2. SITUATION FINANCIERE DES AGENTS NON FINANCIERS

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Transcription:

2. SITUATION FINANCIERE DES AGENTS NON FINANCIERS L analyse des agents non financiers, comprenant les ménages et les entreprises non financières, revêt indispensable dans l évaluation de la stabilité financière, de par leurs relations avec le système financier, à travers les opérations de placement et d endettement. Les facteurs de risques associés à ces agents économiques seront ainsi appréhendés à travers, leur patrimoine et endettement financiers. La situation de ces agents ainsi que les risques induits sur la stabilité sera appréhendée à travers, d une part, leurs avoirs composés de dépôts, de valeurs mobilières et d assurance vie et d autre part, leur endettement financier qui est exclusivement bancaire. Le faible taux de bancarisation à Madagascar, le revenu moyen assez bas et le coût élevé des services proposés par les banques constituent un frein à l accès des ménages à la sphère financière. Ce sont les entreprises non financières qui restent les acteurs principaux de la croissance économique, et par conséquent, jouent un rôle primordial dans la stabilité du système financier. 2.1 MENAGES La structure du patrimoine financier des ménages à Madagascar est restée plus ou moins stable au cours des quatre dernières années. Elle est constituée, par ordre d importance des dépôts bancaires, des dépôts auprès de la Caisse d épargne de Madagascar, des placements en assurance-vie et des placements en BTA. En 2013, le patrimoine financier des ménages est évalué à 1 856,7 milliards d ariary à fin 2013 (cf. Tableau 9), marquant une hausse de 16,1 pour cent par rapport à 2012. Les dépôts auprès des banques ont représenté 82,0 pour cent de l ensemble, contre 83,1 pour cent en 2012. Les parts des dépôts auprès de la Caisse d Epargne de Madagascar (CEM) ont remonté à 15 pour cent après avoir régressé au cours des deux années précédentes. Celles des placements en BTA et en assurance-vie demeurent faibles de leur côté, en se chiffrant respectivement à 1,0 pour cent et à 2,0 pour cent. Cette progression est surtout soutenue par l augmentation des dépôts dans les banques (16,9 % en 2012 et 13,9% en 2013) et dans une moindre mesure par la progression des dépôts à la CEM et celle de l assurance vie. Par contre, le mouvement inverse est constaté pour les BTA lesquels ont baissé de 26,0 pour cent et de 22,3 pour cent respectivement en 2012 en 2013. Cette baisse pourrait être liée à la persistance de la crise politique, elle marque la préférence des agents économiques pour l argent liquide qui est l actif le plus liquide. Tableau 9. Madagascar : Structure du Patrimoine Financier des Ménages, 2010-2013 (en milliards d ariary, sauf indications contraires) Total du patrimoine financier 1 203,3 1 386,1 1 599,7 1 856,7 Structure (en pourcentage du total) Dépôts 80,7% 81, 83, 82, BTA 2, 2,4% 1,5% 1, CEM 15, 14,5% 13,4% 15, Assurance vie 2, 1,9% 2, 2, TOTAL 10 10 10 10 RAPPORT SUR LA STABILITE FINANCIERE - 2013 33

Les dépôts à vue déposés dans les centres des chèques postaux ne sont pas considérés dans cette analyse compte tenu de leur montant non significatif, de l ordre de 0,1 pour cent du patrimoine total des ménages en 2013. De son côté, la structure des dépôts de ménages n a que légèrement évolué au cours des quatre dernières années. En effet, la part des dépôts à vue a augmenté de 1,9 point de 2010 à 2013 en défaveur des dépôts à terme. Ces derniers regroupent ici toutes les formes de dépôts autres que ceux à vue. Cette tendance pourrait s expliquer de la même manière que l évolution de l encours des BTA. Comparé à d autres économies africaines, émergentes ou développées, le ratio de la dette des ménages qui est le poids de l endettement des ménages dans le PIB, s est accru de manière régulière sur l horizon étudié mais se situe encore à un faible niveau avec un ratio de 2,8 pour cent en 2013. A titre d illustration, ce ratio est de 8,0 pour cent en Inde et 31,0 pour cent au Maroc (cf. Figure 15). Toutefois, l interprétation de ce chiffre est à relativiser compte tenu du faible taux de bancarisation à Madagascar. La dette financière des ménages résidents, constituée de prêts bancaire à la consommation, à l équipement et à l habitat, s est établie à 667,0 milliards d ariary à fin 2013 contre 349,6 milliards d ariary, il y a quatre ans soit une croissance moyenne annuelle forte de 22,7 pour cent (cf. Figure 16). De 18,8 pour cent en 2010, la part des crédits alloués aux ménages rapportée à l ensemble des crédits décaissés a progressivement augmenté pour atteindre 27,4 pour cent en 2013 (cf. Figure 17). Figure 15. Madagascar : Comparaison des Taux d Endettement des Ménages, 2013 6 5 4 3 2 1 Figure 16. Madagascar : Evolution de la Dette des Ménages, 2010-2013 Milliards d'ariary 800 700 600 500 400 300 100 0 Figure 17. Madagascar : Part des Crédits aux Ménages Résidents sur l Encours Total, 2010-2013 29% 27% 2,8% 8, 31, 32, M/car Inde Maroc Afrique du Sud 1,9% 349,6 2, 429,1 2,4% 537,4 2,8% 667 56, France Encours Dettes/PIB ménages (%) 26, 27,4% 25% 2 22,6% 2 19% 18,8% 17% 15% RAPPORT SUR LA STABILITE FINANCIERE - 2013 34

Les crédits à l équipement prennent la part la plus importante avec 67,1 pour cent du total en 2013 (cf. Figure 18). Cette proportion est restée quasiment stable sur les quatre dernières années. La part des crédits à la consommation a connu une hausse continue, de 16,3 pour cent en 2010, elle a atteint 27,7 pour cent en 2013. Cette évolution se fait au détriment des crédits à l habitat lesquels ont diminué de 9,5 points de 2010 à 2013 pour se situer à 5,2 pour cent. Finalement, ces derniers ne représentaient en 2013 que 1,4 pour cent de l encours total des crédits, contre 2,8 pour cent en 2010. Avec un taux de créances douteuses et litigieuses moyen de 13,8 pour cent de l encours total brut en 2013 et la faible part des concours à l habitat accordés aux ménages, conjugué à un taux d intérêt généralement fixe, les risques induits par ce type de crédit semblent encore limités pour les banques. Figure 18. Madagascar : Ventilation de l Encours des Ménages Résidents par Catégorie d Utilisation, 2010-2013 Milliards d'ariary 1 1 000 800 600 400 0 Equipement Habitat Consommation RAPPORT SUR LA STABILITE FINANCIERE - 2013 35

2.2 ENTREPRISES NON FINANCIERES A Madagascar, le crédit bancaire est la seule source de financement des entreprises pour financer leurs besoins d investissement et d exploitation. La dette bancaire brute des entreprises privées et publiques s est établie à 2 001,4 milliards d ariary en 2013 soit une croissance de 16,0 pour cent en 2013 contre 4,1 pour cent en 2012 et une contraction de -2,4 pour cent en 2011. La part des entreprises publiques est minime par rapport à celle des entreprises privées. Le montant de l endettement bancaire des entreprises rapporté à l encours total des risques a régressé depuis 8 pour se retrouver à 71,3 pour cent, inférieur de 10,0 points par rapport à 8 (cf. Tableau 11). Le niveau d endettement financier des entreprises non financières, exprimé en pourcentage du PIB, remonte en 2013 à 8,4 pour cent, rompant ainsi avec la tendance baissière observée depuis 2011. Cependant, il n atteint pas encore son niveau de 2010 à 9,3 pour cent. Figure 19. Madagascar :Comparaison des Taux d Endettement des Entreprises, 2013 120,0 100,0 80,0 75,0 112,0 Comparé à d autres économies africaines, émergentes ou développées, le ratio de la dette des entreprises qui est le poids de l endettement des entreprises dans le PIB demeure en deçà des niveaux qui y sont observés (cf. Figure 19). En 2013, ce ratio est de 8,4 pour cent à Madagascar contre 25,0 pour cent au Sénégal et 75,0 pour cent au Maroc. 60,0 40,0 20,0 0,0 46,0 25,0 8,4 M/car Sénégal Inde Maroc France Tableau 10. Madagascar : Encours de la Dette des Entreprises, 2011-2013 (en milliards d ariary) 2011 2012 2013 Entreprises privées 1 617,9 1 664,4 1 939,2 Entreprises publiques 40,7 61,4 62,2 TOTAL 1 658,5 1 725,8 2 001,4 Tableau 11. Madagascar : Niveau d endettement des Entreprises, 2011-2013 (en pourcentage de l encours total des risques) 2011 2012 2013 Entreprises privées 73,2 69,6 69,1 Entreprises publiques 1,8 2,6 2,2 TOTAL 75,0 72,2 71,3 RAPPORT SUR LA STABILITE FINANCIERE - 2013 36

Sur la période de 2010 à 2013, l endettement bancaire des entreprises destiné à la promotion immobilière a évolué en dents de scie. En 2013, celui-ci s est contracté de 4,5 pour cent par rapport à son niveau de 2012 pour se situer à 185,5 milliards d ariary. Par contre, une forte croissance de 18,7 pour cent a été constatée en 2012 amenant le niveau d endettement à 194,2 milliards d ariary. Finalement, le ratio concours bancaires à l habitat aux entreprises sur l encours total est de 7,6 pour cent, en régression par rapport à 2012 où il était à 9,4 pour cent, au même niveau qu en 2010 (cf. Figure 20). L absence de données relatives aux taux de défaillance sectorielle ne permet pas d affiner l analyse. Néanmoins, le taux de créances douteuses et litigieuses moyen est de 13,8 pour cent de l encours total brut en 2013. Compte tenu de ce taux et de la proportion des crédits à l habitat aux entreprises dans l encours total, les risques induits par ce type de crédit semblent encore limités pour les banques. Figure 20. Madagascar : Evolution des Crédits à l Habitat aux Entreprises, 2010-2013 195 190 185 180 175 170 165 160 155 150 145 9,4% 174,4 8,6% 163,6 9,4% 194,2 7,6% 185,5 En mds de l'encours total 1 9% 8% 7% 6% 5% 4% RAPPORT SUR LA STABILITE FINANCIERE - 2013 37