Docteur J-Ph CAMILLERI Chirurgie de la Hanche Clinique du Parc 69006 LYON 04 72 44 87 88 dr.camilleri@cliniqueduparclyon.com Madame, Monsieur, Nous avons décidé lors de la consultation de procéder au remplacement de votre articulation par une prothèse totale de hanche. Cette fiche a pour but de reprendre l'information donnée au cours de la consultation pour répondre aux principales questions que vous pourriez vous poser et pour vous expliquer les principaux avantages et inconvénients de l'intervention prévue. Il ne s'agit en aucun cas d'un document de décharge et ma responsabilité envers vous demeure toujours la même. Je reste évidemment à votre entière disposition pour répondre aux interrogations que vous garderiez après voir lu ce document. POURQUOI DOIT-ON PROCEDER AU REMPLACEMENT DE VOTRE ARTICULATION Parce que votre hanche est aujourd'hui suffisamment usée pour que sa conservation chirurgicale ou la poursuite d'un traitement médical soient insuffisantes pour vous permettre de garder l'autonomie et l'indolence souhaitées. En effet, les surfaces cartilagineuses de votre articulation ont été endommagées par l'arthrose. L'arthrose est un phénomène mécanique d'usure du cartilage articulaire, le plus souvent lié au vieillissement mais parfois favorisé par des antécédents de déformation (luxation congénitale de hanche), de maladie de l'enfance (ostéochondrite, épiphysiolyse), d'infection, voire simplement de prédisposition individuelle. Le cartilage a en fait plus ou moins complètement disparu et la hanche est grippée ; il
existe un contact direct entre les surfaces osseuses du fémur et du bassin. Cette usure est responsable des douleurs, de la baisse de mobilité, de la gêne à la marche et de la boiterie. Elle est visible sur les radiographies que vous avez fait réaliser. Cette dégradation cartilagineuse peut également avoir été provoquée par des phénomènes inflammatoires à l'origine d'une arthrite de hanche comme dans la polyarthrite rhumatoïde par exemple. Enfin, une autre cause d'altération de l'articulation de la hanche est l'ostéonécrose aseptique de la tête fémorale, c'est à dire, sa disparition par défaut de vascularisation. Les causes sont multiples et parfois difficiles à déterminer. Cette nécrose aboutit à un effondrement de la tête et une impotence majeure. Quelle que soit la cause de la dégradation de votre articulation, l'évolution habituelle est une aggravation des signes ressentis : une boiterie survient ou s'accentue, vous êtes obligé d'utiliser une dou deux cannes et votre capactié de marcher diminue, pouvant même vous empêcher de sortir de votre domicile. Les mouvements les plus simples de la vie quotidienne deviennent très difficiles comme par exemple de monter ou descendre des escaliers, de se baisser ou de lacer ses chaussures. Le diagnostic est donc clinique. Le plus souvent, les radiographies que vous avez fait réaliser permettent de mettre en évidence cette usure cartilagineuse. Parfois, des examens complémentaires sont nécessaires pour mettre en évidence des signes de nécrose (scintigraphie osseuse, IRM) ou des anomalies du bassin (scanner). La prothèse de hanche va donc venir remplacer ces surfaces usées. QUEL EST LE PRINCIPE DE L'INTERVENTION? Les deux composants de la hanche, tête du fémur et cavité du bassin, vont être remplacés par un système de glissement artificiel. Ce remplacement nécessite une reconstruction articulaire similaire
à l'état initial. Nous disposons de multiples tailles de prothèses. Celle qui sera mise en place sera donc la plus proche possible de votre anatomie. La partie fémorale de la prothèse est en métal (chrome-cobalt ou titane), sa partie haute (le cotyle) est soit tout en polyéthylène (plastique), soit avec une embase métallique et un noyau en plastique. La surface de frottement est parfois toute en métal ou en céramique lorsque ces matériaux s'associent au plastique de la partie cotyloïdienne. La tête de la prothèse est en métal ou en céramique. Le frottement os sur os de votre hanche usée est donc remplacé le plus souvent par un frottement céramique ou métal sur plastique. Les prothèses sont fixées sur l'os à l'aide d'un ciment acrylique ou directement avec un état de surface leur permettant l'ancrage osseux. Le choix dépend du type de prothèse utilisée et de l'état de votre os. Avec cette prothèse, votre nouvelle articulation doit vous permettre de mener une vie quotidienne normale. Le choix de la prothèse que j'ai effectué est fondé sur mon expérience et sur des travaux scientifiques démontrant la fiabilité de l'implant en question. DEROULEMENT DE L'INTERVENTION ET HOSPITALISATION : Votre entrée à la Clinique se fait la veille de l'intervention. Une nouvelle préparation de la zone opérée est effectuée. L'intervention dure environ une heure. Elle laissera une cicatrice d'une douzaine de centimètres, sur la partie externe de votre hanche, vers la fesse. ANESTHESIE Cette intervention peut être réalisée sous anesthésie générale ou loco-régionale (rachi-anesthésie, péridurale par exemple). Vous effectuerez ce choix avec le médecin anesthésiste que vous devez rencontrer avant l'hospitalisation afin qu'il puisse réaliser un bilan pré-anesthésique. Des examens complémentaires pourront être demandés et il vous informera de toutes les conditions d'anesthésie.
Lors de cette consultation obligatoire, vous pourrez également organiser une autotransfusion. Dans ce cas, votre sang sera prélevé au Centre de Transfusion Sanguine le plus proche de votre domicile ; il arrivera à la Clinique le jour de votre hospitalisation et vous sera restitué pendant et après l'intervention. Très exceptionnellement cependant, il pourra être nécessaire de vous transfuser en plus si votre état de santé le nécessite. Le médecin anesthésiste vous rendra visite également la veille de l'intervention ainsi que pendant votre séjour. Il est particulièrement chargé du suivi d'éventuels problèmes médicaux, et prend en charge le traitement des douleurs post opératoires. SUITES OPERATOIRES Le lever avec appui sur la jambe opérée se fait le lendemain de l'intervention sous contrôle d'un kinésithérapeute. Jour après jour, le périmètre de marche augmente d'abord à l'aide d'un déambulateur, puis de deux cannes canadiennes. Il est parfois nécessaire de différer la reprise de l'appui du côté opéré si une fragilité osseuse existe ou si une reconstruction osseuse complémentaire a été associée à la PTH. La récupération de la mobilité de la hanche est également immédiate et travaillée quotidiennement par le kinésithérapeute. Vous pourrez quitter la clinique 7 à 9 jours après l'intervention. A ce stade, vous aurez appris à monter et descendre les escaliers avec deux cannes béquilles et pourrez faire le tour de l'étage de la Clinique sans grande difficulté. A la sortie, vous pourrez soit regagner votre domicile, soit aller dans un centre de rééducation ou de convalescence en fonction de ce que nous aurons décidé ensemble. Les cannes seront lâchées en fonction de l'état général et des autres atteintes articulaires éventuelles entre le 1er et le 2ème mois postopératoire, mais des phénomènes inflammatoires douloureux peuvent persister jusqu'à 6 mois après l'intervention. Il faut en règle générale, un an pour "oublier" sa prothèse.
Nous aurons l'occasion de nous revoir en consultation durant cette période, afin de juger des progrès que vous aurez effectués. Il faudra ensuite se revoir régulièrement au moins tous les deux ans pour assurer le suivi et le contrôle de votre prothèse à l'aide d'un examen clinique et de radiographies. QUELS SONT LES RISQUES DE CETTE INTERVENTION? Il y a d'abord les risques inhérents à toute anesthésie. Le médecin anesthésiste que vous consulterez vous les expliquera de manière précise. Le risque majeur de toute implantation de prothèse est le risque infectieux. Dans notre établissement, il est inférieur à 1 % et le CLIN (Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales) travaille régulièrement pour améliorer encore la prévention. Il est donc nécessaire de : - Traiter toute infection dont vous pourriez souffrir avant votre hospitalisation (carie dentaire, infection urinaire, cutanée...). C'est le microbe que vous portez sur vous qui peut être le plus dangereux. Dans ce cas, un traitement antibiotique pourra vous être prescrit pendant, avant, voire après l'intervention. - Surveiller la cicatrice après votre retour à domicile et toute anomalie devra être signalée à votre médecin ou à moi-même. Si malgré toutes ces précautions, une infection devait survenir à court ou à long terme, elle nécessiterait une nouvelle opération pour nettoyage de l'articulation et éventuellement changement de la prothèse. La deuxième complication parmi les plus fréquentes est la phlébite : car l'insuffisance veineuse des membres inférieurs est souvent associée à l'arthrose. C'est pourquoi nous insistons sur le lever et la rééducation immédiate, qui favorisent la circulation. C'est pourquoi aussi un traitement anticoagulant sera prescrit de manière systématique (5 semaines), ainsi qu'un dépistage par écho-doppler au cours de votre séjour (vers le 7ème jour).
En cas de diagnostic de phlébite, un traitement anticoagulant vous sera prescrit. Sa durée sera déterminée par le médecin-cardiologue mais il n'empêchera pas la poursuite de la rééducation. Il faut en effet prévenir le risque d'embolie pulmonaire secondaire à cette phlébite. Des complications mécaniques sont possibles : - Luxation de la prothèse essentiellement. Il s'agit du déboîtement de la tête fémorale en dehors de la partie cotyloïdienne. Cette complication survient surtout dans les semaines ou mois qui suivent immédiatement l'opération, lorsque la cicatrisation musculaire n'est pas totalement acquise. Elle peut être déclenchée par une chute, ou par un faux mouvement qui consiste essentiellement en une flexion excessive de la hanche avec croisement des deux genoux. Le rôle du kinésithérapeute est, outre la rééducation de renforcement musculaire et la récupération de la mobilité de la hanche, de vous apprendre les mouvements à éviter et les postures à adopter pour éviter toute luxation. Une luxation est possible tout au long de la durée de vie d'une prothèse et les habitudes gestuelles doivent être acquises définitivement. Si une luxation survient, elle provoque une douleur intense au niveau de l'articulation et une impotence totale. Elle nécessite une réduction sous anesthésie générale mais le plus souvent sans qu'il soit nécessaire de réouvrir l'articulation. Dans de très rares cas, et en particulier lorsque les muscles de la hanche sont particulièrement faibles, la luxation peut récidiver et conduire à une reprise chirurgicale. - Fracture de la prothèse ou du fémur pouvant survenir lors de l'intervention ou à l'occasion d'une chute secondaire : complication rare mais qui oblige à réopérer pour changer la prothèse ou la fracture osseuse. Enfin, une prothèse est un élément mécanique inerte par rapport aux tissus de l'organisme qui se régénèrent en permanence. Son fonctionnement est source d'usure en particulier de la partie en plastique qui permet le glissement des pièces. Cette usure est d'autant plus importante que le patient est lourd et actif. Elle engendre la production de micro-particules à l'origine d'une réaction inflammatoire et d'un descellement (désolidaristion de la prothèse par rapport à l'os). Le diagnostic est celui de descellement mécanique et nécessite un
changement de la prothèse. Il est estimé actuellement que la durée de vie moyenne d'une prothèse de hanche est de l'ordre de 15 ans, mais est très variable d'un patient à un autre comme expliqué au-dessus. Enfin, le nerf sciatique étant très proche de l'articulation de la hanche, il peut être étiré ou comprimé au cours des mouvements nécessaires à la pose de la prothèse. Cela peut aboutir à des troubles de la sensibilité ou parfois de la motricité de la jambe, qui disparaissent le plus souvent en quelques semaines. Si ce document n'a pas répondu à toutes vos questions, n'hésitez pas à me le faire savoir. Docteur Jean-Philippe CAMILLERI