Chapitre 1: Introduction à la théorie de l équilibre à prix fixes



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Transcription:

Chapitre 1: Introduction à la théorie de l équilibre à prix fixes L3 Eco-Gestion/ Faculté de Droit, Sciences Economiques et de Gestion

Plan 1 Rappels sur l utilité espérée La représentation des événements aléatoires L utilité espérée 2

Objectif Analyser les déterminants du comportement microéconomique d épargne, en partant du cadre intertemporel le plus simple (2 périodes), en étendant cette analyse à l horizon infini, et en introduisant progressivement le risque de revenu qui aboutit à l épargne de précaution.

La représentation des événements aléatoires L utilité espérée Les loteries (I) aléa : présent dans presque toutes les décisions économiques (épargne-choix de portefeuille, assurances contre les dommages, assurance-vieillesse, assurance-chômage, profil de carrière heurté,...) quand probabilisable : risque. Sinon : incertitude. Ex. : dé à 6 faces, non pipé. Gain = 10 le résultat. 6 gains possibles, proba uniforme : 1 6 = 0, 166667. autres situations + complexes : énumérer exhaustivement toutes les éventualités, leur associer la probabilité d occurrence. Ex. : risque de chômage.

La représentation des événements aléatoires L utilité espérée Les loteries (II) chaque environnement risqué est comparable à une loterie, donc on le dénommera ainsi. par leurs choix, les agents économiques choisissent une loterie plutôt qu une autre le loteries sont l extension en univers risqué des paniers de biens standard en microéconomie.

La représentation des événements aléatoires L utilité espérée Les hypothèses Due à von Neumann et Morgestern, repose sur les axiomes suivants : complétude : M, N soit M N, soit N M, soit M, transitivité si M N et N T, alors M T, la continuité : si M N T alors il existe une probabilité 0 p 1 telle que pm +(1 p)t = N, l indépendance : si M N, alors pour toute loterie T et tout 0 < p 1, pm +(1 p)t pn +(1 p)t

La représentation des événements aléatoires L utilité espérée L utilité espérée Si ces axiomes sont vérifiées, toute préférence dans cet univers risqué peut être représenté par l utilité espérée : EU = N π i u(m i ) i=1 Ici, alea = revenu, loterie = niveaux de consommation EU = N π i u(c i ) i=1 On imposera u (c) > 0, u (c) < 0.

La représentation des événements aléatoires L utilité espérée La fonction CRRA Constant Relative Risk Aversion. = aversion relative au risque constante. u(c) = c1 ρ 1 ρ I π i u(c i ) = i=1 I i=1 π i c1 ρ i 1 ρ A noter : utilité espérée donne lieu à des paradoxes (paradoxe de Allais).

Le cadre général 2 périodes de vie : t = 1, 2. revenus (hors revenus financiers) : y 1, y 2, taux d intérêt r, endettement possible. monnaie, 1 seul bien.

Le programme de l agent (I) max u(c 1 )+βu(c 2 ) c 1,c 2,s 1 c s.t. 1 + s 1 = y 1 c 2 = y 2 +(1+r)s 1 CBI Commentaires... max u(c 1 )+β(u(c 2 )) c 1,c 2 s.t. c 1 + c 2 1+r = y 1 + y 2 1+r u (c 1 ) = β(1+r)u (c 2 )

Effet de r > 0 Abaisse le prix de la consommation future effet substitution effet revenu.

Cas de la fonction log Cas particulier : y 2 = 0. max ln(c 1 )+β(ln(c 2 )) c 1,c 2 s.t. c 1 + c 2 1+r = y 1 + y 2 1+r c 1 = 1 1+β c 2 = β(1+r) 1+β [ y 1 + y 2 1+r [ y 1 + y 2 1+r s 1 = y 1 c 1 = β 1+β y 1 1 y 2 1+β 1+r ] ]

L élasticité de substitution intertemporelle L élasticité de substitution intertemporelle est définie par : ) dln( c1 c 2 σ = dln(tms(c 1, c 2 )) Or dans le cas log TMS(c 1, c 2 ) = U (c 1 ) U (c 2 ) = c 1 1 σ = 1 βc 1 2 = p 1 p 2 = 1+r

Le cadre d analyse Risque : modélisé ex ante pour un effet sur le comportement. Les différents risque économiques affectant le ménage : le risque de revenu d activité, le risque de taux d intérêt, le risque sur la structure de dépense du ménage (naissances, décès, maladie, dépendance)

Le cadre d analyse (II) Ici, risque sur le revenu d activité (ou de remplacement). risque en t = 2 : y l 2 < y h 2, probabilités associées π l,π h. Le programme : max u(c 1 )+βe t=1 (u(c 2 )) c 1,c 2,s 1 c s.t. 1 + s 1 = y 1 c 2 = y2 i +(1+r)s 1

La résolution (I) CBI en univers risqué? Non induction rétrospective (backward induction) : u(c 2 ) = u(y i 2 +(1+r)s 1 = u(y i 2 +(1+r)(y 1 c 1 )) max c 1 u(c 1 )+β ( π l u(y l 2 +(1+r)(y 1 c 1 )) +π h u(y h 2 +(1+r)(y 1 c 1 )) )

La résolution (II) u (c 1 ) = β(1+r)e t=1 (u (c 2 )) effet du risque sur l utilité marginale espérée? On suppose β(1+r) = 1, et on introduit une petite dose de risque à partir du cas certain : y l 2 = y 2 ε, y h 2 = y 2 +ε π l = π h = 1/2

La résolution (III) A c d 1 inchangé, on effectue un D.L des 2 termes espérés : u (c d 2 ε) = u (c d 2 ) u (c d 2 ) ε+u (c d 2 ) ε2 /2+o(ε 2 ) u (c d 2 +ε) = u (c d 2 )+u (c d 2 ) ε+u (c d 2 ) ε2 /2+o(ε 2 ) ) β(1+r) (1/2 u (c2 d ε)+1/2 u (c2 d +ε) [ ] = β(1+r) u (c2 d )+u (c2 d ) ε2 /2+o(ε 2 )

Comportement d épargne en fonction du risque de revenu Tout dépend du signe de u : si u (c) = 0, choix identique au cas déterministe, si u (c) > 0 : prudence. terme espéré>cas déterministe l agent baisse sa conso courante épargne > cas déterministe : épargne de précaution. si u (c) < 0 : cas peu vraisemblable (u < 0, de + en + < 0 u < 0 au bout d un moment.

Représentation graphique u (c) u (c) u (c 2 - /2) u (E(c 2 )) E(u (c 2 )) u (c 2 + /2) A B c 2 - /2 c 2 c 2 + /2 c E [ u (c 2 ) ] > u (c 2 ) β(1+r)e [ u (c 2 ) ] > β(1+r)u (c 2 ) = u (c 1 )