[ les éco_fiches ] Crise de l euro et vague d austérité. Juin Contexte de la crise. Point de départ : la crise grecque

Documents pareils
Eco-Fiche BILAN DE L ANNEE 2012 QUELLES PERSPECTIVES POUR 2013? 1

[ les éco_fiches ] Situation en France :

Editorial. Chère lectrice, cher lecteur,

OBSERVATOIRE DE L EPARGNE EUROPEENNE

Présenté par Michel Sapin, Ministre des finances et des comptes publics. Christian Eckert, Secrétaire d État chargé du budget

11 juin Dossier de presse à l occasion de la présentation du PLFR 2014

Les perspectives économiques

Les questions relatives aux finances publiques, longtemps réservées aux spécialistes, sont

Crises financières et de la dette

L emploi permet-il toujours de s intégrer à la société française?

BASE DE DONNEES - MONDE

LES RETRAITES. Dossier d information. Avril 2010

«La France d après», c est un clin d œil au slogan de Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de Il ne s agira pas cependant ici de

DES PAROLES ET DES ACTES : LES 4 MENSONGES DE MONSIEUR LENGLET

Questions générales sur le Pacte

Les comptes nationaux et le SEC 2010

INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES

Approches macroéconomique et fiscale. Introduction à la première partie... 14

PACTE DE RESPONSABILITÉ

RETRAITES : Y A-T-IL UNE SOLUTION IDÉALE EN EUROPE POUR UN AVENIR?

Actifs des fonds de pension et des fonds de réserve publics

Financement du sport, crise économique et politique sportive

Comité Directeur Confédéral Intervention économique. 16 mars 2011

Thème 2 : la monnaie et les banques : le carburant de notre économie

Les réformes se poursuivent en faveur d une économie française plus compétitive et d un appui renforcé aux entreprises à l export

Le système bancaire dans la crise de la zone euro. par Michel Fried* (Synthèse de l exposé fait au CA de Lasaire du 21/06/2012)

Pacte de responsabilité et de solidarité. Observatoire de l économie de Seine-et-Marne Melun, le 16 juin 2014

L actualité du Secteur bancaire 2013

UNION MONÉTAIRE EUROPÉENNE

ECONOMIE. DATE: 16 Juin 2011

LES FICHES ARGU DU GROUPE SOCIALISTE, RÉPUBLICAIN ET CITOYEN LE COLLECTIF BUDGÉTAIRE 12 JUILLET 2012

Structure de l épargne et croissance Olivier Davanne

Épargne et investissement. L épargne...

QUELLE DOIT ÊTRE L AMPLEUR DE LA CONSOLIDATION BUDGÉTAIRE POUR RAMENER LA DETTE À UN NIVEAU PRUDENT?

Le Québec en meilleure situation économique et financière pour faire la souveraineté

Les rachats de contrats d assurance-vie après 60 ans en 2012 FFSA

L'économie européenne se remet mais la reprise rencontre des risques majeurs

MESURES. de l investissement et de l activité Mercredi 8 avril 2015 POUR UNE ACCÉLÉRATION. Pour plus d'informations :

Une majorité au travail

Alternatives pour l Europe

Partie 2 : Qui crée la monnaie?

Réunions publiques janvier Présentation du Débat d Orientation Budgétaire

Les mesures en faveur de

Consolidation budgétaire et croissance économique

Il faut desserrer le frein fiscal

Réduire la dette publique, une priorité?

Bienvenue dans votre FIBENligne

Espagne : un retour à l équilibre laborieux (Tome 2) L obstacle incontournable du désendettement

Accord N 36 Le Compte Epargne Temps au GIE AtlantiCA En date du 25 septembre 2008

Le SMI. Chapitre Les origines historiques du SMI actuel Avant la première Guerre mondiale : l étalon or

MIEUX TRAVAILLER AVEC L ÂGE

Délibérations DOB 2014 du 18 octobre 2013

RAPPORT PRÉPARATOIRE AU DÉBAT D ORIENTATION DES FINANCES PUBLIQUES

Programme de stabilité Quel impact sur l investissement local?

NOTE D INFORMATION. L Assemblée Nationale a adopté en décembre 2013 la loi de finances pour 2014 et la loi de finances rectificative pour 2013.

ANNEXE VII EFFETS MACROECONOMIQUES DE LA REFORME PIECE JOINTE N 2 SIMULATIONS REALISEES A PARTIR DU MODELE MACROECONOMETRIQUE MESANGE

Lecture commentée du rapport 2004 de la Banque Nationale

Mesures patrimoniales de la loi de finances 2014, de la loi de finances rectificatives pour 2013

Mesure du surendettement en Europe

Croissance plus lente dans les pays émergents, accélération progressive dans les pays avancés

CONSOLIDER LES DETTES PUBLIQUES ET RÉGÉNÉRER LA CROISSANCE. Michel Aglietta Université Paris Nanterre et Cepii

Les baisses d'impôts annoncées par Nicolas Sarkozy : priorité juste ou mal choisie?

Introduction : pour une refonte générale de notre système de retraite

Liste des promesses tenues*

Zone euro Indicateur d impact du QE

«seul le prononcé fait foi»

LES 15 MENSONGES DE FRANCOIS HOLLANDE

Études économiques de l OCDE GRÈCE

Pacte de responsabilité et de solidarité. Réunion du 17/06/2014 Angoulême

Le Pacte de responsabilité et de solidarité

L immobilier de bureaux en Europe 2010 : une parenthèse dans la crise

La compétitivité de l industrie française est un enjeu majeur pour la politique européenne.

Qui sont les enseignants?

Forum Paris Europlace. Intervention de Michel SAPIN, ministre des Finances et des Comptes publics. Pavillon d Armenonville. Mercredi 9 juillet 2014

la voie bilatérale reste la meilleure option

Les politiques de réduction du coût salarial en Belgique

Pacte de responsabilité et de solidarité. Réunion du 6 juin 2014 AGEN

Economie Générale Initiation Ecole des Ponts - ParisTech

Pacte de responsabilité et de solidarité. Réunions des 16, 19 et 26 juin 2014 à Digne-les-Bains, Castellane, Barcelonnette et Forcalquier

WS32 Institutions du secteur financier

SOUSCRIPTION DU CONTRAT : TERRITORIALITE

Italie IMPOSITION DES RESIDENTS ITALIENS

Sortie de crise : pourra-t-on éviter une hausse de la pression fiscale?

Note de présentation générale. Secrétariat général du Conseil d orientation des retraites

MOBILISATION DES RESSOURCES ET COORDINATION

Pacte de responsabilité et de solidarité. Réunion du date Ville

Au milieu de l été 2012, cinq ans après le début de la crise

L OBSERVATOIRE DES CRÉDITS AUX MÉNAGES. Tableau de bord. 25 ème rapport annuel. Michel Mouillart Université Paris Ouest 29 Janvier 2013

Les réformes récentes des retraites et leur impact redistributif

Mise à jour risque pays

La France est-elle compétitive?

Annexe - Balance des paiements et équilibre macro-économique

Recommandation de RECOMMANDATION DU CONSEIL. concernant le programme national de réforme du Luxembourg pour 2015

Sumatra Patrimoine vous présente les dernières mesures fiscales 2011

Transcription:

Des fiches pour mieux comprendre l'actualité éco- nomique et les enjeux pour les PME Crise de l euro et vague d austérité La zone euro traverse une grave crise. Jusqu à présent, des Etats très endettés, comme la France, ont pu obtenir une bonne signature. Désormais, le risque de défaut souverain est pris en compte par les marchés. Ainsi, le dénouement de cette crise sera décisif pour la mise en place des stratégies de sortie de crise et la survie de la zone en tant que telle. Contexte de la crise Point de départ : la crise grecque En octobre 2009, lors du changement de son gouvernement, la Grèce dévoile la réalité de son déficit : 12,7 % au lieu des 6 % annoncés. C est le déclenchement de la crise : la note du pays diminue et les marchés s affolent. Afin d éviter une propagation de la défiance des marchés aux autres pays d Europe du sud, (Portugal, Italie, Espagne), les Etats européens décident d intervenir en prenant des mesures «déterminées et coordonnées». Toutefois, dans les faits, cela s est traduit par une certaine cacophonie notamment du côté allemand : l approche des élections a incité Angela MERCKEL, Chancelière allemande, à faire plusieurs fois marche arrière afin de satisfaire son opinion publique. Ainsi, le 1er mai, après de nombreuses tractations, la BCE et le FMI ont négocié avec la Grèce un plan de prêts évalué à 110 milliards d euros sur 3 ans : 80 milliards proviennent de la zone euro, 30 milliards sont fournis par le FMI. En contrepartie, Georges PAPANDREOU, Premier ministre grec, a annoncé un plan d austérité de 30 milliards d euros d ici à 2014 alliant baisse des dépenses publiques (notamment des coupes salariales dans la fonction publique) et hausse des prélèvements obligatoires et de TVA. Cela permettrait de ramener le déficit public de 14 % à 3 %, limite autorisée par le traité de Maastricht. Il est à noter que l intervention du FMI est exceptionnelle en Europe : généralement l institution opère auprès des pays en développement, comme ce fut le cas en Argentine durant les années 1990. 1

La crise de l euro Le sauvetage de la Grèce n a pas permis d enrayer la défiance des marchés vis-à-vis de l euro. En effet, la crise grecque a révélé l absence d unité des dirigeants européens et le manque de rigueur budgétaire dans la plupart des Etats. La valeur de l euro chute de 19,2 % passant de 1,51 dollars fin novembre 2009 à 1,22 dollars fin mai. Cette évolution du taux de change est le résultat de deux faits: L euro retrouve sa valeur d équilibre de long terme après des mois d euphorie. Cela stimulera les exportations des pays membres de la zone euro, en particulier, l Allemagne, Parallèlement, la baisse de l euro est la réponse logique à la crainte des marchés de ne jamais se voir rembourser leur prêt par des Etats dont la dette souveraine est trop lourde, dans un contexte de croissance molle. Plans de stabilisation et sauvetage Afin de tenter de limiter la dépréciation de l euro, le 10 mai, l Union européenne et le FMI ont mis en place un plan de stabilisation de 750 milliards d euros : Fonds communautaire de 60 milliards d euros, Garantie des prêts de 440 milliards d euros des pays de la zone euro, Prêt du FMI de 250 milliards d euros. Parallèlement, la Banque Centrale Européenne a annoncé qu elle rachèterait la dette publique et privée de la zone euro. Par ailleurs, la Commission européenne a proposé un «semestre européen» qui contribuerait au renforcement de la gouvernance économique de la zone euro : il s agirait de soumettre, en début d année, les budgets et programmes nationaux de réformes en préparation à un examen préalable des pairs au niveau européen et ce, dès 2011. Toutefois, cela ne semble toujours pas suffire aux marchés : l euro continue de baisser et atteint aujourd hui 1,23 dollars. Convergence des politiques? La proposition de la Commission européenne concernant l examen des budgets nationaux au niveau européen fait débat au sein de la zone euro : même si les ministres européens de l Economie et des Finances saluent cette idée, beaucoup de parlements nationaux craignent, cependant, de perdre leur souveraineté. En outre, ces dernières semaines, l Allemagne a souhaité imposer aux autres Etats membres des mesures budgétaires strictes telles que l inscription d une règle d équilibre budgétaire dans la Constitution de chaque pays, le durcissement du Pacte de 2

stabilité et de croissance, ou encore, l exclusion des Etats les plus endettés de la zone euro. Ces mesures ont été très mal accueillies par les Etats membres. Ainsi, pour apaiser les marchés et l Allemagne, la plupart des Etats membres ont décidé de mettre en place des plans de rigueur. Plans de rigueur Un mouvement de rigueur budgétaire s installe en Europe. Les plans des différents pays européens Suivant l exemple de la Grèce, l'espagne, le Portugal, le Royaume-Uni et l'italie ont présenté successivement leur plan de réduction du déficit public. Espagne En janvier dernier, le gouvernement Zapatero a annoncé un plan d'austérité de 50 milliards d'euros d'ici à 2013 afin de ramener le déficit public à 3% du PIB. Un deuxième plan a été divulgué mi-mai : il s agit de faire des économies de 15 milliards d euros en et 2011. Pour cela, le gouvernement espagnol envisage de : baisser de 5 % les salaires des fonctionnaires dès le mois de juin, relever l âge de la retraite, geler la revalorisation de certaines retraites en 2011, supprimer la prime de naissance, baisser les indemnités de licenciement, augmenter la TVA. Portugal En février, le programme de réduction des déficits était centré sur la baisse des dépenses ainsi que la hausse générale des impôts. Puis, en mai, le gouvernement portugais a renforcé ses objectifs afin de ramener le déficit à 9,4% du PIB en 2009 à 4,6% dès 2011. Il s agit de : geler les salaires des fonctionnaires, baisser les salaires des élus et des membres du gouvernement, baisser les allocations chômage, augmenter l impôt sur le revenu et la TVA, reporter certains investissements publics. 3

Irlande Dès 2009, l Irlande s est doté de deux plans de rigueur : ce pays souhaiterait économiser 7 milliards d'euros afin d abaisser son déficit public à 11,5% du PIB en, contre 14,3% en 2009. Pour cela, il a été décidé de : diminuer les allocations sociales, réduire de 5 % à 15 % les salaires des fonctionnaires, réduire les allocations sociales, créer une taxe carbone et sur l eau, accroître l impôt sur le revenu. Grande-Bretagne Le nouveau Premier ministre anglais, David Cameron, a dévoilé les objectifs de la Grande Bretagne : il s agit de réduire le déficit de 7,19 milliards d'ici à 5 ans en gelant le recrutement dans la fonction publique, relevant l âge de départ à la retraite, supprimant la prime à la naissance de 250 livres, limitant le crédit d impôt. Italie Fin mai, l Italie a annoncé à son tour un plan d austérité de 27 milliards d euros d ici à 3 ans. Cela passera par : des coupes de 10 % dans les crédits des ministères, la création d une nouvelle taxe sur les bonus et les stocks options, la modification des périodes de départ à la retraite, le gel des salaires des fonctionnaires. Allemagne L Allemagne a préparé un plan de rigueur afin de réduire son déficit de 10 milliards d euros d ici à 2016. Les principales mesures consistent en la : baisse des effectifs de l armée (-40 000 postes) et des effectifs dans la fonction publique, baisse des allocations chômage et de l aide au logement, création d une taxe bancaire et d une taxe sur les transactions financières, création d une taxe sur les billets d avions et d une taxe sur l énergie nucléaire. 4

Le plan français Les finances publiques françaises sont en déficit depuis plus de trente ans et ce, même contraintes par le pacte de stabilité et de croissance instauré en 1997 : dans les faits, il semble que le seuil de 3 % a davantage été apparenté à un objectif plutôt qu à une limite infranchissable. Si en France, la «rigueur» fait débat, il n en demeure pas moins qu un certain nombre de mesures ont été prises afin de réduire nos déficits. A l issue de la deuxième session de la conférence sur le déficit, le 20 mai dernier, l objectif fixé est de le ramener à 6% du PIB en 2011, 4,6% en 2012 et à 3% en 2013. Il s agit d une action essentiellement portée sur les dépenses : gel des dépenses en valeur de l Etat pour les trois prochaines années : le Gouvernement réduira les dépenses de fonctionnement et d intervention de 10% d ici 2013, dont 5% dès 2011, stabilisation de la valeur des transferts de l Etat aux collectivités territoriales, réduction de la progression de l Objectif National des Dépenses d Assurance Maladie (ONDAM) à 3% en, 2,9% en 2011 et 2,8% en 2012. Les nouvelles mesures ne seront mises en œuvre que si l objectif de dépenses est respecté. Une fraction des dotations sera mise en réserve en début d'année et déléguée au fur et à mesure de la bonne exécution de l objectif. En outre, le Président de la République, Nicolas SARKOZY, souhaite inscrire une règle de gouvernance des finances publiques dans la Constitution. Sans être aussi stricte que la règle allemande qui impose un objectif chiffré, il s agirait d engager la Gouvernement pour cinq ans sur une trajectoire de déficit et sur la date à laquelle l équilibre des finances publiques serait atteint. Si la rigueur peut être une action critiquable à court terme, à long terme elle rassurera les marchés, permettra au secteur privé de faire des investissements ce qui permettra d asseoir la reprise sur des bases plus saines. Toutefois, les stratégies de long terme survivent généralement assez mal aux échéances électorales. 5

Conclusion Les finances publiques de nombreux pays ne laissent guère le choix quant à l adoption de mesures d austérité. Toutefois, afin de les rendre supportables et de brider le moins possible la croissance, il est primordial que la réduction des déficits se fasse davantage par la baisse de dépenses plutôt que par la hausse des prélèvements obligatoires. En effet, les acteurs sont trop fragilisés pour supporter de nouveaux impôts. Le risque pour la reprise est, malgré tout, important : la majeure partie des pays européens met en place des plans de rigueur au même moment. Cette stratégie peut se comprendre de la manière suivante : si un seul pays au sein d une zone économique ne met pas en place un tel plan, non seulement les marchés se méfieront de sa capacité à rembourser sa dette, et surtout, toute la consommation et l investissement du pays en question se reportera vers les autres pays ayant mis en place les mesures d austérité. Or, le fait que tous les plans de rigueur soient mis en place en même temps, stimule la prudence des ménages européens et non leur consommation : ils anticipent des hausses d impôts et la création de nouvelles taxes ce qui les poussent à épargner. Ainsi, il ne faudra pas compter sur un élan de consommation intra-européen pour relancer l activité économique de la zone euro. 6