La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation



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Transcription:

La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation Le 7 janvier 2008 Commandé par l Association canadienne des écoles de sciences infirmières au nom de consortium canadien pour la recherche et l innovation en sciences infirmières et financé par la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé Préparé par : ME Jeans & Associates Association canadienne des écoles de sciences infirmières RAPPORT FINAL 1565, avenue Carling, bureau 700, Ottawa (Ontario) K1Z 8R1 Tél. : 613-728-2238 * Téléc. : 613-728-3527

Table des matières MESSAGE PRINCIPAUX...1 RÉSUMÉ...3 1.0 PRÉFACE...5 2.0 INTRODUCTION et contexte...5 2.1 but et objectifs...6 3.0 Méthodes...7 4.0 CADRE D évaluation de la capacité de recherche en sciences infirmières...8 4.1 Intrants de la recherche...9 4.2 productivité en recherche... 11 4.3 résultats de la recherche...20 4.4 impact de la recherche...21 5.0 RECOMMaNDATIONS...24 6.0 Conclusion...25 RÉFÉRENCES...28

MESSAGES PRINCIPAUX Une analyse des progrès de la recherche en sciences infirmières au cours des 7 à 10 dernières années au Canada a été réalisée au moyen d un cadre de travail spécialement conçu à cette fin. Depuis 1990, 15 programmes de doctorat ont été mis sur pied dans les écoles de sciences infirmières des universités canadiennes. Le nombre d étudiants au doctorat en sciences infirmières inscrits dans une université canadienne est passé de 8 en 1990 à 390 en 2005 1. Entre 1990 et 2006, 244 étudiants ont terminé un tel programme avec succès. Malgré l augmentation du financement accordé par les principaux organismes de financement des études doctorales et postdoctorales au cours des 7 à 10 dernières années, les fonds sont insuffisants pour répondre aux besoins des étudiants toujours plus nombreux. Le nombre de professeurs aptes à faire de la recherche dans les écoles et les facultés universitaires de sciences infirmières ne répond pas aux besoins des étudiants inscrits aux programmes de doctorat. Le financement de la recherche en sciences infirmières a considérablement augmenté au cours des 10 à 15 dernières années, grâce surtout aux investissements accrus des gouvernements fédéral et provinciaux, et en partie aux facteurs suivants : programme de sciences infirmières du CRM/PNRDS; fusion du PNRDS et du CRM pour former les IRSC; établissement du Fonds de recherche en sciences infirmières géré par la FCRSS; financement ciblé de la recherche en sciences infirmières par des organismes provinciaux et caritatifs. La recherche est de moins en moins une «activité individuelle» et s appuie davantage sur un travail d équipe axé sur un sujet ou un thème particulier. Le premier centre de recherche en sciences infirmières au Canada a été fondé en 1979. Depuis lors, un certain nombre de centres de recherche et de formation en recherche ont vu le jour dans diverses régions du pays. Les résultats de la recherche produits par des enseignants universitaires qu il s agisse de publications dans des revues scientifiques sur les sciences infirmières ou autres, ou de présentations dans des forums professionnels ou interprofessionnels ont considérablement augmenté au cours des 10 dernières années. Une analyse d une base de données des IRSC a permis de distinguer trois principales catégories de recherche en sciences infirmières financée : les questions de santé choisies, les services de santé et leur organisation, et la promotion de la santé. Parmi ces trois catégories, la plupart des études se sont concentrées sur les questions de santé, en particulier les maladies chroniques. Les questions de l accessibilité aux services et de l élimination des disparités dans les services assurés ont reçu une grande attention dans toutes les études examinées. Les groupes minoritaires ou désavantagés, les personnes âgées et les femmes ont fait l objet de plusieurs études. Il existe une forte concordance entre les thèmes privilégiés de la recherche en sciences infirmières au cours de la dernière décennie et les préoccupations exprimées dans divers rapports nationaux et internationaux sur les services de santé; cela démontre que la recherche effectuée par les infirmières et infirmiers s adapte aux priorités énoncées. 1 (statistiques les plus récentes)

Il existe des indications de l impact de la recherche en sciences infirmières sur la santé et le système de santé, mais ces effets sont peu documentés. L analyse a montré qu une faiblesse importante de la recherche en sciences infirmières concerne le manque de pertinence et de cohérence de la documentation dans tous les domaines, mais particulièrement en ce qui a trait aux résultats et à l impact de la recherche.

RÉSUMÉ La croissance de la capacité en sciences infirmières a été inégale au cours des 40 dernières années, en raison de 1) l insuffisance du soutien financier due en grande partie aux politiques des principaux organismes de financement de la recherche en santé qui, jusqu à récemment, finançaient surtout la recherche biomédicale; 2) le manque de programmes doctoraux et postdoctoraux en sciences infirmières au Canada avant 1990; 3) l absence d une infrastructure de soutien de la recherche en science infirmières dans les universités et les hôpitaux d enseignement. À partir des années 1980 cependant, de nombreuses initiatives ont permis de renforcer la capacité de recherche dans ce domaine. Le présent rapport fait état du cadre de travail élaboré pour évaluer la capacité courante de la recherche en sciences infirmières. Le cadre de travail portait sur les intrants du développement de la capacité, soit les programmes de formation en recherche, le nombre d étudiants au niveau doctoral et postdoctoral, et le soutien financier accordé aux étudiants des cycles supérieurs. Le thème de la productivité en recherche regroupait les professeurs aptes à faire de la recherche, le soutien financier de la recherche en sciences infirmières, et l établissement d équipes, de centres et de chaires. Les résultats de la recherche, troisième élément du cadre, concernaient les publications, les bourses et les présentations. Enfin, l impact de la recherche constituait un quatrième composant du cadre et comprenait l impact sur les résultats pour le patient, les lignes directrices de la pratique, les politiques et l éducation. Le cadre de travail a été alimenté des données disponibles en vue d obtenir le fidèle portrait de la capacité actuelle de la recherche en sciences infirmières au Canada. Une analyse qualitative d une base de données des IRSC comptant plus de 1000 titres et résumés a révélé que la recherche en sciences infirmières porte sur une vaste gamme de sujets entourant la santé, les services de santé et les populations. De toutes les études examinées, 67 p. 100 traitaient des questions de santé, de l organisation des services et de la promotion de la santé. La recherche sur la sécurité des patients, la création, la recherche et la diffusion d outils, et l environnement représentaient un autre 10 p. 100 des études consultées. De ces trois grands thèmes, celui des questions de santé était le plus vaste et comptait des études sur : 1) les maladies chroniques; 2) la santé de la reproduction; 3) la douleur; 4) les soins de fin de vie et palliatifs. Les services de santé et leur organisation constituaient le deuxième grand thème, portant sur les questions de la prestation et de la structure des services de santé, en particulier en ce qui a trait à la réduction des disparités et à l amélioration de l accès aux services. Les effets de la restructuration des hôpitaux et des divers modèles de services sur les résultats pour les patients ont également été examinés. Au troisième rang des catégories d études venait le thème de la promotion de la santé, touchant des questions précises telles que le tabagisme, le sida/vih, l usage abusif de substances, et l obésité. L accessibilité et la qualité des données ont posé de nombreux problèmes, mais le bilan du développement de la capacité de recherche demeure positif. Le nombre de programmes de cycles supérieurs en sciences infirmières et d étudiants de niveau doctoral et postdoctoral a énormément augmenté, bien qu à l échelle mondiale, le Canada continue de traîner la patte derrière plusieurs pays. Toutefois, le financement des étudiants de cycles supérieurs, des programmes et des projets de recherche, des chaires, ainsi que des centres de recherche et de formation a également augmenté. Malgré les progrès réalisés, il reste des défis à relever. Les données requises pour évaluer la capacité de recherche ne sont pas regroupées, à l exception de la base de données de l AIIC et l ACESI, et de la BDIIA de l ICIS. Ces bases de données contiennent le nombre de professeurs et d étudiants en sciences infirmières. Elles illustrent clairement l insuffisance au Canada des

professeurs aptes à faire de la recherche et à superviser la recherche menée par des étudiants des cycles supérieurs. On recommande la mise sur pied d une initiative spéciale visant à former plus rapidement des chercheurs en sciences infirmières au niveau du doctorat. Les données relatives au financement des étudiants des niveaux doctoral et postdoctoral, des scientifiques de carrière, des programmes de recherche, des projets, des chaires, des équipes et des centres se trouvent dans les bases de données de divers organismes de financement de la recherche, et plusieurs de celles-ci utilisent différentes méthodes de classification. Certaines n ont même pas de code spécifique des sciences infirmières. Leur harmonisation bénéficierait à toutes les disciplines intéressées à évaluer leurs propres activités de recherche. De façon générale, l objet de la recherche en sciences infirmières examinée était tout à fait conforme aux principales questions de santé et de services de santé cernées par des groupes internationaux comme l OMS et le CII. De plus, les études portaient sur les principaux points soulevés dans l Accord sur la santé de 2003 et les rapports du Conseil canadien de la santé. Il s agit de questions primordiales pour les Canadiens; les sciences infirmières étant l une des seules disciplines de la santé qui mène des recherches dans ce domaine, un financement accru de la recherche en sciences infirmières se traduirait par des améliorations plus rapides de la santé et des services de santé. Au cours des deux dernières décennies, des investissements modestes dans la recherche en sciences infirmières ont eu une incidence importante sur la capacité de recherche. Cette dernière ne peut toutefois se construire en une seule génération. Il faudra plusieurs décennies de soutien adéquat pour en faire une industrie solide ayant le potentiel d améliorer la santé des Canadiens et leur système de santé.

1.0 PRÉFACE En 2004, le Bureau de la politique des soins infirmiers de Santé Canada a réuni cinq organisations nationales d infirmières l Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIA), l Association canadienne des écoles de sciences infirmières (ACESI), la Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC), l Académie des chefs de direction en soins infirmiers (ACDSI) et l Association canadienne pour la recherche infirmière (ACRI) afin d examiner la situation des sciences infirmières et de la recherche en cette matière au Canada. À la suite de cette rencontre, le consortium canadien pour la recherche et l innovation en sciences infirmières (ci-après nommé le Consortium) a été formé dans le but de donner une voix unique et forte à la promotion de la recherche en sciences infirmières. L ACESI a assumé les fonctions de secrétariat. Il a été jugé nécessaire de déterminer d abord la situation de la recherche en sciences infirmières au Canada afin d éclairer les discussions concernant l avenir des sciences infirmières et de la recherche connexe. La Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS) a consenti des fonds au Consortium afin d analyser la question et d élaborer un cadre de travail visant le renforcement de la capacité de recherche en sciences infirmières. Le présent rapport constitue l aboutissement de ce projet. Il dépeint le développement de la recherche en sciences infirmières au fil du temps, sauf en ce qui concerne la productivité en recherche, un sujet sur lequel il n existe aucune donnée ancienne. Le rapport présente des données et de l information pour les années 2000 à 2007. Dans certains cas, des données pour certaines années antérieures à 2000 ou postérieures à 2007 ont été fournies. Les résultats suggèrent que les investissements faits dans la recherche en sciences infirmières ont eu une incidence marquante sur la productivité en recherche. En 2008, il appert que la recherche en sciences infirmières peut se pencher sur des questions prioritaires en matière de santé et de services de santé au Canada. On a procédé à l identification des domaines à renforcer. La recherche en sciences infirmières nécessite toutefois des investissements supplémentaires substantiels afin d atteindre le prochain niveau de découvertes et de former une nouvelle génération de chercheurs. 2.0 INTRODUCTION ET CONTEXTE Un peu partout dans le monde, on reconnaît l importance de bâtir une capacité de recherche en services de santé afin de permettre une prise de décisions fondées sur des données probantes solides en matière de politiques et de pratique (1). Il est donc essentiel pour les sciences infirmières d évaluer la capacité de recherche, les infirmières et infirmiers étant appelés à jouer un rôle central dans la prestation des services de santé (2). Le présent rapport contient de l information sur la situation de la capacité de recherche en sciences infirmières et sur l orientation de cette recherche, et il fournit des recommandations visant son développement. Au Canada, la recherche en sciences infirmières a connu une croissance inégale au cours des quatre dernières décennies. De nombreux articles, chapitres de livre et rapports dressent un portrait des débuts de cette discipline au Canada (3, 4, 5). Au cours des années 1950 et jusqu au milieu des années 1960, peu de fonds ont été accordés à des projets de recherche dans les écoles universitaires de sciences infirmières. Le manque de financement et de soutien à l infrastructure ont été des obstacles importants au développement de la recherche en sciences infirmières durant ces années. À partir des années 1970, les étudiants des cycles supérieurs et des professeurs ont entrepris la majeure partie des recherches. Aux États-Unis, bien que le nombre de programmes de doctorat et d infirmières détenant un doctorat ait augmenté dans les années 1970, peu d infirmières possédant un doctorat faisaient de la recherche (6). L insuffisance de fonds dédiés demeurait criante au Canada, bien que des organisations bénévoles, des fondations privées et la Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC) aient contribué certaines sommes.

En 1971, un événement a constitué un point tournant : la tenue de la première conférence nationale sur la recherche en sciences infirmières au Canada, qui portait principalement sur l administration des sciences infirmières et l éducation en cette matière, un choix peu surprenant étant donné que plusieurs chercheurs canadiens en sciences infirmières de l époque avaient obtenu un doctorat en éducation ou en administration. Cette conférence a été suivie en 1978 par un colloque national commandité par Kellogg sur la formation doctorale des infirmières et infirmiers du Canada (5). Enfin, une autre étape cruciale a été franchie durant cette décennie : la mise sur pied en 1979 du premier centre de recherche en sciences infirmières au Canada, à l Université McGill, soutenu par Santé Canada. Dans les années 1980, certains organismes de financement fédéraux se sont engagés dans la recherche en sciences infirmières, tels que le Conseil de recherches médicales du Canada (CRM) et le Programme national de recherche et de développement en matière de santé (PNRDS) de Santé Canada. Au même moment, la nature de la recherche a changé, s éloignant quelque peu du thème de l éducation pour s intéresser davantage à la réponse humaine à la maladie (7). Les études dans ce domaine ont été financées à l interne, pour la plupart, par des établissements d enseignement et des organismes de santé, environ le tiers ayant reçu un financement externe (7). Peu de chercheurs se consacraient aux sciences infirmières, seules 193 infirmières possédant à l époque un doctorat (2). Malgré les difficultés ayant fait obstacle à la recherche en sciences infirmières au Canada durant les années 1970, 1980 et 1990, certaines réalisations méritent tout de même d être soulignées. Le présent rapport fait état de la croissance de la capacité de recherche en sciences infirmières au pays, avec une attention particulière aux dix dernières années, et rappelle les barrières qui continuent à freiner son développement. Cooke (1) note que dans l évaluation de la capacité de recherche, «on a peu discuté ou conclu de choses concernant la façon de mesurer l efficacité du renforcement de la capacité de recherche» (p.1). Un des facteurs ayant contribué à ce problème au Canada est l érosion continue d une collecte de données normalisée. L Association canadienne des écoles de sciences infirmières (ACESI) et l Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) ont fait de grands efforts, individuellement et conjointement, pour compiler de telles données, mais le processus n est pas toujours cohérent. 2.1 BUT ET OBJECTIFS Le présent projet avait pour but d évaluer la situation actuelle de la recherche en sciences infirmières au Canada afin d élaborer un cadre de travail visant le renforcement de la capacité, d utiliser ce cadre pour mener une analyse des écarts, et de formuler des recommandations sur les prochaines étapes. Les objectifs précis étaient les suivants : Revoir le développement de la recherche en sciences infirmières au Canada, particulièrement au cours des années 1999 à 2009 Déterminer les facteurs habilitants et les obstacles du développement de la recherche en sciences infirmières relativement : aux ressources humaines aux groupes/centres/instituts aux bourses de carrière/chaires au financement de projets et de programmes aux programmes de formation à l évaluation de la productivité à l infrastructure Établir un cadre de travail pour le renforcement de la capacité de recherche en sciences infirmières

Émettre des recommandations concernant les priorités et les démarches visant le renforcement de la capacité de recherche en sciences infirmières au Canada Le projet a duré 12 mois, l élaboration du cadre de travail et la collecte de données ayant constitué la principale activité. On a également cerné les lacunes de la recherche et émis des recommandations concernant les prochaines étapes. De plus, une analyse quantitative a été menée afin de déterminer les principaux domaines de recherche en sciences infirmières financés au cours de la dernière décennie. 3.0 MÉTHODES Une panoplie de méthodes a été utilisée pour dénicher de l information sur les principales caractéristiques d un cadre de travail sur le développement de la capacité de recherche. La littérature, publiée ou non, relative au développement de la capacité en général et spécifique du développement de la capacité de recherche, a été examinée, de même que des documents portant sur l histoire de la recherche en sciences infirmières au Canada et aux États-Unis. Des sites Web et des documents factuels ont également été consultés. Enfin, on a interviewé des intervenants clés chercheurs, doyens, directeurs qui ont formulé des suggestions concernant les composantes du cadre de travail. Afin d alimenter le cadre de travail, des données ont été recueillies auprès de chefs de file de la recherche en sciences infirmières tels que l Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC), l Association canadienne des écoles de sciences infirmières (ACESI) et l Institut canadien d information sur la santé (ICIS) concernant divers facteurs comme les caractéristiques du corps enseignant, le nombre d étudiants au doctorat et le nombre de programmes de doctorat. En ce qui concerne la productivité en recherche, des données sur la recherche financée ont été obtenues des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS), de la Fondation des maladies du cœur du Canada, de l Institut national du cancer du Canada (INCC), de la Société Alzheimer du Canada, de la Fondation canadienne du rein et de la Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC). Au besoin, on a communiqué directement avec le personnel des organismes de financement afin d obtenir des clarifications ou de valider les données. On a tenté de recueillir des données auprès du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH), mais les sciences infirmières ne figurent pas en tant que catégorie distincte dans sa base de données. Des efforts répétés pour obtenir des données auprès des gouvernements provinciaux ont connu peu de succès. Bien que de nombreux gouvernements provinciaux financent la recherche en sciences infirmières, les données accessibles étaient souvent incomplètes, ce qui rendait impossible toute comparaison entre les provinces. Un bref sondage a été envoyé par l ACESI aux facultés et aux écoles membres ayant des programmes de cycles supérieurs, afin de solliciter de l information sur le nombre d étudiants de niveau postdoctoral, de chaires, de centres de recherche et d instituts. Trois critères ont servi à déterminer les bases de données les plus utiles pour indiquer l orientation de la recherche en sciences infirmières au cours de la dernière décennie, 1) la base de données devait comporter un code de discipline pour les sciences infirmières; 2) la base de données devait être assez volumineuse pour permettre de dégager des thèmes principaux; 3) la base de données devait être assez étendue pour refléter la diversité de la recherche en sciences infirmières. La base de données des IRSC remplissait ces trois critères et a donc été choisie aux fins d analyse. Seules les études dont le chercheur principal était membre de la profession infirmière ont été incluses dans le logiciel d analyse statistique qualitative NVivo7 de QSR. NVivo a facilité l organisation et le codage des titres des études, ce qui a permis de dégager de nombreux thèmes et de créer des catégories. Ces dernières ont été examinées et raffinées pendant plusieurs semaines par une équipe composée de deux chercheurs en sciences infirmières et d un étudiant de cycle supérieur formé en analyse qualitative, afin d assurer l uniformité du codage des données.

4.0 CADRE D ÉVALUATION DE LA CAPACITÉ DE RECHERCHE EN SCIENCES INFIRMIÈRES Le renforcement de la capacité de recherche doit s effectuer aux plans individuel et organisationnel (1, 8, 9, 10, 11). «Il s agit d un processus continu qui permet aux personnes, aux institutions, aux organisations et aux nations de définir les problèmes et de leur accorder un ordre de priorité de façon systématique, de développer leurs qualités scientifiques, d évaluer des solutions adéquates, et de partager et d appliquer les connaissances acquises (10).» Le but ultime du renforcement de la capacité de recherche est de générer et de mettre en pratique de nouvelles connaissances en vue d améliorer la santé des personnes et des familles (12). Selon Cooke, un cadre de travail est nécessaire pour planifier et mesurer les progrès, et établir des résultats appropriés. Un tel cadre devrait inclure des mesures liées au processus et aux résultats, tenir compte des changements des buts et des moyens, et mesurer non seulement les objectifs ultimes mais aussi les étapes et les mécanismes permettant de les atteindre. Toute évaluation d un effort de renforcement de la capacité devrait contribuer à l effort et, en bout de ligne, au rendement de l organisme (11). Cooke (1) distingue six principes qui forment la base d un cadre d évaluation du renforcement de la capacité de recherche. Ils découlent d une analyse de la littérature, d énoncés de politiques et d études empiriques, ainsi que de renseignements provenant du Research and Development Support Unit du Royaume-Uni. Ces principes soutiennent que le renforcement de la capacité de recherche devrait : développer les compétences et la confiance; favoriser les liens et les partenariats; garantir que la recherche «colle» à la pratique; favoriser une diffusion adéquate; assurer des investissements dans l infrastructure; comprendre des éléments de durabilité et de continuité. La différence entre les deux approches vient du fait que Cooke (1) tente de répondre à la question «Qu est-ce que le renforcement de la capacité?», qui nécessite un cadre conceptuel. Le cadre d évaluation de la capacité de recherche en sciences infirmières au Canada qui est proposé dans le présent rapport soutient plutôt une démarche pragmatique et tente de répondre à la question «Comment peut-on définir la capacité de recherche en sciences infirmières?». Les éléments du cadre de travail se divisent en quatre grandes catégories : 1) les intrants de la recherche, 2) la productivité en recherche, 3) les résultats de la recherche, et 4) l impact de la recherche. Chaque catégorie est constituée de divers éléments et alimentée des données disponibles afin d obtenir un tableau de la situation de la recherche en sciences infirmières au Canada au cours des 10 dernières années. Pendant la deuxième phase du projet, on a défini l orientation de cette recherche au cours de la dernière décennie et noté les lacunes. Des recommandations ont été émises en vue du développement de la capacité de recherche. Figure 1 : Un cadre de travail sur la capacité de recherche Intrants de la recherche Programmes postdoctoraux N bre de bourse Budget ($) Formation en recherche Programmes de doctorat N bre d étudiants Bourses d études/ bourses de recherche Productivité en recherche Professeurs Subventions Équipes Centres Chaires Résultats de la recherche Publications Présentations Bourses Impact de la recherche Résultats pour le patient Lignes directrices de la pratique Politiques

4.1 INTRANTS DE LA RECHERCHE Le premier composant du cadre de travail concerne la formation et la préparation des futurs chercheurs. L importance de cet élément pour le renforcement de la capacité de recherche a été amplement soulignée dans la littérature (1, 13, 14, 15). On s entend généralement sur le fait qu il faut posséder au moins un doctorat pour entreprendre une recherche indépendante. Dans le passé cependant, la recherche en sciences infirmières n a pas toujours été réalisée par des infirmières et infirmiers détenant un doctorat. Les études postdoctorales permettent une expérience de recherche plus intense et augmentent les chances de mener une carrière en recherche productive. Au Canada, les programmes de doctorat ont mis du temps à voir le jour comparativement à d autres pays. Les États-Unis disposaient de 45 programmes de doctorat en sciences infirmières en 1990, tout comme d autres pays tels que la Finlande, le Japon et la Thaïlande (2). Le Canada a entrepris la mise sur pied de programmes de doctorat dans les années 1980, mais ce n est qu au cours de la décennie suivante que de tels programmes ont été offerts. Plusieurs infirmières et infirmiers canadiens ont obtenu un doctorat en sciences infirmières aux États-Unis avant que de tels programmes d études ne soient offerts au Canada. De 1990 à 1994, six universités canadiennes ont lancé un programme de doctorat en sciences infirmières, y compris l Université McGill, qui offrait dès 1993 un programme de doctorat conjointement avec l Université de Montréal, de même que les universités de l Alberta, de Toronto, de la Colombie-Britannique et McMaster. Il existe présentement 15 programmes de doctorat en sciences infirmières au Canada (16). En 2005, 390 étudiants étaient inscrits dans un programme de doctorat en sciences infirmières au Canada. Entre 1990 et 2005, 206 étudiants ont terminé un tel programme (16), et 38 ont reçu leur diplôme en 2006. Le tableau qui suit contient de l information concernant les taux d inscription à un programme de doctorat en sciences infirmières et d obtention du diplôme au Canada entre 1990 et 2006 : Inscriptions Diplômés 1990 8 1 1991 8 0 1992 18 2 1993 35 1 1994 57 1 1995 53 0 1996 97 3 1997 112 4 1998 156 18 1999 174 33 2000 125 10 2001 161 20 2002 271 18 2003 289 31 2004 327 25 2005 390 39 2006 S.O. 38 Source : Association canadienne des écoles de sciences infirmières

0 Selon l enquête nationale sur les effectifs étudiants et professoraux des écoles canadiennes de sciences infirmières, 36 boursiers postdoctoraux se sont inscrits dans une école canadienne de sciences infirmières en 2007. Le soutien financier accordé aux étudiants des niveaux doctoral et postdoctoral en sciences infirmières constitue un aspect important du développement de la capacité de recherche. L examen des données provenant des principaux organismes de financement donne un portrait encourageant : dans tous les cas, le nombre d infirmières et d infirmiers ayant reçu des fonds pour poursuivre des études doctorales et postdoctorales a augmenté, de même que les montants accordés. En 2000-2001, les IRSC ont remis des bourses doctorales et postdoctorales à 14 infirmières, pour une somme totalisant environ 400 000 dollars. En 2003, on a remis quelque 33 bourses totalisant plus d un million de dollars (figures 2 et 3). De 2003 à 2007, le nombre de bourses accordées est resté constant (de 25 à 27) par année. Malgré l augmentation du nombre d infirmières et d infirmiers poursuivant des études doctorales ou postdoctorales et le plus grand nombre d infirmières aptes à superviser des études doctorales qui en résultera, ces chiffres seront sans doute insuffisants, étant donné l augmentation importante du nombre d étudiants engagés dans des études de cycles supérieurs, tel qu il est indiqué au tableau 1. Par l entremise du Fonds de recherche en sciences infirmières, la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS) a consacré un total de 450 000 dollars à la formation en 2006, y compris sous forme de bourses postdoctorales. Il s agit d une importante augmentation par rapport à la somme de moins de 200 000 dollars accordée en 1999 par le gouvernement fédéral (figure 4), avant le lancement du Fonds de recherche en sciences infirmières. Un total de 18 boursiers postdoctoraux en sciences infirmières ont reçu des fonds de la FCRSS entre 1999 et 2006 (figure 5) dans le cadre du concours ouvert de bourses de recherche postdoctorale CADRE. Le nombre de bourses doctorales attribuées par la Fondation des maladies du cœur a également grimpé, passant de quatre en 1999 à huit en 2005-2006 (figures 6 et 7). L Institut national du cancer du Canada (INCC) a financé six étudiants au doctorat de 1999 à 2007, pour un investissement total de 306 459 dollars. Les bourses d études de l INCC sont limitées et destinées aux étudiants inscrits à temps plein à un programme de doctorat dans une université canadienne, et le boursier doit avoir reçu une formation en recherche d au moins deux ans dans un programme de deuxième cycle. La figure 8 montre les bourses doctorales accordées par la Société Alzheimer. La plupart des organismes de financement exigent que les candidats soient engagés dans des études à temps plein. Cela peut repré senter un obstacle important pour les infirmières et infirmiers désirant obtenir une bourse postdoctorale, étant donné que la majorité des étudiants en sciences infirmières au niveau du doctorat sont des femmes, et que plusieurs d entre elles ont des responsabilités familiales qui les empêchent de poursuivre des études à temps plein. Bien qu il soit difficile de déterminer le nombre exact d étudiants de niveau doctoral et postdoctoral qui reçoivent des fonds d organismes de financement nationaux, en raison notamment des différentes façons de présenter les données, une question s impose : quel pourcentage des 390 étudiants actuellement inscrits dans un programme doctoral reçoit un soutien financier? Des programmes provinciaux, des fondations et des universités financent aussi les études de cycles supérieurs, mais ils exigent généralement des études à temps plein. On estime ainsi qu un grand nombre d étudiants inscrits dans des programmes de doctorat en sciences infirmières n ont pas accès aux bourses. Les figures 2 à 5 contiennent des données sur les bourses postdoctorales, qui semblent avoir augmenté au cours des 15 dernières années. La FCRSS a remis, entre 1999 et 2006, 65 bourses postdoctorales, y compris pour des projets axés sur la recherche en sciences infirmières et les services de santé (figure 5). La Fondation des maladies du cœur a attribué une bourse postdoctorale en 2000-2001 (figure 6) et la Société Alzheimer, une bourse postdoctorale entre 2000 et 2007 (une bourse de 38 500 dollars par année sur deux ans accordée en 2001 source : Société Alzheimer du Canada).

L un des obstacles auxquels font face les infirmières et infirmiers désirant entreprendre des études postdoctorales concerne l interdiction de détenir un poste de professeur imposée par la plupart des organismes de financement. Cependant, la plupart des boursiers de niveau postdoctoral en sciences infirmières occupent présentement un poste de professeur. La FCRSS a récemment abandonné cette restriction. Une telle souplesse sera désormais essentielle au développement de la prochaine génération de chercheurs de carrière en sciences infirmières. 4.2 PRODUCTIVITÉ EN RECHERCHE Cette catégorie se rapporte à plusieurs aspects de la capacité de recherche, y compris les ressources humaines, le financement de la recherche, le développement de l infrastructure, et la création de chaires, de centres et d instituts. Des données provenant de l ACESI et de l AIIC, d organismes de financement de la recherche et d établissements d enseignement ont été utilisées, mais, étant donné les lacunes relatives aux sources de données et aux données elles-mêmes, les montants rapportés sont parfois grossièrement sous-estimés. Le développement de la capacité de recherche dépasse le perfectionnement des compétences en recherche d une personne pour englober le soutien des équipes, des réseaux, des institutions et des systèmes. Le ministère de la Santé du Royaume-Uni définit le renforcement de la capacité de recherche comme étant «un processus de perfectionnement individuel et institutionnel qui mène à des niveaux accrus de compétences et à une plus grande habileté à réaliser une recherche utile» (17). Cooke (1) cite le Australian National Information Service, qui définit quant à lui le renforcement de la capacité de recherche comme «une approche du développement de compétences durables, d une structure organisationnelle, de ressources et d un engagement envers l amélioration de la santé dans divers secteurs, y compris celui de la santé, afin de multiplier les gains». La capacité de recherche peut dont être assimilée à un moyen d éclairer la pratique et d obtenir des gains en santé. Il peut s agir également d une façon d étendre les compétences et les structures qui permettent la réalisation des activités de recherche (1). Le développement de la capacité de recherche en sciences infirmières au Canada a été freiné initialement par des défis et des obstacles à tous les niveaux, de la rareté des occasions de perfectionnement individuel à la partialité institutionnelle et systémique. La communauté des sciences infirmières a dû défendre le rôle de la recherche et la nécessité de la capacité de recherche. 4.2.1 Ressources humaines En 2005, 4 205 professeurs enseignaient dans des écoles de sciences infirmières au Canada (16). De ce nombre, 534 détenaient un doctorat, dont 256 en sciences infirmières et 278 dans une autre discipline. Ces professeurs ne représentaient que 12,7 p. 100 de tout le corps enseignant des écoles de sciences infirmières. Il s agit là d un défi majeur pour la formation en recherche des étudiants de niveau doctoral et cela restreint le nombre d admissions possibles aux programmes de doctorat en sciences infirmières. En 2005, seuls 57 professeurs des écoles canadiennes de sciences infirmières déclaraient posséder une formation postdoctorale : 38 en sciences infirmières et 19 dans une autre discipline (tableau 4). Le rapport final d évaluation de l initiative conjointe du PNRDS et du CRM se penche sur les conséquences de ce manque de professeurs aptes à faire de la recherche dans les écoles et les facultés de sciences infirmières pour le développement de la capacité de recherche en sciences infirmières. L âge des professeurs des écoles de sciences infirmières est également un facteur à considérer dans l examen des ressources et du développement de la capacité de recherche. Selon des données de l AIIC et de l ACESI pour les années 2002 à 2005, 42,5 p. 100 des professeurs avaient plus de 50 ans et 6 p. 100, plus de 60 ans. Plusieurs écoles n ont toutefois pas fourni de données relatives à l âge. En 2005, 39 p. 100 des professeurs avaient plus de 50 ans et

7,8 p. 100, plus de 60 ans. En comparant ces chiffres aux plus récentes statistiques de l ICIS, cependant, il devient évident que le corps professoral vieillit et qu un nombre important de professeurs prendront leur retraite au cours des 10 prochaines années. Cela pourrait affaiblir encore la capacité de fournir un enseignement aux étudiants au doctorat, du moins jusqu à ce que les nouveaux diplômés s établissent en tant qu enseignants, chercheurs et professeurs productifs. Du point de vue des ressources humaines, une crise semble poindre à l horizon en ce qui a trait au nombre de professeurs ayant terminé des études de niveau doctoral ou postdoctoral, étant donné le nombre d étudiants inscrits dans des programmes de doctorat en sciences infirmières. Il pourrait s avérer nécessaire de mettre en place une initiative ciblée pour fournir des incitatifs financiers (c.-à-d., des bourses) aux étudiants des niveaux doctoral et postdoctoral. Une autre possibilité serait de permettre aux étudiants les plus aptes à devenir chercheurs de suivre un programme d études accélérées. 4.2.2 Financement de la recherche Initiatives nationales Le soutien financier de la recherche en sciences infirmières a été long à s établir au Canada. Dans les années 1970 et 1980, peu de chercheurs dans ce domaine ne se démarquaient dans les concours tenus par les conseils de recherche et les organismes caritatifs nationaux tels que l Institut national du cancer du Canada (INCC). Cela était dû en grande partie au manque de concordance entre la recherche en sciences infirmières et les mandats de ces organismes. Le Conseil de recherches médicales du Canada (CRM) finançait de la recherche biomédicale de base et de la recherche clinique, principalement sous forme d essais cliniques, une politique suivie par la plupart des grands organismes de charité. À cette époque, la recherche en sciences infirmières et en services de santé était considérée moins scientifique et moins pertinente. Le Programme national de recherche et de développement en matière de santé (PNRDS) de Santé Canada était à l origine un programme de financement de la recherche extra-muros de Santé et Bien-être social Canada soutenant la recherche en sciences infirmières et attribuant des bourses au niveau de la maîtrise et du doctorat dans ce domaine. Cependant, le budget du PNRDS ne représentait qu une fraction du budget du CRM. En 1989, une initiative conjointe spéciale du PNRDS et du CRM a aidé à financer le développement de la capacité de recherche en sciences infirmières dans les facultés et les écoles de sciences infirmières du Canada. L initiative s est déroulée de 1989 à 2000-2001, avec un budget total de 2 665 886 dollars, fourni à parts égales par les deux organismes de financement. Grâce à cette initiative spéciale, neuf écoles universitaires de sciences infirmières ont reçu des fonds ainsi qu un soutien salarial permettant à 17 infirmières et infirmiers de consacrer 80 p. 100 de leur temps à la recherche. Deux de ces chercheurs sont par la suite parvenus à obtenir une bourse du programme régulier de bourses de carrière en santé du PNRDS. Toutes ces personnes poursuivent aujourd hui de brillantes carrières en recherche. Initiatives provinciales Tous les gouvernements provinciaux soutiennent la recherche en santé, mais certains, comme ceux de la Colombie-Britannique et de l Ontario, dédient des fonds de recherche aux sciences infirmières. En 1980, le gouvernement albertain a créé l Alberta Heritage Foundation for Medical Research (AHFMR) et l a dotée d une somme de 300 millions de dollars pour la recherche biomédicale et médicale de base. Après deux années de lobbying, les infirmières et infirmiers de l Alberta ont obtenu la création de l Alberta Nursing Foundation (ANF), dotée

d un budget d un million de dollars par année une mince victoire, mais tout de même significative. L ANF a depuis disparu, mais l AHFMR soutient maintenant divers domaines de recherche en santé, y compris la recherche en sciences infirmières, en attribuant notamment des bourses. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l Ontario a également alloué des fonds aux chercheurs en sciences infirmières dans les années 1980 et au début des années 1990. Bien que le programme n existe plus, il a grandement favorisé la recherche en sciences infirmières, de même que la capacité de recherche dans ce domaine. Le gouvernement de l Ontario continue de financer des initiatives ciblées de recherche en sciences infirmières et de distribuer des bourses de carrière de recherche à des infirmières et infirmiers, par l entremise du programme de bourses de carrière en recherche. Les unités de recherche en sciences infirmières de l Université de Toronto et de l Université McMaster sont d autres exemples du soutien du gouvernement de l Ontario dans ce domaine. Au Québec, il existe plusieurs sources de financement en appui à la recherche et aux étudiants des niveaux doctoral et postdoctoral en sciences infirmières, y compris le Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ), le Fonds québécois de la recherche sur la santé et la culture (FQRSC) et la Fondation de recherche en sciences infirmières du Québec (FRESIQ). La province compte également le Groupe de recherche interuniversitaire en sciences infirmières de Montréal (GRISIM), un organisme en voie d étendre ses activités à l ensemble des écoles universitaires en sciences infirmières du Québec. La Colombie-Britannique a également créé une fondation, la British Columbia Foundation, qui soutient une vaste gamme de projets de recherche, y compris en sciences infirmières. Cette fondation a maintenant été remplacée par la Michael Smith Foundation for Health Research (MSFHR), qui a attribué de nombreuses bourses à des chercheurs en sciences infirmières (communication personnelle). En 2007, le gouvernement de la Colombie- Britannique a donné 8 millions de dollars à la Fondation Michael Smith pour la recherche sur le travail en services infirmiers. Bien que certaines de ces sources de fonds provinciales aient disparu ou changé, elles ont indéniablement eu un effet positif sur le développement de la capacité de recherche en sciences infirmières. Comme le démontre les données contenues dans le présent rapport, les chercheurs en sciences infirmières remportent maintenant des concours de bourses de recherche provinciaux et nationaux, tout comme les autres chercheurs du domaine de la santé. Initiatives d associations professionnelles La Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC) a été établie en 1962 dans le but de soutenir les infirmières et infirmiers désirant poursuivre des études de cycles supérieurs. À ses débuts, la FIIC constituait surtout la seule source de financement pour les infirmières. Puis, en plus des bourses, la FIIC a entrepris d attribuer de petites subventions de recherche en sciences infirmières. Cependant, la Fondation arrivait à peine à générer suffisamment de fonds pour soutenir la recherche, la majeure partie de ses fonds provenant de dons d infirmières et d infirmiers, dont plusieurs sous forme de legs visant la création d une bourse nommée en l honneur du donateur. La FIIC n a jamais joué un rôle majeur dans le financement de la recherche, mais elle a attribué un grand nombre de bourses en sciences infirmières. Ses initiatives plus récentes seront examinées plus avant dans le présent rapport. De grands progrès sont survenus sur la scène nationale du financement de la recherche en sciences infirmières dans les années 1990. Sous l impulsion de son président de l époque, le D r Henry Friesen, le Conseil de recherches médicales (CRM) a entrepris de transformer son mandat afin de se consacrer à l ensemble de la recherche en santé plutôt que simplement

à la recherche biomédicale. En 2000, le CRM a cédé sa place aux Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), qui disposent d un budget beaucoup plus substantiel pour remplir leur mandat. Le PNRDS n existe plus, certains de ses travaux étant désormais inclus dans le financement des IRSC. La recherche en sciences infirmières a grandement bénéficié de ce changement du soutien fédéral à la recherche en santé. En 1997, le gouvernement fédéral a également mis sur pied la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS). Le mandat de ce nouvel organisme de financement consistait à soutenir la recherche appliquée sur les services et les politiques de santé. En 1999, la FCRSS disposait d un fonds de dotation de 126,5 millions de dollars, ayant reçu un fonds de dotation initial de 66,5 millions de dollars du gouvernement fédéral puis, en 1999, un montant additionnel de 35 millions de dollars afin de soutenir le programme CADRE (Capacité et développement en recherche appliquée et évaluation dans les services de santé et en sciences infirmières). La Fondation a en outre été chargée du Fonds de recherche en sciences infirmières de 25 millions de dollars afin d appuyer la recherche en sciences infirmières pendant 10 ans. Ces importants investissements fédéraux résultaient en grande partie des activités fructueuses de lobbying de l AIIC. Un autre organisme de financement fédéral, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), a également financé de la recherche en sciences infirmières relative à l histoire des sciences infirmières, à l étude de la condition féminine et à la psychologie, dans une moindre mesure. Cependant, il faut noter encore une fois la difficulté de distinguer la recherche en sciences infirmières des autres sujets de recherche dans la base de données du Conseil, étant donné que cette dernière ne contient aucune catégorie spécifique des sciences infirmières. 4.2.3 Le financement de la recherche en sciences infirmières au Canada : de 1990 à 2006-2007 Bien que les données soient parfois absentes ou incomplètes, il est possible d affirmer qu il y a eu une augmentation significative du financement de la recherche en sciences infirmières au Canada au cours des 10 à 15 dernières années. O Connor et Bouchard (19) affirment que, selon les données amassées durant les années 1980 par l ACESI, appelée l Association canadienne des écoles universitaires de nursing (ACEUN) de 1971 à 2002, les chercheurs en sciences infirmières ont reçu un montant total de 4 491 000 $ pendant l année universitaire 1988-1989. En 1998, ce montant avait grimpé à 8 584 611 $ (2). En 1999, une base de données de l ACEUN a été créée à partir de renseignements transmis en ligne par divers chercheurs afin de saisir la productivité en recherche des chercheurs universitaires en sciences infirmières. Les données de 1999 montrent une forte augmentation du financement par rapport à 1998, une somme de 14 390 303 $ ayant été rapportée pour 1999, 19 323 971 $ pour 2000, et 27 528 277 $ pour 2001. Malheureusement, la communauté de chercheurs n a pas tenu à jour la base de données. Il faut donc aujourd hui estimer le montant du financement en effectuant des recherches dans les diverses bases de données des organismes de financement ou en recueillant des données de base auprès des écoles de sciences infirmières. Un examen des bases de données des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) permet de constater qu entre 2000 et 2007, le nombre de subventions de fonctionnement accordées à des infirmières et infirmiers en tant que chercheurs principaux est passé de 38 en 2000-2001 à 130 en 2005-2006. En 2006-2007, le nombre a légèrement baissé à 119, mais les données de 2007 pourraient être incomplètes (figure 9). On n accordait plus de nouvelles subventions, étant donné qu une grande partie des fonds avaient déjà été alloués. Les fonds de subventions de fonctionnement sont passés d un peu plus de 2 millions de dollars en 2000-2001 à près de 11 millions de dollars en 2006-2007 (figure 10). Le nombre de bourses pour des essais

cliniques a grimpé de deux en 2001-2002 à dix en 2006-2007 (figure 11). En 2000-2001, les IRSC ont accordé sept bourses de carrière ou d appui salarial, comparativement à 37 en 2006-2007 (figure12). La valeur de ces bourses variait de 2 à 2,5 millions de dollars entre 2004-2005 et 2006-2007 (figure 13). Selon des données s étalant de 2000 à 2007 (tableau 16), la répartition provinciale des subventions de fonctionnement des IRSC reflète encore une disparité régionale, la majorité des subventions étant versée en Ontario, suivie du Québec, de la Colombie-Britannique et de l Alberta. La situation est toutefois différente en ce qui concerne les bourses et l appui salarial. Dans ces deux catégories, le Québec arrive en cinquième position, et l Ontario domine avec deux fois plus de financement que l Alberta et la Colombie-Britannique. Le montant total de bourses en sciences infirmières accordées par les IRSC, toutes catégories confondues, a grimpé d un peu moins de 3 millions de dollars en 2000-2001 à un peu plus de 16 millions de dollars en 2005-2006 (figure 15). Les données montrent une légère diminution en 2006-2007, mais cela pourrait être attribuable à l incomplétude des données pour 2007 au moment où la présente étude a été réalisée. Le montant total de fonds versés en subventions et en bourses par les IRSC en 2006-2007 s élevait à 810 millions de dollars (Rapport annuel des IRSC, 2007). Un pourcentage nous aurait permis de faire une comparaison. Comme il a été indiqué précédemment, en 1999, la FCRSS a reçu 25 millions de dollars sur 10 ans pour soutenir le développement de la capacité de recherche en sciences infirmières. Cet investissement, nommé Fonds de recherche en sciences infirmières (FRSI), poursuivait les principaux objectifs suivants : 1) accumuler des connaissances de haute qualité, utiles pour les décideurs et les responsables de politiques en santé; 2) accroître le nombre et le type de recherches appliquées sur les services de santé et les sciences infirmières; 3) remettre la recherche entre les mains des décideurs; 4) aider les décideurs à évaluer, à adapter et à appliquer la recherche pertinente de façon régulière dans le cadre de leur travail. De façon générale, la FCRSS finance quatre catégories de bourses : les bourses de formation; les bourses de recherche; les réseaux, la synthèse et la diffusion; les chaires en sciences infirmières. Selon l entente sur le Fonds de recherche en sciences infirmières, un montant de 5000 000 $ par année, qui a été augmenté à 535 000 $ par année en 2003, était distribué à des chercheurs en sciences infirmières en partenariat avec la Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC) afin de soutenir précisément la recherche clinique en sciences infirmières, un investissement total de plus de 5 millions de dollars. Ce programme de partenariats pour la recherche sur les soins infirmiers, financé selon un ratio de 2 : 1, a permis la création de partenariats de financement avec de nombreux organismes de charité nationaux et provinciaux (voir ci-dessous la section concernant la Fondation des infirmières et infirmiers du Canada pour de plus amples renseignements). La création de partenariats fait partie intégrante du renforcement des capacités (1, 12, 14, 18). Les 20 millions de dollars qui restent ont servi à soutenir des chaires axées sur les sciences infirmières, des centres de formation régionaux, des bourses de recherche postdoctorale, des bourses de réorientation (par l entremise du programme CADRE), des projets et des programmes s inscrivant dans le cadre des Partenariats pour l amélioration des services de santé des IRSC et du concours de subventions Recherche, échange et impact pour le système de santé (REISS) de la FCRSS, des projets de recherche commandée, tels que les synthèses pour éclairer les décisions de la FCRSS, des réseaux de connaissances et des activités de diffusion. De 1999 à 2006, le Fonds de recherche en sciences infirmières a financé un grand nombre d activités, dont voici les plus importantes : Quarante (40) projets et programmes dans le cadre du Concours de subventions ouvert Deux (2) programmes dans le cadre du concours Recherche, échange et impact pour le système de santé (REISS)

Cinq (5) chaires de la FCRSS et des IRSC spécifiques des sciences infirmières et trois (3) chaires reliées aux sciences infirmières (d un total de 12 bourses) Dix-huit (18) bourses de recherche postdoctorale Trois (3) centres de formation régionaux de la FCRSS et des IRSC (d un total de cinq bourses) Trois (3) bourses de réorientation Recherche financée par le programme de partenariats pour la recherche sur les soins infirmiers Cocommandites pour quatre (4) projets axés sur les sciences infirmières financés dans le cadre du concours Partenariats pour l amélioration du système de santé (PASS) des IRSC Plus de vingt-quatre (24) subventions et bourses pour des projets spéciaux L investissement annuel du Fonds de recherche en sciences infirmières (FRSI) dans des bourses personnelles et de recherche est passé d un peu plus de 400 000 $ en 1999 à près de 1,2 million de dollars en 2003. En 2004, le volet «projets» du Concours de subventions ouvert de la FCRSS a été transféré aux IRSC. L année suivante, les IRSC ont lancé le concours Partenariats pour l amélioration du système de santé, qui finançait un plus grand nombre de thèmes de recherche sur les services de santé et les sciences infirmières. La FCRSS a également mis sur pied son concours Recherche, échange et impact pour le système de santé, qui accordait des fonds supplémentaires aux programmes de recherche s inscrivant dans l un de ses quatre thèmes prioritaires, y compris «leadership, organisation et politique des services infirmiers». Lorsque ces deux nouveaux concours ont été mis en œuvre, 500 000 $ par année, prévus pour financer les projets reliés au thème des sciences infirmières du Concours de subventions ouvert selon les exigences relatives au financement de contrepartie du Concours, ont été divisés entre les programmes REISS (300 000 $) et PASS (200 000 $). Ces fonds accordés à des programmes et à des projets s inscrivant sous le thème des sciences infirmières s ajoutaient aux montants requis et fournis par la FCRSS et les IRSC. Le financement des cinq chaires en sciences infirmières de la FCRSS et des IRSC et des trois chaires reliées aux sciences infirmières variait d un peu plus de 200 000 $ en 2000 (l année où les bourses ont été accordées) à un peu plus de 800 000 $ en 2006 (20). L augmentation des fonds accordés aux chaires entre 2000 et 2006 résultait en grande partie de questions administratives relatives à la facturation et à la reddition de comptes. Les chaires représentent 125 000 $ chacune par année consacrés au salaire (le même montant réinvestit chaque année par l université d accueil dans le programme de chaires), ainsi qu une somme de 50 000 $ par année en financement de programmes. En 2005, à la suite d un examen à mi-parcours, l une des chaires en sciences infirmières n a pas été renouvelée pour une deuxième période de cinq ans. En outre, l année sabbatique prise par l un des titulaires de chaire et certaines questions administratives ont contribué à la réduction des fonds attribués cette année-là (figure 17). Bien qu il y ait eu certaines différences entre les sommes accordées annuellement aux chaires en sciences infirmières et à celles reliées à ce thème, le montant total du financement s équivaudra sur la durée de 10 ans des chaires. De façon générale, le Fonds de recherche en sciences infirmières (FRSI) a injecté des sommes considérables pour soutenir la recherche en sciences infirmières et le développement de la capacité de recherche. Un rapport annuel a été préparé sur les activités financées par le Fonds. En 2007, une évaluation externe indépendante du Fonds a été commandée et les résultats ont été publiés en novembre 2008. La nécessité de renouveler le FRSI sera abordée dans la conclusion et les recommandations du présent rapport. Organismes caritatifs (reliés à une maladie) : De nombreux organismes caritatifs nationaux et provinciaux soutiennent eux aussi la recherche en sciences infirmières. Bien que tous ces organismes n aient pas été examinés, quelques-uns des plus importants ont été inclus dans l analyse afin d aider à cerner les tendances actuelles de la recherche en sciences infirmières.

La Fondation des maladies du cœur du Canada : Pendant plusieurs années, cette fondation a soutenu la recherche en sciences infirmières dans le domaine des soins cardiovasculaires et, en 1999, elle a consacré 100 000 $ à la recherche en sciences infirmières. Ce montant a grimpé à près de 160 000 $ en 2003 (figures 18 et 19). Le financement semble avoir diminué en 2004 et 2005, et aucune donnée n est disponible après 2005. Toutefois, selon Heather Arthur (McMaster), la Fondation des maladies du cœur a réalisé des projets spéciaux pour promouvoir le renforcement de la capacité de recherche en soins infirmiers cardiovasculaires. Ces projets incluaient la mise en place d une chaire en soins infirmiers cardiovasculaires en 2004 et, en 2004-2005, le financement de programmes de formation stratégiques d une valeur de 1,8 million de dollars (2002-2003, bourse de chercheur invité; 2004, chaire en soins infirmiers cardiovasculaires; 2004-2005, subvention stratégique de formation). L Institut national du cancer du Canada (INCC) : Le tableau 2 montre le montant total des fonds alloués par l INCC à la recherche en sciences infirmières de 1999 à 2007. La figure 20 illustre la répartition annuelle du financement, qui a augmenté de façon constante au cours de ces sept années. La Société Alzheimer du Canada : De 2000 à 2007, la Société Alzheimer du Canada a distribué des subventions de recherche en sciences infirmières. Tout comme les autres organismes de financement mentionnés ci-dessus, la Société a augmenté son financement au fil des ans (figure 21). En 2000, la Société avait versé un total de 50 000 $ en subventions de recherche. En 2005, cette somme était passée à plus de 600 000 $. La Fondation canadienne du rein : Trois infirmières ont reçu une bourse de recherche doctorale de cette fondation depuis 2000. Pour les années antérieures, la discipline des récipiendaires n a pas été notée. Depuis 1998, la Fondation a accordé 15 subventions de recherche en sciences infirmières. Organismes caritatifs (non reliés à une maladie) : La Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC) : Après la création du Fonds de recherche en sciences infirmières (FRSI) géré par la FCRSS, la FIIC s est associée à la FCRSS pour administrer la portion du FRSI dédiée à la recherche clinique, étant donné que cette discipline ne s inscrit pas dans le mandat de la FCRSS. En janvier 2001, la FCRSS a versé 50 000 $ à la FIIC pour mettre sur pied les Partenariats pour la recherche sur les soins infirmiers (PRSI). En janvier 2003, toutes les conditions du financement ont été remplies et la FCRSS a accordé 2,59 millions de dollars sur cinq ans à la FIIC pour soutenir les PRSI. Ce programme exigeait que la FIIC trouve des fonds équivalents aux fonds fournis pour appuyer des projets de recherche clinique en sciences infirmières, et stipulait que les projets financés devaient être approuvés dans le cadre d un processus d examen par les pairs. En octobre 2007, la FIIC a procédé à une évaluation des PRSI dans le cadre d une proposition faite à la FCRSS visant la prolongation des PRSI pour une autre période de cinq ans, de 2008 à 2012. Les résultats ont été impressionnants (communication personnelle avec Hélène Sabourin, directrice générale, FIIC). De 2003 à 2008, 33 ententes de partenariat ont été conclues et 149 projets ont été financés. Au cours des cinq années, la FIIC a contribué 2 222 057 $ à la recherche et a obtenu 4 649 443 $ additionnels de partenaires. L investissement total dans la recherche clinique s est donc élevé à 6 869 509 $ (tableau 8). À la fin de 2007, les PRSI ont été renouvelés pour une autre période de deux ans, ce qui représentait un investissement supplémentaire de 1,07 million de dollars. Cette prolongation fera durer les PRSI jusqu au 31 mars 2009, date à laquelle le FRSI prendra fin lui aussi.

4.2.4 Équipes de recherche : Des chercheurs individuels aux communautés Jusqu au milieu des années 1990, les chercheurs en sciences infirmières travaillaient généralement de façon individuelle. Il s agit peut-être d une étape habituelle du développement de la capacité de recherche, mais il n en demeure pas moins que la création de réseaux de recherche, de partenariats et de collaborations fait partie intégrante du renforcement de la capacité (12, 18, 21). Au Canada, au fil du temps, les chercheurs les plus productifs ont entrepris de collaborer entre eux sur des thèmes de recherche similaires. Par exemple, les chercheurs en sciences infirmières s intéressant au domaine de la douleur se sont mis à demander des subventions de recherche d équipe et à publier conjointement dans des revues pertinentes (Jeans, en préparation). Ces équipes comprenaient souvent des étudiants de cycles supérieurs et des chercheurs, du même établissement d enseignement ou non. Certaines facultés et écoles de sciences infirmières ont développé une expertise dans certains domaines particuliers, comme les ressources humaines en santé, la douleur et les soins périnatals. Au cours des huit à dix années suivantes, les équipes comprenant des infirmières et des représentants d autres disciplines ont proliféré. 4.2.5 Sondage auprès des facultés et des écoles de sciences infirmières Pour mieux comprendre la productivité de la recherche au sein des facultés et des écoles, un bref sondage a été envoyé aux programmes universitaires membres de l ACESI. Il visait à déterminer le niveau actuel de développement de la capacité relativement à la formation postdoctorale, aux chaires établies, et aux centres et instituts de recherche. Le sondage a été distribué à 48 programmes d enseignement en sciences infirmières, et 28 ont été retournés, soit un taux de réponse de 58 p. 100. Comme près de la moitié des programmes n ont pas répondu, il est probable que les données fournies dans la présente section soient sous-estimées. Onze des 28 écoles ou facultés ayant répondu ont indiqué être engagées dans la formation postdoctorale, le nombre de boursiers postdoctoraux variant de un à neuf par unité. En septembre 2008, l Université de l Alberta comptait sept boursiers de recherche postdoctorale en sciences infirmières, dont deux étaient des étudiants internationaux et deux s intéressaient à une discipline autre que les sciences infirmières. Des 28 écoles ayant répondu, 10 ont indiqué avoir mis sur pied des chaires de recherche. Un total de 27 chaires ont d ailleurs été citées. Une faculté a rapporté huit chaires, mais la majorité n en comptait qu une ou deux. La plupart des chaires étaient dotées. Les chaires en sciences infirmières de la FCRSS et des IRSC CADRE (au nombre de 5) n étaient pas dotées, mais étaient financées sur une période de 10 ans prenant fin entre 2010 et 2012. Certaines des chaires mentionnées par les facultés sont partagées avec des hôpitaux d enseignement, alors que d autres sont propres à une université. Au moment de la rédaction du présent rapport, deux chaires étaient vacantes et une venait d être créée en 2008. Onze écoles et facultés ont noté l existence de centres de recherche en sciences infirmières. Le nombre de centres par école ou faculté variait de un à cinq. Vingt écoles et facultés ont mis sur pied des centres de recherche en partenariat avec d autres départements ou institutions. Certains de ces centres sont axés sur les sciences infirmières, mais plusieurs sont multidisciplinaires et se concentrent sur un domaine d étude en particulier, la recherche et l éducation sur la douleur, par exemple. Les données demeurent incomplètes, mais il semble que des centres de formation en recherche aient été établis un peu partout au pays. Trois des cinq centres de formation régionaux CADRE de la FCRSS et des IRSC qui reçoivent du financement depuis 2001 sont axés sur les sciences infirmières. L objectif des centres de formation régionaux est d accroître le nombre de