE SANTÉ ANALYSE MÉDICO-ÉCONOMIQUE. Efficacité et efficience des hypolipémiants Une analyse centrée sur les statines

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

Rapport de recommandations

MON DOS AU QUOTIDIEN COMPRENDRE, ÉVITER ET SOULAGER LE MAL DE DOS

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

Psoriasis et travail dans le BTP. Pr E. Delaporte

Surveillance des troubles musculo-squelettiques dans les Bouches-du-Rhône

I. TECHNIQUES DE RÉÉDUCATION ET DE RÉADAPTATION 1. KINÉSITHÉRAPIE PASSIVE : PAS D ACTION MUSCULAIRE VOLONTAIRE DU PATIENT

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

L anémie hémolytique auto-immune

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques


Fibrillation atriale chez le sujet âgé

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Chapitre 1 : Introduction à la rééducation périnéale

Problèmes locomoteurs

Item 182 : Accidents des anticoagulants

Céphalées vues aux Urgences. Dominique VALADE Centre d Urgence des Céphalées Hôpital Lariboisière PARIS

LA RESPONSABILITÉ DU RADIOLOGUE Point de vue de l avocat

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

Après un an d enquête, 1176 femmes travaillant au C.H.U avaient répondu à notre questionnaire.

Transcription:

1 20 15 DOSSIER DE PRESSE

20 15 DOSSIER DE PRESSE Ostéoporose : hommes ou femmes, une même maladie? Introduction p 3 1 2 3 Epidémiologie de l ostéoporose masculine p 4 Ostéoporose masculine : savoir y penser p 6 On n a pas les mêmes os, mais on a la même maladie Quelles sont les causes? Quelles sont les conséquences? Comment explorer une ostéoporose chez l homme? p 8 L antécédent de fracture de faible traumatisme L ostéodensitométrie chez l homme La recherche exhaustive de causes d ostéoporose secondaires Evaluation du risque de chutes Conclusion : la prise en charge des patients p 10 Le GRIO p 11 2

Introduction : Ostéoporose : hommes ou femmes, une même maladie? Bernard CORTET Département Universitaire de Rhumatologie et EA4490 59045 Lille cedex On associe volontiers l ostéoporose au sexe féminin, ce qui constitue une réalité épidémiologique. Pour autant, les hommes ne sont pas épargnés par cette affection (loin s en faut). Ainsi il a été démontré que dans la population des sujets de plus de 50 ans, environ 40 % des femmes seront un jour ou l autre concernées par la survenue d une fracture ostéoporotique. Dans la population masculine, ce chiffre est de 15 %, ce qui est loin d être négligeable. Même s il existe des similitudes entre l ostéoporose de la femme ménopausée et de l homme, il y a également un certain nombre de différences. Ainsi, il a été démontré que certains facteurs de risque d ostéoporose sont plus fréquemment rencontrés chez l homme que chez la femme. Il s agit notamment du tabagisme, mais aussi de l intoxication éthylique. Ce dernier point est particulièrement important à la fois en termes de fréquence mais aussi du fait que les effets délétères osseux de l alcool sur le tissu osseux s exercent par différents mécanismes directs et indirects qui contribuent à aggraver la fragilité osseuse. En outre, et en dehors de ces circonstances, il apparaît important lorsque l on est confronté à une ostéoporose chez l homme et particulièrement chez l homme jeune de réaliser un bilan étiologique afin de dépister une éventuelle ostéoporose secondaire. Il existe dans ce cadre un certain nombre d affections digestives, hématologiques, endocriniennes, paucisymptomatiques qui peuvent insidieusement atteindre le tissu osseux et être à l origine d une fragilité osseuse. En ce qui concerne les moyens de dépistage de l ostéoporose masculine, comme chez la femme, la densitométrie osseuse occupe une place privilégiée et on dispose d études de plus en plus nombreuses indiquant que cet outil est un élément important du diagnostic. Ainsi, comme dans la population féminine, une diminution de la densité osseuse est associée à une augmentation conséquente du risque de fracture. De ce point de vue, l association entre baisse de densité osseuse et augmentation du risque fracturaire est tout à fait comparable chez l homme et chez la femme. Il est maintenant bien démontré que certaines fractures ostéoporotiques dites sévères (vertèbre, hanche, bassin, humérus) sont à l origine d une augmentation de la mortalité par rapport à la mortalité attendue compte tenu de l âge de la population concernée. Il a été bien démontré que cette surmortalité est plus conséquente dans la population masculine que dans la population féminine pour différentes raisons incomplètement élucidées. En ce qui concerne la prise en charge thérapeutique, comme chez la femme, elle repose sur une approche non médicamenteuse (lutte contre les facteurs de risque précédemment mentionnés, adaptation des apports en calcium et en vitamine D, encouragement à réaliser une activité physique ), mais aussi une approche médicamenteuse. De ce point de vue, au cours de ces dernières années, notre arsenal thérapeutique s est considérablement enrichi dans le domaine de l ostéoporose masculine et bon nombre des molécules disponibles chez la femme le sont également chez l homme. Tous ces points sont détaillés dans ce dossier de presse, et je vous encourage à vous y référer afin d avoir de plus amples informations sur cette pathologie bien réelle et pour l heure assez méconnue notamment du grand public. 3

Epidémiologie de l ostéoporose masculine Erik LEGRAND Service de rhumatologie, CHU Angers L ostéoporose, fragilité osseuse responsable de fractures non traumatiques, est souvent considérée comme une maladie exclusivement féminine car liée à la ménopause. Cette idée classique est, dans la réalité clinique et épidémiologique, totalement fausse. Les fractures sont en effet fréquentes chez l homme en particulier dans 2 périodes bien distinctes de la vie : entre 15 et 30 ans d une part et après 60 ans d autre part. Chez les hommes jeunes, on observe surtout des fractures traumatiques liées aux accidents de la voie publique, du travail et du sport, accidents plus fréquents que chez les femmes jeunes. Après 60 ans, l incidence des fractures augmente rapidement chez l homme, suivant une courbe exponentielle en fonction de l âge. Ces fractures, liées à l apparition de l ostéoporose, touchent en particulier les vertèbres, l extrémité supérieure du fémur, le bassin, le tibia, l extrémité supérieure de l humérus et plus rarement le poignet. Comme chez la femme ostéoporotique, ces fractures surviennent spontanément (en particulier pour les fractures vertébrales) ou après un traumatisme minime, le plus souvent une chute de sa hauteur dans son domicile, son jardin ou sur la voie publique. En 2013, en France, 177 000 patients, hommes et femmes âgés de plus 50 ans, ont étés hospitalisés pour une fracture, dont 54.563 fractures de l Extrémité Supérieure du Fémur. Parmi ces patients fracturés et hospitalisés, dont les deux tiers ont plus de 70 ans, on retrouve 25% d hommes, chiffre qui indique clairement que l ostéoporose affecte également le sexe masculin. Ces résultats apportés par une étude descriptive exhaustive, à partir de bases Nationales de l Assurance Maladie, montrent également le retentissement de ces fractures, tous sites anatomiques confondus, avec dans l année qui suit : 7% de mortalité soit 6325 décès, 12% de nouvelles fractures et 40% de nouvelles hospitalisations. Enfin dans cette étude, le taux de décès à un an est doublé chez les hommes par rapport aux femmes. La prévalence de l ostéoporose, dans le sexe masculin, dépend évidemment du critère utilisé : - une densité osseuse basse (T-score < -2,5) est ainsi retrouvée chez environ 8 à 10% des hommes de plus de 50 ans, avec une prévalence plus élevée au delà de 70 ans - toujours à partir de 50 ans, on estime que 4 à 6% des hommes présenteront avant la fin de leur vie une fracture de l extrémité supérieure du fémur, avec un âge moyen de survenue de la fracture de 78 à 80 ans - la prévalence des fractures vertébrales, estimée à partir d études radiographiques systématiques, oscille suivant les études entre 12 et 15 % au-delà de 50 ans - finalement, en prenant en compte l ensemble des fractures possibles, on peut estimer que 25% environ des hommes (contre 44% des femmes) présenteront une fracture entre 50 ans et la fin de leur vie. 4

Les conséquences de ces fractures masculines, un peu moins fréquentes que chez la femme ménopausée, sont toujours plus graves La mortalité intra-hospitalière (premier mois après la fracture) est doublée chez l homme après fracture de l extrémité supérieure du fémur et le taux de mortalité à 1 an est estimé entre 31 et 35% chez l homme comparé à 17 et 22% chez la femme. Dans une étude récente, la mortalité à 5 ans atteint ainsi 51% chez les hommes fracturés âgés de plus de 60 ans contre 39% chez les femmes du même âge. Un plus grand nombre de comorbidités (pathologies cardiovasculaires, respiratoires ) chez l homme et la survenue plus fréquente d infections hospitalières expliqueraient ces différences en terme de pronostic vital. Enfin 30 à 50% des hommes nécessitent une institutionnalisation après la survenue d une fracture de l ESF et beaucoup parmi ceux retournant au domicile sont incapables de retrouver leur autonomie antérieure. Les fractures sont moins fréquentes chez l homme Le risque cumulé de fracture après 60 ans chez l homme et chez la femme, après ajustement pour la mortalité Hommes Femmes Toutes fractures 25% 44% Fractures ESF 4% 8,5% Fracture vertébrale 11% 18% Les conséquences des fractures, plus graves chez l homme 952 femmes fracturées > 60 343 hommes fracturés > 60 Suivi 5 ans 26% décès 24% nouvelle Fracture 37% décès 20% nouvelle Fracture Décès : 1 fois/2 Décès : 3 fois/4 Mortalité totale sur 5 ans 39% Mortalité totale sur 5 ans 51% 5

Ostéoporose masculine : savoir y penser Julien PACCOU Département Universitaire de Rhumatologie 59045 Lille cedex Le plus souvent, l ostéoporose est considérée comme une maladie touchant les femmes âgées et survenant après la ménopause (ostéoporose post-ménopausique). Pourtant, les hommes ne sont pas épargnés par l ostéoporose et la découverte de cette maladie n est pas exceptionnelle!!! Il s agit chez l homme d une maladie dont les causes sont plus variées et avec des conséquences encore plus graves que chez la femme. «On n a pas les mêmes os, mais on a la même maladie» Tout au long de leur vie, les hommes ont une masse osseuse plus importante que celle des femmes. De plus, de par leur morphologie, les hommes ont des os plus volumineux que les femmes et donc plus résistants. Les femmes voient leur risque de fracture augmenter essentiellement avec l âge, en particulier après la ménopause. Il n y a pas d équivalent à la ménopause chez l homme mais par contre, ils voient aussi leur masse osseuse diminuer à partir de 50 ans, en partie à cause d une baisse de la production de leurs hormones sexuelles, tout particulièrement la testostérone. Quelles sont les causes? C est vrai que l ostéoporose masculine est moins fréquente que l ostéoporose post-ménopausique. On estime tout de même que 15% des hommes âgés de plus de 50 ans sont touchés par cette maladie. L une des difficultés pour le médecin, c est qu il n existe pas un profil type de patient dans l ostéoporose masculine et il faut donc savoir y penser. C est un peu une version médicale du «Qui est-ce?». En effet, à la différence de ce qui est observé chez les femmes, l ostéoporose chez l homme est, dans plus d un cas sur deux (> 50 %), consécutive à une maladie ou à la prise d un traitement. Les causes les plus fréquentes sont la prise de cortisone, la consommation excessive d alcool, une baisse importante de la testostérone et les maladies du foie et du tube digestif (tableau 1). L autre élément important est qu il y a souvent plusieurs causes associées : l enquête menée par le médecin doit donc être systématique et ne doit pas s arrêter à la première cause retrouvée «qui a dit élémentaire?». Enfin, dans moins d un cas sur deux (< 50 %), chez les patients âgés de 30 à 60 ans, aucune cause n est retrouvée comme étant à l origine de cette ostéoporose masculine. On parle alors d ostéoporose masculine «primitive». Il s agit d une maladie relativement mystérieuse avec une participation génétique probable. 6

Quelles sont les conséquences? Depuis plusieurs années, on sait que l ostéoporose est une maladie fatale. En d autres termes, la survenue d une fracture liée à l ostéoporose entraîne un excès de mortalité dans l année qui suit cette fracture et même au-delà. En plus, cette maladie est plus souvent fatale chez les hommes!!! Leur taux de mortalité est ainsi deux fois plus élevé après une fracture de la hanche que pour les femmes. D ailleurs, les hommes sont plus susceptibles que les femmes d être traités dans un établissement de soins de longue durée à la suite d une fracture de la hanche. Pourtant, malgré le fait que les fractures de la hanche peuvent être plus dévastatrices chez les hommes que chez les femmes, les hommes sont moins susceptibles d être évalués pour l ostéoporose ou de recevoir un traitement à la suite d une fracture. Tableau 1 Causes d ostéoporose secondaires chez les hommes Ostéoporose liée à la prise de cortisone Baisse importante de la testostérone Consommation excessive d alcool Maladies de certaines glandes (thyroïde ) Maladies du foie et du tube digestif Certains rhumatismes inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde et spondylarthrite ankylosante) Bronchites chroniques Médicaments dans le cancer de la prostate 7

Comment explorer une ostéoporose chez l homme? Karine BRIOT Service de Rhumatologie, Hôpital Cochin, Paris En dépit de connaissances récentes, la prise en charge de l ostéoporose chez l homme reste difficile : la sous-estimation et la méconnaissance du risque d ostéoporose, l intrication de nombreux facteurs étiologiques rendent la démarche diagnostique et l identification des hommes à risque de fracture plus complexe. L identification des hommes à risque de fracture est nécessaire car la majorité des traitements anti-ostéoporotiques qui ont prouvé leur efficacité chez les femmes ménopausées est aujourd hui disponible chez l homme. L antécédent de fracture de faible traumatisme La survenue d une fracture de faible traumatisme doit attirer l attention du médecin car c est le principal facteur de risque de nouvelle fracture comme chez la femme après la ménopause. C est également une bonne indication de mesure de la densité minérale osseuse nécessaire pour évaluer le risque de fracture. L ostéodensitométrie chez l homme La réalisation d une ostéodensitométrie est remboursée chez l homme en France dans certaines conditions : antécédent de fracture de faible traumatisme, maladies et traitements inducteurs de l ostéoporose (Tableau 2). Bien qu il n y ait pas de consensus, la définition de l ostéoporose proposée par l OMS peut être appliquée chez les hommes. Comme dans l ostéoporose postménopausique, le seuil densitométrique de l ostéoporose (T score -2,5) est utile pour faire le diagnostic mais n est pas suffisant pour prédire le risque de fracture. Chez l homme, la relation entre la diminution de la densité osseuse mesurée à la colonne lombaire et le risque de fracture est plus inconstante que chez la femme, du fait de la présence de remaniements dégénératifs de la colonne vertébrale qui surestiment la mesure à la colonne vertébral. Chez l homme c est la mesure à la hanche qui est plus prédictive ; ce site est par ailleurs intégré dans le score FRAX destiné à prédire le risque de fracture. La recherche exhaustive de causes d ostéoporose secondaires Compte tenu de la fréquence des causes d ostéoporose secondaires, la recherche de facteurs de risque et de causes d ostéoporose secondaire doit être systématique. Plusieurs facteurs de risque peuvent être associés et l enquête diagnostique systématique, ne doit pas s arrêter à la première étiologie Le risque de fracture est corrélé aux anomalies de l architecture osseuse et au nombre de facteurs de risque. Les causes les plus fréquentes d ostéoporoses secondaires sont la prise de corticoïdes, l alcoolisme, l hypogonadisme et les maladies hépatiques et digestives chroniques. En l absence de signes d orientation, un examen sanguin plus large que celui réalisé chez la femme est nécessaire. Le dosage de testostérone peut être réalisé chez les hommes plus jeunes (< 50 ans) ou en cas de symptômes. Une exploration du fer à la recherche d une surcharge en fer (hémochromatose) étiologie d ostéoporose masculine est également réalisée. 8

A la différence des femmes, l ostéoporose est dans environ un cas sur deux secondaire à une maladie, à la prise d un traitement ou à l exposition à un facteur de risque. Une étude conduite chez des hommes suivis pour ostéoporose a montré que les facteurs de risque d ostéoporose les plus fréquents sont : le tabagisme, les apports calciques insuffisants, l insuffisance en vitamine D et les maladies pulmonaires chroniques. Evaluation du risque de chutes. Chez l homme il existe une relation significative entre le niveau de performance physique (force musculaire, équilibre) et le risque de fracture de hanche. Les facteurs de risque de chutes sont des déterminants majeurs du risque de fractures chez les sujets plus âgés. Chez l homme âgé de plus de 70 ans, l existence d une maladie neurosensorielle à l origine de chutes multiplie le risque de fracture du col fémoral par 5 à 7. La prise en charge du risque de chutes est donc indispensable à la prévention du risque de fracture. Des programmes d exercices physiques ont montré leur capacité à réduire le risque de chutes et de fracture chez l homme. En conclusion Compte tenu d un allongement de l espérance de vie des hommes, des conséquences liées aux fractures et de la mise à disposition des traitements anti-ostéoporotiques, l identification des hommes à risque de fracture est nécessaire. Cette identification repose sur l identification des facteurs de risque, souvent intriqués, la recherche de causes d ostéoporoses et la mesure de la densité osseuse. Tableau 2 Indications remboursées de l ostéodensitométrie chez l homme quel que soit l âge (Décision du 29 juin 2006 de l Union Nationale des Caisses d Assurance Maladie, JO du 30 juin 2006). a) En cas de signes d ostéoporose: Découverte ou confirmation radiologique d une fracture (ou déformation) vertébrale sans contexte traumatique Antécédent personnel de fracture périphérique survenue sans traumatisme majeur (à l exclusion des fractures du crâne, des orteils, des doigts, du rachis cervical) b) En cas de pathologie ou traitement potentiellement inducteur d ostéoporose : Corticothérapie systémique 3 mois consécutifs, dose >7,5mg/j d équivalent-prednisone Antécédent documenté de pathologie ou de traitement potentiellement inducteur d ostéoporose : - hypogonadisme prolongé (incluant l androgénoprivation chirurgicale [orchidectomie] ou médicamenteuse [traitement prolongé par un analogue de la Gn-Rh]), - hyperthyroïdie évolutive non traitée, - hypercorticisme, - hyperparathyroïdie primitive Ostéogenèse imparfaite. 9

Conclusion : la prise en charge des patients Karine BRIOT Service de Rhumatologie, Hôpital Cochin, Paris Bien que longtemps considérée comme une maladie osseuse touchant la femme, l ostéoporose masculine est bien une maladie dont les conséquences sont plus graves en cas de fractures sévères car ces fractures surviennent le plus souvent chez l homme sur un terrain «fragile» avec de nombreuses maladies associées. L identification est cependant nécessaire et utile car la majorité des traitements anti-ostéoporotiques qui ont prouvé leur efficacité chez les femmes ménopausées est aujourd hui disponible chez l homme. L indication d un traitement anti ostéoporotique doit être discutée sur la base d une estimation individuelle du risque de fracture ostéoporotique. Deux situations de risque fracturaire très différentes sont à distinguer. Il existe un antécédent de fracture ostéoporotique : dans ce cas le risque de nouvelle fracture est important et la prise en charge thérapeutique ne se discute pas. Il n existe pas d antécédent de fracture : dans ce cas la quantification du risque fracturaire est plus complexe ; il faut tenir compte du résultat de la densitométrie, des facteurs de risque cliniques de fractures. Le calcul du FRAX peut être utile mais il n existe pas de seuil validé pour la décision thérapeutique chez l homme. La prise en charge non pharmacologique est bien entendu nécessaire : apports calciques suffisants, supplémentation en vitamine D, éviction des facteurs de risque (alcool, tabac) et une activité physique destinée à prévenir les chutes. 10

Le site du GRIO : www.grio.org On trouvera sur le site du GRIO des espaces spécialisés : L espace grand-public permet d effectuer des tests en ligne permet de consulter les dépliants d informations édités par le GRIO permet de visionner 3 films d information : - Ostéoporose, les signes d appel - Le diagnostic de l ostéoporose - Prévenir l ostéoporose. L espace presse donne accès à une base iconographique, contient les communiqués du GRIO donne accès aux communiqués et dossiers de presse édités lors des précédentes Journées Mondiales contre l Ostéoporose (JMO) L espace membres du GRIO n est pas directement accessible. Il contient une base bibliographique importante, des exposés et des publications scientifiques. Les Partenaires du GRIO : Amgen SAS, G E Healthcare-Lunar, Lilly France, Mayoly Spindler, MSD France, Roche Diagnostics France, Rottapharm France, Yoplait France. 11

La Journée Mondiale contre l Ostéoporose est coordonnée en France par le GRIO, Groupe de Recherche et d Information sur les Ostéoporoses, Association loi de 1901 créée il y a plus de 20 ans avec pour objectif non pas l ostéoporose mais les ostéoporoses. Les objectifs du GRIO concernent : Le grand public, en particulier participer aux actions d information, de sensibilisation du Grand Public et des Pouvoirs Publics aux possibilités de prévention et d action contre cette pathologie. Le corps médical, avec pour but l information concernant les faits établis, les progrès en cours et à venir tant dans le domaine diagnostique que thérapeutique. Président : Pr Bernard CORTET - Rhumatologue - CHRU Lille Groupe Projet JMO 2015 Dr Karine BRIOT - Rhumatologue - CHU Cochin - Paris Pr Martine COHEN-SOLAL - Rhumatologue - CHU Lariboisière - Paris Pr Erik LEGRAND - Rhumatologue - CHU Angers Dr Julien PACCOU - Rhumatologue - CHRU Lille Pr Thierry THOMAS - Rhumatologue - CHU St Etienne Dr Florence TREMOLLIERES - Endocrinologue - CHU Toulouse Contact Presse : Catherine Marielle Communication Immeuble Verdi 4156-19 avenue de Choisy - 75013 Paris - Tel. 01 43 21 03 60 catherine-marielle@wanadoo.fr Réalisation Dossier de Presse : DIBCO - 15 rue du Colonel Moll - 75017 Paris - dibco@orange.fr 12