Dyspepsie fonctionnelle Démarche diagnostique

Documents pareils
Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

«J ai mal au ventre» :

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Migraine et Abus de Médicaments

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Prise en charge des symptômes gastro-intestinaux courants dans la communauté

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

DYSPEPSIE. Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences Service de médecine de premier recours

Approche centrée e sur le patient

Recommandation Pour La Pratique Clinique

Lettre circulaire aux Gastro-Entérologues

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 23 mai 2007

Faut-il encore modifier nos pratiques en 2013?

Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS)

AVIS DE LA COMMISSION. 30 juin 2004

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

Démarche d évaluation médicale et histoire professionnelle

Carte de soins et d urgence

Hépatites Auto-Immunes. Critères et Scores Diagnostiques

CRPP. Syndrome MYH9. Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires. Livret destiné au patient

La drépanocytose. Sikkelcelziekte (Frans)

Artéfact en queue de comète à l échographie hépatique: un signe de maladie des voies biliaires intra-hépatiques

TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX DU DIABETE DE TYPE 2 (Hors Insuline) MAREDIA Dr Marc DURAND

HTA et grossesse. Dr M. Saidi-Oliver chef de clinique-assistant CHU de Nice

Épreuve d effort électrocardiographique

Erosions dentaires chez l enfant et l adolescent: arrière-plans gastroentérolo

La migraine : une maladie qui se traite

Les grands syndromes. Endoscopie trachéo-bronchique. Professeur D. ANTHOINE CHU de NANCY

MÉDECINE FAMILIALE. Préparer des médecins de famille pour le Québec de demain. Objectifs du stage de médecine familiale (abrégés)

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

Traitement des calculs urinaires par fragmentation (Lithotripsie par ondes de choc extracorporelle)

Marseille 25 octobre 2012 Accompagnement du traitement chez les co-infectés VHC-VIH en pratique

Hépatite C, les nouveaux traitements

Maladies psychosomatiques Dr Yves ZERBIB Département de Médecine Générale UCBL1

Maternité et activités sportives

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

ASPECT ECHOGRAPHIQUE NORMAL DE LA CAVITE UTERINE APRES IVG. Dr D. Tasias Département de gynécologie, d'obstétrique et de stérilité

Les Arbres décisionnels

Les tests génétiques à des fins médicales

«Les lombalgies chroniques communes à la consultation de rhumatologie du CHU de Fès»

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Céphalées. 1- Mise au point sur la migraine 2- Quand s inquiéter face à une céphalée. APP du DENAISIS

Les soins des douleurs chroniques dans les TMS Les échecs thérapeutiques

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

Autisme Questions/Réponses

Semaine de la sécurité des patients: novembre 2012

L'œsophage L'œsophage est un tube musculaire qui traverse de la bouche à l'estomac. Causes

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Dr Laurence FAYARD- JACQUIN Cœurs du Forez Mise à jour

Contraception après 40 ans

DOMAINE 7 RELATIONS ET RÔLES

Placebo Effet Placebo. Pr Claire Le Jeunne Hôtel Dieu- Médecine Interne et Thérapeutique Faculté de Médecine Paris Descartes

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

ALTO : des outils d information sur les pathologies thromboemboliques veineuses ou artérielles et leur traitement

Arthralgies persistantes après une infection à chikungunya: évolution après plus d un an chez 88 patients adultes

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Traitement des hépatites virales B et C

Janvier 2003 PLACE DE L ENDOSCOPIE DANS LES COLITES MICROSCOPIQUES RECOMMANDATIONS DE LA

ANEMIE ET THROMBOPENIE CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS D UN CANCER

Ville : Province : Code postal : Date de naissance : jour mois année Date de naissance : jour mois année


Communiqué de presse. Direction Communication Externe/Interne Sylvie Nectoux TEL : sylvie.nectoux@boehringeringelheim.

Instructions dans la recherche clinique

Présenté par Mélanie Dessureault, inf. clin. et Caroline Fortin, AIC radio-oncologie

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 1 er octobre 2008

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

LA SECRETINE ET L AXE CERVEAU-INTESTIN DANS L AUTISME

Journal de la migraine

Chapitre 1 Evaluation des caractéristiques d un test diagnostique. José LABARERE

9.11 Les jeux de hasard et d argent

Mieux informé sur la maladie de reflux

Insuffisance cardiaque

LANCEMENT DE IPRAALOX, 20 mg Pantoprazole

L usage adéquat des inhibiteurs d acide dans le reflux gastroœsophagien

Nouvelle option thérapeutique pour les enfants présentant cette forme rare et sévère d arthrite

1 Les symptômes et signes courants en gastro-entérologie

Pour l'instant, les connaissances actuelles ne permettent pas d'empêcher un cancer du sein de survenir.

LA CHOLÉCYSTECTOMIE PAR LAPAROSCOPIE

«Les jeux en ligne, quelle influence en France?»

«Tout le monde devrait faire une psychothérapie.»

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

Guide de référence rapide Prise en charge des douleurs cervicales et des troubles concomitants de stade I et II

Les troubles non moteurs de la maladie de Parkinson. Comprendre la maladie de Parkinson

Bases de données Outils de gestion

Service des Maladies Respiratoires Hôpital Ibn Rochd CHU Ibn Rochd Casablanca

Transcription:

QUATRIEME JOURNEE ANNUELLE AUTOUR de la PATHOLOLOGIE FONCTIONNELLE DIGESTIVE Dyspepsie fonctionnelle Démarche diagnostique Objectifs: Définir la dyspepsie et les sous groupes Connaitre les causes de la dyspepsie et leur prévalence Planifier une stratégie d investigations appropriée Dr LAYAIDA.K Service de gastroentérologie Pr T.BOUCEKKINE CHU Mustapha

Cas clinique Enseignante âgée de 49 ans Douleurs épigastriques à type de brulures sans irradiations depuis 8 mois, aggravées par la prise d aliments Ballonnement épigastrique Perte de poids involontaire de 3 kg Anxiété +++ Antécédents personnels et familiaux: négatifs Examen clinique: normal

Complétez l interrogatoire?

Complément de l interrogatoire Calendrier plus précis des symptômes: fréquence hebdomadaire, continus, intermittents Identification du(des) symptôme(s) prédominant(s) Notion d épisode infectieux ayant précédé la symptomatologie Autres symptômes associés: troubles du transit. Rechercher la notion de prise médicamenteuse*: AINS: classiques, anticox2, acide acétyl-salicylique IPP: sujets sains après arrêt du traitement Biphosphonates Erythromycine Tétracyclines Sildénafil et tadalafil Théophilline Tabac, alcool: ++++ Best Practice & Research Clinical Gastroenterology 24 (2010) 109 120

Chez note patiente Médicaments: - Alcool, tabac: - Symptômes intermittents, 2-3 fois / semaine Patiente surtout gênée par la douleur Absence de symptomatologie basse

Définition Critères Rome III 1+2+3 1. Au moins un des symptômes suivants: -Plénitude postprandiale gênante -Satiété précoce -Douleur épigastrique -Brûlure épigastrique 2. Absence de maladie organique expliquant les symptômes 3. Critères présents sur les 3 derniers mois et ancienneté des symptômes de plus de 6 mois

Rome III Sous groupes Sd de dyspepsie postprandiale («détresse» post prandiale) 1. Plénitude postprandiale gênante: -Après repas normaux -Plusieurs fois par semaine 2. Satiété précoce: -Empêchant de terminer un repas -Plusieurs fois par semaine Critères additionnels: -Ballonnement épigastrique, nausées postprandiales, éructations ± sd douloureux épigastrique Sd douloureux épigastrique Douleurs ou brûlures: Epigastriques 1 par semaine Intermittente Non diffuses ou localisées à d autres régions abdominales ou thoraciques Non soulagée /gaz - selles Non biliaire Critères additionnels: Brûlure non rétrosternale Modifiée par repas - à jeun ± sd de dyspepsie post prandiale peut coexister

L endoscopie haute est elle nécessaire? Quelles sont les lésions les plus fréquemment retrouvées

Signes d alarme Age > 55 ans Amaigrissement involontaire Dysphagie progressive Vomissements persistants Hémorragie digestive: hématémèse/méléna Anémie ferriprive inexpliquée Syndrome inflammatoire à la biologie Anomalie à l examen clinique: masse abdominale, ADP, ictère Contexte personnel, familial ou ethnique de risque néoplasique

La prévalence de lésions sévères en cas de signes d alarme (amaigrissement, anémie, dysphagie) reste faible Etudes sont hétérogènes: -Prévalence du cancer gastrique différente -Seuil pour dire qu un signe d alarme est présent CLINICAL GASTROENTEROLOGY AND HEPATOLOGY 2010;8:830-837

Prévalence des lésions endoscopiques retrouvées Définition large de la dyspepsie Définition de la dyspepsie critères de Rome CLINICAL GASTROENTEROLOGY AND HEPATOLOGY 2010;8:830 837

Prévalence des lésions endoscopiques retrouvées Asie vs Pays occidentaux Asie Occident CLINICAL GASTROENTEROLOGY AND HEPATOLOGY 2010;8:830 837

La patiente a demandé à être explorée Biopsies: gastrite antrale atrophique sans métaplasie intestinale et sans lésions de dysplasie, Hp+++

Rôle de l infection par Hp Etudes d éradication montrent l absence d effet ou un effet modeste sur les symptômes Métaanalyses les plus optimistes incluant > 3000 patients: bénéfice 1/15 patients traités Cependant maintien du bénéfice à long terme chez les patients éradiqués Longstreth GF. Functional dyspepsia-managing the conundrum. N Engl Med 2006;354:791-3

Quel sera votre attitude? Eradication Hp /trithérapie ou traitement séquentiel? Cholecystectomie ou abstension?

Conclusion Les critères de Rome 3 distinguent la dyspepsie posprandiale du syndrome douloureux épigastrique Bilan clinique: Identifier facteurs de gravité et sélectionner les malades à explorer Patients à faible risque: traitement Age <55 ans Absence de signes d alarme EOGD indiquée si: Haut risque de lésion organique et/ou Echec du traitement Dans la majorité des cas les malades dyspeptiques n ont pas de lésion organique Ne pas répéter les explorations inutilement Effet placebo bonne relation médecin/malade