Service Etudes, Information Géographique Direction de l aménagement et du développement durables 2007 PAYS DE COUTANCES Une économie résidentielle au service du tourisme et des personnes âgées I -Les constats un faible potentiel fiscal par habitant, reflet d une richesse démographique et économique limitée. 1-Démographie Population 1999 / 2005 le plus fort taux de croissance démographique de la région (+ 5 % entre 1999 et 2005) soutenu exclusivement par les flux migratoires, le solde naturel étant négatif en raison de la population âgée sur le territoire. Une attractivité liée à l arrivée de retraités attirés par un cadre de vie de qualité, en particulier sur le littoral, mais aussi à l étalement périurbain de Saint-Lô le long de la D972. Le tourisme et l arrivée de nouveaux habitants génèrent la création d emplois de services et attirent par conséquent de nouveaux actifs qui s insèrent dans l économie locale. L ensemble du territoire bénéficie de la croissance démographique, excepté à proximité des marais du Cotentin. l un des territoires les plus âgés de la région et d ici 2015, la part des plus de 75 ans devrait atteindre près de 13 % de la population du territoire. Or, l offre d hébergement pour personnes âgées (hébergements permanents, notamment médicalisés, et soins infirmiers à domicile) et de services de santé (médecins généralistes en particulier) restent globale-ment limitée. une émigration de jeunes moins marquée qu ailleurs, signe d une assez bonne insertion sur le marché du travail local, comme l atteste la part relativement limitée des jeunes inscrits à l ANPE parmi l ensemble des demandeurs d emploi (les jeunes représentent malgré tout 40 % des inscrits). L arrivée d actifs avec enfants (périurbanisation et économie résidentielle) freine la baisse démographique des effectifs scolaires, en particulier dans les collèges. La présence du CFA de la Manche, situé à Coutances, facilite sans doute l intégration des jeunes dans le tissu économique local. Les formations professionnelles et/ou techniques dispensées sur le territoire sont globalement peu qualifiantes, et il n existe pratiquement pas de formations supérieures (200 étudiants seulement). 1
2-Organisation du territoire enclavement relativement marqué vis-à-vis des axes de communications et des réseaux de transports routiers (A 84) et qualité du réseau ferroviaire insuffisante (état des voies et équipements) qui tiennent le pays à l écart des grands flux régionaux. Couverture numérique moyenne sur l ensemble du territoire. territoire rural organisé autour d un pôle urbain (Coutances) qui ne concentre que 15 % de la population et 36 % des emplois, et relayé par un réseau de bourgs qui confèrent au Pays un maillage territorial dense. Excepté Gavray, tous les bourgs ont gagné de l emploi entre 1999 et 2005, renforçant leur fonction résidentielle. Malgré cela, les temps d accès aux commerces et services sont relativement élevés, en raison sans doute d une offre et d une palette limitée d équipements au sein de chacun de ces pôles (évasion vers Coutances). Le Pays est l un des territoires les plus ruraux de Basse- Normandie (2/3 des habitants). en lien avec la croissance démographique, le pays connaît la plus forte évolution du nombre de logements de la région (+ 10 % en six ans). Les projections de population laissent présager d importants besoins de logements d ici 2015, qui devront être satisfaits par la construction de nouveaux logements neufs - en augmentant notamment l offre locative privée et HLM, peu présente sur le territoire - et en réhabilitant une partie du parc de logements existants (29 % de logements inconfortables en 1999, soit le 2 e rang régional). La pression sur le logement neuf et ancien) conduit à une très forte hausse des prix fonciers (+ 220% sur les terrains à bâtir en 6 ans) et immobiliers (+ 120% pour les appartements anciens ; + 104% pour les maisons anciennes, en particulier sur le littoral). le Pays de Coutances est assez prisé par les franciliens (17 % des transactions) et dans une moindre mesure par les britanniques (4 %), ces derniers optant surtout pour le N/E et le S/E du territoire. le territoire bénéficie d un assez bon niveau d équipement, en particulier dans le domaine sportif et culturel (excepté pour les piscines), mais les structures d accueil de la petite enfance et les services de santé restent globalement limités (baisse de 11 % de médecins généralistes en 6 ans). Conséquence, les temps d accès aux équipements de santé sont relativement longs. Bien que 20 % de la population vive en zone déficitaire en médecins généralistes, il n existe pas à ce jour de projet de maison médicale au sein du Pays. La faible densité médicale est en partie compensée par une forte densité d infirmiers libéraux. une forte densité d artisans sur le territoire. 3-Environnement et tourisme malgré un cadre paysager et environnemental de qualité, le pays ne compte que 15 % d espaces inventoriés dont la moitié seulement est protégée (Natura 2000, Ramsar, Znieff etc.) ; 1/3 du territoire appartient cependant au PNR des marais du Cotentin et du Bessin. un cadre de vie de qualité indéniable, en particulier sur le littoral, qui explique la forte présence de résidences secondaires (20 % du parc de logements) concentrées surtout sur le littoral et accessoirement dans le N/E et le S/E du Pays. Des richesses 2
environnementales menacées par certaines pratiques (conchylicoles, agricoles, touristiques etc.) et par une pression foncière de plus en plus forte (avec conflits d usages sur le littoral) qui se traduit par une forte artificialisation du territoire, en particulier sur le littoral, mais aussi en milieu périurbain dont l extension est très dynamique (autour de Coutances et entre Saint-Lô et Coutances). des capacités d hébergement touristiques relativement bien développées (surtout des campings) concentrées sur le littoral et Coutances, mais en revanche une offre limitée de sites touristiques (monuments historiques et sites majeurs à forte fréquentation) au sein du Pays. Le développement du tourisme est source de développement et de dynamisme sur le plan culturel («Jazz sous les pommiers» etc.), mais les retombées en termes d emplois semblent limitées (la filière touristique n est pas une spécialisation du territoire) au regard du potentiel véritable. 4-Economie peu d entreprises moteur sur le territoire (3 seulement de + 200 salariés) et un faible taux de dépendance à l égard de centres de décision extérieurs. L avenir du territoire repose donc surtout sur ses forces endogènes (80 % des emplois). une économie globalement à faible valeur ajoutée, dans tous les secteurs d activité. 3 orientations économiques principales : l économie résidentielle et le tourisme à Coutances et le littoral, l agriculture et l IAA au Nord et au Sud. D une manière générale, l économie résidentielle constitue le fer de lance de l économie du territoire. Agriculture : -1 er rang régional pour la part d emplois (16 %) et ce malgré un fort recul des effectifs (1/3 en 15 ans) et de la SAU (- 9 % en 12 ans). Très forte orientation vers l élevage bovin (lait), d où des exploitations agricoles de taille réduite (28 ha), et une part importante de chefs d exploitations de plus de 50 ans ; 15 % seulement des exploitations produisent sous signe de qualité, en raison de la faible présence d AOC sur l ensemble du territoire. Le tissu agricole est globalement fragile et dégage la plus faible valeur ajoutée de la région (d où une valeur des terres agricoles relativement peu élevée), malgré la présence d activités maritimes occupant une place majeure dans l économie (pêche, mais surtout ostréiculture et mytiliculture). l industrie agroalimentaire, très diversifiée, constitue le fer de lance de l industrie sur le territoire. Elle prolonge l activité agricole et maritime du territoire, mais les activités agro-alimentaires ne sont pas encore suffisamment tournées vers des activités à plus forte valeur ajoutée. Les principales entreprises sont la SIC Bretagne Normandie (viande) ; Degussa Texturant (additifs alimentaires) ; la Fromagerie de Lessay ; Florette, Soleco et Créaline, (transformation des légumes, valorisation des productions maraîchères le long du littoral). La filière agri-alimentaire est la première pourvoyeuse d emplois du Pays et la filière maritime la 4 ème (juste après les commerces et services locaux, et la construction de l habitat). Industrie : -un secteur globalement peu présent (14 % des emplois seulement), dominé par l IAA. Le secteur industriel a perdu 16 % de ses emplois du fait de la restructuration de grands groupes (Alcatel, Synthelabo). Désengagements qui ne sont pas compensés par l activité des PME-PMI constituant un tissu relativement dense (avec des entreprises de petite taille : 65 % ont moins de 50 salariés, la plus forte proportion observée parmi le 13 3
Pays bas-normands). L activité des PME-PMI concerne surtout le bâtiment et la construction (en forte croissance avec + 20 % d emplois en six ans, les constructions neuves dopant l activité des entreprises de la construction) et des productions plutôt traditionnelles (bois- papier et travail des métaux, cette dernière activité faisant preuve de dynamisme malgré le peu d emplois concernés). Les entreprises industrielles sont faiblement ouvertes sur les marchés extérieurs. Services : -part des services encore en retrait (moins de la moitié des établissements et des emplois), excepté dans le commerce, mais secteur en pleine croissance enregistrant la plus forte évolution de la région. Pour autant, il existe de fortes inégalités spatiales dans la mesure où le secteur tertiaire est principalement concentré à Coutances et sur le littoral alors que dans le même temps, le tissu de commerces et de services tend à s effriter au Nord, au Sud et dans l arrière-pays. Le tourisme et l arrivée de nouveaux habitants dopent l économie résidentielle mais malgré la croissance observée, le niveau d emplois dans le commerce et les services locaux reste limité comparé à d autres territoires. Le développement observé se traduit par une augmentation globale du nombre de commerces et de services à la population sur le territoire, mais l accroissement de l offre ne semble pas générer une forte diversification de la palette existante (en particulier dans les pôles), d où la faible valeur ajoutée dans la sphère des services. la croissance démographique suscite la création d entreprises nouvelles, mais malgré cela, le dynamisme du tissu productif reste limité (12 ème rang pour le taux de créations pures). Les entreprises créées sont en revanche résistantes (1 er rang pour le taux de survie). Pas de problème spécifique de reprises d entreprises au sein du territoire. Le territoire enregistre la plus forte augmentation du nombre d établissements dans les services, en particulier dans la sphère des services aux entreprises (+ 29 % en 4 ans) et des services aux particuliers (+ 13 %). L arrivée de nouveaux habitants maintient par ailleurs le nombre de commerces sur le territoire et suscite la création d emplois dans ce secteur (+ 300 en six ans). excepté la filière agri-alimentaire confrontée aux baisses structurelles d emploi dans l agriculture, les activités moteur du territoire tirent l économie (maritimes, commerce et services locaux, construction et BTP). D autres activités moins présentes dans l économie font également preuve de dynamisme, en particulier le transport de marchandises et la logistique, la banque-assurance et la promotion immobilière (croissance démographique observée sur le territoire), et les services aux entreprises (5 ème filière), ces derniers s étant surtout développés dans les années 90. malgré ce dynamisme général, 1/3 des entreprises du territoire sont en «mauvaise» santé financière d après la Banque de France et les créations d entreprises génèrent peu d emplois, les nouvelles entreprises créées étant pour la plupart des TPE (l emploi total s est accru de 3 % seulement entre 2000 et 2005, alors que le nombre d établissements a lui augmenté de 6 % en l espace de 4 ans). La croissance globale observée est ainsi potentiellement fragile, le dynamisme économique ne reposant que sur la croissance démographique du territoire (développement économique linéaire, à faible valeur ajoutée). 5-Aspects sociaux une MO moyennement diplômée et/ou qualifiée (notamment les ouvriers), mais le plus faible taux d encadrement de la région. Une déqualification manifeste de la MO sur le territoire, en raison du faible niveau de qualification des emplois proposés. 4
un niveau de revenu globalement élevé, se traduisant par une faible précarité financière (concentrée plutôt dans l Est et le S/E du territoire) comparée aux autres territoires. malgré une baisse de 10 % du nombre de demandeurs d emploi entre 2000 et 2006, un chômage de longue durée et une précarité professionnelle relativement importants, avec un fort taux d emploi hors CDI et une des plus faibles part d emplois durables parmi les offres d emplois déposées à l ANPE (35 % en 2005), lié notamment à l exercice d emplois saisonniers. Le dynamisme économique améliore cependant notablement la situation. signe d un certain mal être, un nombre important de suicides est observé sur le territoire (1 er Pays bas-normand). 5
II - Les enjeux vus par la Région un enjeu d élévation de la valeur ajoutée globale de l économie dans toutes les sphères de l économie, en cherchant à diversifier la palette des activités existantes en dehors de la seule sphère de l économie résidentielle. Cet enjeu nécessite un réel désenclavement du territoire pour mieux intégrer le Coutançais dans les flux d échanges. un enjeu de pérennisation du tissu économique local, exigeant une «musculation» des PME-PMI sur le territoire pour accroître leur force de frappe (véritable moteur économique à long terme). un enjeu de pérennisation des activités agricoles et maritimes, prenant en compte les exigences du développement durable et intégrant les nouvelles règles édictées par l OMC et l Union Européenne. un enjeu d accompagnement du vieillissement particulièrement marqué de la population, exigeant un renforcement de la densité médicale et un développement de l hébergement et des services pour personnes âgées. un enjeu d anticipation de l offre de logements pour faire face à la demande potentielle, en agissant notamment sur l offre locative et la réhabilitation du parc de logements anciens, et en régulant et/ou maîtrisant l étalement urbain, en particulier entre Coutances et Saint-Lô. enjeu de pérennisation et de renforcement du maillage territorial, exigeant une élévation de la palette et de la qualité des services offerts au sein des pôles, dans une logique de solidarité ville - campagne, pour éviter notamment une fracture territoriale entre Coutances / le littoral (dynamiques) et la partie «est» du territoire plus fragile. une valorisation des activités touristiques pour accroître leurs retombées économiques sur le territoire, nécessitant une «gestion intégrée des zones côtières» pour préserver la richesse que constitue le littoral et atténuer les conflits d usage sur cet espace convoité. 6